Re: [Coordonnées R-10, Zone Contestée] quid est mors? (PV Vhell Kanata) [Terminé]

« Te séduire? Tracyn, tu me vexes. Jamais je n’oserais voyons. Je suis une professionnelle. Te séduire impliquerait de prendre avantage de ton inexpérience et de ta jeunesse à des fins… Personnelles… Non, non, certainement pas, allons. Nous sommes en train de manger dans un restaurant en train d’en apprendre plus sur l’une et l’autre… Dans le but, bien sûr, de tisser une meilleure relation de travail. »

Le pire c’était qu’elle avait dit tout ceci sans un sourire, sans autre chose qu’une expression parfaitement neutre. Comme si elle croyait vraiment à ce qu’elle disait, même. Comme si c’était une des vérités de l’univers. Alors que c’était un odieux mensonge. Clairement, Halcyon flirtait avec Vhell. Il y avait un jeu de séduction. Il y avait quelque chose entre elles deux. Mais… Elle montrait ainsi à la mandalorienne que même avec des implants, même en pouvant observer les constantes vitales de quelqu’un, avec suffisamment d’entrainement, on peut tromper même la machine. Elle ne le faisait pas avec malice, naturellement. Mais pour emmerder Vhell… Ah mais c’est qu’elle ferait du zèle! Voire plus, même! Et elle réitéra qu’elle pouvait bien tenter de le nier, un tel ensemble lui irait très bien. Et comme la jeune mandalorienne n’avait plus de serviette à lui lancer…

Cela dit, elle était intriguée par l’idée soudaine de Vhell. Elle avait parlé de comment les relations plus intimes se passent entre mandaloriens. Une fenêtre, un aperçu sur une culture hélas méconnue. Elle avait mentionné le fait de pouvoir battre son ou sa partenaire en combat singulier. L’espionne haussa un sourcil amusé. Était-ce ce que Vhell avait en tête? C’était son idée de flirt, un combat entre elles deux dans le plus pur esprit mandalorien? Pourquoi pas. Mais techniquement, avec ses implants, son beskar et son entrainement mandalorien, cela plaçait la jeune guerrière avec un net avantage. Elle ne considérait pas que la victoire était impossible… Mais elle ne serait certainement pas facile. En même temps… Ce serait particulier comme choix d’activité. Cette planète ne disposait pas d’une arène de combat comme on en verrait dans l’APEX. Ce serait illégal de toute façon.

Il y avait sans doute quelques clubs sportifs avec un ring de boxe… Mais elle voyait mal Vhell et elle boxer l’une contre l’autre. Ce serait fortement limiter leurs options stratégiques, par-dessus le marché. Hum… Que pouvait bien avoir la mandalorienne en tête? La jeune femme était quelqu’un de pragmatique avant tout. Cela éliminait de facto toute option jugée trop… Voyante ou ostentatoire. Et si elle faisait quelque chose avec un impact significatif, elle voudrait probablement avoir l’approbation de son père adoptif ou de son chef de clan, non? Un intéressant mystère, à n’en pas douter. Mystère qu’elle comptait bien percer à jour. Ceci dit, elle ne montrait pas sa curiosité. Elle gardait un air neutre mais intéressé. Montrant qu’elle était attentive et à l’écoute, essentiellement. Elle était curieuse de savoir ce que Vhell avait en tête. Elle avait visiblement un plan.

« Tracyn, tu essaies de te montrer dominante, de me forcer à faire une activité avec toi? Tout cela à cause d’un innocent commentaire sur le fait que de la lingerie en dentelle noire et un uniforme de soubrette t’iraient à ravir? N’est-ce pas une peu… Agressif, comme réaction? La brutalité mandalorienne… Alors que j’ai été de si agréable compagnie jusqu’à présent. Et si je décide de me défiler, que feras-tu? Tu vas me violenter? Me donner une fessée, peut-être? »

L’insolence de cette espionne…

Vhell leva les yeux au ciel. En présence d'Halcyon, cela commençait à devenir une sérieuse habitude. « C'est ça. » Répondit-elle sans croire un seul mot de ce que l'espionne venait d'affirmer d'un ton dangereusement neutre. À moins que la mandalorienne ait un doute sur la véracité de ces propos ? La rousse était si difficile à lire, soudainement… Pas que cela soit surprenant étant donné son talent. Mais la mandalorienne, après un instant de réflexion, préféra ne pas croire un traître mot de ce qu'elle venait d'entendre. Vhell était peut-être complètement inexpérimenté, mais elle savait encore ce que signifiait le verbe « séduire ». Ou ce qu'était le flirt. Et clairement, elles flirtaient depuis leur rencontre.

