Ce que désire une Reine... [PV Darth Ânkh]

Une journée de plus sans rien faire. La veille, Sappho avait agréablement passé le temps en compagnie de Mirra, toute aussi désoeuvrée...Ces temps-ci, on ne les sollicitait plus vraiment. En même temps, était-il réellement nécessaire d’employer des Assassins Siths si la situation ne l’exigeait pas ?  Certainement pas. Et y avait-il une quelconque urgence requérant la présence d’une Dame Assassin ? Pas dont elle ait connaissance, en tout cas. En tout cas, l’Epicanthix avait été plus chanceuse que l’Echani : après une nuit délicieusement agitée, que la décence m’interdit de vous décrire plus en détail, celle-ci avait repris la route pour répondre à l’appel du devoir. Quand à Sappho...eh bien, après s’être lavée, elle s’était installée confortablement dans le sofa de sa chambre d’hôtel, laissant son armure sur un portant dédié, et, rideaux fermés, s’adonnait à la méditation en tenue d’Eve, espérant que l’on vienne la tirer de là pour lui confier une tâche à la hauteur de ses attentes...Ou peut-être pour l’envoyer rejoindre Mirra dans ses attributions. Qui sait ?  Lorsque l’adrénaline du meurtre faisait battre son coeur plus vite et plus fort, les baisers de l’Epicanthix étaient toujours plus langoureux, et son corps brûlait d’un désir que Sappho se faisait toujours un plaisir de satisfaire, dusse Mirra attendre un peu avant d’obtenir sa tant attendue récompense.
La méditation dérapa quelque peu, à l’évocation de ces pensées coupables, mais l’objectif final fut pourtant bien atteint lorsqu’on vint frapper à sa porte, dérangeant dans son agréable songe et dans la douce caresse de ses mains fines la Sith qui s’y complaisait. Si l’hôtel avait été à elle, la porte aurait gagné une paire de judas, et celui qui venait de frapper, deux trous dans le thorax...Mais ce n’était pas le cas, et il fallait bien faire en sorte de ne pas vexer les locaux…Sa frustration et sa colère, à cette brutale sortie d'un songe délicieux et lubrique, auraient pu servir d'exemple pour tous les apprentis Siths tant elle en avait les nerfs à vif et des envies de meurtres aux allures plus atroces et délirantes les unes que les autres à l'égard de l'imprudent(e?) qui venait déranger un moment de transe et d'auto-satisfaction...


- Seigneur Selenia, votre présence est requise auprès de son Altesse.

Un instant, Sappho arqua un sourcil en enfilant à la hâte ses sous-vêtements et son pantalon ample. La voix (qui, de prime abord, semblait masculine) qui venait de l’interpeller ne lui disait rien, et que pouvait bien vouloir la Reine Eternelle à une simple Assassin ? Les inquisiteurs étaient dans les bonnes grâce du palais, malgré son titre de Dame, Sappho n’avait aucun des privilèges de la noblesse à proprement parler...Et elle n’en avait strictement rien à carrer, d’ailleurs ! Non, que la Reine en personne requière sa présence était bien trop improbable pour être vrai. Elle continua de se vêtir de son usuelle tenue, chemise-tabard-armure, vérifiant que ses sabres étaient bien cachés dans ses jambières et son Karambit en guise de baguette retenant sa chevelure, quand le heurt à la porte se fit plus insistant, et l’annonce réitérée.

- Seigneur Selenia ! Votre présence est requise auprès de son Altesse, immédiatement !

- Et mon cul, c’est du plicto ? répliqua l’Echani en se dirigeant vers la porte avec la furieuse envie d’enfoncer son poing dans la glotte de celui qui l’avait interrompu en pleine « exaltation sensorielle ». J’espère que vous avez une bonne raison de me déranger, sinon...

L’ouverture de la porte ne fut pas la raison pour laquelle elle coupa court à sa phrase. La présence de quatre Agents, dont au moins une Senior, du Chume’doro, en revanche, si. Elle avait déjà eu affare -brièvement- à celle-ci, quelques années auparavant, mais impossible de remettre le doigt sur le nom que l’Hapienne avait donné à l’époque. Elle était au service direct de la Reine, si la mémoire de l’Echani ne lui jouait pas des tours...Ce n’était peut-être pas une plaisanterie, finalement. Sappho soupira en heurtant doucement  son front de la première phalange de son index et de son majeur droit en signe de dépit, avant de croiser les bras en appuyant son épaule contre l’encadrement de la porte, jambes croisées, levant les yeux au ciel.

