Une antiquité à retaper [PV Larelia Azira] - [Terminé]

Naboo. La capitale de la République. Isïana avait toujours trouvé que la beauté des lieux avait toujours été enjôlée par la propagande républicaine. Pour une fois, enfin, pour le coup, elle n’avait pas vu juste. Rien que depuis l’orbite, la planète était belle à voir. Mais lorsque l’Améthyste, son vaisseau de fonction piloté par TR-36, le droïde pilote, avait traversé l’atmosphère, la Twi’lek avait pu réellement admirer les paysages verdoyants et bleutés.

Et que dire de Theed ? Elle n’était pas une grande experte en art, mais l’architecture de la capitale naboo était sublime, tout à fait à son goût. Clairement, elle pourrait rester des mois si ce n’est des années infiltrés ici, si on lui donnait la possibilité. Ce qui n’arriverait clairement jamais.

Pour l’heure, elle prolongeait son rôle depuis Zeltros. Elle venait en tant que Manae Querassa. Une délégataire de HoloVoyage Extérieure, une compagnie créée de toute pièce avec une fausse adresse sur Bespin, plusieurs docks d’un chantier naval orbital de Rothana en sa possession. Elle avait laissé Alershaa Phaal, la Togruta qu’elle avait embauché comme conseillère de son entreprise fictive, aux mains de Jonathan DuCade, après la fin de la vente aux enchères. La Twi’lek imaginait sans mal que les deux devaient profiter de leur déclaration commune. Isïana n’aurait même pas été étonnée si elle croisait les deux à l’astroport, pour qu’ils prennent un taxi jusqu’aux contrées des lacs.

En tout cas, de son côté, sa venue sur Naboo n’avait qu’une raison purement pragmatique. Elle avait obtenu un antique chasseur Naboo N-1 lors des enchères, qui aurait plus sa place dans un musée à l’heure actuelle, et comptait le mettre à niveau. Ce que ferait typiquement Manae, en tout cas. Elle avait également promis à Plo Tan'ith de lui prêter les manettes un jour. Des promesses dans le vent, pour l’Agent Malva, mais qui sait, ça pouvait toujours lui servir dans le futur ? L’amiral républicain qui avait été d’ailleurs l’acquéreur final de l’enchère à Zeltros. Isïana avait fait de son mieux, mais clairement, elle ne pouvait guère faire plus sur le moment. Elle connaissait plus d’une personne qui serait déçue, mais, c’était le jeu. Il y avait des gagnants, et des perdants. Et de toute façon, Isïana ne pouvait clairement pas faire le poids.

Bref. Theed. Après quelques autorisations administratives en tout genre, géré automatiquement par TR-36, l’Améthyste put se poser sur un des quais de l’astroport. Elle était un peu éloignée du centre-ville, mais trouver un taxi serait probablement un jeu d’enfants. Elle imaginait mal la planète accueillant le Sénat républicain ne pas avoir un réseau de transports fiable. Même si avec les républicains …

« Nous sommes arrivés. »

La voix mécanique du droïde résonna dans l’intercom du transport, et notamment dans la cabine privée où se trouvait actuellement Isïana. Une cabine somme toute sommaire, mais luxueuse pour du voyage. Isïana l’avait fait aménager en petite chambre, avec une petite cabine douche, et l’essentiel pour qu’elle puisse se cuisiner en cas de longs voyages dans la galaxie. Autant dire que sa garde-robe était plutôt légère, elle ne risquait pas d’y mettre tout ce qu’il y avait chez elle, à Nar Shaddaa. Et comme elle n’avait pas spécialement prévue de prolonger son voyage, son choix était clairement limité. Heureusement, elle emportait toujours au moins quatre ou cinq tenues différentes, au cas où, si elle devait se faire passer pour une autre au dernier moment.

Pour le coup, elle portait une robe bleu nuit serrée. La tenue élégante qu’on attend d’une chef d’entreprise, mais qui met également ses courbes en avant, de quoi lui permettre d’entamer un jeu de séduction rapide si l’envie l’en prends. Et même sans, avec certains. Des chaussures élégantes, mais simples, noires. Et quelques bijoux au cou, sur mes lekkus et aux poignets. Un brin de parfum, un brin de maquillage. Et là voilà prête à sortir de sa cabine, rejoignant un courant instant la cabine de pilotage.

« Merci TR. Je ne sais pour combien de temps j’en aurai.
- Bien reçu, Agent Malva.
- Je t’ai déjà dit que tu pouvais m’appeler Isïana.
- Bien reçu, Agent Malva Isïana. »

La Twi’lek roula des yeux, soupirant, puis se dirigea vers la sortie du transport Kandar. Elle eut presque le sentiment que le droïde s’était mis à rire d’un ton moqueur. Du moins, autant qu’un droïde pouvait l’être. Elle lui referait bien les circuits, à celui-là …

Mais pour l’heure, elle avait mieux à faire. Encore que ? Elle quitta le quai rapidement, se fendant dans la foule. Peut-être qu’à une époque lointaine, une Twi’lek se serait vite fait remarquer, mais pour le coup, elle passait plus ou moins inaperçue. La joie des capitales galactiques. Enfin, galactique. D’un bout de la galaxie, plutôt. Bref. Un taxi fut rapidement trouvé, direction, le centre-ville.

Elle ne savait pas où chercher. Un expert en chasseur naboo ancien ? Cela ne devait pas courir spécialement les rues. Une recherche sur Holonet répondrait sans doute à la question. Elle aurait pu le faire avant, pendant le trajet entre Zeltros et Naboo. Mais elle avait eu plus important à faire. Comme, un rapport sur ce qui s’était passé à Zeltros, justement. Autant dire qu’elle n’avait pas le temps. Du coup, elle le ferait tranquillement autour d’un verre. Spontanément, elle aurait tenté la cantina. Mais ça ne correspondrait pas trop à Manae. Un salon de thé, tiens, ça ferait l’affaire.

Elle en trouva un après quelques minutes de marche, s’installant sur une terrasse. Elle commanda un thé fleuri à la serveuse qui se présenta. Et en parlant de fleurs, en cette chaude après-midi, les agréables odeurs printanières se sentaient vraiment. Non pas que la Twi’lek allait s’en plaindre. Elle récupéra un petit datapad toujours dans une poche de sa tenue, puis commença à surfer sur l’Holonet, attendant qu’on vienne la servir.

Tiens, la dernière fois qu’elle avait bu un thé en terrasse sur une planète où elle venait de poser les pieds, elle avait fait une rencontre imprévue. Bon, là, elle doutait voir un Sith lui tomber dessus. Un Jedi à la limite, serait déjà moins choquant. Mais en repensant à ce souvenir, Isïana s’amusa à s’imaginer que ça serait drôle si quelqu’un venait s’arrêter au salon de thé pour venir lui parler …

Ah... Naboo. Cette planète sentant bon les arts, le raffinement, l'élégance. La capitale de la République avait beau se trouver ici, il y régnait toujours cette atmosphère de tranquillité... enfin, tant qu'on ne s'approche pas trop du sénat et les quartiers abritant les domaines des sénateurs. L'Endless Dream était arrivé en orbite alors que la nuit et le sommeil offraient aux habitants de Theed un repos bien mérité. Normalement, l'arrivée d'un tel vaisseau se fait en grande pompes avec des messages déferlant sur l'holonet local et les quelques astroports en pleine effervescence. Mais rien au niveau de la capitale, soi-disant pour éviter d'encombrer l'astroport et assurer la sécurité des sénateurs et autres diplomates.

La réalité ? Ces mêmes sénateurs et diplomates ne voulaient pas vraiment qu'on les surprennent sur le fait en train d'embarquer dans un vaisseau de croisière de luxe. C'est mauvais pour leur image vous comprenez. Donc non, la ville de Spinnaker était celle qui se retrouva donc avec le ravitaillement de ce palace volant sur les bras. Ce n'était pas la première fois et le personnel était parfaitement qualifié, c'est juste que même avec un bon planning, le coup de pression montant d'un coup avec une telle hausse soudaine d'activité était toujours présent, rajoutez aussi l'horaire de nuit par-dessus, histoire de rajouter un peu de challenge...

Mais bon, ça c'était hier. Le vaisseau allait rester en orbite quelques jours, Naboo étant une escale très appréciée. Larelia en profita un peu pour flâner dans la capitale de la République. Elle avait encore un peu de mal avec le décalage horaire, mais en bonne Zeltrone fêtarde qu'elle était, c'était une habituée des nuits courtes et elle avait en plus ses petits trucs à elle pour forcer le sommeil à venir plus vite. Dit comme ça, ça paraît terrible, mais non, c'était très agréable en fait. Et là voilà, marchant parmi la foule dans un pantalon noir mettant ses hanches en valeur avec quelques rivets et autres boutons argentés brillants et terminé par une paire de bottes discrète de la même couleur. Plus haut, un débardeur blanc avec juste ce qu'il faut de décolleté pour attirer l'attention sans toutefois devenir la cible des prudes ayant un vibrobalai dans le fondement et enfin un blouson en cuir sur le épaules, noir, court, lui aussi avec pleins de petits éléments métalliques bien brillant et ouvert, laissant le ventre et le bas du dos exposé. Un look très pilote de swoop rebelle et bad girl qu'on peut voir dans les vieux holos, mais ce genre de tenue revenait sur les couvertures des magazines et dans les devantures des magasins de plusieurs planètes. La mode est un cycle sans fin il paraît...

Elle fit quelques boutiques, se promenant avec un grand sac remplit de quelques gourmandises locales, des vêtements et deux-trois petites bricoles. Et vous savez ce que c'est : le shopping, ça creuse. Enfin, ça assoiffe ce coup-ci. Elle regarda les différents bars et cantinas à proximité et jeta son dévolu sur un salon de thé avec une terrasse. Elle s'installa à une table libre dans le dos d'une Twi'lek à la peau mauve à qui elle fit un petit sourire en passant. Une robe d'un bleu très sombre juste au corps, suggérant des courbes pour le moins agréable à regarder. Elle était en train de regarder un datapad. Surement quelque chose d'important. Une fois installée une serveuse vint à sa rencontre pour demander ce qu'elle voulait et la Zeltrone opta pour une variété de thé très appréciée par les locaux, mais presque inconnu en dehors de Naboo. D'ailleurs la serveuse fut étonnée de la commande, mais elle prit note et s'éloigna.

Larelia en profita pour observer les alentours, mais le regard se posa de plus en plus souvent sur la Twi'lek mauve qui était dos à elle. Elle aperçue fugacement des images du datapad montrant un article sur un chasseur naboo, un de ceux qu'on voit dans les musées, tout de jaune et de chrome. Bon d'accord, ce n'était pas vraiment l'écran qu'elle observait à la base... mais bon tout le monde ferrait pareil à sa place et elle au moins, elle sait le faire discrètement ! D'ailleurs, pourquoi ne pas tenter d'en savoir plus et de briser la glace en attendant qu'on lui serve sa tasse de thé ?

"Hum... Belle bête ! Fan des vieux chasseurs ?"

En général, une Zeltronne passait rarement inaperçue. Sauf sur Zeltros, ça allait de soi. En voir sur Naboo, Isïana supposa que ça ne devait pas être si rare que ça. L’avantage d’être un monde neutre, c’était de pouvoir circuler partout dans la galaxie. Même si l’Agent Malva aurait été étonnée que certains Zeltrons ne soient pas suivis et fichés par les différents services de renseignements des trois factions galactiques prédominantes. En tout cas, à leur place, c’est ce qu’aurait fait la Twi’lek.

Mais une Zeltronne, habillée comme un contrebandier corellien adepte de motojet, forcément, cela attirait naturellement le regard. Surtout quand la tenue portée était un mélange de blanc et noir qui dénotait avec la peau rouge et les cheveux mauves de celle-là. Isïana leva naturellement le regard vers la nouvelle cliente, rendant le sourire avec politesse. Plutôt mignonne comme Zeltronne, la Twi’lek ne pouvait pas trop prétendre le contraire.

Ce court interlude passé, elle replongea dans l’observation de son datapad qu’elle posa sur la table, pianotant par moment des mots-clés ou surfant d’une page Holonet à une autre, tandis que son autre main tenait la tasse de thé, Isïana en buvant quelques petites gorgées. Comme elle s’en doutait, les personnes qui pourraient répondre à ses besoins ne courraient pas les rues. Et par extension, les prix étaient exorbitants pour ce qu’elle désirait faire. Bon, certes, elle avait toujours des financements, via la société miroir créée pour les enchères à Zeltros. Mais quand même !

« Hmph … Chutta … » lâcha-t-elle à voix basse.

Décidément, depuis Zeltros, la Force avait décidé de l’emmerder. La personne qui correspondait le plus à ses besoins … avait changé son atelier à l’autre bout de la République. Elle reposa son datapad, où l’image d’un vieux chasseur Naboo N-1, un modèle semblable à celui qu’elle avait obtenu, était parfaitement visible à qui jetterait un coup d'œil.

Isïana prit une bonne gorgée et observa les alentours, histoire de se vider l’esprit. Elle respira lentement, profitant des odeurs florales naboo. Bon. Qu’est-ce qu’elle allait faire maintenant ? Allez à … C’était quoi le nom déjà ? Ha ! Chalcedon. Première fois qu’elle voyait ce nom-là, et heureusement qu’elle avait regardé sur la carte galactique avant. Non mais qui irait s’installer là-bas sérieux ? … Enfin bref. Elle allait devoir trouver une autre option, elle n’allait clairement pas aller se perdre là-bas et …

Elle manqua de peu de sursauter et de renverser le reste de son thé en entendant la voix de la Zeltronne qui lui était directement adressée. Isïana fut prise un instant de court, mais se contenta d’acquiescer, remettant ses pensées en place. Ne pas oublier. Sur Naboo, elle est Manae Querassa. Elle adressa un sourire à la Zeltronne, se retournant.

« On peut dire cela, oui. Une récente acquisition qui mériterait de retrouver ses lettres de noblesse. Manae Querassa, PDG de HoloVoyage Extérieure, peut-être en avez-vous entendu parler ? Nous sommes entrés récemment sur le marché. »

Tout en disant cela, elle invita la Zeltronne à s’installer à sa table, si elle le souhaitait. Après tout, elle n’était pas encore servie. Et surtout Isïana n’allait pas passer son temps à discuter la tête à moitié tournée vers elle. Certainement pas.

« J’imagine que vous vous y connaissez également, pour savoir qu’il s’agit d’un vieux chasseur ? »

Le cliché aurait été d’ajouter que vue la tenue portée par la belle cliente, ce n’aurait rien d’étonnant. Mais, ne jamais se fier aux apparences. Isïana en était la preuve vivante à ce moment-là.

« Et qui dit récente acquisition dit remise à niveau. Je sais que pour beaucoup ça aurait une place au musée, mais je trouve que c’est un cruel manque de goût. Un chasseur, c’est fait pour voler, pas prendre la poussière dans un bâtiment ... »

La Twi'lek répondit à la Zeltrone. Oui c'est important de le noter parce qu'elle aurait très bien pu l'ignorer ou pire, l'envoyer promener avec des phrases types du style "c'est pas vos affaires" ou "de quoi je me mêle ?". Mais non, elle révéla de but en blanc qu'elle possédait depuis peu un chasseur identique à celui de l'image sur l'écran et qu'elle cherchait à lui "rendre ses lettres de noblesse". Donc soit de la rénovation, soit une "mise à jour" avec les technologie moderne. La jolie Mauve en profita également pour se présenter : Manae Querassa. PDG de HoloVoyage Extérieure, une récente société. Vue le nom, c'était sans doute une agence de voyage. Elle invita d'un geste la Zeltrone à la rejoindre, ce qu'elle ne se gêna pas de faire :

"Larelia Azira. Directrice de l'Endless Dream. On est sur le marché depuis un peu plus longtemps !"

Dit-elle souriant et en tendant poliment la main. La conversation reprit, Manae demandant si la Rouge s'y connaissait en vieux chasseur :

"Pas vraiment... Mais je sais reconnaître un beau fuselage quand j'en vois un ! Il y en a identique qui est exposé au Musée de l'Armée de la ville. Celui qui a détruit le vaisseau de la Fédération du Commerce il y a plus de mille ans, juste avant le Premier Empire. La légende raconte c'était un enfant qui était aux commandes ce jour-là... Ça a l'air d'être du grand n'importe quoi, mais bon... on parle d'une planète qui élit des adolescentes au titre de reine... Ça ne serait pas si surprenant que ça en fait."

La Twil'ek confirma les soupçons de Larelia en révêlant qu'elle cherchait effectivement à mettre sa dernière acquisition en état de marche. Pour elle, un chasseur c'était fait pour voler, pas pour servir de pièces de musée ou de décoration exotique :

"Ça je peux comprendre ! Se retrouver immobiliser, c'est pas terrible !"

La serveuse arriva avec les deux tasses, mettant quelques secondes à comprendre que la Zeltrone avait bougée avant de remettre les tasses de thé aux deux clientes. Avec même un petit biscuit en prime. Après les remerciements d'usage, la Rouge se concentra sur sa tasse :

"Il paraît que ce thé est très apprécié sur Naboo. C'est des Gungans qui le cultivent sur la côte en utilisant des algues pour les nourrir. Ça donne soi-disant un goût frais et... océanique ! Santé !"

Larelia goûta son thé et effectivement... c'était rafraîchissant et aussi un peu salé et iodé, sans doute à cause des algues servant d'engrais. Honnêtement, ce n'était pas le meilleure thé qu'elle avait gouté, non ce dernier était un thé de Mandalore servit brûlant avec des carafes élaborées. Il était riche en goût, rafraichissant et vous réveillez avec la subtilité "d'une poignée de main bien viril d'un vieux frère d'arme" comme disait la personne qui le lui avait servit. Mais cette version océanique n'était pas mauvaise non plus, le biscuit au goût neutre, était aussi un bon accompagnement :

"Et donc... vous avez trouvé un artisan pour votre chasseur ou vous cherchez encore ?"

Larelia Azira, se répéta mentalement Isïana. Cela lui parlait vaguement, sans arriver à remettre un contexte. Endless Dream ? … Endless Dream ! Mais oui, bien sûr ! La Twi’lek opina. Elle en avait forcément entendu parler. Elle soupçonnait à moitié d’ailleurs que l’idée de sa couverture n’ait pas été inspirée de ce vaisseau de luxe. Après tout, elle avait failli s’y rendre il y a quelques mois de cela, avant un imprévu qui l’avait amené sur autre chose.

La Mauve continuait à écouter la Rouge tout en ayant puiser dans ses souvenirs, et acquiesça à nouveau à l’évocation de cette vieille légende locale, et la remarque sur la jeunesse de la royauté de Naboo.

« Les vieilles histoires sont souvent une amplification de la réalité, avec une base de vrai fait historique. Peut-être que c'était un jeune adulte qui avait simplement appuyé sur un bouton, au bon endroit, au bon moment. Maintenant, avec la Force, des faits supposés impossibles deviennent réalité. Donc, après tout, peut-être ?

Et tant que la compétence est là, quinze ans, vingt-cinq ou plus de soixante, je vous avoue que je n’y prête que peu attention. J'ai toujours trouvé idiot de ne réfléchir qu'en terme d'âge. L'expérience à son importance, mais ça ne fait pas tout. Moi-même, je suis plutôt jeune, après tout. »

Elle accompagna sa remarque d’un petit sourire, élargie faussement à la réaction de la Zeltronne qui allait dans son sens qu’un chasseur était fait pour voler et non servir de pièces de musée. Isïana adressa un hochement de tête poli à la serveuse, prenant directement le biscuit en bouche, et observa la tasse de thé de Larelia à ses propos sur son choix.

« Ha ? Je l’ignorais. Cela doit avoir un goût singulier. Santé ! »

Elle leva sa tasse, prise rapidement alors qu'elle voyait Larelia faire, et prit une petite gorgée ensuite, une fois le biscuit avalé. Une journée agréable pour le moment. Et, en agréable compagnie, pour changer un peu. Maintenant qu’elle prenait le temps d’observer son interlocutrice, elle devait avouer qu’elle était très jolie. Quand on mettait ce look qui n’était clairement pas au goût de la Twi’lek, cela dit. Elle mit du coup une seconde à réagir à la question de la Zeltronne, alors qu’elle prolongeait légèrement son rinçage d'œil.

