[À bord du Helios Ascendant] Force et reflexions - PV : Conseil Jedi

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Les discussions particulièrement longues me dépassaient, surtout que la décision semblait avoir été prise en amont des faits. Pour ainsi dire, peu de choses se décidaient réellement au moment voulu. Nombreux étaient les Jedi qui se rencontraient en dehors des ordres du Conseil, et qui, volontairement ou non, échangeaient leurs avis, sur divers points de plus ou moins grande importance. Voici ce qui arrivait la plupart du temps, ces décisions donnaient lieu à des semblant de rixes, voir à des désaccords cordiaux entre les parties. Nous avions, pour ma part, perdu trop de temps en palabres inutiles, quelques Ombres en place, et tout cela se serait vu réglé en une poignée de jours. Quelques semaines tout au plus. A quoi bon couper une branche si l'arbre est mort ? La fleur en bouquet fane et jamais ne renaît disait le philosophe… C'est sur ces pensées que je remontais les larges couloirs qui menaient à l'infirmerie du vaisseau Républicain. Certes, l'idée de me faire poser une prothèse temporaire ne m'enchantais guère, néanmoins, je ne pouvais rester ainsi plus longtemps. Devoir tout faire d'une seule main commençait à devenir compliqué. Et puis… Lyren m'avait convaincu d'accepter l'aide que l'on me proposait, parfois cela pouvait être utile pour la suite des choses, voir même pour moi et ma manière de voir les choses. En plus d'être une amie, elle était une fière conseillère. Je souriais à l'idée même de les revoir, soûls comme des barriques à bord de l'Aile Grise, comme souvent lorsque je les laissais vaquer à leurs occupations.

Des droïdes, quelques membres de l'équipe médicale républicaine, et surtout, une prothèse n'étant en rien du même niveau que celle que l'on m'avait apportée sur Coyn… Voilà en quoi se résumèrent les quelques heures qui me séparèrent de la convocation d'Arsenicia. Elle souhaitait que nous nous entretenions tous à bord de son propre vaisseau. Une discussion pour mettre, je l'espérais grandement, un terme à des palabres passablement longues et imperméables… J'ouvrais les yeux, allongé sur une table froide et dure, mes pupilles mirent quelques minutes avant de s'habituer à la lumière des néons froids qui remplissaient la pièce. Un picotement remonta jusqu'à mon échine, le droïde médical activait les derniers systèmes de protocole, d'ici quelques instants, mon bras serait de nouveau actif. Bien. Au moins, je pourrais changer de main en buvant mon thé. Sans compter que… Il fallait bien le dire, avoir perdu ma prothèse de cette manière… Me couvrait de honte. Comment avais-je pu faire une telle erreur de débutant ? N'étais-je pas celui qui ouvrait les portes des Archives ? Ou plutôt… Celui qui représentait l'Ordre pour de nombreux Novices et Padawan ? L'ironie qui se présentait alors à moi me fit sourire. Le Grand Maître n'était en fait qu'un être vivant, capable d'erreur de jugement… Comme tout être dans cette galaxie. Quittant la table, je posais les pieds sur le sol, mon regard se posa instinctivement sur ma nouvelle prothèse. Comme à ma demande, ils acceptèrent de ne pas la recouvrir de synthépeau… Pour beaucoup, cette demande passait pour étrange, voir même saugrenue ; pour les autres seulement. Pouvoir revoir à chaque instant mon erreur, et apprendre, en tirer des leçons, voilà la raison qui me poussait à la laisser ainsi.

Nous avions eu des chambres nominatives. Chacun d'entre nous ayant une pièce qui lui était propre, avec l'ensemble du nécessaire pour que nous puissions prendre du repos. Pour ma part, ma chambre était sobre, et, alors que la porte glissa derrière moi, se refermant sur le couloir qui m'y avait mené, je m'affalais sur un fauteuil, réfléchissant à la convocation d'Arsenicia… Avais-je besoin de continuer à garder ma tenue officielle ? Ce Conseil n'avait rien de ceux que nous avions fait sur Tython, encore moins pour de pareilles raisons… Je me décidais à faire une chose assez peu commune, laisser mon armure, ainsi que ma bure de côté pour ce soir. Nous n'étions pas conviés à cette réunion pour qu'elle soit toujours aussi formelle qu'à l'accoutumée… Sans nuls doutes que, ajoutant à cette idée le fait que la Maître de l'Ordre se trouve sur le vaisseau de sa compagne, cette dernière désire un minimum de… Comment dire… Relâchement vestimentaire ? Bon, il me fallait alors trouver autre chose. Un droïde m'amena quelques tenues suite à ma demande. Allais je ne serait-ce que réussir à rester ainsi durant l'ensemble de la réunion ? Il le fallait… C'est ainsi que je quittais ma chambre, vêtue d'une tenue dont je n'avais nullement l'habitude, même si, de mon point de vue, elle ne changeait guère de celles que je portais habituellement.

Ouvrant plusieurs boutons, je libérais ma respiration. Il me fallait aussi m'habituer à cette nouvelle prothèse, le tintement n'était pas le même, pas plus que la sensation qu'elle me procurait. Croisant Allana sur le chemin, je l'invitais à terminer la marche ensemble. Nous finissions alors les quelques mètres ensemble, et, lui emboîtant le pas, j'entrais dans la pièce principale du vaisseau de la Maître de l'Ordre. Spacieuse, bien plus que l'austérité de l'Aile Grise… Faisant fi de la décoration, l'odeur agréable monta à mon nez, des pommes, du sucre, qui donc avait bien pu avoir l'idée de faire la cuisine en des temps aussi troublés ? Chassez le naturel, il revient au galop… Chassant cette idée de mon esprit, je me contentais d'apprécier l'instant, saluant à tour de rôle notre hôte, ainsi que le Maître d'Erep. Puis vint le moment des échanges, des discussions, et surtout, du point qui ne tarderait pas à poser quelques soucis… Les Ombres Jedi…

Pour ma part, je ne les considéraient pas comme une branche néfaste de l'Ordre, mais bel et bien comme un groupement de Jedi particulièrement utiles dans leurs actes, je comprenais les inquiétudes de beaucoup de personnes. Leur existence même tenait de la légende, sans compter que l'ensemble de l'obscurité qui les entouraient n'aidait pas. Des Jedi entourés d'un nuage de secrets et de silences… Comment voulez-vous faire confiance à une personne qui, dans voue sa vie à l'assassina et à l'espionnage ? Côtoyer le Maître des Ombres m'avait aidé à mieux les comprendre, les Ombres faisaient le choix de ne plus exister, de faire une croix sur qui ils sont, et surtout, sur qui ils étaient… Et ça forçait l'admiration, et le respect. Pour le Covenant, n'ayant qu'assez eu peu de liens avec eux, mon avis n'était en rien utile. Seule Viviane représentait le fin lien qui m'approchait d'eux… D'une main, je pris la tasse de thé, et, après avoir légèrement soufflé sur le liquide aux fragrances épicées, je pris la parole.

- Les Ombres sont la facette que tout un chacun craint… Ils ne sont que le revers d'une Lumière dont nous sommes les garants. (Reposant ma tasse sur mon genoux je continuais.) Je connais le Maître des Ombres actuels… Ma confiance en cette personne est sans commune mesure.

Je me contentais de parler des Ombres, préférant éviter d'entrer dans un échange inutile concernant le Covenant. De plus, Viviane n'était ma Padawan que depuis peu, voilà pourquoi je préférais lui éviter d'être mise en porte à faux actuellement. Quand à la mission dont parlais Arsenicia, personne ne semblait en avoir entendu parler. De plus, si elle souhaitait ajouter quelques informations sur ce point, elle le ferait, nul besoin de lui soutirer des informations. Il s'agissait de son choix, et surtout, de son rôle.

- Considérons que les Ombres soient, en partie tout du moins, un moyen de lever le voile sur cet épineux problème… J'ignore encore sur quoi, effectivement, les craintes sont fondées…

Terminant ma phrase sur un regard dans la direction de la Maître de l'Ordre, lui faisant comprendre mon point de vue, je laissais ainsi les autres s'exprimer. Que ce soit les Ombres ou le Covenant, nous avions besoin de solutionner ce problème. Même si pour cela nous devions marcher sur la ligne rouge… Trop de vie furent perdues sous prétexte de vouloir éviter de faire couler du sang. Néanmoins, je ne parle pas de tuer des innocents… Mais bel et bien d'utiliser les armes que nous avons en mains. Pourquoi avions-nous encore besoin d'hésiter au lieu d'agir ? Car oui, derrière mon calme olympien et mon perpétuel sourire, je désirais ardemment pouvoir offrir une sépulture descente à nos frères et sœurs disparus...

Bon. Voyons voir… l’organisation initiale et remaniée de mon mariage avec Dalek, c’est vu avec Arsenicia et son épouse Cyrène. La grosse réunion avec des représentants de l’armée républicaine, c’est fait. Sous un angle amplement plus sympathique, passer du temps avec ma nièce Kayla affectée à cette flotte, c’est bon. D’un point de vue moins plaisant mais très nécessaire, la réunion à distance avec le Conseil Vert… je m’en suis acquittée également. J’en sors actuellement, ce qui fait que j’ai un peu la tête dans le potage, et le pire est que je ne vais pas avoir le temps de souffler ou de me changer les idées en compagnie de Dalek. J’ai encore une autre réunion, un autre impératif qui m’attend.

Et un impondérable de taille, puisqu’il s’agit, ni plus ni moins, qu’une réunion du Haut-Conseil Jedi.