Sans munition à lui lancer, la jeune femme préféra terminer son assiette. Qu'en serait-il du dessert ? Vhell songea soudainement qu'elle ne dirait pas non à ce que les adeptes d'un tel lieu appelaient un « café gourmand ». De quoi terminer agréablement ce tête-à-tête avec une petite touche sucrée.

Quant à sa proposition de face-à-face, celle-ci lui fut retournée d'une habile manière. Ce à quoi Vhell s'était attendue car elle commençait à saisir le mode de fonctionnement de l'espionne, celle-ci étant visiblement décidé à l'emmerder jusqu'au bout. Alors, la mandalorienne prit son temps pour lui répondre, contrôlant autant que possible son corps pour qu'un rougissement soudain ne vienne pas gâcher l'ensemble.

« Tu essayes de noyer le poisson, chérie. » Commença-t-elle en nouant ses doigts sous son menton. « Bien que l'idée de te fesser soit agréable… Vois plutôt cela comme une invitation à danser. C'est un peu ce qu'est le combat, chez les mandaloriens. C'est un moment de partage. » Et l'issue d'un tel duel n'était certainement pas le plus important. « Et tu m'as dit que tu étais bonne danseuse, non ? Ne me dis pas que tu as peur… ou pire, que tu m'as menti. » conclu-t-elle sans se départir de son sourire en coin.

« Moi? Te mentir? Là je suis vraiment vexée. Est-ce que tu sais ô combien c’est difficile pour une espionne que de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité? Je dois penser soigneusement à ce que je te dis, le décortiquer, s’assurer qu’il n’y a rien de classifié ou qui pourrait compromettre la République Galactique… Liberté de parole, oui, mais pas pour les espions. Tu me ferais presque de la peine… »

Bien qu’Halcyon restait souriante, Vhell savait qu’elle avait dit quelque chose qui avait… Blessé, faute de meilleur terme… L’espionne. Le sourire était moins naturel. Plus froid. Et l’espace d’un instant, derrière le masque, dans son regard… Était-ce de la trahison dans les yeux de l’espionne? Elle qui s’était ouverte au moins un minimum à la mandalorienne… La jeune guerrière était humaine et pouvait bien sûr faire des erreurs. Mais si effectivement elle avait des sentiments pour l’espionne, ce ne serait pas une sensation agréable du tout. Disons que cela mit un froid à la discussion. Halcyon commanda son dessert mais ne tenta pas particulièrement de relancer la conversation. Non pas qu’elle était en colère contre Vhell. L’espionne était douée pour contrôler ses émotions. Simplement, elle voulait voir comment la jeune mandalorienne allait réagir. Pourquoi?

Par curiosité, principalement. Est-ce que la culture mandalorienne différait à ce point des conventions sociales considérées comme normales? Vhell était-elle capable de reconnaitre et d’accepter qu’elle avait gaffé? Était-il « mandalorien » de s’excuser? C’était la chose courageuse, honorable à faire… Mais est-ce que l’honneur mandalorien fonctionnait ainsi? Est-ce que si c’était le cas, Vhell, en tant que personne, serait capable d’aller contre sa culture et respecter celle de la personne en face d’elle et de faire un geste? Il y avait tellement de possibilités, de facteurs, d’imprévus… L’espionne se demandait si la jeune guerrière réalisait véritablement ce qu’une conversation normale lui demandait. Ce qu’une relation « normale » lui demandait. Halcyon était une espionne et qu’elle apprécie, aime, respecte ou estime une personne n’y changeait rien. Elle ne devait jamais perdre de vue…

