« And I find it kinda funny, I find it kinda sad
The dreams in which I’m dying are the best I’ve ever had…
— Je vois que tu es encore de bonne humeur, 2B. »
Le droïde interrompit sa chansonnette, presque surpris par l’intervention de To’Maz.
« Je n’ai pas l’habitude de te voir traîner dans tes quartiers pendant les festivités. Tout le beau monde est sur le pont ; d’habitude, tu ne manques aucune occasion d’aller discuter mondanités et armes de destruction massives autour d’un ponch à assommer un Wampa. »
Le tas de ferraille réussit à lui arracher un petit rire. Il était vrai que les petits fours et les gros canons, c’était précisément la raison de sa présence ici, sur ce yacht stellaire de grande envergure tout en dorures et en courbures, cheminant discrètement sur ce qu’était l’ancienne route commerciale de Triellus, quelque part entre Gamorr et Syvris.
Un itinéraire dangereux de prime abord, du fait de sa proximité immédiate avec les territoires de la nouvelle Apex. Dangereux, du moins, si l’Apex était une entité que l’on fuyait, mais ce n’était pas le cas des gens à bord. Politiciens conciliants, industriels peu scrupuleux, milliardaires excentriques : tous avaient pris place à bord de cette croisière dantesque dans ce qui s’ouvrirait sous peu comme étant une séance d’enchères peu commune.
Le client principal ? Ni plus ni moins qu’un haut-gradé d’Apex. Ses droïdes personnels et soldats d'élite organiques étaient en partie à bord ; en partie dans des frégates escortant le bâtiment le long de son trajet que l’on avait cherché par-dessus tout à maintenir secret. Après tout, ledit chef entretenait quelques… inimités avec certains collègues ; le bruit courait même qu’il comptait se servir de ses futures acquisitions pour régler certaines dissensions internes et asseoir son autorité. Vérité ou mensonge ? Quelles que soient ses raisons, grand bien lui en fasse ; l’on jetait un voile pudique sur tout ce qui se passait en dehors des frontières républicaines avec les armes de la maison.
Cet itinéraire secret, il n’était connu que de quelques personnes triées sur le volet, dont la capitainerie de l’Outrecuidant – et To’Maz, car le temps où il s’autorisait à monter à bord d’un vaisseau sans connaître un minimum de choses à propos du voyage était désormais bien loin. En vérité, du voyage, il en savait presque tout, sans en avoir rien demandé – les données en question s’étant avérées bien moindrement cryptées que ce qu’il aurait fallu pour décourager le commandeur. Comme il avait pu s’en douter, toutes les personnalités à bord étaient considérées comme « à risque » par les services républicains, indulgents dans une certaine mesure vis-à-vis des avantages financiers que présentaient ces échanges peu licites, mais peu enthousiastes à l’idée d’armer des mercenaires dont la fiabilité oscillait avec les cours de la bourse galactique.
Parmi eux ? Ken’loq, un Turian que To’Maz connaissait bien. Recherché dans plusieurs secteurs pour toutes sortes de trafics, le retrouver dans un coup fourré de ce genre-là relevait de l’évidence. Mais l’homme-reptile n’était pas là pour arrêter son comparse ; davantage pour lui rendre quelques faveurs. En tant que commandeur du renseignement, il était de son devoir d’entretenir son carnet d’adresses, et cette mission était l’occasion parfaite de croiser les effluves. Un exercice habituel pour quelqu’un dont la sphère privée et la sphère professionnelle ne cessaient de s’entrecroiser.
Les riches passagers du yacht avaient également conservé leur propre service d’ordre et vaisseaux d’escorte – le mercenaire, un client déjà fidèle, n’avait officiellement aucune raison de les trahir, mais la prudence était de mise. Cet ensemble de frégates donnait à leur flottille une allure assez imposante, qui, somme toute, détonnait avec la volonté première de discrétion des différents protagonistes. A l’intérieur, l’ambiance était toute aussi charmante : les uns étaient en tenue de soirée, les autres en armure de guerre. Coupes de mousseux en mains, blasters aux ceintures, l’on festoyait dans une fausse insouciance. Tout le monde ici avait au moins le goût du risque, et au mieux, le talent pour s’attirer des ennuis. To’Maz n’était pas en reste : quelle que soit la raison pour laquelle les uns ou les autres pouvaient le connaître à bord, ce n’était pas pour les aspects les plus reluisants ni les plus légaux de sa carrière atypique. C’était précisément en cela qu’il avait été le bienvenu.
« As-tu du nouveau sur la recherche que j’ai lancée ? »
Une avarie les avait poussés à se poser pour de courtes réparations il y a deux jours. Plusieurs nouveaux membres d’équipage et passagers les avaient rejoints, ce que To'Maz n'avait pas prévu. Or, s'il savait une chose, c’est que l’on n’était jamais trop prudent dans son milieu.
« Cela irait beaucoup plus rapidement si nous étions à bord de ta frégate de service. L’on pourrait directement utiliser ton transpondeur holonet sécurisé. Mais relayer des informations jusqu’à ton vaisseau est une vraie purge. Certes, il nous suit de près, camouflé derrière les autres, mais les ondes courte portée sont saturées des communications cryptées de tout un chacun. Enfin, cryptées, cela dépend. Veux-tu savoir qui portera des sous-vêtements en Boga ce soir ?
— 2B…
— Ou qui ne portera pas de sous-vêtements du tout ?
— 2B…
— Oh, j’avais oublié. Tu as le cœur endurci par mille souffrances depuis que ta chère et tendre a été pulvérisée. La lingerie ne t’affriolera plus jamais. »
Sa voix synthétique laissa place à quelques notes larmoyantes d’instrument à corde. L’homme-reptile roula des yeux.
« Tu aimerais vraiment que je te désactive, n’est-ce pas ?
— La dernière fois que je me suis jeté d’une falaise, tu as pris trois jours à récupérer méticuleusement chacun de mes boulons. Lorsqu’il a fallu me remettre d’aplomb, tu as veillé à me réactiver d’abord, puis à commencer à me réparer, forçant mes pauvres petits capteurs optiques à voir mes boyaux de cuivre et de câbles, disséminés à travers ton atelier, se faire soudre et recoudre. C’était de la torture. J’ai ressenti ce qu’il y avait de plus proche de la douleur pour un droïde.
— C’est-à-dire ?
— Ah, hélas ! Pas grand-chose. Un éclat à l’égo, peut-être. Je me suis fait à l’idée que la mort était un concept que je n’aurais jamais la chance de connaître par moi-même. Dire qu’il fut un temps où j’étais programmé pour la propager… »
Son canon d’épaule s’articula dans la foulée pour appuyer son propos. C’est à ce moment qu’on toqua à la porte. 2B alla ouvrir : Ken’loq, en tenue de service, s’affichait dans l’embrasure.
« Bonsoir, s’enhardit le droïde en pointant le nouveau venu de son arme désactivée. Être en un seul morceau vous va à ravir. Puis-je prendre votre manteau ?
— Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? s’exclama le Turian à To’Maz en pointant du doigt le robot, mi-étonné, mi-amusé.
— Pointer du doigt est considéré comme impoli dans environ dix sept millions de cultures, nota 2B. Cela peut aussi servir à désigner une cible pour un bombardement orbital, avec une précision relative d’environ…
— Ken’loq, je te présente 2B-N2.b, mon droïde de protocole. Avant toute question : non, il n’est plus armé. Et non, il n’est pas à vendre. »
Son invité sembla déçu. Il s’avança dans la pièce, alla s’affaler sur le premier canapé venu.
« T’es bien mieux loti que moi » dit-il en agitant les mains pour désigner la salle : grande, spacieuse, tout confort – dans la mesure du possible, pour un vaisseau civil dont l’ensemble des hôtes de prestige pouvaient se targuer de suites similaires. Ken’loq s’était joint au voyage en intégrant les petites mains de l’équipage ; sa chambre, devina le commandeur, devait-être bien moins généreuse.
« Je demeure le fils de notre suzerain. Sois chanceux que je ne te demande pas de t’agenouiller. »
Ils se regardèrent un instant.
Puis éclatèrent de rire.