Un Conseil en effectif restreint, puisque nous sommes disséminés dans toutes la galaxie et que nos missions peuvent nous empêcher d’être assidus à l’ensemble de ses séances. Dans ces cas-là, on peut lire la synthèse traditionnelle qui a été dressée des discussions, histoire d’être à jour la prochaine fois. En l’occurrence, elle sera tenue entre quatre de ses membres : le Maître de l’Ordre Jedi, Arsenicia Ombrelune, le Grand-Maître Jedi, Dante Garvan, l’Épée des Jedi, Orfeo d’Erep, et le Maître des Jedi Verts… à savoir, votre serviteur ici présente. Bon, ça fait que des collègues sont absents, comme le Maître des Ombres et le Grand Prophète, mais on devrait pouvoir avancer quelques trucs quand même.

On a plusieurs trucs à l’ordre du jour : la guerre ravivée contre le Consortium, évidemment, éventuellement le projet de vaisseaux-académies, la surveillance à renforcer sur la frontière impériale de notre côté, et l’enquête en coopération sur les meurtres suspects de Jedi de Tython et Corelliens.

C’est donc d’humeur passable mais résolue à mon devoir que je quitte la salle de réunion que j’avais empruntée pour assister et présider, à distance, la réunion avec les membres du Conseil Vert. Oh, pas que je n’aime pas les bougres et bougresses qui le composent, loin s’en faut. On n’arriverait pas à causer, dans le cas contraire. Mais c’est tellement fatiguant, nerveusement, quand ça dure des heures et des heures, qu’on tourne en rond sur des sujets parce qu’on ne trouve pas d’accord… bref, la grandeur et les merveilles de la démocratie ! On est en République après tout, ça déteint sur nous. J’ai ainsi dû jouer l’arbitre entre les crocs givrants des partisans très conservateurs des Jedi Corelliens – qui n’étaient pas contents qu’on se soit impliqués dans le bousier de Kashyyyk et suivent la philosophie, grosso modo, du « chacun chez soi et les banthas seront bien gardés » et qui ne sont pas chauds du tout à l’idée de mettre en commun le Noviciat avec Tython – et à contrario, les défenseurs de la philosophie unioniste qui me bassinent tout autant les oreilles avec leurs « il faut qu’on en fasse plus, qu’on envoie plus des nôtres pour aider nos confrères de Tython et les soldats républicains » et « mais au contraire, alignons le Noviciat et pourquoi pas l’Apprentissage tout bonnement et simplement ». Je grossis l’idée, sciemment, mais ça vous donne un petit aperçu de la joyeuse petite triperie verbale. Ah ça, on ne s’ennuie pas sur ce point-là. On n’avance cela dit pas autant que je voudrais sur d’autres.

J’ai donc été partisane d’organiser cette deuxième réunion, successive, dans un endroit autre que la salle de réunion. J’ai saisis l’occasion au vol, avec gratitude. Un changement de cadre serait vraiment le bienvenu. Songeant que je n’ai pas le temps de me rafraîchir, je quitte donc la salle de réunion à vives foulées – du haut de mes courtes jambes – revêtue simplement de mes robes Jedi émeraude quotidiennes. J’ai bien assez porté la tenue d’apparat à mon goût, mais je ne viens pas en civile pour autant. Je tiens à garder un semblant de distinction entre ma sphère privée et ma sphère professionnelle, et je choisis ma tenue en conséquence, surtout dans une assemblée dans laquelle je serais le seul esprit corellien présent à bord. Je porterai donc, avec grande fierté, nos propres couleurs, mais PAS en habit de cérémonie. J’ai déjà assez donné sur la question il y a quelques heures de cela !

Eh bien, pour une fois que je suis la seule à observer l’étiquette, la chose n’est pas commune. Même notre ancien Maître Archiviste, depuis notre Grand Maître Jedi, a décidé de venir en civil. Le croisant au détour d’un couloir, je le salue chaleureusement et accepte volontiers de l’accompagner jusqu’à la salle de réunion. Même si j’ai été moins présente en ce moment sur Tython, en dehors des réunions du Haut-Conseil, je n’ai pas oublié la mission commune que nous avons menés ni le front de Kashyyyk. Cela forge des liens, en quelque sorte. Saluant Orfeo et Arsenicia au passage à notre entrée dans la salle, mes narines eurent tôt fait de ressentir l’odeur délectable d’une tarte maison, sans doute produite par notre Maître épéiste et fin cordon-bleu. Je me rappelle fort bien des mets qu’il nous avait amenés, cuisinés par ses soins, au cours de sa dernière visite au Temple des Jedi Verts sur Corellia. Imitant mes pairs, je prends place dans la salle de discussion improvisée au sein du vaisseau d’Arsenicia, après m’être servi d’une tasse de thé pour m’accompagner au cours des discussions à venir.

Je fais signe que je n’ai rien à ajouter pour Ruusan. Comme je vous disais, je sors à peine d’une réunion avec le Conseil Vert, mon humeur est passable malgré le plaisir que j’ai à travailler avec les pairs ici présents. Je n’aime pas parler pour ne rien dire. J’espère que ce qui devait être dit avait été dit lors de la réunion avec les deux Amiraux et la Chancelière. Notre ordre du jour est fort chargé.  Tant qu’ils me ramènent mes Jedi Verts en vie et ma nièce saine et sauve, je n’irai pas me mêler de leur cuisine interne. Les affaires militaires restent, quand on n’est pas sollicités, le pré carré des militaires. Étant donné que nous pourrons moins nous impliquer que lors de l’assaut de Kashyyyk, je laisse à Maître Garvan et à Maître Ombrelune le soin de gérer les discussions avec les Seigneurs Jedi et l’armée. J’ai déjà assez à faire avec les discussions à venir avec la CorSec et la Guilde Corellienne pour les contrebandiers, sans oublier le choix des Jedi Verts volontaires qui voudraient venir prêter main-forte à la résistance locale.


— Des points restés en suspens depuis notre dernière réunion, il y a les vaisseaux-écoles. Avec la chute de Kashyyyk et la guerre qui reprend de plus belle, je ne pense pas qu'il soit pertinent de remettre cette question à l'ordre du jour. Il est évident que l'amirauté a d'autres sujets plus urgents à traiter, et je ne veux pas mettre nos plus jeunes éléments en danger de quelque façon que ce soit. Une flotte peut être redéployée rapidement, et nos éléments à bord se retrouver sur le front avant même que nous ayons eu le temps d'en être informés. Il y a toujours la CorSec, mais même eux devraient sans doute redoubler de vigilance près de la frontière avec l'Empire. C'est toutefois davantage ton domaine, Allana, alors je te laisse nous en dire plus si tu le souhaites.


J’attendais précisément ce moment, même si la nouvelle qu’elle nous annonce ne me ravit guère. Voyant que Orfeo et Dante ne rebondissent pas sur la question, je ne vais pas décliner cette invite. J’entends les arguments d’Arsenicia, mais je ne vais pas balayer du revers de la main ce qui a déjà été initié de notre côté et le mettre sous le tapis. Ravalant de mon mieux mon impulsivité corellienne, je prends le temps de réfléchir pendant quelques instants avant de prendre à mon tour la parole.


– Merci, Arsenicia. J’entends bien les arguments avancés. Je pense néanmoins qu’il est intéressant de poursuivre ce projet, même s’il doit prendre plus de temps que prévu en raison des derniers événements. Avant toute chose, il faut voir si ce projet est viable avec nos ressources, matérielles et humaines. Après de nombreuses discussions avec le Conseil Vert, nous avons déjà décidé il y a quelques semaines de cela de commencer l’étude de faisabilité du projet. J’ai chargé Dalek du dossier, et lui ai fourni nos contacts au sein de la Corporation Technique Corellienne pour qu’ils se rapprochent d’eux et commencent les premières discussions. C’est un processus qui, de toute manière, prendra du temps avant même que l’on parvienne à un devis ou à une ébauche de plans. Les seuls éléments qui changeraient, actuellement, seraient son degré de priorité et son échelle d’application. Si cela peut rassurer l’amirauté, nous pourrions déjà voir ce qu’il est possible de faire à l’échelle de l’Ordre Vert. Je trouverai simplement regrettable de devoir geler des discussions qui ont été entamées, surtout après avoir passé autant de temps à mettre d’accord le Conseil Vert. Nous allons donc continuer la phase initiale du projet de notre côté, et vous tenir informés de ses conclusions.  


On n’est pas resté à se tourner les pouces nous non plus, pendant cette presque année et demie qui s’est écoulée depuis le sixième Conclave Jedi. Qu’ils ne comptent pas sur moi pour revenir bredouille à la prochaine réunion et balancer quelque chose du jour « bon bah en fait, on range tout et on oublie toute cette histoire jusqu’à Corell sait quand ». Je me vois très mal dire ça à ma belle-sœur Ellen, qui est l’un de nos contacts initiaux au sein de la CTC. Cela n’améliorerait pas l’image de nos cousins Jedi. Á nos yeux, cela reste pertinent car cela concerne, justement, la sécurité de nos plus jeunes si Corellia venait, elle aussi, à être assaillie. Même Kor’a, d’ordinaire prudente, n’était pas fermée sur la question. En gros, si Tython veut se retirer du projet, soit. Si la République dans son ensemble ne veut pas en entendre parler, soit. Cela ne veut pas dire pour autant que nous ne pouvons pas tenter quelque chose à l’échelle locale, en tout cas pour les Cinq Frères et le secteur corellien. De toute manière, il faut déjà qu’on détermine si on réquisitionne un bâtiment en activité, qui serait en partie réaménagé, ou si nous réutilisons un ancien navire, que nous réadaptons aux besoins du projet, ou si on part sur du neuf. Et avant même cette prise de décision, il y a déjà toute une longue étude en amont à bâtir et à effectuer. Prenant une gorgée de thé bien chaud pour adoucir ma gorge, je poursuis mon propos avec aplomb.


