[Rasterous] Petite Mauve deviendra grande (Partie II) (PV Isïana Nym) [Terminé]

L’Empire Galactique. L’empire éternel. Ce n’était peut-être pas le cas à une lointaine époque. Certes c’était surtout la République qui pouvait se narguer de millénaires d’années d’existence, parfois entrecoupés de périodes plus sombres avant de renaître de ses cendres, mais l’Empire actuel avait près de mille cinq cents ans. Une institution bien en place et bien huilée, même si un grain de sable pouvait s’y glisser à tout moment et l’enrayer.

D’une certaine façon, Isïana allait être un petit grain de sable. Un tout petit, petit, petit grain de sable. Non pas qu’elle allait enrayer la machine impériale. Loin de là. Ce serait plutôt comme poser un tout petit peu de poussière dans un coin. On ne le voit pas jusqu’à ce qu’il s'accumule. Et elle n’avait aucun intérêt à se faire remarquer. C’était même tout le contraire de ce qu’on attendait d’elle. C’était tout le contraire de ce que le Triumvirat, personnellement, attendait d’elle.

Et ce qu’on attendait d’elle, c’était du vol de technologie. Une chose qui était si banale dans l’esprit du citoyen moyen. C’était une pensée normale qu’une faction essaye de s’accaparer les biens d’une autre, quelque soit la forme de ce bien. On pouvait même parfois le lire dans les holonews quand un journaliste chanceux, ou bien soudoyé par l’adversaire, faisait éclater aux yeux du grand public une telle affaire de vol de prototype révolutionnaire. Mais on n’expliquait jamais réellement comment cela se passait dans le détail. Il fallait dire que c’était compliqué de trouver une voleuse qui voudrait bien en parler.

Et aujourd’hui, le secret continuerait à perdurer. Mais l’Agent Malva, elle, allait tenter d’allonger un peu plus la liste des sociétés s’étant faite avoir. Cependant, le chemin allait être long pour y arriver. On parlait de vol de technologie ! Pas d’un braquage dans une bijouterie où il suffit de rentrer et sortir, parfois en forçant simplement l’entrée.

Ici, c’était un travail de long terme, au mieux de moyen terme dans le meilleur des cas. Mais Isïana savait qu’elle serait chez les impériaux un petit moment. Et c’est là où elle excellait, justement. Être capable d’être patiente le temps qu’il faut pour pêcher le gros poisson. C’était même ses bons résultats en indépendante qui avaient piqué l’intérêt de Zarseen. Si on pouvait appeler ça le fait qu’elle bossait pour une Cathar à une époque pas si lointaine, avant que la géante mandalienne débarque dans sa vie et ne lui propose un bien meilleur salaire. Et pour espérer en avoir un encore bien supérieur, elle devait se rendre sur Rasterous.

Un monde dont elle ignorait totalement l’existence avant son briefing à Nar Shaddaa. Elle avait bien entendu pris le temps de se renseigner un minimum sur la situation de la planète avant de partir. Elle avait également épluché tout ce que Venom et les services de renseignement d’APEX au sens large avaient pu lui fournir sur la société cible : Genetech. Il ne restait plus que des faux papiers et elle avait pu quitter Nar Shaddaa. Aeyem'Zunu. Ce serait son faux nom là-bas. Elle avait dû se le répéter en boucle un nombre incalculable de fois pour se l’enfoncer dans le crâne et que cela devienne naturel.  

Mais ce n’était pas pour autant que cela avait été un trajet direct. C’était tout le souci avec une faction qui était séparée du territoire de l’APEX par la République d’un côté, et du Consortium Éternel de l’autre. La première avait été choisie par Isïana. C’était l’occasion de réutiliser sa fausse identité de Manae Qarissa, l'entrepreneuse républicaine dans le voyage intergalactique, qu’elle avait laissé en plan depuis son retour de Corellia, quelques semaines plus tôt. Un petite prospection dans le territoire de l’APEX et voilà que son ’excuse était ainsi toute trouvée pour réapparaître subitement dans l’espace républicain. Elle s’était ensuite rendue jusqu’à Zeltros, lieu de cette enchère qui était ironiquement lié à la raison pour laquelle elle se rendait à Rasterous désormais.

De là, Manae disparaissait à nouveau dans la foule, dans un bâtiment, puis ... peu importait le détail, en réalité. En sortait donc Aeyem'Zunu. Zu pour les intimes. Une citoyenne impériale lambda qui avait été embarquée sur Zeltros par un Zeltron trop mignon et avec qui elle avait dilapidé toutes ses économies. Puis, plus de Zeltron. Elle n’avait plus rien à part suffisamment de crédits pour retourner dans l’espace impérial et s’arrêter au premier monde de la route commerciale de Trellen. Rasterous. C’était une amusante coïncidence, non ?

Une Zu, donc, qui posa donc ses pieds et ses lekkus sur le spatioport avec le minimum d’affaires sur elle. Une tenue sobre avec un pantalon et un chemisier qui lui donnait presque un air de contrebandière. Une impression amplifiée par un blaster bas de gamme à la ceinture et de hautes chaussures qu’on s’attend à voir plutôt chez un pilote. Le tout était complété par un gros sac à dos de voyage contenant à peine deux paires de vêtements de rechange, quelques crédits sous forme physique, une réserve d’eau et de nourriture pour une semaine, un comlink et quelques objets utiles dans la vie de tous les jours. Bref, elle aurait pu très bien donner l’impression d’être une réfugiée de guerre d’un monde récemment perdue par l’Empire que le résultat aurait été tout aussi convaincant. Elle gardait d’ailleurs cette histoire dans un coin de la tête. Elle pouvait plus facilement obtenir de l’aide en faisant ainsi pleurer dans les chaumières qu’en disant qu’elle s’était faite plumer tous ses crédits par un dragueur Zeltron.

La première étape logique une fois sur Rasterous avait été de louer une chambre dans une cantina. La seconde étape avait été d’apprendre de la bouche des habitants l’existence de Genetech. Car, oui, si Isïana l’était, ce n’était pas forcément le cas de Zu. C’était un choix volontaire de la Mauve. Elle voulait aussi voir comment les habitants lui en parleraient directement. Discussions qui allèrent totalement dans le sens des rapports qu’on lui avait fournis avant son départ. La troisième étape était de se trouver un travail. Enfin, techniquement, les seconde et troisième étapes se déroulaient en même temps. Elle était sensée n’avoir que peu d’économies et il fallait bien survivre ! Si elle put bénéficier d’un peu de soutien en jouant la pauvre Twi’lek pauvre auprès d’une vieille femme sensible à sa fausse détresse, ce n’était que pour ne pas foncer directement du côté des casinos et des bordels officieux de la planète. Déjà les casinos, avec sa fausse histoire de Zu fauchée, elle avait préféré l’éliminer dans un premier temps. Cela n’aurait été pas des plus logiques.

Mais, après facilement une bonne dizaine de jours présente sur la planète, à même avoir pu s’être faite proposer deux ou trois petits boulots d'un jour pour passer le temps et toucher quelques crédits, elle finit par trouver le bon moment pour aller voir du côté des maisons de plaisir. Quelqu’un lui suggéra subtilement - en réalité pas du tout - que si elle voulait se faire des crédits facilement, elle pourrait facilement vendre ses charmes dans le quartier où se réunissait certains salariés bien placés de Genetech. Si on lui propose gentiment, pourquoi refuserait-elle, hein ?

Oh, bien sûr, elle avait déjà pris la température bien avant. Dès son arrivée sur la planète après avoir pris sa chambre à la cantina à vrai dire. La liste de cibles potentielles qu’on lui avait fourni à Nar Shaddaa avait eu tout le temps d’être décortiquée et analysée par l’Agent Malva. La Mauve avait tout de suite éliminés ceux qui ne risquaient que peu de céder à son charme. La répétition d’un plaisir purement charnel, si elle arrivait à plaire à l’un, ou l’une, des employés de Genetech était aussi une possibilité, mais la Twi’lek n’aimait pas jouer avec des variables trop aléatoires. Or ce profil l’était totalement. Cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle n’avait plus que deux ou trois noms en tête. Non. Elle ne pouvait pas parier sur un podracer si celui-ci était au final absent des courses. Et elle n’avait aucune certitude qu’une cible potentielle ne se trouve l’élu de son cœur d’ici-là, par exemple, et que son plan de charme tombe à l’eau. Ou qu'elle quitte la planète pour une quelconque raison.

Enfin bref, la vie n’était qu’aléas et l’Agent Malva saurait s’y adapter, comme elle avait toujours fait jusqu’à présent. Et le présent l’amenait en une chaude nuit à se présenter légèrement vêtue au bordel qu’elle avait repéré comme étant celui où elle aurait le plus de chance de tomber sur une de ses proies. Peu vêtue ne voulait pas dire indécente non plus. Disons simplement qu’elle portait une robe bleue assez légère qu’on aurait pu sortir en allant en boîte de nuit par exemple. Sans soutien-gorge, cela étant, mais on ne voyait rien. On devinait facilement la présence et la forme de sa poitrine et de ses différents courbes, cela dit. Elle ne portait ni maquillage, ni bijoux. Une Zu fauchée après tout ! Mais une Zu qui restait suffisamment mignonne pour faire tourner des têtes. Cela étant, cela la changeait au final beaucoup de ses dernières missions où elle était plutôt dans le luxe. Elle se présenta donc à l’entrée, ayant attendu qu’il y ait peu de monde pour s’approcher.

« Salut. J’me présente. Aeyem'Zunu. Ou Zu, ça suffira. Je suis dans le coin depuis peu et … il paraît que … vous embauchez de jolies demoiselles com’moi par ici ? C’est un habitué qui m’a donné votre adresse. »

Ce fut donc sans surprise qu’on invita Isïana, enfin Zu, à entrer à l’intérieur. Dans le cas contraire, la Mauve se serait clairement vexée. Elle suivit donc le propriétaire des lieux en l’écoutant expliquer comment ça fonctionnait dans son établissement ainsi que les différents avantages qu’on pouvait y trouver. La Twi’lek, même si elle n’en était pas pour autant distraite dans l’écoute de l’homme, était surtout concentrée à étudier la disposition des lieux. C’était toujours l’une des premières choses qu’elle faisait quand elle devait se trouver un long moment dans un même bâtiment : savoir où et comment s’en échapper à tout moment. De ce fait, son observation lui permit en effet d’être étonnée de la décoration et de l’ambiance générale.

