[Nar Shaddaa] D'argent et de rubis [PV Reisen Shinkansen]

Dans un contexte de guerre tricentenaire, les superpuissances galactiques n’avaient qu’une considération limitée à accorder à une zone de non-droit sous tutelle des barons du crime qui la peuplaient. Cela contribuait bien sûr à l’essor de cet espace arraché aux Hutts, mais cette merveilleuse machinerie ne fonctionnerait sans doute pas aussi bien si certains politiciens véreux n’y avaient pas leur part de responsabilité.

Ce point de vue, s’il n’était pas partagé par tous les concitoyens du triumvirat, était en tout cas celui de la personne à qui la Républicaine devait son incursion dans le territoire d’APEX. Une enfant des rues sans origines connues, sans doute balancée là par une mère incapable d’assumer les besoins physiologiques inhérents à sa croissance. Ou son sale caractère, dû à l’absence d’un père l’ayant conçue à la hâte et sans semence. Ou peut-être un mix des deux ? Neith a toujours eu une prédisposition à la rudesse verbale n’ayant rien à envier aux plus rustres de ses rivaux naturels Fett. Sa mère aura tâché de la museler d’emblée sur Corellia, mais ici, sur Nar Shaddaa, elle répondait jadis aux ordres d’une Twi’Lek qui avait d’autres préoccupations que l’étiquette verbale de sa Padawan.

Des préoccupations qu’il était difficile d’honorer dès lors que son esprit se trouvait retourné à la Force. Et quand bien même la période ou l’Echani vendait ses charmes est révolue, elle ne peut occulter les racines lui ayant permises de mettre son grain de sel dans la cuisine d’Hapès : avant d’enseigner les rudiments du combat au mobilier Hapien, c’est aux gredins de tout genre qu’elle apprenait à défendre leur pitance, leur intégrité… leur simple existence.

Une érudition martiale qui lui aura permis de se rendre compte d’une chose, c’est que tous ne sont pas des individus de la pire espèce prêts à user et à abuser d’autrui à leur guise. Certains n’ont rien demandé à la Force et sont quand même nés ici, sans un sou en poche et sans réelle perspective d’avenir autre que la survie. Ceux-là constituent les meilleurs leviers de renseignements pour une Ombre dénuée de tout scrupule, bien loin des idéaux Jedis véhiculés par ses confrères de Tython. Pendant qu’eux brillent face au Côté Obscur, elle se salit les mains afin qu’ils n’aient pas trop à le faire.

C’est justement un de ces sales boulots qui l’amène sur l’une des planètes les plus peuplées de l’Espace. Elle a eu vent d’un convoi de cristaux de sabre-laser qui allait avoir la bonne idée d’emprunter le raid de Kessel pour circuler à l’abri de toute menace extérieure. Et son idée à elle, encore meilleure, c’est de faire en sorte que ces cristaux servent non pas à armer Guerriers et Seigneurs Siths, mais Padawans et Jedis Républicains. Peut-être même des Maîtres Jedis, mais là n’est pas le problème. Seulement, ce genre de convoi est plutôt difficile à prendre d’assaut pour une seule femme, alors elle est venue rallier des Apexiens à sa cause avec l’appât le plus efficace : l’appât du gain. Celui de la renommée, aussi, mais surtout avec une belle somme de crédits promise à l’équipage qui osera l’aider.

Naturellement, même l’argent ne suffit pas toujours à faire oublier tous les risques aux contractuels qui vont les encourir. Il y a forcément un sensitif à bord pour nous tailler en pièces, lui fit-on remarquer à droite. La moindre escorte nous explosera avant même que l’on ait pu être à portée de tir, la congédia-t-on à gauche. Néanmoins, les équipages attachés à leur vie finirent par lui donner un nom à même de contribuer à cette folle entreprise. Parce qu’elle est assez audacieuse pour cela, ou parce qu’ils aspirent à la voir disparaître sans avoir le courage de s’en prendre à elle. L’Echani n’est pas très sûre de pouvoir trancher sur cette question, mais si cela peut lui servir, elle ne cherchera pas plus loin.

Reisen Shinkansen. Un nom que l’infiltrée jurerait avoir déjà entendu au détour de l’une de ces conversations agrémentées de beuveries et de concours d’ego. Une pirate que l’on vante aussi effrayante moralement que ne le laisse penser son apparence. Quant à savoir pourquoi cette rumeur… l’Ombre ne croit pas une seule seconde qu’il s’agisse d’une Sith comme on a pu lui souffler. Simplement parce que la Reine Éternelle est probablement assez intelligente pour s’assurer que ses espions ne soient pas identifiables par les premiers venus. De la description qu’on put lui faire de cette Reisen, cela lui paraissait donc un peu gros, mais la Force dans laquelle l’Echani dissimulait son potentiel lui apporterait bien la réponse.