L’espace de quelques secondes, du moins. Revint ensuite un silence gênant.
« Je suppose que tu ne pouvais pas me donner rendez-vous dans un endroit plus tranquille, reprit To’Maz en faisant un signe à 2B, qui leur sortit deux verres.
— L’Outrecuidant, pas tranquille ? s’offusqua son invité. De quoi te plains-tu ? Je sais que les frivolités, ça n’a jamais vraiment été ton truc, mais bon, l’un dans l’autre, ici, c’pas si mal. Et puis, la bouffe est divine.
— Tu es sensé la préparer ; pas la manger.
— Et tu es sensé être le prince d’Eqazz, pas un éclopé dans un repère de criminels en cols blancs.
— Parce que le prince d’Eqazz n’est pas un criminel en col blanc, peut-être ?
— Tu as toujours été contrariant » se renfrogna Ken’loq en allongeant ses jambes écailleuses sur la table basse qui se trouvait devant lui.
Les verres arrivèrent ; Ken’loq engloutit le sien sans attendre, s’allumant dans la foulée un épais cigare.
« Je peux jamais rien te cacher, concéda Ken’loq après une bouffée de fumée. Ce vaisseau est un peu une poudrière. Et vu qu’tu peux jamais t’empêcher de fouiner ton nez partout, je suppose que j’ai pas grand-chose à t’apprendre sur c’qui se passe ici.
— 2B se charge déjà des ragots. Viens-en au fait. »
Grande inspiration du truand.
« J’ai trouvé un flingue. »
To’Maz roula des yeux, but une gorgée d’alcool.
« A la bonne heure. Encore une antiquité hors de prix et moins performante que du matériel militaire standard d’aujourd’hui ?
— Précisément ! » jappa Ken’loq.
Ce dernier aspira une nouvelle bouffée de son cigare.
« Je te vois faire la moue, le pointa-t-il du doigt en se redressant sur le canapé, ignorant les réprobations de 2B. C’pas ma faute si collectionner des calibres, c'est mon hobby. Toi aussi, tu dois bien carburer à quelque chose d’un peu bizarre. T’es plus sénateur, t’es plus dans l’armée, et j’pense pas que les affaires du clan soient ce qui te prenne le plus de temps. Si t’as pas bronché à venir te perdre ici avec moi, c’est bien que d’une manière ou d’une autre, tu peux y trouver ton compte. Et ici, on donne pas dans le dejarik édition familiale pour petits et grands, si tu vois c’que je veux dire. »
Ken’loq était peut-être rude et indélicat, mais il n’était certainement pas stupide.
« Je suis surtout venu parce que j’ai des principes, et que je te dois une faveur, se justifia le commandeur. C’est comme ça depuis plus de vingt ans.
— Ouais ; à se demander, d’ailleurs, pourquoi tu me demandes encore des infos. »
Nouveau regard désapprobateur de la part du commandeur.
« Ok ! abdiqua-t-il avec un grand sourire en prenant son cigare entre ses doigts. T’as tes secrets, j’ai les miens. On vient de la même planète, on est à peu près de la même engeance. On s’refait pas. »
Le cadet de la famille Ken avait certes pu connaître l’opulence du palais d’Hexag, mais il ne s’était jamais attaché à s’enticher des protocoles qui allaient de pair. Cela se ressentait par bien des égards : leur façon de parler, leur sens des affaires, et la taille de leurs chambres respectives au sein du vaisseau.
« Ton arme, le coupa To’Maz avec impatience. Qu’est-ce qui justifie que j’ai parcouru la moitié de la galaxie pour un tromblon ?
— C’est pas un tromblon ! se révolta-t-il. C’est une merveille de balistique comme on en fait plus. Rien de très sophistiqué, pas de chambre magnétique nouvelle génération ou ce genre de conneries, mais le mécanisme est un travail d’orfèvre, et le tir, d’une précision…
— Je ne t’ai pas demandé ce que c’était. Je t’ai demandé pourquoi je devais t’aider. »
La réponse serait forcément absurde. Il regretta presque d’avoir posé la question.
« Disons que… j’ai merdé. »
To’Maz haussa ce qu’aurait été un sourcil chez un Turian.
« Ce flingue, ça fait plusieurs mois que je l’ai dans le collimateur, expliqua son comparse. Je braconnais du gros gibier, quand je suis tombé sur un cadavre d’animal abattu d’une manière que je n’avais encore jamais vue. Un trou fin, chirurgical, élégant si je puis dire. Il avait à peine brûlé la chair au point d’impact. C’était pas du blaster, de l’électrique, de la fusion. La dispersion au sein des tissus musculaires était quasi nulle ; mais le projectile a percé comme ça sur quatre mètres. Oui, c'était du très gros gibier. Mais bref. Des dégâts aussi contrôlés, c’est du jamais vu, de nos jours. J’ai passé tout le catalogue en revue, mais j’ai rien trouvé. J’étais comme un dingue. Alors, tu me connais : j’ai enquêté jour et nuit, et j’ai fini par trouver ce que je cherchais.
— Je n’en attendais pas moins d’un expert comme toi » l’amadoua le commandeur.
Ken’loq porta à nouveau son cigare à sa bouche, aspirant une bouffée de fumée encore plus grande que les précédentes. Il en toussa presque.
« Le problème, c’est que l’arme… Elle appartient à la fille du capitaine. »
To’Maz avala de travers sa gorgée d’alcool.
« Je suis un gentleman. Avant d’essayer de la lui voler, j’ai essayé de la charmer. Sous mon meilleur jour, tu penses bien. Elle est humaine, mais ça ne semblait pas la déranger. Elle m’a fait un très beau sourire… Mais il s’avère qu’elle a déjà quelqu’un. »
Nouveau nuage de fumée.
« Quelqu’un à bord ? s’enquit To’Maz.
— J’en sais rien, dit-il avec les mains. On se connait, toi et moi. Ton truc à toi, ça a toujours été les gens, les courbettes, les bonjours au revoir. Moi, je parle à la poudre. Et aux cellules énergétiques. Et à tout ce qui fait des trous plus ou moins gros. »
Il écrasa les cendres de son cigare à même la table. To’Maz sollicita 2B pour servir à leur hôte un nouveau verre.
« Le capitaine tient particulièrement à sa fille. Sa chambre est gardée nuit et jour par deux colosses.
— Tu fais partie du personnel. De nous deux, tu es le plus susceptible d’y entrer.
— Ça a toutes les chances de mal tourner. J’ai besoin de quelqu’un pour couvrir mes arrières. Et tu me sembles être le mieux placé pour ça. Et avant que tu ne grognes, c’est aussi le moment où je te rappelle que oui, tu me dois une faveur. »
To’Maz soupira, vida son verre. Ken’loq en fit de même.
« Allons bon. Cela devrait être à ma portée.
— Je savais que je pouvais compter sur toi ! On se recontacte. »
Une tape amicale sur l’épaule, et il disparut aussitôt.
Après ce passage aussi expéditif que tempétueux, la chambre semblait presque calme. Le bruit diffus de la musique diffusée sur le pont mit un moment à revenir à ses oreilles. To’Maz regarda le fond de son verre d’un air désabusé.
« Tabasser des vigiles, cela devrait être à ta portée, railla le droïde.
