La Chasse Sauvage [PV Kayla]

Figé dans l’espace, comme dans le temps. Le Stealthwing demeurait furtif, dans un immobilisme qui commençait à peser à la cheffe de bord. Isolée dans le cockpit, cette dernière profitait de la quiétude du panorama spatial, bien loin de l’agitation qui devait régner sur le pont et auprès des batteries d’armes. L’opération en cours était somme toute anodine, mais dans son éternelle paranoïa, l’Ombre prenait toujours soin de vérifier les tenants et aboutissants de l’ensemble de ses informations. Alors quand l’un de ses contacts l’informa qu’un cargo dérouté depuis Teth allait pénétrer dans le territoire Républicain en provenance d’Ylesia, la jeune Corellienne s’était révélée assez curieuse de savoir ce que cette manœuvre dissimulait. Les données relatives a la cargaison, répertoriée comme des épices, mentionnaient Daalang comme destination finale, ce qui collait toujours à l’itinéraire choisi par les pirates. Une intuition avait alors soufflé à la sensitive que l’équipage puisse se révéler aussi précieux que leur cargaison. C’est pourquoi, si d’habitude elle se serait contentée de neutraliser le cargo, elle jugea ici plus propice de l’intercepter afin de cuisiner tout ce beau monde.

Ainsi, allant à l’encontre de ses propres habitudes de travail, l’Ombre avait jugé préférable de faire appel à une escadrille de Chasse afin de guider sagement le cargo dans la cale du Stealthwing. Lorsqu’on lui communiqua le nom de l’escadrille ainsi que du capitaine, Neith eut la surprise de se voir administré une piqûre de nostalgie. Si le nom des Fern lui était familier de part son ancienne supérieure hiérarchique, elle découvrait après une rapide enquête que sa partenaire de mission ne serait autre que la nièce d’Allana Fern. L’ironie du sort semblait définitivement apprécier jouer ce genre de tours à l’ancienne Verte, qui n’aurait pas le luxe de la moindre évocation de Corellia avec la jeune pilote.

Un soupir s’échappa des lèvres de l’Echani, qui passait en revue les informations sur le vaisseau cible. Un cargo YT 8250 comme tout Corellien en avait forcément conduit et aimé un dans sa vie. Pour l’aider à cette interception, un groupe entier d’E-wings, dirigés par un Eta-98. Aucun engagement prévu, le cargo étant signalé comme seul. L’unique rôle des chasseurs serait donc d’amener le vaisseau dérouté à portée des rayons tracteurs du Stealthwing sans s’en rendre eux-mêmes prisonniers. Serait-ce vraiment si simple ? C’est que l’infiltrée regrettait presque d’avoir ponctionné une part, même négligeable, des forces de la neuvième flotte pour cela, compte tenu de l’importance des événements à venir dans le secteur occupé par cette force. Mais l’heure n’était pas aux vaines considérations.


Une intrusion dans sa solitude qui eut le mérite d’extirper l’Ombre de sa réflexion léthargique. Rassemblant ses esprit et rangeant ses notes cryptées, l’Echani se redressa et gagna la salle de contrôle en compagnie de l’officier l’ayant rejointe. Les radars témoignaient de la présence de plus de dix chasseurs Républicains, tandis que le cargo cible traînait encore à se faire détecter. La tension se faisait palpable dans la salle, les regards se partageant l’observation des instruments de détection et du panorama spatial. L’Ombre, elle, profita du calme avant la Tempête pour adresser un simple message à la responsable de la Chasse.


En effet, son propre Nightingale était bien capable de se débarrasser de chasseurs comme de vulgaires débris spatiaux. Il s’agissait là d’une valeur ajoutée à la capture du vaisseau : découvrir de quel genre de technologies pouvaient s’enorgueillir les héritiers des Hutts. Neith avait beau prétendre être originaire de ce territoire, elle devait s’avouer que la composante droïde de ses effectifs civils comme militaires compliquait l’obtention de renseignements. L’être vivant pouvait être mené en bateau de bien des manières, mais la machine elle, était formée à l’écrasante majorité des archétypes de manipulation.