D’un simple bordel comme on lui avait vendu - probablement que l’humain qui en avait parlé sachant qu’il allait se prendre un rateau, et espérait plutôt se payer les charmes de la Twi’lek plus facilement - elle se rendait compte qu’on se situait plutôt quelque part entre un bar à hôtesses comme on pouvait en trouver dans certains coins d’APEX et une maison de courtisanes plus traditionnels. Une très bonne pioche pour l’Agent Malva. Elle n’aurait pas pu rêver pour sa mission. C’était très probablement les meilleures conditions de travail pour elle. A vrai dire, si elle n’avait pas une ambition débordante, elle aurait probablement pu finir sa vie dans ce genre d’endroits.

« Une démonstration ? »

Oh, il n’allait pas être déçu ! Surtout avec le type de robe qu’elle portait actuellement. Donc même si ce n’était visiblement pas le but final de son recrutement, ou pas que cela du moins, ses seins s’agitèrent pleinement dès qu’elle entama du mouvement. Bon, cela dit, si elle avait su que ça serait le cas, elle serait clairement venue avec un soutien-gorge. Parce que là, on ne pouvait pas vraiment dire que c’était agréable. Pour elle du moins. Pour le propriétaire des lieux … Eh bien disons qu’une érection de sa part aurait été le moindre des compliments dirons-nous ?

Dans tous les cas, la Mauve montra quelques-uns de ses talents en séduction, en danses sensuelles et autres artifices féminins qui permettraient de faire tourner plus d’une tête. Pas tout non plus, cela dit. Il fallait en garder sous le coude et il ne fallait pas faire de son personnage, une Zu trop expérimentée en la matière. On pourrait se poser des questions ! Encore que …

Une question qui ne se posa pas, ce fut pour l’acceptation de Zu. Elle était donc recrutée ! Une première victoire dans la longue guerre qui s’annonçait pour atteindre son but. Et la seconde bataille arrivait même plus vite qu’elle ne l’aurait pensé. Un de ses premiers « clients » s’avérait justement être l’une de ses cibles potentielles. Et pas n’importe laquelle ! Un technicien chargé des archives et du classement des documents pour le département de recherche et développement de Genetech. Alors certes, ce n’était pas exactement ce qui l’intéressait au final, mais c’était une excellente porte d’entrée. S’il avait accès aux archives et qu’il classait de tels documents, il aurait nécessairement une accréditation élevée. Et … avec un peu de chance et beaucoup de compétences, peut-être que l’Agent Malva arriverait à le convaincre d’aller un peu plus loin que ce que sa hiérarchie lui autorisait ?

Enfin, une étape après l’autre. Il était justement primordial de ne pas aller trop vite et de se griller dans le processus. Donc pour l’heure, elle fit un rapide tour des autres « hôtesses » qu’elle put croiser, se fit une toilette digne de ce nom pour être bien présentable et finalement attendit simplement que l’heure tourne pour que sa proie se montre à elle …

Le moins qu’on puisse dire, c’était que John Braun était banal à souhait. Et en déplaise à certains égos, c’était ainsi qu’on pouvait cataloguer la grande majorité de la population galactique. Oui, bien sûr, les différentes espèces qu’elle comptait pouvait créer facilement une sensation d’exotisme. Une fausse sensation d’exotisme dont la Mauve était d’ailleurs une cible habituelle. Mais prenez un Wookie, un Ugnaught, une Togruta et une humaine et placez-les les uns à côté des autres. Qu’obtiendrez-vous ? Des individus ayant les mêmes besoins primaires. Et même si les goûts, les couleurs, les ambitions et la culture pourront être différents, on retrouvera tout de même des paternes récurrentes. Il était au final assez rare de trouver un être réellement original aux yeux d’Isïana. Zarseen l’était clairement aux yeux de celle-ci et Dezira l’était tout autant. Elle pouvait même inclure Zax sans mal par exemple. Une génie de ce type était toujours singulière. Isïana pouvait-elle prétendre à ne pas être banale de son côté ? Elle répondrait spontanément que oui à la question. Après tout, n’était-ce pas pour cela qu’elle avait été recrutée par Zarseen pour travailler pour Venom ?

Et en parlant de travail. Elle était là pour répondre aux attentes de John. Et ce n’était en effet jamais facile de savoir comment s’y prendre avec un tel profil. On ne lui avait d’ailleurs que peu fourni d’informations à ce sujet au départ de Nar Shaddaa. C’était donc à elle d’en apprendre plus sur lui. Elle joua l’hôtesse flattée dans un premier temps à son air approbateur puis faussement surprise qu’il entame simplement des sujets d’actualité. Sans aller jusqu’à dire qu’elle avait été prise de court, clairement, elle ne s’était pas attendue à cela. Elle dut de ce fait sortir un peu de son idée initiale du personnage pour être en mesure d’arriver à rebondir et tenir la conversation. Si l’Agent Malva pouvait le faire sans mal car sa culture générale le lui permettait notamment pour essayer de jouer le plus de rôles possibles, Zu à l’inverse n’était pas supposée avoir une telle culture. Mais c’était également tout l’attrait de ce travail aux yeux de la Mauve : être capable de faire preuve d’adaptation à tout moment.

Au final, le résultat fut présent car John sembla très satisfait de l’échange. Très rapidement, Isïana avait bien saisi qu’il était le profil type du salarié qui vouait sa vie à son travail et ne se trouvait pas, ou ne voulait pas se trouver, une compagne. Venir ici lui apportait donc un semblant de relation. En dehors du travail, en tout cas.

Le premier soir, elle avait évité de lui poser des questions trop personnelles. A vrai dire, elle évita d’en poser tout court. Elle avait été très passive et n’avait réagi qu’à ses demandes. Elle dut d’ailleurs mentalement se retenir de rire au fait que la seule demande physique de son client était un massage innocent du cou et des épaules. Pour une Mauve qui s’attendait à devoir écarter les cuisses dès le premier soir, c’était mignon à souhait. Dommage qu’Isïana ne savait pas apprécier cela à cette juste valeur ! Mais en tout cas, elle avait très bien cerné que ce n’était pas vraiment une demande de plaisir physique et elle avait fait en sorte de le masser délicatement en prenant soin à ce qu’il n’y ait aucun autre contact de sa part sur John autres que ses doigts. Ces derniers ne s’éloignèrent jamais de la zone demandée. Elle aurait tout le temps de le faire un autre soir si elle sentait qu’elle pourrait se le permettre.

Elle trouva même une certaine ironie à la situation. Elle qui avait l’habitude de charmer, de toujours essayé de franchir la ligne avec son entourage … voilà qu’elle se retrouvait à devoir être sage et innocente à souhait ! Paranoïaque comme à son habitude, elle se mit même à se dire sur le moment que Zarseen savait qu’elle allait tomber sur John et qu’elle allait devoir se comporter ainsi. Encore un test ? Peut-être que la Mauve allait un peu trop loin dans la spéculation ce coup-ci, mais elle restait convaincue que ce n’était pas si innocent que ça.

Elle le remercia chaleureusement et avec un grand sourire aussi bien pour le compliment qu’au joli pourboire. Et pour le coup, ce n’était pas seulement Zu qui s’exprimait à ce moment-là. Isïana avait bien apprécié le moment également. Certes, la conversation avait été pour le moins futile et elle l’avait clairement pris pour un test de la part de John pour juger la Twi’lek. Et, certes, elle aurait aimé être plus tactile. Mais cela aurait pu être une soirée bien moins agréable. Beaucoup moins. Deux ou trois ans en arrière, elle aurait même pu se dire que ça avait été une excellente soirée.

Elle ne fut donc pas étonnée de le revoir dès le lendemain. Puis un autre soir. Puis encore un autre. Jusqu’à comprendre au quatrième soir que sa proie avait bien mordu à l’hameçon, et même encore plus facilement qu’elle ne l’aurait espéré. Le fait qu’il ne choisisse qu’elle était un signe qu’elle lui plaisait bien. Même si ce n’était qu’une petite heure. Et d’une certaine façon, c’était surtout ce dernier point qui la rassura dans un premier temps dans sa réussite. John s’arrangeait pour la voir chaque soir. Peu importe combien de temps cela était possible. Mais il voulait la voir. Elle. Pas une autre.

Les jours passant une pseudo routine s’était donc installée vis-à-vis de John. Le voyant plus à l’aise au fur et à mesure, elle avait commencé à lui poser des questions plus personnelles. Sur son travail, bien sûr. Même sans que ça soit l’objectif de l’Agent Malva, c’était avant tout une question banale de conversation. Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Comment ça se passe avec tes collègues ? Ce travail te plait bien ? Tu as fait quoi comme étude ? Tu es originaire de Rasterous ou tu es venu ici pour le travail ? Ce genre d’interrogations banales. Bien entendu, elle ne l'avait pas bombardée ainsi de questions en une seule fois. C’était bien plus dilué dans le temps. Parfois c’était même lui qui lui donnait des détails au détour de la conversation. Et certains complétaient justement le manque d’informations à disposition de l’Agent Malva.

Mais la vie de Zu ne se résumait pas non plus qu’à cela. Si elle se reposait bien toute la matinée après ses soirées de travail, elle passait l’après-midi à s’occuper comme elle pouvait. L’avantage du salaire et des généreux pourboires de John, c’était qu’elle avait pu rapidement abandonner sa chambre de cantina pour se trouver un appartement. Elle faisait également un peu de sport. Ce qu’elle mangeait pour le moment était à base de plats instantanés. Ce n’était pas ce qu’il y avait de meilleurs et ce n’était pas les plats les plus sains.

Quant à l’appartement en soi, ce n’était rien de très extravagant. C’était même plutôt petit pour le loyer qu’on lui demanda, mais au moins elle l’avait trouvé rapidement. On y comptait une petite chambre, un espace cuisine ridicule, une salle de bain minimaliste. Mais c’était tout ce dont elle avait besoin. Elle avait donc déplacé toutes les affaires qu’elle avait amenées à Rasterous et avait également acheté quelques affaires supplémentaires avec les pourboires pour varier un peu plus sa garde-robe. Aussi bien pour un plaisir personnel que pour voir si cela produirait un effet positif sur John.

