Aussi, suite à cette conversation, je me jurais d’obtenir le pouvoir. Non pas en me comportant comme Aurélien ou Alexander en manipulant la cour pour qu’elle me soit loyale. Non. Je parviendrais à obtenir le titre d’Impératrice par mes actes et mon comportement. Je mériterais ce titre, car j’aurais démontré à tous ma valeur et pour cela je n’avais qu’un seul moyen : j’allais devoir me forger un nom et cela allait passer par le champ de bataille. Après tout, on m’avait entrainé de base pour être une guerrière, pour être capable de me protéger et de me battre. Mon éducation s’était faite durant une guerre qui n’en finissait pas et qui se rappelait sans cesse à moi par les mots de mes différents instructeurs si ce n’est de ma mère. Dès le départ, je savais que ma vie ne serait pas un long fleuve tranquille. Comme semblaient l’oublier certains membres de ma famille, mais aussi certains nobles, la survie de l’Empire n’était pas assurée tant que nos ennemis étaient là. Cette impasse dans laquelle se trouvaient les régimes galactiques ne serait pas éternelle. Elle finirait bien par prendre fin. Encore fallait-il s’y préparer ou l’initier. On m’avait élevé dans ce but d’une certaine façon et je comptais bien l’accomplir d’une manière ou d’une autre. Au diable, le cercle fermé de la cour. Au Diable, mes frères et leurs machinations. Je comptais bien faire en sorte que l’Empire survive et pour cela, j’allais devoir mériter ses rênes en agissant comme une vraie Fel devrait le faire, en trouvant des alliés et surtout en inspirant sa population.
Ce fut sur ces entrefaites que j’en vins à discuter avec ma mère. Je savais pertinemment que ma formation n’était pas finie même si j’avais beaucoup appris. Néanmoins, je ne pouvais plus ou ne voulais plus attendre. Je voulais faire ma part et participer au combat. Elle écouta les raisons qui me poussaient à me montrer aussi vindicative, mais elle ne les commenta pas. En revanche, elle accepta ma demande, mais à une condition : j’allais devoir l’accompagner. Elle en avait terminé avec l’éducation de mes frères et n’avait plus rien à leur apprendre. Ce n’était pas mon cas. Certains détails restaient à régler selon elle. Toutefois, Catherine semblait être d’accord sur un point : j’avais bien assez travaillé la théorie. Il était temps que je me mette à la pratique ! Étant donné qu’elle se rendait bien souvent sur le champ de bataille, j’aurais dès lors l’occasion de continuer mon apprentissage, mais aussi de me faire un nom si tant est que j’en fusse capable.
Chapire III: Pour l'Honneur de l'Empire"Le meilleur escrimeur du monde ne craint pas son dauphin,
il craint le pire escrimeur parce qu'il ne peut pas deviner ce que ce crétin va faire."
Deux évènements contrarièrent cependant mes plans et ceux de Catherine. Le premier me concernait. En tant que princesse impériale, tu ne seras guère surprise d’apprendre que j’avais de multiples prétendants. De nombreux nobles me faisaient la cour et espéraient obtenir ma main. Certains n’hésitaient pas à converser avec mon père à ce sujet. En tant que fin administrateur, il était celui qui avait su négocier, pour mes frères, des mariages avantageux. Il n’était nulle question de sentiment ici. Il était question de trouver un bon parti afin que cette union fortifie l’Empire, mais surtout la maison impériale. En somme, tout n’était que calcul politique. Du fait que l’un de nous trois constituait potentiellement l’héritier de la couronne, les différentes familles de l’Empire tentaient de placer leur pion afin d’obtenir la faveur impériale. Je te laisse imaginer les avantages que pouvait procurer une union avec un membre de la famille impériale. Mes frères, ayant déjà été marié, il ne restait plus qu’Hélène et moi.
Du fait de mon âge pour le moins avancé, j’étais la source de toutes les attentions désormais ce qui n’était pas sans me déplaire. Tu me connais. Je ne suis pas une personne patiente en dehors du champ de bataille. J’ai horreur que l’on tourne autour du pot et j’ai horreur de l’hypocrisie. Aussi, je dus me résoudre à conduire de nombreux nobles. Afin de mettre les choses au clair, je n’hésitais pas parfois à me montrer un peu trop persuasive si tu vois ce que je veux dire. Ces histoires de mariages et d’alliances ne m’intéressaient pas. À vrai dire, je les trouvais même futiles. Pourquoi devais-je me soucier d’un sujet aussi trivial alors que nous étions en guerre ? C’était tout simplement incompréhensible. Du moins en partie. Je n’étais pas idiote au point de ne pas saisir l’importance de ce jeu ô combien désagréable. Hadrien était disposé à m’entendre sur le sujet. Même s’il avait le fin mot dans ce domaine, il prenait soin d’écouter les desiderata de ses enfants. Il ne désirait que notre bien-être après tout. Même si ces unions ne nous enchantaient pas, il ne tenait pas à nous marier à des personnes que nous haïssions au point de vouloir les tuer.
Pour ma part, lorsqu’il en discuta avec moi, il eut bien du mal à aborder la question. J’éconduisais la plupart des hommes qui s’intéressaient à moi et je ne prenais pas la peine de creuser ce sujet. À mes yeux, à cette époque, le choix ne m’appartenait pas et comme je l’ai dit, ces questions me semblaient secondaires surtout au vu de ma récente décision. Je ne voulais pas perdre de temps avec cela. Il pouvait me marier avec qui il voulait.Cela m’importait peu. Pourtant, j’avais bel et bien des préférences, mais elles n’avaient rien à voir avec ce genre de problématique. Il s’agissait surtout d’affinités. J’aimais passer du temps avec certains officiers voire même avec l’ancien Grand Amiral, car leur carrière et leur esprit tactique me fascinaient. Je pouvais converser avec ces personnes durant des heures sans en éprouver la moindre lassitude. Pour autant, ce n’était pas pour autant que j’éprouvais une attirance physique pour eux ou que j’avais envie de passer le reste de ma vie à leurs côtés. En un sens, l’on pourrait dire qu’à cette époque-là, j’étais une personne frigide. Pour être tout à fait honnête, malgré mes hormones, je n’avais jamais réfléchi à l’aspect intime qu’induisait ce genre de questions. Je n’étais pas ignare en la matière. Juste, indifférente.
N’ayant guère été d’une grande aide sur ce sujet, Hadrien demanda à ce que l’on procède aux analyses médicales d’usage pendant qu’il réfléchissait à la question. La préparation d’un mariage impérial prenait énormément de temps. Même s’il était grand temps que l’on me trouvât un prétendant, une telle union n’aurait pas lieu avant quelques années étant donné les projets que je devais mener à terme. C’était ce qui était prévu à la base. Les résultats desdites analyses ne manquèrent pas bouleverser ses plans ainsi que mon existence. Il s’avéra que j’étais tout simplement stérile. Jamais au grand jamais je ne pourrais porter un enfant. La procréation était une chose qui m’était interdite.