La tension dans la voix de l’opératrice radar gagne une part de la salle de commandement, alors qu’un des militaires présents exigea que l’on détermine la provenance des chasseurs ennemis. Heureusement pour le Stealthwing, il se trouvait en dehors de leur trajectoire, mais devrait bouger pour réussir à prendre le cargo dans ses rayons tracteurs. Avant toute manœuvre, la sensitive à bord fit jauger les autres sorties d’hyperespace, n’excluant par cet imprévu ni de potentiels renforts ennemis, ni la nécessité d’une nouvelle ponction sur les effectifs de la neuvième. Bien sûr, l’abandon pur et simple de la mission était présent dans son esprit, mais cela constituait l’option de dernier recours. Tandis que l’assemblée à bord de la frégate observait le convoi progresser, l’ordre brûlait les lèvres de Neith qui préféra cependant attendre de pouvoir leur couper la retraite avec son propre vaisseau.

C’est comme si l’Ombre, en tant que directrice de spectacle, venait d’ordonner que l’on ouvre deux cages aux fauves simultanément. Si la Chasse Corellienne parvint à foncer sur les objectifs tant que ceux-ci étaient groupés, la bulle homogène éclata aussi vite qu’elle se sut prise pour cible. Tandis que le gabarit du Stealthwing pivotait lentement sur lui-même, la salle de gestion de ce dernier offrait une vue partielle des manœuvres réalisées par les monoplaces. Le radar, lui, non content d’en saisir toute l’extensivité, permettait à l’Ombre et au commandement de la frégate de jauger de la stratégie utilisée par l’escadrille. Malheureusement, le nombre d’appareils ennemis les empêchait de simplement foncer droit sur le cargo cible en activant leurs rayons tracteurs. Si la possibilité de heurter un monoplace ennemi n’entraînerait que de sommaires réparations, une collision avec un des hommes de la pilote Corellienne, voire avec elle-même, serait beaucoup plus lourde de conséquences aux yeux de Neith.


Et aussitôt la frégate visible, le vaisseau détourné fut la cible d’une salve de turbo-laser qui aurait eu le mérite de le priver d’un propulseur… si un AX-3 ne s’était pas trouvé là au même-moment. La balance penchait progressivement en faveur des troupes Républicaines, qui n’avaient de toute façon pas droit à l’erreur. Le hangar de la Black Widow ne pouvait se permettre d’accueillir de chasseur tiers sous peine de ne pouvoir accueillir l’objet de sa mission. Cette place limitée faisait d’ailleurs que l’Ombre ne disposait pas immédiatement de son Nightingale pour prendre part aux affrontements. Ce fait suffisait à horripiler la Corellienne contrainte de regarder sa camarade prendre tous les risques, alors qu’elle serait exempte d’une part significative de la gratitude issue de la hiérarchie.


Circumtore. Voilà une planète familière à l’Echani, qui demeura pourtant songeuse quant à la finalité de ces AX-3. S’ils désiraient intercepter le cargo pour leur compte, pourquoi venir se perdre jusqu’à Daalang, avec tous les risques que cela comportait ? Il fallait définitivement pouvoir s’emparer du cargo et de témoins. Mais cela risquait d’être ardu au milieu de tous ces petits appareils se poursuivant. Neith décida donc d’une autre approche qu’elle communiqua à la capitaine d’escadrille.


Les officiers présents en salle de contrôle se mirent à donner leurs directives, les coordonnées communiquées par l’Ombre étant celles d’un point relativement désert, ayant cependant l’avantage de bénéficier d’une couverture contre les raids aériens d’appareils légers. Ce serait parfait pour que le détachement Républicain ne se sorte de ce guêpier sans fond. D’autant que l’arrivée d’appareils alliés non attendus sur place risquait fort de déclencher l’envoi d’une troupe de clones qui ne serait pas de trop pour procéder à la fouille de l’appareil clandestin.