Dans les jours qui suivraient, elle en profiterait aussi pour décorer son appartement. Il n’y avait personne qui ne personnalisait pas son nouveau lieu de vie ! A part les droïdes, peut-être ? En tout cas, ce n’était pas en continuant à loger à la cantina qu’elle aurait pu le faire réellement de toute façon. En outre, elle imaginait mal John l'inviter hors du bordel à hôtesses. Alors que si à l’inverse, c’était elle-même qui le lui proposait ? … Enfin, ce ne serait pas dans l’immédiat, ça serait trop tôt. Mais elle s’était arrangée en tout cas pour que, dès le départ, l’appartement se trouve à mi-distance entre le lieu de travail de John et le sien.

A côté de cela, bien entendu et cela la Mauve s’y était attendue assez vite, la concurrence et la jalousie se mêlèrent à leur tour dans la danse au fil des jours. Aussi bien du côté des hôtesses que des clients. Les premières voyaient forcément d’un mauvais œil que la nouvelle rafle un client aussi agréable à vivre et qui était tant généreux en pourboire. Les seconds pouvaient jalouser John qui monopolisait beaucoup du temps d’Isïana. Il arrivait bien que la Mauve ait d’autres clients, surtout quand l’employé de Genetech ne passait que peu, mais clairement on pouvait clairement dire que John était son client « attitré ».

Et même si elle mima la surprise et le fait d’être offusquée quand on lui mit une main aux fesses, pauvre petite Zu qu’elle était, l’Agent Malva n’était une énième fois pas surprise d’un comportement du genre. Elle l’avait déjà vu, et vécu, par le passé. Mais un petit sourire en coin ne put être retenu de sa part quand elle vit un videur vite venir à son secours. Oh, bien entendu, quand elle sut qu’il travaillait aussi à Genetech, elle s’était faite un malin plaisir de le rapporter à John. Sans trop en faire, cela avait été presque comme une anecdote de soirée dans la bouche de Zu.

Peut-être était-ce suite à cela que John l’avait  « réservé pour tout le mois » ? Peut-être pas ? Mais en tout cas, Isïana s’en félicita. D’une part, elle n’aurait plus qu’à se focaliser sur John qui se montrait de plus en plus comme le bon filon pour sa mission. La contrepartie était qu’elle allait devoir encore plus se méfier de la jalousie des autres hôtesses. D’autre part, elle commençait vraiment à se plaire à cette ambiance qui se créait entre elle et lui. Se mettait-elle à l’apprécier ? Eh bien … un peu.

Créer des liens, c’était nécessaire dans le métier de la Mauve quand il s’agissait d’une mission sur le long terme. Le tout était d’arriver à ne pas trop les renforcer pour elle, pour qu'au moment où elle réussisse sa mission et disparaisse totalement de la surface, cela ne soit pas trop lourd de supprimer tout lien. Et ce n’était jamais facile, surtout quand on mentait à la personne qu’on commençait à apprécier. Certains n’y arrivaient d’ailleurs pas. Pour Isïana, c’était devenu comme une seconde nature dès l’enfance.

Ainsi, sans qu’elle s’en rende réellement compte, les jours défilèrent pendant ce mois de réservation. Comme elle escomptait, salaire et pourboire lui permirent de se mettre suffisamment de crédits de côté pour améliorer son emménagement. Un bureau plus convenable débarqua dans sa chambre ainsi qu’un vrai ordinateur, une chaise en bois et un lit de meilleure qualité et à deux places. Il était inutile de préciser pourquoi deux places ? Elle améliora aussi la qualité de sa nourriture notamment en pouvant dire au revoir aux plats instantanés en pouvant équiper un minimum sa cuisine en ustensiles et en pouvant se permettre d'acheter de bons ingrédients dans un marché non loin de son appartement.

C’était que mine de rien, elle s’y habituait au luxe de son grand appartement à Nar Shaddaa. Son vrai chez elle. Et pour ses autres missions sous les ordres de Venom où elle avait aussi un bon cadre de vie. Bon. Il y avait certes entre les deux de petites escapades en pleine jungle de Mandallia à cause de Zarseen. Mais, la Mauve devait reconnaître que ça portait ses fruits. Même si elle préférait rester dans son personnage de Zu et se reposer sur les videurs … qu’on vienne la chercher, l’Agent Malva pourrait mettre à terre n’importe quel client, sans parler des hôtesses. Enfin, tant qu’un Wookie ne débarque pas cela dit…

Finalement, après à peu près trois semaines de travail au bordel à hôtesses et près d’un mois sur Rasterous, Zu proposa à John de déjeuner tous les deux, en dehors de leurs heures de travail respectives. Elle lui proposa donc un samedi midi, après que l’homme ait fait sa vérification matinale de la semaine. Isïana supposa que le lien créé était suffisamment fort désormais pour que John accepte. Oh, la Mauve ne chercherait pas à faire plus que ce qu’elle faisait chaque soir. Son objectif était simplement de le mettre aussi à l’aise en dehors du bordel. Cela étant, elle allait clairement se mettre bien plus en valeur s'il disait oui à son invitation. Elle avait acheté du maquillage, un parfum et des bijoux. Ce n’était pas du haut de gamme, et de toute façon le luxe ici aurait été hors de prix, mais c’était correct et ça embellirait encore davantage la Twi’lek.

Et s’il refusait ce déjeuner ? Eh bien … c’est que la Mauve devrait redoubler d’efforts !

Les jours passaient et Isïana avait bien du mal à savoir quoi penser de John. Oh bien sûr, il ne s’agissait pas de sa personnalité. Cela, elle l’avait identifié dès le premier soir après tout, et n’en avait eu qu’une confirmation par la suite. Non, elle ne savait pas quoi penser car l’employé de Genetech étant l’employé modèle typiquement impérial qui ne pensait que par la logique, elle avait bien du mal à savoir comment il réagirait si on le forçait à sortir de sa zone de confort. Ou qu’on le mettait face à des contradictions et des choix difficiles. C’était là-dessus qu’elle devrait jouer davantage. L’invitation au restaurant était indirectement un test à ce niveau-là, même si ce n’était pas son idée initiale.

Elle avait vite compris, qu’à moins que John cache parfaitement ses sentiments, il ne semblait pas s’attacher particulièrement à elle. Du moins, rien qui sous-entendrait aux yeux de la Twi’lek qu’il y aurait une évolution possible dans ce sens si elle ne prenait pas elle-même l’initiative. A ce niveau-là, elle avait plusieurs façons d’opérer mais il n’y en avait pas réellement une qui puisse la satisfaire pleinement. Non, pour elle, il fallait jouer sur l’esprit purement logique, presque digne d’un droïde, de John. Gagnant-gagnant. Elle lui procurait de la compagnie, il la payait en récompense. Il restait donc pour elle à trouver comment elle arriverait à trouver une logique à ce qu'il faille qu’il la laisse entrer à Genetech, là où elle voulait. Autant dire que dans l’immédiat, elle n’en avait aucune idée. Mais Coruscant ne s’était pas construite en un jour et elle trouverait bien en temps voulu !

Pour l’heure, elle l’attendait donc devant le restaurant. Ce n’était pas le plus huppé de la ville, mais la nourriture qui était servie était bonne et bien cuisinée. Elle savait que ça suffirait amplement à John. Et à elle-même, accessoirement. Elle s’était donc faite belle et portait une robe bleue nuit très sobre mais élégante. Elle était très simple aux yeux de la Twi’lek qui en avait porté de bien plus somptueuses mais c’était déjà une nette amélioration par rapport à sa garde-robe depuis son arrivée sur Rasterous.

Elle sourit à John en le voyant arriver et dut retenir un petit rire en constatant qu’il venait lui serrer la main, mais elle y répondit simplement. D’un point de vue extérieur, ils auraient pu donner l’air d’être deux collègues de travail se retrouvant au restaurant entre deux rendez-vous. D’une certaine façon, l’Agent Malva n’aurait guère été surprise que John ait pu avoir cette vision.

« C’est un très joli costume que vous portez là. »

Un simple petit compliment, accompagné d’un sourire, mais qui était pour le coup sincère. Quand bien même John était banal physiquement, elle devait reconnaître qu’il était plutôt élégant ainsi vêtu. Oh, elle n’allait pas craquer dessus non plus, elle avait côtoyé et partagé le lit de personnes bien plus belles que lui. Mais également l’inverse. En fait, aux yeux d’Isïana, John était probablement la personne la plus neutre qu’elle ait pu rencontrer jusqu’ici.

Profitant du repas, à une table à l’écart d’autres clients qu’elle avait réservé à l’avance, elle discuta donc avec John comme à leur habitude. Enfin, elle essaya du mieux qu’elle put. Elle mima la bonne surprise en apprenant qu’il aimait les romans d’espionnage.

« Oh moi aussi ! J’aime beaucoup les aventures de l’Agent 070. Cette Chiss qui vit tant de situations improbables pour le bon service de notre Impératrice ! Je dois reconnaître que les scènes sont souvent très édulcorées. Sinon, je trouve la trilogie de Vanhog intéressante également. Je ne sais pas si vous connaissez, c’est assez récent. Il parait que c’est un vrai espion à la retraite qui l’aurait écrit ! C’est un style totalement différent, que j’trouve plus cohérent, plus logique. Un peu ennuyeux par moment, mais l’écriture des personnages ! C’est superbe ! Bon, je suis nulle à comprendre réellement l’intrigue, mais j’arrive à suivre l’histoire et comprendre les motivations de chacun, c’est le principal ! »

Avait-elle lu tout cela ou inventait-elle tout de A à Z ? Eh bien … elle aimait bien lire elle aussi les romans d’espionnage. Parfois pour rire tellement certaines fictions étaient loin de la réalité. Même si parfois …

En tout cas, intérieurement, cela l’amusait beaucoup que John puisse avoir un tel attrait pour l’espionnage et trouver qui est le traître dans l’histoire. S’il savait ! Mais d’une certaine façon, cela l’obligeait également à redoubler de vigilance sur le fait de bien respecter la logique du personnage de Zu. Elle avait conscience que le moindre faux pas alerterait facilement John.

Le repas continua tranquillement jusqu’à son terme. Au moment de l’addition, la Mauve proposa de payer l’ensemble, puisque c’était elle qui l’avait invité à déjeuner, mais elle n’aura pas non plus insisté si John souhaitait y mettre de sa poche également.