– En revanche oui, comme je l’ai évoqué lors de la grande réunion que nous avons eue avec les représentants de l’armée, je vais me rapprocher de la CorSec dès mon retour sur Corellia pour la question de la sécurité des frontières entre le secteur corellien et le territoire impérial.


Après, je ne peux pas prendre de décisions au nom des sénateurs des Cinq Frères, donc pas de promesse. Ma position n’a pas changé sur ce point. Ma seule autorité concerne l’Ordre des Jedi Verts, je ne suis pas le gouvernement corellien. En ce point, le Maître des Jedi Verts diffère des Seigneurs Jedi.


— Reste le point qui concerne nos… mystérieuses disparitions. À ce sujet, j'aimerais vous conter une « aventure », si je puis dire, qui m'est arrivée en compagnie d'une agente des Renseignements, nom de code « Halcyon ». J'ai également tâté le terrain auprès de nos Ombres. De façon très informelle et sans être trop précise, puisque vous sembliez tous très frileux à l'idée d'impliquer nos meilleurs enquêteurs à l'interne, à savoir le Covenant et les Ombres, justement. J'aimerais que nous discutions aussi de cela… J'aimerais comprendre les raisons derrière une telle méfiance. La parole à celui qui la veut.

— Les Ombres sont la facette que tout un chacun craint… Ils ne sont que le revers d'une Lumière dont nous sommes les garants. Je connais le Maître des Ombres actuels… Ma confiance en cette personne est sans commune mesure. Considérons que les Ombres soient, en partie tout du moins, un moyen de lever le voile sur cet épineux problème… J'ignore encore sur quoi, effectivement, les craintes sont fondées…

—De ce que j'ai compris, cette frilosité que tu évoques, Nicia, a été partagée lors du dernier Conclave. Mes excuses, encore une fois, de n'avoir pu m'y rendre. J'étais... occupé. Toutefois, rectifions le problème, voici mon avis: chaque jour à attendre avant de demander aux Ombres leur aide dans ces affaires de disparition est un jour perdu. Ce sont nos meilleurs agents pour ce genre de mission, il serait stupide de ne pas leur demander de l'aide. Surtout avec le lien que semble entretenir Maître Garvan avec eux ! Même chose quant au Covenant, leur aide est plus que bienvenue. Bien que leurs visions sont parfois plus riches encore que mes préparations. Et toutes aussi longues à digérer. Que pensez-vous de la tarte, d'ailleurs ?


Mes yeux bleus-gris se font plus alertes à la mention du terme « Halcyon ». On parlait donc bien de la même personne, au cours de la réunion. On dirait bien qu’on va avoir de la mise en commun à réaliser, notamment avec ma mission épineuse sur Andara il y a quelques mois, au crépuscule de l’an 1500. Mes traits restent cordiaux, mais maîtrisés alors que j’écoute les interventions que chaque partie en présence. Je ne cherche pas, en revanche, à dissimuler la perplexité que je ressens concernant la « méfiance » évoquée par la Maître Fay concernant les Ombres Jedi. Je veux dire, je serais hypocrite de leur reprocher quoi que ce soit en général vu mon propre parcours quelque peu atypique. Bon. Visiblement, il y a eu un malentendu là. Je vais donc mettre les pieds dans le plat, et crever l’abcès.


– Alors je crois qu’il faut qu’on mette un truc au clair. Il y a un an, bientôt un an et demi de cela, nous avons perdu Jaylen. Cela a mis, comme vous le savez, un sacré bazar au sein de l’Ordre Vert, surtout vu la manière dont il a été tué et l’endroit où il a été abattu. Il n’y avait rien de personnel contre les Ombres, juste une bonne dose de paranoïa sur le qui, quoi et comment. Il faut admettre que le job a été fait avec art, vu la galère qu’on a à les tracer et à mettre la main dessus. Peut-on dire qu’ils étaient les « coupables tout trouvés » ? Pour certains, peut-être. Comme vous dites, les Ombres sont, comme on dit parfois entre Inspecteurs à la CorSec, « drapés par les ténèbres ». Néanmoins, de l’eau a coulé sous les ponts après cela, nous avons eu plusieurs réunions et je gage que nous nous connaissons chacun mieux. Le Maître des Ombres sait, et j’espère que vous aussi, les corelliens ne vont pas faire une insurrection du jour au lendemain. Nous savons mieux, grosso modo, comment fonctionne l’autre. Et il y a eu Andara, qui a rabattu les cartes. Je ne suis pas fermée à ce que nous nous appuyons sur les Ombres, toute aide est bienvenue et appréciée. En ce qui concerne le Covenant, c’est un autre sujet. Je suis quelqu’un de terre à terre, qui se fie davantage à l’instant présent et au futur proche qu’au passé et aux futurs possibles. Ça m’a parfois joué des tours, je ne m’en cache pas. Je suis consciente de mon biais. Je ne suis pas fermée à les impliquer davantage, mais mon ancienne casquette d’Inspectrice à la CorSec m’invitera toujours à être prudente avec tout ce qui est visions et prophéties. J’ai plus de foi dans le concret, le tangible, que l’abstrait, l’intangible. Je ne tiens pas à ce que des décisions soient bâties que sur des possibles. En revanche, si ces possibles peuvent nous ouvrir des voies de réflexion et des pistes, j’accepte de leur tendre une oreille.


Je n’attends qu’à être convaincue, cela étant dit, mais malgré mes grains de folie, je reste quelqu’un de profondément attaché au certain… mais qui peut accepter aussi de revoir ses positions, si ses exigences sont satisfaites à cet égard, et que nous ne dirigeons pas à la seule lumière des possibles.

Cette réunion nous changeait tous de celles dont nous avions l'habitude, pour ma part c'était un cas avéré. Je ne faisais que des suppositions concernant mes camarades, toutefois, le thé et le gâteau, fort fameux par ailleurs, préparé par Maître d'Erep qui plus est, ajoutait au plaisir des échanges. Nous écoutions les uns les autres ce que nous avions à dire, seulement quatre personnes étaient présentes, pour tout dire, et surtout, au vu des raisons et des conditions, cela était suffisant. Les vaisseaux-écoles furent rapidement mis de côté, pour ainsi dire, nous avions qu'à peine eu le temps d'en parler que le sujet se déplaça vers quelque chose de bien moins jovial. Les disparitions des Jedi un peu partout dans la Galaxie devenait une priorité pour nombreux d'entre nous. Plus encore pour certains… Car les liens qu'entretenaient mes pairs avec d'autres Jedi n'étaient pas une chose inconnue, bien au contraire. Seulement, je ne pouvais concevoir l'idée même que ces disparitions étaient volontaires. Non, c'était autre chose. Quelque part, je repensais à cette créature que nous avions affronté avec Allana, avait-elle un lien avec ce qui arrivait depuis quelques temps ? J'en doutais fortement, mais en même temps, la magie Sith était connue pour se servir d'êtres vivants pour réussir certaines incantations… A croire que tout ce qu'ils faisaient, avait souvent attrait aux sacrifices.

La cuillère fournie trancha le gâteau, le morceau que je portais à ma bouche emporta mes papilles dans une danse gustative dont j'avais perdu l'habitude depuis bien longtemps. Le Maître d'Erep ne manquait pas de m'étonner. Comment un homme aussi peu calme pouvait être un si fin cordon bleu ? La preuve est faite qu'il ne savait pas que manier le sabre laser… Mais aussi les ustensiles de cuisine. Reposant l'assiette vide sur mes genoux, et après voir bu quelques gorgées de thé, je me mit à réfléchir aux propos d'Allana. Elle avait raison concernant le Covenant, nous étions nombreux à avoir une certaine méfiance à leur égard, les visions sont bien trop nombreuses, et surtout bien peu fiables pour que nous puissions vraiment en considérer leur portée comme utile. Cela s'ajoutait aux faits passés, et à une certaine rancœur que beaucoup de Jedi avait envers eux. Seulement, nous devions mettre nos propres griefs de côté et ce, pour le bien-être de l'Ordre, et la réussite de nos missions. Je pouvais me rapprocher d'eux. Surtout, depuis que Viviane était devenue ma nouvelle Padawan, mes liens avec le Covenant s'étaient un peu arrangés. Même si certains ne percevaient nullement d'un bon œil que ce soit un Archiviste qui s'occupe de sa formation. Un peu trop fermés parfois…

Arsenicia se mit alors à présenter une mission dont elle fut la principale protagoniste. Cette dernière me paru un peu trop dangereuse pour y envoyer une des principales représentantes de l'Ordre ; mais qui étais-je pour soulever ce point ? Elle était revenue vivante, c'était le principal. Petit à petit, les explications furent égrenées, alliant les gestes à la parole, la Maître de l'Ordre fit s'allumer un hologramme derrière elle. Deux corps apparurent alors, puis une voix inconnue s'éleva. Inconnue… Ou presque, quelque chose semblait… Commun à mes oreilles. Laissant passer l'idée sur le côté, je me remis à écouter les choses mises en avant par Arsenicia. Avouant avoir fait la rencontre d'une Ombre, un courant d'air me prit l'échine. Le Maître des Ombres allait et venait souvent, sans moindre mot dans les Archives, tout aussi facilement qu'il m'avait déjà rendu visite dans mon bureau. Celle dont elle parla, me paru en savoir bien plus qu'elle ne voulait bien le dire… Et l'avouer. Instinctivement, mon poing se sera lorsque j'entendis l'hypothèse que nous craignions tous : la République était corrompue de l'intérieur. Peut-être même Corellia même.