Faire que deux gros appareils finissent exactement là ou c’est attendu, le tout escorté par une nuée de chasseurs bénéficiant elle-même d’une couverture blaster qui pouvait toutefois se retourner contre elle au moindre écart de trajectoire ? Si l’Ombre pouvait accepter quelques dégâts sur le cargo tant qu’il n’implosait pas à l’impact, elle s’approcha du pilote de la frégate, qui vit une main amicalement ferme se déposer sur son épaule. Une invitation silencieuse à, comme l’aurait dit la Corellienne aujourd’hui reconvertie, « décarrer de là dans la nano-seconde  ». C’est qu’elle comptait bien renouer avec sa vraie nature en s’occupant elle-même de la partie sensible de la mission.

Alors elle dirigea sa frégate au plus près possible du cargo. Naturellement, les AX-3 ne la laisseraient pas faire, certains étant déjà tombés sous les turbo-lasers de ses adroits canonniers. Mais que pouvaient faire des simples chasseurs, coincés en étau entre une escadrille ennemi et une pilote qui n’avait pas peur de rayer sa peinture pour envoyer ses poursuivants dans le décor ? Le bouquet final de ce piège était la couverture des tourelles jumelées du Stealthwing. Un bouquet qui avait, dans l’esprit de l’Echani, deux avantages pour un unique désavantage. Premièrement, cela vint restreindre l’accessibilité du convoi aux chasseurs extérieurs au déluge laser. Toutefois cela ne durerait que jusqu’au moment ou la terre ferme pouvait être impactée par les tirs de tourelles qui cesseraient donc d’être maniées. Deuxièmement, la trajectoire de la frégate contraignait le cargo à prendre une direction qui l’obligerait à piquer droit, beaucoup trop droit pour redresser, s’il tentait d’échapper à l’activation des rayons tracteurs. Un véritable plongeon en direction de la croûte terrestre.

Enfin, l’unique désavantage, était que les AX-3 suffisamment proches de la Black Widow échapperaient aux tourelles tout en pouvant canarder les intercepteurs Républicains privés de l’amplitude nécessaire pour répliquer. En cela, l’Ombre devait le reconnaître, elle comptait sur l’habileté de pilotes sous les ordres d’une audacieuse Corellienne, ainsi que sur le sang froid de cette dernière, pour que tout se passe sans accroc. Neith n’était pas l’une des as de la chasse de la République, mais son père lui avait suffisamment fait faire de courses dans les champs d’astéroïdes pour que ses réflexes soient à la hauteur de cette manœuvre. Ainsi, filant dans l’atmosphère, vint le moment pour la frégate de heurter volontairement le cargo qui s’échouerait au sol avec un minimum de dommages. Le freinage d’urgence réalisé par l’Echani aurait certainement le mérite de lui valoir une reconnaissance teintée des reproches quant aux risques pris.

Mais ce qui lui importait, une fois son vaisseau stabilisé à terre, était de voir combien d’appareils ennemis étaient parvenus à les suivre jusqu’au sol. Neith ne doutait pas que les vaisseaux sous les ordres de Kayla Fern aient pour leur part tous réussis à s’écarter de la frégate au moment ou les tourelles s’étaient tues. Mais là encore, tous étaient-ils indemnes ? Sa concentration sur les instruments fut beaucoup trop sélective lors de son pilotage pour prendre quelconque renseignement superflu. Et vu comme l’Ombre, toute de jais drapée, s’était précipitée vers le sas pour empêcher la fuite de ses prisonniers avec une petite unité à sa suite, elle n’aurait la réponse qu’une fois le sas déverrouillé.

Dès l’ouverture du sas de la Black Widow, une troupe armée se dirigea vers la carcasse fumante du cargo dont la porte devrait probablement être forcée. L’Ombre les rejoignit, après avoir terminé de sonder l’appareil dans la Force.Force dans laquelle Neith préféra masquer sa présence le temps de contrôler l’épave.C’est qu’elle ignorait encore à qui elle avait affaire ici. Une présence droïde ne lui semblait pas être à exclure, compte tenu de l’unique présence humaine qu’elle ressentait dans cette coque de ferraille. Une communication de sa comparse Corellienne la tira toutefois de ses considérations, lui faisant réaliser un oubli de sa part.

