La ronce est la vengeance du sentier battu (Pv : Ellanora)

« Nous sommes en approche finale de Nar Shaddaa. » Fit la voix d'Irina à travers les hauts-parleurs du vaisseau. Dans la soute à l'arrière, la mandalorienne leva à peine les yeux de ce qu'elle était en train de faire, à savoir bricoler l'un des brassards de son armure. L'IA était parfaitement en mesure de les mener à terre et d'assurer un atterrissage tout en douceur. Ce n'était pas la première fois.

Une très légère secousse indiqua l'entrée dans l'atmosphère du transporteur de classe Kandar. C'était le signal pour Vhell, qui termina d'ajuster ses modifications. Elle s'approcha ensuite du support de son armure et leva les bras, laissant la machine l'aider à s'équiper beaucoup plus rapidement que si elle l'avait fait à la main. Chacune des plaques de Beskar vint parfaitement s'ajuster sur la combinaison que la guerrière portait déjà.

Son casque sous le bras, Vhell ouvrit la porte qui séparait la grande soute du reste du vaisseau. Elle passa devant la porte de sa chambre et ouvrit celle du poste de pilotage. Elle y prit place pour mieux observer l'immense planète-ville, laissant les manœuvres à Irina. Comme d'ordinaire, l'intelligence artificielle posa le Pandora tout en douceur.

« Prête ? » Demanda la mandalorienne. « Toujours. » Répondit Irina. Vhell appuya sur un bouton, sur le tableau de bord, et éjecta la puce qui contenait l'IA. Elle l'inséra aussitôt à l'arrière de son casque, puis enfila ce dernier.

Si Vhell était sur Nar Shaddaa, ce n'était pas pour un contrat mais bien pour une affaire plus personnelle. Elle était à la recherche d'informations au sujet de la Matriarche qui, un an plus tôt, avait manqué de la tuer. Si la mandalorienne était loin d'être aussi douée que l'était Halcyon pour obtenir des informations, elle avait tout de même été en mesure d'en rassembler quelques-unes. Vhell ne s'attendait pas, bien sûr, à découvrir la fameuse Matriarche sur cette planète… Mais plutôt une alliée de cette dernière. Une cible sans doute un peu moins dangereuse et sur laquelle la jeune femme comptait beaucoup. Celle-ci avait besoin d'informations sur sa proie et sur la meilleure façon de la faire sortir de son trou.

« J'indique le chemin jusqu'à l'Antre de Tao sur votre ATH. » Fit Irina en s'exécutant. Le chemin jusqu'à la cantina se dressa aussitôt sous les yeux de la cyborg qui referma la soute de son vaisseau derrière elle. Elle avait bon espoir que ce qu'elle allait dénicher, couplé aux informations d'Halcyon, allait lui permettre de prendre sa revanche.

Nar Shaddaa était le genre de ville qui ne dormait jamais. Une Coruscant miniature où il était facile de se perdre, au propre comme au figuré. Mais Vhell était concentrée et avait un but précis. Elle ne se laissa donc guère influencer par les vendeurs à la sauvette, les prostitués ou autres rabatteurs qu'elle croisa sur sa route.

Un dernier coin et la cantina, qui ressemblait plus à un bar à cette heure, était en vue. Vhell s'arrêta un instant pour évaluer l'endroit, que ce soit les gens qui se trouvaient amassés devant, les sorties et entrées potentielles, les menaces à considérer… Et lorsque Vhell entra, celle-ci sentit un certain nombre de regards sur elle. Quoi de plus normal, mais c'était toujours une sensation étrange. Mais la mandalorienne portait son casque et ce sentiment ne devint pas malaisant comme cela aurait pu être le cas à visage découvert. Il était même assez satisfaisant de pouvoir dévisager tout le monde sans que quiconque soit en mesure de croiser ses yeux bleus.