Et pour la suite de la journée ? Eh bien … la Twi’lek le remercia d’être venu et ne chercha pas non plus à lui prendre plus de son temps. Mais elle en avait, donc si John désirait passer encore un peu de temps avec Zu … ça ne serait pas un souci.

Sinon … eh bien … elle l’attendrait pour sa prochaine visite au bordel ! Et ainsi de suite ...

Isïana était clairement satisfaite. Enfin, après tout ce temps, elle avait un angle d’approche pour intéresser John à elle. Une sensation de « Enfin, ce n’était pas trop tôt ! » la parcourait presque tandis qu’elle continuait la discussion avec lui.

Elle eut un petit sourire en coin quand il évoqua le fait qu’il surveillait certains collègues à lui comme de potentiels espions. Sans chercher des noms, l’Agent Malva n’en ayant de toute façon pas elle-même l’intérêt, elle lui demanda qu’est-ce qui pouvait le rendre soupçonneux sur ces personnes précisément. C’était toujours intéressant pour elle de connaître la psychologie de John à ce sujet, ne serait-ce que pour savoir quelles bourdes elle devrait éviter absolument.

Il aurait été tentant pour elle de se faire passer pour une agent de l’Imperial Intelligence à ce moment-là, c’était certain. Cela lui avait même traversé l’esprit au départ. Mais elle n’était pas une grande amatrice de cette idée. Non par pour les risques de se faire repérer par la suite à cause de cela, oui. Elle craignait surtout la réaction de John. C’était surtout de cela. Partir sur un pari très osé alors qu’elle venait juste d’avancer d’un grand pas dans sa « relation » avec John ? Peut-être que Dezira lui dirait que oui, qu’elle devrait saisir cette chance avant qu’elle ne s’échappe. Dans un autre contexte … peut-être qu’Isïana l’aurait tenté. Mais dans celui-là, elle préféra s’abstenir.

« C’est que ce projet … P … doit être très important, si tu penses que l’Imperial Intelligence viendrait peut-être y jeter un coup d'œil. »

Elle lui adressa un de ces petits sourires charmants comme elle savait si bien les faire. Il s’agissait de paroles qui étaient calculées : flatter John et voir sa réaction à ce sujet. Et aussi parce que Zu ne pouvait qu’être curieuse sur ce projet. Mais l’Agent Malva n’insistait jamais directement sur ce sujet, pour ne pas le brusquer non plus.

Cela étant, l’idée de demander à Venom si elle pouvait se procurer le manuscrit de la seconde trilogie de Vanhog lui traversa bien l’esprit. C’était une carte à ne pas jeter non plus par la fenêtre. Elle ne comptait pas la jouer, mais elle trouvait aussi idiot ne pas la garder de côté. Sait-on jamais. John qui estimait que tout devait être logique et à sa place … risquerait probablement à long terme de se poser les mauvaises questions et justement se dire que Zu n’était peut-être pas celle qu’elle prétendait être. C’était après tout là toute la difficulté de la tâche de la Mauve : arriver à être convaincante dans son personnage sur une longue durée. Car oui, une soirée, une semaine. C’était facile de ne pas faire de gaffe … Faire cela sur des mois, même si elle espérait ne pas en arriver là en sachant désormais que le Projet était en phase terminale … Eh bien c’était une autre paire de manches !

Et … elle fut sortie de ses pensées par la proposition de John. A elle d’être surprise. Aussi bien si on parlait de Zu, que d’Isïana, d’ailleurs. John qui lui proposait d’aller au cinéma ? Elle ne l’aurait pas cru ! Alors certes, c’était pour voir une adaptation de l’agent 070, c’était déjà plus logique. Mais tout de même !

Bien entendu, Zu accepta avec grand plaisir ! Et même Isïana comptait aller le voir pendant un temps libre, de toute façon. Alors si elle pouvait mélanger travail et divertissement, pourquoi s’en priver ? Et elle dut retenir un rire en voyant le titre du film dans son intégralité. John l’aurait regardé bizarrement sur le moment. Car, oui, elle se rappelait bien de ce passage dans la capsule de sauvetage. Elle en avait un peu fantasmé à l’époque ? Oh, oui, un peu. Dommage qu’elle n’avait pas de Chiss à porter de main à ce moment-là.

Dans tous les cas, elle n’avait rien commenté sur le moment et avait suivi John à l’intérieur du cinéma, puis à la séance proprement dite une fois les billets pris. Elle laissa l’humain choisir où il voulait qu’ils s’installent. Puis ils purent profiter de l’adaptation cinématographique. Et vint le moment de la fameuse scène dans la capsule de sauvetage. Le moment parfait pour Isïana de susurrer doucement à l’oreille de John !

« J’adorerai que tu sois mon agent 070 … »

Il n’y avait pas besoin d’ajouter quoi que ce soit d’autre. Le timing de la scène, la phrase de la Mauve. Même quelqu’un comme John pourrait comprendre le message. Enfin … Isïana se poserait vraiment des questions sur la sexualité de l’impérial, sinon …

Et elle ne surenchérit pas non plus. Elle aurait pu cela dit. Mais elle profita de la fin du film jusqu’à ce que les lumières reviennent dans la salle. Elle n’était pas du genre à rester voir les crédits, mais si c’était le cas de John, elle resta avec lui.

Puis une fois dehors … eh bien … Tout dépendait déjà de la réaction de John à la dernière phrase de la Mauve !

D’une certaine façon, Isïana trouvait John plutôt touchant. Elle ne pouvait s’empêcher de dire que dans un autre moule que celui du modèle impérial, il aurait pu vivre probablement plus … librement ? Oh, oui celui avait traversé l’esprit d’essayer de le ramener avec elle à APEX après la fin de sa mission sur Rasterous. Mais elle ne se faisait pas d’illusions, il n’y avait aucune chance à moins de le kidnapper et clairement il lui en voudrait à vie. Bon, faire une Zarseenade aurait été amusante, mais elle allait tout de même éviter. Mais dommage, du potentiel gâché …

Et des invitations en moins, aussi. Zu s’était montrée surprise que John ait payé pour tous les deux. De son côté, Isïana avait sourit intérieurement. Il avait l’air pressé, le John ! Bon, après, comparé aux pourboires qu’il lui donnait tous les jours … ce n’était pas non plus grand-chose à côté.

Bien entendu, la Mauve ne put retenir un sourire en coin au rougissement de l’humain, qui se remarquait grâce à la lumière projetée par l’écran de cinéma. Elle opina simplement au fait de rester un peu plus pour la scène post-générique. Même si elle ne l’avait peut-être pas vu à cause du noir, elle avait deviné sans mal la réaction typiquement masculine qui avait du toucher John. Ou en tout cas, Isïana aurait très mal pris une absence de réaction !

A la question de s’en aller simplement et de se dire à demain … Eh bien, Isïana ne comptait pas relâcher dans l’océan ce joli poisson qu’elle venait d’attraper dans ses filets. Oh, non ! La belle Twi’lek avait adressé un sourire amusé, si ce n’était flatté, à John face à la comparaison à celle du roman. Oh, oui, Isïana aurait pu l’incarner. A vrai dire, ça serait tourné dans un monde d’APEX, elle aurait même suspecté Zarseen de s’arranger pour la faire jouer dedans avec une certaine influence Chiss que la Twi’lek avait rencontré avant son départ de Nar Shaddaa … Cela lui semblait soudainement si lointain …

Mais pour l’instant présent, la Mauve se contenta de prendre le même petit sourire taquin qu’avait pris l’actrice dans la scène avant que l’agent 070 passe au vif du sujet. Elle commença ensuite à décaler subtilement le tissu de sa robe au niveau de ses épaules pour les mettre à nue, dans une pose tendancieuse mais qui pour le moment restait très sage si jamais quelqu’un revenait dans la salle de cinéma en réagissant qu’il avait oublié quelque chose. Bon, un esprit mal placé, vue la position de la Mauve de plus en plus proche de John, pourrait aisément faire des suppositions sur la suite. Et elles seraient justes, pour le coup.

« Mon agent préféré … »

Elle avait pris, plus ou moins, le même ton de voix suave de l’actrice Twi’lek, sans le forcer non plus. En règle générale, quand Isïana parlait ainsi, il était rare qu’on lui résiste ainsi. Bon, peut-être pas à ce point, mais ça faisait son effet et avec John déjà sous son emprise … eh bien disons qu’elle jeta un coup d'œil à l’entrejambe de l’humain voir qu’elle était la situation …

« … mes intimes secrets sont à vous … »

Oui, quoi de mieux que de citer directement une phrase du film. Bon, ce n’était pas exactement dans ce contexte-là, mais ne chipotons pas ! Elle fit donc glisser un peu plus le tissu de sa robe sans dévoiler plus d'interdits mais il n’en fallait pas beaucoup pour que la poitrine généreuse d’Isïana ne soit libérée qu’à quelques centimètres des yeux de John.

« … mais peut-être devrions nous les dévoiler que chez vous, à l’abri des regards ? »

Bon, là, elle improvisait. Ce n’était pas une citation. Mais même si, elle, pouvait faire quelques activités réservées aux adultes en pleine salle de cinéma … elle n’était pas certaine que John soit suffisamment échauffé pour s’y essayer. Ce ne serait pas logique, non ? Et puis … cela ne ferait que gonfler un peu plus la libidio de l’humain qui serait encore plus réceptif au corps de la Twi’lek. Hm. L’idée plaisait bien à Isïana en tout cas !

Du moins, tant que son poisson ne se débattait pas dans ses filets !

Isïana avait-elle filmé sa performance ? Enfin, performance. Pour la Twi’lek, ça n’avait rien de bien particulier ou spectaculaire. A vrai dire, elle trouvait même qu’il n’en avait pas fallu tant que ça pour faire craquer John. Cela dit, c’est là où elle voyait la performance : tout le chemin en amont depuis des semaines pour arriver à ce craquage. Mais quant à la question initiale. Eh bien … disons que c’est possible que par "mégarde" la Mauve ait appuyé sur l’enregistrement d’un dispositif d’enregistrement miniature audio qu’elle s’était procurée il y a quelques jours de cela. En prévision. Sait-on jamais.

