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Cordélia Traeda
Cordélia Traeda
Sergent Commando de Marine
Sergent Commando de Marine

Cordélia Traeda Empty Cordélia Traeda

Mer 23 Mar - 21:40



Equipement :


>- Intelligence Artificielle Embarquée – ALIX

Cordélia Traeda Alix12

ALIX fait partie des intelligences artificielles créées par l’armée impériale pour assister les cyborgs spécialisés de classe soldat dans son armée, qui a été assignée à Traeda. Cordélia a choisi cette augmentation de son implant neural et cette modification de son armure pour accueillir l’IA. Elle n’a aucune consistance physique, n’existant que dans l’implant neural connecté de la commando marine.

Elle est une alliée de poids en opération, l’aidant à maximiser son efficacité, à accroître ses réflexes et sa force de frappe. Cordélia n’hésite pas à recourir à elle pour l’aider dans ses tentatives de piratage de base, la gestion des communications internes en pleine mission ou pour lui apporter des informations sur l’environnement et le terrain où elle intervient. Elle peut lui apporter des indications sur l’équipement et l’affiliation de ses adversaires et faire des suggestions tactiques de base. De même, elle peut représenter une première barrière contre une tentative de piratage jusqu’à l’intermédiaire.


- Armure de combat :

Cordélia Traeda Armure13

Cordélia possède son armure standard de commando marine disposant de quelques améliorations cybernétiques. Elle a été forgée en duracier, d’un noir d’ébène. Elle est pourvue d’un set d’armure complet et d’un casque lié à son implant neural. L’amure est dotée en outre d’un exosquelette qui permet d’augmenter de manière sensible la force et l’endurance physique du soldat, sans égaler les performances des cyborgs avancés. Elle contient un équipement qui filtre l’air et permet une courte autonomie en milieu sans oxygène pendant 1 heure. Enfin, elle apporte une certaine résistance au froid et à la chaleur. Enfin, elle dispose d’une réserve de bacta.

Son casque présente un système HUD qui lui permet d’avoir accès à des informatiques tactiques telles que la position et la distance d’une cible, l’état physique du soldat et l’état des boucliers de son armure. En lien avec l’implant neural dont elle dispose, le casque peut permettre des communications à distance sur des systèmes d’intranet impériaux. Enfin, il adapte le système de visée à l’arme utilisée.


Vibroépée

Cordélia Traeda Zopzoe10

Cette arme de corps à corps occupe une place particulière dans l’armurerie de Cordélia. Version cousine de la Vibrolame avec une lame plus longue, elle est alimentée en énergie par des générateurs d’ultrasons qui produit de légères mais mortelles vibrations qui découpe tout aussi bien la chair, les armures blindées habituelles et les matériaux. Elle se distingue par l’amélioration en songsteel dont elle dispose, qui la rend résistante aux lames d’énergie des sabres-laser des utilisateurs de la Force.

Arme noble par excellence, cette arme de grande qualité lui fût offerte par son père Wilhelm Traeda et par son parrain Jan Reige suite à sa diplomation de l’Académie militaire de Kuat et son entrée dans la Marine Impériale.


- Vibrodague :

Cordélia Traeda Dague210

Une arme simple et très répandue y compris chez les militaires, très efficace au combat-rapproché. Celui qu’elle possède est un modèle standard au sein de l’armée impériale.


- Explosifs

Cordélia Traeda Bombes11


Si Cordélia n’est pas la spécialiste des explosifs des commandos à bord du vaisseau de l’Amiral Reige, elle possède dans son armurerie quelques détonateurs thermiques et des grenades à fragmentation, à ions, et flash. Ça toujours servir.


- Fusil Blaster ZE-620

Cordélia Traeda Fusil_10

Bon classique, Cordélia a gardé cette arme dans son arsenal. Elle dispose en effet d’une très bonne portée et d’une puissance de feu plus importante que la moyenne des armes similaires, tout en pouvant être utilisée à une seule main si besoin est, ce qui est un atout dans des espaces confinés. La crosse peut être déployée vers l’arrière pour augmenter la visée déjà performante du fusil-blaster. Elle dispose d’une portée maximale de 500 mètres et d’une portée optimale d’environ 200 mètres.

Elle est équipée d’un bon système de refroidissement qui limite le risque d’échauffement suite à une utilisation intensive, propose près de 150 coups et la puissance de tir de l’arme impériale peut être modulée selon les besoins, en passant du tir assommant au tir à forte puissance.


Pistolets Blaster EM-78526


Cordélia Traeda Blaste10

Blaster de courte portée très fréquente dans l’armée impériale. Arme standard, elle est très compacte et tient dans la paume d’une main humaine. Malgré sa petite taille, elle dispose d’une puissance de feu suffisante. Le blaster comprend aussi un viseur qui peut être utilisé en interaction avec le casque de son armure de combat intégrale, avec une gâchette à l’usage simplifié et actionnable à l’aide de deux doigts. Elle n’est pas efficace à longue portée et sa puissance de feu est moindre que le fusil-blaster, mais elle est très facile à transporter et à utiliser.


- Contrôleur de drone 1 - Drone EPS1-3MI


Cordélia Traeda Drone10

Simple drone éclaireur, qui sert essentiellement à repérer le terrain, les cibles et les alliés potentiels. Si Cordélia le souhaite, les informations recueillies par le drone peuvent lui être transmises.


- Contrôleur de drone 2 – Droïde Astro-Mécanicien – R9-E7

Cordélia Traeda Astrom10

Droïde qui l’accompagne depuis plusieurs années, très serviable, parfois taquin et assez enthousiaste de nature. Cordélia le traite bien et le considère comme un précieux petit allié. Il peut servir de navigateur pour Cordélia et comme opérateur et réparateur sur le vaisseau. Il est un véritable petit assistant mécanique pour Traeda, compensant son manque d’aptitude dans certains domaines tels que la réparation et la maintenance mécanique. Elle n’a pas hésité à faire personnaliser sa programmation de façon à en faire un excellent pirate informatique capable de jouer sur les systèmes de sécurité et, selon le niveau de sécurité, perturber les contrôles des droïdes de combat des ennemis. Afin qu’il puisse se défendre seul si elle n’est pas en mesure d’intervenir ou s’il doit protéger une cible en son absence, Cordélia lui a fait apporter des fonctionnalités supplémentaires :

- Lance-flamme miniature
- Pique électrique
- Pistolet-blaster miniature
- Mini Jet pack

En raison de ses améliorations cybernétiques, Cordélia peut donner des consignes à et guider à distance K9, voire le contrôler au besoin. Elle peut ainsi l’envoyer en repérage ou en intervention si elle-même ne peut pas le faire direction ou doit obtenir des informations avant de passer à l’action.

Autre matériel notoire

- Prothèse cybernétique de rechange (bras) : force et résistance physiquement un peu augmentées.
- Datapads
- Comlink
- Dague miniature ouvragée : cadeau de sa mère à sa majorité, une belle dague assez fine et petite pour être dissimulée sous une robe ou dans une botte

           

Description physique :


Cordélia a beaucoup repris de ses origines maternelles, et notamment la beauté de sa mère Hapienne même si elle ne dispose pas de l’éclat d’une Hapienne pure-souche. Son teint de peau est très clair, tandis que ses longs cheveux blancs cascadent jusqu’au bas de son dos et encadrent un visage fin, au menton pointu et délicatement dessiné, qui lui prêterait un air altier. Elle les attache volontiers pour se battre, afin de ne pas être gênée. Ses yeux artificiels sont de couleur bleutée, au contraire des yeux écarlates naturels dont elle s’est défaussée en entrant dans l’armée, afin de rectifier le défaut de vision dont souffrent ceux et celles qui ont du sang hapien dans leurs veines. Ses formes généreuses, notamment sa poitrine, lui ont aussi été transmises par sa mère hapienne.

Elle est assez grande du haut de son mètre quatre-vingt et présente une silhouette plus charpentée que l’esthétique hapienne coutumière. Héritée de son sang impérial paternel, Cordélia présente des épaules assez larges et une ossature solide, suffisamment pour porter une armure intermédiaire voire des plaques d’armure lourde propres à l’armée impériale. Quand elle n’est pas en armure, elle affectionne un sobre uniforme noir liserée d’argenté, avec un col en argent qui protège son cou, des épaulières et un heaume qui sont renforcés par des plaques d’armure. Une longue et épaisse jupe noire recouvre ses jambes, juste assez fendue à mi-cuisse pour lui permettre de se mouvoir et de se battre sans difficulté. De hautes et solides bottes noires complètent l’ensemble, de ses genoux jusqu’à ses pieds, avec un léger talon compensé.

Sur le plan civil, elle affectionne généralement des tenues aussi sombres que sobres, peu désireuse d’attirer excessivement l’attention, surtout une attention masculine non désirée. Elle a également dans son placard plusieurs uniformes de la marine impériale, pour les situations officielles. En outre, sa garde-robe contient aussi plusieurs robes raffinées et élégantes, faites sur mesure et commandées par sa mère courtisane Danaé, qui tient à ce qu’elle soit aussi belle que raffinée au cours des soirées. Heureusement, elle a pu compléter ces toilettes avec des tenues plus masculines et plus confortables.

             

Description mentale :


La première impression dégagée par Cordélia est celle d’une femme professionnelle et austère. Très organisée et méthodique, la jeune femme prend très à cœur ses responsabilités en dépit des circonstances qui l’ont menée jusqu’ici. Née, instruite et forgée à l’école impériale, la commando marine est connue pour son naturel discipliné, sa capacité tant à intervenir seule qu’à agir en groupe, et son humeur souvent égale. Si elle ne fait pas partie des génies de l’Empire, elle n’en reste pas moins vive d’esprit et adaptative. L’honneur occupe une grande place dans son échelle de valeur, ainsi qu’un solide esprit patriotique. Perfectionniste, elle n’aime pas commettre des erreurs et fera tout son possible pour ne pas les reproduire et pour comprendre ce qui n’a pas fonctionné et comment il lui est possible d’y remédier. Dans un cadre strictement professionnel et en dehors de ses frères et sœurs d’armes de la Marine, elle peut se révéler assez froide et détachée. Cordélia est une personne calme, assez peu bavarde en société, qui préfère écouter plutôt que bavarder. Elle s’investit beaucoup dans ses fonctions et missions, et fait preuve d’une grande conscience professionnelle.

Cordélia ne dispose pas moins d’une force de caractère qui peut surprendre. Son « Oncle » Jan affirme même qu’elle a hérité du côté têtu de son père. Elle est une militaire qui, bien que disciplinée et de colère plus froide qu’explosive, entend qu’on la respecte minimalement. Elle a de la difficulté à courber l’échine face au comportement arrogant, déshonorable, méprisant et hautain de certains impériaux, en particulier les misogynes. Sa mère Danaé affirmait qu’en tant que femme elle était supérieure aux hommes, tandis que son père Wilhelm et son parrain lui ont appris qu’elle était l’égale des hommes et n’avait donc pas à se laisser faire. Sa carrière dans les commandos, qui l’a confrontée parfois à des chefs au caractère difficile, l’a poussée à développer son caractère afin de se faire entendre et de se battre dans une branche encore en grande partie représentée par une population masculine, dont les membres peuvent être racistes. Quand on lui confie une mission, elle fera tout pour l’accomplir et pour optimiser le succès de l’escouade dont elle fait partie. Consciente néanmoins de ses limites humaines, la métisse est capable de faire preuve d’initiative en situation de crise et prendra des décisions selon les priorités. Si elle mettra toujours les intérêts de son chef, de l’Impératrice et de l’Empire en priorité, elle peut se montrer pragmatique si la situation l’exige. Elle n’a pas d’empathie envers ceux qui bafouent la loi ou ceux hostiles à l’Empire, et ne retiendra pas sa main si elle doit éliminer des menaces.

Son père Wilhelm et son parrain Jan, qui l’ont prise sous leur aile, ont pris soin à lui apporter l’éducation approfondie de la noblesse impériale, tant sur le plan historico-culturel que sur les codes et manières en bonne société. Sa mère, la courtisane Danaé, a eu une forte influence dans son instruction sur l’art de la conversation, les rudiments du chant, de la poésie, de la littérature, de la musique, l’art du maintien, de l’habillement, du maquillage, en complément des études supérieures suivies par Cordélia. Après, avoir appris ces arts ne veut pas dire être doué dans ces arts. Si elle n’est pas une experte dans ces arts, ayant plus repris de son père, elle en connaît d’assez bonnes bases pour limiter les impairs. En revanche, elle a un solide talent d’amatrice dans la pratique de la harpe, qu’elle ne montre pas souvent et qu’elle avait développé au cours de sa scolarité à l’école supérieure impériale Tessala Corvae.

Ce second masque dépassé, elle laisse entrevoir son vrai visage. C’est une femme dévouée dans ses fonctions, on pourrait presque dire « mariée à l’armée », et qui porte une loyauté absolue envers son chef actuel, qu’elle respecte et qu’elle compte bien servir et protéger, au besoin à son corps défendant.  Elle arrive cependant à distinguer la sphère privée de la sphère professionnelle, adaptant son comportement en conséquence. Elle est très sérieuse, et honnête envers son entourage, en restant distante de ceux qui ne font pas partie de son entourage ou qu’elle n’apprécie pas. Elle n’a jamais vraiment pensé à sa vie civile et à son avenir en dehors de l’armée, et ne s’est pas pour l’heure pas intéressée aux relations romantiques et plus si affinités. Se ranger dans la vie civile afin de se marier et de prolonger la lignée familiale est une échéance qu’elle ne veut pas du tout considérer à date, et à laquelle ses parents et son parrain ne la pressent aucunement. Quant aux aventures d’un soir… elle est bien trop méfiante pour consentir à baisser assez sa garde. En privé, elle peut faire preuve d’une franchise et d’une honnêteté qui peuvent surprendre ceux qui ne la connaissent pas. Derrière sa distance et son sang-froid, Cordélia partage avec ses parents un commun défaut chez les impériaux : elle est très fière, voire trop fière. Elle n’apprécie pas qu’on questionne son autorité et ses compétences sans fondements, pire encore si on la ramène à sa situation de femme ou de métisse. Elle n’apprécie pas du tout qu’on la traite différemment en raison de son métissage. Elle n’aime pas plus qu’on s’attaque, physiquement, verbalement ou de réputation à ses proches ou aux commandos sous sa responsabilité en raison de ses tendances protectrices, respectant plus un adversaire qui la confronte ou l’affronte de face plutôt qu’un vulgaire lâche. Elle abhorre de tout son cœur les personnes qui méprisent ou maltraitent des femmes, enfants et civils innocents. Avec les hommes et femmes qui se battent à ses côtés, elle sait faire preuve de leadership et si elle leur en demande beaucoup, elle s’efforce d’être juste et fait tout ce qui est en son pouvoir pour limiter autant que possible les pertes.

Elle rejoint la pensée de l’actuelle impératrice dans le sens qu’elle partage une vision méritocratique de l’évolution sociale et militaire. Á ses yeux, le mérite, le talent et le dévouement sont plus importants que l’ancienneté stricte de sang ou de rang, peu importe le statut social des personnes concernées. Cependant, elle estime que les arcanes politiques sont des nids de serpents et pas de son ressort.

Concernant les autres régimes, la philosophie de Cordélia est assez simple : tout ennemi de l’Empire ou de son chef est son ennemi. Concernant la République, ce sont les ennemis sempiternels de l’Empire, donc ce sont des ennemis qu’elle respecte mais qu’elle tuera implacablement. Le Consortium la répugne pour des raisons tant patriotiques que personnelles, quoi que puisse en penser sa mère Hapienne, tant leurs valeurs sont opposées et qu’elle ne peut cautionner les actes qui ont été pratiqués… ainsi que la présence des Sith dans leurs rangs. Elle voue un désamour profond envers les Matriarches et leur système politique et social qu’elle trouve arriéré, en particulier leurs pratiques d’esclavagisme et de torture sur des enfants. Enfin, elle n’affectionne pas les disciples de la Force, qui lui inspirent une profonde méfiance et un certain mépris face à leurs pratiques et leurs philosophies qu’elle juge ésotériques et sectaires. Si elle s’est efforcée de se montrer cordiale quoique distante avec les Chevaliers Impériaux en tant que compatriotes, elle n’est jamais à l’aise ni détendue en leur compagnie. Quant à l’APEX et aux mandaloriens… Cordélia affecte une certaine neutralité. En tant que guerrière, elle respecte autant qu’elle ne peste face à l’efficacité mandalorienne. Pour ce qui a trait aux contrebandiers… c’est un cas assez particulier étant donné que son opinion d’eux a évolué au cours de ses différentes missions et expériences. Elle a maintenu de bons contacts avec un petit nombre de contrebandiers issus des mondes impériaux isolés auxquels son escouade est venue en appui et dont deux membres de son escouade sont issus. Elle n’a oublié ni leur entraide ni leur appui salvateur.


         
         

Histoire :



Chapitre 1 - L’Étrangère (1463)

Cordélia Traeda Danazo15


L’Empire Galactique est parsemé et jalonné de grands noms, de grands hommes et de grandes femmes moins connues, qui l’ont porté à la lumière et l’ont aidé à toujours se relever. Pourtant, derrière ces familles et ces personnages prestigieux, de nombreuses ombres œuvrent à sa gloire et à sa pérennité, qu’il s’agisse de chevaliers impériaux, de gardes prétoriens, d’officiers et de soldats méconnus qui se battent jusqu’à leur dernier souffle au pied de l’autel du glorieux régime qu’ils défendent et qu’ils admirent. Outre la qualité du sang, la gloire des hauts-faits et le prestige d’un nom, c’est aussi la providence qui déplace les pions de l’échiquier galactique, qu’il s’agisse de pièces nobles ou de pièces communes.

Au gré des rencontres, à la merci du hasard, l’impossible effleure, évanescent, les rives du possible.

Un vaisseau de contrebande qui sillonne, sous le voile de la nuit et des étoiles, l’immensité de l’espace avec sa cargaison de tissus précieux et autres raretés de l’Amas d’Hapès.

Une corvette impériale qui patrouille, sous le mandat d’une mission routinière, les voyageurs qui entrent sur le vaste territoire des mondes de l’Empire Galactique.

Une scène assez classique, du reste. Les militaires impériaux contrôlent les papiers des pilotes du transporteur, pour vérifier s’ils sont en règle et inspectent avec minutie le cargo du vaisseau. Un jeune lieutenant impérial examine avec grande attention le contenu d’une seconde cale dissimulée sur l’engin de contrebande. Il s’apprête à quitter la cale de contrebande lorsqu’un son étouffé attire la vigilance de son oreille attentive depuis un tas de rouleaux de soieries. Le jeune militaire revint vers le tas et entreprit avec prudence et précaution de le défaire, posant les rouleaux sur le sol de métal.

