[À bord du Helios Ascendant] - Bienvenue dans la galaxie ! [Yali aux Oleilles pointues]

Ce n'était pas aussi bien qu'il l'aurait voulu, mais Orfeo était content.

Cuisiner au sein d'un vaisseau de guerre ne pouvait qu'être difficile pour un gourmet gourmand comme lui. Tout ce qui s'y trouvait avait été pensé dans une optique pragmatique d'optimisation de l'espace, des coûts et du temps. Normal, pour mener l'assaut loin de toute base de ravitaillement, au milieu de territoires hostiles. En bref, tout l'inverse de ce dont un bon petit plat avait besoin. La vraie cuisine, celle qui excitait les papilles et laissait rêveur, ne pouvait se faire qu'à condition d'y mettre de l'amour, de la générosité et un certain lâcher prise, dans l'intention du moins.

A grands renforts de cris et de larmes (intérieurs, car on lui avait appris à ne pas hurler sur un potentiel supérieur), le maître queux du Helios Ascendant tenta de dissuader le Maître Jedi de squatter ses plans de travail fraîchement nettoyés. En vain. Autant demander à un ours de ne pas mettre les pattes dans un pot de miel. Si cela n'avait tenu qu'à lui, Orfeo n'aurait pas insisté pour prendre autant de place, et quelque peu gêner la mécanique si bien huilée de cette machine géante. Son propre plaisir ne passait en aucun cas avant le bien-être d'autrui. Mais la mission qu'il s'était octroyée dépassait de loin pareil sentiment de culpabilité.

Car était arrivée une invitée on ne pouvait plus spéciale, le genre qui nécessitait un geste de bienvenue peut-être pas unique, mais définitivement marquant. Pour la première fois depuis on ne savait plus quand, la Grande Matriarche Sorcière venait de quitter Vendaxa pour renouer avec le reste du monde. Le grand Ours, pourtant amateur de cultures étrangères, ne connaissait guère cette communauté de sensitifs. Mais il s'était dit, bien naïvement, qu'un repas mitonné avec amour permettrait de créer des liens indéfectibles entre les Jedi et elles. Après tout, cela méritait bien un petit effort, et de la part d'une Épée des Jedi férue de gastronomie et de la part d'un général des cuisines à cheval sur son planning.

Ainsi, un bon petit plat dont seul Orfeo avait le secret fumait entre ses mains, alors qu'il le transportait le long des couloirs argentés du vaisseau, vers la cabine allouée à cette fameuse Yari te Ya'makha. Si quelqu'un avait su prononcer des salutations coutumières sur ce destroyer, le gaillard borgne les auraient apprises, mais tant pis. Il ferait sans, et offrirait en plus de cette offrande de nourriture un grand sourire amical. Cela suffira. Il l'espérait, du moins.

Une pointe d'appréhension l'arrêta alors qu'il atteignait la porte de la chambre. Et si elle n'aimait pas la viande ? Et si une quelconque intolérance alimentaire l'empêchait de goûter ? Et si elle préférait tel légume et pas tel autre ? Et si, et si, et si... des doutes, encore des doutes qui firent trembler ses mains un instant. Pas assez pour l'empêcher d'aller jusqu'au bout de sa démarche, toutefois. Hors de question qu'elle goûte froid ce poulpe-capitaine à la naboo !

Spoiler:

Ainsi, vêtu simplement mais avec élégance, Orfeo prit son courage à deux mains, remercia la Force pour la délicieuse odeur qui l'accompagnait depuis tout à l'heure, et toqua avec vigueur à la porte. Lorsque cette dernière s'ouvrit sous son seul oeil encore valide, il ne perdit pas une seconde pour se présenter, et tendre l'assiette aux mille saveurs, aux multiples couleurs.

- Yari te Ya'makha, je vous salue ! Mon nom est Orfeo d'Erep, membre du Haut Conseil Jedi, et voici un présent pour vous accueillir parmi nous !