« Bon, trouver des informations sur une Matriarche… Facile. » Commenta l'IA avec ironie. « Il suffit d'observer pour savoir où chercher, Irina. Regarde, là-bas. La démarche assurée, tatouages tribaux sur le visage, diablement belle… » Commença à énumérer Vhell bien que seule l'IA fut en mesure de l'entendre. Celle-ci répliqua. « N'est-ce pas également ce sabre-laser qui vous met la puce à l'oreille ? » Sous son casque, le visage de la guerrière se fendit d'un sourire amusé tandis qu'elle continuait à déambuler parmi la foule, se rapprochant sensiblement de celle qu'elle avait identifiée comme une sensitive. « On ne peut rien te cacher, ma chère. Allons voir ce que nous pouvons apprendre… »

La musique retentissait dans toute la cantina.

On pouvait entendre les cordes de guitare être grattées sur ce titre déjà assez vieux. Des effets robotiques accompagnaient la mélodie et la voix du chanteur. Celui-ci demandait à répétition à quelqu’un (peut-être un homologue?) de lui dire comment il se sentait.

Puis, il laissait la batterie reprendre, avant qu’un effet d’explosion se fasse entendre dans les sonos. Oh, mais je vous rassure, cette fois, ce n’était que la musique.

Une autre histoire d’amour racontée… qui n’avait visiblement pas si bien finie. Mais il n’y avait pas à dire : la chanson était stylée. Bien plus que la gerda au centre de la pièce.

Ellanora se demandait vraiment si c’était la vision que le monde avait de son peuple. Il fallait être naïf ou ne connaître pas grand-chose à sa culture pour croire qu’une sœur oserait se présenter… de la sorte. Ou il fallait être dans l’entrée et n’avoir était témoin que de quelques secondes. Ellanora cachait scrupuleusement ses appartenances à son clan lorsqu’elle sortait pour raison personnelle… particulièrement pour faire la fête.

Cette probable catin avait des marques « tribales » qui, lorsqu’on les regardait de près, allait disparaître d’une seconde à l’autre à cause de la sueur sur son front. Ou était-ce la boisson alcoolisée qu’elle venait d’échapper? Elle était pleine comme une … femme de peu de vertue à l’heure de pointe. Elle était sur le point de déposer le bilan.

Du dégoût, c’est ce que ressentait Ellanora, Monsieur le chanteur. Et elle aussi, elle était là. À attendre. À observer ce sinistre spectacle pour sa culture. La seule chose qui était bien vraie dans ce que prétendait être cette femme ayant probablement comme métier l’accompagnement de sombres hommes, c’était ce sabre laser à sa taille. Celui-là… il devait bien fonctionner.

Mais qu’est-ce qu’Ellanora faisait là? Alors, déjà, elle n’était pas là. Enfin, si, mais de l’autre côté d’un mur. Et elle était très concentrée, car elle était dissimulée et suivait attentivement l’activité de l’autre portion de la cantina à l’aide de la Force. Elle était en quasi-phase, à vrai dire : concentrée et prête à intervenir lorsque le signal viendrait.

Comment avait-elle eu vent de ce signal? On lui avait dit qu’elle ne pourrait pas le rater. Mais encore, vous me dites? Disons qu’une vieille connaissance qu’elle avait soigné d’un empoisonnement certain, il y de cela jadis et naguère… avait voulu lui rendre l’appareil.

Parce que… on avait prévu de se faire passer pour elle. Pourquoi? Pour piéger ce dit signal.

Et il était hors de question qu’on bafoue son honneur, mais surtout celui de son clan ainsi. Ils allaient prendre cher. Ellanora n’avait certes pas la certitude que cela était lié aux tensions socio-politiques récentes sur sa planète… mais disons que cela ne serait certainement pas une surprise.

Et la fausse rousse au centre de la cantina qui faisait du bruit et qui avait trop bu commençait vraiment à l’agacer.

*Mais c’est pas moi ça! Bon… peut-être sur Dathomir, mais pas sur Nar Shaddaa… pfff.*

Et la mauvaise fortune retentie dans les haut-parleurs de la cantina. À tout le moins, c’est ce que ce fameux chanteur disait. Mais cela se ressentit aussi dans la pièce. Le signal était arrivé, les choses s’agitaient, doucement, mais sûrement.

Une explosion retentie, mais ce n’était plus la musique.

Utilisant la phase de Force, la Sœur sortit du mur.