Il découvrit alors la présence non-déclarée d’une cinquième passagère, vraisemblablement illégale. Pas plus inquiète que cela, l’intruse se redressa et s’assit avec grâce sur le tas effondré de rouleaux de soiries, en lui adressant un sourire charmant et mutin sur ses lèvres délicates. Soulignés avec soin par du mascara et du fard judicieusement choisis, ses yeux incarnats rivés sur lui et le dévisageaient comme s’ils l’évaluaient avec orgueil et intérêt. Ils éclairaient de leur flamboiement le visage pâle, ovale et altier de la jeune femme, revêtue d’une longue élégante robe blanche ornée de dorures qui soulignait avec un goût exquis sa grande taille, la générosité de ses formes et la finesse de sa silhouette altière.

Le jeune officier aux cheveux bruns était un homme connu pour son intégrité, son courage, sa loyauté envers l’Empire, son dévouement pour la marine, sa grande conscience professionnelle et son sens des responsabilités. Pourtant, dès que ses yeux bleus croisèrent le regard carmin de la jeune femme, il ressenti comment un feu qui crépitait en lui, des flammes qu’il n’avait jamais connues auparavant.  Saisi par le charme de la fugitive et par son propre bon cœur, le jeune homme ne savait pas à cet instant qu’il avait piqué l’intérêt de l’Hapienne et que le fatum, inéluctable, avait scellé leurs destins.

Nul n’aurait pu dire si cette fortune lui serait favorable ou défavorable, face aux vents contraires.

Lorsqu’il entendit la voix de son supérieur lui demander à distance s’il avait repéré quelque chose de suspect à bord, le jeune lieutenant fraîchement sorti de l’Académie militaire hésita pendant de longues instants, tiraillé entre ce que lui dictaient sa conscience aigüe et son sens du devoir et ce que lui intimaient son cœur et la connaissance du sort funeste qui serait celui de cette femme si elle était renvoyée dans le Consortium. Nul n’ignorait, après tout, les mœurs et pratiques de cette gynécocratie. Il ne fut que trop conscient, à cet instant, que le sort de cette fugitive, de cette belle et rusée Hapienne, reposerait sur sa seule parole. Et elle le savait, amusée, comme si elle le défiait de répondre.

Il prit le temps de réfléchir. Il inspira, puis répondit. Chaque mot lui parut peser autant que du plomb.

L’inspection terminée et les papiers contrôlés, le transporteur obtint l’autorisation de poursuivre son voyage jusqu’à Bastion, cœur de l’Empire. Bien qu’il s’efforçât de concentrer son esprit sur les tâches qui l’attendraient et sur sa routine de lieutenant, Wilhelm Traeda n’avait pas pu oublier l’intensité de ces yeux incarnats qui le dévisageaient. Il espérait simplement qu’il n’aurait pas à regretter son choix.


Chapitre 2 - Danaé (1464-1470)

Cordélia Traeda Wilhel11


Quelques mois plus tard, Wilhelm n’avait jamais pu l’oublier tout comme il ne s’était jamais ouvert sur cette rencontre, pas même à son meilleur ami Jan Reige, capitaine de Destroyer Stellaire avec qui il avait fait ses classes à l’Académie militaire d’Anaxes. C’était d’ailleurs Reige qui l’avait entraîné ce soir-là, arguant qu’il fallait qu’il se détende un peu maintenant qu’ils avaient enfin tous deux une permission commune sur Bastion. Il l’avait amené jusqu’à une maison de plaisirs réputée de la capitale, à la légère gêne de Traeda, en l’invitant à lui faire confiance et que « dans cet établissement-là, il n’y a pas de mauvaise surprise, le gratin de l’Empire y a ses habitudes ». Le lieutenant avait accueilli ces affirmations avec une certaine prudence, connaissant l’entrain de son ami de longue date et sa propension à ne pas tout lui dire ou à que tout ne se passe pas tout à fait comme c’était prévu.

C’est avec l’œil distant du non-habitué que le lieutenant Traeda observa les échanges entre la tenancière de l’établissement et Reige, reconnaissant d’ailleurs des officiers dans le salon d’accueil. Par habitude, l’impérial observa la disposition de la salle et les personnes qui y étaient présentes. Il devait reconnaître objectivement que les courtisanes étaient très belles, humaines comme non-humaines, et que visiblement la direction des lieux avait pris soin de pouvoir satisfaire un maximum de sensibilités, même si aucune des beautés ne faisait palpiter son cœur comme l’avait fait celle… Il sentit un regard rivé sur lui, et par réflexe, tourna son propre regard ferme et assuré dans sa direction.

Son cœur manqua un battement quand ses yeux bleus croisèrent la pourpre d’un regard ardent.

Sans l’ombre d’un doute, il la reconnut, il en était formel. C’était elle. Par l’Empereur, quelles étaient les probabilités qu’il la recroise ici ? D’un côté cela le rassurait de voir qu’elle était parvenue jusqu’à destination, de l’autre il ne souhaitait pas lui attirer des problèmes tout comme s’attirer des ennuis. Cette femme était aussi belle, fascinante, intelligente qu’orgueilleuse et rusée. Il le déduisait sans mal. Cette femme était dangereuse non-seulement parce qu’elle était Hapienne, mais aussi parce qu’elle suscitait chez lui un trouble qu’il n’avait jamais ressenti, même auprès des potentielles fiancées que ses parents lui présentaient dans le désespoir qu’il s’intéresse à l’avenir de leur maison. Wilhelm se considérait comme un homme de raison plus qu’un homme de passion. Á la flamboyance et à l’audace de Jan, il préférait la prudence et l’observation. Pourtant, alors que les femmes le laissaient impassibles même s’il était courtois et aimable avec elles, cette femme-là le perturbait. Elle était l’inconnue perturbatrice dans sa logique objective et efficace qui avait d’ordinaire nettement sa préférence.

Et même s’il était très conscient de ces faits, il ne pouvait pas nier l’inclination qu’elle lui inspirait.

Pourtant, il s’efforça de donner le change pour ne pas piquer l’intérêt de Jan, qui s’inquiétait de son silence. L’officier s’efforça de mettre sa distraction sur le compte de la fatigue, même s’il n’était pas convaincu que cette excuse convaincrait Reige. Fort heureusement, son vieil ami capitaine n’insista pas et l’entraîna vers une banquette, parlant avec le verbe abondant qu’il lui connaissait fort bien.

C’est alors qu’elle s’approcha de lui, avec ce sourire charmeur qui l’avait tant fasciné. Il lisait avec aisance la malice et l’effronterie dans ses yeux carmin alors que d’un geste gracieux, elle lui tendait son bras. Il pouvait sentir sur lui les regards envieux ou foudroyants d’autres clients qui n’avaient d’yeux que pour elle. Rieur, Jan ne lui vint absolument pas en aide puisqu’il lui asséna une tape sur l’épaule, s’esclaffant tout en lui indiquant qu’il serait très cavalier de décliner une invitation pareille. Fasciné, il s’excusa auprès de son ami capitaine et suivit la belle Hapienne qui le guidait vers les étages. Il perdit la notion du temps comme il se perdait dans les bras de l’enchanteresse. Après de brûlantes et délicieuses étreintes, il accepta enfin de constater en silence qu’il était résolument sous son charme.

Ce qui devait n’être qu’une aventure d’un soir devint bientôt des visites de plus en plus régulières. Plus il apprenait à mieux la connaître, plus il était fasciné non seulement par sa beauté mais par son esprit. Sans jamais se livrer totalement à l’autre, ils distillaient au compte-gouttes ce qu’ils apprenaient à l’autre. Dans le secret d’une chambre isolée, Wilhelm eut la confirmation de ce qu’il soupçonnait. Pour des raisons qu’elle ne voulait pas lui confier, elle était une fugitive du Consortium d’Hapès qui souhaitait s’établir durablement dans l’Empire. Elle avait choisi, de son propre chef, d’exercer cette profession.

L’officier s’attacha plus qu’il ne s’y était attendu à celle qui se faisait désormais appeler « Danaé » et qui devint en l’espace de trois années la courtisane la plus prisée de la capitale impériale. Par son seul talent et sa grande beauté, ses manières raffinées et son esprit vif, la réfugiée parvint à attirer et à fidéliser une clientèle huppée et s’éleva petit à petit dans la hiérarchie jusqu’à succéder à la tenancière au départ en retraite de cette dernière. La belle « Danaé » reprit les affaires, toujours plus florissantes. Malgré ce prestige croissant et cette réputation conquise, Traeda fut surpris qu’elle s’intéresse toujours à lui, même s’il tenait à garder leur liaison loin des yeux et des oreilles de son entourage. La maison des Traeda était en effet une famille de petite noblesse plutôt traditionnelle et sa relation de long terme avec une courtisane ne manquerait pas de générer nombre de disputes et de conflits. Déjà qu’il s’entendait fort mal avec son frère Elric, il ne souhaitait pas embraser la poudrière pour l’heure.

Prudent néanmoins, il décida après une longue réflexion à mettre en partie son meilleur ami Jan dans la confidence, en lui confiant face à ses incessantes questions qu’il voyait bien quelqu’un mais qu’il ne souhaitait pas l’ébruiter et ne désirait pas révéler l’identité de la dame en question. Reige sembla heureux qu’il lui en parle et honoré de sa confiance. Jan déclara qu’il acceptait, qu’il garderait le silence et qu’il le couvrirait au besoin – « entre hommes il faut bien se soutenir ! » disait-il – si Wilhelm consentait en échange à l’en informer en premier en dehors sa famille quand il se déciderait à en parler, et auquel cas qu’il lui raconterait le tout par le menu. Ils eurent tôt fait de sceller leur accord.

Á cet instant, Traeda était loin de se douter d’à quel point cette dernière prudence se révélerait avisée.  


Chapitre 3 – Une Question d’Honneur (1471)

Cordélia Traeda Cordel10


Comme tout ancien élève issu de l’Académie militaire de la marine sur Anaxes, Wilhelm connaissait fort bien l’histoire, les tactiques et les enseignements associés à la figure du légendaire amiral Thrawn, le chiss ayant été l’un des plus éminents et des plus excellents stratèges de l’histoire impériale. Nombre avaient été ceux et celles qui avaient cherché à le surpasser, mais personne n’était parvenu à l’égaler. Alors que l’officier s’éloignait d’une maison devenue des plus familières ces six dernières années, un commentaire du mythique amiral lui revenait à l’esprit, comme en réponse à ses préoccupations.

« Chaque culture est différente. Chaque espèce est unique. Cela représente un défi pour le guerrier, qui doit souvent déterminer, à partir d'indices limités, la stratégie, les objectifs et les tactiques de son adversaire. »

Cette remarque s’appliquait étrangement bien à la situation que l’officier rencontrait depuis son retour d’une campagne militaire de plusieurs longs mois aux frontières, en pleine région litigieuse. Trois ans plus tôt, le temps que sa corvette soit de retour sur Bastion, il s’était bien passé un an depuis la dernière visite que le lieutenant avait pu rendre à son amante, à son regret certain. Il se souvenait clairement de s’être interrogé sur des changements subtils chez la belle Danaé, qui n’avait pas souhaité qu’ils s’y attardent et avait eu tôt et habilement d’écarter le sujet de ses charmes et de son sourire malicieux. Elle avait réussi à maintenir et faire fleurir le commerce de sa maison des plaisirs, qui restait l’une des plus réputées de la capitale impériale, et elle ne manquait pas de clients fortunés pour satisfaire ses envies et s’assurer le train de vie luxueux qui était celui de ces dames alors au sommet de leur gloire. Considérant ces points, il restait étonné que la belle Hapienne lui porte toujours autant d’intérêt.

Traeda n’avait pas cependant pas anticipé les… fruits de cette préférence que Danaé lui portait.

Ça avait été bien l’une des rares fois où Wilhelm avait bien failli perdre son sang-froid et son calme sempiternel, un an plus tôt. En dehors de l’affection tenace qu’il portait envers la courtisane, ce qui l’avait engagé à ne pas hausser la voix était le visage innocent d’une enfant qui entrait dans la pièce.


- Où est-ce qu’on va, papa ? Demanda une voix claire sur sa droite, posée et curieuse.
- Á la maison. Répondit Wilhelm attentif à leurs alentours, s’efforçant d’adoucir sa voix.
- On retourne à la grande maison de tout à l’heure ? S’étonnait la voix, assez inquiète.
- On ne retourne pas chez eux, ne t’inquiète pas. On va aller chez moi, Cordélia.  


Cordélia. C’était le prénom du petit ange de trois ans dont la petite main était serrée dans la sienne alors qu’ils marchaient dans les rues animées de Bastion. Un léger sourire aux lèvres, la demoiselle serra sa main dans la sienne, qu’il sentait tremblante après l’orage familial auquel elle avait assisté. Son frère aîné Elric avait eu de la chance que Wilhelm n’ait pas eu envie de donner un mauvais exemple. Tout comme il avait pris plusieurs décisions ce soir, il prenait à cœur le rôle qui serait le sien.

Sertissant des traits pâles et doux encore dotés des rondeurs de l’enfance, de grands yeux incarnats l’observaient avec curiosité et timidité, encadrés par de longues mèches de cheveux blancs, coiffés avec une frange et des petites couettes qui les repoussaient vers l’arrière. Lui-même avait été surpris qu’une dame aussi rusée ait pu donner naissance à un être aussi beau mais surtout aussi innocent.
Pour être franc, il avait été choqué d’apprendre son existence un peu plus de deux ans plus tôt, lorsque Danaé avait daigné aborder le sujet avec une fierté certaine qui n’avait pas manqué de l’agacer. Il n’avait pas été heureux sur le moment, outré qu’elle ne l’ait pas consulté sur le sujet avant de prendre une initiative qu’il n’avait pas anticipée et de lui « accorder une faveur » qu’il n’avait pas demandée. Son humeur avait été inhabituellement exécrable, les jours qui avaient suivis cette fameuse annonce. Encore de nos jours, il restait stupéfait et assez agacé par le culot dont l’Hapienne avait fait preuve.

Danaé avait affirmé qu’elle voulait lui accorder une faveur, en égard de leur vieille amitié, de l’affection et du respect qu’elle lui portait. Elle avait décidé, sans le consulter et sans l’en aviser, de cesser de prendre la contraception - qu’elle utilisait pour les besoins de sa profession -  lorsqu’il lui rendait visite afin de se laisser la possibilité de concevoir un enfant issu de leurs ébats. Quel n’avait été son bonheur, lui avait-elle déclaré avec aplomb, en constatant qu’il s’agissait d’une fille ! C’était assurément un privilège bien plus grand qu’il ne pourrait jamais l’imaginer qu’elle lui accordait, s’enorgueillit-elle. Oh, elle avait réussi l’exploit de rendre Traeda, connu pour son sang-froid inébranlable, tout à fait furieux. Elle ne s’en vexait même pas, comme si elle avait anticipé sa réaction et le contemplait comme un homme qu’elle affectionnait mais qui n’était pas en mesure de comprendre le don qu’elle lui avait fait. Dès lors qu’il s’était assez époumoné, comme une joueuse d’échecs qui avait préparé tous ses coups en avance, comme par « hasard », une autre courtisane amenait la petite dans leur chambre.

Toute sa furie amplement justifiée, il l’avait ravalée en découvrant la petite fille d’à peine un an, qui avait repris assurément la teinte des yeux carmine, le teint pâle et les cheveux de neige de sa mère. Tous les soupçons qu’il nourrissait malgré lui envers Danaé s’étaient dissipés quand elle lui avait mis la petite dans les bras et qu’il put l’observer de plus près : l’enfant était indubitablement le sien, que ce soit ses pommettes, ses traits plus secs ou ses épaules un peu plus larges. Il grommela en silence, incapable de s’énerver en présence de la petite qui n’avait pas mérité de devoir réparer les pots cassés laissés par sa mère. Une petite voix dans sa tête ressemblant désagréablement à ce vieux Jan lui avait chuchoté qu’il était trop gentil et que son bon cœur finirait un jour par lui jouer des mauvais tours.

Il avait eu besoin de temps et d’espace, prenant un peu de distance avec Danaé pour remettre ses idées en ordre et laisser passer sa colère. Ceci fait, deux semaines plus tard, il était revenu la voir. Il n’avait pas oublié ce qu’elle avait fait, mais il était un homme d’honneur et ne fuyait pas son devoir. La belle Danaé n’avait pas du tout l’air surprise de le voir revenir, comme si elle s’y attendait. Il avait fini tant bien que mal, à défaut de lui pardonner totalement, par consentir à mettre de l’eau dans son vin sous la promesse que la prochaine fois qu’elle a ce genre d’idées, elle le consulte avant toute chose.

Bien que cette pensée le frustrait autant qu’elle l’amusait, il savait qu’il ne pourrait jamais prétendre comprendre et connaître entièrement Danaé. Son amante de longue date aurait toujours ses mystères mais il ne l’interrogerait pas sur son passé et ce qui l’a éloignée de son monde d’origine. Chacun avait le droit à ses secrets et à sa vie indépendante, sinon en ce qui concernait Cordélia. Il s’était mis d’accord avec Danaé et passait régulièrement à l’établissement non seulement pour sa liaison avec Danaé mais aussi pour le petit être qui les liait et qu’il voulait apprendre à connaître. Á chacune de ses visites au cours des deux ans qui s’écoulèrent, il s’attachait de plus en plus à l’enfant et ressentait l’envie de s’impliquer dans sa vie et dans l’avenir de ce fruit de l’amour. Ses doutes quant à sa capacité à assumer sa paternité, à veiller sur elle et ses inquiétudes vis-à-vis des répercussions furent balayés peu à peu, jusqu’à ce qu’il sache ce qui importait le plus pour lui et que la décision s’impose d’elle-même à lui.

Il ne pouvait pas la laisser là, dans ce monde de la nuit. Il la reconnaitrait comme sa fille de plein droit.

Obtenant l’accord de Danaé à la condition que leur fille puisse venir lui rendre visite chaque semaine, Wilhelm s’était préparé à confronter les membres de sa famille sur sa décision, qui ne manquerait pas de leur déplaire. Il avait préparé différents plans selon les réactions possibles, mais une chose était sûre dans son esprit têtu : quoi qu’il advienne, il reconnaîtrait Cordélia comme sa chair et son sang.