Elle quitta donc le cinéma en sa compagnie, souriant de toutes ses dents, toujours aussi amusée de la réaction de John. Comme elle s’y attendait, il faisait de son mieux pour garder sa prestance et resta donc la question de la suite, une fois dehors et que l’humain put profiter d’un bol d’air frais pour essayer de faire perdre le rouge à ses joues. Et une bosse plus bas qui témoignait de l’efficacité des propos suggérés par la Mauve à l’intérieur. C’était aussi un bon indice pour elle pour la suite. Un mot ou une pensée bien placés qui faisait fantasmer l’esprit de John avait plus de réactions qu’un contact physique. D’une certaine façon, elle pouvait le comprendre. Oh, oui, couché n’était pas un problème pour elle. Mais que cela touche aux sentiments ? C’était autre chose. Elle repensa subitement à Dezira et son maillot de bain variant de couleurs en fonction des émotions … et ce fut au tour d’Isïana de se mettre à rougir. Même si de son côté, c’était déjà plus discret sur sa peau mauve.

Pour le coup, la Mauve espéra que John prenne ça pour un moment de timidité amoureux, qui aurait très bien pu être de pair avec Zu, d’ailleurs. Et qui collait bien au moment de gêne digne d’un drama républicain où les deux tourtereaux ne savaient pas quoi faire ensuite. La Twi’lek le savait déjà, le premier pas ne viendrait que de son côté. Elle ne devait rien attendre de John de ce côté. C’était donc à elle de décider…

Et elle fit mine d’observer un bloc de données dans son sac, et paraître surprise.

« Oh. Désolée, j’ai une petite urgence. J’ai été tellement prise par l’après-midi, je n’ai pas vu le temps passé et j’ai oublié que j’avais ça à faire. Mais ça ne devrait pas me prendre trop longtemps. Je …  on peut se rejoindre chez toi ensuite ? Disons, pour le début de soirée ? Mon agent 070, ajouta-t-elle d’un petit clin d’oeil complice. Si cela ne te dérange pas, bien sûr ! »

Elle avait précisé la dernière phrase sur un réflexe. Au cas où. Elle ne voulait pas paraître trop intrusive non plus. Elle imaginait mal John, surtout là tout de suite, dire non, mais elle préférait éviter de le bousculer et qu’il ne se mette sur la défensive. Bien entendu, sa petite urgence était fausse - même si elle allait faire en sorte de la rendre réelle - et était surtout une excuse pour laisser à John le temps de sortir du placard sa tenue d’agent 070 et de se préparer en conséquence.

Et du côté d’Isïana de faire quelques emplettes rapides. Elle savait exactement où aller chercher pour s’habiller exactement comme la Twi’lek des romans. C’était l’avantage d’avoir eu du temps à perdre les premiers jours et faire le tour de la ville. Et elle ferait aussi un rapide tour sur sa base de données personnelles publiques - accessibles évidemment sur l’Holonet et sous un pseudonyme quelconque - où se trouvaient quelques extraits de la série parallèle pour adultes qu’elle avait déjà lu, mais qui seraient de bon ton de se remettre en mémoire pour la suite…

- - -

Après être assurée que John acceptait la proposition de la soirée chez lui, elle le salua de la main et s’éclipsa rapidement. Ils n’étaient qu’en milieu d’après-midi et elle avait tout le temps de se préparer pour le soir. Le grand soir ! Quasiment tout un mois, pour cet objectif précis. Se faire John. Dans … tous les sens du terme, pour le coup.

Elle commença par chercher la tenue. Ironiquement, ce ne fut pas le plus facile. Du moins, pas dans l’espace impérial. Ou du moins, pas sur Rasterous. Bien évidemment que dans le Consortium Éternel, cela n’aurait pas été compliqué. Après tout, dans les romans et dans l’adaptation cinématographique également, la belle Twi’lek était l’esclave d’une Matriarche Hapienne. Il y avait alors deux possibilités. Soit l’esclave était un trophée qu’on mettait en valeur, et en général cela se résumait à être à peine plus couverte qu’en bikini sur une plage. Soit la Matriarche préférait qu’on la regarde elle, et dès lors les esclaves féminines étaient là pour témoigner de la richesse de ladite Matriarche et celles-ci étaient couvertes mais vêtues richement. Fiction disait souvent un entre-deux, surtout quand il s’agissait de faire fantasmer la gente masculine - ou lesbienne - et donc Isïana avait du se trouver une tenue qui se situait entre les deux. Élégante mais sans trop de faste et qui mettait en avant sa beauté. Et s’il y avait de la transparence, c’était parfait ! A vrai dire, Isïana était bien entendu tombée sur les scènes parodiques pour adultes sur des sites spécialisées en la matière où l’actrice portait une tenue totalement transparente. Mais la Mauve ne risquait pas de rappliquer ainsi chez John. C’était un coup à lui faire une attaque cardiaque !

Mais non, elle finit donc après deux essais infructueux dans deux boutiques différentes à trouver la bonne. À vrai dire, elle n’y croyait plus vraiment de trouver exactement la bonne tenue. Mais elle songea à la dernière minute que la petite boutique spécialisée en cosplay, dans un quartier périphérique de la ville, serait sa meilleure chance. Et elle avait vu juste. Les prix n’étaient pas donnés, mais avec tout ce que lui avait donné John au cours du mois, elle pouvait se permettre un excès. Au pire, elle savait qu’elle n’avait qu’à demander à Venom pour avoir un peu d’argent de poche offert par ses "parents qui se souciaient du bien être de leur fille unique adorée". Quoi ? Il avait bien fallut que Zu parle bien de sa famille au bout d’un moment ! Ou qu’elle était originaire d’Ord Mantell par exemple, ce genre d’informations basiques qu’elle avait imaginé bien en amont. Dans tous les cas, elle put ressortir avec une robe blanche en soie agrémentée de quelques faux bijoux dorés - simplement en duracier et peint pour créer l’illusion - qui l’habillait mais ne nécessitait que peu d’effort pour la déshabiller. A vrai dire, pas pensé spécialement pour sa morphologie, la Mauve aurait bien du mal à garder les tissus au niveau de sa poitrine sans qu’un petit mamelon rebelle ne tente de se montrer.
Il lui manquait encore quelques bijoux pour compléter l’ensemble. Elle possédait déjà la plupart de ce dont elle avait besoin déjà chez elle, mais elle alla cependant dans une bijouterie pour s’acheter un collier de perles de Mon Calamari, que portait la Twi’lek dans les romans. Il y avait toute une scène dans les romans où celle-ci triturait les perles pour cacher son anxiété. La Mauve était certaine que cela ferait son petit effet aussi chez John, en plus de la tenue !

Et le clou du spectacle : une bouteille de vin de Brentaal acheté au meilleur caviste de Rasterous. Celle-ci n’était pas dans les romans originels mais dans la version pour adulte, où la Twi’lek et l’Agent 070 se retrouvaient pour … eh bien inutile de faire un dessin. Mais cela commençait par l’esclave libérée qui apportait du vin de Brentaal à la Chiss. Oh, oui, Isïana pensait à tout !

Ce fut donc, bien contente et après toutes ces boutiques, qu’elle rentra chez elle pour se prendre une bonne douche, se maquiller, se parfumer, se répéter quelques dialogues qu’elle avait lancés en enregistrement audio tout en se préparant. Puis, elle enfila tout de même une petite culotte, en dentelle blanche pour se fendre avec la robe ; robe qu’elle mit ensuite. Il ne lui resta plus que les bijoux, un sac à main puis se rendre chez John.

D’une certaine façon … elle était pour le moins impatiente de la suite ! Elle alla donc directement à l'adresse qu'il lui avait indiqué puis vint sonner à sa porte, attendant sagement sur le seuil. Elle élimina le début de trac qui l'avait prise subitement juste avant. C'est qu'elle commençait à prendre beaucoup trop goût à la situation, la Mauve !

[HRP] Lien de la robe

Isïana, ou Zu puisque tout le long de la soirée la Mauve allait faire de son mieux pour ne faire vraiment qu’une avec son personnage, se mit à rire face à la réaction initiale de John lorsqu’il lui ouvrit. D’un côté, elle pouvait comprendre. Ce n’était pas tous les jours qu’on la voyait habillée ainsi sur Rastoreous. Même au bordel, elle était moins élégante, et un peu plus vêtue que cela au final ! Elle ne risquait pas de jouer la petite ingénue, sans même parler de la facilité à l’Agent Malva à pouvoir se vêtir ainsi, puisque Zu était techniquement depuis son arrivée sur la planète … une prostituée. Certes, elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de tant pratiquer que cela vu comment John l’avait quasi monopolisé. Enfin bref, le présent …

« Vous êtes d’une telle élégance, mon Agent ! »

Elle lui fit la bise. Bien entendu, son rouge à lèvre marqua légèrement la joue de John et sachant que cela ne ferait qu’encore plus le faire rester sur place et le rendre aussi rouge qu’une tomate, elle observa l’intérieur de la demeure de l’homme, sans non plus aller trop loin. Aussi bien par curiosité, que par réflexe de la part de l’Agent Malva à chaque fois qu’elle entrait dans un bâtiment inconnu, qu’aussi surtout pour permettre de faire redémarrer l’esprit de John pour qu’il se concentre sur autre chose que les courbes de la belle Twi’lek vêtue de blanc sans tomber dans l’impolitesse.

Cela fit visiblement son effet et elle lâcha un nouveau petit rire face à la réplique qui sortit de la bouche de John, tandis qu’elle le suivait jusqu’au salon. Elle n’avait pas cherché à cacher la bouteille de vin, et quand elle vit sa réaction, elle étira un sourire, espérant que ses joues rougissent au passage … mais sans succès. Peut-être aurait-elle du boire un peu pour aider avant, mais elle ne s’inquiétait pas … ils goûteraient forcément à ce vin ! Elle lâcha bien entendu une autre phrase iconique tout en lui tendant la bouteille. Comme dans le roman pour adultes, bien entendu. Eh oui, Zu était une grande fan, comme Isïana et c’était sans doute ça qui aidait beaucoup à jouer la sincérité. Bon à la différence que la Mauve n’étant pas des plus matérialistes elle n’avait que peu de produits dérivés chez elle à proprement dit.