« Hm ? Oh. Malheureusement, non. Enfin. Rien de bien intéressant, pour l’instant. J'aurai pensé trouver facilement mon bonheur par ici, mais la réalité semble être que ce modèle est trop vieux pour trouver facilement de quoi le remettre sur pied. »

Elle haussa les épaules, et prit une gorgée de thé à nouveau, perdant cette fois-ci son regard un instant sur le paysage environnant quelques secondes. De l’extérieur, cela pouvait donner le sentiment qu’elle réfléchissait à ce sujet. En réalité, Isïana se demandait si elle devait continuer à jouer son rôle ou non. A priori, oui. Surtout en public. Quel intérêt avait-elle à révéler sa véritable identité à Larelia dans l'immédiat ? Aucun. De ce fait, sa phrase suivante fut une évidence.

« Et Directrice de l’Endless Dream, donc. Je vous avoue que je serai … curieuse de voir l’intérieur de ce vaisseau dont on m’a tant vanté l’attrait. »

Elle accompagna son propos d’un petit sourire poli. Une perche était tendue. A voir si Larelia allait la saisir. Après tout, ça ramènerait le score à un partout. La Zeltronne avait bien accepté de s’installer à sa table au final, pourquoi ne pas rendre l'ascenseur ?

La Twi'lek confirma le fait qu'une légende avait toujours un fond de vérité. Peut-être qu'un jeune pilote particulièrement doué avait volé dans ce chasseur. Peut-être était-ce vraiment un enfant ou alors que c'était une histoire inventée de toute pièces pour mousser le recrutement dans les forces de défense ou pour faire vendre plus de chasseurs : Le N-1 : Tellement facile à piloter que même un enfant y arrive !

Manae rajouta que selon elle, on ne devrait pas trop prêter attention à l'âge. C'est vrai que des génies précoces se trouvent un peu partout et Larelia connaissait personnellement plusieurs personnes avec des compétences et des talents que l'on s'attend plus à retrouver chez des gens deux fois plus âgés... mais bon ce genre de raisonnement de fonctionne pas pour tout les corps de métiers et les compétences associées... enfin si, mais ça serait immorale et vraiment pas sympas.

La discussion continua autour des tasses de thé et malgré toute sa bonne volonté, la femme d'affaire n'avait pas trouvée quelqu'un pour remettre son chasseur en état. Trop vieux, pas très répandu et peut-être trop complexe comme demande... Est-ce une raison pour abandonner ? Non ! Ce qui lui fallait, c'est une personne qui sache qui pourrait trouver un mécano assez compétent et amateur de vieilleries pour faire sa rénovation.

Est-ce que la Rouge connaît un génie de la mécanique providentiel ? Plusieurs en fait, mais pas pour ce genre de tâches... Par contre, elle connaît quelqu'un qui connaîtrait sûrement cette perle rare. Tonton Orvosk saura forcément qui pourra aider cette jeune femme d'affaires aimant les chasseurs rétro. Et si jamais il ne connaît pas ce restaurateur, il connaît quelqu'un qui le connaît.

Mais au moment où la Zeltrone allait mentionnée ce sujet, la Twi'lek avoua qu'elle était "curieuse" de visiter l'Endless Dream. Visiter à l’œil un vaisseau de croisière ? Oui et non. Tant qu'il était en orbite autour de Naboo, l'Endless Dream n'était plus un vaisseau, mais plutôt une sorte de station spatiale. On pouvait donc se rendre à bord et profiter des divertissements qu'il avait à offrir, si on en avait les moyens, avant de quitter les lieux au moment du grand départ. Pour certaines personnes, c'était une alternative économique plus raisonnable que la croisière. Certes, ils ne restaient qu'une journée, voir deux et sans quitter leur monde, mais au moins ils n'allaient se ruiner sur des années. Et si vous connaissez les bonnes personnes, vous n'aurez même pas à payer l'entrée...

"Hum... Si vous n'avez rien à faire en ce moment... pourquoi pas ? Par contre, j'ai encore quelques emplettes à faire. Je ne vais pas remettre les pieds sur Naboo avant un moment, autant en profiter !"

Elle désigna ses sacs d'achats, déjà remplis de quelques objets et vêtements dont on apercevait une bretelle appartenant clairement à une pièce de lingerie toute en dentelle noire, finement brodée. Est-ce que la Twi'lek serait partante pour une séance shopping avec une inconnue ? Après tout, c'est un bon prétexte pour faire plus ample connaissance et ça sera sans doute amusant ! Attendant la réponse de Menea, la Rouge termina sa tasse de thé, observant discrètement la réaction de la Mauve...

Isïana acquiesça. Non, faute d’avoir trouver ce qu’elle cherchait sur Naboo, elle n’avait rien de particulier à faire en ce moment. Littéralement. Elle aurait pu aussi bien repartir du monde-capitale de la République, que ça aurait été la même chose, au final. Elle hocha également de la tête, dans un petit balancement de lekkus, pour les boutiques que la Zeltronne devait finir, et eut un sourire en coin à sa dernière phrase.

« Pour le coup, il en va de même pour moi. Mon emploi du temps m’empêche de me rendre souvent sur Naboo. Alors que c’est un monde sublime. Vous avez raison, autant en profiter. »

Tout en terminant tranquillement sa tasse de thé, à son tour, elle jeta un coup d'œil vers les sacs d’achats de Larelia. Plus exactement, elle l’avait déjà fait, mais cette fois-ci elle s’y attarda bien plus. Elle avait noté sans mal qu’il s’agissait surtout de vêtements, mais la bretelle de lingerie lui avait échappé au premier coup d'œil.

« Et je constate que vous avez de très bons goûts en termes de sous-vêtements. »

Elle s’était permise ce type de commentaires, parce que Larelia était une Zeltronne. Sans doute qu’elle n’aurait pas osé si c’était quelqu’un d’autre. Enfin. Isïana l’aurait fait sans problème dans tous les cas. C’était plus pour Manae, son double-rôle, où ça aurait pu coincer.

La Twi’lek conclut d’un petit sourire amusé pour se lever, et après avoir payé leur consommation et récupéré ses affaires, s’éloigna du salon de thé en compagnie de Larelia. Comme c’était cette dernière qui souhaitait continuer à faire, Isïana suivit simplement. Son regard s’attarda sur quelques passants, pour voir si elle reconnaissait quelques visages, mais non. A l’inverse, même si on lui jetait des regards curieux de par l’exotisme de sa pigmentation de peau, personne ne s’était arrêté pour la saluer. Ce qui était plutôt une bonne chose pour elle…

Finalement, leur petite marche les mena à une petite boutique de souvenirs naboo, dans un angle de rue où un simple panneau peint sur bois indiquait l'existence du magasin. Mais il ne s’agissait pas de bibelots inutiles, comme on pourrait en avoir dans les établissements près des musées ou lieux historiques visités par la masse. Non, ici on vendait des robes traditionnelles de la mode noble de plusieurs siècles si ce n’est millénaires plus tôt, des costumes pour les hommes, des thés et remèdes médicinaux ancestraux, des chaussures et talons qui étaient considérés comme démodés depuis des lustres. Même si la mode avait tendance à être un cycle sans fin de recyclage des pensées et designs. Il y avait également bien d’autres choses comme des ustensiles de cuisine gungans, des livres de contes immémoriaux et autres objets dont la Twi’lek elle-même n’était guère sur de leur fonction.

« Me connaissant, je ne vais très clairement pas ressortir les mains vides »

La Twi’lek mauve eut un petit sourire amusé à sa remarque en entrant. A l’heure de la journée où elles étaient, les rideaux, eux aussi probablement issus d’une lointaine mode royale naboo, masquaient la plupart de la lumière, et c’était des lanternes gunganes plaçaient au plafond qui éclairaient convenablement l’intérieur. Et concernant l’intérieur, il n’y avait pour l’instant pas grand monde, si ce n’était un couple de Nautolans qui semblaient surtout intéressés par des objets d’origine gungans, discutant à voix basse. Une Gungan, supposa Isïana, essayait au mieux de les conseiller. Ce fut donc une Naboo, humaine aux longs cheveux roux cachés par des lunettes noir bien trop grande pour elle, qui les accueillirent d’un sourire aimable, quoique un brin timide, manquant de peu de marcher sur sa longue robe rouge et blanche qui lui descendait jusqu’aux pieds.

Isïana salua, et de son côté, indiqua qu’elle allait commencer à jeter un coup d'œil tranquillement parmi les rayons de la boutique, et n’hésiterait pas à l’appeler si nécessaire. Aussitôt dit, aussitôt fait, et elle se dirigea vers le rayon des robes, et autres tenues traditionnelles naboo de la gente féminine. Elle jeta simplement un regard furtif derrière elle pour voir si Larelia allait suivre le mouvement, ou rester de son côté avec la vendeuse...

La Twi'lek accepta l'idée de la petite promenade avant de rejoindre le vaisseau de la Rouge. Il faut dire que la capitale de la République ne manquait pas d'endroit où flâner et dépenser son argent durement acquis, alors autant en profiter. En ramassant ses affaires, la Zeltrone entendit une réflexion de la part de la Mauve sur le contenu d'un de ses sacs. Le genre de réflexion qui provoquerait en retour une réaction de type "de quoi je me mêle ?" quand on ne la sortait pas une amie ou une Zeltrone, mais fidèle à sa réputation, Larelia sourit, ouvrit le sac pour lui laisser une meilleure vue sur son contenu avant de répondre d'un air taquin et joueur :

"J'en mets rarement, alors autant marquer le coup quand ça arrive !"

Elle rigola doucement de la réaction de la Twi'lek avant d'aller payer sa consommation à la serveuse, avec même la gentillesse d'avoir rapportée sa tasse vide au comptoir avant de commencer sa promenade avec sa nouvelle amie. Que voir à Theed ? Eh bien, il y a beaucoup de musées sur à peu près tout les sujets, mais même si ce genre de lieux étaient intéressants à visiter, la Zeltrone n'était pas d'humeur pour ce genre d'activité. Il y avait des galeries d'arts, mais là encore, elle n'était pas d'humeur pour ça... et elle n'avait envie de repartir avec un tableau sous le bras ou une sculpture de plusieurs kilos. Les boutiques de luxe alors ? Nan elle était déjà passer par là en venant comme le prouve la découverte fortuite de la Mauve, ce petit bout de tissu et l'ensemble qui allait avec n'étaient pas vraiment à la portée du premier venue.

Pendant la marche, les deux femmes discutèrent de tout et de rien, d'un article présent en vitrine, quelques anecdotes personnelles, des sujets variés... Tout cela continua jusqu'à ce qu'elles sortent des avenues les plus touristiques pour s'enfoncer dans une Theed plus authentique. Elles finirent par tomber sur une boutique vendant des objets traditionnels naboo et gungan. C'était apparemment le genre de boutique que la Twi'lek recherchait et la Zeltrone l'invita donc à la rejoindre alors qu'elle lui ouvrit la porte de la manière la plus chevaleresque qui soit. À l'intérieur, des tas d'objets traditionnels provenant des deux peuples peuplant la planète, du plus commun comme des jouets ou des accessoires de cuisine au plus rare comme des reproductions de tenues de nobles ou encore des remèdes traditionnels locaux.

La boutique était tenue par deux femmes, une Humaine et une Gungane, mais cette dernière était déjà occupée avec un couple de Nautolans à les renseigner sur certains objets propres à sa culture. L'Humaine accueillit donc les nouvelles venues en demandant ce dont elles avaient besoin, mais pour l'instant, elles étaient là pour jeter un coup d’œil. La rouge suivit le mouvement après avoir saluée la vendeuse à son tour. Le rayon des tenues féminines donc. Le choix de robes étaient assez conséquent vue la taille de la boutique et oui c'était des reproductions de tenues nobles, ne vous attendez pas à des matières précieuses, mais elles étaient très réussies et surtout de qualité. La Zeltrone commença à fouiner dans les présentoirs, cherchant une tenue qui pourrait lui convenir. Les tenues nobles de l'époque avaient beaucoup de couleurs vives et parmi celles-ci, elle trouva deux robes intéressante, la première était une tenue noble, robe avec les épaules et le dos nue dans une teinte jaune pâle se dégradant vers le mauve en descendant, sans doute pour la détente pendant les beaux jours. La seconde était une reproduction d'une tenue royale revisitée toute de rouge. Bon, ça ne collait pas vraiment au teint de Larelia, mais sur une jolie peau mauve, ça ressortirait bien.

Elle chercha Maleva du regard pour la trouver en train d'observer un présentoir de sac à dos pour enfant en forme de peluche, sans doute un personnage populaire locale. Elle s'approchait doucement et plaça sa main derrière le sac à côté de celui qui captait toute l'attention de la Mauve :

"Foooooo ! Achète moi, je suis super mignon et pratique !"

Elle rigola avant de lui montrer à la place la tenue qu'elle avait trouvée :

"C'est un peu trop rouge pour moi, mais je crois que ça t'irais bien. En plus c'est la bonne taille !"

Comment elle le savait ? Eh bien elle avait l’œil pour ces choses là, surtout chez les femmes. Elle ne se trompait que rarement et quand ça arrivait, ce n'était pas de beaucoup et parce que les gens trichaient en serrant plus que de raison. Mais ça n'était pas le genre de la Mauve ! Larelia désigna un coin de la boutique d'un geste de la tête, la porte menant à la cabine d'essayage. Bon par contre, il y avait un souci à ce niveau... il n'y en avait qu'une et vue les tenues, un petit coup de main était nécessaire pour les enfiler. Tenue de nobles voulaient dire attaches compliquées dans des endroits inaccessibles, le genre de choses dont on se fout quand on a une armée de domestiques à son service, mais plus problématique quand on est seules...

Même si Isïana, enfin Manae, et Larelia ne demandèrent pas l’aide de la vendeuse naboo, les deux femmes se séparèrent. La Twi’lek aurait pu se diriger directement vers les vêtements proposés, surtout qu’elle en avait déjà vu de magnifiques d’un coup d’oeil rapide. Mais non, à la place, elle préféra se perdre sur les différents objets anciens proposés dans des étagères en bois qu’elle supposa local. Il y avait vraiment de tout. Et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi du point de vue de la jolie Mauve.

C’était comme ce … sac à dos ? Cette peluche ? Une forme d’animal marin. Ou amphibie ? Tout rose. Qui pouvait aimer ça à partir de jeunes gamines ? … Bon, non pas qu’Isïana n’aimait pas le rose. Loin de là, même. Mais quand on a la peau mauve, le rose … ce n’était pas nécessairement ce qui s’accordait le mieux. Mais donc, un sac à dos fait en peluche. Quelle drôle d’idée. Déjà, s’il pleut, niveau étanchéité, on repassera, sans parler de …

Une personne lambda aurait probablement sursauté à l’intervention de la Zeltronne. A la place, la jolie Mauve observa la Rouge avec un air dépité. Elle se força malgré tout à sourire, en voyant Larelia reposer ledit sac à dos rose, et observa la robe rouge. Typiquement, ce n’était pas du tout le type de robes qu’elle pouvait porter. Loin de là. Trop de tissus, trop lâche qui dissimulerait ses courbes. Mais à l’inverse, avec en prime une capuche pensée pour dissimuler ses lekkus, elle serait peu reconnaissable au premier coup d'œil. Parfait pour se faufiler dans les foules de mondes où ce type de tenue était à la mode.

« A la bonne taille, hein ? »

Elle eut un petit sourire en coin, relevant donc que la Zeltronne avait plus qu’observer la Twi’lek sous différentes coutures pour être aussi affirmative. Mais elle hocha malgré tout la tête. En effet, si on mettait de côté qu’elle ne risquait pas d’avoir de décolleté plongeant avec cette robe rouge, elle allait lui aller, oui.

Elle avait également noté le soudain tutoiement de Larelia. Elle n’avait pas relevé, ce qu’aurait dû faire Manae pourtant, mais Isïana commençait à trouver la Zeltronne de plus en plus amusante. Ce qui était paradoxalement rare chez les Twi’lek. Car apprécier les ébats sexuels facilités avec cette race ne signifiaient pas pour autant supporter les caractères derrière. Bon, après, ça faisait quoi ? Une heure à peine qu’Isïana avait rencontré Larelia ? Elle aurait tout le temps de changer d’avis d’ici-là.

La Twi’lek suivit ensuite la Zeltronne le long des rayons de la petite boutique, remarquant d’un rapide coup d’oeil furtif - qui était une pure déformation professionnelle - que le couple de Nautolans était toujours en discussion avec la Gungan, mais à l’opposé de là où ils étaient à leur arrivée. Et qu’un groupe de touristes de proche-humains était arrivé à leur tour, débordant la pauvre vendeuse rousse qui faisait de son mieux son travail.

Il n’y avait donc personne à la cabine. Et personne qui pouvait les voir. Ou en tout cas les regarder. Il y eut un petit moment de silence, ou les deux se regardèrent. Qui la première ? Combien de temps allait-elle passer à essayer d’enfiler leur robe respective sans aide ?

Isïana eut un petit sourire en coin. Est-ce qu’une Zeltronne allait s’offusquer d’entrer dans la même cabine qu’une inconnue Twi’lek ? Oh certainement pas. Il suffisait de voir sa remarque sur la lingerie achetée par Larelia avant leur rencontre pour confirmer ce choix. Et côté Isïana … eh bien, ce n’était pas la première fois qu’elle se glissait dans une cabine en bonne compagnie. Et ça ne serait pas la dernière. Peut-être même qu’une prochaine se présenterait bien plus vite qu’elle n’y aurait pensé !

La cabine n’était pas des plus spacieuses. Clairement, elle n’avait pas été pensée pour être visitée par deux personnes. Mais Isïana et Larelia n’étaient pas non plus à être collées l’une contre l’autre. Il y avait un peu d’espace pour se mouvoir sans se cogner la tête contre les lekkus.

« J’imagine que vous n’avez pas trop de problème avec la notion d’absence de pudeur, mademoiselle Azira. »

Le ton était exagérément protocolaire, à l’opposé même de l’attitude de Larelia un peu avant. Elle étira un petit sourire après sa phrase, n’attendant pas la réponse de la concernée pour commencer à se dévêtir. La robe bleu nuit cintrée ne tarda pas à disparaître de la peau mauve d’Isïana, pour être pliée à la va-vite et posée sur une chaise présente dans la cabine. La Zeltronne put ainsi voir la Twi’lek vêtue d’un ensemble de lingerie composé d’un soutien-gorge et d’une culotte noir avec des motifs bleus plus clairs, qui était du même ton que la robe qu’elle venait de retirer.

« Qui commence l’essayage ? »

"Les yeux sont fait pour voir, et ma vue est excellente !"

Répondit-elle en souriant au fait que oui, elle n'est pas privée d'admirer les courbes de la Twi'lek. Est-ce qu'elle allait trop loin ? Avec d'autres personnes oui, mais là, c'était différent. Manae avait l'air d'appartenir à la catégorie des gens qui se donnait une attitude "professionnelle en toute circonstance" en public, mais qui en privé, laissait tomber cette façade pour montrer qui ils sont vraiment. Beaucoup de gens entrent de cette catégorie : les hommes d'affaires, les politiciens, les célébrités... Bref tous ceux pour qui l'image publique est une ou sinon la composante principale de leur profession.

Mais le changement d’attitude de la Mauve voulait dire qu'elle se sentait en confiance et qu'elle pouvait se permettre à un peu de "laisser aller" avec la Zeltronne. Ce qui était une bonne chose, sinon cette séance de shopping allait devenir tout sauf amusante. Bref, les deux femmes observèrent la cabine d'essayage de la boutique pour s'assurer qu'elle soit libre avant de se mettre d'accord sur le fait de ne pas avoir à se décider de qui irait en premier et de s'y glisser toutes les deux en même temps. Le tout sans qu'un mot ne soit échangé.

Comme on pouvait s'y attendre, la cabine n'était pas vraiment faite pour accueillir deux personnes. Il y avait juste assez d'espace pour bouger, mais pas beaucoup plus. Une chaise, des portes-manteaux pour les cintres et un grand miroir. La simplicité même, mais en même temps est-ce qu'il y avait vraiment besoin d'autre chose dans une cabine d'essayage ? Les boutiques de luxe diraient que oui et elles mettent toute un tas d'options telle qu'un éclairage modulable, des hologrammes pour pouvoir s'admirer sous toutes les coutures en même temps et de tout un tas d'autres gadgets. Non ici, tout était simple et fonctionnel, sans fioritures et sans pub.