Mon visage se fit plus sombre, et je perdais mon regard dans le liquide ambré qui dansait au fond de ma tasse. Mon cerveau se mit à percer le moindre secret possible, tentant de relier les informations à mes connaissances. Malheureusement, depuis mon accession au rôle de Grand Maître, mes missions se firent plus espacées et bien moins régulières… J'avançais toutefois une hypothèse à mon tour. Les faits étaient avérés, quelqu'un, quelque part, cherchait à faire du ménage… Donc, il, ou elle, visait quelque chose de précis… Une place peut-être ?

- Et si tout cela n'était pas qu'une simple mise en scène ? Mais vraiment un plan sur la durée ? (Je posais ma tasse, désormais vide, sur la table qui se trouvait devant moi.) Eliminer les obstacles afin de placer ses pions sur l'échiquier. On commence par prendre les pions, puis les tours, les cavaliers… Jusqu'à arriver au sommet…

Appuyant mes coudes sur le fauteuil, reliant mes doigts devant mon visage, je me fis plus sombre, presque sinistre dans mes propos. Je craignais mes propres mots. Il fallait bien que quelqu'un avance le fait que, si j'avais raison… Ce n'était pas que Corellia qui était en danger, mais l'ensemble de l'Ordre.

- Il serait peut-être plus sage, pour un temps tout du moins, que la Maître Fern se tienne à bonne distance de la CorSec. S'ils ont effectivement aidé à la disparition de Maître Korr, ils n'auront sans aucuns doutes nul mal à s'en prendre à Allana…

Involontairement ou non, je venais de nommer Allana par son prénom. Tant pis, peut-être était-ce le fait que nous n'étions que peu durant cette réunion, le thé, le gâteau, ou toute autre chose, le fait était acté. Le principal était que nous ne pouvions risquer de perdre la Maître Vert. La guerre froide qui nous opposait au Consortium finirait tôt ou tard par devenir bien plus violente… Nous devions donc garder un maximum de forces et surtout, d'aide pour protéger la Paix… Mon esprit divagua une nouvelle fois, si la République venait à être belle et bien corrompue, nous devrions peut-être chercher de l'aide ailleurs. Que ce soit auprès des Seigneurs Jedi… Ou vers d'autres groupes… Nous verrions cela plus tard. Le sujet n'était pas à l'ordre du jour.

Je souffle avec douceur sur le thé fumant que je déguste lentement, appréciant les notes de bergamote et les arômes d’agrumes qui s’échappent de ces feuilles de thé noir habilement relevées. Je ne dois pas trop abuser sur la théine et la caféine dans mon état, mais j’ai bien le droit à une tasse par jour de temps à autres alors je ne vais pas m’en priver. Cela me réveille et maintient mon esprit plutôt alerte. On pourrait longtemps polémiquer sur le fait que je porte mes bures Jedi et Dante non, mais pour le coup c’est pour une raison pragmatico-pratique que « je n’ai pas eu le temps de me changer » et non revendication politique. Il ne faut pas aller chercher 25 années lumières dans l’espace, c’est simple !

Je ne m’indigne pas particulièrement de la réplique affermie d’Arsenicia face à ma position autour du sujet des vaisseaux-académie.  Je me serais effectivement autrement plus vexée si notre doyenne du Haut Conseil m’avait sortie qu’on arrêtait net le projet ; j’aurai très certainement mis mon véto sur cette décision. Á ses derniers propos, face à son ton plus ferme, je me contente d’hausser un sourcil. Bien sûr que j’en suis consciente, je pense être la mieux placée ici pour savoir comment réagirait le pendant corellien. J’entends néanmoins ses arguments, même si je n’y adhère pas entièrement. Sans me perdre en palabres inutiles, je communique par ma gestuelle et par la Force ce que j’en pense, sans honte. Néanmoins, j’ai beau avoir une tête de bois, je sais quand même mettre de l’eau dans mon vin. Disons que j’ai appris au cours des vingt dernières années à daigner me polir quelque peu sur la question. Jaylen n’est d’ailleurs pas tout à fait étranger à ce notoire progrès de ma part là-dessus, loin s’en faut. J’entends aussi que mes pairs ne bougeront pas leurs positions, et qu’ils ont compris aussi que je ne changerai pas l’essence des miennes en l’état. La situation étant éclaircie, mais statuée, passons à autre chose que de nous perdre dans des discours sans fin. Nous remettrons le sujet sur le grill une fois la campagne de Ruusaan terminée, je pense, et nous avancerons de notre côté, en autonomie concertée.

Plutôt que de noyer ma frustration en une grande rasade d’alcool que je ne peux consommer pour le moment – à mon grand chagrin – je jette mon dévolu sur ma part de délicieuse tarte tatin qui ne fait pas honte à la réputation de son cuisinier. Je me contente juste de clore le sujet sur un dicton corellien.


- Sahsahlah.


Même si je suis la seule corellienne présente dans la salle, l’expression est assez connue de ceux et celles qui ont fréquenté ou fréquentent des corelliens, surtout en diplomatie. Ce terme, qui veut tant dire littéralement « la terre promise » ou « la terre des sages fous », signifie en gros que « je reconnais que nos opinions divergeront sur ce point, mais je ne reviendrais pas sur ma position non-plus ». Mon ton n’est pas agacé, je le maîtrise, et mon attitude reflète simplement une cordiale fermeté de ma part.

La réponse d’Orfeo a le mérite de me faire sourire, reconnaissant bien là le tempérament impétueux du Vieil Ours, qui se rapproche assez de mon propre caractère. C’est dûment noté et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, loin s’en faut. J’apprécie son effort pour ne pas que l’on plombe l’ambiance. Je ferais un donc un petit effort de bonne volonté et n’insisterai pas davantage sur le sujet délicat.

Nous embrayons sur un autre sujet, aussi délicat que le précédent, mais moins ardu en ce qui me concerne. Je ne suis pas étonnée par l’attitude d’Halcyon, cela lui ressemble bien. Je prête attention au rapport apporté par Arsenicia, qui trouve dans mon esprit un écho à une précédente affaire. Je ne m’émeus pas de la scène affichée par la projection, elle ne me fait ressentir aucun affect particulier. Je ne suis pas femme à hésiter à porter un coup décisif, voire fatale, si les circonstances et les ennemis le justifient. J’ai été de l’autre côté de la barrière, et cela reste encore un point commun de nos jours.

Halycon est quelqu’un de... particulier, dirons-nous. Quelqu’un de fiable par contre, cela va sans dire, même si ses méthodes sont peu orthodoxes. J’ai déjà travaillé à plusieurs reprises avec elle, souvent dans le cadre d’une coopération avec la CorSec, l’Ordre Vert et les Renseignements Républicains. La faire parler, en revanche… voilà bien un défi. Connaissant un petit peu l’animal, notre chère rouquine ne s’ouvrira pas aisément, si elle le fait un jour. Elle ne m’a laissé aucune trace écrite de toute notre enquête, détruisant avec soin toutes mes preuves tout en livrant en retour les informations dont j’avais besoin, et que je n’ai pu hélas que garder dans ma mémoire avant de faire mon rapport écrit de mission.

Si je ne réagis pas spécifiquement à sa mention de discussion avec une Ombre Jedi – j’ai beau mal les connaître à l’exception d’une seule d’entre eux, ils ne font ici que leur travail – mes traits restent maîtrisés quand elle mentionne que des personnes ne me soutiennent pas chez les Corelliens. Je ne suis pas très étonnée. Si j’arrive à canaliser à peu près le Conseil Vert, je ne peux être partout en tout temps. Il y aura toujours une opposition, quelle que soit la faction qui se retrouve majoritaire, aussi neutre qu’elle s’efforce d’être. Elle ne parviendra jamais à satisfaire les exigences des extrémistes. Comme dit Arsenicia, pas de surprise, on ne peut pas plaire à tout le monde. Je m’intéresse cependant à la mention des échanges qui auraient été surpris, et je ne peux pas tout à fait contenir une crispation de ma mâchoire ni un léger resserrement de ma main libre sur l’accoudoir de la chaise où je suis assise à la mention de Jaylen. En tant que son ancienne élève mais aussi en qualité de sa successeure en tant que Maître des Jedi Vers, je ne peux pas ignorer ces propos. Je m’efforce cependant d’afficher des traits relativement mesurés, en dépit de mes yeux bleus-gris dont l’éclat s’était fait tranchant comme l’acier.

La colère froide que je ressens, je la laisse en arrière pour focaliser mon esprit sur les éléments d’information qu’elle nous apporte, tentant de ne pas laisser l’affectif brouiller mon propre jugement. « Andara », la mention ne me laisse clairement pas indifférente. Je leur avais soumis mon rapport sur cette épineuse et explosive enquête que j’avais menée sur place, où j’avais risqué ma propre vie. Un sénateur… cela confirmerait l’une de mes hypothèses, et l’une de mes craintes également. Cela expliquerait beaucoup de choses, notamment la grande opposition du sénateur corellien à ma présence sur place. Je ne peux pas être certaine pour l’heure, mais tout cela mérite d’être exploré.