« J’aime beaucoup ton intérieur … »

Oui, Zu venait de tutoyer John. Il fallait bien aussi qu’elle laisse exprimer ses véritables pensées après tout. C’était amusant de jouer l’esclave Twi’lek, mais ne faire que cela aurait été pour le moins ridicule. Et puis, ça ne faisait que ressortir davantage les références et clins d'œil à leur univers favori à tous les deux, non ?

Elle vint s’installer à un canapé, ou à un fauteuil, bref un siège où elle pourrait s’asseoir, soit de sa propre initiative si John continuait à faire son indécis, soit après qu’il l’ait invité à le faire. Elle se mit donc à l’aise, croisant les jambes. Ce n’était pas forcément pour de la pudeur mais davantage pour éviter de faire trop chauffer l’esprit du propriétaire des lieux. Surtout avec sa tenue, un mouvement malencontreux et la vue de sa culotte en dentelle blanche serait vite arrivée ! La Mauve aurait tout le temps de la montrer, et de l’enlever, bien plus tard ! Pour l’instant, il convenait de profiter d’un bon moment entre fans de l’agent 070 !

Et quand le moment sera venu … Il sera temps de passer aux choses sérieuses et d’enlever les costumes pour passer au vif du sujet pour la finalité de la soirée. Quant à savoir à qui allait craquer en premier. La Mauve ne se faisait pas d’illusions, sauf bonne surprise, ça serait à elle de mener la danse. Et quelle danse qui s’annonçait ! Oh ça, John se souviendrait de cette nuit jusqu’à la fin de ses jours !

L’Agent Malva avait noté le changement d’attitude de John depuis qu’il avait réussi à jouer vraiment son rôle d’Agent 070. Elle devait avouer qu’il s’en sortait très bien. Parfaitement bien. Le mimétisme était bluffant. Et elle appréciait bien la prestation, ce qui la fit même sourire. C’était déjà appréciable qu’il arrive à faire autre chose que loucher sur le décolleté de la Mauve. Non pas que ça allait la déranger pour autant, mais l’égo de la Twi’lek faisait qu’elle estimait qu’il n’y avait pas que sa poitrine à admirer ! Car avec la robe qu’elle portait, il y avait de quoi mater autre part !

Dans tous les cas, elle le suivit docilement, mains croisées dans le dos, et n’eut aucun mal à prendre un air sincèrement curieux face à la visite de l’appartement de John, et surtout face à la présentation de sa collection de l’univers de l’Agent 070. Elle était sincèrement impressionnée par sa collection, et siffla doucement d’admiration.

« Incroyable. Cela doit valoir une fortune parmi les collectionneurs. »

Dans l’absolu, elle l’ignorait, mais il y avait quand même des objets rares. Sans doute que Venom pourrait la renseigner à ce niveau-là. A commencer par ces verres, tiens ! Elle en avait un seul de ces yeux, une fois, à Nar Shaddaa. Revendu à prix fort au marché noir. Elle l’aurait bien pris, mais à l’époque, elle ne travaillait pas directement pour le Triumvirat et n’avait clairement pas les moyens pour. Un temps révolu et derrière elle, qui pouvait être encore plus lointain si elle réussissait sa mission. Autant dire que même si elle profitait de ce début de soirée, en attente de la fin, elle restait malgré tout concentrée et ne perdait pas de vue son objectif.

Déjà, elle y avait déjà réfléchi, elle comptait jouer la jeune Twi’lek facilement éméchée et joyeuse. Ce qu’elle était, techniquement, mais avec bien plus d’alcool dans le sang. Disons qu’une bouteille de vin partagée à deux ne suffirait pas. Aussi délicieux que puisse être ce vin, qui pouvait donner l’impression de boire un jus de fruits, tellement il ne faisait pas tourner la tête. Ce qui était justement le plus trompeur. Elle ne savait par contre pas ce qu’il en était de la résistance de John à l’alcool. Mais elle avait tout intérêt, dans un premier temps, à ce qu’il garde les idées claires et continue à jouer le personnage de l’agent 070.

Du coup, plutôt que de l'achever tout de suite, elle laissa la soirée se dérouler tranquillement. De toute façon, l’excitation sexuelle de John qui avait pu avoir au cinéma était retombée. Et pour avoir déjà croisé des personnes avec le caractère que l’humain par le passé, quand elle débarquait en femme fatale … eh bien c’était fatal, justement. La différence était telle que la libido n’avait pas le temps de monter tellement la beauté et le charisme de la Mauve écrasait tout cela. Or, ce soir, c’était justement faire remonter la libido de John qui l’intéressait au plus haut point.

Et pour cela, Isïana avait tout l’attirail qu’il fallait. Un changement de pose, qu’elle faisait croire sous l’effet de l’alcool, et hop, John admirait un peu plus de la peau mauve de la Twi’lek. Au niveau des cuisses, au niveau du buste, au niveau des hanches. Là où elle savait que cela ferait réagir l’humain. On ne pouvait pas encore parler de nudité, mais disons que l’imagination d’une Zu entièrement nue à l’esprit de John devenait petit à petit réalité devant ses yeux. Elle faisait semblant de ne pas s’en rendre compte, tandis qu’elle discutait avec John tout en continuant à jouer leurs rôles respectifs, jusqu’à ce que finalement elle décide de passer à la vitesse supérieure. Elle fixa le regard de l’homme tandis qu’elle passait lentement une main jusqu’à sa nuque, entre ses deux lekkus tombant. C’est là où d’un nœud à défaire et un collier à déplacer, tout le tissu de la robe pouvait commencer à se retirer. Chose qui allait arriver si elle trouvait John réceptif à ce moment-là, et pour s’y aider, elle parla d’une de ses voix les plus sensuelles qu’elle était capable de sortir.

« Il me semble que … je vous avais promis … de vous révéler mes secrets les plus intimes, mon agent préféré. »

Dire qu’enfin faire « craquer » John était un soulagement pour Isïana avait été un euphémisme. Même si elle était confiante dans sa réussite, on n’était jamais à l’abri d’un couac de dernière minute. Et s’il y avait bien une personne pour se dire que quand il y a 99,99 % de chance de réussite, c’est qu’il y a aussi 0,01% de risque d’échec, c’était bien l’Agent Malva. Mais une fois que la soirée avait glissé du salon à la chambre de l’humain, que leurs tenues avaient glissé de leur corps respectifs et que respectivement leurs corps glissés l’un sur ou dans l’autre, Isïana avait pu se rassurer pour de bon. Et profiter pleinement de la nuit. Certes, on était loin de la soirée orgasmique pour la Twi’lek mais clairement elle avait apprécié la soirée. Elle avait eu droit à tellement pire par le passé !

Mais maintenant que la seconde étape de sa mission était réussie, il convenait d’entamer la troisième. Et elle ne tarda pas à cela. Le lendemain, alors qu’elle s’était réveillée la première dans les bras de John, son esprit était déjà en action pour cela. Il fallait dire qu’elle y avait déjà pensé en amont depuis un bon moment à force. Mais cela dépendait également à quel point John allait tomber dans sa toile. Et pour le coup, elle n’était pas déçue du résultat, pour un temps au final qui pouvait peut-être sembler long du côté de la Citadelle de Nar Shaddaa mais qui était en réalité assez rapide par rapport à ses missions d’espionnage de ce type. Non, elle était clairement contente et de bonne humeur.

La troisième étape, donc ? C’était en soi la dernière pour accomplir sa mission, même si on pouvait toujours la subdiviser en plusieurs sous-étapes. L’Agent Malva avait plusieurs angles d’approche, mais l’essentiel était surtout de ne pas les griller et vouloir aller trop vite. D’une part parce qu’elle savait combien même elle avait réussi à faire tourner la tête de John, l’impérial saurait trouver étrange un changement d’attitude soudain de sa charmante Zu. D’autre part, ce n’était pas parce qu’elle avait John dans sa toile que c’était le cas de Genetech dans sa poche. Certains pourraient dire que le plus dur était à faire, mais aux yeux d’Isïana, c’était tout l’inverse. Pour elle le plus facile s’annoncer.

A vrai dire, elle avait déjà son planning en tête. Tout d’abord, elle allait petit à petit quitter son travail au bordel. Ensuite, dans le même mouvement, chercher à se faire employer chez Genetech. A quel poste, elle n’y réfléchissait pas encore. Elle espérait de John qu’il la conseillerait à ce sujet. A vrai dire, dans le scénario idéal, ça serait lui qui aurait l’initiative de lui proposer tout ça. Mais comme dit plus tôt, l’Agent Malva ne voulait pas se bloquer sur un seul plan et saurait se débrouiller autrement si l’humain. Dans le même ordre idée, elle n’allait pas tout de suite lui proposer qu’elle emménage chez lui. Mais par contre, elle n’allait pas refuser si la proposition venait directement de lui !

Qu’est-ce que la Mauve ferait une fois chez Genetech. Eh bien, déjà, le travail qu’on lui confierait. Pour sa mission, elle allait avoir deux contraintes. La première était de pouvoir être suffisamment libre de ses mouvements pour que ça ne choque personne qu’elle puisse traîner un peu partout. La seconde était d’être non loin de la salle informatique où était cachée le grand Projet. C’était en tout cas l’idéal. Cela ne surprendrait ainsi personne si l’amoureuse Zu allait rejoindre son cher amant John, non ?

Quant à son plan final ? Disons qu’elle trouverait bien d’ici-là, si tout se passait comme prévu, une raison à ce que les deux restent ensemble un peu plus tard que prévu pour une séance un peu coquine au bureau ? Ou même directement dans la salle informatique ?

Mais avant tout cela, elle devait déjà savoir si le dit Projet était terminé. Quitte à voler la technologie novatrice impériale, autant emporter avec elle la version terminée, non ? Ce serait encore mieux vu auprès du Triumvirat.

Ah. John se réveillait. Il était temps de lancer pour de bon la troisième étape de sa mission. Autant dire que sauf si la Force décidait d’être de son côté, elle n’était pas encore prête de quitter Rastoreous. Et clairement, elle ne comptait plus y foutre les pieds ensuite …

Ce fut en voyant les réactions de John qu’Isïana prit, enfin, elle-même pleinement la mesure de ses progrès depuis qu’elle était l’apprentie de Dezira et qu’elle avait été repérée par Zarseen. C’était une chose d’avoir l’égo de se sentir l’une des meilleurs de la galaxie dans le domaine, cela en était une autre de le démontrer sur le terrain. Et là, la démonstration était sans appel. Après tout, qu’était John par rapport à un membre du Conseil Noir Sith ? Qu’était-il par rapport à une cheffe de clan mandalorien ? Qui était-il par rapport à l’un des meilleurs assassins d’APEX ? … Personne. Un moins que rien. Et elle pourrait aisément allonger sa liste de personnes exceptionnelles qu’elle avait rencontrées au cours des derniers mois.