- Ca, pour une surprise…Et qu’est-ce que son Altesse Eternelle peut bien vouloir avoir affaire avec une Dame qui ne fait même pas partie du Conseil ?


- La Reine elle-même vous fait mander. Ne nous obligez pas à employer la force., répondit sobrement l’Hapienne à la voix rauque, avant que Sappho ne laisse un blanc s’installer dans la discussion en soutenant le regard de l’Agent Senior.

-...Soit. J’vous suis. Ne m’obligez pas non plus à employer la Force... finit-elle par souffler d’une voix enjôleuse, avec ce petit sourire provoquant qu’elle savait si bien faire, en sortant de sa chambre, encadrée par les quatre agents.

La présence d’autant d’agents pour une simple demande était étonnante, mais si, d’une part, la demande venait directement de la meneuse du Consortium, la mise en place de moyens plus importants que nécessaire n’avait rien de choquant, et encore moins si les agents s’attendaient à de la résistance de la part d’un assassin Sith suffisamment efficace pour avoir acquis le rang de Dame...Ce qui semblait être le cas, à en juger par leur harnachement. Il faut dire que Sappho n’était pas des plus commodes lorsque l’on lui dictait sa conduite, et, pire encore, ne voyait aucun intérêt dans le fait de s’attirer les faveurs de la Reine, contrairement à bien d’autres nobles et seigneurs divers, faisant d’elle un élément potentiellement moins apte à prendre cette convocation comme un honneur que d’autres...Et c’était bien le cas. Quoi qu’elle profita du fait que cette ennuyeuse journée allait peut-être enfin prendre un tournant autre que celui (pourtant fort agréable, mais malheureusement éphémère) qu’elle avait entamé, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’une convocation aussi officielle  ne pouvait déboucher que sur une avalanche d’emmerdes. Et s’il y avait bien un type de désagréments qu’elle haïssait, c’était bien les ennuis officiels, comme ceux qui, dans son esprit, se profilaient.

Sappho déposa sa clef à la réception de l’hôtel qui l’hébergeait (et qui lui coûtait une petite fortune, que les primes de ses dernières missions, heureusement,  couvraient amplement…) en suivant le quatuor jusqu’au palais. Sur le chemin, les gens regardaient cette drôle d’équipe comme si le Chume’Doro venait de la capturer pour la livrer à la « justice » hapienne. Entre guillemets, puisqu’elle n’était pas elle-même une autochtone, la notion de Justice prenait un tout autre sens...Mais enfin. Elle venait de son plein gré pour une comparution immédiate devant la Reine sans qu’on ne l’aie ni attachée, ni assommée. En soi, les choses n’allaient pas aussi mal que les locaux semblaient se l’imaginer. Cela dit, aucune réponse logique au « pourquoi ? » de cette convocation ne venait à l’esprit de l’Echani. Une mission spéciale que le Chume’Doro ne pouvait effectuer ? Non, même si elle était loin d’être la Sith la plus carriériste ou la plus opposée à la domination sur le Consortium de « Son Altesse », faire appel à une Sith au lieu de garder le crédit pour ses propres services ne serait pas logique de la part de la Reine. Une sentence ? Elle ne serait pas emmenée armée et consciente jusqu’à la dirigeante du Consortium si c’était le cas. Une récompense ? Sans doute pas. Après trois semaines à écumer les cantinas du coin et à profiter de la douce hospitalité Hapienne en attendant que l’on fasse appel à elle, intercalant entre parties de jambes en l’air avec son Epicanthix préférée et sessions de beuverie (également en son agréable compagnie) d’heures d’exercice physique en bonne et due forme, à moins de vouloir lui remettre le titre de « pilier de comptoir la plus en forme d’Hapès », il y avait peu de chances que ce soit le cas…Eh bien, soit. Elle le découvrirait bientôt.