La Twi'lek brisa le silence, adoptant un ton exagérément protocolaire, demandant si la Zeltronne avait un quelconque problème de pudeur. Une question purement rhétorique puisqu'elle commença à se dévêtir sans prendre le temps d'avoir une réponse, le tout sous les yeux de la Rouge qui profitait "innocemment" de la vue :

"Voyons, Mademoiselle Querassa... Je suis fidèle à ma réputation de Zeltrone. Je ne sais même pas ce que ce mot veut dire !"

Dit-elle en adoptant le même ton faussement protocolaire tout en laissant son regard se promenait librement sur cette peau de plus en plus dévoilée :

"Et puis, vos goûts en matière de lingerie ne sont pas mauvais non plus..."

Manae demanda ensuite s'y risquer en premier pour l'essayage, mais la réponse était assez évidente : la Zeltronne était encore habillée et lui laissa le champ dégagé face au miroir, laissant à la Twi'lek tout le loisir d'essayer sa tenue, ce qu'elle ne se priva pas de faire. Honnêtement, la Rouge avait un compas dans l’œil ! Mais de son avis, cette tenue, même si elle était jolie, était trop recouvrante pour elle. Même pas un décolleté et juste ce qu'il fallait d'ampleur pour masquer une grande partie des courbes de sa porteuse :

"Cette tenue est jolie, mais je trouve qu'elle ne rend pas suffisamment justice à votre beauté ! Peut-être que... Je peux ?"

Dit-elle en désignant les lekkus de la Mauve. La particularité physique la plus évidente des Twi'leks avec leur couleur de peau recouvrant tout le champ des possibles. Abritant une partie de leur cerveau et sensible au point d'en être érogène, ils ne laissaient pas n'importe qui les toucher et encore moins les manipuler. Mais poursuivant leur petit jeu, Manae donna son accord. Dans son dos, Larelia se mit en action. Ce n'était pas la première fois qu'elle manipulait des lekkus et ça se voyait : les gestes étaient d'une douceur infini, plus caressant que manipulant et connaissant parfaitement les limites à la souplesse de ces appendices pour ne provoquer aucune douleur, gêne ou même inconfort pendant le processus.

Le but de cette manipulation à part agréablement taquiner la Mauve ? Utiliser les lekkus comme une chevelure, l'un d'eux passant devant l'épaule telle une longue et douce crinière, l'autre en écharpe autour de son cou, suffisamment basse pour faire pression sur le tissu ample pour mettre un peu plus sa poitrine en valeur, mais honnêtement, on ne pouvait pas faire de miracle avec cette tenue :

"C'est mieux, mais... On pourrait trouver une autre tenue plus à votre avantage je pense. Un peu comme la mienne !"

Dit-elle en désignant sa tenue attendant patiemment son essai, les mains toujours glissant doucement sur les appendices crâniens de Manea. Elle n'eut d'ailleurs pas longtemps à attendre puisque Larelia se décida enfin, retirant un à un ses vêtements, sa blouse, son t-shirt, ses chaussures, son pantalon... Vous vous souvenez de ce qu'elle avait dit la Mauve concernant le fait que la lingerie c'était uniquement pour marquer le coup ? Et bien c'était pas prévu pour aujourd'hui donc... non, il n'y avait rien. Est-ce que ça la dérangeait ? Pas le moins du monde. D'ailleurs, elle prenait des poses innocentes quand elle disposait ses affaires, histoire de taquiner un peu plus la Twil'ek. Puis, elle prit sa robe qu'elle enfila lentement, avant de lutter pour chercher la fermeture :

"Euh... Un petit coup de main ne serait pas de refus !"

La réponse de Larelia sur sa vue fit arracher un petit sourire en coin à Isïana. C’était bien répondu, elle devait l’avouer. Elle dut se retenir de rire à la réponse de la Zeltronne sur la pudeur. C’était à nouveau joliment répondu. La Twi’lek devait reconnaître une chose, c’était que Larelia avait le sens de la répartie. Elle sourit à la remarque sur son choix de lingerie.

« Merci, je fais de mon mieux. »

La séance d’essayage se passa normalement, du coup, et malgré la surprise de la proposition de la Zeltrone de manipuler ses lekkus. Elle hésita un court instant. Manae n’aurait jamais accepté. Elle ? Oh, il y avait eu tellement de mains qui avaient posé ses doigts dessus qu’elle n’allait pas protester. Et puis, ça serait en effet plus simple. Elle eut tout de même un court frison par réflexe mais resta stoïque tout en s’observant dans le miroir, avant comme après le placement de ses lekkus par Larelia.

« Et oui … je trouve également que ce n’est pas forcément le type de robe qui me sied le mieux … J’irai trouver une robe qui correspondrait mieux à mon profil. »

Elle garda la robe rouge sur elle pour le moment, puisque la Rouge, justement, commença à se dévêtir pour essayer la sienne. Elle imaginait sans mal que la robe aux tons blancs, orangés et lavandes irait bien à la Zeltronne. Bien entendu, elle se rinça l’oeil, après avoir détourné le regard un court instant par pure politesse.

Elle fut cependant un brin surprise de découvrir sa partenaire de cabine en totale nudité une fois déshabillée. Bon, certes, ça arrivait à Isïana de ne pas porter de sous-vêtements également, mais dans ces cas-là, c’était pour une raison très précise qui impliquait nécessairement des relations intimes avec un partenaire. Larelia était-elle sortie dans cette optique ? La Mauve aurait bien du mal à penser autrement, doutant que si la Zeltronne avait acheté de la lingerie avant leur rencontre, c’était parce qu’elle n’avait plus rien à porter chez elle.

Là où une Manae aurait pu être un peu choquée des postures prises par la Rouge, Isïana au contraire du se retenir de ne pas rire. Ah les Zeltronnes ! Irrécupérables ! Cela dit, ce n’était pas la Mauve qui allait rougir de voir une belle jeune femme aguicheuse. Lui donner quelques idées, oh, ça, bien sûr. Mais ce n’était ni le lieu, ni le moment pour les mettre en exécution.

Elle s’approcha dos à Larelia en l’entendant lui demander son aide, et se plaça donc derrière elle, pour atteindre la fermeture de la robe, qu’elle remonta lentement, s’amusant à taquiner un peu la Zeltronne en déplaçant l’arrière des cheveux de celle-ci, comme s’ils allaient gêner, ce qui n’était pas réellement le cas avec la coupe courte de la Rouge.

« Et voilà … C’est vrai qu’elle vous va bien. »

Elle avait dit cela après s’être remise face à Larelia, appréciant la vue. Avec les courbes de la Zeltronne, présente mais pas aussi prononcées que celles d’Isïana, il était vrai que la robe choisie lui allait bien. On aurait pu chipoter un peu sur les couleurs un peu pâles, mais ça ne faisait que mettre en valeur le rouge de la peau de Larelia, et le mauve de ses cheveux.

La Twi’lek laissa le temps à la Zeltronne d’apprécier à son tour devant le miroir, puis une fois satisfaite, les deux femmes durent faire les gestes inverses. Retirer ses encombrantes robes, être à nouveau nue pour Larelia et en sous-vêtements pour Isïana, puis revenir à leur tenue à l’arrivée de la boutique.

« Je vais me chercher une robe, maintenant que j’y réfléchis, il y en a une qui avait attiré mon regard. Ce ne sera pas long, vous pouvez aller payer vos achats, et je vous rejoindrai rapidement ensuite. »

Cela pouvait être une tentative de se débarrasser de Larelia, ce qui n’était pas vraiment le cas. Enfin, un peu. Elle ne savait pas trop comment la Zeltronne réagirait à une seconde phase de déshabillage. D’autant plus qu’avec son idée de robe, ça se portait sans soutien-gorge. Inutile donc de créer quelques réactions chez la Rouge.

Sortant, elles tombèrent sur la vendeuse naboo, qui visiblement venait voir si tout allait bien, et se mit à rougir comme une pivoine en voyant Isïana et Larelia en sortir en même temps. Cela fit sourire la Twi’lek.

« Cette robe ne me va pas trop, je vais en essayer une autre.
- Oh ! Je … commença-t-elle à bredouiller avant de tendre les bras vers la Mauve. Lai...Laissez-moi donc vous débarrasser !
- Ah. Merci ».

Laissant donc la robe à la rousse aux joues rouges, elle abandonna un court instant également Larelia pour se faufiler entre les rayons. Elle retrouva sans mal le rayon des tenues et mit très peu de temps à retomber sur la robe qui lui avait tapé dans l'œil. Un style totalement opposé à la première. Déjà, si le rouge était présent, du mauve et de l’orangé venait compléter le tableau. En plus de cela, au lieu d’être un ensemble uni, la robe était composée de très nombreux tissus flottants aussi bien à l’avant qu’à l’arrière de la robe, et mettait en valeur les jambes jusqu’au haut des cuisses. Le décolleté était présent sans être plongeant. L’originalité reposait sur le fait que les bretelles de couleur cuivre se portaient au niveau des avant-bras et non des épaules, reliés à l’arrière à mi-dos. Parfait pour les cheveux longs, ou dans le cas d’Isïana, pour avoir les lekkus à l’air libre. Et justement, deux bijoux rouges, en pierre semi-précieuses, pouvaient être placés sur les lekkus.

Récupérant tout cela, elle fit un tour rapide à nouveau à la cabine, seule, pour s’assurer qu’elle lui allait bien. Ce qui fut le cas. Se dirigeant à la caisse, accueillie cette fois-ci par la gungan qui était depuis tranquille. Après un compliment sur le choix, indiquant qu’il s’agissait d’une robe ayant appartenue à la sœur de la Reine de Naboo du début du millénaire, Isïana paya sous sa fausse identité comme elle le faisait depuis plusieurs jours maintenant, évitant de trop s'appesantir sur le prix qu’elle valait, puis sortit dehors rejoindre Larelia en la voyant, lui souriant.

« Me revoilà, en espérant ne pas avoir été trop longue. Quelle est la suite du programme ? »

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Illustration de la robe

La séance d’essayage se poursuivit tout en légèreté et ce fut au tour de la Zeltrone de se changer, tout en taquinant sa nouvelle connaissance avec ses poses faussement innocente jusqu'à ce qu'elle ait réellement besoin d'aide pour enfiler sa tenue. La Twi'lek s'en chargea et complimenta le choix de la robe. La Rouge profita du miroir pour un autre série de pose, mais cette fois plus sérieuse... enfin, aussi sérieuse qu'elle pouvait l'être, c'est-à-dire pas trop ! Et puis ? Eh bien, il fallait remettre ses vêtements ce qui passa pour une nouvelle session de déshabillage, avec toujours cette fermeture éclair très mal placée. De nouveau en petite tenue, ou sans tenue du tout dans le cas de Larelia, les deux femmes s'étaient "pudiquement" retournées, chacune de leur côté, mais cela faisait toujours partie de leur petit jeu. Avec le miroir, il était très simple de glisser son regard sur les courbes de l'autre femme présente sans la regarder directement. Est-ce que la Rouge en avait profité ? Et comment ! Est-ce que la Mauve l'avait remarqué ? Si c'était le cas, elle n'en dit rien et puis... elle était sans doute en train de profiter du spectacle aussi.

Apparemment, Manae avait repérée une tenue plus à son goût et elle voulait s'en assurer qu'elle lui aille bien avant de poursuivre leur petit bout de chemin. Un moyen de se débarrasser de la Zeltrone. Non... Naturellement empathique, Larelia aurait remarqué si la Twi'lek n'était pas à l'aise ou ennuyé. Elle se contenta de sourire en répondant de ne pas trop "la faire languir". Une fois revêtue et une petite entraide pour ajuster la tenue de l'autre, toujours sous le couvert de la politesse et de la bienséance évidemment, les deux femmes sortirent en même temps de la cabine, sous le regard de la vendeuse humaine qui était, elle, pas très à l'aise face à cette situation. En même temps, deux belles femmes, dont l'une appartenant à une espèce dont le fait d'avoir des mœurs légères est littéralement un trait culturel majeur, sortant ensemble d'une cabine d'essayage exigüe avec un grand sourire... l'imagination peut très vite s'enflammer.

Les deux femmes se séparèrent et la Rouge se dirigea vers la caisse tenue par la Gungane, mais pas avant de faire un petit détour dans les rayons pour prendre deux ou trois petites choses en plus. Un chef d’œuvre littéraire locale pour sa sœur, qui adore lire, des gourmandises en tout genre, entre autre choses. Elle finit par sortir de la boutique avec deux sacs en plus et attendit la Twil'ek, adossée contre un lampadaire. Elle n'eut pas à attendre longtemps, Manae ne sortant qu'une dizaine de minutes plus tard, avec un sac d'emplettes :

"La suite du programme ? Hum... Peut-être une boutique et après on passe à la visite ? Mais avant ça... fermez les yeux ! Alleeeez... C'est pour une surprise !"

Elle adopta une attitude presque enfantine et la Mauve finit par s'exécuter. La Zeltrone en profita pour prendre quelque chose dans un des sacs, le mettre à hauteur du visage et indiqua à Manae de rouvrir les yeux... pour se retrouver face à ce sac à dos d'enfant en forme de peluche qui avait attirer son regard un peu plus tôt. La tête de Larelia, toute contente, se décala sur le côté, visiblement très fier et souriant davantage devant la mine à la fois surprise et interrogatrice de la Mauve devant son cadeau :

"Quoi ? Au fond de vous, vous le voulez ! Vous aurez eu cet étrange sentiment de regret une fois Naboo derrière vous sans savoir exactement pourquoi ! En même temps avec une bouille pareille... C'est pour ça que j'en ai pris deux !"

Conclue-t-elle en souriant en montrant son sac, identique à celui de Manae. Elle reprit sa marche, sans laisser le temps à la Twi'lek de refuser son cadeau et flâna dans la petite ruelle longeant l'avenue commerçante principale, pour finalement y revenir après être passée devant une boutique plus... mature dirons nous. Oui, c'était un sexshop et au risque d'en étonner plus d'un, Larelia n'y entra pas. Ça casse les clichés hein ? Alors non, elle ne rechigne pas à aller dans ce genre de commerce, mais elle était accompagnée et il existe une règle tacite : pas de sexshop pendant la première sortie shopping ! Franchement, ça serait bizarre...

Donc non, elle revinrent donc sur l'avenue principale, marchant à la recherche d'une boutique et ce ne fut pas les yeux, mais le nez qui décida du choix de boutique. C'était une parfumerie. En contraste totale avec leur précédant arrêt, c'était le genre d'établissement de créateur, fabriquant des fragrances sur mesure plutôt que de vendre des flacons de grandes marques prestigieuses certes, mais qu'on peut trouver presque n'importe où dans les beaux quartiers de la Galaxie :

"je pense que ça peut-être intéressant ! j'ai toujours rêvée d'avoir un parfum à mon nom !"

Isïana ou Manae ne put que lever un sourcil intrigué à la demande subite de Larelia pour qu’elle ferme les yeux. Et elle fut d’autant plus perplexe en voyant l’air enfantin de la Zeltronne. Dire que la Twi’lek ne savait trop comment interpréter la demande de la Rouge était un euphémisme. Surtout que pour la Mauve, quand une fille de Zeltros vous demandait de fermer les yeux, il y avait autant de chance que ça soit pour embrasser et peloter la personne en face que glisser simplement un cadeau. Bon, Isïana n’aurait été gênée ni par l’un, ni par l’autre, de toute façon. Manae, ça aurait été une autre histoire.

« Hm … Bon, d’accord, si ça peut vous faire plaisir ? »

Fermant les yeux, elle attendit donc, s’attendant à … tout, en fait. Sauf à cela. Elle cligna un court instant des yeux de surprise. Il fallait dire qu’aussi mignon soit-il, avoir un tel sac à soit subitement, ça avait de quoi interpeller plus d’une. Puis elle leva un sourcil circonspect, dirigé vers la Zeltronne. La Twi’lek manqua de s’étouffer aux propos de Larelia. Quoi ? Mais non, elle était juste intriguée ! Pourquoi elle voudrait acheter ce truc … rose … ? Elle aurait une fille, à la limite, pourquoi pas, ça aurait pu faire un beau cadeau, mais là !

Elle allait répondre mais se retrouva avec le dit sac à dos mignon dans les mains et une Larelia qui repartait déjà dans la petite ruelle. Elle dut retenir un profond soupir d’agacement, et préférant éviter de balancer le cadeau à la première petite fille qu’elle aurait pu croiser, elle grogna et le glissa dans un de ses sacs d’achats. Autant le cacher, à défaut de s’en débarrasser !

« Hm. Merci. J’imagine. »

Que cela pouvait être difficile mentalement de jouer le rôle d’une PDG polie qui accepte un cadeau original, quand à l’instant t, Isïana avait juste envie d’arracher les cheveux de la Zeltronne. Un par un. Surtout en ayant l’impression d’avoir affaire à une adolescente de quinze ans ! Mais elle prit sur elle et avait donc rattrapé la Rouge, observant également les boutiques visibles. Elle tiqua à la vue de la boutique pour adulte. Non pas que la Twi’lek allait en être gênée, loin de là. Elle était entrée dans plus d’un de ces magasins, quand elle ne commandait pas directement en ligne sur Holonet. C’était surtout le fait d’en voir un dans cette petite ruelle qui l’avait surprise.

Revenant donc dans l’avenue principale, à quelques dizaines de mètres d’une grande place et d’une fontaine visible d’où elles étaient d’ailleurs, leurs deux regards se tournèrent en même temps vers une parfumerie, les odeurs en provenant les ayant fait réagir en même temps. Votre Fragrance. C’était un nom original et les deux femmes comprirent rapidement le choix du nom à la description de la boutique.

« C’est tentant, je vous l’avoue. Mais dans mon cas, c’est vrai qu’avoir un parfum personnalisé, c’est quelque chose qui me plairait bien. Allons voir. »

Dire que c’était une boutique de luxe était un euphémisme. Il suffisait de voir aussi bien la tenue des commerçantes, qui se rapprochaient plus d’un uniforme unique, que de la clientèle. Et un rapide regard sur les prix le faisaient vite comprendre … ça chiffrait bien, les crédits devaient bien pleuvoir dans un tel établissement. Mais cela n’étonnait pas beaucoup Isïana. Un parfum sur mesure, surtout si c’était de la qualité, ce n’était pas donné à toutes les bourses. A pas grand monde tout court.

Accueillie comme il se devait, Isïana sourit et répondit à la salutation, et laissa Larelia entamer la discussion. Après tout, c’était bien elle qui voulait un parfum à son nom, non ? Tout en écoutant, elle prit le temps d’observer l’intérieur de manière distraite. Et se rendit compte qu’elle se concentrait sur toutes les issues possibles. Déformation professionnelle. Mais c’était rare qu’elle s’en rende compte à ce point.

« Hm ? … Oh, euh, non, je n’ai pas d’idées de mon côté. »

La question de la commerçante venait justement de la sortir de ses pensées. Effectivement, la Twi’lek n’en avait pas la moindre idée. Elle se parfumait, très souvent même, même si c’était de moins en moins le cas avec ses missions au sein d’APEX. Parfois, le parfum pouvait être une arme à double tranchant. Typiquement, si elle se décidait à vider le reste du budget qu’on lui avait alloué pour Zeltros, le parfum sur mesure qu’elle achèterait … elle ne le porterait sur sa peau qu’en dehors des missions et dans un cadre très intime. Sinon, c’était le meilleur moyen pour qu’on la démasque sans difficulté.

« Oh, merci, je veux bien. »

Isïana alias Manae sourit en prenant la brochure tendue par la commerçante. Il y avait là toutes les odeurs utilisées en fonction des notes du parfum. Et il y avait clairement du choix, avec différentes suggestions.

Laissant Larelia s’occuper de sa propre envie de son côté, la jolie Mauve commença à faire le tri des odeurs qui pourraient l’intéresser. Il y en avait qui ne lui plaisait pas de base, ou qui ne conviendrait pas à son goût. La question aussi était de savoir sur quoi partir entre la note de tête du parfum, celle qui sortait le plus lors de l’application du parfum et tenait dans l’heure, et les notes de cœur et de fond qui duraient bien plus longtemps.

De manière générale, la Twi’lek avait tendance à accorder plus d’importance aux notes de cœur. Réflexe classique lié à son travail. Elle se préparait, se rendait dans un lieu précis et cela pouvait prendre du temps. Et elle n’était clairement pas le profil à avoir son parfum dans son sac à main pour s’en remettre un peu. Donc, c’était souvent la note de cœur qu’on pouvait sentir le plus.