Ce n’était pas une perspective réjouissante, mais elle ne pouvait pas être écartée pour autant. D’un autre côté, qui de mieux qu’un Corellien pour tuer un autre Corellien ? On était bien plus proche du but, mais aussi je me retrouve bien plus exposée. Cela expliquerait, même si cela ne me plaît pas en tant qu’ancienne collaboratrice de la CorSec, pourquoi l’enquête prend autant de temps de leur côté. J’observe du coin de l’œil l’expression plus sombre de notre Grand Maître Jedi alors qu’il renchérissait à son tour. J’acquiesce d’un air songeur. C’est aussi l’impression que j’ai eue, lors des faits sur Andara. Un plan sur la durée… je repense à la carte galactique, une fois de plus. Une vaste conspiration… C’est aussi Maître Garvan qui met les pieds dans le plat face à la suggestion qui, clairement, ne me plaît pas.

Je darde mon regard vers Dante. Cela voulait dire que j’entérinerai alors en effet entièrement mon statut de réserviste aussi longtemps que je serai enceinte, puis après en tant que jeune mère. Rester à distance de la CorSec… cela ne me laisse alors vraiment pas le choix que de déléguer des sujets à d’autres Jedi Verts de confiance au sein de la faction Autonomiste, et je n’aime guère trop disperser. Il serait suspect d’interrompre tout de suite les collaborations, mais on peut arguer de mon état de santé. Les propos de Dante n’en portent pas moins une part de vérité, aussi dérangeante puisse-t-elle être.

Quelque part, les membres du Haut-Conseil ici présents représentent mes collaborateurs les plus proches, et je pense ceux qui sont les plus à même à vouloir bâtir des ponts entre nos deux Ordres. En dépit de nos profils différents, de nos opinions qui pouvaient ne pas être alignées, nous nous respectons et nous nous apprécions amicalement en tant que personnes. Ils prenaient au sérieux le meurtre de mon mentor et prédécesseur, tout comme ils voyaient aussi les répercussions à plus large échelle potentielles. Comme le résume tout aussi bien Orfeo, je dois faire gaffe à ma vie non seulement par rapport à mes proches, mais aussi pour les intérêts de l’Ordre Vert et de l’Ordre tout entier.


« Il serait bien par contre que tu prennes un peu moins de risques qu’une jeune Padawan écervelée, surtout si tu veux éviter de te faire passer un savon quand tu m’auras rejoint de l’autre côté.  Tu n’as pas assez conscience des conséquences potentielles que ta disparition pourrait amener. Si tu prends ta vie trop à la légère, l’Ordre Jedi pourrait se retrouver vite de nouveau au bord de l’anéantissement »


Un instant, mon environnement et mon entourage se brouillent pour endosser les traits d’un fugace moment d’un passé proche, un évanescent souvenir que j’ai pourtant gravé dans ma mémoire. La pénombre aux lueurs colorées de la Grotte aux Cristaux de Corellia me revient en tête, le son de mes pas sur le sol et la silhouette furtive, intangible, qui avait cheminé quelques courts instants avec moi. Jaylen avait été on-ne-peut-plus sérieux quand il m’avait fait cette mise-en-garde post-mortem. Savait-il quelque chose qu’il n’avait pas partagé à mes pairs, ou à moi ? Aucune manière de le savoir. Ma témérité et mon goût de l’action pèsent peu sur l’avenir des plus ou moins jeunes membres de l’Ordre. Nous avons ici des intérêts communs, qui nous rapprochent dans la division qu’ils veulent occasionner.

Mes yeux bleus-gris croisent l’œil d’ébène d’Orfeo et son œil terni, alors qu’il m’adresse directement la parole. Outre mon Empathie de Force qui me rend plus sensible à ces perceptions, l’Épée des Jedi ne fait aucun effort pour dissimuler son inquiétude et me supplier d’accepter d’être prudente. Derrière sa force et sa conviction, l’Ours de Tython se préoccupe et réaffirmer sa promesse de travailler de concert. Mes yeux se portent ensuite sur Dante, puis sur Arsenicia. Pour éviter tout accident fâcheux, je repose ma tasse aux deux-tiers vide sur une petite table basse proche, ainsi que mon assiette désormais vide. Évidemment, je ne peux prétendre que cela me laisse tout à fait impassible et indifférente. Loin s’en faut, et plus encore avec mes nerfs plus sensibles dans ma condition. Ce que Dante suggérait déjà bien, Orfeo l’entérine. Ils veulent que je réside sur Tython le temps que la menace puisse être écartée, pour le bien de l’Ordre Jedi plus général et pour ma propre sécurité. La Padawan Verte que j’étais alors les aurait probablement envoyés paître et aurait vivement protesté, mais je ne vais pas me contenter de simplement m’y opposer. Mon rôle de Maître des Jedi Verts exige que je fasse preuve de constructivité. Je prends le temps de réfléchir aux mots que je vais employer et comment je vais les formuler. Je me laisse quelques minutes, je connais ma propre maladresse, on va essayer d’être claire pour cette fois.


- En même temps, j’ai envie de dire, s’ils n’étaient pas contents, ils n’avaient qu’à se porter candidats eux-mêmes ! Ils sont bien mignons, franchement… Grommelai-je, bon enfant.


Sur cette note d’humour à moitié sérieuse, je reprends tout à fait mon sérieux et ma voix se fait plus grave, tandis que je les observe tour à tour, le dos droit et résolu, mes yeux bleus-gris raffermis.


- Peu importe qui a commandité et réalisé le meurtre de Maître Korr. Ils seront trouvés, ils seront arrêtés, ils seront jugés pour leurs crimes, et pour les autres auxquels ils auront pris part, directement ou indirectement. Ce n’est plus qu’une question de temps. Et je me doute que tout le monde ne m’a pas à la bonne. Je laisse rarement les gens indifférents. Ça ne me fait ni chaud ni froid de ne pas leur plaire, je m’en moque tant qu’ils ne viennent pas menacer ce que je protège.  


La terre de mes ancêtres, bien sûr, l’Ordre Jedi de Tython aussi par dérivation, la République Galactique en conséquence. Je suis l’Éclair Vert, je suis une gardienne de Corellia, l’une de ses protectrices. Je suis l’un de ses boucliers et l’une de ses épées. Je suis l’une des responsables de la sécurité des Cinq Frères. Après une courte mais profonde inspiration, je m’efforce de prendre les problèmes dans l’ordre.


- En ce qui concerne Andara, dont je vous avais soumis mon rapport il y a quelques mois. Il est très possible qu’une personne du cercle proche du sénateur corellien soit impliqué.  Quelqu’un a fait fuiter auprès du sénateur de Corellia mon assignation sur la mission d’Andara, afin qu’il puisse interrompre mon enquête et me rapatrier sans attendre sur Corellia. J’avais réussi à temporiser sa demande personnelle, mais j’avais noté cette mise sous pression soudaine. C’est ce qui m’a poussée à vouloir creuser encore plus, tout comme on a mis sous pression notre seul témoin Jedi encore en vie en le torturant pendant que j’étais en route avec un gros interrogatoire. J’avais repris le Jedi sous mon aile et protesté contre cette bavure policière. On m’avait collé un flic tout à fait incompétent et surtout totalement vendu à la solde d’un influent magistrat Andarien, Ludwig de Truvaire. On a fait pression aussi sur l’Ordre Vert en mon absence pour me faire lâcher l’affaire et mettre un Jedi du coin sur le coup, mais vous me connaissez, je suis bornée alors j’ai refusé net. Résultat, quand j’ai mis dos au mur le Magistrat… vous savez comment ça a fini. J’ai manqué de peu de me faire atomiser par un tir-laser d’une station spatiale télécommandée à distance, en évacuant les vivants.  


Je leur résume de mon mieux cette faire de chasse à l’homme, enfin de chasse à la femme en l’occurrence puisqu’Halcyon était la coupable présumée d’un meurtre de Jedi. Une enquête à deux voix, qui s’était avérée bien plus complexe qu’à l’origine sur une affaire de corruption et de sédition. Ma voix est posée, tout à fait maîtrisée. Je travaille de mémoire ensuite, à cause d’Halcyon.


- Au final, Halcyon a bien tué un Jedi oui, un Jedi qui nous a trahis. Un Jedi qui avait été impliqué dans l’enlèvement de la fille de feu Maximilian Seidelman, ancien Commandeur Suprême de la République. Sa propre enquête a révélé que ce Jedi avait kidnappé, manipulé et abusé sexuellement des personnes innocentes en abusant de sa position et de son statut de Jedi. Je ne sais pas comment il a pu commettre tous ces crimes sans être repéré, donc il a du bénéficier d’appuis. Et de puissants appuis, bien placés au sein de la République pour agir sans que nous le repérions. Je doute qu’il soit le seul. Et je ne serais pas étonnée qu’on ait aussi des brebis galeuses de notre côté. Quoiqu’il en soit, Halcyon m’a mise en garde par rapport à un complot qu’ils ourdissaient sur Corellia, en ciblant la CTC cette fois. Ils voulaient tuer toutes les têtes dirigeantes pour déstabiliser le gouvernement. J’ai bien entendu prévenu les autorités corelliennes par l’intermédiaire de Maître Corran Fern, dès mon réveil à l’hôpital. Vérification faite à notre retour, il y avait bien eu complot mais Halcyon l’a désamorcé en mon absence. Il n’est pas improbable qu’ils tentent d’autres actions, sur Corellia et ailleurs.  


Ce qui m’amène à revenir aux suggestions apportées par Dante et par Orfeo en ce qui concerne ma propre sécurité et, par ce biais, celle de la cohésion de l’Ordre Jedi. Je ne vais être très coopérative pour le coup, mais je vais tâcher d’être constructive et de leur expliquer mes raisons objectives là-dessus.