L'Helios Ascendant. Tel était le nom de l'imposant vaisseau de guerre. L'imposante machine vibrait et vrombissait autour d'elle comme un énorme monstre marin dont la machinerie titanesque aurait été le cœur, ses tuyauteries et ses câblages pulsant d'énergie et en guise de sang. On avait attribué à Yari une cabine digne de son rang, une de celles habituellement réservées aux dignitaires civiles qui parfois voyageaient à bord du formidable vaisseau de la flotte républicaine. Elle n'était pas luxurieuse pour autant. Trois cent ans de guerre poussaient chacun à optimiser ses appareils militaires, et à admettre que les suites luxueuses n'y avaient pas leur place(1). Fort heureusement, la grande matriarche des sorcières de Dathomir se fichait bien de ne disposer d'une suite, de trois penderies, d'une douche de la taille d'un appartement et d'un lit huit place. Pour tout dire, elle avait découvert la notion de couchette dans le vaisseau de la Maitresse de l'ordre Jedi, et considérait déjà cela comme un luxe presqu'indécent qu'elle aurait eut du mal à refuser(2). Tout ca était bien. Ca aurait pu être bien pire. Malheureusement, elle avait posé ses bagages -lesquels se résumaient à guère plus qu'un sacoche en toile- le jour même, et déjà elle se sentait mal à l'aise dans cette carapace de plastacier, seule chose qui la séparait du vide glacial de l'espace. Elle était habituée à sentir la vie exubérante de Vendaxa tout autour d'elle. Aussi difficile que c'était de l'admettre, la présence des innombrables (et parfois pénibles) esprits lui manquaient. Bien sûr, il restait les plus collants, mais c'était une maigre consolation.

J'ai entendu Yari.... grogna la panthère.

"Oh, j'ai lien dit, je l'ai juste pensé!"
Alors, assise en tailleur sur le lit, la lance du ciel et de la terre sur ses cuisses nues, elle avait choisi de se laisser aller à rêver. Même si elle avait dormi plus qu'il n'était raisonnable pour tout une vie, c'était un exercice dans lequel elle trouvait le réconfort. Il y avait des esprits dans la pièce. Chétifs, affaiblis. Elle se concentra sur eux, leur donna de l'énergie. Elle en avait à revendre, c'était facile. La grande matriarche les sentit sortir de leur torpeur, et les écouta. Il n'y avait pas grand chose qu'elle puisse faire, il n'y avait pas de terre ici..

Soudain Yari se redressa sur le lit et rouvrit les yeux. Des feuilles chatouillèrent son visage. Dans le moindre recoin de la cabine, des plantes dont les graines avaient au fil du temps échoué ici avaient pris leurs aises. Quelques fleurs multicolores s'étaient aussi épanouies. Elle n'en connaissait pas la plupart et ses oreilles se frémirent. Elle n'avait pas prévu de redécorer sa cabine, et pourtant voilà ce qu'elle venait de faire. Enfin ce que les esprits venaient de faire. Avec son aide. Est-ce que les étrangers lui en voudraient? Tant qu'elle n'abimait rien… Peut-être faudrait il mieux qu'elle convainque les esprits de ne pas continuer.

Yari se dandina sur ses jambes, pensive, puis haussa deux épaules brunes. Tant pis. Elle avait depuis longtemps remarqué que la meilleure manière de gérer les embarrassements était de procéder comme si tout était parfaitement normal, surtout lorsque rien ne l'était. Il serait toujours temps de s'excuser après. Et puis elle était censée être grande matriarche. Alors, résolument, elle épargna ses nouveaux amis végétaux et s'avança vers la porte pour s'occuper de ce qui venait de la tirer de son rêve.

Au moment où Orféo allait tapoter à la porte, cette dernière s'ouvrit pour révéler son occupante. Deux oreilles pointues, une peau brune, une longue chevelure blanche, et un ratio breloques/vêtements bien au dessus de ce qui était considéré comme décent sur la plupart des planètes de la république. Aucun doute c'était bien la grande matriarche des sorcières de Dathomir.

- Yari te Ya'makha, je vous salue ! Mon nom est Orfeo d'Erep, membre du Haut Conseil Jedi, et voici un présent pour vous accueillir parmi nous !