Que la personne en face d’elle pouvait aussi être une espionne ou au service d’une puissance ennemie, consciemment ou non. Se montrer si… Humaine… Avec Vhell, accepter de ne pas toujours avoir son armure professionnelle… Vhell avait une armure en beskar, physique, visible, tangible. Halcyon en avait une pratiquement métaphorique mais toute aussi réelle et nécessaire. Plus encore, elle avait accepté l’aide de Vhell, ce qui sans être nouveau était extrêmement rare. Surtout contre les conspirateurs. C’était son combat. Son fardeau. Et celui de personne d’autre. Et pourtant… Vhell l’avait accompagnée pour traquer les trafiquants de cette nouvelle drogue qui désormais n’existait plus. Enfin bon. Elle mangea son dessert en silence, son regard ne quittant jamais la mandalorienne. Elle voulait que cette dernière se sente observée. Comment elle réagirait…

¤Hum… Encore une fois perdue dans mes pensées. Je me demande comment Vhell fonctionne. Certes, son commentaire n’était pas volontairement blessant mais… Si elle savait seulement le poids que je porte… Je voudrais lui en dire plus, pouvoir baisser ma garde… Mais je ne peux pas. Si elle est guidée par l’honneur, je suis guidée par le devoir. Deux concepts qui sont comme des nœuds coulants autour de nos gorges…¤

Ce qui devait être une simple plaisanterie avait soudainement un goût amer en bouche. Vhell était surprise, et le mot était faible. Elle sentit la honte étreindre peu à peu son cœur tandis que l'espionne s'exprimait. Elle avait compris son erreur, mais trop tard, et ce malgré l'apparent sourire de la rousse.

La mandalorienne détourna le regard, incapable de soutenir celui de sa vis-à-vis. Elle s'en voulait déjà beaucoup et se maudissait de ne pas avoir pesé davantage ses paroles. Le ton avait été léger tout au long de la soirée. Vhell s'était laissé emporter par cette légèreté. Elle n'aurait jamais dû. Elle ne pouvait oublier qui était assise en face d'elle, cette femme qui dégustait désormais son dessert dans le plus parfait des silences. Même sa cuillère ne faisait aucun bruit contre l'assiette.

La guerrière préféra repousser le sien, l'appétit coupé, et noua ses mains sur la table. Des mains calleuses et abîmées aux ongles courts. « Je te demande pardon, Hal. » Fit Vhell en relevant le regard vers celui de l'autre femme. Présenter ses excuses était l'unique chose à faire face à un tort comme celui-ci. S'entêter était aussi inutile que honteux. « C'était très maladroit de ma part. Je n'en pensais pas un mot. » Poursuivit la jeune femme avec maturité, son air canaille s'étant éclipsé pour laisser sa place à un regard beaucoup plus adulte. Le genre de faciès qui avait vu et vécu bien des choses malgré une courte existence.

Dans le ton de la guerrière transparaissait toute sa sincérité. Vhell n'était pas menteuse car ce n'était tout simplement pas dans sa nature. Elle avait voulu jouer un peu avec Halcyon et s'était fait avoir à son propre jeu, cela elle le reconnaissait sans difficulté. La mandalorienne avait parfois de la difficulté avec les codes sociaux des autres peuples de cette galaxie, mais elle savait encore décrypter l'atmosphère d'un endroit. Ou d'une table, en l'occurrence.

Malgré tout, la jeune femme était encore mal à l'aise. Elle ne rougissait pas comme c'était le cas lorsque Hal la cherchait, mais une boule s'était formée dans sa gorge. Deux mois plutôt, elle se serait moqué d'avoir heurté l'espionne de la sorte. Mais depuis qu'elle avait appris à la connaître, les choses avaient changé. Faire preuve de tact n'était certainement pas l'une des qualités premières de Vhell, et pourtant elle en avait besoin.

La jeune femme n'était toutefois pas assez folle pour oser proposer réparation à Halcyon. Le préjudice n'était pas si grand, après tout. Et, connaissant l'espionne, elle serait tout à fait capable en profiter pour réellement forcer Vhell à porter cet uniforme de soubrette et c'était quelque chose que la mandalorienne se refusait à faire.

Elle reconnaissait son tort et présentait ses sincères excuses, mais ne rampait pas pour autant.