— Avec ce gus ? Je ne suis jamais au bout de mes peines. C’est un vrai moteur à entropie. Talentueux, mais chaotique dans le sens le plus littéral. 2B, je sens que cette croisière ne va pas être de tout repos. »
- SilendaCommandant de l'Imperial Intelligence
Commandant des Renseignements Chiss
Re: La croisière s'amuse [PV : Silenda] [RP Abandonné: Absence de réponse depuis plus de 6 mois]
Dim 22 Déc - 23:06
Pour briser une chaine, il faut toujours viser le maillon le plus faible. Entre la République Galactique qui dispose de services de renseignements dignes de ce nom et l’APEX qui se défend admirablement bien mais pas forcément assez bien, les effets prévisibles d’une structure aussi particulière, il avait été bien plus facile d’infiltrer les rangs des criminels pour ensuite se mêler au reste. Pourquoi est-ce que Silenda se retrouvait-elle à bord d’un bâtiment républicain, à faire semblant de servir dans l’entourage d’un chef de guerre quelconque? Parce qu’il avait été porté à son attention qu’un officier impérial des plus imprudents, entretenant une relation avec une femme bien trop belle pour lui, était tombé dans le plus vieux piège du monde : la demoiselle qui en vérité n’est avec vous que parce que vous avez quelque chose d’intéressant. Spécifiquement…
Une liste de cibles républicaines à attaquer. Oui bien sûr, les deux factions étaient en guerre mais quand l’ennemi sait où vous allez frapper et que certains individus sont trop obtus pour comprendre la nécessité de changer un plan, elle s’était retrouvée devant deux choix : ne rien faire et rapporter à l’Impératrice que la catastrophe à venir était les résultats de l’indiscrétion de l’officier imprudent ou elle s’assurait que cette liste ne tomberait pas entre des mais ennemies. Sa seule consolation était que les données n’avaient pas encore été décryptées. Quel manque de prévoyance de la part des voleurs… De l’APEX, dans ce cas-ci. Elle n’allait certainement pas s’en plaindre, en tout cas. Cela lui laisserait du temps pour enquêter. Enfin. Dans la mesure du possible. Son déguisement holographique n’était pas fait pour lui fournir rapidement une apparence de ce qui avait été configuré d’avance.
L’on pourrait être tenté de dire : mais Silenda, amène un deuxième déguisement… Si ce n’était du fait que l’exemplaire en sa possession avait été payé de sa poche et coûtait plus cher à produire que certains paient pour un speeder de sport grand luxe… Neuf. Il était hors de question de A) Faire cette dépense avec l’argent de l’Imperial Intelligence et accessoirement de l’Empire Galactique et B) Le faire avec ses propres fonds. Manquer de se ruiner une fois avait largement suffit. Elle devrait donc conserver cette apparence pour toute la durée de sa mission ou abandonner le déguisement pour reprendre son apparence d’origine. Naturellement, elle avait choisi quelque chose d’absolument ravissant et d’hypnotisant pour pouvoir s’approcher de virtuellement n’importe quelle cible. Il fallait trouver à qui le chef de guerre comptait vendre les informations. Et bien sûr…
S’assurer qu’il ne recommence plus. Naturellement, Silenda ne tuait jamais de sa propre mains. Mais… Elle pouvait s’assurer que quelqu’un d’autre le fasse pour elle ou qu’un malencontreux accident se produise. Elle était loin de se douter, par contre, que cette mission bien qu’importante et au demeurant ennuyeuse allait l’amener à croiser la route d’un vieux rival et qu’elle se retrouverait au cœur de beaucoup plus d’action que certains membres de l’Imperial Intelligence n’en vivent en une année. Forcément, les analystes ne sont pas connus pour aller sur le terrain… Pour l’heure elle évolue dans la foule de gens importants, son tatouage l’identifiant comme membre de l’entourage du chef de guerre et les républicains sont subjugués par sa grande beauté et la présence importante d’alcool fait que certains en disent plus voire trop et elle commence à voir des liens où il n’y avait rien avant. Fascinant…
Une liste de cibles républicaines à attaquer. Oui bien sûr, les deux factions étaient en guerre mais quand l’ennemi sait où vous allez frapper et que certains individus sont trop obtus pour comprendre la nécessité de changer un plan, elle s’était retrouvée devant deux choix : ne rien faire et rapporter à l’Impératrice que la catastrophe à venir était les résultats de l’indiscrétion de l’officier imprudent ou elle s’assurait que cette liste ne tomberait pas entre des mais ennemies. Sa seule consolation était que les données n’avaient pas encore été décryptées. Quel manque de prévoyance de la part des voleurs… De l’APEX, dans ce cas-ci. Elle n’allait certainement pas s’en plaindre, en tout cas. Cela lui laisserait du temps pour enquêter. Enfin. Dans la mesure du possible. Son déguisement holographique n’était pas fait pour lui fournir rapidement une apparence de ce qui avait été configuré d’avance.
L’on pourrait être tenté de dire : mais Silenda, amène un deuxième déguisement… Si ce n’était du fait que l’exemplaire en sa possession avait été payé de sa poche et coûtait plus cher à produire que certains paient pour un speeder de sport grand luxe… Neuf. Il était hors de question de A) Faire cette dépense avec l’argent de l’Imperial Intelligence et accessoirement de l’Empire Galactique et B) Le faire avec ses propres fonds. Manquer de se ruiner une fois avait largement suffit. Elle devrait donc conserver cette apparence pour toute la durée de sa mission ou abandonner le déguisement pour reprendre son apparence d’origine. Naturellement, elle avait choisi quelque chose d’absolument ravissant et d’hypnotisant pour pouvoir s’approcher de virtuellement n’importe quelle cible. Il fallait trouver à qui le chef de guerre comptait vendre les informations. Et bien sûr…
S’assurer qu’il ne recommence plus. Naturellement, Silenda ne tuait jamais de sa propre mains. Mais… Elle pouvait s’assurer que quelqu’un d’autre le fasse pour elle ou qu’un malencontreux accident se produise. Elle était loin de se douter, par contre, que cette mission bien qu’importante et au demeurant ennuyeuse allait l’amener à croiser la route d’un vieux rival et qu’elle se retrouverait au cœur de beaucoup plus d’action que certains membres de l’Imperial Intelligence n’en vivent en une année. Forcément, les analystes ne sont pas connus pour aller sur le terrain… Pour l’heure elle évolue dans la foule de gens importants, son tatouage l’identifiant comme membre de l’entourage du chef de guerre et les républicains sont subjugués par sa grande beauté et la présence importante d’alcool fait que certains en disent plus voire trop et elle commence à voir des liens où il n’y avait rien avant. Fascinant…
"Ne me pose pas de question et je ne te dirai pas de mensonge."
- InvitéInvité
Re: La croisière s'amuse [PV : Silenda] [RP Abandonné: Absence de réponse depuis plus de 6 mois]
Lun 23 Déc - 13:56
La porte de la chambre du Turian s’ouvrit quelques minutes plus tard sur la silhouette de To’Maz, impeccable dans l’une de ses tenues de soirée habituelles. L’on ne devinait pas, sous ses vêtements, la fine couche défensive qu’il portait sur lui en permanence, et qui lui apportait les protections d’usage dont il ne se défaisait jamais – avec un blindage bien moindre qu’une armure lourde, bien entendu. L’on devinait en revanche son DC-17x à sa ceinture, qu’il se permettait d’afficher car les autres invités ne se privaient pas de montrer leurs propres armes de poing : il s’agissait ni plus ni moins de faire bonne impression en respectant les usages de la soirée. Sa vibrodague, elle, était soigneusement rangée dans un repli de sa veste.
Comlink clipsé à l’intérieur du col de sa chemise, lien vidéo établi sur un canal sécurisé, retour son en place, il murmura à l’intention de 2B :
« Tu vois ce que je vois ?
— Pour l’instant, rien ne brouille la communication.
— Verrouille la porte de la chambre. Enclenche tes protocoles de veille active. Informe-moi dès que tu as des retours sur nos petites recherches. »
Et le commandeur s’avança plus avant dans les couloirs menant au pont central.
L’Outrecuidant était aménagé pour le luxe ; toute l’énergie qui n’était pas destinée à la navigation, aux boucliers ou à la propulsion, alimentait projecteurs holographiques, sonorisateurs, fontaines de liqueurs et d’autres délices en libre-service pour les convives du bord. Un épais lustre en cristal à stabilisation gravitique renvoyait l’éclat de mille couleurs sur l’ensemble sans que les vibrations du voyage n’entravent sa nutation hypnotique. Sous ses pendeloques, l’opulence : des buffets d’agapes venant des quatre coins de la galaxie s’étendaient de manière presque obscène contre des barrières basses en macles entrelacées, qui séparaient sans couper les différents secteurs de la grande salle ; l’on trouvait d’un côté un simulacre de piste de danse – l’espace du pont n’étant pas extensible à merci – ; de l’autre, un bar achalandé pour les goûts de tous les amateurs de spiritueux.