Passée l'euphorie de sa réussite à faire de John son pantin s’en fut presque … décevant. Un sentiment de perdre son temps finit par envahir l’Agent Malva au cours des jours qui suivirent, alors qu’elle avait profité de la recommandation de John pour postuler comme secrétaire administrative. Dès que le "chéri de Zu" lui avait proposé cela, elle s’était empressée de se faire un CV bidon, quitte à demander à Venom d’y glisser de faux témoignages si besoin, où la Twi’lek avait soi disant déjà étée à ce poste par le passé, avant son arrivée à Rasterous. Et plus réellement, elle l’avait déjà fait par-ci, par-là, quelques jours ou quelques semaines, avant d’être dénichée par Zarseen. Donc, elle n’aurait pas beaucoup de mal à tromper aussi bien John, que les employés ou les responsables RH de Genetech.

Quand elle aurait enfin le poste, là-dessus le "si" ne se posait même pas dans l’esprit d’Isïana, elle n’aurait ensuite pas bien grand mal à utiliser John à son envie. Oh bien sûr, cela continuerait d’être subtile. Bien sûr que leur discussion tournerait autour de l’agent 070. Et la Mauve ne serait pas étonnée que dans l’entourage professionnel de l’humain, il ne devait pas y avoir beaucoup de fans. Autant dire qu’ils seraient souvent tous les deux. Autant dire qu’Isïana fera en sorte aussi de mettre en avant tout son talent de secrétaire des holofilms pour adulte.

Et elle avait déjà son plan de sortie, quand elle aurait réussi à mettre la main sur les données à voler. A vrai dire, elle en avait même plusieurs. Toujours avoir plus d’un plan en tête, c’était presque la devise chez l’Agent Malva. Il ne restait plus qu’à voir comment tout cela se passerait concrètement. Mais dans tous les cas, cela impliquerait forcément John, qu’il soit physiquement présent avec elle, ou non …

Plus les jours passaient sur Rasterous, plus l’Agent Malva se disait que Genetech ne se rendait vraiment pas compte qu’il développait un joyau. Et comme tout joyau, il allait attirer les voleurs. Isïana, en l’occurrence. La Twi’lek était en effet perplexe du laxisme de la sécurité. Non pas que ça la dérangeait, loin de là, mais elle se serait attendue à autre chose venant d’une entreprise impériale, de surcroît proche de la frontière. Elle commençait ainsi à se dire que c’était peut-être pour cela que c’était cette planète qui avait été choisie pour le fameux Projet. Qui s’attendrait à ce qu’on cache le développement d’une technologie révolutionnaire ici ? En tout cas, Zu devait continuer à faire comme si elle ne savait pas.

Une Zu qui avait entamé son travail avec plaisir. Bien entendu, la Mauve avait vite saisi que par ici, une femme qui couche, c’est une femme qui réussit. Techniquement, c’était ce qu’elle avait fait aussi. Même si avec John, cela avait pris du temps. Elle aurait pu aisément, sans que l’humain s’en rende compte, proposer quelques "services" aussi bien à un garde qu’à son patron, mais elle préférait rester sage et continuer sur sa carte de la jeune Zu amoureuse de son agent 070 rien qu’à elle ! Cela ne l’empêcha pas de signaler à John qu’elle avait remarqué que son supérieur ne cessait de la reluquer. Bien entendu, elle faisait aussi en sorte à ce qu’on l’observe sous toutes les coutures. C’était fou comment on pouvait faire tomber un dossier par terre par maladresse en début de journée, pas encore réveillée, ou en fin de celle-ci quand la fatigue arrivait ! L’Agent Malva, développer la jalousie de John ? Non, quelle idée voyons ! Cela se saurait si la Mauve avait des talents de manipulatrice !

Jour après jour, elle se satisfaisait de voir sa toile continuer à s’étendre depuis John, pour envahir petit à petit Genetech. Elle avait appris quel compliment donner à telle garde pour qu’il soit docile à certaines de ses suggestions ; elle avait trouvé quoi dire à une collègue pour qu’elle prenne une "pause" avec un supérieur précis qui pourrait le jour J gêner l’Agent Malva ; elle avait pris le temps d’enflammer la grogne des prochains licenciés par quelques mots justes ; et elle avait découvert pleins d’autres petites choses qu’une espionne devait reconnaître avant de passer à l’action.

Car le jour J était enfin là ! Enfin, presque. Dire que l’Agent Malva avait été surprise de l’appel de Venom était un euphémisme. Elle avait d’elle-même compris le lien avec l’agent de l’Imperial Intelligence puisque John lui en avait parlé. Et comme toute bonne impériale qui n’a rien à se reprocher … Isïana joua la Zu soucieuse. Une façon aussi pour que John s’interpose entre elle et l’agent impérial, si besoin.

« Bonjour, Venom, répondait l’Agent Malva face à sa supérieure, la vraie pour le coup. Mon plan, donc. Il est finalement assez simple. Moins il y a d’éléments à prendre en compte, moins il y a de risque que l’un d’eux fasse tout foirer. Pour faire simple, il s’articule en trois axes.

Tout d’abord, je vais faire en sorte que les employés mécontents manifestent, de manière bien visible, à l’entrée du complexe de Genetech. L’intérêt est double. D’une part occupée une partie des gardes, d’autre part de potentiellement attirer l’intérêt de l’agent double i. L’idée derrière est surtout d’éviter au maximum de croiser du monde dans les couloirs.

A côté de cela, je ferais en sorte de convaincre John, le petit chéri de Zu, que je suis sûre qu’il va se passer quelque chose par rapport au projet. Je ne m’inquiète pas sur le fait qu’il me croira. Au pire, il aura un doute, et voudra vérifier. A partir de là, j’ai deux possibilités. Soit je le tue sur place pour repartir tranquillement. Soit je joue le jeu de la petite surprise torride, on commence nos affaires, puis je l’assomme et le ligote et le bâillonne bien comme il faut.

Dans les deux cas, je repartirais seule de la salle des serveurs de Genetch où se trouve le projet. Je ne partirais pas par devant, mais par une porte dérobée. J’ai demandé à un garde dans ma poche de bien s’assurer d’être là, et qu’il n’y ait que lui, en lui ayant promis d’accepter ses avances. Je compte simplement le liquider sur place, discrètement.

Ensuite, ce n’est pas compliqué. Je pars directement pour l’astroport de Rastereous et je quitte la planète pour revenir à Zeltros, et de là, retour à Nar Shaddaa. A vrai dire, s’il peut y avoir un vaisseau piloté par un de nos droïdes prêt à m’attendre et à décoller, ça serait l’idéal. Je ne sais pas combien de temps il se passera avant que John ou le garde soient retrouvés. »

Elle s’était tue ensuite, espérant que le plan tiendrait la route aux yeux de Venom. Elle savait que, peut-être, cela ne se passerait pas comme elle le prévoyait. Mais si on attendait d’être certain à cent pourcent de sa réussite … eh bien disons que l’Agent Malva serait au chômage technique dès le premier jour. C’était la base du job d’Isïana, que d’avoir des inconnus. Et c’était clairement ce qui lui plaisait le plus dans ce métier, elle qui est pourtant ironiquement, très calculatrice.

La discussion avec Venom s’était bien passée, même mieux qu’Isïana ne l’avait prévu. Elle avait acquiescé quant à cette histoire de colis. Elle n’avait pas de poser de questions. Elle savait quand elle pouvait. Elle savait quand elle ne devait pas. Pour le coup, c’était au final une bonne chose que la miss Zu vivait toujours dans son propre appartement. La Mauve n’aurait ainsi pas à se justifier auprès de John le jour J.

Le jour J qui se présenta donc. Elle avait revêtue une robe assez simple, qui la mettait en valeur, sans faire en sorte qu’on aurait tourné la tête vers elle dès son passage. En somme, quelque chose de classique depuis son entrée chez Genetech. Le colis était dans une poche intérieure de la robe. Elle était également venue avec un sac à main, le même qu’elle prenait à chaque jour de travail. Elle savait que si dans un élan de zèle, les gardes de sécurité décidaient de faire une fouille, ils s’arrêteraient à son sac. Même si elle savait que plus d’un aurait été tentée de faire une fouille intégrale, et plus si affinité.

C’était la raison pour laquelle elle avait attendu l’arrivée de John. Bien entendu, elle lui avait joué le coup de la belle Twi’lek secrétaire qui craignait d’un débordement vues les tensions entre salariés, dirigeants et la présence de l’agent de l’Imperial Intelligence. Le fait qu’au final celui-ci s’était focalisé sur les hautes pontes locales de Genetech arrangeait bien l’Agent Malva.

Plutôt qu’aller à son bureau, après tout ses supérieurs étaient occupés et ses collègues manifestaient à l’entrée, elle "suggéra" à John qu’il faudrait peut-être s’assurer que le projet, LE projet, était toujours à l’abri. Et bien entendu, elle lui susurra à l’oreille que comme de toute façon, ils n’auraient rien à faire pour le moment, ils pourraient en profiter après pour s’amuser tous les deux à reproduire une scène pour adulte de l’agent 070 quelque part. Si avec ça il ne cédait pas à l’idée, elle ne savait pas quoi faire !

Mais elle ne s’inquiétait guère là-dessus. Elle trouvait sans mal les mots avec John pour diriger sa petite marionnette jusqu’à la salle des serveurs où se trouvait les plans qu’elle devait voler. Il le suivit jusqu’à la console concernée, laissant à l’humain s’assurer que tout était toujours bien là, et surtout dans son intégralité. Une fois cela vérifiée, elle joua le jeu de la Twi’lek charmeuse en libérant son décolleté à la vue de John. Quelques baisers, un bouton déboutonné, une main derrière le cou et …

Crac. En une série habile de mouvements millimétrés, Isïana lui brisa la nuque, s’assurant de bien faire tomber John en douceur. Elle s’assura qu’aucun garde n’était proche. Puis elle attrapa le fameux colis de Venom pour l’insérer dans le serveur central. Dans le même temps, elle commença le téléchargement des plans.