- Je vous remercie pour votre mise-en-garde et vos propositions. Je n’y suis pas insensible. Je peux me tenir à distance de la CorSec, comme le suggère Dante. Ce ne sera pas bien difficile de le justifier et de mettre une personne de confiance sur la question parmi les Jedi Verts. Ce Jedi Vert pourrait être assez loin de mon cercle proche de collaborateurs mais assez proche pour rester fiable et observer leur réaction. En ce qui concerne la suggestion de résider sur Tython jusqu’à ce que la menace soit écartée, je te remercie pour ta sollicitude Orfeo, mais je m’y oppose, autant par pragmatisme que par conviction. Il serait contre-productif de me tenir éloignée des Verts. Je suis votre meilleure alliée sur place pour faire l’ambassade, et je serais plus efficace sur ma planète-mère politiquement parlant. Nous ne savons pas jusqu’où s’étend cette Conspiration, ni qui elle compte parmi ses membres. Je suspecte fortement qu’il y ait des agents doubles des deux côtés des Jedi. Connaissant ma famille, ils seront tout aussi fermement opposés à ce que je sois loin d’eux, plus encore au vu de ma grossesse. En outre, si nous modifions nos habitudes trop brusquement, ils risquent de s’en alerter. Si je dois faire face à des menaces, je préfère le faire à domicile, face à eux, et auprès des miens. Pourquoi ne pouvons-nous pas capitaliser sur la situation et essayer de leur faire une offre qu’ils ne pourraient refuser ? Les pousser à la faute, mais dans des conditions que nous contrôlons. Qui dit qu’ils ne profiteront pas de la campagne sur Ruusaan, où nous sommes tous séparés, pour agir ? Au moins sur Corellia, je connais la planète comme ma poche et donc les endroits où me réfugier au besoin. Je sais qui je dois surveiller, maintenant. Cela me laisse plus de marge de manœuvre. Si cela peut vous rassurer, cependant, vous pouvez déléguer des Jedi pour m’escorter sur place, qui soient irréprochables, discrets et dignes de confiance. J’ai un excellent garde du corps, extrêmement motivé à me garder en vie et en bonne santé, et à « démolir » toute menace qui pourrait s’approcher. En retour, je prends la résolution d’être prudente et de me retirer du service actif le temps qu’il faudra.

Nous avions tous nos craintes et nos doutes sur l'avenir de l'Ordre, et plus précisément, sur celui de l'Ordre Vert. Corellia était, et serait toujours une alliée de choix pour les Jedi, aucune scission ne pouvait être convenue si tant est que quoique ce soit n'arrive. Les Seigneurs Jedi faisaient déjà la part belle à l'écart qui nous séparaient, nous autres Jedi. Personnellement, je ne pouvais concevoir qu'Allana ne s'éloigne trop de chez elle, comme elle souleva le point, plus elle agirait étrangement, plus les regards se tournerais vers elle. Donc elle devait prendre de la distance avec la Corsec et les alliés, tout en restant à proximité des faits. Moins elle s'éloignerait, plus cette dernière aurait de possibilités d'agir rapidement et ce, avec l'aide de certaines Jedi lui étant réellement fidèles et surtout, dignes de confiance. Dalek entre autre, même si ce dernier, avec son rôle de père, allait avoir fort à faire entre les couches et la maman à qui il devrait tenir la main… Et la soutenir en tous instants… Etre père ne signifie pas qu'être là pour l'enfant, mais aussi pour la mère… Passons, je reprenais un peu mes esprits et pour retenter de tout remettre en place, je réfléchissais aux choses à faire rapidement.

Principalement, Allana allait agir seule, le Maître d'Erep et Arsenicia s'occuperaient des Seigneurs Jedi… Quand à moi… J'allais devoir discuter avec le Maître des Ombres. Si "Halcyon" n'accepte pas d'obtempérer suite à l'appel du Grand Maître, alors ce serait son supérieur direct qui serait la personne la faisant plier… Avant d'avancer cette idée, je me permis de faire une proposition à Allana.

- Si besoin est, et afin de couvrir le fait d'une protection rapprochée… Il m'est possible d'envoyer un détachement de diplomates Coynites auprès de Corellia.

L'idée était tout aussi étrange qu'improbable. Pourtant, elle se tenait. Les échanges que j'avais avec les habitants, et surtout, l'aide que nous nous apportions mutuellement n'était pas en reste. Nous avions des accords d'entraide plutôt notables. De plus, même les représentants diplomatiques de Coyn se trouvaient être d'excellents combattants et des êtres de confiance. Sans compter que la distance qui séparait Corellia et Coyn, n'aidait en rien une potentielle corruption au sein de leur peuple. Corruption qui, bien loin de leurs principes, pousserait celui qui aurait eu l'audace de leur proposer une telle chose, une mort lente et passablement douloureuse. Maintenant, tout dépendrait du choix d'Allana. Si elle venait à refuser, ce serait compréhensible.

Non sans commencer à me demander comment il me serait possible de contacter le Maître des Ombres discrètement, sans attirer l'attention sur quoique ce soit, je me mis à tapoter sur mon genoux. Depuis quelques temps, cela devenait une sorte d'habitude lorsque je réfléchissais… Le point soulevé à propos de la potentielle corruption en interne, même sur Tython me fis quelque peu montrer un agacement qui ne me ressemblait guère. Voilà à peine quelques semaines que j'étais à la tête de Tython que ça commençait déjà… Lucius… Tu as du en baver avec nous. Souriant, je relevais la tête, et, croisant les jambes devant moi, je repris la parole.

- Permettez-moi de prendre contact avec Halcyon. Nous avons une connaissance en commun qui, je le sais, saura la faire accepter mon invitation.

Ici, personne n'était dupe, tous comprendrais à qui je faisais allusion. Nous avions assez travaillés ensemble du temps – encore bien proche – où mon rôle se cantonnais à ranger des holocrons et autres manuscrits Jedi. Bien sûr, le Maître des Ombres préféraient détruire les artefacts, alors que je me trouvais plutôt être homme à vouloir tenter de les déchiffrer, afin de mieux comprendre nos adversaires. Je me levais poliment, et, après m'être excusé de m'absenter quelques minutes, la porte qui menait à l'extérieur s'ouvrit devant moi. Arrêtant un droïde de protocole qui passait à proximité, il prit ma demande en compte, opina du chef, et après m'avoir certifié pouvoir faire le maximum en ses capacités pour me trouver ce que je lui demandais, prit congé. Revenant vers le trio, je me rassis doucement.

- Veuillez m'excusez pour cette absence de ma part. (Amenant mes mains devant mon visage, prenant un air un peu plus sérieux, je continuais.) Certaines demandes ont besoin de temps pour être menées à bien.

Cette demande, moi seul, dans l'immédiat était encore en fait, mais si le droïde était capable de m'apporter ce que je lui avais demandé, ce serait intéressant que de proposer quelque chose à Arsenicia. Nous étions hors de Tython et de Corellia, loin des principes de l'Ordre et surtout, des portes closes des Archives. Et telle que ma sœur me le dirait… Apprends à être un peu plus cool Dante ! Etre un glaçon c'est sympa deux minutes… Mais lâche un peu du lest tu veux bien ? Et montre leur ce que tu sais faire…

Eh bien, on peut dire que cette année 1501 ne nous aura pas fait de cadeaux ! Quels « merveilleux cadeaux » en effet qu’une guerre sur les bras, des assassinats de Jedi non-élucidée et une République qui brille par sa lenteur de réaction au niveau du sénat ! Petits cadeaux personnels de Corell : je suis blessée à une jambe, ce qui me contraint au repos et au service réserviste, une grossesse surprise, une défaite bien ressentie face à un cyborg. Franchement, le seul présent qui se distingue de ces cadeaux empoisonnés, c’est bien ma grossesse et la naissance d’ici quelques mois de notre fille, la petite Mara.

En tout cas, en ce qui me concerne, je resterai fermement enracinée sur ces positions-là. Je peux très bien me plier comme le roseau s’il le faut, mais je sais être aussi solide qu’un chêne quand j’estime qu’il y a besoin de l’être, et il ne sera pas du tout aisé de me déraciner ! Corellia est ma planète-mère, le cœur battant de tout Corellien, aussi précieux à leurs prunelles que ne le sont les quatre autres principaux mondes du secteur corellien, qui composent les « Cinq Frères » de Corell aux côtés de Selonia, Drall, Tralus et Talus. Les Corelliens ne se cantonnent pas aux seuls humains, et comptent parmi ses peuples fondateurs les Dralls et les Séloniens, avant d’être rejoints par une grand diversité d’ethnies, dont des Twi-leks et des Iridoniens. Cette diversité, qui est aussi notre fierté, est presque toujours reflétée par les membres du Conseil Vert, et l’ethnie du Maître des Jedi Verts varie souvent, puisque les actes comptent plus que l’espèce. Bon, on a aussi des abrutis et des imbéciles chez nous, mais généralement, on est assez accueillants. Je suis certes un membre du Haut-Conseil, mais l’ambassade reste à mes yeux ma seconde mission, la prime d’entre elles étant la gestion interne de l’Ordre Vert. Je veux et je dois rester auprès des miens, telle est ma fierté et tel est mon rôle. Ce sera sur mon propre terrain de jeu que je serais la plus efficace politiquement et diplomatiquement parlant. Je ne pourrais être plus claire sur le sujet, je pense.