Le regard de Yari passa du visage du visiteur au plat qu'il portait, puis se posa à nouveau sur son visage. Un court silence gênant s'ensuivit. Orféo vit ses oreilles s'abaisser et une lueur de déroute passer dans les yeux de la puissante matriarche. Ses sens remarquablement développés avaient perçu plusieurs éléments fondamentaux chez celui-ci. La première, c'était clairement un mâle. Elle avait beau s'être tenue prête à devoir vivre ce moment, elle n'en avait pour autant pas la moindre idée de comment elle comptait le gérer. La deuxième, c'était que le plat qu'il tenait entre les mains sentait bigrement bon. La troisième, qu'il avait la carrure et la manière de bouger d'un excellent combattant.

Comment était elle censée gérer ca? Son ventre gargouilla. Lui s'était fait une opinion. Mais comment était on censé saluer un mâle? Yari n'y avait jamais vraiment songé(3).  Elle avait affronté des monstres redoutables, elle avait senti plus de mille fois la douleur du fouet laser, elle avait agonisé encore et encore dans les boues froides d'un cauchemar, mais elle n'était pas préparée à ca.

Et soudain elle sut quoi faire. C'était évident, pourquoi se poser trop de questions sans réponses ?

Son oreille droite se redressa, et Orféo vit son expression désorientée se transformer en démonstration de décision. Elle prit délicatement le plat en inclinant la tête, respectueusement, comme s'il s'agissait du plus précieux des cadeaux, pour le placer sur la petite table à l'entrée de la cabine. Alors elle se redressa et soudain le prit dans ses bras dans de chaleureuses embrassades, juste sous la chambranle de porte dont pendait toute une branche de gui fraiche.

"Melci à vous poul ce magnifique cadeau! Que les esplits vous guident dans la lumièle, et vous galde des ténèbles. Hu... Ce n'était pas si difficile. Il suffisait de faire comme si c'était une amazone comme une autre, et il n'y aurait aucune raison que quoi que ce soit se passe mal.

[i]pas plus mal que d'habitude.|/i] fit remarquer un esprit derrière elle. Elle l'ignora, également comme d'habitude. Et puisqu'elle se sentait en confiance, elle continua.

"Ca a l'ail... vlaiment tlés bon. Qu'est-ce que c'est? On paltage?" Plusieurs esprits roulèrent ce qui leur tenait métaphoriquement d'yeux.


(1) Étonnement, cette règle ne s'était pas appliquée aux vaisseaux du consortium éternel.
(2) Les matelas à mémoire de forme font parti des choses qui paraissent naturelles, du moins jusqu'à ce qu'on doive faire sans.
(3) Yari n'avait jamais été la sorcière la plus douée en matière de convenances sociales. Dans Amazone indomptable, il n'y avait rien qui fasse référence à la diplomatie. Et pourtant elle en était là. Peut-être n'aurait-elle pas du il y a des années décider que si elle faisait comme si les mâles n'existaient pas, ils auraient l'obligeance de faire la même chose à son égard.

Ce fut... surprenant.

Orfeo ne savait pas à quoi s'attendre, lorsque la porte de la cabine s'était ouverte avant même qu'il ne toque. Pourtant, sans se démonter, un grand sourire aux lèvres, il se présenta avec un enthousiasme certain. Enthousiasme reçu d'abord avec une évidente confusion, puis rendu au centuple. Car Yari aux oreilles acérées, l'indomptable amazone, la Grande Matriarche des Sorcières de Vendaxa, figure singulière et mystérieuse du Côté lumineux de la Force... répondit avec un câlin. Une embrassade, sous une branche de gui, à peine le plat-offrande déposé en sécurité. Cela saisit le Proche-Humain, qui resta d'abord interdit, le temps d'une grosse seconde. D'ordinaire, il devait se contenter d'un honorable salut de la tête, ou d'une poignée de main, ou de passer outre les remarques de ses amis victimes de ses étreintes d'ours. Là, c'était tout nouveau et, il fallait le dire, dépaysant.

- Eh bien, ma foi, si tout Vendaxa est ainsi, je vais envisager de déménager, hu hu !

Il aimait ça. Le contact. La camaraderie. La confiance en l'autre.