Le personnel à bord continuerait probablement à surveiller les instruments, mais elle n’avait même pas pris le temps d’y jeter un œil d’elle-même avant de sortir… il ne lui restait qu’à espérer être prévenue au moindre signal suspect.


Elle songea un instant à congédier sa camarade… mais préférait encore se reposer sur une supériorité aérienne locale plutôt que de simples défenses planétaires globales. D’autant qu’il ne lui semblait pas les avoir vues à l’œuvre lors de son atterrissage rocambolesque. La raison lui en échappait, ces coordonnées n’étant pas à sa connaissance un point mort du dispositif.


Non pas que l’Ombre jugeait en avoir réellement besoin, mais après tout cette Kayla faisait partie de ceux ignorant encore la vérité sur l’espionne de Tython. D’autant que deux sensitives pour assurer la sécurité d’une vingtaine d’hommes, selon ce qu’ils trouveraient à l’intérieur, pourrait ne pas être de trop. Une fâcheuse tendance de son ascendance maternelle à ne vouloir gaspiller aucune vie digne de considération…

Mais l’assistance devrait attendre. Car pendant que Neith s’entretenait avec Kayla puis avec ses officiers de bord, l’effraction avait été réalisée… ou plutôt, la porte du cargo s’était ouverte d’elle-même, peu après que ses communications n’aient été brouillées. Et contrairement aux échanges de tirs attendus par les soldats, le calme plat s’était révélé. L’infiltrée aurait préféré attendre sa camarade, mais le temps jouait contre elle dans la destruction possibles de documents intéressants. Aussi donna-t-elle l’ordre à la moitié de son effectif d’investir l’épave qui serait gardée par la seconde moitié. Et si les militaires investirent le pont, c’est sur la soute que la Corellienne jeta immédiatement son dévolu. Et comme supposé, le contenu de celle-ci ressemblait à tout sauf à des épices. Encore moins à de la vulgaire contrebande. Il ne s’agissait en effet pas d’armement, mais de pièces détachées de droïdes aussi variées que ne l’étaient les élixirs Corelliens. Une marchandise qui provenait donc certainement de l’espace APEX. Mais dont la destination n’était au final certainement pas Daalang. Hélas, la réponse à cette question se trouvait dans l’ordinateur de bord, a l’étage du dessus, dont les fouilles ne la concernaient pas pour l’instant.

Un autre détail retint son attention. Cachées entre les parois du vaisseau et les pièces de droïdes, ce qui ressemblait vaguement à des caissons cryogéniques semblait avoir été en partie abîmés par l’atterrissage forcé. C’est en ouvrant l’un de ceux jugés trop détériorés pour que le contenu soit exploitable que l’Ombre découvrit ce dernier : des échantillons ADN. Qu’est-ce que les conquérants des Hutts pouvaient bien avoir à gagner à faire importer de telles marchandises ici ? La bonne formulation étant plutôt… quel Républicain pouvait avoir acheté tout ça. Peut-être que cette réponse là se trouvait dans la cale, qui n’avait pas encore livré tous ses indices.

Mais avant d’avoir pu mener à terme son investigation et rejoindre le reste de l’effectif, l’Echani se figea. Ces échos qu’elle entendait… étaient ceux de blasters, à n’en pas douter. L’intensité laissait deviner qu’ils ne provenaient pas que de ses propres forces, l’origine quant à elle semblait se trouver au niveau du cockpit. Pourvu qu’ils ne fusillent pas l’ordinateur de bord, maintenant qu’ils étaient au moins trop occupés pour saboter d’autres indices.