La réception de cette nouvelle fut différente selon les personnes chez qui l’on s’attarde. Catherine et Hadrien semblèrent attrister de cet état de fait. La cour, quant à elle, en fit son sujet de conversation durant un court instant avant l’émergence d’une autre nouvelle encore plus explosive sur laquelle je m’attarderais plus tard. Les nobles eurent des réactions aussi diverses que nombreuses. Certains se montrèrent sincèrement compatissants, d’autres firent preuve d’hypocrisie en simulant des mines choquées. Suite à cette annonce, le flot de prétendants se tarit quelque peu. Pour certaines maisons nobles, je n’étais qu’un emballage vide. Mon accession au trône leur semblait compromise. De même, l’influence qu’ils auraient à gagner d’une princesse impériale dans l’incapacité de concevoir leur paraissait limitée. Certains, toutefois, persistèrent dans leur démarche, mais je continuais de les éconduire, mais cette fois-ci sans doute avec plus de virulence tant je n’étais pas d’humeur. Je ne te ferais pas l’affront de revenir sur ce que je pense de ma condition. J’ai fait le tour de la question précédemment. Quant à ma perception de cette nouvelle, encore aujourd’hui, j’ignore comment l’aborder.
Pour être honnête, je ne saurais pas qualifier mon état d’esprit suite à cette annonce. Comment est-on censé se sentir après avoir appris que votre corps ne vous permettrait pas de donner naissance à un enfant ? De cet évènement, je n’en retiens qu’un maelstrom d’émotions contradictoires. De l’incompréhension, du désespoir, de la tristesse, du chagrin, de la colère voire de la haine, de la souffrance. J’ai éprouvé tout ce qu’il est possible d’éprouver. Pourtant, j’essayais de donner le change, de faire comme si tout allait bien. C’était loin d’être le cas. J’avais horreur des regards, parfois empreints de pitié, que l’on me jetait. On m’assimilait à un être dont le corps était brisé et ça m’était tout bonnement insupportable. Cette étiquette me restait en travers de la gorge. L’on tenta, bien entendu, de me faire parler auprès d’un professionnel, mais je m’y refusais. J’avais le sentiment de perdre pied. J’avais l’impression que l’on m’avait tout pris. Comme d’autres, je pensais que je n’étais plus capable d’assurer l’héritage de l’Empire. Mon objectif se retrouvait sapé par quelque chose sur lequel je n’avais encore une fois aucune maitrise. À l’instar de la tentative d’assassinat qui m’avait prise pour cible, j’étais impuissante. J’avais horreur de cela. Ironiquement, je trouvais du réconfort auprès de la personne la moins expressive de mon univers : Aldéring. Elle m’écouta, mais surtout elle m’offrit un moyen d’exécuter une véritable catharsis en me proposant un duel.
Cette nouvelle, qui fit également la une des holo de la galaxie, poussa Hadrien à prendre une décision à laquelle je ne m’attendais pas. Même si je n’étais pas capable de donner naissance à un enfant, il confirma, auprès de la cour, que je demeurais l’un des potentiels successeurs. Certains Moffs protestèrent au regard de ma stérilité, mais il souligna que si jamais je devenais Impératrice, il me faudrait procéder à un choix parmi les enfants de mes frères et de ma sœur lorsque l’heure viendra de choisir à mon tour un digne successeur. Qui plus est, il mit en avant le fait qu’un remède à ma condition pouvait être trouvé à l’instar de ce qui était arrivé à l’une des dernières Reines-Mères de la dynastie Djo. Mon père alla même plus loin ! Au cours de cette même annonce, il souligna que le choix de mon conjoint n’appartenait qu’à moi. À défaut d’éprouver la liesse de devenir parent et de donner la vie, il pensait qu’il était bien normal que je puisse être heureuse malgré tout. Cet édit ne fut pas au gout des plus traditionalistes, mais il n’en avait cure. J’avais déjà bien assez souffert. M’imposer un mariage dont je savais pertinemment qu’il ne donnerait rien, serait absurde et ne ferait que me rappeler ma condition. Cet acte ne me réconforta guère, mais il eut le mérite de me soulager quelque peu. Ce n’est véritablement qu’aujourd’hui que je me rends compte à quel point il m’a rendu service. Sans cela, je n’aurais sans doute jamais fait ta connaissance.
Cette « découverte » eut des répercussions insoupçonnées. Par mesure de précaution, des analyses assez poussées avaient été menées chez Hélène. Elles rapportèrent qu’elle était en bonne santé, en plus d’être fertile, mais surtout qu’elle n’était pas la fille d’Hadrien. En clair, elle était une bâtarde. Cette nouvelle fit grand bruit au sein de l’Empire. La cour impériale fut choquée et mon père tout simplement estomaqué. Catherine, pour sa part, demeura imperturbable même si je crus voir une faille dans son armure. Elle ne chercha pas à nier les résultats. Comme l’on se serait attendu à une telle conduite de sa part, elle a assumé ses actes ce qui lui a couté très cher. Suite à de nombreuses tractations dont je n’évoquerais pas la nature, il fut décidé qu’elle devrait abdiquer une fois que ma formation serait terminée. Étant donné la nature de ce scandale, c’était le choix le plus judicieux. Tant qu’elle serait à mes côtés, elle pourrait commander des troupes et se rendre sur le champ de bataille. En revanche, en dehors de cela, elle n’exercerait plus la moindre fonction. Elle était tout simplement mise à pied. Hadrien était désormais le seul à régner dans l’espace impérial.
Malgré tout, il reconnut Hélène comme sa fille. Même si aucun lien sanguin ne la reliait à elle, il l’aimait profondément. Par bien des aspects, je me dis que c’était sans doute sa préférée. La cour ne se montra pas aussi complaisante que ce soit envers Catherine ou envers celle qui était, désormais, ma demi-sœur. Sur son sillage, il n’était pas rare d’entendre des mots pour le moins injurieux tels que bâtarde ou encore, dans le cas de ma mère, de coureuse de Star Destroyer. À titre personnel, cette révélation ne changea pas la nature de mes rapports avec les membres incriminés de ma famille. Je n’étais pas la personne la plus appropriée pour les réconforter ou écouter leurs griefs. J’avais déjà du mal à digérer une certaine nouvelle et n’étais pas vraiment à l’aise avec mes propres émotions. Néanmoins, j’essayais d’être présente. Quoi qu’on en dise, à mes yeux Catherine et Hélène demeuraient des membres de ma famille que j’appréciais. Je te prierais d’ailleurs de ne rien révéler à la Kuati, elle en ferait tout un fromage. Déjà qu’elle n’a de cesse de me rappeler mon acte lors de ce fameux évènement…
Je suppose que tu as du en entendre parler. Suite à une remarque pour le moins injurieuse envers Hélène, de la part de l’unique descendant de la famille Trump, j’ai donné un soufflet à cet impudent. Ce geste estomaqua tout le monde. Qui aurait pu croire qu’une adolescente de 16 ans, princesse impériale de surcroit, irait, dans un accès de colère, provoquer en duel le descendant d’une des maisons nobles les plus importantes de l’Empire ? Pourtant, c’est ce que je fis en proclamant haut et fort que je comptais bien le combattre en personne. On tenta, bien évidemment, de m’en dissuader. En vain. J’avais fait mon choix. Je ne comptais pas revenir dessus. Il avait offensé des membres de ma famille. J’étais dans mon droit. Au diable, le protocole, la bienséance et le sens des convenances. Il avait franchi une ligne. Il devait en payer le prix. Une partie de la noblesse traditionaliste fut scandalisée par ma conduite. Cela ne me fit ni chaud ni froid. Je savais qu’en agissant ainsi, je me passais de l’appui d’un nombre négligeable de famille, mais je n’en avais cure. Ce n’était pas en me reposant sur une quelconque alliance, que je parviendrais à hériter du titre d’Impératrice.