Arsenicia a parfaitement compris à qui je faisais référence, tout comme, je pense, Orfeo et Dante. Mes trois pairs connaissent, plus ou moins bien, l’homme en question pour l’avoir rencontré à au moins une reprise sur Corellia, pendant le 6e Conclave organisé sur Tython ou lors de la grande réunion militaire. Bon en même temps, ce n’était pas très difficile de les aiguiller avec cet indice très évocateur. Ma place est sur Corellia, comme serait celle de Dalek pour les mois à venir alors qu’il m’accompagnerait. Parfois, pour donner le change, il faut faire croire que l’on n’a rien vu afin de baisser la vigilance de l’ennemi. Nicia a compris aussi où je voulais en venir, dans le sens que ce n’est pas pour m’envoyer vers la guillotine, mais pour ne pas affoler nos ouailles galeuses et les faire agir plus vite qu’on ne le voudrait. Ah ma grossesse… on peut dire qu’elle ne tombe pas à pic, mais bon, on dirait que Corell était taquin. Au moins elle nous apportera une bonne raison de ma future accalmie, sans oublier le bonheur prochain d’avoir une petite puce à nos côtés. J’approuve avec un sourire brièvement adouci, laissant mon esprit divaguer un instant pour effleurer avec tendresse la petite présence qui croît en moi, curieuse et réactive comme toujours, et de plus en plus active. Que j’ai hâte que tu arrives parmi nous. Un filet de rire m’échappe à la mention de mon absence de discrétion ordinaire. Je me moque gentiment de moi-même. Comme je le disais à Dante, la discrétion n’est pas exactement mon fort et mon caractère, elle sied mal avec mon tempérament impétueux voire sanguin par moment.

Pour être un peu plus sérieuse, je prends note qu’Arsenicia et Orfeo vont, comme prévu, être assignés sur la flotte et vont donc se trouver éloignés de Tython au moins jusqu’à la future campagne de Ruusan. Pour ma part, je devrais rester sur Corellia sauf urgence impérieuse, alors nos réunions risquent de s’espacer et que nous allons devoir communiquer à distance. Ce ne sera pas difficile me concernant, je peux réserver une salle de réunion du Temple Vert à cette fin. Ah ça, je veux bien leur laisser les dossiers d’Halcyon et des Seigneurs Jedi. Ce ne sont pas mes attributions ni mes compétences, et en mon état, je serais plus utile auprès de la Guilde des contrebandiers. Chacun a son guidon à gérer, si j’ose dire.

Notre bon Orfeo n’est pas en reste lui-non plus. Il a l’air de comprendre l’ébauche de plan que j’ai, et surtout, mes raisons de vouloir demeurer sur la terre de mes ancêtres, personnelles et objectives. Derrière ses airs bourrus et sa silhouette charpentée, notre Épée des Jedi a bon fond et un caractère gentil, franc et direct, que j’apprécie et en lequel je me reconnais en partie. Je pense qu’il comprend. Je ne me vexe nullement de sa proposition, assez touchée qu’il se préoccupe d’une sécurité que je tends à négliger en ce qui me concerne, ce qui donne souvent des sueurs froides à mon entourage. Je lui réponds en retour un sourire enthousiaste et confiant, comprenant tout à fait ses raisons à lui.

Nous revenons bien vite au cœur du sujet de notre séance. La proposition d’Orfeo est intéressante, notre collègue s’implique à son échelle. Il faut faire feu de tout bois, de toute façon, vu la situation, et je pense qu’il est intéressant d’utiliser les relations et les compétences de chacun et chacune.


- Il faut agir quand et où nous le pouvons, à notre échelle. Chacun a son champ d’action, et le mien ne se trouve clairement pas dans des archives, au sénat ou dans les étoiles.


Je ne suis pas comme la plus grande de mes nièces, Kayla. Mon ancienne élève et deuxième Padawan Vert que j’ai instruite et guidée jusqu’au rang de Chevalier Vert a hérité de certains aspects de mon tempérament, des connaissances que j’ai pu lui transmettre et d’un grand talent au sabre-laser – il faudra que je la présente à Orfeo, quand il sera de retour. Cependant, nous sommes aussi différentes que le jour et la nuit en ce qui concerne nos terrains de prédilection de combat. Tout aussi talentueuse duelliste soit-elle, ma petite Kay préfère se battre à bord de son chasseur stellaire dans l’espace alors que j’affectionne davantage, et de très, très loin, les combats sur la terre ferme. Là où je me sens comme un poisson dans l’eau dans les enquêtes policières et la lutte contre la criminalité aux côtés de la CorSec, Kayla est férue de pilotage et adore tout ce qui relève de la technologie, choses que j’abhorre pleinement à la notoire exception de la maintenance de mon cargo personnel. Là où mon frère Corran est plus heureux au sein de l’armée ou à la CorSec, du bon côté de la loi, et est plus à l’aise en diplomatie, je suis plus à l’aise à l’idée de me salir les mains si le contexte le justifie et à me rendre dans la zone de pénombre et je sais me montrer plus souple et pragmatique au besoin. Mais clairement, le meilleur d’entre nous pour jouter dans tout ce qui est criminalité et collecte d’informations, c’est notre plus jeune frère, Hal, alors qu’il n’est pas assez sensible à la Force pour être Jedi. Nous sommes tous et toutes des chaînons d’un immense rouage, chacun avec ses particularités, ses forces et ses limites.

On en vient à la proposition de Dante, qui, de fil en aiguille, rebondit sur mes propos. En voilà un esprit bien aiguisé entre notre sein, que celui de notre érudit et ancien maître des archives Jedi. Je prends le temps de considérer sa suggestion, pesant le pour et le contre. D’un côté, c’est toujours un peu embêtant de devoir reposer sur l’aide de Tython pour des soucis internes, ça emmerdera certains de mes pairs Verts les plus conservateurs. Mais de l’autre… j’y vois beaucoup d’intérêt et l’idée, que je n’avais pas anticipée, pique ma curiosité. Connaissant Dante, il n’aurait pas fait la suggestion de diplomates sans raison, surtout en connaissant mon propre désamour totalement assumé de la politique – même si je fais des efforts en ce sens. Ah oui, je crois que je me souviens. Il y avait un truc avec les Coynites, le peuple dont Dante est originaire. Jaylen m’en avait parlé, une fois, en me disant bien de ne pas les sous-estimer, toute jeune Padawan Verte effrontée que j’étais. Ces diplomates ont la particularité méconnue, à l’instar d’ailleurs des dames au service de la Reine de Naboo, d’être de remarquables combattants. L’idée est cependant bonne. Qui se méfierait d’un diplomate ? Un franc sourire guilleret étire mes lèvres alors que mes yeux bleus-gris s’imprègnent d’une pointe de malice.


- Je t’avoue que je trouvais ça bizarre, pendant quelques instants, que tu me proposes la compagnie de diplomates, quand tu me connais un peu. Je ne l’avais pas vu venir celle-là, Dante ! Brillante idée, hautement improbable mais c’est précisément cela qui la rend aussi excellente. Tu sais bien juger les caractères, alors je te fais confiance sur ce coup-là ! Je suis partante.


J’écoute avec la même attention ses propositions concernant le cas Halcyon, telle une huître que l’on va devoir inviter, subtilement et délicatement, à s’ouvrir assez pour servir des intérêts communs. L’ennui est que l’espionne, que j’apprécie assez en ce qui me concerne, ne nous laissera pas agir à notre guise. Elle cherchera toujours à guider la discussion loin des éléments trop sensibles à ses yeux, et voudra sans ambiguïté les laisser « drapées de ténèbres ». Je ne suis pas la plus indiquée pour tenter de lever ce voile d’ombres autour d’elle, et nul doute qu’elle nous ne fera pas de cadeaux là-dessus, aussi je laisse principalement Arsenicia et Dante en débattre. Je préfère observer, tant par mes yeux qu’à travers ceux de la Force. Cela m’aide à aiguiser mes perceptions et ne pas trop me rouiller en tant qu’ancienne Inspectrice. Et puis, il y a beaucoup de choses à tirer du non-dit et non-verbal par exemple. Sans rien commenter, j’acquiesce à sa deuxième proposition. J’ai une petite idée de qui il est question, oui.  J’observe sans mot dire l’entrée et la sortie du droïde, et ne demande pour l’heure pas de détails. Certaines choses seront révélées avec le temps et si elles ne le sont pas, je le saurais tôt ou tard.


- De toute façon, il y a des sujets comme ça où c’est en bossant ensemble qu’on y arrivera à bout et qu’on aura les meilleurs résultats, et c’est une autonomiste comme moi qui le dit.  On ne va pas faire de cadeaux quand même à nos opposants, je suis généreuse certes mais pas à ce point-là. Bon, sans vouloir jeter un froid, est-ce qu’on a d’autres sujets à l’ordre du jour ? Si oui, c’est le moment ou jamais d’en parler vu que la majorité d’entre vous n’auront pas l’immense plaisir de revoir votre Corellienne préférée – ou votre emmerdeuse préférée, c’est votre choix - vêtue de ses robes vert-sapin de sitôt une fois qu’on sera partis d’ici, Dalek et moi.  déclarai-je avec humour, voulant détendre un petit peu l’atmosphère pesante avec tous ces sujets graves et écrasants.

Le sourire de Dante m’amuse, même si je ne saurais dire à quoi diable il pense. Je n’espionne pas les pensées de mes congénères, et notre Grand Maître suit une philosophie distincte de la mienne, mais nous nous respectons assez pour que je ne me froisse pas pour si peu. Il en faut plus, quand même.