L’Echani jugea toutefois plus sage d’interrompre ses fouilles pour aller leur prêter main forte. Mais son instinct l’en ravisa, lorsqu’elle entendit quelqu’un, ou quelque chose, descendre l’échelle. Par précaution s’était-elle alors cachée derrière une caisse contenant probablement de quoi construire six de ces droïdes B1. Même sans être Hapienne, l’obscurité relative du lieu ne lui permettait pas d’estimer convenablement toute menace pouvant se présenter à elle. Et le brouillage des communications dans l’enceinte métallique n’arrangeait rien. En vérité, si une part des pensées de l’Ombre songèrent à ce que ne soit Kayla, une autre part demeurait sur ses gardes. C’est pourquoi l’une de ses mains reposait sur celle de son sabre-laser, prête à le dégainer dès que la silhouette parviendrait au niveau de sa cachette. L’éventualité que ce soit un fuyard cherchant à emporter quelque chose dans un module d’évacuation taraudait l’esprit de l’Ombre qui ne tarderait pas à menacer son intégrité physique ou structurelle d’un éclat violet caractéristique de son statut de sensitive.

L’issue de la situation dans la cale aurait pu être bien plus sanglante. L’ignition d’un sabre-laser suffit toutefois à conforter l’Ombre sur l’identité de la personne l’ayant rejointe : Kayla Fern, en chair et en os. Cette certitude acquise, Neith sortit de sa cachette, saluant d’un mouvement de tête sa comparse de chasse. Lorsque l’on prenait le temps de l’observer, il paraissait rapidement évident qu’il s’agissait de la nièce de la dirigeante actuelle de l’Ordre Vert. Comme une aura similaire qui s’échappait des deux femmes, les rapprochant davantage que le propre père de la pilote, frère de la Maître. Une impression sans doute biaisée par le fait que cette dernière ait disparu du champ de vision de l’Ombre depuis une dizaine d’années maintenant.


S’il n’avait pas encaissé un tir perdu, probablement que l’ordinateur serait plus bavard qu’un mort. S’extirpant de l’obscurité de la cale, l’Ombre invita sa comparse Corellienne à la suivre alors qu’elle regagnait l’étage. De retour sur le pont, les deux femmes tomberaient sur l’ensemble des prisonniers, dont ceux assommés par la Jedi verte un peu plus tôt, sous bonne garde des hommes ayant investi le cargo. Le plus gradé fut à son tour félicité de son efficacité, ne déplorant aucun blessé grâce à l’action de la Corellienne que l’Ombre avait définitivement bien fait de réclamer ici. Malheureusement, l’inconscience des prisonniers retardait leur interrogatoire… c’est que l’Echani ne disposait malheureusement pas d’une bassine d’eau glaciale dans l’immédiat pour les réveiller dans de bonnes conditions.

Le dispositif de commande, lui, se révélerait plus utile. Contre toute attente, la destination réelle de la cargaison n’était même pas cryptée d’une quelconque façon. A moins que les systèmes de sécurité n’aient été trop endommagés par l’atterrissage délicat du cargo. Il s’agissait de Nubia. Une planète que les deux sensitives connaissaient logiquement très bien. Importer des marchandises illégales si près du cœur du pouvoir Républicain relevait tout de même de la plus pure provocation… l’agglutinement de prisonniers avait plutôt intérêt à se mettre à table rapidement. C’est que l’Ombre pourrait rapidement perdre patience, puisque cela touchait l’une des planètes de son Secteur natal. Toutefois, forcée à l’attente tant que ses captifs n’émergeaient pas, elle choisit de regagner le centre du cargo, s’installant sur la première caisse vide qu’elle aperçut.


Neith se souvint alors avoir lu que sa comparse Corellienne travailla un temps pour la CorSec


Pas à la connaissance de l’espionne en tout cas. Mais puisqu’elle braquait son télescope sur un autre endroit de la Galaxie, l’inspectrice reconvertie en cheffe d’escadrille pourrait peut-être lui apprendre quelque chose qui enrichirait son rapport. De toute manière, ces informations étaient davantage destinées aux autres Ombres, le cheval de bataille de Neith étant autre et déjà suffisamment ardu à dresser comme ça.