L’offensé avait le choix de la date, du lieu et des armes. Celui-ci opta pour un duel au pistolet dans l’Allée des Reines dans un mois. Toutefois, étant donné que nous ne trouvions pas d’accord, cette rencontre se conclurait au premier sang versé. Le choix de l’arme ne m’étonna pas en revanche. Faire le choix de l’escrime aurait été idiot tant cela m’aurait donné l’avantage. Celle du pistolet était bien plus pertinente en revanche. Contrairement à la plupart des armes de poing en vigueur dans les armées galactiques, les armes employées durant un duel étaient bien plus lourdes et bénéficiaient d’une précision bien plus hasardeuse. Elles n’étaient efficaces qu’à courte distance également. Malgré mes années d’entrainement, je n’avais jamais eu une telle arme entre les mains. Aussi, durant le mois qui s’écoula et durant lequel Catherine et Hadrien durent régler leur différend, je m’entrainais dans la salle d’armes du palais impérial afin de maitriser ladite arme, ce qui n’était pas bien difficile une fois que l’on s’habituait à son poids et à sa précision pour le moins hasardeuse.
Le jour du duel finit par arriver. De nombreux nobles ainsi que quelques citoyens impériaux étaient présents afin d’assister au combat. Des Stormtroopers étaient également là ainsi que des chevaliers impériaux afin d’assurer la sécurité des lieux. Nul ne devait intervenir au cours de cette rencontre. Il en allait de l’honneur des participants. Tout comme mon opposant, j’avais à ma disposition deux témoins. Nous fûmes réunis au centre de l’Allée par l’arbitre qui n’était autre qu’un Chiss. Il fallait, après tout, que ce duel soit impartial. Il nous demanda, comme la coutume le lui obligeait, si notre litige était résolu. Je lui répondis par la négative malgré le regard quelque peu suppliant que me lançait l’héritier de la famille Trump. Il n’était guère dans son assiette et semblait redouter le pire. Ce duel n’était pourtant pas à mort. Il n’avait donc rien à craindre, pour mon plus grand désespoir. Toutefois, la simple idée de devoir affronter quelqu’un par ses propres moyens semblait le terrifier à tel point qu’il suait à grosses gouttes. L’ignorant délibérément, je laissais mes témoins et les siens examiner les armes qui seraient utilisées durant ce combat. Elles étaient en état de fonctionnement. Nous pouvions donc nous battre.
Une fois les armes en notre possession, l’arbitre nous demanda de nous tenir dos à dos puis nous rappela les conditions d’engagement. Nous devions effectuer dix pas, qu’il compterait lui-même, puis nous retourner avant de pouvoir ouvrir le feu. Si le sang n’avait pas été versé ou qu’aucun participant n’était mort, il demanderait une nouvelle fois si les deux partis voulaient continuer ou non. Si oui, nous faisions dix pas de plus et recommencions. Dans le cas inverse, le duel prenait fin. Le Chiss nous laissa quelques minutes, le temps de vérifier que tout fut en ordre. Un silence de plomb régnait dans l’Allée des reines. Le public attendait, non sans une certaine impatience, le résultat de ce match qui avait été la source de nombreux paris au sein de la cour impériale. Étant donné que j’étais une personnalité, il était même retransmis en holo. Cela n’était pas sans me navrer, mais, hélas, je n’avais pu empêcher cela. C’était bien la première fois qu’un membre aussi jeune de la maison impériale décidait de participer à un duel.
Je te mentirais en te disant que je n’éprouvais pas un peu de stress. Je savais que ce duel n’était pas un combat à mort. Toutefois, quantité de points pouvaient mal tourner. Nous allions nous affronter par le biais d’armes létales. Un risque demeurait. Qui plus est, j’éprouvais une certaine forme d’appréhension, car j’avais peur de perdre. Une défaite face à un personnage aussi peu reluisant et aussi couard condamnerait sans nul doute mes aspirations, mais surtout une défaite signifierait qu’il avait eu raison de se comporter ainsi. Je ne pouvais pas laisser passer ça. Je devais absolument gagner, pour moi, pour ma sœur et pour ma mère. Une froide détermination m’animait dès lors. Ainsi, je n’hésitais pas ni ne flanchais lorsqu’à l’issue de ces quelques minutes d’attente, l’arbitre décréta le début du duel et compta le nombre de pas que nous effectuions.
Concentrée sur la tâche qui m’attendait, je fus quelque peu surprise de ressentir, alors que nous n’avions fait que 7 pas, une douleur sourde à mon épaule gauche. J’entendis également au même moment des hurlements de protestation au même instant. Mon esprit, focalisé sur le combat, comprit aussitôt de quoi il en retournait. Mon adversaire avait paniqué et avait brisé les règles d’engagement en me tirant dans le dos avant d’avoir effectué 10 pas. L’heure n’était pas aux considérations politiques, mais à ma propre survie. Ainsi, sans perdre une seule seconde, je me retournais également, pointais mon arme vers son cœur et ouvrais le feu une première fois, puis une seconde fois tout en me rapprochant de lui, avant qu’il ne puisse faire de même. Dans un coin de mon esprit, je notais que l’arbitre avait, lui aussi, sorti son arme et avait ouvert le feu sur lui. Alors qu’il lui restait encore un souffle de vie et qu’il était à genoux devant moi, je le toisais du regard et n’hésitais pas à appuyer sur la gâchette, une ultime fois, sans éprouver la moindre hésitation. Devant toute la cour et une partie de la population de Bastion, pour son geste, je n’avais pas hésité à l’abattre tel le chien qu’il était. J’étais dans mon droit même si je n’y trouvais aucune forme de satisfaction. À vrai dire, la lâcheté de son acte avait provoqué mon ire. Je n'étais pas folle furieuse, non, mais plus dangereuse encore, car le "tueur" en moi avait pris les commandes, avec sa logique inhumaine plus cruelle qu'un hiver de la planète Hoth.
Des chevaliers Impériaux, ma famille ainsi que l’arbitre vinrent s’enquérir de ma santé. Après tout, j’avais été blessée. Mue par l’adrénaline, la douleur que j’avais ressentie sur le coup avait été quelque peu atténuée. Mais, celle-ci se rappelait désormais à mon bon souvenir lorsque je constatais la gravité de la blessure. Elle n’était pas mortelle, mais par son tir avait réussi à toucher l’os. L’odeur de chair brulée ainsi que le côté impacté par cette blessure me rappelèrent certains souvenirs que j’aurais préféré oublier, alimentant ainsi une nouvelle fois le brasier qu’était ma colère. Alors que l’on m’emmenait à l’intérieur du palais afin de me soigner, des journalistes tentèrent de m’interroger afin de connaitre mon état d’esprit suite à ce duel pour le moins rocambolesque. Sans grand succès. Bien qu’étant prête à faire une allocution, Catherine jugeât que ce n’était ni l’heure ni le moment pour moi de commenter ce qu’il venait de se passer. Elle notait très clairement par le biais de mon regard, quelle fureur animait mon esprit. Si j’avais pris la parole dans cet état, j’ignore quelles auraient pu être les répercussions tant la colère obscurcissait mon jugement.