Lorsqu’on l’annonça auprès de la Reine en personne, elle entra dans la salle du trône, dûment encadrée, toujours, par les quatre gorilles. L’ambiance était pesante, comme toujours à la cour, c’était d’ailleurs une des raisons, en plus de ses activités d’assassin qui souvent la menaient bien loin d’Hapès (ce dont elle était loin de ce plaindre), pour lesquelles elle ne s’y rendait que rarement. Jamais encore n’avait-elle eu l’opportunité de se retrouver ainsi face à la Reine. Sans doute bien des nobles y verraient une marque certaine de favoritisme : une sith à la cour n’était déjà pas monnaie courante, une assassine, encore moins, qui plus est qui n’appartenait pas au Conseil noir...Mais peu importait : plus vite elle aurait entendu ce que la dirigeante avait à lui dire, plus vite elle pourrait aller terminer ce qu’elle avait commencé. Arrivée au centre de la pièce dans le claquement métallique de ses bottes metalliques sur le sol, elle s’arrêta en même temps que les quatre agents, et mit un genou en terre dans le cliquètement caractéristique de son armure de Phrik et de Duralumine, courbant l’échine pour laisser parler son hôte. Elle allait enfin être fixée...

- Bienvenue dans le palais royal, Dame K’seiv. L’on raconte que vous êtes assez originale, que vous avez pris du bon temps avec votre amie depuis votre arrivée sur Hapès, mais que vous êtes dotée de talents que je recherche à l’instant. Voyez-vous, si votre vie est éphémère, l’éternité qui étreint la mienne rend bien des choses différentes, et je fais face au pire fléau de la galaxie : l’ennui. Je me suis laissée convaincre que vous êtes assez douée pour divertir des instants d’ennui profond, alors je vous ai faite convoquer jusqu’ici pour m’assurer qu’il ne s’agissait pas de paroles en l’air...Ma Demande sera donc simple : surprenez-moi, et je saurais vous récompenser de façon très agréable.

...Sérieusement ?

Sappho se’était redressée au signe de la Reine, plongeant son regard dans celui de son interlocutrice. Un instant se passa avant qu’elle ne réponde. Ce n’était pas l’envie d’envoyer balader cette espèce de fossile mégalomane qui lui manquait...Mais il fallait reconnaître qu’elle était sacrément bien conservée, pour son âge. Certes, c’était une prérogative de l’Eternelle que de tricher sur son âge apparent en changeant d’enveloppe charnelle (oui, c’est un peu plus compliqué que ça, mais là n’est pas la question), mais elle avait à sa disposition une sacrée paire...D’atouts, fortement mis en valeur par cette robe quelque peu extravagante malgré sa sobriété chromatique. Et puis, elle avait l’air plutôt avenante, pour une despote ! Les histoires au sujet de sa cruauté n’étaient sans doute pas infondée, mais s’il en fallait si peu pour intimider Sappho, sans doute n’aurait elle jamais eu accès au rang de Dame...dans le tintement métallique de ses brassards contre son plastron, elle croisa les bras sur sa poitrine, adoptant un contrapposto qui aurait, si l’on faisait abstraction de son armure, sans doute permis à l’Echani de rivaliser avec l’Hapienne en termes de mise en valeur de ses formes. C’est avec un petit sourire en coin qu’elle se décida à prendre la parole.

- Y a-t’il sérieusement dans votre entourage quelqu’un qui pense qu’il faille faire appel à un assassin pour tuer l’ennui ? Je ne la félicite pas pour le jeu de mots..., déclara-t’elle, amusée, en renvoyant la balle à celle qui avait soufflé cette idée saugrenue à la dirigeante.

Sappho décroisa ses bras en s’avançant de deux pas lents dont le claquement sur le sol résonna dans la salle du trône de longues secondes durant, laissant le soin aux agents qui l’encadraient de l’arrêter si ce n’était pas approprié. Elle souhaitait surtout se détacher de cet ennuyeux quatuor, sans pour autant s’approcher de façon dangereuse, et si elle s’attendit à ce qu’on l’arrête, ce ne fut pas le cas, lui permettant d’esquisser une révérence des plus polies.