L’établissement devant son regard ne payait pas de mine. À vrai dire, peu de choses pouvaient paraître clinquantes au regard d’une infiltrée baignant dans le luxe Hapien depuis près d’une décennie. Sûrement pas les vestiges de l’ère Hutt, repris par un régime recyclant l’armement d’une confédération retenue par l’Histoire comme la CSI. Neith n’était cependant pas là pour profiter de ce que la planète pouvait offrir de mieux en terme d'ardoise, mais de qualités humaines. Ce dernier point est totalement discutable, mais la Corellienne a besoin de téméraires invétérés. Et puisqu’on lui a dit que « Zeke » assurait personnellement la sécurité de l’endroit, elle devrait à priori s’y trouver.

La Républicaine se heurta pourtant rapidement à un problème. L’on avait su lui dresser un portrait fort Obscur de celle qu’elle recherchait. Une pseudo-Sith, tatouée et munie d’armement vétuste, ce qui ne manquait pas réellement au sein de l’établissement. Hors, le personnel de service fait partie des gens les mieux renseignés dans tout débit de boisson. Alors l’Echani s’installe avec toute sa nonchalance habituelle au comptoir, après avoir usé de sa constitution pour se frayer un passage dans la mesure du possible : elle abandonna par exemple bien vite l’idée de bousculer ce Wookie éméché qui faisait au moins trois têtes de plus qu’elle. Le moment n’était pas propice à une bagarre générale, sous peine d’attirer l’attention de la personne recherchée pour les mauvaises raisons. Si toutefois, elle parvenait à réchapper de la rage alcoolisée du géant poilu.


Dès que les oreilles les plus indiscrètes furent assez loin, elle alpagua sans retenue le barman en vue de lui murmurer cette question dans l’agitation ambiante. Toute Corellienne civilisée qu’elle était, son père ne lui avait jamais semblé être un exemple de civisme. Un fruit ne tombant jamais loin de son arbre, cette irrévérence pouvait donc être l’un des nombreux masques que Neith se montrait capable de revêtir. Le tout lui conférait une aura assez différente de ce qu’aurait pu dégager le moindre représentant du Triumvirat ici-bas. Après tout, elle était sincère : l’heure n’était pas aux règlements de compte, mais bien à l’entraide contre un obstacle trop grand. Naturellement, le barman lui en demanda plus avant de répondre à sa demande.


En effet, l’argent échangé aurait le mérite d’être propre, selon les standards d’Apex. On sous-estime facilement le prix que peuvent mettre des individus déterminés à apprendre le combat quand ils peuvent se faire enseigner une discipline raciale en plus du Teräs Käsi. Bien sûr, Hapès payait davantage… mais ces harpies pouvaient bien se le permettre, avec tout leur faste.


L’intérêt premier de venir dans un tel endroit. Que Reisen se montre ou pas, elle goûterait au moins les breuvages proposés ici.

Le barman aura eu la décence de lui servir un verre avant de disparaître vers l’arrière-boutique. Faire tournoyer ce liquide ambré dans son récipient afin que l’air ne sublime ses arômes tout en les portant à l’odorat de la républicaine.Voilà ce à quoi s’affairerait cette dernière pour se concentrer sur autre chose que le vacarme ambiant. Certes, l’on pouvait douter de la salubrité du dit air ambiant si l’on était maniaque. Mais Neith n’était pas du genre à craindre une pandémie galactique qui obligerait les citoyens lambda à rester cloîtrés chez eux et au chômage des mois durant. Voilà toutefois un moyen particulièrement efficace d’atteindre durablement cette faction. Pourtant, dans un gouvernement si chaotique… peut-être que même toucher à leur porte-monnaie n’aurait qu’un impact limité.

Ces considérations semblables à enfumer son propre terrier ne dureront toutefois qu’un temps. Le barman missionné finit par entrer de nouveau dans le champ de vision de l’Echani, suivi de près par une personnalité...singulière ? En tout cas, Neith serait prête à parier que même parmi les milliers de milliards d’êtres vivants peuplant la Galaxie, il n’existe absolument personne qui ressemble de près ou de loin à cette Devaronienne. Que l’on parle des imposantes protubérances ornant son front ou bien celles protégeant son cœur. De plus, elle avait quelque chose.. de fascinant, comme une sorte d’attrait naturel. Dans son ancienne peau de vendeuse de charmes, Neith lui aurait sûrement proposé un acompte réglé autrement qu’en crédits. Mais cette période était révolue… et elle ne comptait pas spécialement délier la langue de la criminelle. Pas cette fois, en tout cas.