Lorsque le regard suivait les épaisses baies vitrées blindées tout le long de la salle jusqu’à l’autre bout du pont, l’on ne pouvait manquer le double escalier monumental menant jusqu’au poste de pilotage, d’où le capitaine venait de temps à autre toiser ses ouailles et administrer quelques sourires. De cette saillie aménagée partait une coursive qui cerclait la pièce en hauteur, comme posée sur le vide galactique qui béait par les grandes vitres ; elle menait, à l’opposé de la cabine, aux quartiers du chef de bord. Plusieurs gardes du vaisseau, ainsi que certains mercenaires du gradé d’Apex, s’étaient établis sur ce perchoir pour veiller au grain quant au bon déroulement des festivités.
Directement sous le balcon du capitaine, encadrée par les escaliers, une autre porte menait aux quartiers des membres d’équipages : cuisines, réserves, cellules de couchage. D’autres accès disséminés à travers la pièce menaient à des dépendances ou à des boxes privatifs pour toutes sortes d’usages, qu’ils soient d’ordre professionnel ou… personnel.
La fille du capitaine était logée dans l’un des deux compartiments réservés aux invités de marque et qui se trouvaient à l’arrière du vaisseau ; compartiments séparés par diverses salles des machines et dont le point d’accès commun demeurait cette pièce. Précisément, il s’agissait du compartiment opposé à celui où logeait To’Maz. Traverser cette salle, et la foule, était donc nécessaire.
Les barrières minérales, loin de couper la ligne de vue des différents invités, forçaient l’établissement d’une sorte de courant de circulation en cela qu’un invité désirant passer d’un compartiment à l’autre devait parcourir une grande partie de la pièce ; cela forçait à contempler la profusion de richesses des lieux, d’une part, et d’autre part encourageait les rencontres "fortuites", souvent riches en retombées économiques. Le passage était également rallongé du fait que l’espace séparant les deux accès aux compartiments des invités était une sorte d’enclave au sein de la pièce, un accès aux organes vitaux du vaisseau gardé en permanence par les propres soldats du capitaine, desquels on veillait soigneusement à ne pas s’approcher à moins de quelques pas pour éviter les regards désapprobateurs.
Un projecteur holographique disposé sous le lustre, et entouré de coupelles de vin mousseux, laissait défiler toutes sortes d’informations boursières que les plus hardis consultaient minutieusement. Ici, les mains oscillaient entre les mignardises et les datapads. Du côté de la piste de danse, la concentration était aussi intense, mais la raison, toute autre : des femmes Twi’Lek ne manquaient pas de se faire remarquer dans leurs danses lascives. Cela aurait probablement été banal dans un lupanar tenu par des Hutts, mais l’hégémonie des Hutts n’était plus ; certaines choses, cependant, avaient plus d’inertie à changer que d’autres. Restait le comptoir du bar, où les personnalités les plus normales semblaient s’affairer autour de toutes sortes de cocktails bigarrés, servis dans des verres tout aussi exotiques.
« Avant que tu ne commettes une quelconque action répréhensible, mon devoir de droïde de protocole est de te rappeler tous les bénéfices qu’une sociabilisation active avec ton environnement pourraient apporter à ta mission.
— Et que te dit ton passif de droïde de combat ?
— Il attend patiemment ton premier faux pas pour sortir les friandises. »
To’Maz regretta d’avoir demandé.
« Peux-tu me rappeler le déroulement planifié de la soirée ?
— Le capitaine est censé faire un discours introductif dans une heure quarante-deux minutes et dix-sept secondes environ. Après quoi s’ouvriront les enchères, où tout le gratin essaiera de vendre armes, actions, contacts, dans un caquètement qui n’aura rien à envier au sénat républicain. Le chef mercenaire est bien décidé à mettre le prix pour se procurer tout ce qui lui permettra de gagner du galon chez les siens. On dit qu’il a des comptes pleins de crédits, et deux ou trois "arguments" pour arrondir les chiffres sur ses futurs chèques. »
Il s’assit au comptoir dans une posture qui laissait suggérer qu’il était libre à la discussion, sans forcément inviter les gens à venir à lui.
« Tu me rappelles une bonne blague, commenta 2B. C’est un sénateur, un officier et un espion qui rentrent dans un bar…
— Pas maintenant, 2B. »
Il embrassa de nouveau la pièce d’un regard rapide.
« Est-ce que tu vois la fille du capitaine ?
— Pas vraiment. L’une des potiches affiliées aux mercenaires détourne une grande partie des regards. Cheveux longs, noirs et bouclés, décolleté plongeant, et un tatouage sans équivoque. »
To’Maz ne mit pas beaucoup de temps à repérer cette dernière : il lui suffisait de regarder où convergeaient les mires de la majorité de l’audience masculine pour trouver la personne en question.
« Belles femmes et gros calibres. L’attirail parfait de l’homme de pouvoir.
— Tu connais bien la recette, minauda le droïde. De la jalousie ? Des regrets ?
— Tu sais bien que ce n’est pas mon genre, protesta le commandeur. On a un dossier sur elle ?
— Pas encore. Mais je croyais que ce n'était pas ton genre.
— Reste concentré sur l'objectif. Je ne veux pas perdre de temps avec ces bagatelles. L’idéal serait de s’emparer de l’arme au plus fort des enchères, pour polariser l’attention ailleurs ; s’assurer, donc, que la fille du capitaine sera bien loin de ses quartiers. J’ai besoin de quelques minutes pour potasser un début de plan.
— Juste le temps de raconter ma blague. »
To’Maz soupira, commanda un verre au barman. Ken’loq n’était pas en vue, et c’était tant mieux : se concentrer au milieu des frivolités du vaisseau était une chose ; réfléchir auprès du contrebandier Turian en était une autre.
- SilendaCommandant de l'Imperial Intelligence
Commandant des Renseignements Chiss
Re: La croisière s'amuse [PV : Silenda] [RP Abandonné: Absence de réponse depuis plus de 6 mois]
Lun 23 Déc - 23:25
Certains vous diront qu’être le centre de l’attention limite considérablement vos options. Vous êtes reconnaissable et si vous faites quelque chose d’inhabituel, ce sera vite remarqué. Silenda concède le point sans une once d’hésitation. Cependant, à l’inverse, être le centre de l’attention fait que vous n’avez pas à courir après l’information. L’information vient à vous. Elle en apprend énormément sur les petits détails que même les meilleurs services de renseignements ne vont pas forcément collecter. Est-ce que tout est pertinent? Non. Certainement pas. Mais cela permet d’avoir une meilleure vue d’ensemble, par contre. Les détails les plus « inutiles » peuvent vous amener à découvrir les secrets les mieux gardés. En obtenant des informations au demeurant anecdotiques, elle sait faire pression sur qui avec quel scandale pour obtenir ce qu’elle veut.
Une longue chaine de dominos qui va l’amener plus près du but. En tant que membre de l’entourage du chef de guerre de l’APEX, elle n’est pas « affiliée » à un individu ou un autre dans la République et tous viennent lui parler, tentant de faire pencher la balance en leur faveur. Après tout, avoir dans ses relations un membre de la plus grosse organisation criminelle de la galaxie semble avoir son attrait auprès de ces gens. Dommage pour eux, par contre, qu’elle ne soit pas qui ils pensent qu’elle est. C’est le propre d’un rôle bien joué : ils croiront ce que vous leur dites de croire et non pas ce que leurs yeux leurs présentent. Et naturellement, ces personnages riches et influents tentent de tirer la couverture de leur côté, tentant d’avoir une primeur sur les ententes, vilipendant toute compétition. Silenda répond sur le même ton, promettant sans promettre à ces gens.