Ainsi pendant un peu plus d’une semaine, on me força à prendre du repos le temps que mon épaule guérisse complètement et que je puisse, enfin, rejoindre le front pour ce qui serait les dernières expéditions menées par ma mère. Bien entendu, ma sœur me remercia pour mon geste. Mes proches quant à eux me reprochèrent mon manque de prudence. Les Chevaliers Impériaux avaient failli avoir une syncope alors que cet homme qui était l’ultime héritier de la maison Trump essayait de m’assassiner sous leurs yeux. Comme tu le sais, mon comportement n’a pas changé depuis et continue de donner des cheveux blancs à mon service de sécurité. La fortune de la maison Trump quant à elle fut reversée, à ma demande, à l’établissement qui s’occupait des soins des invalides de nos armées. L’héritier Trump n’avait pas été digne de sa fortune et de son rang. En revanche, nos soldats, par leurs sacrifices, avaient mérité les meilleurs soins de la part de la Nation. C’était là, la bien moindre des choses, que nous pouvions faire en leur honneur.
Une fois remise d’aplomb, je pus enfin partir sur le front en compagnie de Catherine, laissant ainsi derrière moi la cour impériale et ses scandales. Ce n’était pas sans me réjouir au vu des derniers évènements. Je n’éprouvais guère l’envie d’entendre les commentaires insipides d’une partie de la noblesse qui ne tolérait ni l’ascendance de ma sœur ni mes actes. Qui plus est, j’avais d’autres chats à fouetter. Je ne nierais pas avoir éprouvé une certaine excitation. Après toutes ces années de formation et d’entrainement, j’allais pouvoir prouver ma valeur. Mieux encore ! J’allais prendre ma revanche sur ceux qui, jadis, avaient tenté de m’assassiner. En un sens, l’on pourrait dire que je suis partie la fleur au fusil. Même si je n’en laissais rien paraitre, ma tête était pleine de rêves de gloire et de conquête. Croyais-je que ma simple présence renverserait le cours de cette guerre ? Sans doute pas, je n’avais pas et n’ai toujours pas cette prétention quand bien même je parviendrais à faire plier cette galaxie. Peut-être me comportais-je ainsi à cause de l’éducation que m’avait prodiguée Aldering pendant toutes ces années. Il est vrai que la perspective d’un combat, ou devrais-je dire d’un duel, est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à une Echani. Après tout, on avait voulu faire de moi, en premier lieu, une guerrière.
Je n’aurais sans doute pas pu me tromper plus lourdement. Au moment précis où l’on est confronté pour de bon au devoir et à la mort, on se retrouve seul. Et cela, comme tu le sais si bien, c’est un instant auquel aucun entrainement ni aucun professeur ne peut vous préparer. Le tout est alors de réussir à faire taire sa peur et ses appréhensions et de compter sur le soutien de ses camarades. Au-delà même du régime ou des rêves pour lesquels nous nous battons, une jeune recrue, telle que moi à cette époque, découvre que l’on combat pour deux raisons. La première est très simple : en tant que soldat, on tente de défendre ses camarades avant tout. La seconde en revanche est inhérente à la guerre et au genre humain : l’ennemi a tout autant envie de vivre que nous et, à notre instar, le moyen pour lui d’y arriver consiste à tuer ceux qui s’efforcent de l’éliminer. Autrement dire nous. Mieux encore, le front m’a permis de me décrasser l’esprit, une bonne fois pour toutes, si je puis dire. Au fin fond d’une tranchée, dans la boue et le froid, les privilèges ont bien peu d’importance. Ils paraissent même futiles. Pourquoi vouloir faire jouer son rang dans une telle situation ? Même aujourd’hui, en tant qu’Impératrice, je suis dans l’incapacité de comprendre une telle conduite.
Comme tu le sais, de 16 à 19 ans, je fus affectée sous le commandement de ma mère à bord d’un Star Destroyer. Notre mission était simple : patrouiller le long des frontières impériales et intervenir en cas de nécessité. Il n’était nullement question de relancer la guerre par une offensive de grand style. Du moins pas pour l’instant. Le but de cette mission était double : d’un côté, nous rappelions à nos ennemis notre présence. De l’autre, ces conflits de basse intensité, par leur diversité, devaient me permettre d’achever ma formation une bonne fois pour toutes. De même, cette affectation était un moyen pour moi de me démarquer, de prouver ce dont j’étais capable aux yeux de tous. Comment pouvais-je espérer devenir Impératrice et Commandeur Suprême des forces impériales si je ne le méritais ? Comment pouvais-je prétendre diriger les armées impériales si je m’évertuais à me cacher derrière eux ? C’était tout bonnement impensable. À défaut de bénéficier des mêmes atouts que mes frères, je comptais, comme je te l’ai dit mériter mon rang et mon poste.
Aussi est-ce moi qui ai explicitement demandé à Catherine d’être traité comme n’importe quel membre d’équipage. Les chevaliers impériaux pouvaient toujours me surveiller, mais il était hors de question que je pusse acquérir une quelconque forme de commandement ou de titre sans avoir démontré que je le méritais. Malgré mon nom, je n’étais qu’un soldat parmi tant d’autres. Rien de plus. Mère comprit, bien évidemment, les raisons qui me poussaient à agir de la sorte. Elle me donna aussitôt son consentement, me laissant ainsi prendre place parmi les hommes du rang. J’ignore quelle fut ta réaction à cet instant précis, mais je me souviens très clairement du nombre de personnes qui furent surprises de voir un membre de la famille impériale établir ses quartiers dans un dortoir.
À vrai dire, cela fut sans doute perçu comme une attraction je suppute. Certains ne voyaient dans ce comportement qu’une jeune fille en train de jouer au soldat. Si seulement, ils savaient à quel point ils se trompaient. À l’instar de n’importe quel membre d’équipage, j’ai pris mes tours de garde et ai réalisé mes corvées du mieux que je le pouvais. Étant une noble, je dois reconnaitre que mon acclimatation fut quelque peu difficile au début. Après tout, j’étais habitué à ce que tout me soit servi sur un plateau. Aussi, fallait-il que j’apprenne les comportements les plus simples. Cela doit te faire sourire, j’imagine. Rien que faire mon lit au carré fut une épreuve ! Je ne te parlerais pas non plus des corvées en cuisine. Ma première rencontre entre une pomme de terre et un épluche-légume fut mémorable. J’en viens encore à me demander comment je suis parvenue à ne pas me délester de mes doigts durant cette simple opération qui nécessita toute ma concentration !