A bien la regarder, la rumeur véhiculée par le tout-venant Galactique prenait un minimum de sens. Sa couleur de peau, en premier lieu, évoque clairement les pratiques des adeptes du Côté Obscur. Mais de tous les pratiquants de Force, aucun ne pourrait tomber dans un jugement si hâtif. Surtout pas une Ombre qui remarque d’emblée l’absence des tatouages rituels attendus.Pour autant, la sensitive ne va pas se risquer à baisser sa garde face à la pirate : sa réputation l’a précédée en témoignant du fait qu’il soit particulièrement risqué de la prendre une imbécile malgré son impulsivité apparente. Quelque chose murmure à l’oreille de Neith que ce disrupteur n’y est pas totalement étranger et même si un Mandalorien en ferait sans doute meilleur usage, c’est bien la dernière arme qu’elle veut voir pointée en sa direction. Procéder en douceur pour tenter de ne pas froisser cet orgueil aussi volatile que l’Apex, donc.


Même mesurée, sa légère misandrie restait latente. Les bourses-molles l’ayant éconduite n’ont clairement pas arrangé cet état de fait. Est-ce sa nature Corellienne qui lui faisait relativiser la dangerosité même du Raid ? Après tout, le raccourci historique fût établi par un des leurs il y a des siècles. Depuis, personne n’a réussi à faire mieux, bien peu réussissent même à l’égaler. Le propre père de l’Echani étudiait sérieusement la faisabilité de la chose jusqu’à être rappelé à la Force. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, je vous dis.


Une bonne gorgée de whisky vint réhydrater la gorge de l’Echani qui avait veillée à n’être entendue que de la semi-Zeltronne. Ici plus qu’ailleurs, trop d’oreilles pouvait traîner là ou elles ne devaient pas et il s’agissait de ne pas se faire devancer. Bien sûr, laisser l’ennemi se diviser intérieurement était une option intéressante pour tout agent infiltré. Mais si la cramoisie était attirée par l’appât du gain, l’Echani était véritablement séduite par l’idée de voir toute cette marchandise arrachée aux Siths pour que cela devienne des armes de Jedis une fois purifiés.


Femme d’action plus que de parole, Neith avait glissé une puce contenant les cinquante mille crédits locaux sur la table, dans l’attente d’une réponse de la pirate pour savoir si oui ou non elle la lui ferait glisser. Hélas, la mention d’une telle somme, même d’une voix à peine audible, concentra l’attention sur elle malgré sa discrétion. La rumeur ambiante se mit à s’interroger sur la provenance d’autant d’argent autant que sur l’origine de la dépensière. Heureusement, la présence de la vigile du coin à ses côtés dissuaderait toute volonté d’extorsion brutale. C’est qu’elle n’avait pas plus envie que ça d’égorger des piliers de bar pour repeindre l’établissement de leur sang.


Ne lui resterait donc que la solution d’y aller seule et d’abattre tout ce beau monde. Ses seuls renforts possibles dans un tel secteur étaient bien trop incertains à contacter pour qu’elle s’y risque, qui plus est sans garantie de réponse. Peut-être que pour la première fois de sa carrière, elle aurait baissé les bras devant l’ampleur d’une mission commando. L’appât était juteux, mais Reisen mordrait-elle ?

A plus d’un égard, la Devaronienne validait sa réputation. Bon, on lui avait parlé d’une potentielle Sith et même si ce n’était pas le cas, l’Ombre comprenait la source de cette rumeur. D’ailleurs, si cela avait été véridique, l’offre de mission aurait peut-être été reconsidérée. Les Siths aimaient particulièrement se doubler entre eux, mais le risque qu’une alliance se retourne contre elle ne pouvait pas être négligé. C’aurait été dommage qu’elle doive gérer, en plus de l’équipage assailli, celui qu’elle missionnait, avant de faire disparaître corps et épaves dans un feu d’artifice stellaire. Non, dans l’immédiat, il y avait bien plus d’utilités à une Reisen en pleine force de l’âge qu’à une carcasse vaguement démoniaque.