Elle portait une cape noire rendant son identification difficile et ses mouvements plus imprévisible. Elle prit tout de même le temps d’observer ce signal : un Mandoa.

Un coin de l’entrée fumait, visiblement, le gars qui avait essayé de faire exploser le Mandoa avait manqué de visou. Ou était-ce la réaction de ce Mandoa?

Ses deux dagues en main, Ellanora ne se fit pas prier pour trancher la gorge d’un humain avant qu’il n’ait le temps de dégainer son blaster, mais décidément, plusieurs personnes dans cette cantina étaient dans le coup. Pour donner le temps au tas de ferraille de réagir, la Sœur se propulsa devant celui-ci en utilisant la déflexion de Force pour intercepter les premiers tirs de blaster en direction du mec en armure. C’était une façon silencieuse de dire « je te sauve les miches, mec, on est dans la même team que ça te plaise ou non ».

Atterrissant avec une roulade, elle commença un combat rapprocher avec agilité et dextérité contre un des tireurs à sa portée.

Elle espérait que ce Mandoa n’avait pas que de métal son armure imposante, mais aussi une poigne de fer pour gérer ce genre de situations, car à eux deux, s’ils ne battaient pas le fer pendant qu’il était encore chaud, ils auraient vite du plomb dans l’aile. Pouvoir interroger un des gars… ou une des filles derrière tout cela devait bien valoir son pesant d’or. Mais une chose était sûre : Ellanora allait être le fer de la lance.

Et, accessoirement, elle avait un amour certain pour les expressions et les jeux de mots.

« Tout cela me semble un peu facile. Statistiquement… »

La fin de la phrase fut interrompue par le bruit d'une explosion. Pas une grosse à en faire exploser les murs. Plutôt celle d'un mini-missile dont l'impact se trouvait bien loin de la Mandalorienne, près de l'entrée. Le soudain mouvement de panique empêcha toutefois Vhell d'identifier le tireur, mais celle-ci se mit aussitôt à couvert le temps d'étudier rapidement la situation.

« Mais c'est quoi ce bordel ? »

C'était effectivement le bordel. Les clients qui n'avaient rien à voir dans tout cela tentaient de fuir. Ceux qui en voulaient à la mandalorienne pour une raison obscure essayaient de lui tirer dessus.

« Je crois qu'elle, elle aura des infos. » Fit Irina alors que le regard de Vhell se posait sur la Matriarche dont les dagues étaient déjà couvertes de sang. « Ils nous prennent à revers ! » Avertit Irina au moment même où la sensitive se plaçait devant la guerrière et renvoyait les tirs de blaster à l'aide de ses pouvoirs. Cette diversion bienvenue laissa le temps à la jeune femme de se relever et de dégainer ses armes Verpine tandis que les employés du bar avaient enfin eu le temps d'attraper leurs armes sous le comptoir du bar.

C'était que l'APEX n'allait pas laisser des petits cons foutre le bordel dans l'un de leur établissement juste sous leur nez !

Forte de ces renforts, les tirs de Verpine commencèrent à pleuvoir. Si la sensitive était diablement efficace au corps-à-corps, la mandalorienne n'était pas en reste et ne manqua aucune cible visible. Et quiconque arrivait à sa portée finissait encastrer dans le mur le plus proche d'un unique coup de poing, de quoi refroidir rapidement les autres d'approcher. Ce n'était pas aussi élégant que de se battre avec deux dagues en évitant les tirs, mais c'était diablement efficace.

Les tirs finirent par cesser après plusieurs minutes d'escarmouche. L'armure de Vhell l'avait protégée d'éventuels tire qu'elle n'aurait su éviter et il n'y avait pas de mort à déplorer du côté de l'APEX, le personnel du bar ayant eu le couvert du bar pour eux. Compte à la sensitive, elle allait très bien.

« J'ai connu un meilleur accueil. » commenta la mandalorienne, la voix synthétique sortant de son casque rendant l'identification de son genre impossible. « Merci pour le coup d'main. » fit-elle ensuite en direction du personnel, à qui elle lança un généreux pourboire.