Petit à petit, malgré l’étrangeté d’un tel comportement, je sus me faire une place au sein de l’équipage de ce vaisseau. Malgré mon nom, je mangeais en leur compagnie, je dormais avec eux et mieux encore, je me douchais parmi eux. Obtenir le respect de l’équipage fut par contre une autre paire de manches. En un sens, l’on aurait pu dire que je souffrais de la comparaison avec Catherine qui était présente à bord. Elle les fascinait et c’était bien normal au regard de ses exploits. D’ailleurs, elle supervisa en personne mon entrainement. Il n’était pas rare que nous nous battions au sabre-laser dans la salle de gymnastique du vaisseau. Quand bien même, je savais utiliser mon arme, il me restait beaucoup à apprendre. Si je voulais espérer me mesurer à des maîtres Jedi ou à Darth Ankh, il fallait que je sois en mesure de battre ma propre mère ce qui me prit quelques années. Elle profita aussi du temps libre que nous offraient certaines de nos patrouilles pour façonner ou parfaire mon esprit tactique. Cela passait autant par des conversations que par des simulations voire même de simples parties d’échecs. Elle profita de ses moments pour me donner des conseils, mais aussi m’enseigner ce que son expérience lui avait appris, parfois à ses dépens.
Ces séances, que je trouvais pour le moins stimulantes, lui permirent aussi de s’attarder sur un point de mon caractère qui lui posait problème et dont elle avait connaissance grâce à Aldéring. Comme tu le sais, j’adore me battre. Or, cet amour pour l’art de la guerre peut s’avérer être une tare chez un commandant. Il est normal de s’extasier de la compétence de ses ennemies. Mais en aucun cas, je ne devais, selon elle, laisser mon amour du combat prendre le pas sur ma raison. À moins qu’un combat ne concerne que ma seule personne et que l’Empire ne soit pas en danger, je ne devais pas mener, durant des heures entières en tant que commandant, un duel ou une joute avec une force ennemie sous prétexte qu’elle était talentueuse et que j’y prenais, par conséquent du plaisir. Se conduire ainsi était une erreur si ce n’est une bêtise innommable. En tant qu’officiers, nous devions veiller à ne pas gaspiller la vie de nos soldats inutilement. De même, il était préférable d’économiser ses ressources pour des raisons évidentes. Comme elle me l’avait affirmé jadis : les tacticiens ont, bien souvent, une nature incorrigible. Or, malheureusement, cela semble être aussi mon cas. Même si ma nature profonde ne pouvait être changée, elle sut l’altérer quelque peu afin de m’empêcher de commettre l’irréparable. Je l’en remercie pour cela. Mais si tu savais à quel point je regrette de ne pas pouvoir laisser ma véritable nature s’exprimer. Tu es la seule personne à pouvoir comprendre ce que je ressens. Si je n’avais pas toutes ses obligations envers la Couronne Impériale et si la population galactique n’était pas aussi obtuse d’esprit, j’aurais tant aimé mener une croisade glorieuse, qui resterait dans les Annales de l’Empire contre des ennemis talentueux. L’issue m’importe peu. La simple possibilité d’un tel duel, d’une telle joute entre militaires ou guerriers appréciant l’art de la guerre m’emplit de liesse. Hélas, la vie n’est pas aussi simple… Enfin, je m’éloigne du sujet.
Te faire le récit des postes que j’ai occupés durant ces trois années, ainsi que les combats que j’ai menés ne seraient guère intéressants. Tu étais à mes côtés tout du long. Tu ne connais que trop bien les enfers que nous avons dû parcourir durant ce laps de temps. Il est vrai que ma première bataille terrestre fut particulière étant donné que je n’avais pas encore de grade. Je n’étais qu’un simple soldat qui devait respect et obéissance à ses supérieurs hiérarchiques. Étant donné la compétence de la 501e légion, je n’eus aucun problème de ce côté-là, ou du moins presque aucun problème. J’ai encore le souvenir lors de mon premier déploiement d’une personne quelque peu particulière. J’ignore si tu t’en souviens encore. Il s’agissait d’une femme aux cheveux blancs qui passait sa vie en première ligne et qui n’était jamais en manque d’idée dès qu’il s’agissait de faire du bruit. Ne faisons pas mention de son côté grande-gueule. Tu ne vois pas de qui je parle. Cette femme était une vraie tête brulée et insistait toujours pour que chacune des actions de son escouade soit à la fois spectaculaire, esthétique et surtout bruyante. Et dire que Catherine m’avait placé entre ses mains sous prétexte qu’elle était Echani. Croyait-elle vraiment que j’allais pouvoir m’entendre avec une telle personne sous prétexte qu’un membre de ce peuple fier et noble avait été, pour moi, une sorte de seconde mère ? Je l’ignore.
En revanche, ce dont je me souviens très clairement, ce fut la nature même de nos rapports au début. Dire que nous n’éprouvions aucune forme d’affection l’une envers l’autre serait sans doute un euphémisme tant la relation que j’entretenais avec cette fameuse personne, dont je tairais le nom par politesse, était pour le moins orageuse. Elle me voyait sans doute comme un fardeau alors que, sous bien des aspects, je la considérais comme étant une personne têtue incapable de faire preuve de bon sens. Ce fut une relation quelque peu compliquée, dans laquelle je n’avais pas mon mot à dire, car, malheureusement, cet être avait un grade supérieur au mien. Ainsi au cours de multiples engagements sur le terrain, je dus la suivre, elle et son escouade sur le front. J’admets avoir été quelque peu déstabilisée lors de notre premier débarquement. Malgré tous les cours que l’on peut recevoir à l’Académie, aucun ne vous prépare à prendre place dans un bus qui doit rentrer dans une atmosphère saturée par des tirs de DCA. Et encore, c’est sans compter sur les troupes ennemies qui vous attendent de pied ferme, parfois, à l’endroit où vous atterrissez. Toutefois, je n’étais pas à plaindre. Contrairement à vous autres Stormtroopers, je bénéficiais d’un avantage non négligeable : mon sabre-laser. Aussi, m’étais-je placée en première ligne afin de défendre ladite escouade pendant que celle-ci débarquait. Cette tâche ne fut guère aisée au regard des forces en présence, mais nous pûmes sortir du vaisseau et riposter.
Ce baptême du feu se passa très bien. Certes, nous eûmes des pertes, mais nous en sortîmes victorieux. J’admets ne pas me souvenir avec précision de chaque élément de cet engagement. Tout était encore si nouveau pour moi. J’étais restée concentrée tout du long et avait fait ce que l’on m’avait ordonné même si je ne partageais pas le gout de ma supérieure pour ses solutions parfois explosives. Parfois, elle n’hésitait pas à se mettre délibérément en danger pour accomplir son objectif. En soi, cela aurait pu être louable. Mais ici, ce n’était pas le cas. En effet, je me souviens très bien qu’un bombardement orbital aurait été largement suffisant pour régler le problème. Hélas, elle écarta cette option en prétextant une excuse douteuse. Ce ne fut d’ailleurs pas la seule occurrence où ce problème s’est posé. Cette Echani ne semblait pas accepter l’idée que la flotte pouvait intervenir et nous ôter parfois une épine du pied. Tactiquement, cela aurait été la meilleure solution. Je n’en démords pas !