Mais dans le cas présent, si c’était pour une utilisation personnelle et intime, tout comptait. Et clairement, elle allait penser son choix aussi bien pour se faire plaisir à elle-même que pour essayer de faire plaisir à Dezira, sa mentore, ça allait de soi. Et aussi, elle voulait s’amuser à jouer un peu sur son choix vis-à-vis de sa couleur de peau. Quoi de plus envoûtante qu’une Twi’lek mauve qui émet une odeur liée à des fruits ou des fleurs de couleurs proches ? Ce qui était cependant plus facile à dire qu’à faire.

« Je pense partir sur du magnolia de Theed pour la note de tête, de la cerise d’Eriadu en note de cœur et enfin de la vanille corellienne avec un soupçon de cannelle de Kashyyyk en note de fond. »

Elle avait répondu cela à la commerçante après quelques minutes de réflexion, quand celle-ci était revenue la voir. Elle sembla pour le moins surprise du choix mais acquiesça en souriant et proposa à la Twi’lek de sentir chaque odeur pour s’assurer que cela lui convienne, en plus de s’assurer qu’elle n’allait pas faire de réactions allergiques. Après vérification, elle confirma sa satisfaction. Et à la demande du nom du parfum, elle eut un petit sourire.

« La Mauve. »

La commerçante sourit à Isïana et acquiesça, et indiqua partir leur préparer cela, ayant également pris la commande de Larelia. La Twi’lek qui revint au niveau de la Zeltronne.

« Du coup, quel choix de votre côté ? »

Entrant dans la parfumerie, la Zeltrone eut l'air d'être dans son environnement, comme si le personnel aux petits soins, la qualité de service et choses hors de prix étaient son rayon... ce qui était un peu le cas. Non seulement, elle dirigeait un vaisseau de croisière de luxe, mais elle avait elle-même un train de vie plus que confortable l'amenant à fréquenter assez souvent ce genre d'établissement.

Elle se sépara de la Twi'lek en gardant un œil sur elle. Elle avait bien remarqué cet écart de ressenti quand elle lui avait offert la peluche. Ce n'était pas comme quand on reçoit un cadeau qui ne plaît pas et qu'on donne l'impression du contraire. C'était plus viscérale que ça. Ce cadeau lui plaisait vraiment pas ? Mais c'était une édition collector ! Tout le monde aime les éditions collectors non ? Sinon pourquoi tout le monde se jette dessus alors que ça coûte un bras et un rein ?

Mais vous connaissez les Zeltrons, ils ne vont pas s'arrêter à ce genre de détail et puis il faut dire que leur bonne humeur toujours au beau fixe et leur exubérance avaient tendances à en agacer certains. Bref, le parfum donc. La Rouge analysa les différentes fragrances posées sur des présentoirs stylisés, avec un petit écriteau holographique décrivant la provenance et les associations possibles. La Mauve alla plus rapidement puisqu'elle se dirigea vers Larelia qui était toujours en train de faire sa sélection :

"Je sais pas trop... j'ai une note de cœur en cannelle de Kashyyyk et en rose de Balmora. Le fond je dirais du patchoulis, de l'ambre, du bois blanc et... un soupçon de cuir pour l'originalité. Par contre la note de tête... je sèche. Je dirais bien quelque chose de frais comme des agrumes, mais je sais pas lequel prendre"

L'ennui de l'embarras. Il faut dire qu'entre les oranges, les pamplemousses, les citrons et autre mandarines... le choix était colossal. Mais heureusement, l'une des vendeuses intervint et apporta quelques conseils et finalement le choix se porta sur l'orange sanguine et le pamplemousse de Corellia. Pour le nom, elle choisit "La Rouge". et non, elle n'avait pas entendue le nom de la concoction de la Manae. La vendeuse s'éloigna pour passer dans l'arrière boutique, sans doute dans le laboratoire où les parfums étaient en train d'être élaborés, laissant les deux femmes seules, libre de discuter en attendant que leurs demandes soit prête.

"Je me pose une question : Vous organisez des voyages vers où exactement ? Un peu dans tous les lieux touristiques de la galaxie où vous êtes plus spécialisée dans une région ?"

Isïana eut un petit sourire en coin à la réflexion de Larelia. Elle n’en donnait peut-être pas l’air, encore plus en se faisant passer pour une patronne d’entreprise spatiale, mais elle avait de bonnes connaissances en termes de parfums et cosmétiques. C’était sans doute cela qui avait joué pour sa rapidité par rapport à la Zeltronne.

Elle la laissa terminer son choix tranquillement, et eut même un petit sourire en coin en entendant le choix du nom. Comme quoi il n’y avait pas qu’elle qui pensait à la simplicité, il fallait croire. Puis finalement, le temps que leur commande respective soit préparée, Larelia lança un nouveau sujet de discussion. Celui dont Isïana se doutait qu’il allait finir par arriver, au bout d’un moment. Et pour avoir aussi bien préparé son discours à ce sujet, elle ne pouvait que continuer à jouer le jeu.

« Oh ! Dans l’immédiat, nos destinations se résument à l’espace républicain, Zeltros et les territoires contrôlés par l’APEX. Sans aller jusqu’à dire que c’est une faction neutre, il y ait bien plus aisé d’avoir des accréditations pour se rendre sur des mondes comme Nal Hutta, Mimban ou Toydaria que les planètes de l’Empire et du Consortium.

Je reviens tout juste d’une enchère importante qui a eu lieu sur Zeltros, justement qui promettait un lot permettant de révolutionner les voyages en hyperespace. Malheureusement les militaires ont sorti un trop gros chèque pour que je rivalise, mais cela m’aurait permis de faciliter des destinations exotiques comme Dathomir, Mon Calamari, Bakura ou Coruscant par exemple. Mais tant pis, je devrais redoubler d’efforts. On ne peut pas gagner à tous les coups.

Et concernant les destinations républicaines, elles sont variées. Naboo, Bespin, Corellia, Bothawui, Fondor, Rothana, Kashyyyk ou encore Thyferra sont parmi les plus connus. Notre objectif est d’en fait de cumuler agence de voyage et transports de passagers. Un peu comme les croisières maritimes des mondes océaniques. »

Isïana ajouta quelques commentaires supplémentaires, put répondre également à quelques interrogations de Larelia, puis finalement la commerçante qui s’occupait d’elle revint avec deux jolies boîtes finement ouvragées, avec chacune un carré ouvert à l’avant révélant derrière une protection transparente les flacons qui contenaient les parfums commandés par Isïana et Larelia. Les noms étaient d’ailleurs inscrits au-dessus.

Un paiement respectif plus tard, deux cartes de crédits qui fondaient, leur nouvel achat dans un énième sac, et les mains encore plus prises plus tard, il était temps pour les deux femmes de quitter la parfumerie de luxe.

Et cela fit du bien à la Twi’lek. Les odeurs devenaient vite étouffantes pour la Mauve dans un tel lieu. Trop d’arômes à la fois, et cela levait le cœur. Un bon bol d’air frais, certes floral sur Naboo, n’était pas pour la déplaire. Reprenant leur promenade commerçante, les deux femmes continuèrent à arpenter les grands axes de Theed puis finirent par orienter leur chemin de manière à se diriger vers un lieu de location de taxis.

Sur la route cependant, il y eut bien sûr d’autres petits arrêts. Une boulangerie parce que mine de rien, faire les boutiques, ça creusait l’estomac et Isïana put goûter et déguster une pâtisserie naboo délicieuse accompagnée d’une boisson glacée qu’elle termina en marchant. Il y eut également une petite bijouterie où la Mauve repartie avec un petit pendentif en pierres rouges aux reflets rosés. Ironiquement, ce n’était clairement pas l’objet le plus cher avec lequel elle quitterait Theed.

Finalement, après un temps qu’elle aurait bien eu du mal à compter, au final, depuis leur départ du salon de thé où elles s’étaient rencontrées, elles finirent par commander un taxi pour aller du centre-ville historique de la capitale Naboo jusqu’au spatioport le plus proche. A partir de là, Isïana n’avait plus qu’à suivre Larelia jusqu’à leur destination finale…

La discussion révéla que la société de la Twi'lek desservait principalement l'espace de la République et de l'Apex. Et aussi Zeltros, mais ça c'était une évidence. Toutes les agences de voyages digne de ce nom proposent des voyages vers la planète des Zeltrons. Manae raconta également qu'une enchère lui aurait permise de se développer dans l'espace impériale et du Consortium, mais elle lui était passée sous le nez à cause des militaires. On ne gagne pas à tout les coups, certes, mais ça n'enlevait rien à toute la frustration de se faire coiffer au poteau comme ça :

"Nous avons plusieurs destinations un peu partout dans la galaxie, mais certaines nous sont interdites. Hapès par exemple. Pour les Matriarches, voir un vaisseau apporter "la décadence étrangère sur leurs terres divines" est une hérésie sans nom. Même ici, les autorités n'approuvent pas la présence de l'Endless Dream. Un vaisseau aussi luxueux aussi près du Sénat... Ces pauvres riches sénateurs pourraient être tentés... Et ils ne se privent pas !"

Dit-elle en rigolant doucement alors que la vendeuse revient avec les deux coffrets à parfum personnalisés. Un sac de plus et un certain montant en moins dans les comptes, les deux femmes quittèrent la parfumerie pour retrouver la rue, le soleil, et l'air frais. Elles prirent la direction de la station de taxi la plus proche, mais ne purent s'empêcher de s'arrêter entre temps à d'autres boutiques. Déjà une boulangerie pour satisfaire une fringale que la Rouge calma avec une grosse viennoiserie locale aussi délicieuse que pas du tout diététique, mais bon, il en faut bien plus pour prendre quelques kilos, son organisme ayant un métabolisme plus permissif, ou performants c'est selon, à ce niveau. Puis ce fut une petite bijouterie locale où Larelia s'offrit un bracelet fait de lanières de cuir et de plusieurs petits coquillages polies.

Bien sûr, les deux femmes discutèrent tout du long, parlant de tout et de rien. Et cette discussion se poursuivit une fois dans le taxi automatique qui les conduisirent au spatioport à l'extérieur de la ville après une vingtaine de minutes de trajet. Il y avait plus de monde que d'habitude, mais le personnel se débrouiller très bien malgré cet afflux de passagers et de marchandises à destination de leur hôte volumineux en orbite pile au-dessus de leur tête. Profitant sans gêne de ses avantages de patronne pour se dispenser avec la Twi'lek de faire la queue dans la zone d'embarquement, les deux femmes grimpèrent dans une des navettes du spatioport qui quitta doucement le sol pour partir droit dans l'espace. Durant le trajet, un petit holo présentant les différentes activités présentes était en cours de lecture, parlant aussi bien des installations pérennes comme le casino ou temporaire comme une série de concert d'un des derniers groupes à la mode.

Une dizaine de minutes plus tard, l'Endless Dream était visible. La navette en fit le tour, une petite tradition, avant de se diriger vers l'une des quatre baies d'amarrage déployées. D'autres navettes partaient et venaient dans un ballet logistique précis et rigoureux et d'autres vaisseaux étaient amarrés à plus long terme, à l'image de ce yacht nubian tout de chrome revêtue, indiquant la présence d'un membre de la monarchie naboo à bord, ou de quelqu'un haut placé dans la hiérarchie locale. Une fois la navette arrimée, tout ce petit monde descendit pour rejoindre le hall d'entrée finement décorés à l'image du reste du vaisseau où le personnel faisait son travail : s'assurer que les passagers aient bien réservés leurs billets, que la sécurité soit assurée et donnant les premiers renseignements. Plusieurs droïdes de sécurité étaient présents. Pas des modèles de l'APEX. Ceux de l'ancienne CSI étaient trop "indicateur" de l'affiliation du vaisseau, hors la neutralité devait être maintenue... ou du moins l'apparence de la neutralité.

Après avoir traversées le hall où les passagers récupéraient leurs bagages, les deux femmes grillèrent encore la file d'attente et prirent un ascenseur et se rendirent dans l'atrium central du vaisseau, grande zone sphérique sur plusieurs étages avec des coursives et de passerelles menant à toutes les parties du vaisseau. Inutile de dire que cet endroit était fait pour en mettre plein les yeux : décoration fines et luxueuse mais sans trop en faire non plus, la surenchère étant aussi mauvaise pour les affaires que les yeux, des hologrammes chatoyants décoratifs ou indicatifs, une musique d'ambiance douce avec un jeu de lumières dansant en rythme. Au centre, une vaste pièce d'eau élégante entourée de verdure et de fleurs soigneusement entretenues. Pas de statue en or ou un autre truc pompeux du genre ? Vous savez à quel point c'est complexe de mettre une fontaine et un jardin dans un vaisseau ? C'était une véritable prouesse technique et le vaisseau en avait plusieurs un peu partout, même si celles de l'Atrium était les plus grandes.

Et dans tous ça, des centaines de personnes de toutes espèces confondues allaient et venaient, demandaient des renseignements sur les bornes holographiques ou profitaient simplement des lieux. Du touriste prenant des photos pour le voyage de sa vie au Sénateur de Fondor, un grand habitué des lieux en passant par des droïdes, des membres du personnel et d'autres passagers en tout genre. La Zeltrone s'étira doucement avec un sourire aux lèvres, le même genre de réaction qu'on peut avoir quand on rentre à la maison après une longue journée, ce qui était le cas. Home sweet home ! :

"Bienvenue à bord de l'Endless Dream ! Alors ? On fait quoi ?"

Après tout, Manae était l'invité. Donc à elle de choisir la suite du programme. Un peu plus de shopping ? Une visite du vaisseau ou d'un lieu en particulier ? Rencontrer enfin cette mystérieuse personne qui pourrait l'aider dans la rénovation de son N-1 ? Elle n'avait que l'embarras du choix !

Isïana avait levé un sourcil surpris. Et pour le coup, il n’était pas feint mais spontané. Elle ne savait pas que l’Endless Dream pouvait se rendre à autant de lieux différents. Comme quoi, l’Agent Malva apprenait également que c’était bien de se renseigner sur les factions adverses de l’APEX, mais que c’était tout aussi bien de le faire en interne. Elle eut un petit sourire en coin à la référence pour Hapès.

« Qu’attendre d’autres de la part du Consortium, de toute façon ? »

Un petit rappel de son personnage. Oui, Manae restait une républicaine convaincue, après tout ! Mais une discussion qui s’était vite fondue dans d’autres le temps de quitter la planète. Et bien entendu, une fois l’Endless Dream visible à bord de la navette, la conversation se tourna naturellement sur le vaisseau qui était la propriété de Larelia.

« Un bien joli vaisseau que celui-ci, c’est indéniable. »

Elle suivit la Zeltronne comme c’était le cas depuis un moment à force, et eut un petit sourire en coin en voyant qu’une seconde fois, les deux femmes évitaient les files d’attente. La Mauve n’allait pas s’en plaindre !

Elle ne put retenir un sifflement admiratif en voyant l’atrium central du vaisseau. C’était splendide et vivant. Le type de décor typique d’un casino spatial aux yeux de la Twi’lek. Autant dire qu’elle n’était pas déçue de la vue. Et à vrai dire, son regard ne savait où s’arrêtait tant il y avait d’éléments dans le paysage qui l’attirait. Elle tourna donc la tête vers Larelia avant de commencer à avoir une sensation de tournis.

« Bonne question, répondit Isïana à la question de la Rouge. De prime abord, je répondrais d’aller voir la personne dont vous m’avez parlé pour la rénovation du chasseur naboo que l’on avait évoqué à la surface. Mais je ne suis pas contre faire un détour pour visiter le vaisseau. Ce qui est possible à voir, bien entendu. »

La Mauve agrémenta sa dernière remarque d’un clin d'œil. C’est vrai que c’était tentant de perdre son temps aux machines à sous mais elle savait qu’il y avait plus de chances qu’elle reparte avec moins de crédits en poche qu’en arrivant. C’est vrai que c’était tentant également de flâner dans les boutiques du vaisseau. Mais flâner dans les boutiques, c’est ce qu’elles avaient fait Larelia et elle à Theed, et la Mauve n’avait pas envie de recommencer. Quant à flirter ou boire un verre … eh bien disons que cela pourrait toujours être envisageable. Mais après avoir rencontrée l’expert que Larelia comptait lui présenter. Pas avant.

Larelia écouta la demande de la Twi'lek. Elle n'était pas contre rencontrer ce fameux expert pour la rénovation de son vieux chasseur naboo, mais elle n'avait rien contre faire un petit détour pour visiter le vaisseau. Aussi, la Zeltrone décida pour le détour et les deux femmes rejoignirent ce fameux expert en passant par la voie panoramique. Elles se glissèrent donc dans une large coursive faisant office de galerie commerciale. Pas très différente de celle sur Naboo si ce n'était le fait que c'était dans un vaisseau. Plusieurs boutiques en tout genre, des grandes marques de luxe connue un peu partout dans la galaxie et d'autres unique à bord, faisant surtout du sur-mesure, tant dans les vêtements que les autres accessoires comme des bijoux ou des parfums. Mais elles ne s'y attardèrent pas. Après tout, elles venaient de rentrer d'une séance shopping quelques minutes plus tôt.

Une fois la galerie passée, elles arrivèrent dans un second atrium, bien plus modeste que celui où elles étaient venues. Pas de fontaines ni de jardins, mais une petite sculpture d'art contemporain d'un artiste corelien, cadeau fait au vaisseau. D'après lui, elle représentait "l'effort contre l'adversité de leurs lointains ancêtres pour rejoindre l'espace". Honnêtement... la sculpture n'était pas moche, mais difficile de voir la vision de l'artiste décrite là-dedans. Bref, cet atrium désservait des coursives plus petites avec notamment des restaurants et des bars proposant des menus venant d'un peu partout dans la Galaxie. L'ambiance était plus... artisanale que la galerie précédemment quittée, mais le prix des plats proposés indiquait bien qu'on était toujours dans un vaisseau de luxe... et aussi dans un vaisseau tout court. Faire venir de la nourriture, surtout fraîche, à bord coûtant une petite fortune. Au détour d'un authentique restaurant twi'lek, se trouvait l'ElectroPulse, un des nombreux nightclubs présent à bord. Il était ouvert, mais la musique ne s'entendait presque pas, hormis quelques basses, l'isolation sonore faisait des miracles.

Pendant tout le trajet, la Zeltrone expliqua en détail à son invitée l'histoire du vaisseau, des endroits traversés et moult anecdotes à la manière d'un véritable guide touristique. "À votre gauche, le restaurant "La Chaussée des Géants", créé par un Togorien. C'est à cet endroit que Merial Aten, le fameux musicien, aurait trouvé l'inspiration pour son tube "A deal with the big chief" qui a cartonné pendant plusieurs semaines. À votre droite..." Oui elle s'amusait bien à jouer au guide. Finalement, elles rejoignirent une autre grande coursive bondée de monde et se dirigea vers une grande échoppe avec une enseigne holographique "Bureau des estimations de l'Endless Dream". Elle entra avec la Mauve, découvrant un intérieur digne d'un cabinet de curiosité avec des objets venant des quatre coins de la Galaxie. D'après la disposition du comptoir et des portes, la personne tenant les lieux devait être massive. Et c'était le cas. Larelia pressa une sonnette délicieusement rétro et attendit.

Un son mécanique se fit entendre, comme un droïde de grande taille se déplaçant, quadrupède d'après le son. Et c'est là qu'il sortit de l'arrière boutique. Un Hutt, tout sourire aux lèvres et fredonnant, vêtu d'une délicate cape richement ornée et installé sur un dispositif finement ouvragé le faisant se déplaçant plus vite sur quatre jambes mécaniques :

"Bienvenue dans mon humble établissement. Si vous avez des questions à propos d'un objet ou si vous voulez savoir son prix, vous êtes au bon endr... Larelia ! C'est toujours une bonne surprise de te voir ! Tu as besoin de moi ?"