« Je détecte un assaillant encore en vie. Je vous l'affiche sur l'ATH. » intervint l'IA. La mandalorienne s'éloigna du bar ainsi que de la sensitive, qu'elle garda tout de même à l'œil, pour s'approcher du point indiqué par Irina. De derrière un pan de mur, la jeune femme sortit un humain. Assez jeune, les cheveux en bataille et les joues mangées par la barbe. Il n'avait pas une allure négligée, loin de là. Dans d'autres circonstances, Vhell l'aurait trouvé séduisant.

Mais pas là, comme l'indiqua parfaitement le rapide vol plané qu'il fit lorsque la mandalorienne le jeta par-dessus ses épaules, jusqu'au pied de la sensitive.

« Merci à vous aussi. C'était cool. » Fit-elle en direction de la femme brune. C'était la moindre des choses. « Bon, apparemment, vous avez un souci avec moi. Alors, c'est quoi l'bordel ? » Interrogea Vhell en le frappant dans le ventre sans attendre.

C'était son genre, ça. Frapper et poser les questions ensuite. Ou pendant.

Tête, épaules, genoux, orteils, genoux, orteils. Têteeeee, épaules, genoux, orteils, oreilles, yeux, nez et bouche.

Ellanora chantonnait dans sa tête en coupant les parties citées au bon moment, cela la rendait joyeuse.

C’était franchement plus chaud avec les orteils face à un homme armé d’un blaster, mais cela ne rendait l’objectif que plus satisfaisant lorsqu’il était atteint.
Ellanora se retourna vers le tas de ferraille avant même d’avoir achevé son dernier ennemi en liste.

Celui-ci fut choqué, puis ses yeux sortirent de leur orbite et il tomba au sol. Le poison. Ellanora inspira et expira d’aisance avant de faire tomber pour la première fois sa capuche sombre. Elle rangea une de ses dagues en voyant que le Mandoa allait s’occuper du dernier homme debout. Puis, elle jeta un regard sombre aux serveurs qui attendaient de sa part un regard aussi généreux que celui du tout métal.

-Même pas en rêve, crevards. J’aurais pu m’amuser un peu plus longtemps si vous n’aviez pas été là, grinça-t-elle entre ses dents en se retenant pour ne pas cracher au sol.

En voyant que le Mandalorien avait son homme, elle alla chercher sa femme : celle qui avait soi-disant prit son identité. Qui tremblait tellement sous un siège du bar de peur et d’effroi qu’on aurait dit qu’on l’avait laissé sur Hoth pendant des heures. Parce qu’il ne fait pas très « hot » sur Hoth… mais trêve de jeux de mots médiocres.

Elle prit la femme par le col. Elle devait bien faire quelques centimètres de plus qu’Ellanora, mais elle la souleva d’une poigne ferme, les bras bien hauts pour que ses pieds ne puissent même plus efflorer le sol.

-Je vais te faire regretter de ne pas t’être pris un tir de blaster perdu, rugit-elle silencieusement d’un ton froid.

Ne faisant pas attention aux remerciements – elle était grave occupée, là -, Ellanora continua a regardé la fille de petite vertue dans le blanc des yeux.
Alors que le Mandalorien portait son premier coup, la femme fut projetée juste à côté de sa cible.

Ellanora s’approcha d’eux après l’atterrissage difficile du projectile l’humanoïde.

-Alors, Monsieur Tout Métal, j’vous arrête. On a plus important à régler.

Elle désigna la femme au sol qui… lui ressemblait quand même un peu de loin, mais elle n’y croyait pas un instant.

-Dites-moi que je ne ressemble pas à cette… cette… Ce fut plus fort qu’elle. À CETTE PÉTASSE, bon sang!

Alors que les conversations et l’activité de la cantina avait un peu repris, du type messes basses et passage de balais, tout le monde s’arrêta à nouveau, un peu surpris par la violence à laquelle le terme fut prononcé.

Puis, la Sœur de la nuit, visiblement insultée, mais ne perdant pas complètement ses esprits poussa doucement la ton de métal… enfin, autant qu’elle le pouvait.

-Je sais faire parler. Vu comment vous cognez, dans deux coups, il ne pourra plus parler. Ma méthode est nettement plus efficace.