A son tour, il serra la jeune Fay dans ses bras, au point de la soulever de terre. Un rire naquit dans sa gorge et jaillit d'entre ses lèvres, puissant, joyeux, entraînant. Puis, une fois ce sympathique échange achevé, il reprit contenance autant que possible, en reposant d'abord l'extraordinaire invitée de l'Helios Ascendant, puis en lui rendant son espace vital. Pour être respecté, il fallait être respectueux, pour commencer. Cela passait par des gestes, comme celui-ci, mais aussi par des mots. Ainsi, Orfeo rendit sans perdre un instant les remerciements de la puissante sensitive à laquelle il faisait face.

- Merci de votre chaleureux accueil, Yari. Que la Force soit avec vous également.

Il ne savait pas ce qu'étaient les esprits convoqués par son illustre interlocutrice. Sans doute une manifestation de la foi des Sorcières de Vendaxa. Les formes que prenaient les croyances en la Force et autres entités supérieures plus ou moins remarquables étaient légion, après tout. Le genre de choses que l'on pouvait aisément rencontrer dans la galaxie, mais qui laissait toujours le néophyte au moins interloqué, si ce n'était circonspect.

Le Maître Jedi, qui avait vécu des années durant une grande odyssée à travers le secteur républicain, sut toutefois l'être avec beaucoup d'élégance. Peu lui importait que Yari te Ya'makha ait sa propre perception personnelle des remous cosmiques, ils partageaient leurs aspects les plus lumineux. Pensait-il cela, du moins, tant que la misandrie inhérente à cette culture lui était inconnue. En attendant, il prit très au sérieux la proposition de compagnie. Au sérieux et avec plaisir. Car l'un sans l'autre virait soit à l'insouciance insupportable soit à l'ennui le plus total.

- Oh, guère plus qu'une bouchée, très chère. Pour vous accompagner sans vous priver de ce repas.

Le cœur et l'esprit enveloppés d'une pointe de timidité, Orfeo s'avança dans l'antre de la Sorcière. Jamais il n'avait encore vu de cabine aussi verdoyante ! Incroyable ! Spectaculaire ! Superbe ! L'Ours fut instantanément ravi par cet écrin émeraude au milieu de toute la grisaille militaro-mécanique dans laquelle il baignait depuis plusieurs jours déjà. Un environnement parfait pour partager un bon petit plat bien chaud, bien artisanal, une rareté sur un vaisseau de guerre tel que l'Helios Ascendant. Le cuistot en chef avait bien du mérite pour nourrir l'entièreté de l'équipage, impossible de lui enlever ça, mais le vrai bonheur se trouvait dans le fait maison.

Une caractéristique fièrement partagée par le maître d'armes, alors qu'il se penchait avec Yari au-dessus du fumet odorant, du plat mêlant fruits de la terre et fruits de la mer. Son seul œil valide observa avec attention les couleurs, les potentiels ingrédients trop ou pas assez cuits, avec une l'appréhension de celui qui voulait bien faire. Pas pour sa réputation, ça non, mais pour le plaisir de la personne qui allait devoir s'essayer à la dégustation.

- Je l'ai cuisiné de mes mains. Vous y trouverez du poulpe-capitaine - c'est un beau produit de chez moi, sorti de mes réserves personnelles -, de l'ail confit, du persil, des tomates bien mûres bien sûr, des poivrons verts, jaunes et rouges, un peu d'huile d'olive et ma petite touche personnelle, une belle pincée de safran. Ça apporte un arrière-goût de fumée et une amertume extraordinaire au plat. Vous m'en direz des nouvelles !

Le plaisir et la passion exsudaient par tous les pores des mots de l'Ours grisonnant. Il était un mâle, certes, mais un mâle peut-être pas comme les autres. Un sacré bonhomme, qui détonnait à la fois au sein de son Ordre et aux yeux du reste du monde. Peut-être trouvera-il en Yari un miroir, elle qui ne ressemblait pas tant que cela à ses sœurs de Vendaxa ?