- Si les agents de sa Majesté l’ont si bien renseignés sur moi, vous savez déjà que je suis prête à répondre à vos attentes..., poursuivit l’Echani en se redressant, passant doucement son index ganté sous sa lèvre inférieure, faisant doucement onduler celle-ci avant de la pincer doucement entre ses canines un instant...pour mieux reprendre : Mais que les principes qui m’ont été inculqués me font tenir en horreur les contrats aux termes imprécis. Quelles sont vos limites ? Pour qui de nous deux la récompense sera-t’elle la plus agréable, si je réussis à combler vos attentes ? Quelle en sera sa teneur ? Inutile d’aborder les modalités en cas d’échec, votre réputation vous précède..., énonça-t’elle en adressant à la Taa’Chume un clin d’oeil irrévérencieux qui contribua à montrer son amusement face à la situation.

Si, de prime abord, le motif de cette convocation n’avait rien de particulièrement alléchant, et surtout, avait conduit à ce qu’elle doive mettre fin à un instant d’intimité inachevé, le défi que représentait l’offre de la Reine commençait à lui plaire. Distraire une entité pluricentenaire ne serait sans doute pas aisé, mais pouvoir se targuer d’avoir réussi était une idée qui ne la laissait pas indifférente. Et en termes d’évolution personnelle...se mettre dans les bonnes grâces de celle-ci aurait sans doute, un jour, des avantages non négligeables, même si sur l’instant, sa vie lui convenait parfaitement...Mais son éducation Tiss’Sharl et la réputation de son commanditaire l’empêchait de faire confiance à la Taa’Chume : le contrat était simple, surprendre la reine revenait à être récompensée. Si la première partie se devait de rester imprécise pour l’étendue des façons possibles d’y arriver, une récompense se quantifie, s’évoque, se cerne, en vue que le contrat satisfasse les deux parties, ce qui n’était pas le cas pour l’instant...Pour qui la récompense serait-elle agréable ? C’était un procédé qu’elle avait elle-même déjà bien des fois employé, suffisamment pour savoir que pareille formulation pouvait amener le contractant à regretter d’avoir donné son accord. Elle n’était pas née de la dernière pluie.

- Je vous aurais bien proposer de rattraper avec moi le temps que vos sous-fifres m’ont fait perdre, mais malgré mes doigts de fée, c’est sans doute trop commun pour son Altesse... reprit-elle, faussement contrite en caressant son menton du bout de ses doigts gantés, comme si elle était en pleine réflexion, Les idées ne manquent pas, la question reste de savoir à quel point le jeu en vaut la chandelle...

Cependant, quand bien même elle paraissait calme et détendue, Sappho n’était absolument pas à l’aise, et cette invitation à « distraire » Darth Ânkh gardait tout de même des airs de traquenard. Elle n’était là que pour servir de bouc-émissaire à l’incompétence du personnel qui connaissait le mieux la dirigeante, ce n’était pas un secret : avec les moyens colossaux dont disposait la couronne, le harem qui devait entourer la Reine, et les distractions possibles sur Hapès et alentours, sa présence n’était pas seulement due au fait qu’elle n’appartenait pas aux peuplades locales, ni même à celui qu’elle ait passé la nuit à savourer la passion que Mirra pouvait mettre dans chacun de ses gestes (et à bien la lui rendre…). Elle était là parce que tous ces facteurs, en plus de la droiture qui lui avait valu son titre de Dame, faisaient d’elle la curiosité parfaite pour servir de tampon à la fureur de la Reine Eternelle, des fois qu’elle ne trouve aucune idée pour la sortir de son ennui. Le premier essai ne serait peut-être pas le bon, aussi s’était-elle déjà apprêtée à subir la possible colère de celle-ci...Allant jusqu’à jouer la carte de la négociation, quitte à faire traîner en longueur les services qu’elle pouvait prétendument offrir. Certes, de ce qu’elle pouvait voir, Darth Ânkh n’était pas outre mesure portée sur le protocole : malgré son port altier et son attitude digne de son rang, sa lassitude trahissait tant l’ennui des affaires de cour que du fonctionnement même de cet environnement. C’était l’opportunité parfaite pour s’affranchir de cette décence qui aurait imposé à n’importe quel sujet du Consortium de répondre par l’affirmative sans même tenter de savoir ce dont il relevait...Mais une Tiss’Sharl, ne le fut-elle que par une partie de son éducation, ne saurait se contenter de si vagues termes. De plus, elle se plaçait malgré tout dans une attitude qui lui coupait définitivement la retraite : un refus de sa part ne serait probablement pas toléré, et malgré son rang, elle restait parmi les personnes les plus insignifiantes de la pièce, si elle n’était pas LA moins importante. Au moins se plaçait-elle dans une posture qui ne devrait, théoriquement, pas froisser outre mesure la commanditaire de sa présence, puisqu’elle se disait prête à relever le défi. Elle savait parfaitement qu’elle ne pourrait opposer de refus à partir de ce moment, la différence de rang entre les deux femmes était bien trop grande pour qu’elle le puisse...Mais elle gagnait du temps, et pouvait probablement piquer la curiosité de la Reine en lui montrant un respect certain, en même temps qu’elle osait ne pas courber instantanément l’échine. Rebelle ? Non. Raisonnée, et patiente. N’était-ce pas tout ce que l’on pouvait attendre d’un assassin digne de ce nom, après tout ?