Se mettant à genoux au sol, Ellanora se concentra sur ses cibles, l’homme et la femme devant elle qui s’étaient figés. Quelques secondes après, les deux se mirent à se tordre de douleur alors qu’Ellanora était toujours à genou à environ un mètre d’eux. Elle laissa le processus se faire pendant qu’un petit sourire apparaissait sur commissure de ses lèvres. Une trentaine de secondes plus tard…

-Vous allez nous dire absolument tout ce que vous savez. Sans omettre un seul détail. Sinon, j’ai toute ma soirée. Je suis claire?

Les deux obtempérèrent immédiatement.

-Vous voyez. Douloureux, mais sans séquelle directe sur les organes, donc ils peuvent encore parler après.

-J’ai reçu 10 000 crédits… juste pour venir ici. Je n’ai pas vu le visage de la femme, dit la prostituée en tremblotant.
-On devait vous tuer… Il pointait le tas de ferraille. Et faire passer le mot comme quoi Hesperia du Clan du marais incandescent s’était chargée de vous pour que les Mandaloriens veuillent se venger sur Dathomir et sur son peuple.

Des ennemis, ça Vhell concevait en avoir. C'étaient les risques du métier, en quelque sorte. Se faire attaquer par surprise, cela aussi elle connaissait. Par contre, ce qu'elle n'aimait pas, c'était voir des innocents se retrouver pris entre deux feux : le sien et celui de ceux qui voulaient sa tête. Il n'y avait aucun honneur à voir des innocents mourir. Ou, en tout cas, des personnes qui n'avaient rien à se reprocher vis à vis de la mandalorienne. Ceci expliquait aisément pourquoi elle était en colère et pourquoi elle faisait désormais parler ses poings. Elle retenait ses coups, bien sûr, car l'homme serait mort depuis longtemps sans une telle précaution. Quant à la Dathomirienne, qui s'en prenait à celle qui avait tenté d'usurper son identité, Vhell n'en avait que faire. La sensitive méritait réparation pour le préjudice et peu importait à la guerrière de quelle façon tout ceci allait se passer.

Jusqu'à ce qu'elle soit prise à partie par la sensitive. « Selon mes calculs, la ressemblance est de 70%. » Fit Irina dans le casque de la guerrière, qui se releva. Ses poings étaient ensanglantés. « 70% de traits communs. De loin et dans la pénombre, avec plein de gens, l'erreur est excusable. » répondit Vhell en regardant la Dathomirienne du coin de l'œil, ce que celle-ci ne pouvait que supposer. Quant à passer pour un homme, la mandalorienne en avait l'habitude et n'y prêta aucune attention.

D'ordinaire, Vhell ne laissait pas sa proie à quelqu'un d'autre. Mais c'était sans compter sur Irina qui décida d'intervenir avant que la guerrière ne refuse de bouger. « Elle n'a pas tort. Sa mâchoire est déjà en sale état, vous ne voudriez pas l'empêcher de dire ce qu'il a nous révéler, n'est-ce pas ? »

Les poings serrés, la mandalorienne se décala donc, amusée par l'incapacité de la Dathomirienne à la faire bouger d'un centimètre. Il fallait aussi dire que le beskar pesait son poids, sans parler des prothèses cybernétiques de la jeune femme dont la masse venait s'ajouter au tout. Tenter de pousser Vhell, c'était comme essayer de faire tomber un mur. Pas simple.

La jeune femme s'éloigna donc de quelques pas, les bras croisés sur sa poitrine. Elle ne quittait pas du regard l'autre femme, étudiant ses mouvements et sa technique. Sans surprise, celle-ci eut recours à la Force. C'était un peu de la triche pour la mandalorienne, qui détourna les yeux du spectacle. Pas que les voir souffrir la dérangeait, mais les sensitifs et les mandaloriens n'avaient jamais été de grands amis.

Toutefois, les informations révélées firent se retourner Vhell. Celle-ci s'approcha de nouveau. « Et je doute que cette Hesperia soit vraiment derrière tout ça, parce que sinon elle est sacrément conne. » La jeune femme ne mâchait pas ses mots, jamais. « Ça vous parle ce nom-là ? » Demanda t-elle à la Dathomirienne. Parce qu'un nom pareil, cela venait forcément de Dathomir.