Ce fut le moment où réellement le stress commença à se manifester chez l’Agent Malva. Elle espérait que personne n’aurait l’idée que quelqu’un viendrait fouiner pendant cet intervalle de temps. Une fois le tout fini, elle n’aurait qu’à sortir par derrière. Puis direction l’astroport et le vaisseau préparé par Venom. Ce ne serait qu’une fois en orbite où Isïana saurait qu’elle pourrait souffler. Pas avant …

Bien entendu que l’Agent Malva avait vidé l’intégralité des données du serveur cible de Genetech sur Rastoreous ! Elle n’avait qu’une chance pour le faire, et elle ne s’en était pas privée puisque personne n’était venue l’interrompre. Ce fut donc soulagée que la belle Mauve avait fini par quitter les locaux de Genetech, puis la planète, puis finalement le territoire impérial pour revenir à Nar Shaddaa, clairement satisfaite de son travail.

Satisfaite, elle le fut autant si ce n’est plus de l’accueil de Dezira dès son retour et de la nuit qui en suivit. Bien entendu, elle ne pouvait être que curieuse de ce que sa mentore pouvait sous-entendre par un avant-goût de ce qu’elle lui réservait. Oh ça lui brûlait la langue de lui demander de quoi il s’agissait mais elle savait très bien qu’elle n’aurait pas eu de réponses. Pas tout de suite.

Dans tous les cas, ce fut une Isïana fidèle à elle-même qui se présenta devant le Triumvirat. Elle n’était pas en train de pavaner non plus, elle était même habillée plutôt simplement. Mais à l’inverse, elle ne semblait pas le moins du monde stressée par l’entrevue post-mission. Elle ne l’était déjà pas beaucoup en temps normal, mais aujourd’hui, elle était dans une telle sérénité qu’elle serait allée boire un verre à la cantina avec ses copines que cela aurait été la même chose dans l’esprit de la Mauve.

Bon, il y a bien évidemment Loktar pour lui faire une subite montée d’adrénaline, la Twi’lek lui offrant quelques gratouilles pots-de-vin au passage, elle avisa les trois femmes du Triumvirat pour voir la température de la pièce. Elle semblait bien plus chaleureuse que lors du briefing de la mission, à n’en pas douter. Elle esquissa un petit sourire en coin à la demande de Zarseen d’entrer dans le moindre détail.

« Depuis le début, donc ? Cela risque d’être long, après tout, cela fait plusieurs semaines que je suis partie de Nar Shaddaa. Mais soit. Avant de me rendre sur Rastoreous, je me suis rendue sur Zeltros dans un premier temps en réutilisant mon ancienne fausse identité de Manae Quarissa, utilisée dans le territoire républicain. De là, est née Aeyem'Zunu, ou plus simplement Zu, une impériale qui s’est retrouvée faucher en tombant follement amoureuse d’un Zeltron qui l’a fauché de toutes ses liquidités. Une pauvre petite Twi’lek qui a juste su garder de quoi prendre la première destination de la route commerciale de Trellen. Rastereous.

De là, les premiers jours, j’ai squatté la première cantina du coin. J’ai oublié le nom là tout de suite, mais je l’ai noté donc ça sera précisé dans le rapport écrit, bien entendu. J’ai joué l’arriviste qui ne connaissait rien et mendiait dans un premier temps, à dépanner ici et là pour se faire quelques crédits, qui apprenait que Genetech était la société phare du lieu.

Suite à cela, au bout d’une dizaine de jours, on m’a "subtilement" suggéré de bosser pour les maisons de plaisir de la périphérie où mon corps pouvait me permettre de me faire un bon paquet de crédits, puisqu’il y avait des cadres de Genetech qui appréciaient se … faire plaisir, évidemment, dit-elle en avisant la réaction de Hope à cela. Et de Zarseen aussi.

L’entretien d’embauche s’est bien passé, suivie directement d’une démonstration qui sembla satisfaire le patron. J’avais mon premier client. John Braun. Un nom qui sera la pierre angulaire de la mission. Un employé de Genetech, travaillant sur les serveurs, célibataire, sans enfants qui cherchait de la compagnie plus qu’autre chose. A vrai dire, le premier rendez-vous, il ne m’avait demandé que de le masser de façon tout ce qu’il y a de plus chaste. Au moins, c’était reposant. Parce qu’il y avait d’autres clients … Disons que le Souffle du Dragon Krayt, c’est pas la plus reposante des positions, indiqua-t-elle en soupirant.

Bref. Il a commencé à beaucoup apprécier ma compagnie. Il faut dire qu’une jolie femme et cultivée, sincèrement, ça ne courait pas les rues là-bas. Autant dire, que de surcroît Twi’lek à la peau mauve, c’était un exotisme sans nom. J’ai vite compris qu’il me permettrait de remplir ma mission, même s’il était très avare en informations et que ça se voyait qu’il n’arrivait pas à faire le premier pas pour vouloir plus.

J’ai donc laissé traîner un peu, pour ne pas passer pour la femme uniquement attirer par l’appât du gain, et qui pensait par les sentiments. C’était plus logique vis-à-vis de mon personnage. Surtout que, j’apprenais plus tard, il était fan d’espionnage. L’Agent 070, ça vous parle ? Eh bien en tout cas, lui, oui. Un fan absolu comme je n’en avais jamais vu.

Cela je l’ai appris … hm … au bout d’un mois et demi, de mémoire. Entretemps, j’ai fini par quitter la chambre de la cantina dans le premier mois. Le John était très généreux en pourboire, cela m’a facilité la tâche pour me dégoter un appartement. Et le soir je le voyais, parfois d’autres clients … qui seront listés dans le rapport écrit … quand il n’avait que peu de temps à m’accorder, mais à chaque fois, un pourboire conséquent. De quoi énerver les autres prostituées.

Bref. Dans tous les cas, il ne parlait que peu de lui directement au final, c’était difficile à gérer, et j’ai finalement profité du fait qu’on commençait à avoir une certaine … alchimie, je dirais, pour l’inviter à un restaurant un week-end.

C’est donc là où j’ai pu en apprendre plus sur lui, sur le fait qu’il était fan de cette fiction et un plus sur le fameux projet. Enfin, qu’il était dessus, et qu’il craignait qu’un agent de l’Imperial Intelligence ne les espionne. Ironique, non ? Dans tous les cas, s’en est suivie une séance cinéma où je l’ai chauffé bien comme il faut. Il était enfin tombé dans mes filets. Mais histoire de ne lui laisser aucune résistance et l'asphyxier définitivement j’ai acheté une tenue utilisée par un des personnages fictifs, justement présentes dans le film. Où il y a pu avoir quelques parodies pornographiques.

Un rendez-vous galant chez lui en suivant, une petite discussion, une petite mise en jambes, et puis rapidement c’est moi qui écartait les miennes. Pas trop mauvais au lit, même s’il manquait un peu d’originalité. Surtout pour …»

S’en suivit, comme voulu par Zarseen, une description torride et précise qui aurait pu rendre jaloux tout auteur de livre érotique. L’avantage d’en lire, et de pratiquer, n’est-ce pas ? Bien entendu, Isïana avait décrit ça le plus naturellement du monde comme le reste de son rapport oral.

« … Et donc, officiellement, voilà que Zu était en couple avec John. Mais, il était encore trop timide pour m’inviter à vivre chez lui. Et ce n’était pas plus mal. Je laisserai le soin à Venom d’expliquer pourquoi, si l’envie l’en prend. Quoi qu’il en soit, les jours continuèrent à défiler, et le jour J arriver. Car en effet, de plus en plus proche de John, j’en apprenais toujours plus. De là, j’apprenais la finalisation du projet. Et une partie des employés prêts à grogner des licenciements futurs.

Un point qui me servira. Mais dans l’absolu, il me fallait entrer dans les locaux. Autant vous dire qu’avec John dans la poche, ce fut un jeu d’enfants. A vrai dire, j’ai presque été déçue que le RH que j’ai eu à l’entretien était plus intéressé par mater mon cul et mon décolleté, qu’écoutait ce que j’avais préparé. Mais bon, le principal, c’était que je pus entrer comme secrétaire avec un accès facilité dans tout le bâtiment. Pas aux salles des serveurs proprement dits, mais ça, je comptais utiliser John pour ça. Je peux aussi vous citer toutes les tentatives de dragues, que ça soit de gardes ou même de supérieurs, qui souhaitaient de ma part tout type de relation allant de l’oral à l’anal, mais je ne suis pas certaine que ça soit pertinents puisque j’ai refusé à chaque fois.

Mais, j’ai commencé à me fondre dans le personnel quelques temps avant que je passe à l’action, histoire qu’on ne s’attarde pas sur ma présence plus que de raisons. Car autant, il pouvait y avoir un minimum de sécurité pour les personnes étrangères à la société, autant une fois employée, j’étais la reine du pétrole. A part fouiller dans ma culotte, il n’y avait pas trop de suspicions. Et dans tous les cas, j’avais John comme chevalier protecteur.

Et justement, ça tombait à merveille. Le jour J, j’ai pris avec moi le colis que m’avait fourni Venom, puis je suis allée devant les locaux où une manifestation avait lieu par une majorité d’employés. Les gardes qui ne voulaient rien faire. Et des dirigeants interrogés par un agent de l’II sur une fuite. J’ai donc réussi à convaincre, sans la moindre difficulté, John à aller vérifier à la salle des serveurs si tout allait bien. On ne sait jamais, n’est-ce pas ? De là, petit baiser chaud digne d’un holofilm, début de tripotage et nuque brisée. Adieu le John.

Bonjour les plans à récupérer. Bonjour le colis à brancher. Et personne pour venir me déranger. De là, j’ai tout récupéré, je suis sortie par une porte dérobée que j’avais eu le temps de préparer, j’ai foncé à l’astroport où m’attendait un vaisseau. Et me voilà, avec tout de livrer. »

Elle se tut. Après tout, face à un tel monologue, sa gorge était pour le moins sèche. Elle croisa les bras derrière son dos, tout en attendant la réaction de ses trois supérieures. Désormais, ça ne dépendait plus vraiment d’elle pour la suite.