Halcyon se leva, fit le tour de la table et vint embrasser la mandalorienne, doucement, tendrement. Tu ne pouvais pas savoir, dit-elle simplement, un léger sourire sur le visage. Et c’était là la pure vérité. Vhell, en tant que mandalorienne, n’a pas besoin de recourir au mensonge car dans sa culture, le mensonge est déshonorable. Oui, il y en a qui mente et ces derniers sont durement jugés par les pairs, bien entendu. Mais de façon générale, l’honneur étant quelque chose de très sérieux… Disons simplement que mandaloriens et espionnage, dans la même phrase donne un résultat des plus incompatibles. Mais pour Halcyon, pour qui mentir était parfois une question de vie ou de mort, « honneur » est un simple mot à placer dans une phrase. Il n’a aucune valeur pour elle car il n’y a rien d’honorable chez les espions. Deux mondes complètement différents.

Ceci dit, Vhell a su faire preuve de maturité et elle s’est excusée. Et pour cela, Halcyon est reconnaissante. L’espionne pouvait compter sur les doigts d’une main les personnes qu’elle avait connu et qui étaient capables de reconnaitre une erreur, de l’assumer et de faire amende honorable. Deux mains, si on pousse l’exercice dans ses extrêmes limites. Que quelqu’un de si « jeune » soit capable de faire ce que des gens avec le double ou le triple de son âge sont incapables de faire… Cela forçait, en un sens, le respect. Et non, elle ne lui en voulait pas réellement, en ce sens qu’elle se doutait bien que Vhell disait la vérité. Qu’elle ne le pensait pas, qu’elle avait voulu faire un trait d’humour. Et donc, aux yeux de l’espionne, tout était pardonné. Fais moi plaisir, dit-elle en reprenant sa place, et mange ton dessert. Tu le mérites. Un sourire chaud, réconfortant, joua sur les lèvres de l’espionne.

Elle savait quel ton prendre, quand être plus « maternelle » avec Vhell pour que certaines choses se fassent. Et en un sens… Cela fonctionnait. Elle utilisait le droïde masseur qu’elle lui avait envoyé, faisait davantage d’efforts avec son alimentation…Donc la jeune guerrière pouvait reconnaitre le bien fondé d’une recommandation. L’espionne n’en abusait pas, bien entendu. Sauf qu’elle était capable de voir les choses qui pouvaient manquer chez la jeune femme et ce n’était pas une mauvaise chose que de vouloir l’aider à rectifier le tir. Enfin. C’est ainsi qu’elle le voyait. Quand elle n’était pas forcée de mentir ou de tuer pour le compte de la République Galactique, Halcyon tentait d’être une… Bonne personne, faute de meilleur terme. Bien qu’elle se considérait au final comme un monstre. Venue au monde pour remplir un funeste dessein… C’était la simple réalité des choses.

Le repas se termina donc sur une note positive et parlant de note, l’espionne ramassa les deux factures, n’acceptant aucune protestation de la part de la jeune mandalorienne. Elle avait rarement l’occasion de profiter d’un bon repas en charmante compagnie en dehors du travail… Et quand c’était pour le travail, ayant un objectif caché, elle n’en profitait jamais réellement pleinement de toute façon. Mais avec Vhell, c’était heureusement différent et elle ne s’en plaindrait certainement pas. Et elle voulait montrer cette appréciation de façon tangible. Peut-être que la jeune guerrière ne serait pas d’accord mais… Elle n’avait pas été assez rapide pour s’emparer de sa facture, c’est tout. Oui, certainement, la cyborg, en temps normal, aurait eu l’avantage en termes de vitesse. Mais… Quand une vile tentatrice fait quelque acte de séduction pour briser votre concentration… Cet avantage disparait bien vite!

Les excuses prononcées, l'espionne quitta sa chaise. Elle se leva et le regard de Vhell s'accrocha aussitôt à sa silhouette magnifique, attendant ce qui allait suivre. Elle fut heureuse que ce soit un baiser, que la mandalorienne lui rendit avec joie et tendresse, les doigts de sa main droite glissant brièvement sur la joue particulièrement douce de l'espionne.

D'un point de vue extérieur, Vhell et Halcyon formaient un beau couple. C'était sans doute ce que de nombreuses personnes étaient en train de se dire dans ce restaurant. Et en effet, la tendresse dont faisait parfois preuve la rousse avait de quoi déstabiliser la mandalorienne. Il n'y avait pas une ligne clairement tracée dans le sable entre elles. C'était flou. C'était tendre. Ça suffisait à Vhell.