Et bien sûr, elle s’est assurée pour entrer dans les bonnes grâces du capitaine et de son propre entourage pour s’assurer qu’en cas de problème, elle ait dans sa poche les personnes les plus à même de permettre une évacuation efficace. La fille du capitaine semble presque hypnotisée par les récits qu’elle lui raconte, d’aventures, de mystères et d’intrigues. C’est que bon, on peut avoir l’air moins intelligent qu’on l’est et en fait être extrêmement malin. Quand son père ne regarde pas, la fille pose des questions moins… Dignes de son rang et demande même si elle pourrait avoir un tatouage elle aussi. L’espace d’un instant, elle aurait bien été tentée d’essayer de pousser la fille du capitaine à fuir mais… Trop de variables pourraient cause un problème inattendu. Subtiliser quelque chose de précieux ou s’en servir pour obtenir quelque chose pour semer la discorde, voilà qui est plus intéressant.
Tel est le jeu de Silenda. Psychologique et assurément complexe. Elle bouge ses pions, place se pièces et ses pièges et tel une marionnettiste, fait danser ses victimes, réelles ou potentielles. Comme il est attendu d’elle, elle va d’une personne importante à une autre, discute, sourit, séduit, promets, change de personne… Et ainsi de suite, se promenant un peu partout avec toute la grâce de celle qui connait son affaire et qui est parfaitement dans son élément. Ce qui, inévitablement, devrait l’amener à croiser la route de son rival des renseignements républicains, à moins que quelque chose d’inattendu se passe. À ce stade-ci des choses, par contre, ni un ni l’autre ne sont au courant de leur présence respective. Pour Silenda, ce n’est que pimenter le jeu davantage. Elle qui déplore trop souvent de n’avoir que rarement des adversaires à sa mesure. Où est le plaisir quand c’est trop facile?
Une longue chaine de dominos qui va l’amener plus près du but. En tant que membre de l’entourage du chef de guerre de l’APEX, elle n’est pas « affiliée » à un individu ou un autre dans la République et tous viennent lui parler, tentant de faire pencher la balance en leur faveur. Après tout, avoir dans ses relations un membre de la plus grosse organisation criminelle de la galaxie semble avoir son attrait auprès de ces gens. Dommage pour eux, par contre, qu’elle ne soit pas qui ils pensent qu’elle est. C’est le propre d’un rôle bien joué : ils croiront ce que vous leur dites de croire et non pas ce que leurs yeux leurs présentent. Et naturellement, ces personnages riches et influents tentent de tirer la couverture de leur côté, tentant d’avoir une primeur sur les ententes, vilipendant toute compétition. Silenda répond sur le même ton, promettant sans promettre à ces gens.
Et bien sûr, elle s’est assurée pour entrer dans les bonnes grâces du capitaine et de son propre entourage pour s’assurer qu’en cas de problème, elle ait dans sa poche les personnes les plus à même de permettre une évacuation efficace. La fille du capitaine semble presque hypnotisée par les récits qu’elle lui raconte, d’aventures, de mystères et d’intrigues. C’est que bon, on peut avoir l’air moins intelligent qu’on l’est et en fait être extrêmement malin. Quand son père ne regarde pas, la fille pose des questions moins… Dignes de son rang et demande même si elle pourrait avoir un tatouage elle aussi. L’espace d’un instant, elle aurait bien été tentée d’essayer de pousser la fille du capitaine à fuir mais… Trop de variables pourraient cause un problème inattendu. Subtiliser quelque chose de précieux ou s’en servir pour obtenir quelque chose pour semer la discorde, voilà qui est plus intéressant.
Tel est le jeu de Silenda. Psychologique et assurément complexe. Elle bouge ses pions, place se pièces et ses pièges et tel une marionnettiste, fait danser ses victimes, réelles ou potentielles. Comme il est attendu d’elle, elle va d’une personne importante à une autre, discute, sourit, séduit, promets, change de personne… Et ainsi de suite, se promenant un peu partout avec toute la grâce de celle qui connait son affaire et qui est parfaitement dans son élément. Ce qui, inévitablement, devrait l’amener à croiser la route de son rival des renseignements républicains, à moins que quelque chose d’inattendu se passe. À ce stade-ci des choses, par contre, ni un ni l’autre ne sont au courant de leur présence respective. Pour Silenda, ce n’est que pimenter le jeu davantage. Elle qui déplore trop souvent de n’avoir que rarement des adversaires à sa mesure. Où est le plaisir quand c’est trop facile?
"Ne me pose pas de question et je ne te dirai pas de mensonge."
- InvitéInvité
Re: La croisière s'amuse [PV : Silenda] [RP Abandonné: Absence de réponse depuis plus de 6 mois]
Jeu 26 Déc - 12:38
Le verre arriva prestement. Whiskey corellien, avec un glaçon. Impossible, cependant, d’apprécier le bourbon avec 2B qui bourdonnait à son oreille.
« 2B, coupa le commandeur, dis-moi plutôt quelque chose qui m’intéresse.
— J’allais raconter la chute ! se plaint le droïde. Soit, parlons des choses ennuyeuses : les nouveaux venus ont été scannés à 74%. Rien de plus douteux que le passager lambda du vaisseau.
— Autant dire que tout le monde est une bombe à retardement.
— Je te trouve bien pessimiste. Sinon, je n’ai toujours rien pour la mercenaire.
— Elle se rapproche du bar avec une meute à ses pieds. Je vais probablement devoir bouger vers un endroit plus calme.
— J’ai tenté d’installer une backdoor sur les commandes des capsules de sauvetage du vaisseau selon tes instructions, mais il me faudrait un accès depuis un terminal central. De cette manière, nous pourrions te verrouiller l’accès à au moins une capsule en cas de retraite forcée.
— Le terminal boursier est au moins connecté aux antennes. Je pense que le reste des systèmes doit être accessible depuis l’endroit en fouillant un peu. Je dois pouvoir m’y connecter. »
To’Maz profita d’un éclat de rire de l’autre côté de la pièce pour se retourner d’un mouvement naturel. Faisant mine d’essayer de trouver sa provenance, il laissa ses yeux s’appesantir sur le dispositif qui trônait au centre de la pièce, afin d’analyser la machine plus en détail.
« Vous recherchez quelqu’un, M. To ? »
La voix était familière ; les yeux, bridés de base, presque fermés par cet éclat rieur qui illuminait le visage de l’homme.
« Capitaine Orochi » annoça To’Maz en cachant sa surprise.
S’ensuivit une accolade chaleureuse.
« Ici, ce sera seulement "M. Orochi", reprit l’intéressé. Un capitaine ne l’est plus vraiment à bord du bâtiment d’un autre. Et puis, j’ai cru comprendre que l’état-major n’apprécie pas fortement ces petites becquetances interlopes. Carabistouilles ! Nous ne volerions point si c’était vraiment le cas.
— Probablement.
— Notre bon amiral Sharef vous passerait probablement ses plus sincères salutations s’il savait que vous partagiez ma compagnie ; mais diantre, ce n’est pas vous faire honneur que de discutailler le verre vide. »
Et il apostropha le serveur pour se faire servir, de sa tonalité toute veloutée qui lui allait d’autant mieux depuis que ses cheveux avaient viré au blanc.
« Je crois apercevoir la fille du capitaine Johnson parmi la foule des poursuivants de madame » indiqua 2B.
To’Maz jeta un coup d’œil vers la masse de personnes qui s’approchait naturellement, guidée comme par un instinct grégaire tandis que la mercenaire les menait à la baguette. Veillant ensuite à avoir toute la scène dans son champ de vision – le bar, son interlocuteur, la femme d’Apex et ses soupirants – il commença à tapoter discrètement contre son verre, en langage codé :
« 2B, je vais avoir besoin de toi pour me sortir de là. »
Tout en répondant très chaleureusement à son interlocuteur :
« Je ne vous savais plus dans le circuit. Vos actions dans le secteur de Kashyyyk ont été mémorables ; mais beaucoup auraient, après coup, rendu les armes, et profité d’une retraite bien méritée.
— Allons, M. To. L’éméritat n’est point fait pour moi ; l’Outrecuidant est, à mon sens, ce qui se rapproche au mieux des meilleures thébaïdes. Et si vous m’objectez que l’endroit n’a rien de calme ni d’isolé, je répondrai que c’est précisément le sens de mon propos. La mort aura tôt fait de nous faire vivre en ermites, alors profitons !
— Loin de moi l’idée de remettre vos dires en question.