Une dernière chose ? Mes yeux bleus-gris se portent vers notre Maître de l’Ordre, laquelle a prononcé ces quelques mots. Je ne commente pas alors qu’elle développe un peu plus son propos, attendant avec autant de patience que j’en suis modestement capable qu’elle termine son annonce. Oui, c’est sûr, je pense que nous en sommes tous et toutes conscients, nous qui sommes présents dans cette pièce en cet instant, à l’instar des soldats, des pilotes et du personnel de la 9e flotte ici présente. Nous allons le rappeler à nos ouailles qui seraient un peu trop dures d’oreilles, cela va sans dire. La mention des Seigneurs et Dames Jedi pique mon intérêt, et notamment du bras qu’ils comptaient tendre vers eux pour reforger l’alliance passée, que les holos d’Histoire avait retenue comme « L’Armée de la Lumière ».

Ce chapitre de l’Histoire des Ordres Jedi et de la République est bien connu de mes pairs Corelliens. Ce n’est pas sans raison, puisque l’Ordre Vert a joué un rôle très actif au sein de l’Armée de la Lumière dans sa lutte face à la Confrérie des Ténèbres du Seigneur Sith Skere Kaan. Nombre de ses membres faisaient partie des Jedi Verts, sous l’étendard du Seigneur Berethon, dont la statue fait partie de celles qui ornent notre grand hall, aux côtés de Maître Corran Horn. La bataille de Ruusan, en particulier, fût notoirement sanglante avec l’activation, par les Sith, d’une Bombe Mentale qui tua la quasi-totalité des participants aux combats, Sith, Jedi et les non-utilisateurs de la Force, dont le Seigneur Hoth lui-même. Cette page de notre histoire commune, datée du premier millénaire de l’Histoire, est d’autant plus sensible et noircie qu’elle est entachée par les vives tensions qui s’en sont suivies entre Tython et nous, les premiers nous ayant accusés d’hérétiques, ce à quoi nous avions choisi de nous scinder de l’Ordre Jedi. En effet, mes ancêtres avaient très mal pris – et à raison, je trouve – ces accusations de nos cousins, d’autant plus après les innombrables blessés et morts que nous avons eu à déplorer dans nos rangs. Il a fallu une catastrophe telle que l’Ordre 66, la chute de l’Ancien Ordre Jedi et une douloureuse réformation sous la férule de Corran Horn avant que nous n’acceptions de revenir dans l’Ordre Jedi et de rétablir les communications avec Yavin IV et, de nos jours, Tython. C’est avec grande méfiance que nous avons accepté d’envoyer l’un des nôtres – le Maître des Jedi Verts de l’époque – siéger au sein du Haut-Conseil, et perpétué cette tradition jusqu’à date. Jaylen et moi nous inscrivons dans cette continuité que je veille avec soin à préserver des velléités des Indépendantistes et des Unionistes.

Ces histoires, plutôt lointaines, continuent de vivre à travers notre mémoire, l’histoire galactique qui se répète et surtout, encore, par ses conséquences et ses cicatrices. Tous conflits idéologiques ne sont pas réglés, puisque Corellia continue de soutenir par l'intermédiaire de l'Ordre Vert les Seigneurs et Dames Jedi, ce que les plus conservateurs de Tython n’apprécient vraiment pas des masses. Si personnellement, je ne suis pas fermée à la reformation de l’Armée de la Lumière et que je respecte les Seigneurs et Dames Jedi, je me doute qu’Arsenicia ne doit pas être très chaude face à sa recréation éventuelle. Cela pourrait aussi entrer en contradiction avec l’implication des Jedi au sein de la Grande Armée de la République, et, potentiellement, de l’amoindrir par sa concurrence. Je préfère donc observer une certaine neutralité sur la question, position qui aurait été bien plus engagée si je m’étais retrouvée face à des imbéciles de traditionnalistes. Pour l’instant, Tython ne nous emmerde pas et accepte de coopérer avec nous plutôt que de nous cannibaliser. Je peux bien attendre de voir ce qu’il s’ensuivra, et adapter notre position au besoin par la suite. Nous verrons bien où la Force nous mènera. Je ne compte pas me mêler trop de politique extérieure, je laisse cela aux soins d’Arsenicia et de Dante. J’ai déjà les affaires internes à l’Ordre Vert à gérer, dont ces menaces, et celles avec les Républicains.

Les Sorcières de Dathomir, voilà bien un terme que je n’avais pas entendu depuis bien longtemps, je crois depuis une leçon de Jaylen quand j’étais une Padawan Verte et lors d’une autre, au cours de ma réhabilitation comme Chevalier Vert. Je n’en ai jamais croisée, personnellement. SI j’avais été moins prise avec les affaires d’Ordre Vert, ma curiosité et ma soif d’aventures m’aurait poussée à me porter à leur rencontre sur leur monde, Vandexa. Ainsi, Arsenicia s’est portée à leur rencontre. J’écoute avec attention sa piqûre de rappel à leur encontre, qui correspondait avec ce dont je me souvenais. C’est regrettable qu’ils n’aient pas pensé à elles, en effet. Nul doute que grande aurait été leur aide au combat au sol au cours du front de Kashyyyk… enfin, ce qui est fait est fait. Personnellement, je n’ai rien contre elle. Elles seront un excellent précédent de pourquoi nous pouvons revendiquer notre droit à garder notre autonomie et notre identité. D’un point de vue personnel… si je venais à rencontrer l’une d’entre elles sur Tython – plus probablement – ou sur Corellia, je serais ravie de le faire. J’éviterais dans un premier temps que Dalek les rencontre, je pense qu’il n’est pas encore tout à fait prêt pour ça. Si mon cher et tendre a une grande ouverture d’esprit, les Hapiennes ont laissé des cicatrices qui auront besoin d’un peu plus de temps pour être vraiment résorbées. Ne tentons donc pas encore le diable.

Je vois, tout comme je ne vois pas d’opposition à les impliquer, mais mon implication s’arrête là. Je laisse les cousins de Tython mener les discussions avec elles, ici, je suis surtout une ambassadrice.

Dans ce cadre par contre, je peux tout à fait m’impliquer dans la proposition avancée par Dante, qui allait dans l’esprit de coopération appelés de nos vœux conjoints au cours de ce Haut-Conseil. Je connais Halcyon en effet et si je suis une piètre diplomate, mon confrère pourra combler cette lacune. Après tout, nous avons déjà coopéré par les armes auparavant, pourquoi pas par la parole cette fois ? Cela me sort hors de ma zone de confort mais bon, il faut bien aussi que je fasse face à mes limites.


- Je suis d’accord, Dante. Je peux bien faire cela, et puis de toute manière je lui dois un verre. L’idéal serait de la faire venir sur Corellia, et que tu me rejoignes sur place. Si ça vous va, on peut tout à fait arranger cela. Ce ne sont pas les cantinas qui manquent à Coronet-city, nous sommes des gens civilisés après tout. Répondis-je avec sérieux, puis un brin d’humour assumé.


Je peux bien me permettre cette pique ! Après tout, Tython est loin de tout et en grande majorité sauvage. Ça a son charme, c’est sûr, mais je préfère l’activité et le fort fourmillement corelliens.

Je tourne ma tête vers Orfeo pour voir s’il a quelque chose à ajouter, mais l’Ours de Tython garde le silence, semblant attentif à nos échanges. Son sourire est néanmoins assez éloquent pour que je déduise, sans même que je ne lise ses pensées, sa réponse à ma propre question de plus tôt. Je suis à la fois leur Corellienne préférée et une emmerdeuse invétérée, ainsi que son adversaire favorite. Ça veut dire que je fais plutôt bien le taf jusque-là ! Je défends bien notre réputation, nous autres Verts.

Terminant ma propre tasse pour réchauffer ma gorge, je me permets de me détendre un peu et surtout d’étirer mes muscles. Rester aussi longtemps assise ne me sied guère, même si j’y travaille un peu. Je suis une hyperactive de nature, après tout. Les yeux fermés avec délice de la sensation plaisante des muscles qui se réveillent de leur sommeil contraint, je ne les ouvre qu’à l’ouïe d’un air de musique. Mes yeux se portent vers Dante, d’où émanait ce premier son, et observe qu’il se met à jouer d’un violon qui avait dû lui être apporté par le droïde de tout à l’heure. Il est bientôt rejoint par Arsenicia, qui se met pour sa part à réveiller le piano présent dans ce salon, à bord du Morning Mist. La mélodie ne m’est pas familière, plus classique et douce que ce à quoi je suis habituée, mais reste assez agréable. Je tapote l’accoudoir de ma chaise en rythme de mes doigts, acceptant cet instant de relaxation. Pour une fois que mes pairs me rejoignent sur l’importance de profiter de l’instant présent, et si fugace. Je fredonne d’abord, prenant le temps d’écoute le rythme de la mélopée qui prend en puissance, en positivité et en harmonie. Je suis une piètre musicienne et une très médiocre chanteuse, mais pourquoi pas. Je ne vais pas rester en arrière alors que mes pairs ont sauté le pas ! Quelques instants après Orfeo, je finis par joindre ma voix à la sienne. Elle n’est pas formidable, elle est très ordinaire, mais au moins je fais l’effort de la rendre à peu près juste et d’être raccord avec l’Épée des Jedi sur cet air que je connais bien moins qu’eux. Je laisse la Force me guider, et prendre le pas sur mon esprit réflexif.

Après les choses sérieuses, le réconfort ! Et cette harmonie, nos présences qui, éphémère instant, s’accordaient sur un même rythme dans la Force, nous devons en profiter tant qu’elle est présente, que nous sommes présents, réunis dans une même pièce, à un même fuseau horaire, en un même moment.