Au-delà de cette situation abracadabrantesque, cette tête brulée était compétente malgré tout. Pire, nous avions de nombreuses valeurs en communs. En certaines occurrences, je crois même que nous en venions à jouer à un jeu dangereux sur le champ de bataille. Nous ne comptions pas le nombre de morts. Non. Cela aurait été faire preuve de mauvais gout et aurait entretenu une compétition qui tôt ou tard aurait conduit l’une d’entre nous à la mort. De manière inconsciente, je suppute que nous étions si absorbés par cet art sublime qu’est celui de la guerre, que nous nous disputions la première ligne. Il est vrai que je n’ai jamais aimé être derrière mes soldats. À mes yeux, un dirigeant se doit de montrer sa poitrine à ses ennemis et son dos à ses alliés. Aussi, j’avais pour coutume de prendre l’initiative en me servant notamment de l’avantage certain que me procurait mon sabre-laser. Pourtant, d’une manière ou d’une autre, cette Echani parvenait toujours à me ravir cette place !
Nous étions vraiment deux têtes brulées un brin trop audacieuses. Et nous avons fini par le payer, hélas. Quoi qu’il en soit, malgré mes réserves, j’ai fini par respecter les compétences de ma supérieure hiérarchique et ait définitivement beaucoup appris grâce à elle. Encore aujourd’hui, je remettrais ma vie entre ses mains sans éprouver la moindre hésitation. Qui plus est, même si je ne lui ai jamais dit en face, elle est bien plus capable que moi dès qu’il est question de mener des hommes au combat lors d’un engagement terrestre. Pour cette raison, je n’hésitais pas, même aujourd’hui, à me mettre sous son commandement malgré mon rang. L’art de la guerre terrestre est un domaine dans lequel j’éprouve de nombreuses difficultés à cause de la nature même du terrain. L’espace offre bien plus de flexibilité. Crois-moi. Enfin, le fait est qu’il s’agit d’une personne plus douée que je ne le saurais jamais dans ce champ d’expertise à tel point que me passer d’elle sur le Front serait comme m’amputer d’un bras.
"
Plus grand est l'obstacle, et plus grande est la gloire de le surmonter."
J’ai tout de même su me faire un nom sur le champ de bataille, que ce soit par mon comportement ou bien par mes faits d’armes. Ce sont ces derniers, ainsi que les risques que je prenais pour mes camarades, qui m’ont sans aucun doute permis d’obtenir leur respect. Si je devais parler de mes exploits, je n’en choisirais que deux. Après tout, tu les as tous connus, mais ceux que j’ai en tête ont une résonnance particulière. L’un constitue ma toute première action prestigieuse. Je me demande si tu t’en souviens encore, tant je m’étais montrée un brin trop audacieuse ce jour-là. Enfin, rien à la base ne me prédestinait à me couvrir de gloire me diras-tu. Bien que le nom de l’astre sur lequel s’est joué ce combat ne me revienne plus, je me souviens très clairement que notre débarquement sur la planète fut quelque peu difficile à tel point que l’on a dû passer la moitié de la nuit à se regrouper. Ce fut tout sauf une partie de plaisir ! J’en viens encore à me demander quel idiot avait supervisé notre « parachutage ».
Le fait est qu’une fois réunie, Catherine nous a fait savoir par le biais d’un intermédiaire que des batteries de turbolaser bombardaient certaines de nos positions au point que nos troupes ne pouvaient avancer. Nous avions pour mission de détruire ces armes. Cependant, nous avions un problème de taille : nous n’avions aucun autre renseignement. Nous allions devoir nous débrouiller par nous-mêmes. Afin de ne pas mettre en danger l’escouade et au regard de certaines de mes capacités, je me portais volontaire pour effectuer une reconnaissance qui porta ses fruits. Nos ennemis, qui n’étaient nul autre que des troupes du Consortium, s’étaient installés non loin d’un manoir et avaient su aménager une véritable position défensive. Les batteries, pour leur part, étaient derrière des haies. En soi, ce n’était guère un problème sauf si l’on comptait les effectifs qui composaient cette base. Nous avions une vingtaine d’hommes alors qu’en face ils en comptaient 60. Gagner semblait impensable. Et pourtant, nous devions le faire ! À vrai dire, nous n’avions pas le choix. Ma mère comptait sur nous.
Pour prendre une telle position, il allait falloir se montrer rapide et surtout jouer sur l’effet de surprise. Et j’avais une petite idée derrière la tête. Après tout, étant sensible à la Force, je n’étais pas soumise aux mêmes limitations physiques que mes camarades. Je demandais donc à prendre le commandement pour cette occasion, ce qui ne te posa aucun problème. Malgré ton grade, tu avais tendance à écouter tes subordonnées et au vu de la confiance qui émanait de moi en cet instant, sans compter les divers arguments qui faisaient de moi la personne la plus capable en ces circonstances, tu acceptas. J’ordonnais alors à la troupe de se placer au sud de l’objectif afin de se rapprocher un maximum de ces haies pour bénéficier d’un meilleur angle de vue sur la position ennemie. De là, nous pûmes constater la présence de 4 turbolasers situés à l’est, mais aussi de mitrailleuses, à l’ouest qui défendait notre objectif. Cela n’allait pas rendre notre opération plus facile, loin de là.
Nous allions devoir non seulement les submerger, mais aussi leur donner l’impression d’être encerclés. J’ordonnais le déploiement de deux de nos E-Web, en face de la haie où étaient posés les canons et demandais à d’autres hommes de se placer au nord de cette position pour pouvoir être mesure d’arroser le secteur. Pendant ce temps, d’autres soldats devaient s’approcher du nid de mitrailleuses le plus excentré afin de le prendre, mais aussi d’avoir accès au réseau de tranchées en plus d’une zone de couverture supplémentaire. Mes pions étaient désormais en place. La partie avait pu dès lors commencer. Un feu nourri s’abattit sur nos ennemies pendant que nous longions la zone où se situaient nos E-Webs. Puis, dans un accès de folie pourrait-on dire, je menais la charge en traversant la zone à découvert en face des canons pour pouvoir m’introduire dans la tranchée. Je dois reconnaitre que l’art du Soresu ainsi que mes talents dans la Force furent bien pratiques ce jour-là. Cela me sauva sans doute la vie et permit aussi aux troupes qui me suivaient d’atteindre la tranchée en vie.