Soixante-dix pour cents. La pénombre. Balivernes !

La mâchoire de la Soeur tomba. Il avait du cran celui-là. Puis, elle prit une mine boudeuse. Malheureusement, elle n’avait pas le temps de revoir ce pourcentage à la baisse. Il fallait mettre des priorités dans la vie et surtout de la clarté dans toute cette histoire. La méthode Mando’a était vachement trop salissante… pour rien. Qui s’y frotte s’y pique, d’accord, mais niveau efficacité, on repassera.

Pousser ça… c’était plus compliqué que prévu. Mais Ellanora ne fut pas la première à abandonner.
C’était souvent comme ça, en fait. On pourrait en déduire que c’était elle la plus chiante.

Ellanora se retint pour ne pas cracher puis étriper, boyau par boyau la prostituée. Néanmoins, un simple soupire émana de son être lorsque l’homme parla à son tour.

La réaction était visiblement inversée pour le Mandalorien. « sacrément conne ». La Sœur de la nuit ne pouvait qu’approuver.

-Je ne fais pas faire le sale boulot par les autres, si ce que vous sous-entendez. Si ça me parle ? On m’appelle Hesperia et mon clan est celui du Marais incandescent. Et cela ressemble bien à une manigance pour établir une instabilité sur Dathomir. Mais pourquoi vous ? Vous êtes qui au fait ?

Elle fit une courte pause en repensant que la prostituée avait parlé d’une femme. Une ruse ? On voulait laisser penser qu’il s’agissait d’une attaque ou d’une menace indirecte de la part d’un autre clan ? Trop d’incertitudes et de questions se bousculaient dans la tête de la Dathomirienne.

D’un seul bond, elle prit par le collet l’homme et le sous-leva au bout de ses bras d’un geste vif, mais maîtrisé (heureusement, il n’était pas beaucoup plus grand qu’elle).

-Pourquoi CE Mando’a ? Et pourquoi impliquer les mandaloriens dans des conflits de clans ? Et surtout des mercenaires pas foutus de tuer un seul mec…

La dernière portion de sa phrase était plus pour elle-même. Elle regarda le sol pendant quelques secondes, le temps de réfléchir en disant cette phrase.

-En même temps, engager des hommes… mes sœurs auraient dû mieux savoir. À moins que cela ne soit pas elles ?

Elle soupira à nouveau, puis poussa un petit grognement en déposant l’homme au sol pour qu’il réponde.

C'était de la triche, mais c'était efficace. Vhell le reconnaissait. Elle s'attendait désormais à voir un peu plus clair dans toute cette histoire, mais la réponse de la sensitive lui prouva le contraire. Derrière sa visière en T, la jeune femme fronça les sourcils.

Hesperia se trouvait en face d'elle et, par conséquent, il ne fallut qu'un instant pour que la mandalorienne comprenne ce qui se tramait. Toutefois, ne pas avoir prévu que la Dathomirienne allait également se trouver sur Nar Shaddaa était une erreur de calcul grossière, à moins que le destin ait eu de l'humour en réunissant les deux femmes. Tout ceci n'était-il vraiment que le hasard ? Vhell avait des doutes.

« Personne d'assez important pour que le Protectorat veuille venger ma disparition, mais on m'appelle Vhell. » Répondit d'abord la jeune femme. « Ma famille certainement, mais ils ne sont pas assez nombreux ni assez fous pour se frotter frontalement à votre peuple. »

C'était un constat simple à faire pour Vhell. Il devenait donc évident pour cette dernière que ce plan avait été concoctée au dernier moment, sans réellement y penser à deux fois. Et pourquoi se donner tant de mal pour la tuer ? Il y avait plutôt fort à parier que déstabiliser Dathomir était l'objectif principal. Mais qui se donnait tant de peine ? Une Matriarche ? Il était coutume pour elles de se tirer dans les pattes, alors pourquoi pas ? Songea la jeune femme.