— Et puis, de nous deux, c’est vous qui êtes hors circuit si je ne m’abuse. Fichtre, rappelez-le-moi avant que l’alcool ne me tourne, s’ébaudit-il dans un rire presque gras. Je ne voudrais pas me risquer à vous communiquer des secrets trop gênants.
— N’ayez crainte. J’ai un poste de consultant spécial auprès de l’amirauté, avec toutes les accréditations adéquates. »
Lors de son entrée au renseignement, To’Maz avait veillé à ce que l’armée ne lui ferme pas totalement ses portes, et l’intelligence républicaine l’avait aidé à consolider sa position. Son personnage de consultant était l’une des nombreuses identités qu’il pouvait utiliser lors de ses missions ; en particulier lorsqu’il enquêtait sur l’intégrité des membres de l’état-major. Une ritournelle dont il avait fait usage, après avoir été blanchi de tout soupçon, durant les derniers mois de l’affaire "M", afin de débusquer certaines taupes du directeur corrompu. De fait, un officier qui se savait scruté par un représentant du renseignement avait tôt fait de se tenir à carreau ; mais un auditeur ? Qu’ils soient mandatés par des sociétés privées ou par une commission rogatoire du sénat, cela représentait une menace bien moindre : il s’agissait au mieux d’un représentant de lobby privé que l’argent saurait faire plier, et au pire, d’un fonctionnaire laxiste et léthargique qui prendrait six mois à retranscrire deux semaines de poste en un rapport long et pompeux.
« Il y a une fenêtre pour contourner le gros de la foule en bousculant un minimum de gens » l’alerta le droïde.
Quelques personnes s’étaient en effet détachées du groupe en approche, libérant un couloir que son HUD mettait en valeur en surimpression sur son champ de vision.
« Les caméras ? demanda silencieusement To’Maz. Une vue d’ensemble serait la bienvenue.
— Je n’ai pas accès aux images les plus récentes. Les protocoles ont dû être réinitialisés lors de notre dernière escale. Notre mouchard est toujours en place ; un accès au terminal me permettrait de relancer notre monitorage en un rien de temps. »
Cela faisait maintenant deux bonnes raisons de changer d’endroit au plus vite. Attiré par le bruit de la foule qui se séparait, le capitaine Orochi se tourna un instant vers la mercenaire.
« Drôle de bout de femme, commenta-t-il en regardant à nouveau le commandeur. En ce qui me concerne, cela ne m'intéresse plus. J’ai été marié trois fois ; entre tarasconnades et rodomontades, l’exercice m’a passé l’envie de réessayer. Nous sommes des hommes d’action, M. To. Les épousailles, pompons et fanfreluches, cela ne nous réussit jamais.
— Vous ne croyez pas si bien dire. »
A son oreille, 2B pépiait :
« Il serait convenable de terminer la conversation à la fin de votre verre. Prétexte une envie pressante ; c’est l’une des excuses les moins vexantes d’après mes bases de données, avec la réception de la nouvelle de la mort d’un proche, et l’imminence d’une frappe de missile. »
Mais son interlocuteur reprenait de plus belle :
« Êtes-vous ici pour acheter ou pour vendre ? Peut-être seulement pour reluquer ; je ne vous jugerais pas.
— Je suis un homme d’opportunités. Je verrai, selon ce qui me tombe dessus. »
Il veilla à ne pas lui retourner sa question ; il eut néanmoins droit à une réponse.
« Personnellement, je trouve dans l’import-export une seconde nature. Ne me regardez pas comme ça, je n’implique dans mes affaires privées aucun élément financé par les impôts de nos concitoyens. Voyez-moi plutôt comme un boursicoteur un peu trop riche pour son propre bien. »
Le passage se refermait de nouveau, au grand dam du Turian.
« Et comment je vais traverser tout ça, maintenant ? grinça To’Maz en tapotant contre son verre.
— Avec les coudes, je le crains, répondit 2B. Cependant, ne t'épanche pas trop en excuses : le jeu de cette mercenaire est caractéristique de l’archétype de la femme fatale. Lui adresser durablement la parole, c’est perdre instantanément toute chance de susciter son intérêt.
— Ça m’arrangerait personnellement, mais elle a l’air de s’être entichée de la fille du capitaine Johnson. Elle pourrait être un bon vecteur d’approche.
— Dans ce cas, je n’ai pas besoin de te rappeler le meilleur moyen d’attirer une telle femme. »
L’ignorer.
Le plan était donc tout trouvé. Il finit son whiskey et s’excusa auprès de son interlocuteur.
« Veuillez m’excuser, M. Orochi. Je n’en suis pas à mon premier verre, et ma vessie commence à me le faire sentir.
— La vieillesse prend son dû sur nous tous. Je me souviens de soirées avec Sharef où vous finissez par nous border tous.
— Vous savez comment me contacter. Invitez-moi à l’occasion, et je vous montrerai qu’il me reste un grand nombre de mes capacités. »
Ce faisant, il se leva et commença à fendre la foule qui avait commencé à gagner le bar. A l’approche de la femme mercenaire, il se fendit d’un simple « pardon » tandis qu’il se faufilait par-delà, et commença à continuer sa route jusqu’à l'holotable centrale.
- SilendaCommandant de l'Imperial Intelligence
Commandant des Renseignements Chiss
Re: La croisière s'amuse [PV : Silenda] [RP Abandonné: Absence de réponse depuis plus de 6 mois]
Jeu 26 Déc - 19:02
Intéressant. Certains ne semblent pas vouloir se mêler à la masse et ce sont en général les cas les plus fascinants à étudier. Normal, donc, qu’elle se dirige vers les « réfractaires », peu importe le troupeau qui la suit. L’essentiel étant, bien sûr, de toujours conserver les apparences. De ne pas avoir l’air trop curieuse. Chose difficile parfois pour la Chiss dont l’esprit curieux veut toujours comprendre davantage. Et comme elle aime considérer de multiples options… Mieux vaut rencontrer le plus de personnes possibles. Cela étant, le moins humains des deux en train de discuter semble, bien qu’un œil moins attentif cela ne se voit pas, vouloir s’en aller. Il cherche à éviter la foule. Ce qui est automatiquement suspect… Et donc intriguant. Et donc cela ne peut que la mettre de bonne humeur! Turian, si sa mémoire ne lui fait pas défaut. Pas très commun dans l’Empire.
Pour en apprendre plus sur cet individu, elle décide de faire la conversation à son « compagnon », l’homme d’âge avancé à qui il parlait. Elle en apprend un peu, moins qu’elle voudrait mais suffisamment pour déduire que cette envie pressante était un prétexte pour éviter une… Confrontation. De plus en plus intéressant. Cet individu semble être plus qu’initialement anticipé, ce qui ne fait que rendre le jeu plus captivant. Dans cas, il faut trouver un moyen de le faire venir à elle volontairement. Pour le moment, par contre, elle retourne se mêler aux riches et influents. Elle remarque, au fil de la soirée, un second Turian qui semble regarder le premier avec beaucoup d’attention. Naturellement, pour un œil entrainé comme le sien, ce sont des choses qui se remarquent aisément. Et il regarde aussi souvent en direction de la fille du capitaine. Hum. Voilà qui est curieux. Très curieux.
Le plus simple est encore de le mentionner, subtilement, dans une conversation avec la demoiselle. Ce lui qui n’était pas au bard semble avoir un léger historique avec elle pour une histoire d’arme. Voilà une idée amusante. Admettons que les deux Turians soient de mèche pour… Une raison pour le moment purement théorique, ayant pour seul point commun une arme antique. Pour forcer l’un ou l’autre à devoir jouer selon ses termes, il va falloir s’assurer d’avoir suffisamment de cartes dans son jeu pour prétendre à une main gagnante. Convaincre la demoiselle de lui « prêter » l’arme en question est plus simple que prévu, Silenda ayant l’habitude de la manipulation d’une part et la fille du capitaine n’est pas immunisée à ses charmes. Le précieuse fille de son papa aurait-elle un côté moins… Sage? Modérément intéressant, bien moins que son « prix ». Elle laisse quand même une note dans le coffre-fort, sait-on jamais. Ne serait-ce que pour attirer l’attention du Turian.