Elle lui rendit son sourire, par la suite, et attaque enfin son dessert. Elle ignorait si elle le 'méritait', mais il était vraiment très bon et la mandalorienne en savoura chaque bouchée. Vhell s'était-elle rendu compte que l'espionne avait compris quel genre de ton emprunter pour obtenir quelque chose d'elle ? Si c'était le cas, elle n'en montrait rien. Mais une chose était certaine : cela ne fonctionnait qu'avec les petites choses de la vie, comme manger son dessert ou utiliser son droïde masseur.

Lorsque vint la fin du repas, Vhell tenta vainement de récupérer son addition. Mais c'était peine perdue. Elle se contenta donc d'un regard noir pour se donner bonne figure. Mais au fond, l'attention de l'espionne la touchait beaucoup.

Elles quittèrent la table peu après, laissant derrière elle ce splendide repos. La soirée touchait-elle à sa fin ? Vhell ne le souhaitait pas et se souvint d'une chose que l'espionne avait dite lorsqu'elles étaient arrivées.

« Tu m'as parlé d'un coucher de soleil magnifique, il me semble. » Lui dit-elle, prête à la suivre vers le meilleur point de vue pour admirer ce spectacle si simple, mais si beau. Toutefois, avant que l'espionne ne l'entraîne à sa suite, la mandalorienne la retint doucement par le poignet et l'attira vers elle, passant un bras presque possessif autour de sa taille. La jeune femme se pencha vers les lèvres tentatrices de la rousse, l'embrassant tendrement. « Merci pour ce repas. Tu n'étais pas obligée et… c'était vraiment agréable comme soirée. J'en ai rarement l'occasion. » Lui avoua t-elle, même si elle se doutait que ce ne fût pas un secret pour Hal.

Halcyon se laissa entrainer par Vhell sans opposer de résistance. Après tout, l’espionne avait un plan d’une extrême simplicité depuis qu’elle avait décidé de s’intéresser plus activement à la jeune mandalorienne : lui faire découvrir les petits plaisirs de la vie, tout simplement. La culture mandalorienne était riche de traditions martiales mais de ce qu’elle avait pu observer, la fonction parfois trop pragmatique et utilitaire de ce qui faisait le mode de vie mandalorien les rendait… Comment dire… Aveugles à un certain nombre de choses pourtant si évidentes et à portée de main qui peuvent aider à avoir un esprit plus sein, un meilleur moral, ce genre de choses. Et l’espionne agissait en connaissance de cause. Quand elle avait quitté sa capsule cryogénique, quand elle avait été « relâchée » dans la galaxie… Elle s’en souvenait bien.

Elle avait tenté de mener à bien une mission impossible sans avoir quelqu’un pour la diriger. Une arme qui tire dans tous les sens, décimant tant alliés qu’ennemis est de peu d’utilité. Une arme a besoin d’être guidée, orientée vers une cible pour être efficace. Et donc, forcée d’apprendre à vivre normalement (c’est une chose que de pouvoir infiltrer, se faire passer pour autrui, ce genre de choses) mais prendre réellement plaisir à ces petits moments? Oh oui, cela avait été définitivement un apprentissage. Et maintenant, elle faisait partager cette expérience à Vhell. Simple en apparence mais… Sur le long terme, la jeune mandalorienne n’en suspectait pas encore les bénéfices. Alors oui, ramasser l’addition avait été chose toute naturelle. Et agir de façon plus maternelle pour lui faire manger son dessert également. Elle savait très bien que cela ne fonctionnait pas en toutes circonstances…

Et donc elle n’en abusait pas. S’il y avait bien une chose qu’Halcyon savait c’était que doser était suprêmement important. Autrement, l’excès tue le plaisir, le côté unique de la chose. Donc, elle n’embrassait pas constamment Vhell afin que quand cela se produise, la chose ait un côté plus… Unique. Elle se montrait affectueuse mais pas en tout temps. Déjà, sur le terrain, ce serait de mauvais goût et ensuite parce qu’il faut vraiment ressentir les choses pour qu’elles aient un impact. Elle pouvait facilement feindre n’importe quelle émotion. Mais vous ne sentirez pas la chose de la même façon. Mais bon, c’était de peu d’importance. Dans l’instant, ce qui comptait, c’était de ne pas rater ce superbe coucher de soleil. Et donc, restant avec le bras de la jeune guerrière autour de la taille, elle la guida jusqu’à l’endroit idéal pour profiter de la vue. Clairement, elle n’avait pas menti…