Commença alors la réalisation de notre objectif. Nous n’eûmes aucun problème pour submerger les troupes du Consortium qui se replièrent aussitôt sur le second turbolaser, nous laissant ainsi l’opportunité de détruire le premier. Ne perdant guère de temps, et ce alors que nos adversaires ripostaient depuis leurs positions de mitrailleuses et grâce au second tubolaser, je progressais dans la tranchée et fis ce que j’avais à faire. Bien que l’espace fût réduit, je pouvais me défendre aisément, ce qui ne laissait aucune chance à ces suppôts de la Reine Eternelle. Nous parvînmes, ainsi, au second canon où, si mes souvenirs ne me trompent pas, tu découvris une carte répertoriant l’emplacement de toutes les batteries d’artillerie positionnées dans la région, ce qui après coup, nous fut fort utile ! Je demandais à nos E-Web de nous rejoindre dans la tranchée afin d’ouvrir le feu sur les mitrailleuses ennemies restantes. Nous ne pouvions laisser le temps à l’ennemi de pouvoir se ressaisir. Il fallait continuer notre assaut coute que coute ! Aussi, je menais de nouveau la charge de manière similaire vers le troisième canon, que nous parvînmes à détruire. Le Quatrième canon, quant à lui, fut détruit par tes soins. Tu n’hésitas pas une seule seconde à t’exposer avec tes hommes au feu ennemi afin de détruire le quatrième canon. J’ignore encore par quel miracle tu as survécu ! Mais tu y es parvenue ! Notre mission fut accomplie. Je pus même « montée en grade » en quelque sorte… Malheureusement, cet exploit s’assortit d’un tir perdu qui me prit totalement par surprise et heurta mon pied. La douleur que je ressentis est sans doute impossible à décrire, mais pour la première fois de ma vie, je ne manquais pas de jurer, n’hésitant pas à faire appel à d’autres langues, ce qui ne manqua pas de tenir mon auditoire totalement coi. Le fou rire qui s’ensuivit ne fut pas à mon gout étant donné le mal de chien que je ressentais, mais du fait qu’il s’agissait d’une blessure assez secondaire, il y avait eu plus de peur que de mal. Tu pris soin, bien évidemment de convoquer un infirmier pour me soigner. Le pauvre, il fut la cible de mon ire tant retirer ma botte pour traiter la blessure fut délicat. Quoi qu’il en soit ce succès me permit d’acquérir ton respect, ainsi que celui de tes troupes. Mieux, je pus commencer à me forger un nom !
La seconde occurrence qui me vient à l’esprit fut en soi une importante leçon. Elle fut la preuve que l’on pouvait obtenir une victoire stratégique tout en ayant une défaite tactique. Cette leçon fut quelque peu difficile à accepter tant tu sais à quel point, je désire remporter toutes mes batailles. Le gout de la défaite m’est totalement insupportable même si elle parvient à nous octroyer la victoire. Parfois, je me demande si en ces circonstances, j’aurais pu faire mieux, si en procédant d’une tout autre manière, j’aurais pu obtenir la victoire. En cette occasion, tu ne fus d’ailleurs pas à mes côtés, malheureusement ou du moins pas totalement. Tu étais située sur un autre point de la planète si je ne me trompe pas.
"
La Garde meurt mais ne se rend pas."
Alors que j’atteignais mes 18 ans nous mire le cap pour un planétoïde républicain qui était situé non loin de Commenor. Cet astre, aride, qui tenait plus d’une lune qu’autre chose contenait une garnison avancée que nous avions pour ordre d’anéantir. De par sa proximité avec notre frontière, nous n’avions pas besoin de mener une offensive à grande échelle. Nous ne devions attaquer qu’une base secondaire après tout. Pourtant, cette zone allait s’avérer être un véritable enfer. Afin de ne pas alerter nos ennemis, nous dûmes procéder avec de multiples précautions et prendre des voies hyperspatiales bien plus dangereuses. Mais finalement, nous y parvînmes ! Le but de cette opération était d’éradiquer toute présence républicaine. Il fallait envoyer un message fort aux rebelles : nous ne dormions pas sur nos lauriers et nous ne laisserons pas nos mondes être menacés par cette vermine.
Une fois, en orbite autour de cet endroit, je montais à bord d’une navette dans laquelle se trouvaient plusieurs hommes. La pénétration dans l’atmosphère de la « planète » ne se fit pas sans heurts pour la simple et bonne raison que les soldats clones de cette pathétique rébellion avaient anticipé notre arrivée et avaient décidé de nous accueillir à coup de tirs de DCA. Ces tirs, en plus de causer, la destruction de plusieurs navettes, en endommagea sérieusement plusieurs, dont la mienne qui alla s’écraser dans le désert. Bien évidemment, j’ordonnais, alors que nous nous écrasions, que toutes les navettes s’écrasant dans les alentours me rejoignent à une position que j’avais repérée et qui ressemblait à une plaine dotée d’une oasis.
Une fois remise du crash, je rassemblais mes hommes ainsi que le matériel et les véhicules utilisables afin de les déplacer à l’endroit convenu ce qui ne se fit pas sans mal au vu des conditions locales, mais nous y parvînmes dans la nuit. Nous fûmes, bien évidemment, rejoints par d’autres hommes qui avaient décidé de nous imiter et nous dûmes, également, tuer les quelques patrouilles clones qui avaient été envoyés à notre rencontre.
Au vu de notre position, qui était située en plein territoire ennemi, j’ordonnais à mes troupes de prendre position. Du fait que la zone, dans laquelle nous nous trouvions, ne disposait pas d’obstacles naturels si ce n’était quelques dunes et les restes de ce qui devait être un village abandonné, je divisais mes hommes en trois bataillons et notre position en trois secteurs. Le 1er bataillon s’occupait de la façade Est, le troisième formait la réserve, et ce, car il était composé de canons et de véhicules. Le dernier bataillon pour sa part devait défendre la façade Ouest. J’ordonnais, également, que l’on dispose un marais de mine tout autour de notre position, et ce afin d’être sûre de ralentir l’ennemi. Enfin, j’ordonnais aux hommes de creuser au pic et à la barre à mines, dans le sol, des abris à un mètre de profondeur et tout un réseau de tranchées afin de mettre quelque peu à l’abri mes hommes, mais également notre matériel. Je participais, à l’effort bien évidemment. Ce ne fut guère une partie de plaisir, crois-moi !
...puis nous dûmes attendre...attendre de recevoir des communications...attendre l’ennemi qui finit par se présenter à nous, en premier lieu, par le biais de chars qui furent très vite détruits par l’artillerie, que j’avais divisée, également, en deux, mais aussi par le champ de mines. Les jours qui suivirent ne furent guère mieux pour leur part, car nous dûmes subir des bombardements aériens ainsi que des tirs d’artillerie ennemie qui causèrent quelques morts et détruisirent quelques mines. Nus fûmes, dès lors, dans l’obligation de remettre en place notre périmètre de défense.
Au vu de la menace que nous représentions, les officiers de l’Armée clone décidèrent, d’abord, de nous encercler puis de nous attaquer continuellement nuit et jour, en envoyant des chars, mais aussi des fantassins nous combattre. Ces combats étaient d’ailleurs précédés par des bombardements et des tirs d’artillerie. Du fait que nous étions constamment attaqués, nous demeurions sur le qui-vive et j’organisais 4 sections de reconnaissance. Les deux premières devaient rétablir les communications avec le reste de nos forces et traverser les lignes ennemies alors que les deux autres devaient repérer les positions et les troupes ennemies. Une fois en possession de ces données, je pus ordonner à mes artilleurs de bombarder, nos ennemis qui durent subirent de lourds dégâts. Je dus recourir plus d’une fois à ce stratagème et dus aller même, parfois, jusqu’à faire croire aux chars ennemis que nous n’avions plus d’artillerie afin qu’une fois clairement avancés dans notre périmètre, nos canons puissent les détruire sans trop de difficultés.