Un morceau de papier avec un « baiser » en rouge à lèvres. Rien qui puisse laisser de quoi faire une analyse ADN ou assimilable, naturellement mais s’ils sont un minimum malin, il n’y a pas trente-six possibilités quant à un « coupable potentiel. Et elle ne fait pas forcément d’effort pour dissimuler l’arme puisqu’elle va la présenter à son patron. Le chef de guerre, probablement un abonné aux abus de substances, ne semble pas vraiment commenter sur qui elle est mais chose certaine, il a trouvé ce qu’il veut acheter désormais. Tel un enfant devant un jouet, note mentalement Silenda en se disant que c’est une chose de tenter de manipuler la fille du capitaine pour obtenir l’arme, ce sera un tout autre jeu de l’enlever au chef de guerre ou plus précisément, à celle qui l’a en sa possession en ce moment et qui ne quitte plus le chevet de son supérieur. Voilà comment on rebrasse les cartes et on rend le jeu plus intéressant…
Pour en apprendre plus sur cet individu, elle décide de faire la conversation à son « compagnon », l’homme d’âge avancé à qui il parlait. Elle en apprend un peu, moins qu’elle voudrait mais suffisamment pour déduire que cette envie pressante était un prétexte pour éviter une… Confrontation. De plus en plus intéressant. Cet individu semble être plus qu’initialement anticipé, ce qui ne fait que rendre le jeu plus captivant. Dans cas, il faut trouver un moyen de le faire venir à elle volontairement. Pour le moment, par contre, elle retourne se mêler aux riches et influents. Elle remarque, au fil de la soirée, un second Turian qui semble regarder le premier avec beaucoup d’attention. Naturellement, pour un œil entrainé comme le sien, ce sont des choses qui se remarquent aisément. Et il regarde aussi souvent en direction de la fille du capitaine. Hum. Voilà qui est curieux. Très curieux.
Le plus simple est encore de le mentionner, subtilement, dans une conversation avec la demoiselle. Ce lui qui n’était pas au bard semble avoir un léger historique avec elle pour une histoire d’arme. Voilà une idée amusante. Admettons que les deux Turians soient de mèche pour… Une raison pour le moment purement théorique, ayant pour seul point commun une arme antique. Pour forcer l’un ou l’autre à devoir jouer selon ses termes, il va falloir s’assurer d’avoir suffisamment de cartes dans son jeu pour prétendre à une main gagnante. Convaincre la demoiselle de lui « prêter » l’arme en question est plus simple que prévu, Silenda ayant l’habitude de la manipulation d’une part et la fille du capitaine n’est pas immunisée à ses charmes. Le précieuse fille de son papa aurait-elle un côté moins… Sage? Modérément intéressant, bien moins que son « prix ». Elle laisse quand même une note dans le coffre-fort, sait-on jamais. Ne serait-ce que pour attirer l’attention du Turian.
Un morceau de papier avec un « baiser » en rouge à lèvres. Rien qui puisse laisser de quoi faire une analyse ADN ou assimilable, naturellement mais s’ils sont un minimum malin, il n’y a pas trente-six possibilités quant à un « coupable potentiel. Et elle ne fait pas forcément d’effort pour dissimuler l’arme puisqu’elle va la présenter à son patron. Le chef de guerre, probablement un abonné aux abus de substances, ne semble pas vraiment commenter sur qui elle est mais chose certaine, il a trouvé ce qu’il veut acheter désormais. Tel un enfant devant un jouet, note mentalement Silenda en se disant que c’est une chose de tenter de manipuler la fille du capitaine pour obtenir l’arme, ce sera un tout autre jeu de l’enlever au chef de guerre ou plus précisément, à celle qui l’a en sa possession en ce moment et qui ne quitte plus le chevet de son supérieur. Voilà comment on rebrasse les cartes et on rend le jeu plus intéressant…
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- InvitéInvité
Re: La croisière s'amuse [PV : Silenda] [RP Abandonné: Absence de réponse depuis plus de 6 mois]
Ven 27 Déc - 7:41
To’Maz se faufila jusqu’au terminal boursier sans anicroche. Faisant mine de se saisir d’un holopad libre de sa main gauche, il palpa de la droite sous la table jusqu’à trouver un accès physique à l’holotable, où il y plugga son interface de connexion. Déjouant sans difficulté les protections qu’il avait déjà bypassées plusieurs fois depuis le début de son séjour, il retrouva très vite les traces de sa précédente intrusion – des petits cailloux qu’il avait semé à sa propre intention, difficilement repérables pour un œil averti, indécelables pour les autres – et remonta jusqu’aux systèmes de surveillance.
« 2B, marmonna le commandeur, donne-moi des bonnes nouvelles.
— Il semblerait que la mercenaire t’ait repéré.
— Ton sixième sens de droïde de protocole ?
— Oui. Et le fait qu’elle discute avec le capitaine Orochi, et que ce dernier ne se prive pas de regarder dans ta direction. »
L’extrait vidéo vint se coller en surimpression sur son champ de vision. L’appât avait mordu à l’hameçon et s’intéressait à lui. L’épiait-elle déjà au bar, lors de sa discussion, pour avoir su que le vieil officier le connaissait ? Intriguant. De toute façon, le vieillard ne connaissait à son propos rien de compromettant, si ce n’était des histoires de beuveries à tire-larigot. Pour l’instant, il restait bénéficiaire de ces échanges.
« Peux-tu profiter de l’antenne pour amplifier la puissance de ton signal et accélérer tes recherches ?
— C’est dans le domaine du possible. Le cryptage du canal ?
— Le dispositif est fait pour supporter des transactions bancaires. Cela devrait faire l’affaire. »
Cela rappelait à To’Maz une mission d’infiltration dans un casino, où il devait prendre sur le fait un sénateur haut-placé soupçonné de collusion avec l’ennemi. Son meilleur moyen de communiquer avec l’extérieur demeurait alors par l’intermédiaire de virements de fonds, encryptant l’information utile tant sur la valeur des sommes et l’identité des destinataires que sur la fréquence des transactions.
S’aménageant une plage de fréquences dégagée sur le canal crypté du terminal boursier, en s’assurant qu’aucun mouchard étranger ne demeure dans le système, le commandeur termina d’établir le lien-relai entre 2B et sa frégate camouflée.
« Cette séance sera fructueuse, l’interpella un Zabrak dont la cravate, aux nœuds tressés de nombreux motifs complexes, se terminait en sept branches qui tombaient élégamment sur son veston de velours.
— Assurément, s’enthousiasma To’Maz en recommençant à tapoter sur la table. 2B, combien de temps ?
— Une bonne minute. Peut-être deux. »
To’Maz profita de sa connexion à l’antenne pour rechercher les dernières nouvelles des marchés galactiques.
« SolarStream Motors gagnera 4 points d’ici la clôture de la session, parole d’expert.
— Leur partenariat avec Rothana Heavy Engineering était un pari risqué, mais réussi, débita aisément To’Maz en réaction tandis que les fils holonews défilaient sous son regard bionique. Assurément, les DuCade tirent peut-être davantage d’avantages de cet accord bilatéral ; mais cela a sauvé SSM d’une OPA agressive de la part de Hammer Corporations, a contrario de MPE Inc.
— Je pense qu’un conglomérat Hammer-MPE-SSM aurait redynamisé le marché des prestataires d’équipement de vaisseaux, et peut-être, pourquoi pas, donné un coup de pied dans la fourmilière en forçant des renégociations de contrats de haut vol. Personnellement, je vois d’un mauvais œil le quasi-monopole de Rothana. Ce n’est pas bon pour les affaires. Et ce n’est pas Rendili SD ni les manufactures de Naboo qui suffiront à changer cet état de fait.
— J’ai terminé les scans, intervint 2B.
— A la bonne heure, tapota To’Maz, tout en répondant à son interlocuteur de fortune. Je vous conseille de regarder du côté de SDA Weaponry. Une licorne que les grands auront tôt fait de s’arracher.