La pirate confirma malgré-elle ce fait en commandant à la clameur ambiante d’un simple claquement de doigts. Ceci afin qu’un homme n’analyse la puce qui ne contenait bel et bien que l’argent promis, ni plus, ni moins et surtout aucune nuisance directe. L’APEX était, pour la sensitive, la base de tout. La ‘faction’ à l’origine de la couverture employée dans le Consortium, mais aussi le terrain lui ayant permis de faire ses armes. Le Consortium justement, ne se privait pas d’utiliser ce rassemblement hétéroclite à son compte et même si l’Empire se montrait plus frigide à cette idée, pourquoi la République devrait-elle s’en empêcher ? Bien des Sénateurs étaient contre, clamant qu’il fallait vitrifier cet Espace criminel et Zeltron au passage. Pour la Corellienne, cependant, le classique et malheureux accident de balcon suffirait à régler la question plutôt que des heures de débats stériles. Clairement, si elle avait pu parler de tout cela avec son interlocutrice, elles seraient certainement tombées d’accord.


En effet, ses différents auditoires ne lui auront même pas laissé le temps de jouer la carte de la prime une fois la mission énoncée avant de la refuser en bloc. Neith avait fini par se dire qu’il s’agissait peut-être du terrain de chasse exclusif d’un autre membre de l’APEX. En quelque sorte, la façon dont Reisen avait présenté les choses validait cette théorie. Mais puisqu’elle payait, elle pouvait bien s’inviter au safari.


Et casser quelques bouches entretiendra un minimum sa forme. Mais ça, elle le garderait pour elle. Sa mercenaire d’un temps en témoignerait de toute façon le moment venu. Maintenant que cette affaire était pliée, les deux femmes n’avaient théoriquement plus qu’à se retrouver sur place le jour J afin de mener leur petite sauterie à bien. Cependant… elle avait fait le voyage exprès depuis Vena pour trouver de l’aide. Et même si ce n’était là que le début de son séjour en territoire Apexien maintenant qu’elle était libérée, pour un temps, de ses obligations envers les Tara… s’offrir une pause ne serait pas contre-productif. La semi-Zeltronne pouvait bien saisir cette perche si elle le souhaitait, au vu des sous-entendus qu’elle avait fait.


Démonter et remonter le canon d’une arme en moins de trente secondes. Apprendre les opérations de maintenance les plus régulières sur la majorité des monoplaces existants. Comme sur les vaisseaux lourds, d’ailleurs. Vraiment, si son père en avait gagné la charge exclusive jadis, Neith avait fait en sorte de ne pas lui faire honte. Refiler la mécanique aux droïdes était une convention vieille comme le monde dans cette Galaxie mais elle, justement, avait choisi de réapprendre à se débrouiller sans assistance. Parce que même une onde IEM ne pouvait rien faire à ses mains armées d’une clé de douze. Cependant, Neith en avait parfaitement conscience, cet échantillon ne serait sans doute pas le genre de choses auquel songerait en premier lieu la cramoisie. Elle paraissait clairement moins lubrique que cette Chiss… mais un détail de son physique soufflait à l’Echani que bleue comme rouge étaient faites du même bois parfois détrempé.


D’un geste de pilier de bar au tenancier de l’établissement, la Républicaine indique qu’elle reprendra la même chose afin de continuer de soutenir sa camarade de beuverie improvisée dans cet effort. En fine négociatrice mais aussi en bonne allumeuse, elle tâcha de mordre à son tour à ce qu’elle percevait comme un possible retour d’appât. La simple compagnie de la vigile locale à une table était déjà un prétexte suffisant pour ne pas que leurs routes se séparent trop vite après tout.


Souffla-t-elle d’un ton intéressé avant de s’installer plus à son aise. Certains de ces vieux holofilms machistes présentaient leur personnage principal comme un loup solitaire, négligemment avachi sur une chaise tandis qu’il utilisait sa table comme repose-pieds de fortune. Présentement, Neith collait en bien des points à ce portrait exagéré, si ce n’est qu’elle n’avait pas encombré la table de ses appuis.

L’espace d’un instant, le regard de la Républicaine se détacha de son interlocutrice, à laquelle elle prêtait cependant toujours une oreille attentive. A priori, les deux femmes n’en étaient pas à un stade ou se nuire mutuellement leur serait profitable. Mais par acquis de conscience, l’Echani préféra observer l’attitude de l’employé qui remplissait son verre, ainsi que le récipient en lui-même. Ses premières gorgées n’avaient pas semblées nocives, et le liquide paraissait cette fois identique en tout point. La bouteille en elle-même ne parut pas plus remplie qu’auparavant.