« Il me semble que c'est une coutume pour les Matriarches Hapienne de se faire des coups pareils, non ? »

Les bras toujours croisés sur sa poitrine, la jeune femme se déplaça vers l'homme que 'Hesperia' déposait pour qu'il réponde. Derrière sa visière en T, elle dévisagea cette dernière. « Une idée de quelle Matriarche vous voudrait du mal au point de passer à l'acte ? »

Fous ? Il ne fallait pas être fous pour ne pas se frotter à ces abrutis. Après tout leur petite démonstration l’avait bien prouver, non ? Ils sont nazes.

Les pensées de la Sœur défilaient à toute vitesse, mais elle ne pensait pas stratégie.

Elle regardait plutôt l’armure du mec en se disant Il me faut la même. Il doit être trop canon, Vhell.


Puis, elle fut sortie de ses réflexions pour les moins sulfureuses par un commentaire sortit du casque métallique.

-Je préfère Matriarche, tout court , dit-elle un peu sèchement. Demandez aux hapiennes si elles nous considèrent de la sorte. Nous sommes les Sœurs de la nuit. C’est différent. Mais vous avez raison sur un point. Les fourberies sont les mêmes. Mais de là à prendre une prostituée pour incarner mon personnage… elle est toute flasque.

Elle prit un air dépité. Puis, son air se durcit au moment où Vhell posa sa question.

-La politique de Dathomir est plus complexe que celle des Mandoa visiblement.

Elle fut tout sourire d’un seul coup.

-On ne soupçonne pas nos ennemis en premier, mais nos subordonnées. Le problème est que si je les fais toutes tuer, je n’aurai plus de clan…

D’un seul coup, Ellanora propulsa l’homme et la prostituée contre le mur avant de les laisser durement tomber.

-Vous venez avec moi ? Il faut continuer ces investigations !

Elle tira le bout de ferraille en sautant sur son dos

-Alllleeeeeeeeeeeeez s’il-vous-plaît !! On a rarement de la visiteeeeeeeeeeuuuuuh. EN AVANT TOUTEEEEEEEEEEEEEE direction Dathomir !!

Son vaisseau n’était pas loin, mais il restait tout de même à savoir vu la taille de l’armure où elle pourrait le caser pour le temps du voyage. Ca changerait bien des Hapiens à son service !

D’après ce qu’elle avait entendu dire… il ne retirerait pas son casque. C’était pas un peu compliqué pour la douche ?

Malgré son apparent immobilisme, Vhell dévisageait la Dathomirienne. C'était l'avantage de la visière teintée : son regard pouvait se promener alentour sans que personne ne s'en rende compte. La mandalorienne avait toujours apprécié ce fait : elle pouvait soignement étudier ceux qui l'entouraient sans que ces derniers ne se doute de quoi que ce soit. De fait, la jeune femme ne manqua pas le regard appréciateur de la sorcière pour sa beskar'gam, car il ne pouvait s'agir que de cela, et esquissa un sourire amusé.

Le sourire de Vhell s'effaça rapidement lorsque la sorcière reprit la parole d'une manière un peu sèche, corrigeant les propos de la jeune Verd'ika. Vhell était encore relativement jeune et les subtilités du Consortium lui échappaient en grande partie, d'autant plus qu'elle n'appréciait guère s'y impliquer. Cependant, le destin semblait avoir décidé de mettre une Sith, ou du moins une alliée des Sith, sur sa route.

— Notre politique est effectivement plus simple, répondit Vhell sans bouger, les coups de beskad dans le dos, cela arrive, mais ce n'est pas monnaie courante.

Effectivement, les Mandaloriens étaient connus pour leur fierté et leur code d'honneur. Dans leur culture, les conflits étaient généralement réglés de manière directe, à la lumière du jour, souvent à l'aide de leurs poings ou de leurs compétences au combat. Les attaques sournoises étaient plutôt attribuées aux faibles et à ceux qui ne respectaient pas les valeurs de l'honneur.

La suite laissa Vhell pantoise un instant. Elle ne s'était pas attendue à ce que la Dathomirienne lui saute ainsi sur le dos et, le moins que l'on puisse dire, c'est que la jeune femme se retrouva rapidement les fesses par terre.