Comme il s’y était attendu ce soir de l’an 1473, ça s’était mal passé. Quand il s’était rendu au manoir familial sur Bastion accompagné de Cordélia, ayant prévenu qu’il ne serait pas seul, la seule présence de la petite fille avait suffi pour étendre une atmosphère glaciale dans la salle à manger. Ce froid avait vite laissé sa place à un violent orage verbal, d’abord entre sa mère et lui puis surtout entre son frère Elric et lui. Sa mère, déjà déçue qu’il fréquente ce genre d’établissements plutôt que de chercher à se marier, refusait catégoriquement qu’il reconnaisse Cordélia comme sa fille de crainte que cela ne nuise à la réputation de leur famille, en particulier à cause de la mère de la petite fille. Outre le refus de la doyenne de leur famille, ce fut surtout Elric qui fût le plus virulent. Son frère aîné décriait fortement son choix et dans sa colère se mit à dénigrer et à s’avancer, menaçant, vers la petite fille. Wilhelm s’était interposé entre eux, lui déconseillant d’une voix glaciale de s’avancer davantage, avant de lui soulever qu’il ferait mieux de se souvenir de qui était le plus habile à l’épée et au blaster d’eux deux. Sans un mot, Wilhelm avait pris son manteau et quitté le manoir avec les injures fraternelles et les protestations maternelles, gardant serrée dans sa main la petite main de Cordélia tout à fait intimidée.


- Je vais te présenter quelqu’un. Un ami à moi.
- Je croyais qu’on allait chez toi. S’étonnait Cordélia, curieuse malgré la frayeur passée.
- Tout à fait. C’est un excellent ami ainsi que mon colocataire.
- Et il est… gentil, lui ? Il ne va pas crier en me voyant ?
- Oui, il est gentil et non. Tu sais pourquoi ? S’il fait parfois l’idiot, il n’est pas un imbécile.


L’enfant était clairement appréhensive alors qu’ils étaient finalement arrivés sur le perron de la résidence pavillonnaire qu’il louait avec Reige parce qu’elle était plus proche du spatioport militaire.  De sa main libre, Wilhelm entra le mot de passe complexe qui verrouillait le portail du petit jardin puis le second mot de passe à l’interphone. Tandis que la porte d’entrée se déverrouillait et glissait sur le côté pour leur libérer le passage, Traeda reconnût sans peine le pas assuré et peu discret de Jan qui s’approchait de l’entrée. Le lieutenant de corvette laissa passer l’enfant en première et laissa la porte se fermer derrière eux avant de la verrouiller. Le capitaine Reige s’étonna avec sa voix débonnaire habituelle de le voir rentrer si tôt alors qu’il devait aller à un repas de famille. Avant que Wilhelm ne puisse commencer à lui répondre, Jan avait remarqué la présence de la petite demoiselle à ses côtés. Cordélia hésitait visiblement, tendue, entre se réfugier derrière lui ou aller à la rencontre de l’inconnu.

Avec une délicatesse surprenante chez quelqu’un d’aussi débonnaire et bourru en privé, Reige s’agenouilla pour se mettre à la hauteur de l’enfant, qu’il dévisageait avec un sourire chaleureux.  


- Bonjour, toi. Tu as bien le visage de ta mère. Comment t’appelles-tu ?
- Cordélia, messire. Répondit timidement l’enfant, ses yeux oscillant entre Jan et Wilhelm
- C’est un beau prénom. Comment peux-tu m’expliquer ce petit miracle, Will ?


Derrière le sourire rassurant de son colocataire, Traeda anticipait déjà l’avalanche de questions que Reige brûlait de lui poser et il y était déjà mentalement préparé, aussi lui répondit-il sans détour qu’il lui avait promis de lui en parler en premier quand il serait prêt à le faire et que le moment était venu. Il conseilla simplement d’aller dans le salon avec la petite car son récit risquerait d’être assez long.


         

Derriere l'écran :



Prénom/pseudo : Ally (Double-Compte)

Age : 30 ans

Comment avez vous découvert le forum ? : Une bouteille de brandy qui a dérivé il y a longtemps, il me semble.

Petit Plus ? : Des commentaires à faire ? Rien à signaler Wink


         


Dernière édition par Cordélia Traeda le Mar 29 Mar - 7:24, édité 24 fois
Cordélia Traeda
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Mer 23 Mar - 21:44


Histoire (Suite) :



Chapitre 4 – Jeunesse impériale (1471-1478)

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D’aussi loin que remontait sa mémoire – et elle pouvait se targuer d’avoir bonne mémoire – Cordélia avait de très bons souvenirs de son enfance, et en particulier du foyer familial où elle avait grandi. Elle se rappelait assez peu de ses premières années dans la maison des plaisirs dirigée par sa mère. Si elle n’avait pas d’images précises en tête, elle avait gardé des ressentis à la foi très clairs et imprécis.

Son instruction avait été peu orthodoxe, bien que très complète. Par un arrangement qui satisfaisait tous les partis des trois adultes célibataires qui se préoccupaient de son devenir et de son bien-être, Cordélia avait grandi dans une famille à la fois éclatée et très aimante. Sa mère Danaé, si elle ne la voyait que le week-end, tenait à la voir chaque semaine et à garder une place dans sa vie. Sa profession de courtisane faisait qu’elle travaillait tous les jours à des horaires très décalés, mais elle savait que sa mère s’efforçait de leur garder sinon une journée au moins une demi-journée entre mère et fille. En dépit des efforts de sa mère, Cordélia n’avait jamais réussi à développer des goûts aussi féminins que sa mère ne l’aurait souhaité. Elle ne l’avait pas moins aimée, conseillée, écoutée et gâtée à sa manière.

Ce manque d’intérêt pouvait peut-être s’expliquer par la grande implication de ses deux autres figures parentales dans son éducation et dans son quotidien, son père Wilhelm et celui qu’elle appelait et aimait encore appeler affectueusement « Oncle Jan », même s’il n’était pas son oncle de sang.

Elle l’avait pour ainsi dire toujours connu, puisqu’il louait avec son père la maison où ils résidaient. Si son père Wilhelm s’était vite révélé et confirmé comme un père attentif, bienveillant bien que strict, Jan Reige avait été d’une grande aide pour eux et avait vite choisi le rôle de figure paternelle plus relaxée, complice et impliquée qui contournait parfois les consignes de son père au plus grand bonheur de la petite fille, comme ils en riaient encore parfois en s’en souvenant. Jan aimait à rappeler à son père comment ce dernier ne cessait de protester en voyant ses efforts être ainsi sabordés, par exemple quand Jan lui donnait en douce des chocolats malgré l’inquiétude de son père qu’elle ait des caries.  Ce mode de vie inhabituel, jugé étrange et peu orthodoxe par des yeux extérieurs, lui avait pourtant apporté un véritable équilibre en complément des leçons des tuteurs recrutés par son père. Il tenait, même s’il devait endosser parfois le rôle ingrat du parent exigeant, à lui donner la meilleure éducation possible. Les deux officiers prirent un grand plaisir à piquer sa curiosité pour nourrir ses connaissances, lui faire apprécier l’histoire et lui enseigner le plus ludiquement possible les règles de bonne société. Ce qu’ils ne pouvaient pas lui apprendre, sa mère Danaé s’efforçait de le lui partager lors de ses visites. Cordélia n’avait eu que peu voire pas de contacts avec sa grand-mère paternelle, son oncle de sang et ses cousins en raison des inimités qu’ils lui vouaient, soit pour son métissage, soit parce qu’elle était l’une des causes principales pour lesquelles son père Wilhelm avait raréfié ses visites à leur famille tant qu’ils n’accepteraient pas de reconnaître l’existence de Cordélia et de l’accepter comme sa fille.  

Cette instruction à domicile lui permit d’apprendre à son rythme et de consolider ce noyau familial. Son père s’inquiétait en effet qu’elle puisse souffrir de discrimination en leur absence et souhaitait, de ce qu’il lui avait expliqué des années plus tard, qu’elle soit armée et préparée pour y faire face. Ainsi, quand son père et Oncle Jan, qui était devenu officiellement son parrain, devaient s’absenter pour leur travail, ils avaient pris soin d’embaucher une nourrice fiable et compétente pour veiller sur elle.

Ce fût lors de ces années d’or de la jeunesse qu’elle fit la connaissance de ses plus anciens amis : Galen Reige et sa sœur Sera Reige, l’un plus âgé qu’elle de trois ans et l’autre de son âge, qu’elle considérait comme de véritables cousins, voire le frère et la sœur qu’elle n’avait jamais pu avoir. Elle avait aussi fait la connaissance d’un ami de Galen, Lukan Devis, avec lequel elle se lia rapidement d’amitié. Elle les rencontra et les retrouva avec plaisir lors de courts séjours au manoir du Moff Reige sur Bastion, quand elle accompagnait son parrain. Si elle les avait rencontrés à ses trois ans, ses premiers vrais souvenirs d’eux remontaient à ses six ans. Elle noua une véritable complicité et amitié sororale avec Sera, qui rayonnait par son dynamisme, son sourire, son bon caractère et son optimisme malgré l’invalidité physique qui la cantonnait sur un fauteuil. Elle s’amusait toujours à l’époque de voir Lukan et Galen se disputer en raison de leur amicale rivalité. Ah, c’était vraiment l’époque dorée quand elle y repensait, une innocence qu’ils ne recouvriraient plus… si tant est qu’elle ait déjà existé à la base. Il y avait bien des choses qu’elle ignorait à l’époque.


Chapitre 5 – Sur les Traces de Tessala Corvae (1478-1486)

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Son père tenait à lui apporter la meilleure éducation qu’il pouvait mais aussi à l’instruire et à la former comme son héritière de plein droit. C’est dans cet esprit aussi qu’il lui transmit ses connaissances, son grand talent et son goût pour les arcanes de l’escrime à l’épée, et consentit à ce que Jan lui enseigne comment utiliser correctement un blaster et l’aide à lui apprendre les arts martiaux impériaux dès qu’elle fût en âge, afin qu’elle puisse se défendre seule si la situation le réclamait. Wilhelm et Jan étant de grands passionnés de leur travail, Cordélia tomba tôt dans la marmite de l’histoire militaire et de la marine. Si elle ne comprenait pas les tactiques et les stratégies aussi vite et efficacement que ses amis Lukan et Galen, tout comme elle n’était pas aussi douée qu’eux aux échecs, elle voulait apprendre et progresser.

Cordélia avait toujours été sérieuse à l’étude et persistante dans l’effort. Elle voulait aussi rendre fiers les deux figures parentales qui s’étaient tant impliquées pour elle. Son travail assidu lui valut d’obtenir d’excellents résultats dans ses études primaires, soulignant sa bonne volonté et de bonnes capacités. Son excellence aux études, les contacts de ses deux gardiens et la médaille du mérite militaire octroyée à son arrière-grand-père paternel lui permettent de déposer un solide dossier de candidature pour la plus prestigieuse école pour jeunes filles de l’Empire : l’École Impériale Tessala Corvae, établie sur Kuat. Ce prestigieux établissement n’était en effet ouvert qu’aux filles, petites-filles et arrière-petites-filles de militaires ou de citoyens impériaux distingués par une légion d’honneur, une décoration militaire ou une médaille du mérite, et ne retenait que très peu d’élues parmi les nombreuses candidatures. Sa candidature fût retenue et elle poursuivit ses études, peu après ses onze ans, à l’École.

Ce fût un rude changement de vie et d’environnement, et ce à bien des égards. Elle quittait en effet le seul monde qu’elle eût connu et qui l’avait vu naître, Bastion, pour vivre majoritairement sur Kuat. Habituée jusque lors à son statut de fille unique et de peu de fréquentations en dehors de son cercle d’amis proches chez les Reige, elle dût s’habituer à une vie communautaire au sein d’un internat, très loin de tous ceux et de tout ce qu’elle avait connu. Elle posait le pied sur un tout nouveau monde, qui n’était pas à côté de Bastion, et elle devrait vivre majoritairement seule, sans son foyer et sans voir sa mère aussi régulièrement, puisqu’elle découvrit que le cursus scolaire impliquait qu’elle ne puisse les voir qu’aux seules vacances. La première rentrée fût sans aucun doute l’une des plus difficiles pour la jeune fille, résolue à faire ses preuves et à être à la hauteur des espoirs de ses protecteurs, curieuse et un peu intimidée par toutes ces nouveautés. Elle n’allait cependant pas baisser les bras à peine partie.

D’un point de vue scolaire, Cordélia redoubla d’efforts pour maintenir son excellence académique sans être un génie pour autant. Le système éducatif était très strict, exigeant, moderne et complet, façonnée dans la culture impériale. Le programme des sept années qui s’écoulèrent abordait de nombreuses matières telles que les Humanités, les mathématiques, l’histoire-géographie, la géopolitique, la culture scientifique et technologique, les langues et cultures étrangères, l’éducation civique et sociale, l’art oratoire, le sport et les arts plastiques. Elle découvrit avec plaisir les activités sportives, qui lui permettaient de se dépenser et de maintenir un esprit sain dans un corps sain. L’école possédait aussi une bibliothèque très complète, des salles informatiques et surtout une salle de musique. Elle se découvrit une passion inattendue pour la musique, et même un petit talent à la harpe.

Cependant, ce ne fut pas une période aisée pour la jeune Traeda qui non seulement se trouvait loin de ses amis, et de fait les voyait bien moins souvent qu’avant, mais aussi entrait alors dans l’adolescence. La période de ses 12 ans à ses 16 ans fut sans nul doute la plus compliquée, alors que s’en venait le temps de la puberté et du changement progressif des formes d’enfant vers celles d’adulte. Elle eût tôt une forte poussée de croissance, se retrouvant bientôt avec une bonne tête de plus que ses consoeurs, et il se révéla assez tôt qu’elle avait hérité non seulement des cheveux blancs et des yeux incarnats de sa mère hapienne mais aussi de la générosité de ses formes et plus généralement, de sa beauté. Quelques traits hérités de son père rappelaient cependant le sang humain qui coulait aussi dans ses veines, comme des épaules et des hanches plus larges que celles de la belle courtisane. Son métissage fût ainsi d’autant plus souligné dans cette période, ce qui ne lui valut pas que des compliments. Bien au contraire, elle fit face à la jalousie de certaines de ses homologues, ainsi qu’à du harcèlement. Cordélia sût toutefois y faire face et apprit peu à peu à ne pas se laisser faire, puis à les ignorer si elles n’allaient pas trop loin ou à se défendre si elles le faisaient. Dans un esprit de solidarité féminine, celle que certaines surnommaient avec dédain « La Hapienne » prit soin par la suite à prendre la défense des plus jeunes qu’elle et à leur apprendre à y faire face par elles-mêmes avec leurs propres forces.

Elle, qui s’était jusque lors presque exclusivement tournée vers autrui et vers ses proches, curieuse, commençait à s’interroger sur elle-même, sur son identité en tant que sang mêlée alors que, paradoxalement, elle continuait de s’imprégner et de s’approprier la culture et l’histoire impériales. Si elle aimait sincèrement son père, son parrain et oncle adoptif ainsi que sa mère, elle était tiraillée entre une soif d’indépendance croissante, un besoin de liberté, un désir d’affirmation. Elle ne voulait pas n’être considérée « que » comme une simple femme, mais être considérée comme une égale. Contrairement à sa mère et aux idées hapiennes, elle ne se percevait pas comme supérieure aux hommes, tout comme elle refusait cependant d’être restreinte à l’image traditionnelle de la femme qui se dégageait déjà d’un nombre certains de ses camarades d’école. Les figures qui l’inspiraient le plus étaient celles des femmes fortes et résolues telles que Natasi Daala, Tessala Corvae… ou encore, à sa façon, sa propre mère. Elle ne comptait pas refuser l’aide et le soutien de son entourage proche, elle voulait aussi se débrouiller par elle-même si elle en avait la possibilité. C’est pourquoi elle ne parla à aucun de ses amis masculins, à son père et à son parrain de ses soucis de harcèlement, des remarques sexistes ou racistes qu’elle subissait, mais entreprit de résoudre d’abord la situation par elle-même.

Au cours de sa scolarité secondaire, Cordélia se sentit d’autant plus proche de Sera Reige qui fut sa seule vraie confidente sur ces questions, à l’instar d’une véritable sœur de sang et de cœur. L’étudiante chercha aussi à connaître l’avis de sa mère sur la question, mais ce dernier fut plus extrême qu’elle ne l’avait cru puisqu’il reposait sur la vision hapienne sur les relations hommes et femmes. Elle voulût connaître ces racines qu’elle n’avait pas vraiment connues, instruite en majorité par son père qui, tout aussi ouvert et aimant qu’il était, restait un homme et ne pouvait pas tout comprendre. Sans lui révéler sa vraie identité, sa mère accepta de lui donner quelques éléments de son passé afin de combler en partie ce vide que représentait l’absence de toute famille maternelle dans sa vie. Elle apprit ainsi que sa mère était une hapienne issue de la lignée principale d’une famille noble, qui s’était élevée jusqu’à diriger sa famille. Elles jouissaient alors d’une situation plus que confortable et d’une influence réelle dans la Cour de la Reine Éternelle, en dépit du fait de ne pas être encore une Matriarche. Danaé avait, à ses dires, rencontré une mésaventure alors qu’elle s’efforçait de s’élever dans la Cour et commençait à susciter la jalousie d’une Matriarche, qu’elle commençait à éclipser. Cordélia n’était cependant pas idiote et comprenait, à demi-mots, que sa mère avait voulu éclipser une autre candidate au pouvoir afin de prendre sa place, mais que pour une raison ou une autre, elle avait échoué et s’était enfuie. Toutefois, pour ne pas froisser la fierté de la belle Hapienne, elle se garda de lui en faire la remarque. Ce ne fut qu’à ses dix-sept ans qu’elle commença, timidement, à s’ouvrir prudemment à ses deux gardiens sur le sujet tout en évitant de mentionner les points qui pourraient les alarmer. Elle écouta leurs opinions respectives, qui s’avérèrent plus nuancées que celle de sa mère. Si l’Empire demeurait encore une société fortement marquée par le patriarcat, notamment dans les sphères opérationnelles et dans les hautes sphères, tous deux estimaient qu’elle était en tout point l’égale de ses pairs masculins et qu’elle avait le droit de se défendre comme telle, dans une vision plus paritaire. Ils avaient voulu l’aider autant qu’ils l’avaient pu pour qu’elle puisse choisir par elle-même de façon éclairée.

La jeune fille, devenue jeune femme, se referma en partie et s’endurcit au fil du temps face à la réalité sociale. L’enfant ouvertement curieuse et parfois bavarde referma partiellement les portes de son cœur et les fenêtres de ses pensées, gardant pour elle-même nombre de secrets, quitte à sembler être plus distante pour ceux et celles qu’elle ne connaissait pas. Ce qu’elle sacrifia en spontanéité en société, elle le gagna en prudence, sans pour autant affliger son entourage proche de ce changement. Les remarques racistes finirent, à la longue, par ne plus la blesser autant qu’au début. Elle accepta, peu à peu, son métissage hapien et humain en se convaincant qu’il était plus une richesse qu’un fardeau, que ce n’était pas une fatalité. C’était une partie d’elle-même, et ne déterminait pas qui elle était.  Cette paix intérieure fragile obtenue, elle entretint son courrier avec ses amis proches et sa famille, renouant avec plus de force ses liens avec eux après la relative distance qu’elle avait placée entre eux. Elle garda juste pour elle-même ses peines, ses épreuves, ses doutes et ses émotions « négatives », tant par un réflexe de pudeur et de prudence que par son aspiration à se façonner en femme forte.