"Hmm.. D'accold..." avait finalement répondu Yari après avoir digéré les explications du maitre Jedi. L'homme savait apparemment cuisiner si l'odeur du plat ne l'avait pas déjà largement laissé entendre. La grande matriarche n'était pas très difficile en matière d'alimentation (1), ce qui, peut-être paradoxalement, ne l'empêchait pas d'apprécier les bons plats. Et celui-là exsudait un parfum qui mettait l'eau à la bouche. Sur Vendaxa, la nature pourvoyait à tous les besoins des habitantes, pour peu qu'on lui donna préalablement quelques baffes pour la décourager de vous manger d'abord. Ici, c'était un peu pareil,  mais le frigo s'en chargeait sans qu'on ait besoin de passer par l'étape des baffes, ni même craindre pour sa vie. Il paraissait que c'était ce qu'on appelait la civilisation, mais Yari trouvait encore cela un peu dérangeant.

Le second degré n'était apparemment pas le talent le plus développé de l'invité des jedis, comme elle le démontra aussitôt.

"Oh, j'aime beaucoup Vendaxa, mais faut pas tlop se faile emblasser pal n'impolte quoi là-bas. Aplès on se fait manger, et c'est pas folcément une bonne chose. Et puis tu es un… un... Bon vous… " Elle s'arrêta, l'assiette à la main, le regard dans le lointain, avant de réaliser qu'elle avait peut-être fait une bévue et s'empressa de la corriger comme elle le pouvait, à l'aide de ruban adhésif.

"Hmm.. Mais si tu viens avec moi ça devlait aller. Je pense. Hm." Dans quel guêpier s'était-elle fourrée?  "Blef. Le plat."

Toujours debout, en avançant avec nonchalance dans la cabine, elle attrapa entre deux doigts une tentacule couverte de sauce et le mit dans la bouche, et s'immobilisé soudain en mâchonnant. Ses oreilles se tendirent, frissonnèrent, et furent bientôt suivis dans leur mouvement ascendant par les deux grands yeux de la demoiselle.

"Chest chupel bon!  C'est le captain poulpe ça." Aussi vivement qu'elle avait été nonchalante un instant auparavant, elle piocha à nouveau dedans et en tira un morceau de poivron qu'elle croqua d'un coup de dent avant de lécher ses doigts et de tomber plus que de s'asseoir en tailleur sur le lit. Sa longue chevelure de neige, aussi volumineuse que désordonnée rebondissait doucement avec les mouvements approbateurs de sa tête alors qu'elle continuait son œuvre.

"C'est vlaiment tlès tlès bon." C'était même une symphonie de goûts, certains connus, d'autres beaucoup moins. La sauce rehaussait les goûts, les mettait en valeur sans jamais les écraser dans ce qui ressemblait à un puzzle olfactif irrésistible.

"Olféo d'Elep, c'est beaucoup mieux que ma cuisine. Alols… tu es… comme une matlialche? Un sage ? tu menes un clan? Ou tu as un lole plécis? "

Orféo vit son oreille droite se lever, la gauche se baisser alors qu'elle haussait un sourcil d'un air dubitatif.

"Tu fais la cuisine ?" C'était un mâle, ca pouvait faire sens qu'il soit chargé de faire la cuisine. Pouvait-on faire la cuisine avec la force? Ce serait alors un maitre cuisinier à la puissance insoupçonnable. Mais en même temps, elle doutait que les jedis aient un cuisinier dans le conseil. Toutefois on parlait de jedis, ils étaient différents. Etranges. Exotiques même. Et elle ne voulait pas se permettre de juger.


(1) : Les esprits n'étaient pas extrêmement doués en cuisine. Sous leur direction bienveillante, Yari était morte un nombre indéterminé de fois d'intoxication alimentaire et d'empoisonnement, mention spéciale au joli lézard violet à rayures jaunes  qui fait faire des rêves dans les rêves(2). Au final, pendant la fraction d'éternité qu'elle avait passé dans son rêve, elle avait développé un estomac d'acier, une expertise dans la chasse au rat des marais et des habitudes alimentaires qui considéraient la cuisson comme un luxe.
(2) : Faire des rêves dans les rêves est une mauvaise idée, surtout si c'est pour y manger à nouveau un lézard violet à rayures jaunes. Le jour où vous avez l'opportunité d'essayer, ne le faites pas.