L'accent était bien hutt, mais les mots étaient en basic. Oui, les Hutts peuvent parler en basic, c'est juste que nombre d'entre eux estiment que parler "la langue des esclaves" est quelque chose d'indigne à leur personne. Une histoire tumultueuse que celle de son clan, exilé depuis des siècles pour avoir critiqué ouvertement le Cartel. Au lieu de tuer l'imprudent, les autres Hutt estimèrent que l'exil en étant privé de toute ses possessions était une punition plus cruelle. Mais c'était mal connaître ce Hutt qui, une fois arrivé sur Metellos, se retroussa les manches et se lança dans des affaires 100% légales et fructueuse. Orvosk ici présent, était son fils et il n'avait pas son pareil pour mettre un prix sur tout et n'importe quoi, véritable puits de connaissance apparemment sans fond. Si quelqu'un pouvait aider Manae avec son chasseur naboo, soit c'était lui, soit il connaissait quelqu'un lui devant un service qui pourrait :

"Tonton !" dit-elle en passant derrière le comptoir pour faire un gros câlin au Hutt. Et non, pas de bave ou d'odeur étrange. Celui-ci était on ne peut plus civilisé ! "Je te présente Manae Querassa ! Elle gère l'agence de voyage "HoloVoyage Extérieure". Elle a un petit souci avec la rénovation d'un vieux N-1. Manae ? Je te présente Orvosk Halbell Tir. Notre expert en objet en tout genre ! C'est le meilleur !
-Flatteuse ! Enchantée de faire votre connaissance Dame Querassa. Alors ? Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider ?"

Isïana devait reconnaître une chose à Larelia : son vaisseau était digne de l’excentricité de sa propriétaire. Ou de faste, c’était au choix. L’un dans l’autre, la Twi’lek était ironiquement comme un poisson dans l’eau. C’était après tout le type d’univers dont elle avait rêvé de baigner depuis des années. C’était au final assez ironique qu’elle soit là sous une fausse identité. Pour le moment, du moins, elle comptait se dévoiler au grand jour bientôt. Après tout, ce chasseur Naboo à moderniser, elle voulait le garder pour elle ! Ce qui signifiait l’envoyer ensuite à Nar Shaddaa. Autant dire que l’explication risquait d’être compliquée sans révéler qu’elle était membre d’APEX et que Manae n’était qu’une couverture pour une précédente mission.

Elle réfléchissait donc à comment mener cette révélation, puisque Larelia ne semblait toujours pas deviner qui elle était vraiment - ce qui après tout était un bon signe sur le fait que l’Agent Malva jouait son rôle à merveille -, tout en arpentant la coursive. Après, il fallait dire qu’à faire ainsi la guide touristique, elle était plus concentrée elle aussi sur le décorum que la Twi’lek proprement dit.

Celle-ci observait distraitement la coursive, puisqu’après tout une galerie commerciale, elle en avait eu pour l’après-midi, et par le passé, la Mauve en avait déjà arpenté dans des stations spatiales. Bon, pas de cet acabit, il était vrai …

Autant dire que le second atrium dénota ensuite. Elle ne s’y attarda que peu, ne jetant qu’un regard rapide sur la sculpture d’art contemporain. Autant Isïana s'avérait être une amatrice d’art à ses heures perdues, autant elle avait bien du mal avec ce type de création. Et elle ne s’y fit pas prendre sur le côté moins tape-à-l’oeil. Elle avait vu les prix affichés dans les différents bars et restaurants. Ce qui ne l’étonnait guère. A vrai dire, elle avait de plus en plus de mal à imaginer que la clientèle habituelle de l’Endless Dream n’avait pas plusieurs zéros après le premier chiffre de leur compte en banque …

Un authentique restaurant Twi’lek ? Alors cela, la Mauve ne s’y serait pas attendue. Bien évidemment qu’elle allait y faire un tour après ! Elle n’avait jamais vraiment mangé Twi’lek. Le lointain souvenir des repas de ses parents étant trop loin pour qu’elle puisse réellement se rappeler des goûts de ces plats. Elle garda également en tête le nightclub répondant au nom d’ElectroPulse. On y faisait toujours des rencontres intéressantes là-bas. Puis finalement, ce fut autour du fameux Bureau des estimations de l'Endless Dream, tel qu’était désigné le lieu par l’enseigne holographique.

« Nous sommes déjà arrivées ? Eh bien, merci de la visite en tout cas. »

Sur ces mots de pure courtoisie, même s’il y avait un brin de sincérité malgré tout, Isïana entra à l’intérieur en compagnie de la Zeltrone. Elle ne put que lever un sourcil curieux en voyant la disposition du bureau. C’était un intérieur qui détonnait totalement de ce à quoi elle se serait imaginée, pour le coup.

Puis, elle le vit. Le Hutt. Il était excessivement rare de décontenancer Isïana, pour ne pas dire la faire littéralement buguer sur place. Mais là, il y avait tout de même une excuse. Un Hutt ! Un Hutt ?!? Ici à bord. Et Larelia qui l’appelait Tonton tout en venant lui faire un câlin ? Non, décidément il y avait beaucoup trop d’informations contradictoires pour la Twi’lek ! Son esprit ne savait même pas par quoi commencer pour mettre un semblant d'ordre dans ses pensées. C’était tout simplement lunaire pour l’Agent Malva. Qui se rattacha au final à un point : elle devrait songer à se renseigner aussi bien sur les éléments en dehors d’APEX … que les membres d’APEX également. Est-ce que Zarseen, est-ce que le Triumvirat était au courant ? Isïana ne pouvait que supposer que oui ! Ou alors Larelia jouait à un jeu vraiment dangereux …

« Oui … Manae Querassa. Mon nom d’emprunt pour ma mission d’espionnage au sein de la République Galactique, pour faire court. La société en question étant d’ailleurs totalement bidon, puisqu’on y ait … Sinon, vous pouvez m’expliquer ? »

D’un geste, qu’elle essaya d’être le moins dédaigneux possible, elle désigna Orvosk, soupirant, avant d’ajouter. Le vouvoiement était également de retour. Cela ne l’amusait pas vraiment. Pas du tout même.

« Et quitte à ne pas être la seule à avoir des surprises. Agent Malva, agent spécial travaillant directement pour le compte de Venom. Je vous aurai bien rendu l’enchantée, mais vous m'en voyez navrée, monsieur Halbell Tir, mais je ne le ferai pas. Cela dit, je ne mets point en doute vos compétences. »

Dire que l’ambiance s’était refroidie était un euphémisme. Et Isïana ne comptait rien faire pour l’améliorer. Dans l’immédiat en tout cas. Après tout, le masque étant tombé, la Twi’lek s’exposait telle qu’elle était naturellement. Et là, avec un Hutt en face d’elle … difficile pour elle d’avoir une autre réaction. Cela étant, elle récupéra le petit projecteur holographique qu’elle alluma et posa sur le comptoir, où la représentation en trois dimensions de l’appareil jaune et argentée apparu.

« Pour le reste, effectivement, je ne suis pas là pour une descente spéciale anti-Hutt, mais en effet parce que j’ai acquis récemment aux enchères de Zeltros un chasseur Naboo N-1 d’époque que j’aimerai mettre au goût du jour. C’était à l’origine uniquement pour conserver ma couverture, mais je tiens aussi à ce que ça soit le cas à titre personnel, pour l’envoyer ensuite chez moi à Nar Shaddaa. Oh, et je ne suis pas du tout experte en vaisseaux spatiaux, soit dit en passant, je ne sais moi-même pas encore piloter, c’est pour dire … »

Elle haussa les épaules en guise de conclusion, avisant déjà la réaction de Larelia et Orvosk. Autant pour le Hutt, Isïana s’en fichait un peu. Mais la Zeltrone allait-elle être aussi surprise que la Twi’lek quelques instants plus tôt ?

Tout allait bien jusqu'à ce qu'Orvosk se montre et là... Le soufflé qui retombe à plat. La Twi'lek se figea littéralement à la vue du Hutt avant de révéler que toute son histoire était du flan. Elle disait être une espionne de l'APEX, bossant directement pour Venom et exigeant une explication sur la présence du "mal absolu" devant elle :

"Une super espionne ? Ça veut dire que mon super business plan avec votre entreprise ne sera pas possible ? Choquée ! Déçue ! Tant pis ! Et puisqu'on doit déballer tous nos CV, pour ma part, je suis l'Administratrice Larelia Azira, gérante de l'Endless Dream et membre de la division Développement et Investissement de l'APEX sous les ordres directs de Zarseen Raynar. Parce que les intermédiaires, c'est nul. Et Orvosk est... Orvosk !
- Je suppose, au vu votre réaction, que vous avez un passif direct ou indirect avec le Cartel. Votre réaction est compréhensible, même si je trouve ce délit de faciès désagréable. Pour votre information, mon clan a été exilé du Cartel il y a plusieurs siècles parce que nous sommes du genre à dire ce que tout le monde ne fait que penser. Mais vous n'en avez que faire, j'en suis sûr..."

Bon, la partie de l'histoire de Manae... Ou de Malva concernant le chasseur était vrai. Acquis aux enchères, à retaper entièrement pour qu'il colle avec les standards actuels. Le Hutt observa l'hologramme :

"C'est un bel exemplaire d'après ce que je vois. Vous pourriez le revendre en l'état et vous achetez un appareil moderne équivalent tout équipé et des cours de pilotage, mais si voulez... Je connais quelqu'un qui pourrait vous aider. Nale Bagno'Sa. Un mécanicien expert dans ce genre de demande, spécialisé dans les modèles pré-Empire Galactique qui vit sur Nubia. Son travail est très réputé, mais avec le tarif correspondant. J'aurai pu lui demander de faire un geste commercial, mais vous comprendrez que l'état de nos relations ne m'incite pas à demander à une bonne connaissance de faire un tel effort. Sur ce, si vous n'avez plus besoin de mes services, je vais prendre congé. Je pourrais dire que je serai ravi d'une prochaine rencontre, mais contrairement à vous, l'honnêteté est une compétence indispensable dans mon travail. Bonne journée."

Le Hutt quitta le comptoir après une révérence polie et parla en huttese à Larelia qui lui répondit dans la même langue. Rien de bien compliquer un "salut gamine" et un "choisit la mieux la prochaine fois" répliqué avec les réponses logiques. Puis les deux femmes quittèrent l'établissement où la Zeltrone entraîna la mauve dans une coursive de service, là où personne n'entendrait ce qui allait suivre :

"Orvosk est l'une des personnes les plus gentilles et serviables que je connaisse. C'est lui qui a appris à ma sœur et à moi à lire et à écrire. Lui qui nous à garder le soir quand nos parents travaillaient tard et avait de super histoires pour s'endormir... Je ne connais pas ton passif avec les Hutts, mais lui ne mérite clairement pas ce genre de réaction. Tu n'as pas lu mon dossier ? Zarseen est parfaitement au courant de sa présence ! Et il est toujours vivant, c'est dire à quel point elle le trouve inoffensif pour l'APEX... Ou qu'elle m'aime bien... Ou les deux."

C'était là un problème à régler. Après tout, si les autres membres de l'APEX en dehors du Triumvirat n'étaient pas au courant de la présence d'un Hutt à bord, ce genre de scène pourrait se répéter et pas avec un dénouement positif...

Isïana prenait difficilement, mais prenait tout de même, sur elle-même de ne pas se pincer en se disant qu’elle était simplement en train de faire un vilain cauchemar. Et encore, il y en avait des biens mieux que ce qu’elle était en train de vivre actuellement. Tentant de reprendre une attitude professionnelle, elle fit fît de son envie d’étrangler aussi bien Orvosk que Larelia pour écouter attentivement aussi bien les propos de l’un, comme de l’autre. Et intérieurement, elle nota aussi d’avoir quelques mots à dire à Zarseen. Et de prendre le temps de s’intéresser aux membres d’APEX, histoire d’éviter ce type de "malentendus" à l’avenir.

Elle acquiesça aux informations, ne fit pas le moindre commentaire sur une éventuelle ristourne - de toute façon ça ne serait pas payée avec son propre argent à elle, mais avec le budget restant de sa mission aux enchères de Zeltros -, fit un simple inclinaison de buste pour le saluer à son départ, s’en contentant au minimum de politesse qu’il était possible de faire, puis marmonna quelques mots en entendant l’échange en huttese entre Orvosk et Larelia. Elle aurait pu faire semblant de ne rien comprendre, mais par son passé, elle avait suffisamment de bonnes bases pour comprendre l’essentiel. Elle se garda cependant, une énième fois, tout commentaire à ce sujet.

Elle se laissa entraîner par la Zeltronne dans un coin. Dans un cadre différent, une Zeltronne qui embarque une Twi’lek dans une coursive de service, cela sous-entendait certaines choses. Ici, la Mauve avait bien compris que ce serait une explication en bonne et due forme. Bien que plutôt perplexe de celle-ci, elle ne fut pas déçue pour autant. Elle prit le temps de laisser un petit blanc avant de répondre, d’un ton très neutre.

« Pour répondre dans l’ordre. Je vois, et je peux comprendre les raisons de … ton … soutien, envers ce Hutt. Mon passif avec les Hutts ne concerne que moi, mais je dirais simplement que je suis ravie de leur quasi extermination. Je peux faire l’impasse sur un ou deux, la preuve en est.

Concernant ton dossier, non. Je ne l’ai pas lu. Parce qu’il n’y avait a priori aucunes raisons que nous nous croisions. J’aurai probablement révélé ma véritable identité bien plus tôt, le cas échéant, cela va de soi. Et … Ah oui, Zarseen … Non, j’ignorais qu’elle était au courant de la situation de monsieur Halbell Tir. Et qu’elle l’approuvait. Mais je tâcherai de lui faire remonter que ça serait bien d’informer à ses agents de savoir qui possèdent l’immunité diplomatique, si je puis dire cela ainsi, notamment chez les Hutts. Et je ne sais pas si elle vous aime bien ou non. Mais ce n’est pas improbable, non plus. Elle a des goûts très singulier, la Zarseen.

Maintenant, la grande question est … et maintenant ? Qu’est-ce qu’on fait ? »

La question ne cachait aucun sous-entendu de la part d’Isïana, en témoignaient le ton de sa voix ou sa posture, mais un simple fait. Sur le papier, la Mauve avait eu ce qu’elle voulait. Elle saurait quoi faire par la suite. Nubia. Cela ne l’arrangerait pas de s’y rendre tout de suite, mais dans le pire des cas, elle n’aurait qu’à le contacter plus tard. Il restait donc à savoir si Larelia allait raccompagner simplement la Twi’lek jusqu’à la sortie, ou lui proposer autre chose ? De toute manière, elle n’était pas idiote. Maintenant qu’elle était à bord de l’Endless Dream, elle était un peu dépendante des envies de la Zeltrone. Il y avait bien moyen de s’enfuir à coup de capsule de sauvetage, mais elle préférait mettre ça de côté…

Que faire maintenant ? En voilà une bonne question. C'est vrai, la Twi'lek avait eu l'information qu'elle voulait, donc plus rien ne la retenait vraiment ici. Rajoutez que la dernière petite "altercation" avec Orvosk, que Larelia considérait comme un membre de sa famille, pourrait inciter la Zeltrone à couper court cette visite et toute autres idées qu'elle avait en tête. Mais... contrairement à ce qu'on pense, les Zeltrons sont capables de réfléchir avec leur cerveau et il est vrai que, même si Orvosk ne ferait pas de mal à une mouche, les Hutts ont une réputation qu'ils n'ont pas démérité et ce n'était pas la première fois que ce genre de chose arrivait.

Fidèle donc à sa nature, la Rouge décida de passer outre, se focalisant sur le positif comme seul un peuple empathique et hédoniste comme le sien pouvait le faire :

"Eh bien... Tous ces événements m'ont donné faim et... Il y a un petit restaurant twi'lek pas très loin. Leur gruuvan shaal est à tomber par terre..."

Un gruuvan shaal ? C'est un plat typique chez les Twi'leks. C'est une sorte de brochette avec des légumes et de la viande venant de Ryloth. C'est un plat convivial et familial. Les meilleurs d'après Larelia. La haute gastronomie offrait des expériences culinaires intéressantes, mais rien ne fallait les bons petits plats familiaux. Ceux dont on s'imagine sans problème une grand-mère remplir les assiettes de ses petits-enfants encore et encore en prétextant qu'ils sont "trop maigres" et tellement bon qu'ils disparaissent dans leur estomac aussi vite qu'ils ont été servis.

L'idée plut à Manae... Enfin l'agent Malva, qui accepta. Le trajet ne dura pas longtemps jusqu'à l'établissement en question. L'aménagement intérieur était twi'lek jusqu'au bout des poignées. Il y avait un peu de monde, mais ce n'était pas bondé non plus. Une serveuse à la peau orange, twi'lek bien évidemment comme tout le personnel du restaurant, accueillit les deux femmes et après avoir écoutée les demandes de la Zeltrone, proposa une table libre dans une petite alcôve avec une banquette en demi-cercle. Elles s'installèrent et deux menus furent déposés. La Rouge analysa le sien avec un sérieux rare, cherchant avec soin ce qu'elle pourrait bien commander :

"Hum... Tellement de choix, si peu de place... Je vais prendre ça... Nan... Ça ! Et avec... Huuuum... Tu trouves ton bonheur ?"

Après tout, la super espionne avait été bien silencieuse jusque-là. Était-elle en train de vivre le même dilemme que Larelia ?

Isïana ne s’était guère attendue à cette réaction de la part de Larelia. Cela étant, elle ne l’étonnait pas tant que ça une fois qu’on se souvenait qu’on avait affaire à une Zeltronne pour le moins excentrique. Manger ? Pourquoi pas. Après toutes ces émotions, elle n’allait pas dire non. Et elle avait remarqué ce restaurant à l’allée, en plus.

« Cela me semble une idée. Et si leur gruuvan shaal est à tomber par terre, alors, je me laisserais tomber par terre ! »

Isïana qui tentait un peu d’humour simpliste. Ce n’était jamais trop son fort, et à vrai dire, cela semblait plus ironique qu’autre chose, mais elle continuait à faire l’effort d’être diplomate. Elle qui avait toujours en travers cette histoire de Hutt qui avait l’immunité diplomatique zarseenienne.

Le plus ironique était aussi que la culture Twi’lek chez Isïana … eh bien, ce n’était pas vraiment cela. Le peu qu’elle avait de ses parents avant d’être vendue ne se résumait qu’à quelques flashs colorés de souvenirs flous, sans aucune saveur. Elle avait ensuite été éduquée pour devenir une femme bonne à marier pour baron du crime travaillant auprès des Hutts, à l’époque, et savoir se comporter parmi la haute société. Et quand elle s’était libérée, le seul intérêt qu’elle portait à ses racines, avait été de tuer ses parents. Manque de chance pour elle, elle n’avait pas pu se venger, puisqu’ils étaient morts avant qu’elle puisse être libre. Autant dire que, si elle savait grossièrement ce qu’était un gruuvan shaal, et quelques autres plats typiquement twi’lek, la culture de son peuple qu’elle connaissait devait se résumer à quelques pas de danses ancestrales qu’on lui avait appris. Les danses les plus érotiques, évidemment.

Elle accompagna donc la Zeltrone jusqu’au restaurant, observant avec curiosité à l’intérieur. Si elle savait que la décoration était typique de ce qu’on pouvait trouver Ryloth, elle-même ne s’y était jamais encore rendue, elle ne savait pas trop quoi en penser. Ce n’était pas vraiment à son goût. La serveuse qui les accueillirent l’aurait été déjà plus aux yeux de la Mauve.

Mais elle venait pour manger, et pas pour dévorer des yeux. Elle s’installa donc d’un côté du demi-arc que formait la banquette, et prit rapidement le menu qui leur fut fourni. Elle y jeta un coup d'œil rapidement, étant pour une fois bien inspirée. Peut-être son sang de Twi’lek qui lui rappelait à son bon souvenir ?

« Il y a du choix, oui. Et oui, je pense trouver mon bonheur. Je vais donc tenter le gruuvan shaal que tu m’as conseillé, avec un peu de blé en accompagnement, un Bloody Mery comme cocktail et … hm … un riz au lait bleu me tenterait bien pour le dessert. »

Elle reposa la carte sur la table, laissant Larelia continuer à réfléchir, ne semblant guère motivée à lui donner des conseils. Après tout, c’était la Zeltronne qui avait choisi le restaurant, à elle de s’en dépatouiller !

« Et je tenais à t’adresser mes excuses pour tout à l’heure. Je n’avais pas à réagir ainsi. »

Le pensait-elle vraiment ? Les excuses étaient sincères, oui, très clairement. Est-ce qu’elle aurait réagi différemment si elle avait su pour Orvosk ? Peut-être un peu, mais cela lui aurait tout de même déplu, il ne fallait pas se voiler la face non plus.