L’école secondaire eut ainsi plusieurs mérites : elle l’aida à comprendre ce que serait la société qui l’attendrait à l’avenir, à se sociabiliser davantage, à mieux comprendre la nation impériale où elle était née et où elle commençait à trouver sa place. Outre les enseignements qui y étaient prodigués, les jeunes filles qui y étudiaient avaient pu participer à des sorties scolaires sur des mondes impériaux pour découvrir les instances gouvernementales, judiciaires et économiques, avec des petites fêtes de fin d’année encadrées par les enseignantes afin d’apprendre à mieux s’intégrer. Elle finit par se faire une excellente amie, Emilia, une jeune femme issue de la vieille noblesse qui était cependant respectueuse, ouverte, optimiste et sincère dans ses convictions. Bien que leurs talents, leurs tempéraments et leurs objectifs fussent diamétralement opposés, Emilia voulant devenir diplomate ou intégrer la Mission Impériale tandis que Cordélia songeait de plus en plus sérieusement à s’engager dans l’armée, elles en vinrent peu à peu à apprécier la compagnie de l’une et de l’autre. Avec des personnes en qui elle avait confiance, Cordélia n’hésitait plus à laisser s’exprimer sa véritable personnalité, attentive et honorable. En prenant confiance en elle, en résolvant ses insécurités, elle commença à prendre confiance en autrui. Assez en tout cas pour s’intégrer un peu au tissu social. En lui conférant des armes pour l’affronter, des codes pour la comprendre et une armure pour se défendre, Cordélia finit par comprendre pourquoi son père et Oncle Jan voulaient qu’elle y étudie. C’était une chance qu’ils avaient voulue lui donner, et c’était une chance qu’elle ne gâcherait pas. Les tourments silencieux qui la rongeaient étaient tombés, et la jeune femme s’assumait comme elle était.

Les années s’écoulèrent, au fil des changements de couleur de ruban en passant du vert au bleu, au violet, au rouge, à l’argent, à l’or et finalement au ruban multicolore de la septième et dernière année. Fruits de son travail acharné, de son bon comportement et de ses propres aptitudes, Cordélia parvint à s’élever petit à petit dans le trio de tête de sa promotion, atteignant avec fierté la troisième place.


Chapitre 6 – L’Appel des Drapeaux (1486-1490)

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Ses excellents résultats, tant académiques que physiques, lui valurent de pouvoir candidater et d’être retenue au sein de la prestigieuse Académie militaire d’Anaxes, où Galen et Lukan avaient fait leurs classes militaires avant de rejoindre les forces de la Marine en tant qu’officiers avant elle. Candidater pour rejoindre l’armée, et en particulier la Marine, était une idée qui s’était de plus en plus imposée à elle au cours de ses dernières années à l’École Tessala Corvae. Son père et Oncle Jan avaient été les premiers ravis par sa décision, même s’ils l’avaient tous deux mises en garde par rapport au courant encore très masculin voire misogyne en vogue dans l’armée. La Marine, en particulier, comportait encore pas mal d’éléments en son sein qui pouvaient faire preuve d’un racisme assez marqué, même si ce n’était pas une généralité non-plus. Cordélia ne changea pas sa décision. Elle s’y était préparée.

Les années qu’elle passa à l’Académie Impériale militaire d’Anaxes furent au moins aussi exigeantes, si ce n’est encore plus que l’École prestigieuse de Kuat. La compétition prenait de toutes autres formes, plus diffuses, subtiles, mais pas moins fourbes. Les enseignements étaient autant pratiques que théoriques, les amenant à engranger en un minimum de temps un maximum de connaissances, de savoir-être et de savoir-faire en un minimum de temps. Elle réussit également les tests physiques et psychologiques propres à l’armée impériale. Si l’on distingua son esprit vif et sa grande capacité d’adaptation face aux différentes situations rencontrées, Cordélia ne se démarqua pas chez la branche des aspirants pilotes ou des futurs officiers de la Marine. En dépit de son sexe féminin, son profil l’orientait davantage vers l’Infanterie ou vers les commandos, en particulier ses compétences innées au travail en équipe, à une certaine autonomie, sa capacité autant à réfléchir tactiquement qu’à réagir rapidement et adéquatement aux différentes situations. Cordélia choisit sans hésitation le corps des commandos, pour plusieurs raisons. D’une part, il correspondait le plus à ses aptitudes et à ses préférences martiales. D’autre part, si la jeune femme désirait ardemment s’engager auprès de la Marine, elle voulait mener une carrière un peu distincte de son père et de son parrain, tous deux officiers, tout comme son profil différait de celui de ses deux amis d’enfance, Galen et Lukan.

Elle avait l’engagement et la volonté de rejoindre ce corps militaire mal estimé, pas moins essentiel.

Plutôt que les six mois de formation standard pour les candidats au poste de stormtrooper, la formation des aspirants commandos marines était plus longue et plus intensive, s’écoulant sur plusieurs années et en moyenne sur quatre ou cinq ans. Ils devaient en effet être capables de savoir utiliser et d’optimiser leur équipement, de s’adapter et de réagir dans chaque situation qui se présentait à eux, que le combat se passe au sein d’un vaisseau de guerre allié ou ennemi, sur terre ferme ou en combat de rue, à mener un abordage ou au contraire à résister à un assaut ennemi. On les familiarisa avec les explosifs et un panel d’armes diversifiées, tout en spécialisant les profils. On leur enseigna également les bases de l’informatique. Cordélia tint à suivre en parallèle une formation de base au pilotage d’un vaisseau lourd-type de l’Empire, qu’il s’agisse d’une frégate, d’une corvette, d’un destroyer ou d’un super-star-destroyer. Si cela ne lui permettrait pas de réaliser d’incroyables prouesses avec des transports militaires, elle désirait connaître les commandes essentielles afin de pouvoir réagir dans les pires situations possibles, si le pilote ou les officiers n’étaient pas en mesure de piloter, et de pouvoir conduire suffisamment l’appareil afin d’assurer le décollage et/ou l’atterrissage. Elle posa d’ailleurs, lors de ses permissions, beaucoup de questions à son père et à son oncle sur leurs expériences respectives à bord des différents types d’appareils – corvette, frégate et destroyer –  cherchant à se familiariser avec eux vu que les transports étaient généralement assez standardisés.

L’une des principales expertises de Cordélia se révéla vite être le combat rapproché et de moyenne portée. La solide formation que lui avaient apportés son père Wilhelm et Oncle Jan se révéla très précieuse et lui permit de commencer sur de bonnes bases afin de s’aguerrir assez rapidement et de s’en faire une spécialisation. Elle excellait aux arts martiaux et avait repris de son père le goût et un talent certain pour l’escrime dans le maniement d’une vibroépée. Ils apprirent néanmoins suffisamment de bases dans la démolition, l’informatique, le combat, la médecine tant pour connaître les points faibles des adversaires que pour prodiguer des soins essentiels sur le champ de bataille, le tir à courte, moyenne et longue portée, les explosifs et les armes blanches en quête de polyvalence.

Si la formation exigeante la challengeait et qu’elle eût l’assurance qu’elle trouverait ici sa vocation, l’Académie d’Anaxes la mit face aussi à des défis de nature plus sociale. Pour trouver sa place au sein d’unités en grande majorité humaine et masculine, voire misogyne, Cordélia dût affirmer encore plus son caractère. Bien que disciplinée, elle s’endurcit plus encore et n’hésita pas à se défendre, à l’aide de ses mots ou de ses poings s’il le fallait. Lors de rares permissions pendant de maigres semaines de repos, la jeune militaire rendit fréquemment visite à son père Wilhelm et à son parrain Jan, profitant de ses passages sur Bastion pour également aller saluer sa mère et s’enquérir de ses nouvelles. Rares étaient les occasions où elle pouvait revoir Lukan et Galen vu que leurs permissions ne coïncidaient pas toujours, mais la métisse était toujours ravie de les retrouver quand l’occasion se présentait, même si elle maintenait en public son sang-froid, une certaine distance professionnelle et une humeur égale. Elle gagna peu à peu en expérience et parvint à s’affirmer assez pour s’intégrer à une grande majorité de sa promotion, tout en maintenant un niveau théorique excellent. Il resterait toujours plusieurs qui trouveraient à redire sur son sexe et sur ses origines, mais Traeda décida de ne pas leur prêter attention et de n’avoir avec eux que des discussions strictement formelles, quand elle y était obligée. Elle se fit avec le temps de bonnes connaissances, notamment au grès des stages qu’ils devaient valider au sein de différentes équipes sur différents types de vaisseaux militaires impériaux en activité.

Ce fût au terme de ces quatre années de formation que Cordélia prit la lourde décision de remplacer ses yeux naturels par des prothèses oculaires militaires. En effet, elle avait malheureusement hérité du sang hapien transmis par sa mère une très mauvaise vue dans la pénombre et dans l’obscurité, et elle avait vite constaté les inconvénients de ce défaut génétique au cours des entraînements mais plus encore des stages en situation, surtout lors des exercices en voyage spatial, et en simulation de bataille ou lors de vraies escarmouches, l’aspirante commando s’était vite aperçue des limites des lunettes de vision nocturne qu’elle était contrainte à porter pour être efficace. Lorsqu’elle quitta l’Académie militaire d’Anaxes avec les honneurs, le dos droit et la tête haute, un large sourire aux lèvres, étant parvenue dans le classement de tête, ses yeux incarnats avaient laissé leur place à un regard céleste.

Cordélia se souvenait fort bien de la soirée où ils avaient célébré sa diplomation de l’Académie sur Bastion avec Oncle Jan, ses parents, Sera et Lukan. L’absence de Galen se faisait néanmoins sentir.


Chapitre 7 – Tel est pris qui croyait prendre (1490)

Cordélia Traeda Lukan11


C’était leur dernière sortie supervisée avant qu’ils n’obtiennent leur affectation définitive. Une sorte de mise à l’essai importante puisqu’elle aurait son influence sur le poste qu’ils occuperaient et surtout le bâtiment sur lequel ils serviraient. C’était l’occasion de retenir l’attention des officiers chargés de ces navires, et de se démarquer des autres tout en faisant preuve d’une capacité de travail en équipe. Cordélia ne s’était guère impliquée dans ces dynamiques, préférant se focaliser davantage sur ce qu’elle pourrait apprendre sur ce dernier voyage encadré. C’était la première fois qu’elle avait l’occasion d’œuvrer sur un destroyer stellaire, aussi voulait-elle en savoir plus sur ce bâtiment militaire. Dans un équipage de jeunes commandos-marine en grande partie masculins, Traeda se retrouva être l’une de la demi-dizaine de femmes à bord. Rares étaient les vétérans, partis en permission et qu’ils remplaçaient pour cet acheminement du destroyer stellaire l’Implacable vers des hangars de réparation militaires. Ce n’était a priori pas un trajet risqué puisqu’ils navigueraient au sein de l’espace impérial. Le bâtiment transportait d’ailleurs lors de son trajet entre les bases militaires de Bastion et d’Anaxès des véhicules de guerre qui devaient, si elle avait bien compris, être transférés à un autre navire. Le destroyer était en outre en effectifs réduits, ne comportant alors que près de trois-cent têtes à bord, puisqu’il n’était techniquement pas en service du fait qu’on l’amenait pour être réparé.

Ce déplacement à priori banal et sans histoire ne se passa pas tout à fait comme prévu, loin s’en faut.

Alors qu’elle se rendait dans l’une des nombreuses salles de conférence du destroyer stellaire l’Implacable pour une formation tactique donnée à bord par les vétérans commandos aux nouveaux, Cordélia ne pût s’empêcher de remarquer un calme et un silence relatif inhabituels dans la coursive qu’elle empruntait, flanquée de son armure complète sombre réglementaire de commando marine. Intriguée, la commando restait vigilante alors qu’elle gagnait la hauteur de la salle de conférence… qu’elle trouva totalement déserte à son arrivée, sans individu ni le moindre effet personnel qui traînait. Lui avait-on par mégarde donné une mauvaise information ? Ce ne serait pas la première fois, le bâtiment était tellement immense qu’il était facile de se tromper au sein de toutes ses salles, surtout si on avait le malheur d’emprunter la mauvaise aile ou de s’engager dans le mauvais couloir…

Elle revint sur ses pas, toujours intriguée par le manque d’animation et de passage. Ils n’étaient certes que trois-cent à bord, mais il n’était pas normal qu’elle n’ait croisé personne jusque-là. C’était pour le moins étonnant, sinon suspect. Prenant l’un de ses blasters lourds en main, Cordélia s’avança prudemment tout en essayant de prendre contact avec ses confrères commandos pour savoir où ils se trouvaient. Malgré la fréquence militaire privée réservée aux commandos-marine, la liaison restait parfaitement silencieuse. Personne ne lui répondait, ce qui ne rassurait pas du tout Traeda. Elle essaya d’autres fréquences avec le système de communication interne de l’armure, sans plus de succès.

Ce silence-radio était absolument anormal, d’autant plus que la commando-marine ne pouvait pas l’expliquer par un dysfonctionnement des systèmes de son implant neural ou de son armure. Si ce n’était pas une avarie technique, c’était soit une négligence intentionnelle – option qu’elle écarta bientôt, ils n’étaient plus à l’Académie et donc les bassesses de bas-étage de ce genre n’étaient pas fréquentes – soit le signe d’un problème plus grave. Cordélia repassa pendant quelques minutes les scénarios qu’ils avaient vus sur Anaxès qui puisse justifier une liaison coupée, qui plus est avec un système d’alarme qui ne retentissait pas, et estima qu’elle ne pouvait pas ignorer ces anomalies. Il fallait qu’elle en sache plus. Cordélia revint vers la salle de conférence, qu’elle verrouilla de l’intérieur par précaution, garda une main sur l’un de ses blasters lourds tout en se plaçant dos au mur et légèrement en décalé par rapport à la porte d’entrée fermée de la salle. Ces précautions prises, face à son insuccès à joindre un homologue, un vétéran, un officier ou tout membre du personnel de l’Implacable, Cordélia prit l’initiative de sélectionner une fréquence de ses contacts privés. Ce n’était pas très orthodoxe, mais elle avait besoin d’informations et sans doute pourrait-il l’éclairer…

Après plusieurs instants d’attente, songeant aux parasites inhabituels des systèmes de communication et des fréquences internes aux commandos et à l’Implacable, elle fût rassurée d’entendre la voix familière de l’interlocuteur qu’elle cherchait à joindre lui répondre : son ami d’enfance, Lukan Reige. En tant que capitaine, il était plus expérimenté qu’elle et devait être plus familier avec les destroyers. Faute de pouvoir contacter un officier ou un personnel de l’Implacable, elle jugeait pertinent d’entrer en contact avec un autre officier de la marine qui avait sa confiance. Il semblait quelque peu tendu et surpris qu’elle le contacte, mais son ton restait amical alors qu’il lui demandait s’il pouvait l’aider. Cordélia, tout en gardant un œil sur les informations partielles que lui apportaient ses systèmes de combat qu’elle avait activé afin de surveiller l’activité de ses alentours proches, lui demanda sans détour s’il connaissait bien les destroyers stellaires et s’il pouvait, le cas échéant, lui indiquer le chemin le plus court vers la salle des communications puisque les navires militaires impériaux étaient, dans l’immense majorité des cas, manufacturés de manière presque identique. Il dût sentir le sérieux et la légère tension dans sa voix alors que des marqueurs inconnus s’étaient engagés dans la coursive, puisqu’il lui demanda plus d’informations sur la situation dans laquelle elle se trouvait actuellement. Estimant que l’urgence de la situation prévalait sur la réserve professionnelle, Cordélia lui expliqua le contexte et l’informa de la présence de présences hostiles non-autorisées à bord dans la coursive qui jouxtait la salle de conférence qu’elle avait sécurisée et d’où elle le contactait présentement, avant de lui préciser qu’elle se trouvait actuellement dans le destroyer stellaire « L’Implacable ». Peut-être qu’il possédait d’autres canaux sur lesquels elle n’était pas autorisée pour prévenir qui de droit s’il la situation était bel et bien anormale, comme Cordélia le redoutait de plus en plus avec le temps ?

Le nom de l’Implacable sembla interpeller Lukan, qui lui apporta à la fois une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle : la bonne nouvelle, c’était que son ami était exceptionnellement sur le même destroyer et donc pouvait tout à fait la renseigner. La mauvaise nouvelle, c’est que ce qu’elle craignait était avéré : ils avaient été abordés et infiltrés par un groupe de pirates relativement nombreux, qui avaient très probablement profité du sous-effectif exceptionnel du navire. D’un ton tout de suite très sérieux, Cordélia lui posa six questions très précises : est-ce qu’il avait une estimation du nombre de pirates à bord ? Où se trouvait-il lui-même et quelle était sa condition ? Avait-il des précisions à lui apporter concernant le sort et la localisation du personnel des deux-cent quatre-vingt-dix-huit militaires de l’Implacable ? Avait-il d’autres renseignements d’intérêt qu’il voulait lui apporter ? Reige l’informa alors, de ce qu’il avait pu apprendre de son côté alors qu’il se tenait caché dans l’un des véhicules qu’il était en train d’inspecter lors de l’attaque, qu’il estimait le nombre des pirates à une cinquantaine de têtes. Il l’informa que le personnel, incluant les autres commandos-marines, avait été pris en otage et étaient détenus à deux endroits spécifiques que les pirates, trop confiants, avaient révélé en parlant à voix haute alors qu’ils passaient à quelques mètres de sa cachette improvisée, située dans le hangar numéro deux du destroyer stellaire. S’il ne pouvait pas bouger de sa position puisqu’il n’était quasiment pas armé en dehors d’un pistolet-blaster, Reige était cependant capable de l’orienter et de la guider à distance sur ce type de navire qu’il connaissait particulièrement bien.