— Un conseil avisé, mais je vous ai devancé. J’ai déjà posé une option pour dix mille de leurs actions. Si vous voulez bien m’excuser. »
Et le Zabrak retourna à ses chiffres, au grand soulagement du commandeur. Se déconnectant du terminal, il dissimula une puce à onde courte sous le moniteur pour conserver son accès aux différents systèmes qu’il avait piratés jusqu’alors, emportant avec lui l’un des datapads en libre accès.
« Du nouveau sur la mercenaire, 2B ?
— J’ai deux mauvaises nouvelles. La première : elle n’est plus au bar. La seconde : elle n’est pas dans nos bases de données.
— Tu as bien tout fouillé ? Recensements des orphelinats ? Registres d’esclaves affranchis ?
— Loin de moi l’idée d’affirmer que les services de renseignements républicains n’ont pas réussi à ficher l’intégralité de la galaxie, mais il semblerait qu’elle fasse partie des individus ayant passé au travers des mailles du filet. »
Cela faisait d’elle la plus dangereuse des bombes à retardement.
« Ouvre grands tes récepteurs, asséna To’Maz en suivant le flux imposé par les barrières de cristal jusqu’à la piste de danse. Je veux que tout ce qui se dise à propos d’elle sur ce vaisseau me soit retranscrit.
— Mais comment savoir qu’on parle d’"elle" ? Je peux opérer une recherche par mots-clés, mais je doute de l’efficacité de la démarche.
— Propose toujours.
— "Femme" "bonne" "décolleté" "plongeant", commença à lister le droïde en chantonnant.
— En effet, c’est une description assez générique de l’escort girl lambda, comme il y en a des dizaines à bord » soupira le commandeur.
C’était à peu près le pire moment pour que Ken’loq vienne lui parler ; et ce fut précisément celui que le contrebandier choisit pour l’aborder.
« La fille du capitaine, l'agressa-t-il presque, quoi qu'il ait au moins eu la décence de parler à voix basse. J’l’ai vue aller dans sa chambre avec une autre meuf.
— Une… "autre meuf" ?
— La donzelle tatouée que tout le monde reluque depuis tout à l’heure, et qui traîne avec les mercenaires. »
To’Maz visionnait en simultané les extraits de surveillance des dernières minutes, remontant au moment où la femme mercenaire quittait le bar, suivie de la fille du capitaine, pour se diriger vers les quartiers de cette dernière.
« Je savais qu’c’était pas mon charme qui faisait défaut, enragea le contrebandier. Madame a déjà quelqu’un ? Mon cul ! La gosse à Johnson, c’est une brouteuse de cha…
— Ne va pas trop vite en conclusions, tempéra To’Maz qui désirait éviter une hausse de ton et les milliards d’incidents diplomatiques qui s’ensuivraient. La fille du capitaine a l’air d’apprécier la compagnie de cette bande de mercenaires ; c’est tout ce que l’on peut affirmer pour le moment.
— Les v’la qui reviennent ! »
Ils se dissimulèrent dans la foule – To’Maz avec une aisance plus naturelle que son compagnon d’infortune –, laissant passer les deux femmes, dont le langage corporel trahissait une profonde complicité. Le commandeur ne put s’empêcher de remarquer l’arme étrange qu’elle arborait à ses côtés.
« C’est…
— J’ai vu, le coupa le commandeur. Évite de crier ou d’hyperventiler, c’est peut-être un leurre. Il n’y a qu’une seule manière d’en avoir la certitude. »
Qu’est-ce que la mercenaire cherchait en se procurant cet objet, ou une copie de ce dernier ? Si cela avait rapport avec To’Maz et son affaire, c’était qu’il y avait eu fuite ; et la fuite ne venait certainement pas de lui. Ken’loq était de fait le coupable idéal. Après tout, il lui avait bien parlé de ses tentatives d’approche de la fille du capitaine ; peut-être en avait-il trop dit ; peut-être avait-il, par la suite, manqué de subtilité dans son rôle de personnel de bord, car le commandeur, de son côté, avait veillé à ce que peu de liens transparaissent entre lui et son comparse. S’ils s’étaient entrevus, cela avait jusqu’alors été seulement en privé – la conversation qui venait d’avoir lieu faisant office d’exception. Restait la ressemblance raciale : un élément qui les rapprochait naturellement, mais qui ne laissait pas deviner la complexion de leurs rapports. Seul un esprit aiguisé, ou du moins averti, pouvait relier les points.
Il fallait cerner au plus vite la nature de l’objet que la mercenaire avait désormais en sa possession. Cela ne pourrait probablement pas attendre les enchères, car les cartes semblaient pouvoir être rebattues en un claquement de doigts. Conséquemment, To’Maz devrait avoir recours à son attirail pour écourter la chose. Commandant son comparse comme un homme de son rang devait commander son valet, ils s’éclipsèrent en bonne et due forme de la pièce centrale, s’aventurant vers le compartiment où devait se trouver l’arme. Devant la chambre, les deux gardes étaient toujours en poste, stoïques.
« Va leur demander s’ils ont vu la fille du capitaine récemment.
— Et toi ?
— Ne t’occupe pas de moi. »
Profitant de la distraction apportée par l’autre Turian, il se mit en disposition d’utiliser son module de camouflage et pirata l’accès à la chambre en quelques instants. Lorsque le ton monta, il ouvrit la porte dans un bruit qui se perdit au milieu des éclats de voix.
A l’intérieur, le désordre relatif n’avait rien d’inhabituel pour une pièce de vie régulièrement usitée. Pas de trace particulière suggérant des mouvements intenses et récents : luttes et ébats pouvaient être rayés de la liste des possibles. Finissant de balayer la chambre du regard, il repéra rapidement le coffre-fort qu’il déverrouilla sans davantage de difficulté, trouvant au sein de ce dernier, en lieu et place de l’arme convoitée, la note efféminée.
« Effectivement : elle nous a roulés » grommela To’Maz en attrapant le papier de sa main prothétique et en effaçant les traces de son passage, retournant jusqu’à l’angle du couloir, et réajustant sa tenue civile après avoir désactivé son champ d’invisibilité.
Analysant de manière sommaire le papier, il ne décela aucun indice supplémentaire : pas d’empreinte, pas de matière organique visible. Une analyse plus poussée le mettrait peut-être en tort, mais prendrait du temps. Du temps qu’il n’avait plus.
« La mercenaire montre l’arme au chef de guerre d’Apex. Ce dernier a l’air intéressé, mais il ne tient pas très droit ; je dirais qu’il est… enfariné.
— Très bien, grinça To’Maz en gardant son calme. On passe au plan B.
— Parce qu’on avait un plan A ? »
Ken’loq arriva devant lui en chancelant, avec en toile de fond les silhouettes des vigiles qui retournaient à leur garde.
« T'aurais pu... v'nir m'aider, se plaignit-il, effectivement mal en point.
— Je t'ai aidé. C'est juste que tu ne m'as pas vu. Regarde ton état. Combien j'ai de doigts ?
— J’crois que j’ai la lèvre fendue, balbutia-t-il
— Tu es un Turian. Tu n’as pas vraiment de lèvre.
— Ah oui… C’est vrai. »
Il fallait agir vite. La priorité ? Trouver l’identité de la mercenaire inconnue. La paranoïa du commandeur refaisait surface, passant au crible les différents scénarios possibles. L’histoire de l’arme devenait un prétexte pour quelque chose de bien plus intense, probablement tout aussi intéressant. Elle se savait pistée, avait testé le Turian avec cette note ; probablement qu’elle n’aurait pas souhaité rentrer en contact avec lui s’il ne l’avait pas débusquée. A l’archétype de la femme fatale se greffait un jeu plus subtil, une sorte de séduction par la ruse, par l’intelligence.
To’Maz saisit Ken’loq par les épaules, dissimulant par là-même un mouchard dans le repli arrière du col de sa tenue, que seul un œil entraîné pourrait détecter. Au mieux, le commandeur obtiendrait davantage d'informations sur la situation ; au pire, il saurait qui dans le vaisseau était formé au contre-espionnage avancé – un autre petit caillou de son cru. A ce titre, la fréquence du mouchard n'était pas la fréquence principale qu'utilisait To'Maz, mais restait au demeurant une ligne sécurisée.
«