« C’est très aimable de ta part de ne pas m’avoir renvoyé simplement, je voulais t’en remercier. Je saurais m’en souvenir et te rendre la pareil le moment venu. »

Sans aller jusqu’à parler de promesses, on pouvait effectivement parler de dettes. Disons que si Larelia avait tapé un scandale et l’avait renvoyé sur Naboo illico presto … Eh bien cela aurait été compliqué pour elle d’assurer sa couverture d’espionne, et cela aurait posé problème aussi bien pour Isïana, que derrière d’une certaine façon pour APEX. Mais bon, c’était un scénario qui n’avait pas eu lieu, et la Mauve préférait éviter d’y repenser de trop.

« Du coup, tu as réussi à te décider ? » demanda-t-elle finalement en voyant la serveuse Twi’lek à la belle peau orangée revenir à leur niveau pour prendre les commandes, la Mauve prête à elle donner la sienne.

La situation finit par se dérider et la Twi'lek se permit même de faire une pointe d'humour sur le chemin menant au restaurant. En parlant de l'établissement, la Zeltrone sentit une sorte de détachement de la part de la Mauve. Comme si, au fond, tout ce décorum ne l'impactait pas vraiment. Elle ne devait pas connaître grand-chose de la culture twi'lek ou ça devait remonter à très loin... C'est courant chez ceux qui ont été esclaves dès l'enfance. Peut-être la raison pour laquelle l'Agent détestait particulièrement les Hutts, plus que le commun des mortels en tout cas. Peut-être qu'elle lui en parlera un jour, mais elle se doutait bien qu'elle ait plus de chances d'avoir Fell et Ankh dans son lit en même temps que de connaître le véritable passé d'une espionne.

Arrivées au restaurant, les deux femmes furent conduites dans une alcôve et des menus leur furent donner. La Mauve se décida rapidement alors que la Rouge était toujours en train de peser le pour ou le contre. L'inconvénient quand on aime manger, c'est que souvent, il faut faire un choix. Certes, les Zeltrons peuvent manger comme dix sans s'inquiéter des kilos en trop, mais ça serait impolie de s'empiffrer ainsi quand on a des invités. Pendant ce ballottement, l'Espionne en profita pour s'excuser de son comportement et remercia Larelia de ne pas trop l'avoir mal pris au point de la jeter dehors :

"Honnêtement... Tu n'es pas la première à agir comme ça... même si je dois dire que les autres ne sont pas aussi polis d'habitude. Les clichés ont la vie dure, surtout quand les siens n'ont rien fait pour arranger les choses."

Soyons clair, la Zeltrone se réjouit de la disparition du Cartel des Hutts, mais son empathie ne peut l'empêcher de penser que l'APEX a été trop dur avec eux en cherchant à les exterminer purement et simplement. Souhaiter que leur régime criminel et esclavagiste disparaisse est une chose, vouloir effacer tous les Hutts de la carte galactique sous prétexte que c'est des Hutts en ait une autre. Mais bon, ce n'est pas elle qui décide et cette politique fut mise en place bien avant qu'elle n'intègre l'organisation.

La serveuse revint finalement vers elles, forçant Larelia à se décider :

"Ooowh ça ne se fait pas de presser les gens comme ça ! Va pour le gruuvan shaal avec une petite poêlée de légumes et un Passionata en cocktail. Le dessert... Hum... Bah, soyons classique : une mousse au chocolat !"

Elle donna sa commande et la serveuse repartit une fois celle de son invitée prise à son tour, laissant les deux femmes seules :

"J'y pense... Tu voudrais faire quoi après le repas ? Au départ, j'avais pensé qu'une petite session dance dans un nightclub pourrait te plaire, mais c'était avant ton super plot twist ! Qu'est-ce que la vraie Malva voudrait faire ?"

Isïana souffla du nez à la remarque de Larelia sur le fait qu’elle n’était pas la première à agir ainsi. La Mauve aurait bien aimé répondre que c’est davantage l’inverse qui la surprendrait, mais elle préféra s’abstenir de le penser à voix haute. L’arrivée de la serveuse tomba à pic pour le changement de sujet.

Une fois la commande passée, observant distraitement les autres clients, elle leva un sourcil à l’interrogation de la Zeltronne. Elle évita, encore une fois, de faire une remarque immédiate et réfléchit plutôt quelques instants à quoi répondre.

« La vraie Malva, dans le cas présent, serait déjà partie. Maintenant, si on met le contexte de côté, je dirais que j’aurais fait un tour au casino. Pas aux machines à sous, c’est trop impersonnel, mais les jeux que ça soit de cartes, de dés, de roulettes. J’aime bien. A côté de cela, un bon cocktail au bar, dans une robe de soirée, à essayer de faire tourner quelques têtes sans même dire le moindre mot, et finir dans une chambre … C’est le type de soirées que j’apprécie bien. Bon, dans un casino spatial, je ne sais pas si le charme serait le même, cela dit. »

Elle marqua une petite pause, et se contenta de hausser les épaules. Elle ne voyait guère quoi ajouter de plus. Elle n’était à l’origine pas venue à bord du vaisseau de Larelia que par rapport aux pièces détachées qu’elle recherchait pour le chasseur naboo acquis récemment à Zeltros. Rien de plus. Elle n’avait qu’à peine songer à se dévoiler à une autre membre de l’APEX. Et pour le reste. Eh bien … les boutiques, elles l’avaient déjà fait sur Theed.

A partir de là … Isïana n’avait objectivement rien de particulier à faire par la suite. En général, elle rentrait tranquillement chez elle. Ou, comme elle l’avait dit à l’instant à la Rouge, elle aimait l’ambiance des casinos et bars huppés. Et ce qui s’y passait … Eh bien, il y avait toujours plusieurs scénarios possibles. C’était la surprise à chaque fois pour la Mauve de découvrir lequel pouvait arriver.

« Maintenant, je suis toujours ouverte à d’autres propositions. Ce qui ne veut pas dire pour autant que j’y répondrais favorablement, cela va de soi. »

La "vraie" Malva aurait déjà mis les voiles depuis un moment, mais elle n'aurait rien contre un tour au casino ou aller dans un bar en robe de soirée à faire tourner les têtes et finir la soirée en agréable compagnie. Elle était ouverte à d'autres propositions, mais rien ne disait qu'elle accepterait. Toutefois, le programme qu'elle avait décrit était plutôt bon et quand les premiers plats arrivèrent, la Zeltrone fit part de ses impressions :

"Pour un joueur, un casino spatial est un défi à part entière. Contrairement à ceux à la surface, on aime bien rappeler qu'on est dans l'espace avec des grandes baies vitrées partout donnant sur l'extérieur, ce qui offre tout autant de possibles distractions là où la concentration est de mise. Le Golden Star, le casino à bord, à sûrement de quoi t'intéresser : des tables de sabaac et de pazaak, du blackjack, de la roulette, du craps, des beaux croupiers, une clientèle qui ne regarde pas à la dépense et un bar à cocktail chic et huppé. Si tu veux, on pourra y faire un tour et jouer quelques parties..."

La proposition était là, reste à savoir si la Mauve "y répondrait favorablement". Le repas avançait bien et la discussion aussi, surtout quand la Twi'lek révéla qu'elle aimait bien le milieu de la nuit et des jeux d'argent. Un angle d'attaque possible pour essayer de briser cette coquille de super espionne impassible :

"Quel est ton casino préféré ? En-dehors de celui à bord, j'aime bien le Silversun sur Corellia, enfin au-dessus. Un ancien chantier naval reconverti en casino de luxe avec un décor chic, mais qui rappelle çà et là le passé de l'endroit. Celui de la Cité des Nuages sur Bespin était sympa, mais le nouveau propriétaire est... disons qu'il cherche les économies au maximum et ça se voit à la qualité de service qui se dégrade de plus en plus. Le Superamas de Nar Shaddaa est exceptionnel, mais mon préféré reste le Lucky Lust sur Zeltros. Ce n'est pas le plus grand, ni le plus luxueux et encore moins le plus connu, mais au niveau de l'ambiance, il est imbattable. C'est aussi le seul qui propose des compétitions de strip-sabaac et ses cafarels sont... délicieuses..."

Elle jeta un regard équivoque à cette dernière phrase avant de boire une gorgée de son verre et de reprendre son repas, écoutant la réponse de l'espionne...

Isïana profita de l’arrivée des plats pour écouter la réponse de Larelia. Ou plus exactement, la Mauve écouta les suggestions de la Rouge. Elle opina en silence, s’attaquant à sa propre commande en mangeant avec élégance, à la remarque sur le casino spatial. Elle devait avouer en être plutôt curieuse, ne serait-ce qu'en effet que pour la vue.

« Oui, c’est une proposition intéressante. Nous pourrons faire un tour à ce Golden Star après ce repas. »

Elle se contenta ensuite de profiter du dit repas. Bien entendu, elle répondit à la Zeltronne, évitant de créer des silences gênants. Mais clairement, Isïana était bien moins avenante que sur Theed. Il fallait dire qu’elle avait encore du mal à encaisser le fait d’avoir croisé un Hutt sous le toit du vaisseau de Larelia. Sujet qu’elle évitait d’ailleurs copieusement d’aborder pendant qu’elles mangeaient.

Elle fut un peu étonnée sur le moment que Larelia revienne sur le sujet des casinos, mais la Mauve réagit qu’après tout, c’était probablement le seul sujet depuis qu’elles étaient à table, sur lequel elle avait réellement semblé enthousiaste.

« Je n’ai pas la chance d’avoir pu me rendre à tous ceux que tu as pu citer. Le Superamas, je m’y rends depuis peu. Disons que c’est plus simple, quand on a suffisamment de crédits à dépenser pour rester un peu plus que cinq minutes. Le Silversun, je m’y suis rendue une seule fois, mais disons que je servais plus de poupée accompagnante que véritable joueuse, donc, je n’ai pas pu réellement en profiter. Cela dit, la décoration atypique était agréable. Bespin, par contre, ne m’a jamais trop intéressée, je l’avoue, je l’ai toujours trouvé surcoté. »

Elle marqua ensuite une petite pause, réfléchissant tout en buvant une gorgée de son Bloody Mary. Elle perdit un court instant son regard sur une sublime serveuse Twi’lek, puis elle revient à Larelia.

« Je ne connaissais pas le Lucky Lust, par contre. Et … je dois avouer que ça ne me tente pas outre mesure. Le strip-sabacc, c’est amusant, en petit comité de mon côté. Je me vois mal participer à un événement du genre dans un casino zeltron. Pas plus que je n’ai essayé le Dark Paradise de Dromund Kaas. Peut-être à tort, cela dit. Mais bon, dans tous les cas, je ne risque pas d’y remettre les pieds de si tôt. »

Isïana termina finalement son gruuvan shaal accompagné de blé, déposant les couverts dans l’assiette vide, en attendant que soit servi son riz au lait bleu. Elle s’essuya attentivement les lèvres d’un coin de sa serviette, puis perdit son regard un peu plus sur les autres clients. La Mauve avait bien du mal à se sentir “chez elle” ici.

« Mais dans un autre registre, je dois avouer que cela me tenterait bien de profiter des stations balnéaires de Kothlis me tenteraient bien. Ou des stations de ski d’Eredenn Prime. Et comme autres destinations que je n’ai encore jamais faites, je dois avouer que je suis malgré tout curieuse de me rendre un jour sur Coruscant. Ne serait-ce que pour ses musées. Déjà, Naboo était un monde où j’avais déjà voulu me rendre, pour voir la fameuse Theed de mes propres yeux. Cela fait déjà une case de plus cocher sur ma longue liste. »

Elle marqua une petite pause pour reprendre une gorgée de son cocktail, alors qu’on venait les débarrasser des plats finis, pour leur apporter ensuite leurs desserts.

« J’imagine que tu as déjà dû voyager dans de nombreux mondes, ne serait-ce grâce à ce vaisseau ? Si tu devais choisir la planète que tu as le plus aimé, et à l’inverse, celle que tu as le plus détesté. Ce seraient lesquelles ? »

Le repas se déroulait sans encombre, de même que la discussion. La Mauve donna son avis sur les casinos évoqués par la Rouge, ayant visité celui de Corellia, mais davantage en tant qu'accompagnatrice que joueuse. Elle trouvait celui de Bespin trop surcoté et celui de Nar Shaddaa bien plus agréable depuis qu'elle avait assez de liquidités pour en profiter pleinement. Elle évoqua également un casino de Dromund Kaas et apporta son point de vue sur l'établissement se trouvant sur Zeltros, peu emballée par l'idée de s'y rendre en raison de ses activités :

"C'est sûr que là-bas, l'expression "finir à poil" est littérale. Tout ce qui se passe sur Zeltros finit tôt ou tard par glisser sous la ceinture avec plus ou moins de subtilité. C'est ce qui fait notre culture si décriée ou jalousement enviée et notre charme irrésistible ! Ça et le fait que, d'après les touristes, nous soyons les seuls à vraiment avoir le sens de l'hospitalité et de la fête apparemment."

Elle continua son repas, se régalant du contenu de son assiette, préférant largement la cuisine "familiale" bien riche et bourrative que celle de la haute gastronomie, avant de revenir sur la Twi'lek :

"Tu as mentionné Dromund Kaas. Tu es allée faire un petit coucou aux Sith ? Je ne suis jamais allé plus loin que l'orbite. On reçoit régulièrement un ou deux Sith à bord. La plupart sont dans la catégorie des clients "peu recommandable", mais il y a des bonnes surprises. Il y a eu par exemple un Darth qui, très satisfait de son séjour, à donner 1 000 crédits à chaque employé du vaisseau, équipage inclus. Ça fait une sacrée somme."

Le repas arriva au désert et Isi mentionna différents lieux où elle aimerait aller comme les stations balnéaires de Kothlis, les stations de ski d'Eredenn Prime ou encore Coruscant avant de demander à son hôte ses destinations préférées et détestées :

"J'ai visité beaucoup de planètes et me suis trouvée en orbite d'encore plus ! Ma préférée... Je vais mettre Zeltros à part, sinon ça serait de la triche ! Même comme ça, il y en a plein. La vie nocturne de Nar Shaddaa et d'Etti IV. Les musées de Corellia, Coruscant, Naboo et Anaxes. En parlant de Naboo, je te conseille de mettre Otoh Gunga, la capitale sous-marine des Gungans, sur ta liste, si ce n'est pas déjà fait. C'est exotique, authentique et les Gungans sont très accueillants ! Ils n'ont pas beaucoup de visiteurs en comparaison avec la surface, alors ils sont au petit soin avec ceux qui débarquent chez eux. Pour les vacances, les stations de ski de Mirial et les plages de Glee Anselm valent le détour. J'ai aussi aimé les paysages de Balmora, de Kashyyyk et de Rishi. Même Tatooine à une beauté sauvage insoupçonné si on n'a pas peur du sable et de la chaleur."

Elle termina son dessert avant de passer au reste de la liste :

"Les pires planètes maintenant... hum, voyons. Ah si, je sais ! Le pire endroit de la Galaxie, c'est... Le laboratoire d'Hope Summers ! Un endroit triste et fade où la moindre notion de fun et d'amusement est absente, et même hérétique. L'incarnation de l'enfer pour les Zeltrons ! Merriam est un petit rayon de soleil qui ne tient pas en place comme un réacteur à hypermatière en fusion, mais Hope... Je connais des Chiss et des Jedi plus dévergondés qu'elle et le pire, le pire, le PIRE, c'est qu'elle s'en vante !"

Elle ponctua cela avec un peu d'humour, toujours dans son optique de réduire la tension suite à "l'incident du Hutt surprise". Elle pourrait y aller directement à coup d'empathie et de phéromones, mais l'idée est de corriger le tir suite à cette petite mésaventure, pas de transformer l'espionne en accroc du plaisir qui chercherait à tout prix sa dose. Et puis elle pourrait s'en rendre compte, étant sans doute formée pour repérer les modifications subtiles de son comportement traduisant l'influence de ces phéromones... et là, la situation serait pire. Donc non, rien de tout ça.

Le dessert se termina et la Rouge régla la note pour le duo. Il ne manquait plus qu'à se rendre au casino, mais il y a avait un autre petit souci à régler avant :

"La section VIP du casino est soumise à certaines obligations vestimentaires. La "tenue correcte" est exigée et la nôtre ne correspond pas vraiment... Je connais une boutique pas loin. On trouvera notre bonheur là-bas et en plus certaines tenues peuvent être louées le temps d'une soirée. Sauf si t'as une robe de soirée habilement dissimulée dans ta super panoplie top secrète !"

La dite boutique était sur la grande coursive centrale menant entre autres au casino. Une boutique très haut-standing, que du fait main et du sur-mesure. Exemplaire unique dans les matières les plus nobles. Deux sœurs sephi gérait l'endroit, l'une maniant l'aiguille comme personne et l'autre accueillant et conseillant les clients. L'endroit parfait pour trouver une robe digne de ce nom... si vous ne faites pas une attaque en remarquant le prix sur l'étiquette...

Isïana s’était contentée de hausser les épaules à la précision de Larelia sur les “conséquences” d’un temps d’exposition plus ou moins long sur Zeltros. Elle-même ne pouvait pas vraiment juger. Elle n’y était restée que peu jusqu’ici. Et elle n'avait guère été d’humeur à la moindre frivolité. Quant à la culture zeltronne, la Mauve ne figurait dans aucune des deux catégories citées par la Rouge. En effet, Isïana n’en avait strictement rien à faire, tout simplement.

Le changement de sujet, et de planète pour le coup, attira bien plus son intérêt. Elle se contenta dans un premier temps de répondre en acquiesçant, pour ensuite expliquer plus en détail quelle fut la raison de son voyage sur Dromund Kaas.

« Cela ne m’étonne guère. Et, oui, pour du renseignement essentiellement, à l’origine. L’idée était d’arriver à m’infiltrer parmi un Sith de seconde zone pour monter petit à petit dans l’échelle et récolter le plus d’informations possibles. Tu te doutes bien que je ne risquais pas d’avoir beaucoup de réussite du côté d’Hapes.

Dans tous les cas, la réalité de ma mission a été toute autre. J’ai eu droit à la visite d’un membre du Conseil Noir, leur Prophète du Côté Obscur. Grillée à cause de cette fichue Force, ironique, n’est-ce pas ? Enfin, de mon côté, je n’ai pas eu trop à me plaindre. Il voulait marchander avec APEX. Au final, c’est moi qui fait office d’intermédiaire. Quand il veut quelque chose de la part d’APEX, je regarde si c’est possible. Et vice-versa. Ce qui arrange tout le monde. Le Triumvirat pourra nier être impliqué et Darth Kairos attire moins l’attention par chez lui. Cela dit, je suis depuis interdite de séjour là-bas. C’est mieux pour mon espérance de vie, il paraît. »

Non, elle n’allait pas dire pourquoi non plus. Déjà, elle n’était pas censée raconter tout cela à Larelia. Mais c’était aussi sa manière à elle de prouver qu’elle se … dégelait un peu par rapport à l’incident du Hutt tout à l’heure.

Elle écouta du coup le listing de la Zeltronne avec un intérêt évident tout en profitant de son dessert. Elle eut le sentiment d’avoir un flashback de son enfance. Etait-ce ce même goût ? Non, non, sans doute pas. Elle secoua en tout cas la tête à la remarque sur Otoh Gunga, expliquant rapidement qu’elle n’avait posé les pieds sur Naboo qu’en début d’après-midi à peine une heure ou deux avant leur rencontre. Mais elle nota d’y faire un tour ensuite, quand elle redescendrait à la surface.

« Tatooïne ne m’intéresse pas, je la trouve sans âme personnellement. Mais Kashyyyk, je compte m’y rendre un jour, oui. Je devais m’y rendre avec un Wookie une fois. Mais, finalement, ça ne s’était pas fait. »

Elle fut surprise quand Larelia évoqua le laboratoire d’Hope Summers et ne put retenir un petit pouffement de rire. Elle-même n’avait jamais eu l’occasion de s’y rendre encore mais elle imaginait parfaitement quel type d’ambiance il pouvait s’agir.