D’un commun accord, la commando Traeda et le capitaine Reige décidèrent d’œuvrer de concert. Cordélia devrait d’abord rejoindre la salle des communications afin qu’elle puisse utiliser le matériel des lieux afin d’envoyer un message pour prévenir les forces militaires impériales extérieures de la prise d’otage en cours sur le destroyer stellaire. Ensuite, Traeda rejoindrait la position du capitaine Reige afin de lui prêter main-forte et le libérer de sa cache précaire avant que les pirates ne le trouvent – et de fait, lui retirent le seul véritable allié en état de l’aider qu’il lui restait, outre un vieil ami – afin d’unir leurs forces pour réussir ce qui s’annonçait ni plus ni moins comme un difficile coup de force. Progressant aussi vite et discrètement qu’elle le pouvait avec son armure et les armes dont elle disposait, Cordélia ne parvint pas à contacter directement l’extérieur en raison d’un brouillage pirate, mais elle pût envoyer un message d’alerte pour aviser leurs supérieurs de la prise d’otage et de la situation rencontrée par l’Implacable. Elle ne s’y attarda pas et, guidée par la voix de Reige, se fraya un chemin jusqu’au hangar 2 en tuant sans hésiter les pirates hostiles qu’elle croisait sur sa route. Bien-sûr, cela lui prit du temps et la ralentit par rapport aux exercices, comme elle devait agir en autonomie. Elle sauva d’ailleurs la vie de Lukan en parvenant à gagner sa position juste à temps, mettant hors d’état de nuire le groupe de pirates qui s’approchaient dangereusement de la cache du capitaine. Ensemble et tout en escortant Reige afin d’assurer sa protection et d’atteindre leur objectif mutuel, ils agirent en tandem afin de réussir la dangereuse et ambitieuse opération de reconquête de l’Implacable afin de libérer le destroyer stellaire de ses assaillants. Cordélia aurait d’ordinaire préféré qu’ils soient plus nombreux pour mener une telle intervention, mais Lukan l’informa qu’il avait clairement entendu les pirates indiquer leur intention de faire exploser l’Implacable dès qu’ils l’auraient dépouillé de tout équipement intéressant dans leurs navettes. C’était un argument que Traeda accepta et ils entreprirent, lentement, prudemment et sûrement à rejoindre la salle où étaient détenus les autres commandos-marines, à les libérer et avec leur appui, à repousser les pirates et à les forcer au repli. Une fois le bâtiment de nouveau sécurisé, ils purent libérer les officiers et le reste du personnel, et procéder à une inspection minutieuse du destroyer stellaire. L’opération délicate fut, ainsi, un succès.

Cordélia salua Lukan à leur arrivée à Anaxes, le remerciant pour son aide tout en lui indiquant avec sa sincérité qu’elle avait pris plaisir à travailler avec lui, même sur une courte durée. Elle l’invita à ne pas hésiter à la prévenir quand il serait en permission sur Bastion, des fois que ses propres rares permissions coïncident et qu’ils puissent faire la surprise à leurs proches d’une visite mutuelle. Traeda lui souhaita bonne continuation avec une poigne de mains avant de rejoindre les autres commandos.

Le devoir les rappelait, tous deux et à leur échelle respective, à leurs fonctions et à leurs affectations.


Chapitre 8 – Le Requiem de l’Intrépide (1490-1492)

Cordélia Traeda Cordzo20


La rumeur de cette contre-opération menée avec succès aux côtés du jeune capitaine Reige d’alors lui valut de se faire remarquer par ses pairs, pour ses compétences plutôt que pour son apparence.  Cordélia savait qu’elle avait encore beaucoup à apprendre, mais elle commençait à gagner un peu de respect des vétérans dans le cercle des commandos. Le sergent-commando Nathan Darklighter, responsable de l’une des escouades de la Corvette de modèle Praefectus appelée « L’Intrépide » eut vent de cette affaire et la convoqua à un entretien à la base militaire de Bastion. Cordélia gardait un bon souvenir de cette entrevue, en dépit de sa prudence initiale. L’homme, un quadragénaire, s’était montré clair sur ses attentes, dignes de l’exigence impériale, et n’avait pas fait cas de son genre ou de son métissage. Il avait clairement parcouru son dossier de l’Académie militaire avec attention, incluant les différents tests qu’elle avait pu y réaliser, et l’avait interrogée longuement sur la riposte qu’ils avaient menée avec le capitaine Reige pour reprendre peu à peu le contrôle du vaisseau des mains des pirates solidement armés et nombreux qui les avaient abordés et pris au piège. Cordélia s’était contentée de faire de manière sobre et complète son rapport, répondant volontiers aux questions de son interlocuteur tout en soulignant que la prouesse avait été rendue possible par un solide travail d’équipe et la coopération de l’ensemble de l’équipage de leur destroyer. Cette entrevue avait été assez longue, mais significative puisque le sergent Darklighter lui fit une proposition d’affectation à la corvette sur laquelle il opérait. Cordélia accepta son offre et fût dès lors réassignée à L’Intrépide en tant que commando pour compléter les rangs d’une escouade requérant un soldat de plus, pour un service initial prévu pour trois ans, avec un an à l’essai et une prolongation possible à cinq ans.

Au des deux ans qui s’écoulèrent, la jeune femme parvint petit à petit à prendre sa place dans l’escouade et à gagner le respect de ses nouveaux équipiers. Une grande majorité de son escouade était d’ailleurs composée de commandos-marine vétérans, qui avaient connu leur lot d’escarmouches, d’abordages et de champs de bataille, qu’ils fussent dans l’espace ou même sur terre. En dépit de leur méfiance originale en raison de son genre et surtout de sa jeunesse, la commando Traeda demeura droite dans ses bottes et s’impliqua pour comprendre la dynamique de l’équipe afin de s’y intégrer. Le premier des vétérans avec lequel elle noua une bonne camaraderie fût le commando Jefferson Palin, surnommé « Jeff », un Marine spécialisé dans l’artillerie et dans les explosifs. Ce dernier lui fut assigné comme mentor par le sergent afin de l’aider à prendre ses marques au sein de la corvette, et puisqu’ils faisaient un tandem assez efficace, ils étaient souvent mis en équipe s’il fallait intervenir en binômes.

Cette affection relativement tranquille, internant souvent en bordure des territoires impériaux, changea en 1492 lorsque la corvette impériale « L’Intrépide » fût placée sous l’égide d’un nouvel officier dont la personnalité faisait honneur au nom du vaisseau : la princesse impériale Aerys Fel.

Cordélia fut assignée aux côtés de son escouade à une mission d’assez longue durée sur une nouvelle colonie de l’Empire dans les régions inconnues, fondée sur le monde de Viis. La jeune femme y découvrir un quotidien bien différent de ce qu’on lui avait enseignée à l’Académie d’Anaxes, mais cela ne lui déplaisait pas et elle mit du cœur à l’ouvrage. Loin de se cantonner entre les murs de la corvette, le personnel du vaisseau fût réquisitionné pour relayer les forces locales mais aussi pour aider à consolider la jeune colonie. La commando marine s’occupa ainsi alternativement de patrouilles de sécurité autour de la colonie, pour chasser des prédateurs ou des intrus nuisibles, quand elle n’aidait pas au renforcement de la colonie sous l’égide des compétences et du savoir-faire du Génie. Sur ce monde d’apparence paradisiaque géré par le jeune mais compétent Moff Titus Antoninus, ils aidèrent à développer l’industrie et les voies de communication installées sur cette planète. Cordélia fût notamment sensible à la contribution active et personnelle de la princesse Fel aux efforts, et leur efficacité fût telle qu’au lieu de l’année estimée pour les travaux la colonie fût achevée en huit mois.

Quand ils n’étaient pas sur terre ferme, ils réalisaient aussi quelques entraînements spatiaux afin de maintenir leur niveau et leur efficacité en cas d’attaque, tout en réalisant quelques tâches annexes plus propres à un contrôle des douanes improvisé pour renforcer le contrôle du trafic spatial local. Si la pêche fût d’ailleurs assez bonne et leur valut par la suite une récompense généreuse, Cordélia ne pouvait pas ne pas penser aux circonstances improbables de la rencontre de ses parents. Après tout, c’était lors d’une de ces opérations de contrôle que l’Impérial et la Hapienne étaient tombés l’un sur l’autre, et si son père avait été aussi rigoureux qu’à son ordinaire, elle ne serait probablement pas née. Elle se demandait parfois ce qui l’avait retenu de signaler la présence irrégulière de la fugitive. Cela ne l’avait cependant pas empêchée de faire son travail aussi bien que ses coéquipiers d’escouade, en dépit de l’ironie de la situation. Sa conscience professionnelle restait plus forte sur la question même si, heureusement, ils n’eurent jamais affaire à des transfuges ou à des migrants en situation illégale.

Deux incidents notoires vinrent complexifier la mission d’apparence relativement banale, l’un lié à la planète même et l’autre survenu sur le terrain spatial, et tous deux lourds en répercussions.  Le premier fût associé à la macabre découverte d’une espèce prédatrice qui attaquait et infectait ses cibles à l’instar de parasites, ses proies étant livrées à une mort inéluctable. Ce n’était jamais plaisant de devoir tirer sur des semblables, qu’ils fussent armés ou non, mais Cordélia était une femme pragmatique. Dès lors qu’elle eut la confirmation qu’il n’y avait rien qu’ils puissent faire pour sauver les malheureuses victimes, elle préférait les achever le plus proprement possible d’un tir de blaster dans le crâne. La métisse réchappa elle-même de peu à ces infâmes parasites, ne se privant pas de recourir aux lance-flammes mis à disposition et mis en commun pour repousser les repoussantes engeances qui se présentaient sous la forme d’existences huileuses grisées rampantes. Ce n’était pas un travail « propre » à faire, mais c’était hélas un mal nécessaire s’ils voulaient sauver ceux qui étaient sains. Longue à tuer fût la mystérieuse menace, à grands coups de lance-flammes, même s’il restait toujours la crainte qu’ils ne l’eussent pas tout à fait éradiquée. Au cours des tours de gardes qu’ils effectuèrent par la suite, longeant les murs qui étaient bâtis et foulant les alentours défraichis de la bourgade, personne n’avait l’esprit tranquille mais nul ne reculait face à son devoir, tout comme ils se relayaient et étaient contrôlés à chaque sortie afin de s’assurer que personne n’avait été parasité.

Quant au second incident, celui-ci se déroula dans l’espace, lorsque des sondes de l’Intrépide avaient repéré la présence d’une frégate non identifiée qui s’était aventurée jusqu’au champ d’astéroïdes de Viis. La frégate refusa de répondre aux appels d’identification, sinon en ouvrant le feu sur eux. Lorsque l’alarme se mit à hurler dans les couloirs de la Corvette, ils étaient tous équipés de leur armure et prêts au combat, prêts à intervenir pour réagir face à un abordage adverse potentiel. Ils furent ainsi les témoins de l’âpre et violente bataille entre le navire ennemi, l’Intrépide, qui l’engagea en poursuite lorsque le premier voulût ensuite s’enfuir, afin de protéger les civils qui étaient sous leur responsabilité. Cordélia pût observer la tactique qui fût mis en place pour consolider leur écart de puissance et assurer ce double-objectif de protection des civils, tout en faisant avec leur puissance amoindrie par de curieux choix des fournisseurs de la Corvette. Cordélia s’était étonnée à son arrivée, alors qu’on lui présentait le vaisseau, que ce dernier soit pourvu de moitié moins de l’armement réglementaire au profit d’un réacteur en plus. On lui avança, avec une conviction modérée d’ailleurs, que c’était pour lui apporter plus de vélocité malgré la puissance amoindrie. La jeune commando marine s’était alors fait la réflexion de sonder Lukan sur la question, peut-être qu’il aurait un éclairage d’officier qui puisse justifier ce choix très peu… orthodoxe de stratégie.

Le combat était aussi soutenu que nerveux, et sans doute riche en enseignements stratégiques pour la jeune militaire qu’elle était encore. Les coups de feu ennemis parvinrent cependant à meurtrir l’Intrépide, alors même que ses propres boucliers se mettaient à tomber. Malgré l’envoi de torpilles pour réduire leur puissance de frappe, la frégate adverse continuait de faire pleuvoir sur eux un torrent de frappes dévastatrices. Cordélia fût impuissante de voir sous ses yeux le côté bâbord être complètement ravagé et éventré, aspirant dans le vide de l’espace nombre de coéquipiers alors que les survivants se réfugiaient vers le côté tribord de la corvette. A force de vivre presque quotidiennement à son bord, il était déplaisant de voir le vaisseau souffrir sous les terribles coups. Fidèle à son nom, la corvette continuait d’avancer et rugit avec toute la force de ses réacteurs. Cordélia ne savait pas si elle survivrait à cette première assignation, mais elle était résolue à tenir son poste jusqu’au bout auprès de ses équipiers d’escouade, en tout cas ce qu’il restait de cette dernière. Ils n’étaient en effet plus que trois survivants, qui avaient échappé de justesse aux défaillances et aux incendies qui ravageaient petit à petit leur vaisseau : Jeff, leur sergent grièvement blessé et elle-même. La vaillante Intrépide se consumait petit à petit, avec la fierté d’avoir abattu sa rivale Frégate.  Ils étaient probablement condamnés à mourir si les renforts n’avaient pas fini par arriver et les avaient secourus, même si Traeda nota que la princesse Fel était resté jusqu’au bout à bord de la corvette. Ce courage, dont ne faisaient pas preuve tous les officiers, inspira un certain respect à la commando marine. Néanmoins, tout en faisant soigner les quelques blessures qu’elle-même avait récoltées à bord, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir un pincement au cœur en voyant s’éloigner la carcasse de l’Intrépide qu’ils avaient évacués : c’était le premier vaisseau sur lequel elle avait officié, et le premier qu’elle perdait, certes avec la tête haute et la vie sauve, mais cela ne les laissait pas indifférents. En dépit des liesses de la population qu’ils avaient protégée, leurs cœurs n’étaient pas à la fête. Ils ne pouvaient que rendre hommage aux trop nombreuses victimes, lourd tribut de leur victoire. Ils étaient partis à 150 membres à bord, ils n’étaient désormais plus que trente-cinq âmes qui vivaient encore.

Ils retournèrent sur Bastion, confiant le sergent Darklighter aux soins avancés de l’hôpital militaire de la capitale, où ils purent profiter d’une courte permission pour se reposer et guérir de leurs blessures. Cordélia en profita pour rendre visite à ses proches, qu’elle n’avait pas vus depuis plus d’un an. Elle eut la surprise et l’honneur d’apprendre que leurs faits d’armes sur Viis lui avaient valu d’être promue au rang de sergent commando, avec les vives recommandations du sergent commando Darklighter. Puisque leur escouade avait été quasiment décimée et que le sergent n’était pas en état de servir sur court ou moyen terme, Jeff et elle ne furent pas surpris d’apprendre qu’une nouvelle affectation les attendait de pied ferme. Traeda fut même contente de voir qu’elle pourrait compter sur l’appui du vétéran marine dans la nouvelle escouade qu’on lui confierait dans la frégate où elle serait assignée.


         


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Histoire (Suite) :



Chapitre 9 – La Frégate Fantôme (1492-1496)

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Cordélia se réjouissait de la perspective de servir sur un croiseur et de l’honneur que cela représentait, bien que les commandos-marines fussent souvent moins connus pour leurs accomplissements que les pilotes, les officiers ou les stormtroopers. Cela promettait de potentielles batailles plus intéressantes auxquelles participer, et ainsi de nouvelles expériences à acquérir. Si la présence de Jefferson était un élément familier bienvenu, Traeda était très ouverte à découvrir l’équipe qu’elle devrait superviser ainsi que les membres qui composeraient cette dernière. Si elle comptait prendre sa place de sergente, la jeune femme souhaitait aussi rester ouverte aux expériences et aux suggestions de ses soldats pour nourrir ses propres réflexions. La mission sur Viis avait été florissante en enseignements, mais cette nouvelle affectation était également bienvenue. Elle retenait de sa collaboration avec le sergent Darklighter une très bonne impression, qui lui avait permis de maîtriser les ficelles de la fonction. Pourtant, dès l’entretien d’embauche, quelque chose l’interpella et ce n’était pas favorablement. Lors de la dernière entrevue qui se passait avec l’Amiral en charge des bâtiments de l’escadron qu’elle rejoignait, quelque chose dans son comportement et dans sa posture lui déplaisait. Le ton était trop mielleux, et le regard de l’officier de cinquante ans s’attardait parfois trop sur certaines parties de son corps où il n’aurait pas dû se poser. Il ne s’intéressait d’ailleurs guère à ses expériences dans la flotte avant cette nouvelle affectation, pas plus qu’il ne portait d’intérêt sur sa personnalité ou sa perception de la direction d’une équipe et de la façon dont elle percevait ses nouvelles responsabilités. En bien des points, il se distinguait de son ancien supérieur et malheureusement, ce n’était pas en bien.

Ce mince pressentiment obscur se vérifia au fil des premières semaines de son nouveau rang de sergente à bord du croiseur de bataille de classe Lictor appelé pompeusement L’Immortel. L’homme ainsi que plusieurs des officiers qu’il avait placés aux postes de commandement s’avéra être une personne non seulement misogyne et raciste, mais aussi formé sous les enseignements de l’ancienne école. Il n’était pas ouvert à d’autres propositions que celles qu’il validait lui-même, aussi infructueuses que certaines d’entre elles s’avérèrent être. Si Cordélia s’efforçait de résister à la tentation d’insubordination quand elle faisait face à des décisions de l’amiral qui ne lui semblaient pas bien réfléchies sur les aspects de sa propre compétence, à savoir ceux qui concernaient les commandos marines, elle fit tout ce qui était en son pouvoir pour remplir les objectifs donnés mais aussi et surtout veiller à la survie et au bien-être de ses soldats, bien mal considérés par les officiers supérieurs. Cela l’amena de plus en plus à devoir prendre position pour le bien des personnes qui étaient sous sa responsabilité, et la jeune femme s’efforça d’être aussi rationnelle et objective dans ses tentatives afin de les convaincre de l’intérêt de prendre en considération les opinions des commandos marines pour les tâches des opérations qui les concernaient plus précisément. Face à la surdité d’oreille de l’amiral et du capitaine qui lui était fidèle, Cordélia rongeait son frein et prit le parti d’adapter légèrement certains ordres pour d’un côté respecter les objectifs donnés et de l’autre limiter les pertes et les dégâts qui pouvaient être anticipés. Bien hélas, malgré ses efforts et à cause de certaines décisions malavisées de l’amiral en ce qui les concernait, elle dû faire face comme son prédécesseur à des situations proches de ce qu’ils appelaient en leur jargon des « casse-pipes » des plus risqués.