Ce petit manège dura des jours et des jours à tel point que nos ennemis cherchèrent à obtenir notre reddition...ce à quoi je leur répondais par des tirs d’artillerie bien placés. Finalement, nous pûmes, grâce à l’action de mes sections, entrer en communication avec le reste de la 501e qui nous envoya par le biais de navettes de quoi nous permettre de tenir encore un peu...car, selon nos infos, notre position permettait à nos alliés de renforcer leurs défenses en attendant, du fait que nous occupions l'ennemi.
Ainsi nous tînmes...nous combattîmes dans le sang et dans le sable, tout en étant au bord de l'épuisement, jusqu’au moment où Catherine nous ordonna de rompre le combat. Son plan avait fonctionné. L’ennemi comptait envoyer un contingent s’occuper de nous et au vu des effectifs qu’il me restait je n’aurais pas pu faire face à l'enfer qui allait se déchainer sur mes troupes. Qui plus est, il y avait une faille dans leurs défenses. Durant la nuit, j’ordonnais, donc, le repli général et demandais à mes troupes d’abandonner le matériel s’il y avait besoin et de rejoindre la position alliée pendant qu’il était encore temps.
Pour ma part, je restais encore en position, en compagnie de quelques volontaires des troupes du Génie et ce afin de réserver une petite surprise à nos adversaires. Au matin, les troupes ennemies traversèrent, non sans dégâts, notre champ de mines et parvinrent finalement à pénétrer dans notre camp de fortune. Alors qu’ils célébraient, de toute évidence, leur victoire, j’ordonnais de déchainer sur eux toute la puissance de feu que nous leur avions réservée... Nos ennemies se retrouvèrent donc, en plein milieu d’un véritable feu d’artifice qui, j’espère, leur aura appris qu’il ne fallait pas sous-estimer l’Empire.
Le retour au camp fut quelque peu morose, car bien trop d’hommes étaient morts sous mon commandement et car, malgré tout, nous avions perdu. Cette défaite me restait en travers de la gorge et j’eus extrêmement de mal à me calmer. Si seulement, le hasard ne s’était pas montré aussi traitre. J’aurais certainement pu remporter cette bataille haut la main ! Nous avions tout de même réussi à tenir 14 jours face à une force supérieure en nombre ! Ce n’est que quelques jours plus tard ou mois, je ne sais plus, que nous apprîmes que notre sacrifice avait donné suffisamment de temps aux troupes de se réunir et d’établir une position défensive qui arrêta la progression républicaine. Les ressources qu’ils avaient mobilisées pour nous détruire leur avaient manqué pour nous vaincre. Nous pûmes dès lors contre-attaquer et les déloger une bonne fois pour toutes de ce planétoïde sur lequel nous prîmes soin d’installer une station relais afin de nous avertir en cas de nouvelle agression républicaine. Par ma résilience et mon comportement, j’avais définitivement pu obtenir le soutien de nos soldats qui voyaient clairement en moi le digne successeur de Catherine. Bien que cette défaite me fît enrager, cette nouvelle ferveur me mît du baume au cœur et contribua sans doute à forger ma légende.
En ce qui concerne le domaine spatial, je ne puis me targuer d’avoir réalisé quelque chose de similaire pour une raison simple : ma mère était responsable du commandement. Aussi, je n’avais pas mon mot à dire. Du moins pas totalement. Même si sous sa supervision, je pus me familiariser avec quantité de postes au sein d’un Star Destroyer et qu’à l’instar de mes ancêtres, je pus réaliser des merveilles avec mon chasseur, dès qu’il était question de mettre sur pied une tactique ou un plan, c’était elle qui avait le dernier mot. Toutefois, elle prenait soin de m’inclure lors des réunions d’état-major afin que je puisse y faire des remarques et des suggestions dont elle tenait compte ou qu’elle n’hésitait pas à critiquer. Cela mettait mon cerveau à rude épreuve, mais je dois reconnaitre que c’était plaisant. J’ai beaucoup appris à ses côtés, au point que je n’étais pas démunie lorsque l’on m’a confié mon premier commandement des années plus tard. Qui plus est, elle mettait mon talent à rude épreuve au cours de simulations au cours desquelles, elle n’hésitait pas à participer.
Même si je ne pouvais pas remettre en question ses ordres, je faisais office de conseiller et n’hésitais pas parfois à m’occuper de certains points secondaires afin de les régler. Ces années, passées dans l’espace, achevèrent ma formation de militaire une bonne fois pour toutes. En partant, je n’étais qu’une bleue, en revenant, j’avais l’aura d’un vétéran dont les faits d’armes ne sauraient lui faire honte. J’étais très loin d’avoir celle de Catherine, mais je fus malgré tout portée en triomphe à notre retour sur Bastion. La propagande ainsi que les rumeurs entre soldats avaient sans doute fait de moi un officier qui combattait avec ses hommes, se salissait les mains et n’hésitait pas à prendre des risques. En clair, l’on me présentait sous un joug favorable ce qui était vrai bien que la propagande, contrairement aux soldats, prit soin de taire mes quelques incartades avec le protocole dès qu’il était question de langage et de bienséance. D’après ce que l’on m’a rapporté, il semblerait qu’encore aujourd’hui circule un holo de cette fameuse bataille où un tir m’a atteint au pied. Cela ne me rend que plus humaine, je suppose.
Cette période, qui s’étala jusqu’à mes 19 ans, fut l’occasion pour moi de me rapprocher de cette même Echani avec laquelle, au départ, je m’entendais si mal. Nul besoin de le dire autrement, tu as dû comprendre depuis le temps. Je parle de toi. À l’époque si l’on m’avait dit que je finirais par tomber amoureuse l’une de l’autre, je ne l’aurais certainement pas cru. Suite à certaines révélations et au regard de ce que je comptais accomplir, j’admets volontiers que je n’avais jamais réfléchi à la perspective de pouvoir tisser une relation avec une personne. À vrai dire, je pense que sous bien des aspects, je n’y accordais aucune importance. Après tout, la plupart des relations que j’entretenais avec les gens de mon âge étaient teintées d’hypocrisie. Elles étaient factices. Ils ne voyaient en moi qu’un membre de la famille impériale. Ils ne pensaient qu’à leurs intérêts égoïstes et aux bénéfices qu’ils pouvaient obtenir en obtenant ma main, quand bien même je demeurais stérile.
Les affaires de cœur n’ont jamais été une priorité. Pire encore, je n’avais jamais expérimenté la chose. À quoi bon songer au bonheur et à l’amour que l’on peut éprouver envers une autre personne, lorsque, comme moi, l’on se destine à hériter de l’Empire ? Le trône impérial ainsi que la survie de notre régime me semblaient bien plus importants en comparaison. Et encore, c’est un euphémisme. Qui plus est, en tant que membre de la noblesse, l’on attendait de moi que je me conforme aux usages malgré mes soucis de santé. En somme, il m’aurait fallu épouser un homme. Je n’ai jamais remis en question cette vision, tu t’en doutes bien. C’était pour ainsi dire « normal » de penser ainsi. J’étais loin de me douter que je balaierais d’un revers de la main la « tradition ».