Tant de détails insignifiants pour n’importe qui d’autre… parce qu’eux ne faisaient pas en sorte de maintenir une existence mensongère crédible en tout instant, à chaque action. En dépit de la sérénité affichée, même quand elle souhaitait uniquement décompresser, cette crainte continuait de la hanter. Malgré tout, alcool aidant, elle finirait bien par se détendre. C’est que ce whisky en particulier vaudrait presque ceux qu’elle a pu déguster sur Corellia et dont son palais à mémorisé le goût. Comme quoi, elle n’a pas prêté attention à l’étiquette pour rien.

Une autre chose à laquelle Neith prêtera bien vite attention, c’est le fait que la Devaronienne se lève une fois sa tirade achevée. L’APEX étant vue par l’Ombre comme une gigantesque entreprise riche de multiples filiales, elle s’apprêtait à commenter que toutes deux demeurent entourées de crabes dans leurs business respectifs. Hélas, elle n’en aura pas le temps puisque Reisen capte d’emblée son attention. Premièrement, avec l’élégance de sa démarche, pour le moins insoupçonnée chez une pirate a la réputation aussi hasardeuse. Deuxièmement, avec cet insolent décolleté dont la vue s’offre à la proche-humaine, dans une intention à peine dissimulée.

Il aurait été possible de dire que tout s’emballe. Si et seulement si les deux contractuelles n’avaient pas fait en sorte de subtilement se tourner autour, à l’initiative de la Républicaine. Voilà donc cette dernière récompensée par une vue au premier plan sur ce corps à moitié Zeltronien sulfureux. La pirate continua de jouer avec son invitée en la touchant simplement. Avec curiosité, d’abord, puis avec un intérêt plus charnel. Le sourire de Neith suffisait à exprimer son ressenti. D’abord amusée de l’audace de Reisen, l’étincelle de son expression se fit plus charmeuse, alors qu’elle voyait ses lèvres dessinées d’une façon équivoque. C’était officiel, mission ou pas, elle venait probablement de se la mettre durablement dans la poche avec ce petit échange nuptial.

Pourtant, la sensitive n’en resterait pas là. Elle n’est pas de nature passive, quelque soit le contexte. Et puisqu’elle reste une femme, attirée par les femmes davantage que par les hommes… la proximité de Reisen risque de se retourner contre elle. A moins que ce ne soit exactement ce qu’attende l’écarlate qui semble avoir usé de ses phéromones à l’encontre de son invitée. S’il est une chose dont l’Echani est consciente, c’est d’elle-même, plus que quiconque. Aussi, cette excitation anormale qu’elle ressent lui permets enfin de mettre le doigt sur ce qui différencie Reisen des autres Devaroniennes qu’elle a pu croiser jusqu’alors.

Pour autant, ce n’était pas seulement ces phéromones qui étaient responsables de cet attrait passager. La pirate était diablement bien gaulée. Mais si Neith ne devait reconnaître qu’une seule et unique qualité au physique de la diablotine… ce serait son regard. Il n’est peut-être qu’à moitié valide, mais c’est justement ce qui le magnifie encore davantage à ses yeux. Sans compter que sa lueur hypnotique, elle, demeure intacte. Cela dit, sur l’instant, l’Echani parviendra bien à se défaire de ce regard de Méduse. Ses doigts relâchent son verre avant de s’aventurer sans aucune honte sur le corps de la semi-Zeltronne.

Plus exactement sur la cuisse que lui offrait Reisen, effleurant soigneusement cette peau cramoisie avec toute la douceur languissante dont elle était capable. Le galbe de la pirate était évident, mais l’Echani allait tout de même faire en sorte d’évaluer la marchandise au toucher, laissant ses doigts glisser sur le ventre plat de sa comparse, avant de stopper leur course sans avoir pu effleurer ce décolleté fourni. Mais la sensitive s’était redressée pendant cette manœuvre à la finalité évidente. Il était d’ailleurs tout aussi évident qu’elle s’était arrêtée juste à temps pour susciter une certaine frustration chez sa partenaire. Le regard séducteur qu’elle offrait à la capitaine d’équipage et son sourire coupable en étaient des preuves aussi accablantes qu’elles étaient superflues. La mine songeuse qu'elle adopta ensuite ne ferait probablement pas grande illusion.


Murmura-t-elle à l’attention de Reisen, d’une voix faible mais suave, assumant parfaitement que cette complainte ne soit qu’une mise en scène avant qu’elles ne rejoignent effectivement les appartements de la responsable de la sécurité.


Ce serait le dernier appât auquel l’hybride mordrait sans doute avec plaisir, avant de guider son invitée à l’étage.