A plus d’une reprise et par égard pour ses soldats comme par ambition réelle à accroître leur efficacité, la cohésion du groupe et la survie des soldats, elle essaya de convaincre l’amiral et ses subordonnés. Au bout d’une année de service, l’amiral daigna enfin accepter de la recevoir en entretien afin de discuter de ces questions. Pourtant, dès les premières minutes de leur conversation et alors que Traeda s’était efforcée de bien préparer l’entrevue et de réunir ses arguments, l’amiral ne semblait pas s’intéresser véritablement à ce qu’elle disait. Il la surprit en lui proposant de maintenir son affectation sur le croiseur plutôt que de la remplacer par un jeune officier qui devait bientôt les rejoindre et de l’affecter elle sur une croisette de leur flotte… à des conditions que la décence refusait d’accepter. Pour illustrer ses propos face à la confusion méfiante de Cordélia, l’amiral s’approcha d’elle et franchit son espace vital, lui coupant toute porte de sortie possible et essayant de l’embrasser de force alors que l’une de ses mains voulait toucher sa poitrine. La militaire ne se laissa pas faire et par réflexe autant que par dégoût, la commando marine le repoussa avec sécheresse et violence pour l’éloigner d’elle. Dès lors, l’amiral froissé dans sa fierté masculine n’eût de cesse de chercher à lui mettre des bâtons dans les roues et de chercher comment ruiner sa réputation et saboter la carrière de l’officier, en dépit de l’efficacité de cette dernière, du respect que lui vouaient ses équipiers et de ses bons résultats. Son escouade fût ainsi souvent envoyée dans des opérations risquées où leurs compétences et leur coordination furent mises à l’épreuve, où ils y laissèrent des plumes sans pour autant être brisés.

Au début de l’année 1494, l’amiral mit ses menaces à exécution et réassigna l’escouade de Cordélia sur une frégate associée à leur flotte, sobrement nommée L’Espadon dirigé par un jeune capitaine, Jared Sheners qui lui aussi avait été trop intègre pour retenir les faveurs de l’amiral de leur flotte. Après une méfiance initiale, Cordélia finit par lui accorder un semblant de confiance professionnelle. En dépit de l’ancienneté notoire de leur bâtiment, la jeune femme se consola au moins sur le constat qu’une majorité du personnel qui avait été affecté à la frégate était compétent et aussi volontaire pour œuvrer ensemble lors des opérations que pour s’agacer sur l’amiral. Cordélia se rendit compte au fil des mois que l’ensemble des membres présents sur le navire s’étaient mis à dos l’amiral pour une raison x ou y, souvent pour des motifs que Cordélia trouvaient exagérés sur un plan strictement professionnel. D’abord dubitative quant à l’expérience qu’elle pourrait tirer de cette réassignation, Cordélia se résigna à sa situation et se dévoua pour s’améliorer et pour garder au sommet de sa forme l’escouade.

L’amiral ne leur permit pas de participer à des batailles ou à des opérations qui auraient pu les faire avancer dans leur carrière, qui n’étaient pas trop risquées et très valorisantes au contraire des hommes qui s’étaient associés à l’amiral ou des militaires féminines qui acceptaient de concéder aux faveurs demandées par l’officier pour accéder à une « promotion canapé ». Il les assigna systématiquement à des missions de soutien à des planètes lointaines sur le territoire impérial. Tantôt ils devaient sécuriser ou intervenir sur des planètes dont l’amiral se fichait éperdument des populations locales et ne se préoccupait que du sort et des intérêts des impériaux d’influence ou fortunés, et ordonnait à ses escouades d’assurer leur sûreté en priorité. Fort heureusement, le capitaine Sheners s’avéra être un homme décent doté à la fois d’honneur et d’un bon fond aussi leur donna-t-il parfois des moyens de contourner un peu les règles pour essayer de veiller également sur les habitants locaux.  Le reste du temps, ils furent envoyés sur des mondes très isolés à la limite des périlleuses Régions Inconnues. Ces mondes reculés, pauvres en ressource, dépourvus de toute personne influente sur place, demandaient désespérément de l’aide face à des catastrophes naturelles, des actes de piraterie, des activités de gangs ou pour lutter contre des tentatives de coups d’état locaux, n’intéressaient pas l’amiral. Quand il annonçait à Traeda qu’il leur assignait cette mission, il lui déclarait avec dédain que les seuls qu’il autoriserait à intervenir sur place serait le personnel de L’Espadon. Ce serait eux, ou absolument rien. Que ce soit le capitaine Sheners ou ses homologues officiers, aucun d’entre eux n’avaient le cœur à refuser d’aider ces planètes impériales qui avaient besoin de leur appui et qui n’auraient aucun soutien s’ils ne s’y rendaient pas. L’ensemble de l’équipage, sur ce point, trouvait une cause commune. Si cela ne suffisait pas, L’Espadon n’était pas dans sa prime jeunesse. Bien loin de là, la vieille dame demeurait fonctionnelle en dépit du peu de financement qui lui était accordé par les autorités supérieures pour ses maintenances et ses inventaires. Outre le manque de personnel qui mettait de grosses tensions et une pression régulière sur l’équipage, leur équipement était spartiate et archaïque comparé aux frégates les mieux dotées de la flotte sous la responsabilité de l’amiral véreux. La frégate était cependant entretenue avec amour et dévotion par ses techniciens et mécaniciens et en deux ans, le personnel parvint à trouver une solution pour pallier au manque des financements nécessaires. Puisque l’amiral était un véritable renard, ils allaient se débrouiller par leurs propres moyens, notamment humains et relationnels au cours de la centaine de missions qu’ils honorèrent à bord de L’Espadon et de la quarante de mondes éloignés auxquels ils étaient venus prêter main-forte, pour certains à plusieurs reprises. Au sein de leur personnel recomposé au gré des pertes humaines inéluctables au vu de leurs conditions de travail dégradées se trouvaient des « locaux », des employés issus de ces mondes sur lesquelles leur famille résidait et qui avaient des contacts, dont des contrebandiers. Ils s’arrangèrent avec ces derniers pour obtenir ce dont ils avaient besoin avec un budget minimal, en particulier du matériel qui, sans être à la pointe de la technologie, puisse tenir la route. Cela pouvait inclure des pièces de vaisseau, des armes ainsi que des munitions décentes, en échange d’éléments qui disparaissent tels que des vieilles pièces, des trucs tombés en ruine, des choses au rebus, des vieilles pièces de speeder officiellement détruites… qui de toute façon, tôt ou tard, auraient été éliminées. Les techniciens s’arrangèrent ainsi pour maintenir un état d’inventaire en apparence tout à fait normal, faisant passer leurs nouveaux matériaux obtenus comme des éléments réparés. Cordélia put ainsi constater de ses propres yeux les efforts draconiens des techniciens en ce sens, qui leur avaient permis d’améliorer leur hyperdrive fatigué, d’obtenir des nacelles fonctionnelles, d’installer de l’armement dissimulé ou encore de renforcer leurs stocks de munitions. Ainsi, en dépit de son antique apparence, L’Espadon demeurait un navire bien plus solide qu’il n’en donnait l’air.

Ils tissèrent ainsi de bonnes relations avec les contrebandiers, qui étaient originaires de ces mondes distants ou qui y menaient couramment leur commerce afin de pallier à ce que les grands régimes n’apportent pas sur ces planètes lointaines, ou en quantité insuffisante par rapport aux besoins. Pour certains points il leur arriva de travailler en collaboration et en confiance avec eux pour des objectifs communs, par exemple lorsque l’équipage apportait des éléments d’urgence sur ces mondes tels que des médicaments ou de la nourriture ou exfiltrait occasionnellement des habitants qui avaient besoin de l’être. En échange, un certain nombre d’entre eux furent recrutés comme des volontaires pour remplacer les morts et les blessés graves dans le personnel que l’amiral refusait de faire remplacer sinon à de rares occasions ou s’il n’avait vraiment pas d’autre choix. Ces volontaires civils travaillèrent de concert et avec bonne volonté aux cotés des membres de l’équipage, en particulier avec les techniciens et les commandos en profitant d’une petite zone grise dans la législation militaire impériale. En effet, le code militaire de l’Empire avait anticipé le potentiel problème du manque de personnel en temps de guerre et stipulait qu’en temps de guerre, en cas de sous-effectifs qualifiés de « majeurs » à la discrétion du capitaine, ce dernier pouvait recruter du personnel directement sur les mondes reculés de l’Empire et assurer une formation militaire standard à bord du navire concerné, qui serait par la suite complétée par des classes accélérées une fois de retour au quartier-général. C’était Lukan qui lui avait parlé de cette petite option, aussi Cordélia ne s’était pas privée d’en parler au capitaine en guise de potentielle solution à leur cruel problème de sous-effectif en état de servir. Cordélia put ainsi recruter dans son escouade deux jeunes membres locaux qui se distinguèrent particulièrement du reste, s’intégrant avec aisance avec les autres commandos : une jeune femme du nom de Cian Teradoc qui excellait pour ses compétences et ses connaissances médicales et était doté d’un talent honorable au sniper, ainsi qu’un jeune homme qui excellait en informatique, la cyber sécurité et le piratage, et se révéla avoir des aptitudes pour le combat rapproché, nommé Auric Dorja. Cordélia se joignit aux efforts de ses commandos marines pour former le plus rapidement et le plus efficacement possibles les deux nouveaux arrivés, afin de maintenir une bonne cohésion de groupe.

Cette période déjà difficile, où elle avait peu de permissions pour faire escale sur Bastion, ne s’arrangea pas en 1494 avec la mauvaise nouvelle qu’elle apprit. En effet, Oncle Jan la contacta sur une fréquence privée et lui demanda si elle pouvait venir le voir, puisqu’ils se trouvaient pour une fois sur le même monde de l’espace impérial. S’excusant auprès de ses commandos en les informant qu’elle ne pourrait pas partager leur repas ce midi-là et obtenant une permission exceptionnelle de sortie – avec une aisance inhabituelle qui l’étonna quelque peu – elle rejoignit l’Amiral Reige dans la capitale au restaurant où il l’avait invitée à le rejoindre. Sa bonne humeur à la perspective de revoir un parent qu’elle appréciait comme un deuxième père fût quelque peu affectée en remarquant son expression plus sombre et plus sérieuse que d’ordinaire, plutôt que la jovialité dont il faisait preuve en privé. Son parrain l’invita à s’asseoir en face lui et, après quelques formalités d’usage, lui déclara que s’il était heureux de la revoir, il avait aussi une mauvaise nouvelle dont il voulait la tenir informée. Traeda l’invita respectueusement à la lui partager, ses traits tout à fait sérieux et assez soucieux. Sa perplexité et son inquiétude initiales se muèrent en horreur et en stupéfaction lorsque son parrain lui révéla, avec gravité, que si Galen s’était révélé être encore en vie, le jeune Reige avait trahi l’Empire et servait désormais la République. Cordélia aurait probablement eu du mal à y croire, si cette annonce n’avait pas été faite de la bouche de son parrain, qui lui indiqua aussi que Galen était désormais renié de la famille des Reige puisque sa traîtrise avait été confirmée par d’autres officiers, dont Lukan. La nouvelle ne fût pas plus aisée à avaler, et ce fut l’une des rares fois où Traeda demanda un verre d’alcool fort.

Elle n’aurait su dire comment elle aurait réagi si elle l’avait découvert sur le fait, à l’instar de Lukan, et elle n’osait pas imaginer à quel point son ami avait dû encaisser la douloureuse trahison. Le connaissant, il avait dû prendre sur lui et garder son sérieux, faire ce qu’il fallait faire par devoir. Hélas, vu la défaveur que lui portait l’amiral de sa flotte, elle doutait qu’il leur permette de revenir de sitôt à la capitale et les chances de croiser Lukan étaient encore plus faibles. En tant que sergente commando, elle avait beaucoup à faire et elle imaginait bien que cela devait être pire pour Lukan. Si cela l’agaçait de ne pas pouvoir être là pour lui quand il en avait besoin, elle se sentait impuissante. Quel réconfort aurait-elle pu lui apporter que les proches de Lukan ne pouvaient lui donner ? Que pourrait-elle bien lui dire pour lui apporter du soutien, que ne pouvaient le faire mieux les Reige ? Après un long silence et une longue gorgée d’alcool fort, Cordélia s’enquérait d’une voix calme auprès de son parrain de l’état de Lukan et le remercia de l’en avoir informée. La sergente ajouta, après un court silence, s’il pouvait lui accorder une faveur en veillant sur Lukan là où elle-même n’était pas en mesure de le faire. Son parrain accepta. Il lui rappela qu’elle n’hésite pas à le contacter si elle avait un problème. Avec sa réserve habituelle et un sourire égal, ses yeux bleus posés, Traeda l’assura qu’elle ne l’oublierait pas.

La jeune Traeda n’arrivait pour autant pas à se départir d’un mauvais pressentiment, vague et obscur, qui ne cessait de croître dans un recoin de son esprit. Cette réaffectation soudaine, cet équipage composé de personnes jugées « ingrata » par l’amiral de leur flotte, ce bâtiment qui, bien que solide, était bien moins entretenu que d’autres de ses semblables… quelque chose ne collait pas du tout. Ils firent de leur mieux pour être prêts à réagir face à l’imprévu, mais ils étaient loin de se douter des complots qu’ourdissait l’officier supérieur pour se délester de membres du personnel militaire compétents mais qui refusaient de se soumettre à son dictat et à ses bons plaisirs strictement égoïstes.

Ils ne le savaient pas encore, mais l’opération « Frégate Fantôme » avait d’ores et déjà été engagée.


Chapitre 10 – Embuscade (1496)

Cordélia Traeda Cordzo22


Contre toute attente, excluant celles de son propre équipage, la Frégate « L’Espadon » se tenait encore droite et fière, intrépide et fière d’avoir traversé tous les casse-pipes dans lesquels elle avait été envoyée, de continuer à sillonner l’espace impérial ou les Régions Inconnues pour venir en aide à des mondes isolés impériaux. Son personnel n’était en rien découragé par l’absence de coopération de l’amiral qui les supervisait, et une bonne ambiance de travail s’était installée à bord au sein de ses différentes composantes. Bien sûr, ils étaient toujours sous tension d’une situation critique de sous-effectif, d’un manque ressenti de financements pour l’entretien de la frégate, mais ils se débrouillaient. Le capitaine Sheners avait fait ses preuves avec tant sa capacité d’action indépendante s’il le fallait, sa capacité à s’adapter aux situations et sa solide connaissance des tactiques et stratégies navales. Ses compétences et son leadership croissants les avaient plus d’une fois tirés d’affaires, en complément de l’intervention des commandos s’il le jugeait bon. S’il était moins expérimenté que le premier capitaine que Cordélia avait connu à bord de « l’Intrépide », il apprenait et s’améliorait tout aussi vite, faisant preuve d’une grande volonté tout en sachant prendre en compte l’avis des autres officiers.

Le moral initialement bas des troupes et du personnel avait repris de l’aplomb et s’ils étaient plus détendus les uns envers les autres, ils pouvaient très vite être mobilisés s’il fallait intervenir.

Cordélia avait profité de cette période d’accalmie pour organiser la routine des commandos sous sa direction, tant pour les entraînements physiques que pour la révision des tactiques d’intervention, d’abordage ou de contre-abordage, que le terrain soit dans un vaisseau ou bien sur terre ferme. Hélas, à cause de l’opiniâtreté et de l’avarice de l’amiral, il ne lui restait plus qu’un seul commando de son escouade originelle, en dépit de ses efforts pour les former et malgré leur efficacité sur le terrain. L’expérience de Jefferson lui fut à bien des égards une aide précieuse, puisqu’il n’apportait pas le même point de vue qu’elle sur certaines questions. Cordélia restait attentive aux suggestions de ses commandos quand elles concernaient en particulier leurs domaines de spécialité respectifs, y compris celles de leurs plus récents membres tels que Cian et Auric. S’il lui tardait que tous deux puissent bénéficier du complément de formation accélérée afin d’officialiser leur appartenance au corps des commandos marine et à son escouade, les deux jeunes ne lambinaient pas à la tâche. Si Auric était doté d’une sacrée force de caractère, il formait un tandem efficace avec Cian au tempérament plus posé tout comme leurs domaines de compétences étaient assez compatibles, comme Jefferson et elle.  

Ils étaient comme le jour et la nuit. Si Auric s’était révélé très introverti, solitaire, parfois sarcastique, intelligent et des élans d’intrépidité, Cian était extravertie d’un caractère généralement doux et patient, réfléchie et méthodique, très responsable et savait faire preuve d’assez de fermeté pour avoir du répondant et canaliser Auric. Le loup solitaire avait fini par se laisser être apprivoiser avec le temps, au moins au sein de l’escouade, et s’isolait moins tout en se montrant plus soucieux de ses camarades d’escouade. Quant à Cian, elle avait pris confiance en elle et en ses compétences tant de sniper que de médecin, tout en affûtant sa force de caractère sous l’influence de Cordélia tandis que Jefferson supervisait Auric. Tous deux étaient autant capable d’agir séparément que d’intervenir en tandem. Leur dynamique avait eu une influence très positive sur les deux cadets de son escouade, facilitant leur intégration et la consolidation de l’escouade, quelque peu inhabituelle mais dont Traeda était fière.

L’Espadon comportait, entre autres, un escadron de chasseurs pour se défendre, soit une douzaine de pilotes compétents mais aux commandes d’engins qui n’étaient pas au modèle de pointe de l’Empire, réservés aux bâtiments dont les capitaines bénéficiaient des bonnes faveurs de l’amiral de leur flotte. En termes de forces armées, la frégate était aussi protégée par quatre escouades de commandos-marine, incluant celle de Cordélia, ce qui représentait donc une force de seize commandos encadrés par quatre sergents commandos-marine. Ils étaient peu en nombre, mais solides en expériences. Pour la mission de secours à une planète impériale isolée dans les Régions Inconnues, leur frégate avait été accompagnée en plus d’un autre vaisseau qui avait été placé sous son commandement, une corvette.

Cela avait paru comme une mission de routine pour un bon nombre des officiers. Pourtant, Cordélia n’arrivait pas à avoir l’esprit tranquille, ayant le sentiment que des éléments leur échappaient, sans parvenir à mettre le doigt dessus. Elle n’était d’ailleurs pas la seule à partager ce sentiment, puisque qu’un confrère sergent-commando et le capitaine Sheners partageaient une impression similaire.

Ce ne fût qu’une fois sur place que leurs soupçons se virent malheureusement confirmés par une source tierce mais sûre. Auric avait demandé à Cordélia de le suivre et l’avait menée jusqu’à un contrebandier local qu’ils connaissaient bien, avec qui ils avaient déjà fait affaire et qui était un cousin du jeune commando marine. Plus sérieux qu’à son ordinaire, Auric avait déclaré à Cordélia que son cousin avait une information de la plus haute importance à lui partager, en lui en parlant directement. Intriguée et ayant foi en ce contact qui s’était révélé aussi fiable que bien informé jusqu’à date, Traeda accepta d’écouter attentivement ce qu’il voulait leur dire… et ce n’était pas une mince information.