Probablement d’ailleurs que la cheffe d’escadrille avait-elle aussi d’autres chats à fouetter ? Sondant les alentours du regard, il ne lui parut plus nécessaire de bénéficier d’une couverture aérienne. Le cargo était sous contrôle, il ne restait qu’à le charger dans la frégate et à disparaître dans l’espace. Mais ce qui taraudait toujours l’espionne était l’inactivité des défenses planétaires lors de leur manœuvre. Celle-ci, typiquement Corellienne de par son innovation, aurait bien dû alerter les instruments de surveillance. Se pourrait-il qu’elles aient été redéployées en vue de la défense de Ruusan ? Après tout, cela ne les concernait pas aujourd’hui...il n’y avait qu’à espérer que cette faille passe inaperçue.


Les pilotes devaient commencer à s’inquiéter au dehors, les communications étant brouillées dans l’épave du cargo. Cette situation constituait par ailleurs un certain risque : si aucune explosion n’avait encore attiré l’attention de l’assemblée, il fallait espérer qu’aucun renfort pirate n’ait été détecté ou engagé pendant ce temps. C’est ce motif qui poussa l’Echani à raccompagner sa comparse au dehors de l’épave, se fendant d’une interrogation dont elle savait trouver la réponse auprès de son interlocutrice :


Neith était curieuse de voir comment une Corellienne percevrait cette question, de la bouche d’une Ombre. Cela serait aussi révélateur de sa propre opinion quant à Tython.

Le retour à la luminosité externe força l’infiltrée à plisser le regard, celui-ci cherchant instinctivement à se poser sur l’intercepteur utilisé par la Verte au quotidien. Si d’autres pilotes n’avaient pas eu cette chance, l’intactitude de l’appareil se posait en testament de ses compétences. La crainte de l’espionne se dissipa lorsqu’elle releva le calme aérien régnant au dessus de la planète. La plupart des chasseurs avaient sans doute regagné leur navire d’hébergement, ce que Neith n’empêcherait pas sa comparse de faire à son tour.


La nièce de la Maîtresse Verte n’avait pas forcément besoin de savoir que cette dernière avait en quelque sorte offert sa place à son interlocutrice. Bien sûr, Nova n’attendit pas de la Corellienne une réponse objective, mais y trouva tout de même les éléments qui l’intéressaient.


Un râle provenant de l’intérieur du vaisseau signala qu’un des prisonniers ne tarderait pas à revenir à lui. Probablement celui que la Fern avait cogné un peu moins fort que les autres ? Ou alors celui qui avait le crâne le plus solide. C’était en tout cas un rappel pour l’Ombre que cette investigation ne faisait que commencer.


Ajouta-elle simplement avant de s’en séparer. C’est que les risques encourus par la pilote risquaient d’être bien plus directs que ce que risquait Neith à mettre son nez dans les manigances de l’APEX. Quoiqu’une mort en combat spatial soit préférable au courroux d’une géante mandalienne...selon les points de vue. L’Echani avait déjà eu la malchance de tomber sur quelques prisonniers un peu trop réceptifs à ses méthodes d’interrogatoire. Surtout les plus musclées. Sa génétique ne la prédisposant pas à la compréhension masculine n’arrangeait rien à son impatience avec les hommes.

Elle eut d'ailleurs le temps de songer aux méthodes qu'elle emploierait jusqu'à ce que l'intercepteur ne regagne l'espace. Quant à ceux qui l’intéressait à présent, ils furent tous revenus à eux lorsque la frégate débuta sa manœuvre de chargement du cargo amoché. Sur le conseil de son homologue, l’Ombre allait profiter du voyage retour au sein du Consortium pour faire démonter sa prise jusqu’au dernier boulon suspect. Ses pairs étaient en effet reconnus pour leur ingéniosité dans l’invention de cachettes… mais pas pour quelconque attrait envers le clonage, civil comme militaire. Il appartiendrait toutefois à son Maître de missionner une autre espionne quant à ce rapprochement douteux entre Nubia et Kamino.