C’était le moment parfait pour un long et langoureux baiser qu’elle offrit à Vhell. Si elle avait encore eu deux jambes « humaines », les genoux lui auraient probablement fait faux bond. C’est ce genre de moment… Magique serait fort peu réaliste, tout bien considéré mais disons que la jeune femme, inexpérimentée dans ce domaine que lui faisait découvrir l’espionne, n’oublierait pas de sitôt cet instant. Et les effets du soleil couchant dans la chevelure d’Halcyon… Du plus bel effet, vraiment. L’espionne savait y faire quand il s’agissait de faire de l’effet. Oh oui, c’était une emmerdeuse de première, une grande gueule parfois irrévérencieuse mais tout ceci n’était que diversions dissimulant la vraie Halcyon, qui se révélait uniquement dans ce genre de moments. Ces moments dont on garnirait un album de souvenirs, pour être plus exact… Est-ce que je t’ai déjà dit que j’adore tes muscles, susurra l’espion avec un regard canaille étrangement similaire à une certaine mandalorienne…

Vhell se laissa entraîner par l’espionne suite à ce langoureux baiser, les joues encore chaudes et les lèvres un peu gonflées. Sa main nouée à la sienne, comme un véritable petit couple, la mandalorienne suivit docilement Halcyon jusqu’à une volée de marches, qu’elles gravirent sans effort. Elles arrivèrent ainsi au-dessus du restaurant où de nombreuses personnes se trouvaient déjà. Certaines étaient accoudées à la barrière qui protégeait les inconscients d’une chute tandis que d’autres étaient assis, ici et là, sur les bancs aménagés. Vhell fut entraînée vers le bord du toit, dans un espace libre.

Halcyon n’avait pas menti. Le coucher de soleil valait le détour. Sa lueur orangée sublimait le paysage urbain, ses rayons se reflétant dans chaque fenêtre de chaque gratte-ciel. Vhell n’avait plus l’habitude d’un tel paysage puisqu’elle vivait à bord de vaisseaux depuis l’âge de onze ans.

Lorsque les rayons furent aveuglants, la jeune femme tourna son regard vers l’espionne. Leurs regards se croisèrent et Vhell lui offrit un léger sourire, en silence. La chevelure d’Halcyon se voyait sublimé par ce soleil descendant. Elle était flamboyante, pareille à son caractère, et la mandalorienne accueillie son baiser avec joie, glissant ses doigts contre sa nuque pour approfondir le contact. C’était long, c’était chaud, c’était doux. C’était terriblement agréable et la jeune femme sentit son corps se réchauffer tout entier, tandis qu’elle attirait l’espionne contre elle en passant son bras libre dons son dos, la main sur ses reins.

C’était dans ce genre d’instant que Vhell avait la sensation de voir la véritable femme qu’était l’espionne. Plus de masques, plus de piques, plus de faux-semblant. Simplement elle, au naturel. Cela plaisait grandement à la mandalorienne, évidemment.

Lorsqu’elles se séparèrent enfin, la jeune femme garda son bras autour des hanches de la rousse. Le geste était possessif, mais l’espionne n’avait rien dit tout à l’heure, alors Vhell se le permettait encore.

« Je ne t’aurais pas imaginé romantique. » Fit la jeune femme, l’air taquine. « Parce que toute cette soirée l’est clairement. » renchérit Vhell en prenant cet air canaille qui lui allait si bien. Les lèvres de la mandalorienne se fendirent ensuite d’un sourire. Elle tourna son regard vers Halcyon. « Oui, je l’ai entendu quelques fois je crois… Surtout venant d’une rousse bien particulière… » Un silence passa. « J’avais très envie de t’affronter pour voir ce que ça allait donner, mais je viens de me souvenir que tu es blessée. Mais à la place… Eh bien, on pourrait se lancer dans un autre genre de corps-à-corps, si tu veux… Tu connais peut-être un endroit sympa, sur cette planète. »

« Était-ce romantique? Honnêtement, je n’ai pas vraiment porté attention à l’interprétation qu’on pouvait en faire. Je dirais plutôt que je profitais d’un rare moment où je peux être… Moi. Te montrer un peu plus qui je suis. Ce que je peux te montrer. Je peux t’assurer d’une chose, Tracyn. C’est une frustration constante que de vouloir dire quelque chose sans pouvoir le dire. J’aimerais pouvoir partager plus avec toi.