Le contrebandier la mettait en garde et voulut la convaincre de différer leur départ, très insistant.


- C’est dangereux. Y a des pirates, ils ont votre itinéraire de retour. Ils ont été trop calmes, on sait qu’il va se passer quelque chose, on ne sait pas combien ils sont donc ne partez pas ou bien si vous ne pouvez vraiment pas différer votre départ, faites vraiment gaffe !


Cordélia était toujours prudente sur leurs informateurs, aussi l’observait-elle avec grande attention. L’homme semblait aussi sincère qu’à son ordinaire, et ses tuyaux étaient presque toujours fiables. Elle voulût en savoir plus et lui demanda davantage de précisions et d’où il tenait cette information. Le contrebandier avait lui-même entendu des pirates s’en vanter bruyamment dans la cantina d’un monde voisin, alors qu’il s’y était arrêté après une course et s’y détendait avec son équipage. Il n’avait pas pu les prévenir plus tôt discrètement, ne souhaitant pas non plus compromettre son anonymat auprès des pirates. En plus du crédit qu’ils accordaient au contrebandier, il ne fût guère difficile de corroborer son témoignage auprès d’autres contrebandiers locaux ainsi qu’auprès de son équipage, en particulier de l’artilleur qui ne savait vraiment pas mentir. Jugeant le renseignement fiable, elle remercia le contrebandier de l’avoir mise au courant et somma Auric d’aller chercher Cian et Jefferson tandis qu’elle irait prévenir le capitaine Sheners, son adjoint et les trois autres sergents-commandos. Ils firent une réunion d’urgence dans la salle de conférence de l’Espadon, en comité restreint au seul personnel de la frégate, de la corvette et les contrebandiers volontaires à les aider en retour de l’aide qu’ils avaient déjà apportée à eux et aux locaux lors de précédentes missions. Ensemble, ils étudièrent avec attention la carte et les secteurs galactiques qu’ils devraient traverser pour regagner Bastion, suivant leur itinéraire prévu pour déterminer l’emplacement le plus propice à une embuscade pirate, réduisant les possibilités au gré des commentaires des uns et des autres jusqu’à un endroit précis, en s’appuyant également des informations récoltées par les contrebandiers qui leur étaient amicaux.

La mauvaise nouvelle, c’était que le groupe de pirates en question était connu, très nombreux et réputés comme très bien équipés, ce pourquoi c’était sans doute la raison pour laquelle l’Amiral avait contacté et fait un deal avec eux afin d’organiser une attaque sur la Frégate et la Corvette sur leur chemin de retour, qu’il aurait fait passer comme un « regrettable accident », en fournissant aussi leur itinéraire. Ils ne pouvaient pas exclure non plus que les opposants éventuels avaient été informés de leurs effectifs et du type d’armement dont ils disposaient, ce qui creusait un désavantage très ressenti. La bonne nouvelle, c’est que les contrebandiers les avaient prévenus avant leur départ et donc ils pouvaient s’y préparer de leur mieux, tout comme plusieurs contrebandiers s’étaient portés volontaires pour les escorter et leur prêter main forte en retour des services qu’ils leur avaient rendus. Ensemble, avec les compétences et les connaissances de chacun, ils purent mettre en place un plan. Dès que tout et tous furent prêts, ils quittèrent la planète et s’engagèrent sur le chemin du retour, comme si de rien n’était et comme s’ils n’étaient pas au courant du traquenard qu’on leur tendait. Cordélia pas plus que les officiers et le personnel n’avaient confiance en l’amiral et en ses sbires, aussi préféraient-ils jouer la carte de la prudence en feignant une parfaite ignorance de la machination. Ils faisaient de leur mieux pour ne pas donner l’alarme, mais chacun était à son poste, prêt à réagir. Aussi furent-ils prêts si l’info du contrebandier s’avérait, une fois de plus, parfaitement fiable et exacte.

A l’endroit déterminé entre eux par avance, ils dévièrent légèrement de l’itinéraire prévu et se dissimulèrent dans un champ d’astéroïdes limitrophe, tout en sillonnant en parallèle de la passe qu’ils avaient estimée propice à la tenue d’une embuscade adverse. Leur prudence et leur petite manœuvre portèrent leurs fruits alors qu’ils approchaient furtivement et avec une certaine distance la zone à risque. En effet, les radars de l’Espadon s’alarmèrent et leur indiquèrent la présence de plusieurs vaisseaux non-identifiés et non-affiliés : une frégate, solidement armée et accompagnée de trois corvettes ainsi que de deux escadrons de chasseurs stellaires qui attendaient, positionnés de manière à pouvoir les prendre en tenailles s’il suivait le chemin prévu. Sans les informations des contrebandiers, ils auraient été en situation de désavantage tant sur le plan du nombre qu’au niveau de l’armement. Avec l’aide des vaisseaux des contrebandiers qui s’étaient associés à eux pour ce voyage, l’écart s’en trouvait déjà aminci et leurs possibilités de riposte accrues. S’ils attendaient trop longtemps, ils risquaient de perdre l’avantage de l’initiative et de la surprise. Le temps était venu de contre-attaquer !

Avec la complicité de trois cargos des contrebandiers, trois des quatre escouades de l’Espadon filèrent furtivement vers trois des quatre vaisseaux ennemis afin de les approcher discrètement et de les aborder, pendant que leur attention était retenue par l’échange de coups de feux avec l’Espadon, leurs escadrons de chasseurs et la corvette qui les accompagnait. L’Escouade Delta que dirigeait Cordélia fut ordonnée d’aborder la corvette la plus proche de la Frégate ennemie, tandis que deux autres escouades filaient vers les autres corvettes adverses. Le plan était le suivant : ils devaient infiltrer le bâtiment qui leur avait été assigné, se rendre jusqu’à la salle des machines et saboter le générateur en provoquant une surchauffe et une implosion à l’aide de puissants détonateurs. Le timing était un élément clé puisqu’ils devaient se coordonner à la perfection entre les trois escouades sur quatre envoyées sur les vaisseaux ennemis : il leur fallait en effet faire exploser les engins en même temps, afin de maximiser le souffle et l’intensité de l’explosion afin de détruire les corvettes ennemies et au moins endommager grièvement la frégate, tandis que leur escouade de chasseurs occupait les leurs. Il fallait que l’information remonte jusqu’au vaisseau-mère, que gardait l’escouade de commandos-marine restante, afin que ce dernier puisse prendre ses distances afin de ne pas être soufflé, idéalement avec leur corvette et un maximum de bâtiments alliés et de chasseurs encore fonctionnels.

C’était une opération risquée au vu de leur sous-effectif et de leur armement. Ils l’accompliraient.

Les marines en armure sombre conquirent les coursives les unes après les autres, en s’appuyant sur leur polyvalence, leur cohésion d’équipe et leurs expertises propres. Cordélia assigna Jefferson à la mise en place des explosifs étant donné qu’il en avait l’expertise et une longue expérience du métier, tandis qu’elle confia à Auric le soin de leur ouvrir la voie par un piratage avancé des systèmes de la corvette tout en refermant les portes au nez de leurs opposants s’il le fallait pour les retarder. Cian, qui était en équipe avec Auric, agissait en arrière-garde pour leur assurer un chemin de repli si la situation venait à se corser, même si la consigne officieuse était de parvenir à leur but coûte que coûte.

Jefferson et elle ouvraient la voie en avant-garde, Cordélia se plaçant dans le rôle d’éclaireur et de leader tout en assurant la coordination de son escouade, ainsi que la liaison avec les autres escouades et la protection mutuelle de ses camarades. Ils avancèrent pas à pas, pièce après pièce, tâchant de ne pas éveiller les soupçons des forces présentes à l’intérieur de la corvette aussi longtemps qu’ils le purent. Ils s’occupèrent en chemin de s’assurer que la corvette ne sonnerait pas l’alarme à ses navires confrères, en sabotant les communications, puis progressèrent aussi vite qu’ils le purent vers la salle des machines, leur objectif principal. L’échec n’était pas une option acceptable dans cette opération. Les membres de son escouade ne posèrent pas de question. L’efficacité était la priorité, à cet instant. Heureusement, ils n’avaient pas affaire à une force armée de l’un des grands régimes galactiques, mais bien à des mercenaires non-alignés, ce qui se ressentait dans leur compétence et dans leur équipement. Ils avaient clairement misé sur la défense extérieure plus que la défense intérieure, et ce pari ne leur serait pas gagnant. Cette impréparation bienvenue serait peut-être salutaire aux marines.

La salle des machines conquises, ils ne perdirent pas un instant. Tandis que Jefferson apprêtait les explosifs avec la maestria d’un vétéran, Cordélia assurait la défense de la salle aux côtés d’Auric en rapproché, avec le soutien plus à distance de Cian qui abattait des opposants avec son sniping létal. Le temps filait, prévint Cordélia. Fort heureusement, Jefferson rattrapa leur léger retard et fit signe que les explosifs étaient prêtés, avant d’enclencher le détonateur à retardement des explosifs. Leur mission accomplie, les commandos de l’Escouade Delta se déplacèrent en abattant tout ennemi pirate à vue, cherchant à atteindre la salle avec les nacelles de secours dans le court temps qui leur était imparti. Cordélia suivait les échanges des différentes escouades. Les détonateurs avaient été enclenchés sur les différentes corvettes, dans le timing désiré. Leur repli serait cependant difficile dans tous les cas. Elle entendit en direct les voix étranglées de leurs frères et sœurs d’armes qui tombaient, sa mâchoire crispée alors qu’elle maintenait ses ordres auprès des commandos sous son commandement. De ce qu’elle avait pu entendre, elle craignait qu’au moins une escouade ait été atteinte, voire abattue. S’ils ne voulaient pas connaître le même sort, ils ne pouvaient pas souffrir de ralentir un seul instant. Cordélia mit en sourdine les communications externes pour se focaliser sur son escouade, qui restait sa priorité. Jefferson, Cian et Auric étaient sous sa responsabilité. Il fallait les sortir de cette corvette. N’hésitant pas à recourir à ses blasters lourds ou à son fusil-blaster selon le besoin, Cordélia ne retint pas sa main pour abattre ceux qui voulaient les entraver dans leur repli. Il n’y avait plus le temps de faire dans la finesse. Il fallait se frayer un chemin, aussi vite et efficacement que possible, à tout prix.

C’est à cet instant, dans l’un des derniers couloirs qui les séparaient dans leur deuxième objectif, qu’elle entendit les jurons et les grognements de douleur d’Auric qui se trouvait juste derrière elle, avant d’entendre une personne s’effondrer et de voir que son marqueur restait immobile. Faisant signe à Jefferson et Cian de poursuivre, Cordélia s’arrêta et n’hésita pas à déverser une pluie de tirs énergétiques sur leurs opposants, essayant de couvrir et de secourir leur camarade blessé. Protégée par le feu nourri de Cian qui s’était arrêtée un peu plus loin, la sergente attrapa le bras du cadet qu’elle avait recruté et formé, préoccupé par l’état fortement endommagé de son armure de commando. Il semblait grièvement blessé et peinait à rester conscient, alors que son casque était pas mal défoncé. Il n’était pas recommandé de déplacer un blessé sans connaître son état, mais ils n’en avaient pas le luxe ici. Elle ne le laisserait pas derrière si elle pouvait faire autrement. C’était son devoir envers eux. Lentement, elle avança en le soutenant, un bras glissé sous ses épaules, jusqu’à gagner la hauteur de Cian et lui confier le blessé, se retournant pour renvoyer une autre salve nourrie de tirs pour tâcher de retarder leurs poursuivants. Elle dégoupilla et lança l’une des grenades que Jefferson avait confectionnées, espérant faire le plus de dégâts possibles pour arrêter temporairement leurs ennemis. Elle tâcha de maintenir ses efforts, le temps qu’Auric et Cian aient gagné la salle des nacelles, tandis que Jefferson revenait vers elle pour l’aider à se replier. Elle n’avait plus que quelques minutes à tenir. Elle devait assurer leurs positions. Le soutien arriverait bientôt. La sergente maintint sa cadence de tir, essayant de se replier, pas à pas et de se protéger avec le décor quand elle le pouvait. Ses munitions n’étaient cependant pas infinies. Elles baissaient dangereusement. Jefferson n’était plus très loin. Son bras droit refusait de quitter les lieux sans qu’elle ne parte avec eux. Le vétéran pouvait être têtu. Elle distinguait son marqueur de plus en plus proche via les systèmes informatisés de son casque de jais. Le compte à rebours était bientôt à terme. S’ils ne partaient pas vite, personne ne sortirait vivant d’ici.

Il l’avait presque rejointe et l’exhortait à se replier alors qu’il commençait à tirer sur leurs ennemis.

Sans hésitation, Cordélia fit volte-face lors d’un bref temps mort des tirs ennemis et se prépara à courir aussi vite qu’elle le pourrait pour rejoindre le vieux commando et qu’ils se replient en binôme. C’est alors que la voix de Cian retentit dans ses communicateurs internes, lui hurlant qu’un ennemi l’avait prise pour cible. Elle entendit Jefferson jurer et lui crier de se mettre à terre. Elle n’en eut pas le temps.

Cordélia eût l’impression que le temps se figeait alors qu’un sifflement galopait droit vers elle, bien plus rapide que ses foulées. Quelque chose vint transpercer son épaule implacablement, nonobstant les plaques de son armure de commando. Un tir perforant ? Peut-être une arme verpine ? Pas moyen de s’en assurer. En un instant, le projectile avait déchiqueté son épaule droite, lui broyant le bras. Une douleur insupportable et incendiaire la parcourut alors qu’elle essayait malhabilement de courir, jusqu’à ce que d’autres tirs ne viennent la faucher droit dans ses jambes, lui faisant presque l’équilibre. Elle chût brusquement sur le sol, un sentiment préoccupant de faiblesse et de distance la gagnant petit à petit. Les voix de Cian et de Jefferson devenaient de plus en plus confuses et lointaines, tandis que sa vue se troublait. Ses systèmes s’affolèrent, sans qu’elle ne puisse se mouvoir du moindre iota.

Elle eut vaguement conscience que quelqu’un l’avait soulevée et qu’elle fût placée sur une large épaule recouverte de plaques d’armure. Les pas de course se confondaient avec les échanges de tirs et le tic-tac du minuteur qui indiquait le peu de temps qu’il restait. Elle fût déposée quelque part, les voix se mêlaient les unes aux autres, tandis que des tonalités stridentes se faisaient de plus en plus entendre.

Avec effort, elle parvint à entendre que ses commandos avaient pu évacuer. Ils avaient réussi. La langueur qui la gagnait ces dernières minutes se renforça, telle une pluie sur l’incendie qui rongeait son flanc droit.

Les paysages des différents champs de bataille se mélangeaient les uns aux autres, le passé au présent, ses pensées s’affolaient et sa conscience s’effritait petit à petit. Ses yeux voilés se perdaient dans l’obscurité soudaine et de vagues points brillants. Une nuit étoilée d’une chaude journée d’été sur Bastion, au manoir des Reige, lui revint à l’esprit, avec des échos du rire clair de Sera à ses côtés, sous les yeux bienveillants de Lukan et de Galen.

Elle s’abandonna dans le réconfort et la douceur de souvenirs chaotiques d’une époque révolue.


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Sergent Commando de Marine
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Dim 27 Mar - 17:57

Histoire (Fin) :



Chapitre 11 – Soubresauts (1496)

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Ce ne fut cependant pas un réveil de tout de repos qui l’attendit une fois qu’elle reprit connaissance. Au cours des longues semaines d’hospitalisation qui jalonnèrent sa convalescence, Cordélia apprit qu’elle se trouvait sur Bastion. La première chose qu’elle voulut savoir était comment se portaient les commandos de l’Escouade Delta, avant de s’enquérir de l’état du reste du personnel de l’Espadon. On eût tôt fait de la rassurer à ce propos, et elle apprit que Jefferson s’en tiré sans blessure grave, de même que Cian. Si Auric avait été encore plus grièvement blessé qu’elle, il avait pu être tiré d’affaire de justesse et ses jours n’étaient plus en danger, bien qu’il dût recevoir des améliorations cybernétiques avancées afin de lui sauver la vie. Puisque Cordélia avait été dans l’impossibilité de décider étant donné son état, c’était à Jeff qu’était revenu de prendre la lourde décision en son nom puisqu’il était son adjoint. Cordélia se nota intérieurement de le remercier d’avoir fait ce choix, que le commando-marine avait fait en connaissance de cause et en connaissant bien la sergente-commando. Il faudrait aussi qu’elle discute avec Auric dès qu’il serait réveillé, et demanda à ce qu’on la tienne informée de l’évolution de l’état du jeune commando-marine. L’escouade s’était à de nombreuses reprises enquis de son état, même si elle n’avait pour l’heure pas obtenu l’autorisation médicale de reprendre le service. Ils devaient, à leur façon, récupérer du piège qu’on avait voulu leur tendre. Elle ne put cependant s’entêter à poser plus de questions puisqu’on lui annonça qu’elle allait avoir un visiteur et que si elle continuait à vouloir s’épuiser de la sorte, on lui refuserait le droit de visite. Tant bien que mal, Cordélia prit son mal en patience et accepta d’essayer de prendre du repos, chose qu’elle n’avait guère fait au cours de ces quatre dernières années à bord de L’Espadon. Satisfaite, la docteure quitta la pièce en annonçant qu’elle allait faire entrer le visiteur qui attendait impatiemment son réveil.

Cordélia s’attendait à moitié à voir le capitaine Sheners ou un membre de son escouade, pour qu’elle puisse faire son rapport ou au contraire recevoir des nouvelles de ses commandos-marine. Malgré les antidouleurs qui embrumaient un peu son esprit et engourdissaient son corps, la sergente s’efforça de rester consciente alors que les portes de la chambre où elle se trouvait coulissèrent dans un sifflement. Un homme en uniforme militaire fit son entrée, avec des foulées et une voix chaleureuse familières.

Son père Wilhelm s’avançait vers elle, ses traits à la fois inquiets et soulagés en la voyant réveillée.

Il s’assit aussitôt à son chevet et dépourvu de sa formalité habituelle dès qu’ils furent seuls dans la pièce, avant de prendre délicatement sa main dans la sienne et de s’enquérir de son état. D’aussi loin qu’elle se souvenait, Cordélia ne l’avait jamais vu aussi expressif et ouvertement inquiet, et ne pensait pas qu’il lui rendrait visite aussi tôt au vu de ses lourdes responsabilités de Commodore. Constatant sa surprise autant que sa bonne humeur de le voir, Wilhelm feignit d’être vexé qu’elle soit étonnée de le voir et lui rappela que même si elle n’était plus une enfant, il n’en resterait pas moins son père. Après lui avoir arraché un faible sourire amusé, son père répondit à sa question muette en l’informant que c’était Jan qui l’avait prévenu de ce qu’il lui était arrivé afin qu’il soit au courant dès qu’il était rentré. Il consentit à répondre à ses questions, en échange de sa parole de commando de se reposer ensuite.