« Oui, j’ai parfois affaire à elle quand je dois rendre compte à l’intégralité du Triumvirat. J’ai croisé des droïdes moins coincés du cul qu’elle, je ne peux pas nier. A se demander parfois si elle n’est pas une transhumaine. »

Terminant finalement le dessert, la Mauve ne pouvait pas nier qu’elle s’était régalée. La qualité des plats était au rendez-vous et la quantité était amplement suffisante. Cela lui redonna un semblant de bonne humeur ! On était toujours plus joyeux, le ventre plein ! Et encore plus, quand on ne dépensait pas un crédit !

Alors qu’elle sortait du restaurant, Larelia lui précisa donc qu’une tenue correcte était attendue avant d’entrer dans l’enceinte du casino. Cela n’étonna guère la Mauve qui avait hoché silencieusement la tête à l’information. Elle la secoua ensuite négativement dans la foulée à la dernière remarque de la Zeltronne.

« Pour le coup, non. Mon vaisseau serait arrimé ici, j’aurais pu répondre que oui, mais il faudrait faire l’aller-retour entre ici et Theed. La location d’une robe de soirée pour la soirée fera donc parfaitement l’affaire. »

Isïana craignait un peu sur le montant de la location, mais après tout, elle bénéficiait encore d’une petite partie du budget allouée à sa mission sur Zeltros pour les enchères. Certes, ça ne faisait pas beaucoup pour acheter une technologie révolutionnaire. Mais pour quelques soirées mondaines et tout ce que cela impliquait, c’était plus qu’amplement suffisant.

La Twi’lek suivit donc Larelia le long de la grande coursive centrale jusqu’à la fameuse boutique. Elle ne put retenir un haussement de sourcils en voyant le prix affiché. Ah oui, on était dans du grand luxe.

Elle se présenta donc, s’inclinant poliment, et laissa la Zeltronne expliquait leur besoin. De son côté, Isïana comptait faire dans la simplicité. Un ensemble uni avec un dos uni, un décolleté présent bien que discret et un fendu sur le côté ferait parfaitement l’affaire. Elle n’allait pas dire non à quelques brillants et broderies ici et là non plus. Quant à la couleur ? Eh bien … elle laissa Larelia choisir, tiens !

Le repas continua et Isiana raconta sa petite escapade sur Dromund Kaas. Le contexte, la découverte par un membre du Conseil Noir, le retournement de situation... On aurait presque dit un holo. Il ne manquait plus que les explosions et la romance à la fois torride et tragique pour parfaire le scénario ! La discussion se poursuivit, la Mauve expliquant son désintérêt absolu pour Tatooine, mais également l'envie de se rendre sur le monde des Wookies. Pour finir, elle rigola au trait d'humour de la Rouge qui lui mentionna l'endroit le plus ennuyeux de la Galaxie : le laboratoire de la responsable scientifique de l'APEX, a qui la Twi'lek eut déjà à faire :

"Je ne l'ai jamais rencontrée en personne encore. Elle a trop peur que je la corromps avec mes phéromones et la faire détourner de sa Sainte Voie qu'est le Science. C'est Zarseen mon principal contact avec l'APEX et je rencontre plusieurs de ses subordonnées çà et là. Je dois retrouver la prochaine d'ici peu sur Ylésia pour un super projet touristique secret. Dezira, une collègue à toi si j'ai bien compris son rôle. Jamais vue, mais tous ceux qui la connaissent me décrivent une personne très... chaleureuse et Zars m'a déjà fait comprendre qu'elle aurait voulu être là pour assister à notre rencontre..."

Oui, on parlait bien de ce super projet d'une "Zeltros 2.0" en plein cœur de l'espace de l'APEX. Zarseen nomma Larelia à la tête de ce projet avec le soutien de plusieurs membres de l'APEX. Un projet d'envergure qui promet d'être intéressant. Le repas se termina et les deux femmes sortirent pour se diriger vers cette fameuse boutique de vêtement pour trouver une tenue convenable aux yeux de l'élite de la Galaxie fréquentant actuellement le casino. La Mauve fit rapidement son choix et, joueuse, elle demanda à la Rouge de choisir la couleur. Examinant le nuancier disponible pour le modèle, elle prit sa tâche au sérieux en cherchant une couleur ressortant bien sur la délicate peau de l'espionne, sans être trop exubérante non plus. Elle porta son choix sur un vert viride, légèrement sombre, une couleur qui allait bien avec le mauve sans pour autant arracher la rétine.

Pour sa part, la Zeltrone opta pour une robe à bretelles avec un dos nu et un décolleté prononcé, bien que relativement sage. Sa particularité était dans sa coupe asymétrique, descendant jusqu'au mollet sur l'une des jambes, mais remontant à mi-cuisse sur la seconde. Les bordures de la tenue étaient recouvertes d'une fine bande de brillants argentés. Pour la couleur ? Hum... Avec un sourire taquin, elle demanda à la Twi'lek de choisir pour elle à son tour. Après les derniers ajustements, les deux femmes quittèrent la boutique et se dirigèrent vers le Golden Star, le casino de l'Endless Dream. Usant de son super pouvoir de big boss des lieux, Lala entra dans les lieux avec Isi en grillant tout les contrôles.

La salle principale était circulaire avec, au centre, un hologramme hyperréaliste d'une étoile dorée, donnant son nom à l'établissement. De nombreuses rumeurs racontent que cet hologramme reproduit en temps réel l'activité d'une véritable étoile dans la Galaxie, mais personne n'a encore trouvé laquelle, les choix évidents comme Coruscant, Corellia, Naboo, Zeltros ou même Hapès ayant été écartés. Autour de l'hologramme, se trouvait une large estrade divisée en plusieurs section, exposant les prix à gagner du jour, dont le plus gros était un speeder d'une marque luxueuse. Autour, se trouvait la zone de jeux contenant aussi bien des machines à sous que des tables de sabacc ou de pazaak en passant par les holoroulettes et bien d'autres, dont même une section dédiée aux paris sportifs des grands événements du moment. On trouvait également divers bars et différents accès menant entre autres aux commodités à un restaurant-spectacle, la zone réservée aux employés et une autre sous la forme d'un grand escalier circulaire menant à la partie supérieure.

C'est vers là que les femmes se dirigèrent, montant l'escalier et se retrouvant dans la section VIP du casino... et c'était pratiquement un autre monde. Une ambiance cosy et luxueuse, des croupiers organiques, une sécurité présente mais discrète au maximum, un bar en bois wroshyr magnifiquement sculpté. Parmi les personnes présentes, on trouvait deux sénateurs, quelques célébrités plus ou moins locales et des joueurs professionnels. L'arrivée des deux femmes ne passa pas inaperçue dans cette partie de la salle à l'entrée des plus sélecte :

"On dirait qu'on accapare toute l'attention... Tu veux prendre un verre ou tu veux commencer à jouer un peu ? Moi, je vote pour le bar !"

« Dezira est davantage ma supérieure, ma mentore, qu’une collègue à proprement dit. Et oui, elle est très chaleureuse. Vous vous seriez bien entendues, toutes les deux je pense. Et, je n’en ai pas encore entendu parlé, de ce fameux projet top secret. »

Il fallait dire qu’elle était encore toute nouvelle au sein des, peut-être pas hautes sphères de l’APEX, mais au moins des sphères médianes, dirons-nous. Et elle n’avait guère eu l’occasion de s’intéresser au cœur de l’espace des verts. Son travail impliquait, pour le moment en tout cas, de se concentrer sur l’espace extérieur, soit le Consortium Eternel et la République Galactique.

« Mais sur Ylesia, donc, je tâcherai de m’en souvenir. »

La Mauve approuva également le choix de couleur pour la robe. D’un autre côté, c’était ce qu’elle portait souvent. C’était celle qui était complémentaire de son épiderme après tout. Elle proposa un vert bleuté de son côté, à la fois proche et différent, et qui mettait encore plus en valeur la fine bande de brillants argentés.

Une fois les deux prêtes, elle suivit Larelia jusqu’au casino proprement dit, ce fameux Golden Star. Et autant, elle en avait vu des bars, des restaurants, des boîtes de nuits, des cantinas ou comme ici des casinos avec des noms où on se demandait bien d’où ils avaient été piochés. Autant là en voyant l’immense hologramme dorée centrale, elle n’eut guère besoin de chercher. Elle approuva même d’un hochement de tête silencieux.

Et elle ne se laissa pas prier à éviter la foule. C’était clairement dans ce genre de situations où elle savait que plus elle prendrait l’habitude à côtoyer les hautes sphères galactiques, moins elle aurait de la patience à devoir repartir du bas. Tout en se faisant cette remarque, elle perdit son regard sur le casino. Il y avait clairement du choix, mais mise à part cet aspect d’opulence, au final, elle n’était pas si dépaysée que cela. Cela restait un casino, après tout. On pouvait difficilement révolutionner le concept.

Elle observa ensuite l’escalier circulaire qui menait à la partie supérieure, et en voyant où Larelia continuait à se diriger, elle comprit rapidement que c’était là-haut que se trouvait l’accès VIP. Avançant comme si elle était pleinement habituée aux lieux, ou en tout cas de se rendre dans des lieux privilégiés - ce qui d’une certaine façon, avait été partiellement le cas à une période -, elle en profita pendant la montée de voir le casino mais cette fois-ci avec une plongeante.

Puis, une fois en haut, comme à son habitude au point d’en être un réflexe professionnel, elle analysa la sécurité présente et son niveau d’efficacité, que la Mauve jugea comme très professionnelle sans même le savoir. Cela se voyait au fait qu’ils se fondaient aisément dans le décor. Elle observa également les différentes possibilités de sortie, mais elle arrêta vite en constatant qu’on les regardait. Il fallait dire que la propriétaire des lieux et une Twi’lek mauve, le tout avec des robes aux tons relativement proches, ça attirait forcément l’attention. Loin d’en paraître gênée, elle se contenta d’acquiescer en silence à la remarque de la Rouge.

« Va pour le bar en premier lieu, cela me convient très bien. »

Tout en s’installant, Isïana pria pour une chose. Elle espérait ne pas croiser ici quelqu’un qu’elle avait pu plumer par le passé et qui pourrait lui en tenir rancœur. Cela lui semblait peu probable, n’ayant jamais jusqu’ici cotoyer des républicains aussi élevés dans la hiérarchie sociale, encore moins des célébrités nabos. Par contre, des joueurs professionnels … ça … le doute était permis. Mais elle préféra éviter d’y penser. L’avantage de la sécurité, c’était qu’on ne risquait pas de venir les déranger.

« J’imagine qu’il doit y avoir un cocktail local ? »

Dezira était donc la supérieure d'Isiana. Son mentor même d'après ses dires. Elle confirma elle aussi son caractère particulièrement chaleureux, mais révéla ne rien connaître de ce fameux projet secret sur Ylésia. Mais l'heure n'était pas encore à la planification de la nouvelle référence galactique en matière de monde touristique. Enfin, c'était comme ça que Zarseen lui avait vendue le truc. L'heure était à l'amusement et dans leurs superbes robes aux coloris similaires, les deux femmes se rendirent au casino et grimpèrent dans la section réservée aux VIP. Les célébrités politiques ou artistiques, les millionnaires et les milliardaires comptant parmi les plus gros flambeurs, les joueurs professionnels. Tout ce petit monde se côtoyait à l'écart des joueurs occasionnels, misant les plus grosses sommes et, quand les crédits ne suffisent pas ou qu'ils veulent pimenter le jeu, ils misent autre chose...

Quoi d'autres ? Des bijoux, des speeders, des vaisseaux, des propriétés, des œuvres d'art, des animaux rares, des planètes entières, du matériel militaire ou même des esclaves parfois en fonction des joueurs et vous connaissez les casinos : ce sont eux les grands gagnants dans l'histoire. C'est ainsi que l'Endless Dream entra en possession de plusieurs de ses objets au fil du temps. Dons de clients endettés ou qui échange ces biens en échange de ces précieux jetons de jeux à la place des crédits. Dans la très grande majorité des cas, le vaisseau se "débarrasse" rapidement de ce genre de gain, en les revendant ou en les plaçant parmi les prix à gagner à l'étage inférieur. Les animaux sont confiés à des zoos ou des refuges de confiance et les esclaves... sont en général affranchis et se voient proposer un emploi à bord où ils gagnent un peu d'argent pour pouvoir s'installer où ils veulent... quand ils ne décident pas de rester définitivement dans l'équipage. Les esclaves étaient rarement mis en jeu, sûrement par crainte de voir quelques petits secrets s'ébruiter, et depuis la chute du Cartel, c'était encore plus rare.

Il faut dire que les deux femmes firent leur petit effet en rentrant, faisant tourner quelques têtes. La Mauve suivit l'avis de la Rouge et elles se dirigèrent vers le bar où la Twi'lek demanda s'il y avait un cocktail local :

"Plusieurs même ! Je te conseille la "Chance Soyeuse". Fruité, légèrement alcoolisé et... il y a une petite pointe de phéromones zeltrones concentrées. Rassure-toi, c'est juste pour le goût, même si des gens continuent de croire qu'un composé olfactif aphrodisiaque fonctionne aussi si tu l'ingères... L'éducation n'est plus ce qu'elle était..."

Elle commanda la dite boisson, s'adossant délicatement contre le comptoir et observant la salle et les joueurs. Elle en reconnut plusieurs : un sénateur, jeune et fringuant avec deux belles courtisanes à ses côtés. Une chanteuse à succès qui s'offrait dans ce séjour à la fois des vacances et un lieu de tournage pour son prochain clip. Le fils d'un moff, jet-setteur reconnu qui avait pour passion de claquer la fortune de la famille en fête, caprice de riche et jeux d'argent. Enfin, un ancien pirate profitant de sa retraite en racontant ses exploits à une jeune fille visiblement impressionnée. Elle ne reconnut pas de joueur professionnel dans la salle au comité restreint. Elle savait qu'il y en avait actuellement à bord, mais cela ne voulait pas dire qu'ils allaient être au casino en permanence.

Le barman, dans son costume élégant, donna les boissons aux deux femmes avant de s'occuper d'une autre personne à l'accent hapien reconnaissable entre mille, ton hautain inclus. Larelia trinqua avec Isiana et bue une gorgée en observant les différentes tablées :

"Qu'est-ce qui te plairait le plus comme jeu ? La roulette à des places, le craps aussi. La table de sabacc à une place libre..."

Elle avait le choix. À voir ce dont elle avait envie de jouer... et contre qui. Hum ? Avec quel argent ? Ne vous inquiétez pas pour ça, Lala à tous prévus. Elle lui devait au moins ça pour s'excuser de l'incident plus tôt dans la journée.

Isïana suivit Larelia jusqu’au comptoir. Si la Zeltronne s’y adossa pour avoir vue globale de la salle VIP, la Twi’lek s’assit face au bar de son côté. Dès sa première inspection, elle avait pu voir tout ce qui l’intéressait. Et tout ce qui manquait, à savoir des joueurs professionnels. Dommage, mais ce n’était pas bien grave. Elle n’était pas non plus venue pour ça.

« Va pour cela. Sans phéromones, j’insiste. Et avec un glaçon. »

Oui, elle faisait sa diva. Mais c’était une seconde nature pour la Mauve dans un tel milieu. Et oui, même si elle était là pour s’amuser, elle restait dans un milieu inconnu pour elle, et les déformations professionnelles se succédaient les unes après les autres. Après tout, arrêtait-on vraiment de travailler dans un métier comme celui de l’Agent Malva ? Si on lui posait la question, elle répondrait probablement que non.

« Mais, oui, je ne peux pas vous contredire sur le degré d’inculture du commun des mortels, ou plutôt, de la facilité à croire tout et n’importe quoi. Je suppose que ce sont les résultats de trois siècles de conflits galactique. Même si les êtres conscients n’ont guère attendu un tel conflit pour raisonner ainsi. »

Elle observa le barman préparer les deux boissons tout en parlant. La gestuelle, le costume, l’attitude générale du personnel pouvait témoigner rapidement l’ambiance du lieu. Un autre réflexe d’Isïana, alors qu’elle savait déjà à quoi s’attendre, puisque Larelia le lui avait déjà expliqué avant d’arriver sur place.

Elle récupéra le cocktail une fois qu’il leur fut servie, remerciant en silence le barman d’un petit sourire, puis se retourna pour se positionner dans le même sens que Larelia, sans s’y adosser pour autant, restant bien droite. Elle n’attarda pas son regard sur quelqu’un en particulier, mais elle releva ceux qui pouvaient se poser sur elle et la Rouge. Elle capta le regard de l’ancien pirate. Pourquoi sa tête lui disait-elle quelque chose ? … Sans doute l’avait-elle vu sur une Holonews sur Nar Shaddaa …

« Hm ? Pourquoi pas la roulette, tiens. Le sabacc, c’est amusant, mais c’est bien surfait à mon goût … Je te suis ? »

Elle tendit son verre pour trinquer avec Larelia, en but une gorgée, et témoigna de la qualité du cocktail d’un petit son ravi. Elle se leva ensuite et se laissa guider par Larelia jusqu’à la première tablée la plus proche. Ou en tout cas, à un membre du personnel qui pourrait lui tendre des jetons contre des crédits. La Mauve n’avait pas une quantité mirobolante de crédits, comparés aux autres clients présents, mais elle avait encore quelques bonnes réserves. Suffisamment pour jouer sans demander quoi que ce soit à la Rouge.

« Et de ton côté, tu comptes jouer aussi ? »

Leur cocktail en main, les deux femmes observèrent le reste de cette partie du casino, à l'ambiance des plus feutrée, réservée aux joueurs professionnels, aux gros flambeurs et aux célébrités. Elles regardèrent les différentes parties en cours et la Mauve se laissa tentée par la roulette avant de trinquer avec la Rouge. L'imitant en buvant une gorgée, Larelia lui sourit :

"La cliente est reine..."

Elle donna son bras d'une manière fort courtoise et c'est ainsi, bras dessus, bras dessous, qu'elles se dirigèrent non pas vers la roulette, mais vers un kiosque juste à côté du bar où se trouvait le croupier chargé du change. La Twi'lek n'avait pas une somme mirobolante, mais elle avait toutefois un joli pécule et elle pourrait se retrouver plus riche d'ici quelques heures, si la chance était avec elle. Ou pas... Dans un casino, c'est toujours la maison qui gagne. En-tout-cas, elle demanda si la Zeltrone comptait jouer et elle eut sa réponse quand la Rouge prit également sa part de jetons :

"Bien sûr que je joue ! Sans concurrente sérieuse, tu vas t'ennuyer..."

Elles se déplacèrent ensuite vers la table de la roulette où la croupière togruta menait le jeu. D'autres joueurs étaient autour de la table, dont le fameux sénateur avec une courtisane à chaque bras et qui semblait être dans un bon jour vu le tas de jetons face à lui. D'autres joueurs et joueuses étaient présentes, certains jouant juste pour le frisson du jeu, d'autres comme si leur vie en dépendait et au moins un pour tenter d'impressionner une autre joueuse en face.

Le tour finit, la croupière invita les deux nouvelles joueuses à placer leurs jetons, annonçant la mise de départ et les règles de la partie. La Zeltrone plaça la mise minimale sur un chiffre et une couleur, observant la tablée et Isiana à qui elle chuchota doucement :

"Tu es plutôt flambeuse ou stratégique ? J'ai envie de pousser le sénateur à l'erreur..."

« Si la cliente est reine, dans ce cas. »

Elle opina, réprimant un petit sourire en coin, et accepta le bras proposé par Larelia. Elle avait suffisamment côtoyé les casinos par le passé, malgré son jeune âge, ironiquement, que la cliente était surtout la bantha à lait bleu. Parfois, un coup de chance et on repartait plus riche qu’on ne l’était. Souvent, on finissait plumé. C’était la raison pour laquelle Isïana ne s’accordait que de rares sorties dans de tels établissements, pour le plaisir plus que pour le gain, en se mettant en tête qu’elle allait repartir sans rien. Ainsi, on était jamais déçu ! Enfin, moins que si on venait en espérant casser la banque !

« Le niveau dans ton établissement est si faible que cela ? »

Sous le ton faussement innocent, qui n’aurait guère trompé grand monde, se cacha là une petite pique gratuite. Non pas pour la qualité ou non des clients aux différents jeux proposés dans le vaisseau de luxe de la Zeltronne, mais surtout sur la petite phrase de flirt lâchée l’air de rien. Elle ne tromperait pas la Twi’lek, oh, ça non ! C’était l’une de ses spécialités que de glisser une phrase de ce calibre.