— Ne refaite jamais ça, lui dit-elle durement en pointant son index dans sa direction. J'ai un vaisseau, je peux vous suivre, tout simplement, rajouta Vhell en se dirigeant déjà vers la sortie du bar.

La susceptibilité.

Aspect complexe de la nature humaine se manifestant lorsque nous sommes sensibles aux commentaires, aux critiques ou aux actions des autres et que nous sommes plus enclins à réagir de manière émotionnelle. La susceptibilité peut avoir un impact significatif sur nos interactions sociales, nos relations personnelles et même notre estime de soi.

Il s'agit  d'une émotion universelle, quelque chose que chacun d'entre nous ressent à un moment donné. Cependant, sa fréquence et son intensité varient d'une personne à l'autre. Certaines personnes sont plus susceptibles que d'autres en raison de leur personnalité, de leurs expériences passées ou de leur estime de soi. La susceptibilité peut se manifester de différentes manières, allant de la réaction à la critique constructive à des accès de colère ou de tristesse en réponse à des commentaires négatifs.

Les causes de la susceptibilité sont multiples. Elle peut être le résultat de blessures émotionnelles passées, de problèmes d'estime de soi ou de perfectionnisme. Parfois, elle est liée à des attentes irréalistes que nous avons envers nous-mêmes ou à une forte dépendance à l'approbation des autres. Les expériences de rejet ou de trahison dans le passé peuvent également rendre les individus plus susceptibles aux critiques ou aux jugements.

Les conséquences de la susceptibilité peuvent être nombreuses et significatives. Elle peut entraîner des conflits interpersonnels. Et laisser certaines occasions nous filer entre les mains...


Elle regarda autour d’elle. Peut-être avait-elle été susceptible la première.

Elle se redressa comme elle le pouvait et se mit à courir derrière le Mandoa’

- Non, attendez ! Pardon ! Je me suis un peu emportée.

Elle pleurait intérieurement. *Mon rencard est en train de filer…*

- Voici les coordonnées, dit-elle en passant un bout de papier abimé et trempé. On faisait avec ce qu’on avait, n’est-ce pas ? Vous connaissez un peu la planète ? Conseil d’amie. Ne touchez à rien, surtout si c’est joli. Et même si c’est moche.

Direction le spatio-port ! Elle marchait d’un pas énergique et enjoué, sautillant par moment, gambadant par d’autres.

- Au fait, vous vous douchez comment si vous n’enlevez pas le casque ?

Vhell avait bon dos, au propre comme au figuré, mais sa tolérance face à l'exubérance de cette nouvelle rencontre avait des limites. Seule la curiosité de la jeune femme à l'égard de la personne qui en voulait à sa vie la poussait à coopérer, et la perspective d'un voyage au cœur d'une planète remplie de créatures mortelles et de sensitives tout aussi dangereuses n'était pas pour rassurer la Mando'ade.

C'était toutefois d'un pas soutenu que la jeune femme se dirigeait vers l'endroit où elle avait posé le Pandora, tandis que son détecteur de mouvements lui indiquait que la Sœur de la Nuit courait derrière pour la rattraper. Vhell, bien sûr, ne fit même pas semblant de ralentir son allure jusqu'à ce que l'autre femme arrive enfin à sa hauteur. Derrière sa visière en T, la mandalorienne dévisagea la sorcière à la recherche d'une quelconque trace de regret sur son visage, avant de saisir le bout de papier. Une rapide lecture des coordonnées permit à Irina de les sauvegarder.

La soudaine question fit sourire Vhell sous son casque tandis qu'elle dodelinait de la tête, l'air désabusée… ou amusée. Cette sensitive n'avait pour le moment rien à voir avec ce qu'elle en connaissait et cela avait quelque chose de rassurant autant qu'inquiétant.

— On retire le casque. Et l'armure, répondit la jeune femme d'un ton moqueur tandis qu'elles arrivaient au pied du Pandora, dont la rampe s'ouvrit d'une commande via l'affichage tête haute de Vhell. Il est où votre vaisseau ? Lui demanda-t-elle en se plaçant de telle sorte à lui bloquer le passage, les poings sur les hanches.