Quand elle lui demanda ce qu’il s’était passé après sa perte de connaissance lors de l’opération, Wilhelm lui précisa ce que selon le rapport du personnel et des commandos ayant survécu au piège, c’était bien le commando Palin qui l’avait récupérée et amenée jusqu’à une nacelle de secours, qu’il avait enclenchée avant de quitter le dernier la corvette ennemie par une autre nacelle, quelques minutes avant l’explosion qu’ils avaient programmée. Ils avaient été récupérés comme prévus par des vaisseaux des contrebandiers alliés, elle avait été stabilisée d’urgence, placée en cuve de bacta et ramenée d’urgence, ainsi que le commando Dorja, directement jusqu’à la base militaire de Bastion. Des quatre escouades de commandos-marines qui s’étaient engagées dans la contre-attaque et l’audacieuse opération de sabotage des corvettes adverses, beaucoup avaient péri. Des seize commandos-marine, il ne restait que sept qui avaient survécu, une escouade ayant été intégralement abattue sous le feu ennemi après avoir réussi leur acte de sabotage de la corvette. Quatre d’entre eux étaient sérieusement blessés, et un sergent n’avait pas survécu à ses blessures. Leur escadrille de chasseurs avait également été lourdement touchée et beaucoup de pilotes tués. Leur acte de bravoure avait cependant permis de détruire les trois corvettes pirates et d’endommager lourdement la frégate adverse pourtant mieux armée, permettant à l’Espadon dirigé par le capitaine Sheners de dominer sa rivale et de la forcer au repli. La conspiration avait pu, par leurs efforts conjoints, être renversée. Lorsque Cordélia finit par lui demander si le commanditaire avait été identifié, son père se contenta de serrer brièvement sa main dans la sienne et de commenter que la situation avait été prise en main. Il refusa cependant d’éclairer davantage sa lanterne, arguant qu’elle devait avant tout se reposer. Il l’informa avec affection et gravité que son état avait été en effet si sérieux qu’elle avait dû recevoir une prothèse cybernétique avancée pour remplacer son bras droit manquant et assurer sa survie. Elle devrait prendre beaucoup de repos et, tout au long de sa convalescence, subir de la rééducation mais que les médecins étaient optimistes et lui assuraient, si elle se tenait tranquille, une bonne rémission.

Cordélia comprit qu’elle ne pourrait pas lui demander plus d’informations, à l’expression ferme que son père Wilhelm arborait depuis son enfance quand il estimait qu’elle se montrait déraisonnable. Ils discutèrent de nombreux sujets plus détendus par la suite jusqu’à ce que la fin des visites ne sonne. Il lui promit de revenir la voir dès que possible, et l’invita une fois de plus à vraiment prendre du repos.

Il lui fallut bien plusieurs semaines pour que les médecins estiment qu’elle était de nouveau apte à servir, une fois qu’elle eût tout à fait récupérer et qu’elle se soit appropriée sa prothèse cybernétique. Elle accepta également de recevoir de nouvelles améliorations cybernétiques reliées à la nouvelle armure de commando-marine qui lui serait octroyée, qu’elle choisit après de longues réflexions à tête reposée. C’est ainsi qu’ils améliorèrent son implant-neural afin qu’elle puisse accueillir, entre autres choses, une intelligence artificielle embarquée qui l’assisterait dans ses fonctions ainsi qu’au combat. Plutôt qu’une pure spécialisation inspirée du profil-type « soldat », elle hybrida certaines améliorations avec d’autres fonctions plus génériques qui pourraient compléter les compétences de son escouade. Il lui faudrait bien sûr de la pratique et des cas concrets pour pleinement se les approprier, mais Traeda n’était pas inquiète et ne doutait pas que les occasions de se les approprier ne manqueraient pas. Elle apprit lors d’une visite du capitaine Sheners, promu sur une affectation de destroyer stellaire, que l’amiral était bien le commanditaire de l’Opération « Frégate Fantôme » qui visait à se débarrasser de tout le personnel qu’il jugeait dissident et indiscipliné, résistant à son autorité. Il avait été, aux dires de Sheners, jugé et avait reçu une punition appropriée pour ses actes, qu’ils ne le reverraient pas de sitôt pour le bien du personnel. Cordélia ne souhaitait pas connaître les détails, satisfaite que les actes de l’amiral ne soient pas restés impunis Quant au sort des commandos et du personnel de la flotte de l’amiral, Sheners ne put pas la renseigner mais lui promis de la tenir informée s’il en apprenait plus.

Le matin de sa décharge de l’hôpital, Cordélia eut la surprise de trouver à son chevet un officier de la marine qu’elle ne connaissait pas. Cette dernière lisait un ouvrage et son regard était impassible quand l’humaine posa ses yeux sur elle, avec un sourire neutre lorsqu’elle se présenta comme la lieutenante Cécilia Madera. Le nom de la jeune femme tout comme le nom du navire furent plus familiers aux oreilles de la métisse : la lieutenante faisait partie du restreint cercle d’amis rapprochés de Lukan, qui officiait désormais sur le Chimaera. La jeune femme aux cheveux verts lui indiqua que si elle était prête à quitter son lit, elle pourrait l’amener à Lukan afin qu’il l’introduise à son futur employeur. L’expression de la lieutenante de marine était si impassible et maîtrisée qu’il était difficile pour Cordélia de déduire ses intentions et réactions. Son vieil ami lui avait cependant dit du bien de l’officier Madera dans leurs correspondances écrites, aussi la sergente commando-marine voulût-elle bien lui accorder le bénéfice du doute. En outre, elle ne pouvait pas passer à côté d’une possibilité de réaffectation également pour ses équipiers, s’il était possible de maintenir l’Escouade Delta dans sa composition actuelle et sous son commandement. Cordélia décida de revêtir son uniforme noir liseré d’argent, agrémenté d’un col argenté recouvrant son cou, d’épaulières et d’un heaume renforcé par des plaques d’armure, d’une longue et épaisse jupe noire et de hautes bottes noires à talon épais, les jalons de son rang de sergente commando accrochés sur son torse. La lieutenante fit preuve d’une amabilité et d’une franchise brute, qui plurent à Cordélia alors qu’elles discutaient sur le chemin qui menait vers le spatioport militaire. L’officier de marine lui révéla au compte-gouttes des précisions sur le fameux entretien d’embauche : une entrevue directe avec le potentiel supérieur, pour un emploi bien payé, avec de bonnes conditions de travail sous la direction d’un bon chef dont « elle peut lui assurer qu’il ne lui demandera pas de faveurs d’ordre charnel ». Face au sourcil haussé intrigué de Cordélia face à cette mention, puisqu’elle ne s’était jamais ouverte sur les problèmes que lui posait son ancien supérieur, la lieutenante Madera se contenta d’une ombre de sourire amusé tout en ajoutant que si elle avait un doute, elle pourrait demander confirmation auprès du capitaine Mylena Kathis. La lieutenante la conduisit jusqu’à l’immense hangar qui contenait un gigantesque Star Dreadnought de modèle Legatus, qui portait le nom de Chimaera, vers lequel elles se dirigeaient clairement. Avec une ombre de sourire, Cordélia songea que Lukan avait fait un sacré bout de chemin sur sa carrière militaire s’il officiait sur un bâtiment militaire aussi prestigieux. Cela faisait près de quatre ans qu’ils n’avaient pas pu avoir une discussion en direct, puisque son ancien supérieur les cantonnait aux Régions Inconnues, et ils ne parlaient jamais vraiment de leur carrière respective sinon des champs batailles formateurs et des informations intéressantes qu’ils pouvaient se partager, parmi d’autres nouvelles.

En reconnaissant la tignasse brune, les yeux verts bienveillants et la haute taille de son ami une fois à bord du Chimaera et menée jusqu’à l’entrée d’un bureau d’officier supérieur, Cordélia laissa un sourire sincère éclairer ses traits austères, esquissant un bref salut militaire avant de serrer la main qu’il lui tendait avec une poigne ferme en veillant à modérer la force de sa main droite cybernétique. Elle était bien sûr ravie de le revoir en forme, sain et sauf, mais gardait une réserve professionnelle tant qu’ils étaient en contexte professionnel et public. Après avoir échangés quelques mots, Reige l’invita à le suivre dans le bureau qui se trouvait derrière lui. D’un coup d’œil, et avec l’habitude de debriefings à son ancien supérieur, Traeda reconnût le bureau d’un officier supérieur, voire même d’un amiral, tout comme elle constatait une différence majeure par la grande organisation de la pièce, qui indiquait autant un grand travail et une grande implication de son propriétaire que de grandes responsabilités. Le fauteuil, cependant, était vide alors que des éléments que la lieutenante Madera avait consenti à lui partager, Lukan devait l’introduire à un potentiel supérieur qui voulait la recruter et qui était disposé à recruter également ses équipiers ainsi que le personnel volontaire de L’Espadon. Quand elle lui posa la question une fois que la porte fût refermée derrière eux, Lukan sembla d’abord surpris avant qu’un sourire franc n’étire ses lèvres et qu’un bref éclat de rire franc ne lui échappe, épaules tremblantes. Surprise alors qu’il essayait de reprendre son flegme, Cordélia pencha légèrement sa tête sur le côté sans le perdre de vue, ses bras croisés sur ton torse, et ses yeux azurés aussi perplexes qu’intrigués, alors qu’elle essayait de comprendre que ce qui avait pu lui provoquer une hilarité aussi spontanée.

C’est alors que la sergente remarqua que sur l’uniforme de Reige, des jalons d’Amiral remplaçaient ceux de Commodore qu’elle lui avait connu jusque lors. Avec cette nouvelle information et connaissant aussi bien le talent que la personnalité de son ami, Cordélia comprit assez vite le petit tour que lui avait joué la lieutenante Madera en omettant de lui apporter une précision aussi petite que cruciale, et elle-même se maudit pour cette petite ignorance qui l’avait placée un peu dans l’embarras avec Reige. Se notant en pensée d’être désormais plus prudente sur les propos de la jeune femme, aussi sympathique que malicieuse, Cordélia décida de ne pas en prendre ombrage et d’en retenir la leçon de prudence. Plutôt, elle décroisa ses bras et laissa un léger sourire se tisser sur ses lèvres en commentant que des félicitations, bien que plus tardives qu’elle ne l’aurait voulu, étaient de rigueur pour sa montée en rang. Lukan se redressa dans son fauteuil et sourit en retour, avant de répondre que ce serait aussi l’occasion de célébrer, bien que très tardivement, sa propre montée en grade en indiquant d’un regard les insignes de sergente-commando qui étaient accrochées sur l’uniforme d’ébène de Cordélia. L’atmosphère détendue, ils reprirent tous deux leur professionnalisme et leur sérieux alors qu’il l’invitait à s’asseoir en face de lui, indiquant par ce genre le signe du début de l’entretien d’embauche.

L’entrevue se passa fort bien, bien mieux que celle de son ancien supérieur, et lui rappelait son premier entretien d’embauche avec le sergent-commando Nathan Darklighter, depuis retiré du service actif. L’Amiral Reige avait clairement bien étudié en amont son dossier et ils revinrent sur les opérations auxquelles Cordélia avait participé. Viis occupa une place d’honneur dans leurs échanges, Reige s’intéressant aux détails tactiques des opérations liées à cette campagne d’un an et demandant son opinion, qu’il s’agisse de la stratégie adoptée ou des éléments qui l’avaient interpellée. Traeda évoqua avec concise exhaustivité des éléments positifs, tel que le commandement de la princesse impériale Aerys Fel qui avait été riche en enseignements au début de sa carrière, et des éléments plus mitigés comme sa perplexité face au manque d’armement de la corvette L’Intrépide, retiré pour l’ajout d’un moteur complémentaire que Cordélia trouvait superflu, une vitesse accrue pour un feu amoindri. Elle évoqua également la supervision du sergent Darklighter, qui bien qu’exigeant lui avait appris les ficelles du métier après l’avoir formée à la réalité des tâches des commandos-marine, notamment en équipe, ainsi que des enseignements et du retour d’expériences des vétérans des commandos, tout comme des approches nouvelles apportées par des recrues « inhabituelles » pour pallier au sous-effectif. Elle tâcha d’évoquer différentes situations que l’Escouade Delta avait pu rencontrer, et comment ils étaient parvenus à atteindre les objectifs malgré les défis, les imprévus et les obstacles qui leur faisaient face, en particulier en se reposant sur les compétences de chacun, leur travail d’équipe mais aussi la capacité à agir seul ou en binôme, tout comme le besoin de bien planifier mais aussi de savoir réagir et s’adapter. Ils discutèrent longuement, avec des échanges dynamiques et une véritable conversation.

Au terme de l’entretien, après qu’ils se soient mis d’accord et qu’elle ait accepté sa proposition d’affectation, Lukan lui expliqua qu’il avait déjà songé à la recruter par le passé et qu’en vertu de ses accomplissements et de ceux de ses équipiers, il était ravi de pouvoir désormais la compter parmi les commandos du Chimaera, tout comme Cordélia serait enchantée de servir sous son commandement. Il lui confirma également qu’il s’était assuré, avec l’appui de Jan, que les survivants de l’opération désamorcée de la « Frégate Fantôme » seraient réaffectés et qu’elle pourrait conserver son escouade. Naturellement, Cordélia accepta son offre et scella leur accord par une dernière poignée de main.



Chapitre 12 – Au Nom de l’Empire (1496-1500)

Cordélia Traeda Cordzo27


Les deux années qui suivirent ne furent pas des plus tranquilles pour l’Empire Galactique, loin s’en faut. Ils firent notamment face à une tentative d’invasion d’envergure par des Ssi-ruuvi en l’an 1499, où après un discours galvanisant de la princesse Aerys Fel qui dirigeait l’opération militaire, ils eurent les mains pleines, ce qui n’était pas pour leur déplaire. Des batailles et des fronts autrement plus intéressants et complexes les attendirent de pied ferme, mais leur donnèrent aussi autant d’occasions de s’illustrer et de se battre pour défendre l’Empire. Lukan, enfin l’Amiral Reige, s’avéra être un aussi bon supérieur qu’elle ne l’espérait et il était un aussi bon commandant qu’un chef qui traitait bien son personnel, qui d’ailleurs le lui rendait bien. Outre de s’illustrer par ses prouesses stratégiques et tactiques, il prenait en compte les opinions de ses officiers tout comme de son personnel, et ne faisait effectivement pas cas de l’espèce, des origines ou du genre des membres de son vaisseau pourvu qu’ils aient le talent et le dévouement à la cause impériale qu’il recherchait. Il parvint même à gagner la sympathie et le respect des membres les plus prudents de l’Escouade Delta, tels que Jefferson et Auric.

Ce fut avec un œil alerte mais distant que Cordélia observa les remous politiques engendrés par le trépas de l’Empereur Hadrien Fel, la période d’instabilité causée par la disparition brutale de la princesse-héritière Aerys Fel et la tentative de coup d’état de l’un des princes impériaux, Aurélien. Cordélia se préoccupa naturellement du sort de la princesse Aerys Fel, dont elle gardait un bon souvenir en tant que supérieure lors de la campagne de Viis, et fût satisfaite d’apprendre par la suite que cette dernière avait finalement survécu et pu hériter de la couronne impériale peu de temps après. Tout comme Lukan, son père et d’autres membres de la famille Reige, tout et en se construisant son propre avis sur la question, Cordélia décida de porter son allégeance à la nouvelle impératrice, qui avait déjà fait ses preuves à ses yeux et à qui lui inspirait le plus de confiance au sein des héritiers. Quand elle apprit plus tardivement les circonstances de la disparition temporaire de la princesse-héritière, Cordélia ne pût s’empêcher de repenser aux incidents qui étaient arrivés sur Viis, près de dix ans plus tôt, notant de troublantes coïncidences sans pour autant pouvoir les vérifier véritablement.

Dix ans après son entrée en service au sein de la Marine impériale, Cordélia continue de s’aguerrir en tant que sergente commando-marine, ayant trouvé sa place au sein de l’Escouade Delta et du personnel du Chimaera, leurs talents ayant trouvé un terreau favorable pour se développer. Elle partage le regard de l’Amiral Reige concernant le futur de l’Empire, l’espoir de son renouveau en un gouvernement plus juste, plus méritocrate, plus moderne et plus éclatant à l’échelle galactique, sous l’étendard de l’Impératrice Aerys Fel dont elle se sentait prête de soutenir le combat, à sa mesure. Au sein d’une affectation qui lui convient et qui lui permet d’accroître ses expériences et ses compétences, Cordélia s’efforce de guider l’Escouade Delta pour qu’elle atteigne et maintienne son excellence, en puisant tant dans l’expérience des vétérans que dans le regard neuf des cadets de son unité d’élite. Cette exigence professionnelle se mêle à des impératifs personnels, notamment le fait de s’assurer que Lukan reste en vie. Ce serment personnel est issu tant par l’amitié qui les lie que par la résolution de veiller à ce qu’un officier compétent et méritant puisse survivre face aux loups qui voudraient sa perte, que ce soient des loups extérieurs à l’Empire ou ceux tapis dans les ombres de ce dernier.

Quels que soient les dangers et les ennemis qu’elle confronterait, l’Escouade Delta répondrait à l’appel.


         
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Dim 27 Mar - 18:01
Fiche terminée, relue et prête à être cuisinée par le staff Wink
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Mar 29 Mar - 0:26
Re-bienvenue sur le forum ! Ce fut une longue odyssée, mais la lecture en valait la peine, la fiche en elle-même était très agréable et l'on ne s’ennuie pas du début a la fin. J'aurais adorer pouvoir lui octroyer le succès "du premier coup", malheureusement sur ce genre d'épreuve, la moindre petite erreur peut-être fatale pour ce succès, et... Il y en a une et une seule :

La description psychologique parle d'une "école Rae Sloane" qui ne peut pas exister ici puisque Rae Sloane n'existe pas dans le canon Legends. C'est clairement une erreur d'oubli, puisque dans le reste de la fiche elle ne porte pas ce nom, mais on ne peut pas passer a côté a cause des conflits entre les deux canons. Cette petite erreur validé, tu aura ta jolie couleur et tu pourra aller faire des abordages musclés !


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Mar 29 Mar - 7:25
J'étais sûre qu'il y aurait un truc qui m'échapperait à la relecture, ça n'a pas loupé Cordélia Traeda 1f605 C'est corrigé normalement Wink Je reste à votre disposition dans tous les cas !
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Mar 29 Mar - 18:19
C'est bon, je valide donc de ce pas ! Amuse toi bien !


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