À ma retraite, si je survis, qui sait. Mais je ne fais pas d’idée. Si j’ai à mourir, ce sera en mes termes et je quitterai cette galaxie de façon spectaculaire, tu peux en être certaine. Un ultime doigt d’honneur à une vie faite de trop de secrets. Je t’envie, tu sais? Les mandaloriens n’ont pas besoin de se draper d’une cape de mensonges, faite de ronces et d’épines… Mais assez de mes lamentations, Tracyn. Profitons du moment. »

Halcyon profite de la présence de Vhell. Elles sont ensemble et dans les bras protecteurs de la mandalorienne, elle sait qu’elle ne risque pas grand-chose. Oh en général, elle ne risquait pas grand-chose. Elle avait été blessée, oui, poignardée, certainement, mais c’était en bonne voie de se guérir et ce n’était plus trop une nuisance. Donc, elle aurait été tentée de convaincre Vhell de l’affronter malgré tout. Ceci dit, si en effet elle était blessée, la jeune femme ne se le pardonnerait probablement pas. Pas au point de mettre cette ravissante tenue de maid qu’imaginait l’espionne… Mais suffisamment pour ruiner le moment. Clairement, l’espionne n’avait pas envie d’un tel scénario. La logique dictait donc de chercher une autre activité. Vhell avait proposé quelque chose... Avec un certain sous-entendu en tête, oui, un effort minimal permettait d’en saisir le sens.

Cependant, Halcyon n’avait pas envie que « par défaut », si elles ne savaient pas quoi faire ensemble, cela finisse par du sexe. Car c’est ce que la jeune mandalorienne avait en tête. Ceci étant dit, elle l’avait formulé comme suit : Mais à la place… Eh bien, on pourrait se lancer dans un autre genre de corps-à-corps, si tu veux… Tu connais peut-être un endroit sympa, sur cette planète. Ce qui voulait dire que tout ce qui pouvait être considéré comme un corps à corps était valable. Ce n’était pas la faute d’Halcyon si Vhell était imprécise. Et en même temps… Ce serait une autre de ces leçons plus ou moins cachées qu’elle enseignait à la jeune femme. Le pouvoir des mots. L’importance des mots. Et « maman Vhell » allait de nouveau montrer quelque chose à la jeune femme. Sans doute Vhell savait-elle danser. Un art universel. Une forme de langage. Littéralement dans certains cas.

C’était probablement quelque chose qui faisait partie, sous une forme ou une autre, de la culture mandalorienne. Vhell se retrouva donc à faire du corps à corps avec Halcyon, oui. Halcyon la serrant contre elle dans le taxi. Halcyon l’aidant à essayer une ravissante tenue qui lui donnait des airs de haute société. Un certain air de noblesse, même. Mais la jeune femme était absolument ravissante. Halcyon dansant avec elle, un beau grand slow, collée contre elle… Pendant une bonne partie de la soirée et de la nuit, Vhell eut un corps à corps. Pas comme elle l’aurait imaginé, non. Mais l’espionne avait volontairement choisit diverses « activités » qui d’une part montrait à la jeune guerrière tout un univers de choses dont elle ignorait tout mais qui avait leur beauté, leur subtilité et qui valait la peine qu’on s’y intéresse… Vhell sans armure pouvait quand même prendre plaisir aux choses.

Et d’autre part continuait de révéler, indirectement, une partie de la vraie nature de l’espionne. Halcyon ne pouvait pas dire certaines choses. Mais si Vhell savait lire entre les lignes… Et à la fin d’une escapade nocturne des plus surréaliste, par contre, en guise de grande finale… La jeune mandalorienne eut le corps à corps qu’elle désirait tant. Dans une chambre d’hôtel sous la mer, tout un monde aquatique autour d’elles… Vhell se rendit compte que même blessée, Halcyon restait incroyablement fonctionnelle et après un moment de pure passion, sans filtre ni faux semblants… L’espionne s’endormit dans les bras musclés de la jeune femme. Si Vhell n’avait pas son armure en ce moment… Métaphoriquement parlant, la rousse non plus…Quand on considère comment toute cette escapade avait commencée… Pouvait-on demander meilleure conclusion? Difficilement…