Elle perdit son regard un instant sur la croupière togruta, ou plus exactement sur ses formes, quel qu’elle soit, puis observa les autres participants ainsi que l’état de leurs jetons respectifs, saluant d’un furtif hochement de tête poli à tous ceux et celles qui auraient capté son regard.

Dans un jeu comme la roulette, cela ne signifiait pas grand chose comme analyse en prenant en cours de partie, mais cela avait tout de même son intérêt pour situer la mentalité de chacun. On s’autorisait par exemple bien plus de choses quand on avait un matelas financier convenable. Elle comprit que Larelia était venue à la même conclusion qu’elle lorsqu’elle lui chuchota à l’oreille. La Mauve lâcha un murmure sensuel en guise de réponse.

« Tout dépend … »

Elle fit un clin d'œil à Larelia et laissa d’abord les autres placer leurs propres jetons avant de suivre le mouvement. Elle n’allait pas dévoiler ses cartes, même si elle n’en avait pour le coup, tout de suite, voyons ! Elle imita donc la Zeltronne en posant la mise minimale sur un chiffre au hasard, et une autre sur la couleur opposée à celle de Larelia.

Elle attendit donc le résultat de la roulette, prenant une gorgée de son cocktail pendant ce temps. Contrairement à la plupart des joueurs qui semblaient guetter les réactions du sénateur, Isïana observait de son côté ses courtisanes à chaque bras, le tout d’un air neutre. Quant aux éventuels adversaires qui voyaient en Isïana une potentielle jolie femme à séduire, ils risquaient d’être fortement déçus. La Twi’lek n’était clairement pas pour ça !

Avançant bras dessus, bras dessous vers la table de jeu, la Twi'lek répondit à la petite phrase de la Zeltrone par une petite pique qui fit sourire la Rouge. Au moins, l'ambiance pesante était retombée, permettant de repartir du bon pied :

"On a que le meilleur du meilleur ici, mais ils sont tous... classique. Un peu d'exotisme ne fais pas de mal..."

Elle répondit sur le même ton faussement innocent. Parlait-elle de la couleur de la peau pour le moins exotique d'Isiana ? De sa profession ? D'un mélange des deux et d'autres choses ? Ce qui est bien avec ce genre de phrase, c'est l'interprétation parfaitement libre qu'on pouvait en faire, même si la manœuvre était simple, la légèreté de la chose indiquait que les deux femmes passaient un bon moment. Elles arrivèrent à la table de jeu, observant l'état actuel de la partie. Le sénateur était en veine aujourd'hui, possédant la plus grosse quantité de jetons. Il était confiant et joueur, mais il savait ce qu'il faisait. La seconde personne à la table avec la mise le plus élevée était une chef d'entreprise aux dents longues. Elle travaillait dans l'industrie de l'holocinéma, une startup produisant holocaméra et logiciels. Pas besoin d'avoir la Force pour deviner qu'elle avait une très haute opinion d'elle-même. Elle s'estimait la meilleure et cela faisait d'elle une personne très prévisible.

C'étaient les deux plus gros joueurs de la table. Celui directement à côté de la Zeltrone était le fils d'un expert financier ayant pignon sur vue sur les chaînes d'informations économique impériales. À son allure et son caractère très décontractés, sans doute aidés par quelques substances douteuses, il était là juste pour jouer et passer un bon moment. La dernière personne d'importance de la tablée était une Balosar reconnue pour être une avide collectionneuse d'anciens véhicules militaires. Saviez-vous qu'elle possédait un X-Wing ayant appartenu à un des pilotes de l'Escadron Rogue à l'époque de la chute du Premier Empire Galactique ? D'après les rumeurs, il serait même encore en état de marche. Elle semblait jouer comme si sa vie en dépendait, totalement prise par l'intensité du jeu.

Après une rapide analyse, Larelia opta pour une stratégie simple : écarter le sénateur. Les autres joueurs étaient faciles à gérer, mais lui était un vétéran des casinos et donc celui qui pourrait siphonner l'ensemble des crédits de la tablée si on lui laissait le champ libre. Pour cela, il fallait jouer en équipe. C'était autorisé selon les règles de cette variante de la roulette, mais les autres joueurs avaient soit trop d'ego, soit avait tout simplement l'air d'ignorer ce détail. Elle souffla l'idée à la Mauve qui répondit dans un murmure suave que "cela dépendait" en plaçant sa mise. La Rouge remarqua un regard furtif vers le Sénateur ou plutôt les deux courtisanes l'accompagnant et jouant le rôle de la groupie de luxe. Son bras gauche était autour de la taille d'une Twi'lek à la peau vert foncé. À sa droite, on trouvait une Pantoran qui lui murmurait dans l'oreille et vu sa réaction, ce n'était pas vraiment des paroles sages et innocentes. Larelia connaissait bien ces deux courtisanes élégamment vêtues. Elle connaissait bien ses employées et davantage celles de la maison close de bord. Après tout, c'est là qu'elle commença sa "carrière" :

"Ça dépend de quoi ?"

Répondit-elle avec la même sensualité dans son murmure, poursuivant son petit jeu avec l'Espionne alors que la roulette s'arrêta sur un chiffre qu'aucune des deux n'avait choisi, mais c'était la couleur sur laquelle la Mauve avait placé sa mise. La Rouge conserva sa couleur, mais plaça une mise sur plusieurs nombres cette fois-ci et d'une manière qu'on pouvait qualifier de stratégique en fonction des mises de sa "cible". Elle attendait la proposition de sa partenaire de jeu, se demandant ce qu'elle avait en tête...

« Un peu d’exotisme, je vois. »

Isïana avait opiné, cette réponse semblant lui satisfaire. Elle était habituée à ce qu’on la voit comme une source d’exotisme, après tout. L’avantage et à la fois le désavantage d’être une Twi’lek à l’épiderme mauve. Mais cela lui convenait parfaitement donc elle finit par avoir un petit sourire amusé sur le visage, ne songeant guère à d’autres possibilités quant à la remarque de Larelia sur le moment.

Elle n’y pensait de toute façon déjà plus quand elles étaient arrivées au niveau de la table de jeu. La Mauve comprit ainsi rapidement la remarque de la Rouge concernant le sénateur. Il était le meneur de la partie. Elle reconnut également la seconde. Son nom lui était sorti de la tête, mais elle avait vu son visage dans un dossier, lors d’une préparation de mission. C’était toujours intéressant pour l’APEX de se renseigner sur l’industrie de l’holocinéma, surtout sur les holocaméras. Rien de mieux pour espionner. C’était au final assez amusant qu’elle la rencontre au final dans ce type de situation. Les deux derniers joueurs, cela dit, ne lui disaient rien du tout.

« Hm ? … Oh, tout d’abord de l’observation de mes adversaires. Et ensuite, de mon humeur. Et je suis d’humeur flambeuse aujourd’hui. »

Elle fit un clin d’oeil à la Zeltronne après avoir récupéré ses jetons gagné du premier tour et, en reprenant d’autres, décida de miser sur un des chiffres une coquette somme. Elle opta pour le dix de façon purement arbitraire. Pas de quoi l’empêcher de continuer à jouer, non, mais suffisamment pour titiller l’égo du sénateur et de la cheffe d’entreprise. Peut-être que cela n’allait rien changer à leur manière de jouer, mais c’était justement un test pour voir leur réaction.

Attendant le prochain tour, elle reprit une gorgée d’une main, tandis qu’elle jouait avec un jeton de sa réserve entre ses doigts de l’autre, se donnant un air désintéressé quant au résultat. Elle porta ainsi son regard sur Larelia.

« Le cocktail n’est pas mal, d’ailleurs. Cela me donnerait presque l’envie de repasser à l’occasion. D’ailleurs je me demandais, vous faites toujours le même circuit de planètes, ou vous changez régulièrement pour créer la surprise des prochaines destinations ? »

Ainsi, la Twi'lek était d'humeur flambeuse... Elle le prouva en jouant ses mises de sorte à attirer les gros joueurs de la tablée. Le sénateur mordit immédiatement à l'appât. Écraser la nouvelle arrivante ? Lui montrer que c'était lui qui régnait sur le jeu ? Ou peut-être une volonté de l'impressionner, car la joueuse semblait plus l'intéresser que ses mises ? Impossible de savoir exactement, même si son regard plongeant donnait une petite idée, ce qui lui valut une petite pique de la part de la courtisane pantoran à son bras, jouant son rôle de jalouse alors que sa comparse twi'lek à la peau verte à l'autre bras semblait au contraire plus taquine. La bonne vieille tactique des voix de la conscience, l'une sage et l'autre tentatrice...

La cheffe d'entreprise s'adapta plus stratégiquement, mais d'une manière prévisible, comme on pouvait s'y attendre. C'était la cible de Lareila qui, malgré ses mises relativement modestes, s'amusait à handicaper les placements de la femme d'affaires et donc réduire les possibles gains saufs si elle joue de façon plus risquée. Pendant ce temps, Isi avoua trouver ce fameux cocktail à son goût avant de demander si le vaisseau effectuait des voyages réguliers sur des lignes prédéfinies ou s'il y avait un peu de changement pour provoquer la surprise :

"Avec la petite pointe de phéromones en plus, c'est meilleur ! Ça adoucit davantage la petite pointe d'acidité et renforce le goût fruité... Pour les voyages, c'est un peu des deux. On a nos circuits traditionnels, comme la grande Boucle du Sud qu'on suit actuellement. Elle part de Nar Shaddaa, va jusqu'à Zeltros, puis Naboo et Eriadu. Ensuite, on remonte jusqu'à Corellia et Coruscant pour terminus. Après, il y a quelques circuits à thème pendant une période limitée et il est même possible pour un client de choisir une destination particulière... mais elle doit être réservée à l'avance et n'est pas à la portée de tout le monde, tu te doutes bien."

Elle termina son verre, remportant sa mise lors de ce second tour, souriant doucement en observant le long souffle du nez de la cheffe d'affaire, signe d'exaspération face à cette situation imprévue et qui essayait déjà de se sortir de cette situation, sans doute en ruminant sur le fait qu'elle n'était pas si douée qu'elle ne le s'imaginait. Poursuivant son jeu, elle continua de discuter avec la Mauve en posant ses nouvelles mises :

"Et tes affaires te conduisent souvent vers ces mondes ? Vous savez... On propose des formules qui peuvent être intéressante si tu voyages souvent le long de nos circuits... On pourrait même te faire une petite offre préférentielle... Cela donnera l'occasion de revenir profiter de ce cocktail..."

Bien sûr, elle était suffisamment vague pour ne pas attirer les soupçons sur la véritable profession de l'espionne et elle poursuivit avec une voix plus séductrice, se permettant même un passage furtif et tout en douceur du bout de ses doigts sur la main de la Mauve. Était-ce un rôle ou juste sa nature de Zeltrone qui s'exprimait ? Allez savoir, c'étaient peut-être les deux...

La Mauve ne fut pas surprise que le sénateur républicain suive ses grosses mises. Ce profil de politiciens accros aux jeux était si prévisible ! Elle mit un peu de grain à moudre à la situation en voyant qu’il observait plus le corps de la Twi’lek que ses jetons et lui fit un clin d'œil riche de promesses silencieuses. Oh, il n’y avait aucune chance que ça aille plus que cela, mais c’était toujours un réflexe chez elle de lancer un hameçon. On ne savait jamais, parfois, on pêchait un gros poisson, et pas une vieille chaussure de Rodien. Elle eut un petit sourire en voyant les réactions des deux courtisanes. Elles avaient très bien compris comment cela marchait. Dans une autre situation, elle se serait fait un vilain plaisir à faire office de troisième, mais là, elle n’était pas là pour le boulot, mais pour se détendre ! Enfin, elle verrait bien si ce sénateur viendrait lui faire la cour à la fin de la partie.

Elle reprit une gorgée de son verre tout en détournant le regard vers les autres participants. Tout comme le sénateur, la cheffe d’entreprise était prévisible. Elle ne posait des jetons que si elle savait qu’elle ne courait pas trop de pertes, et hésiterait grandement à prendre un risque trop important. La Mauve remarqua que la Rouge la bloquait efficacement. Une façon aussi pour Isïana de noter que Larelia n’en était pas à sa partie, loin de là.

Elle haussa les épaules à la remarque de celle-ci sur le fait qu’avec une pointe de phéromones c’était meilleur. Sans doute pour une Zeltronne et beaucoup de races, probablement aussi pour la sienne, mais cela n’emballait pas la Mauve. Après tout, les goûts et les couleurs, hein ?

Par contre, elle se montra bien plus intéressée par la réponse sur les trajets du vaisseau-casino. Elle put le visualiser mentalement grâce aux planètes nommées, et elle hocha la tête en silence tout en récupérant sa mise à son tour. Elle avait eu de la chance pour l’un de ses placements de jeton et ça lui avait rapporté gros. Au détriment du sénateur qui plissa le regard dans sa direction. Était-ce un peu plus d’intérêt ou la voyait-elle désormais comme une rivale de jeu et non comme une simple poupée à gros seins ? Elle le saurait probablement au prochain tour. Elle continua sur sa lancée agressive, mais en plaçant moins de jetons, ne misant au final que le surplus qu’elle avait gagné depuis le début.

« Je vois, oui, c’est logique de procéder ainsi. J’imagine sans mal que la gestion serait compliquée sinon. Quant à moi, cela m’est déjà arrivée de me rendre sur Zeltros, tout récemment même. Nar Shaddaa, j’ai pu m’y rendre quelques fois. Même si paradoxalement, je n’ai encore jamais mis les pieds à Coruscant, alors qu’on pourrait penser que ça serait la première étape en matière de ville planétaire. Mais la plupart du temps, j’opère sur des plus petits mondes. Tatooïne, Roche, Chalacta, Bespin, Ord Mantell … »

Elle avait dit des planètes d’un peu partout, dans certaines où elle n’avait en réalité jamais mis les pieds. Mais peut-être que ça serait le cas un jour, qui sait ? Elle ne savait jamais où elle pouvait se rendre, avec les missions de Venom.

« Mais en soit, j’y réfléchirais. Si dans un avenir, plus ou moins proche, je constate que mes destinations coïncident avec ce que vous proposez, après tout, pourquoi pas. Je pense que cela serait intéressant. Sans parler du cocktail, bien sûr. »

Elle sourit à Larelia puis leva un sourcil intrigué en sentant les doigts de Larelia passer sur sa main. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Oh. Si. Bien sûr, bien sûr. Mais non, cela n’amusait pas la Mauve. Elle fit donc comme si elle n’avait rien vu, enfin, senti, pour le coup, et se reconcentra sur le jeu. Elle termina son cocktail.

« Par contre, le prochain tour sera le dernier pour moi. Enfin, sauf s’il y a un rebondissement digne d’intérêt. »

La partie se poursuivait et les deux femmes mirent leur plan d'attaque en action. Sans trop de surprise, le sénateur ne tarda pas à perdre sa concentration face au sous-entendu silencieux de la Mauve sous la forme d'un clin d’œil équivoque. Pousser par les deux courtisanes chuchotant à son oreille des propositions qui étaient sans-doute toute sauf innocente et le fait qu'il remarqua que Larelia glissait doucement ses doigts sur la main de la Twi'lek, autre sous-entendu laissant miroiter qu'il n'était pas impossible d'avoir, selon l'expression consacrée, les deux pour le prix d'une, le politicien opta pour une tactique plus agressive et audacieuse, cherchant manifestement à impressionner celles qu'il penser être ses proies. Le pauvre homme ne va rien comprendre à ce qu'il se passe...

Pendant ce temps, la Mauve et la Rouge poursuivaient leur discussion. Toujours en jouant le jeu de deux femmes d'affaires parlant de leurs activités communes, Isiana lista plusieurs mondes où elle se rendait plus ou moins régulièrement. Vrai ou pas n'était pas la question et elle poursuivit en disant que la proposition de la Zeltrone de profiter plus souvent du vaisseau si la Twi'lek devait se rendre sur un des mondes figurant sur la liste des destinations proposées par l'Endless Dream. La Rouge était sincère dans sa proposition, il fallait bien aider ses collègues de l'APEX !

"Faites-moi savoir votre réponse dès que vous vous serez décidée. Vous pourriez en profiter plus rapidement..."

Mais revenons à la partie, qui était la dernière pour la Mauve, sauf plot twist digne d'un film à sensations. Le sénateur prenait de plus en plus de risques, misait de plus en plus gros et faisait de plus en plus d'erreurs. L'espionne lui avait vraiment tapée dans l’œil pour qu'il réagisse de cette façon ou alors c'était parce qu'il en avait marre qu'on lui tienne autant tête alors que jusque-là, il dominait la table de jeu. De son côté, la Rouge continua de jouer avec le femme d'affaire impériale qui avait perdue patience depuis un moment face aux actions de la Rouge. D'une manière très prévisible, elle joua le tout pour le tout et plaça l'ensemble de ses mises. La Zeltrone poursuivit, sachant qu'elle avait atteint son objectif. Elle plaça ses dernières mises et attendit que la petite bille en titane finisse de rouler et de rebondir jusqu'à finir par se poser dans son emplacement choisit par le hasard. Elle avait perdu, mais ce n'était pas grave, car sa cible avait également perdu une très grosse partie de sa mise, ce qui lui fit quitter la table d'exaspération.

Il ne restait plus qu'à voir si cette petite bille avait déterminé en bien ou en mal l'issue du duel entre Isi et le Sénateur. Une victoire ? Une défaite ? Un ultime rebondissement ? Terminant son cocktail, la Rouge observa leurs réactions avec un sourire :

"Une petite idée de la suite des événements ? Ou peut-être un repos bien mérité ?"

Si prévisible. Cela en devenait risible et écœurant à la fois. Mais la mauve n’en montra rien au sénateur qui était tombé dans ses filets. Il fallait dire que les deux sirènes à ses côtés avaient dû lui chanter des images plus qu’explicites et fantasmagoriques. Heureusement qu’il y avait la table de jeu pour cacher la bosse dans le pantalon du politicien, n’est-ce pas ? Elle tourna brièvement un regard vers la rouge en sentant les doigts de celle-ci sur sa main. Dans un autre contexte, oh, elle en aurait joué ! Et pas qu’un peu. Mais elle n’était tout de fois pas totalement “remise” de sa mésaventure précédente, à base de limace géante baveuse, et n’avait pas envie d’aller aussi loin dans le jeu avec la femme d'affaire.

« Je n’y manquerais pas, c’est promis. Ce serait un avantage pour moi indéniable. »

Elle adressa un petit sourire de circonstance, mais également pour continuer le rôle de la Rouge et Mauve en pleine discussion taquine et tactile. C’était qu’elle avait un sénateur à plumer pour rappel ! Et la jolie femme aux longs lekkus constata qu’elle lui avait vraiment taper dans l'œil pour qu’il puisse craquer aussi facilement et enchaîne les mauvais choix alors qu’il maîtrisait si bien la partie jusqu’ici. Elle jeta un coup d'œil sur la concurrente de sa comparse de jeu, qui s’acheva sur un match nul.

« Il semblerait que je vous ai plumé, mon cher. »

La bille était tombée par miracle - ou un coup de la Force ? - sur le chiffre précis qu’avait choisi la tentatrice mauve. A elle le pactole ! Elle fit un dernier clin d'œil au sénateur tout en récupérant les jetons, bien contente du résultat.

« Un repos bien mérité s’annonce, il ne faudrait pas que j’abuse des bonnes choses. »

Elle avait répondu à la rouge après avoir récupéré les derniers jetons, soufflant un baiser de la main ensuite à ceux qui ne seraient déjà pas partis fou de rage de la roulette. C’était bien la première fois qu’elle repartait aussi bien chargée d’un casino, tiens ! Si ça se trouve, cela remboursait tous ses achats du jour !

« Il ne reste plus qu’à transformer ces jetons en crédits. Et je vais me retirer. Ou vous libérer, je suis certaine que vous avez du monde qui n’attend qu’une chose, c’est que vous décrochiez de mon bras. Non pas que cela désagréable, cela dit. »

Elle sourit, amusée. Quoi ? Oui, elle l’avait toujours en travers de la gorge le coup de l'ingénieur non-humais, mais la mauve ne pouvait pas nier qu’elle avait, malgré cet incident diplomatique notoire, passé une bonne journée en compagnie de la rouge.

« Je vous recontacterai au plaisir ! Je suis certaine que l’on aura de nouvelles occasions de nous revoir. »