L'attitude de la Reine avait changé : Sappho avait piqué sa curiosité et retenait désormais son attention. Légèrement effrontée, lucide sur la situation, montrant son intérêt pour l'importance qu'avait la tâche que l'on lui confiait, et ce qu'elle en retirerait...Elle se comportait en commerçante, sa petite touche d'insolence en plus. Pourtant, elle ne manquait en aucun cas de respect à son interlocutrice. Peut-être un peu au protocole, mais les quelques pas qu'elle prit sans que la Taa'Chume ne la renvoie balader au fond de la pièce traduisaient le fait que l'une et l'autre ne se craignaient pas pour l'heure, et que Sappho ne se voulait pas menaçante : elle éclipsait simplement les convenances imposées par l'étiquette, faisant, en plus d'un bras d'honneur verbal à la conseillère qui l'avait envoyée dans la fosse au rancorr, un pied-de-nez à toutes ces hapiennes qui la regardaient faire avec les yeux comme des billes. D'autres meneurs, Sith auraient sans doute réprimé immédiatement cette attitude quelque peu puérile, mais de ce qu'elle voyait de l'attitude de la Reine, et qu'elle déduisait également de l'emploi de son nom au lieu de son pseudonyme, celle-ci savait d'une part que Sappho limitait l'emploi du "Darth Selenia" aux tâches qui l'exigeaient absolument, et d'autre part, qu'elle accordait une certaine importance au refus partiel de cette dénomination. De par son rang, la Taa'Chume aurait très bien pu (et même, aux yeux de beaucoup, du) opter pour cette seconde option, mais avait établi un lien verbal plus direct, qui contrastait légèrement avec le respect de l'étiquette imposé par le lieu et la position de celle-ci, lien duquel l'echani avait déduit qu'une certaine tolérance lui serait sans doute accordée et, visiblement, à raison. Cependant, ses propos semblèrent contrarier la Reine. L'assassin ne changea pas d'attitude pour autant en terminant sa tirade, préférant être indélicate qu'hypocrite, mais comprit bien vite où était le problème: ses mots avaient prêté à confusion, elle aurait simplement du formuler plus habilement le fond de sa pensée. Tant pis, elle se rattraperait une fois que la reine aurait terminé de parler. Sith, certes, indépendante d'esprit, sans doute, mais débile? Pas le moins du monde...

-Ne retient-on réellement de moi que la façon dont je châtie les incapables ? C'est aussi insultant qu'ennuyeux, car je sais aussi faire preuve d'une générosité sans limite envers mes loyaux sujets lorsqu'ils sont a la hauteur de mes attentes. J'ai financer tant de progrès sur des simples promesses, accorder ma confiance parfois sans même avoir une preuve de fiabilité, me fiant simplement a la Force et mon instinct, pourtant, l'aura de noirceur continue de supplanter celle de la gloire… Le destin des Sith est parfois cruel vous ne trouvez pas ? Quoi qu'il en soit, j'imagine que vous avez entendu d'autres choses sur moi, assez pour savoir que limite n'est pas un mot faisant partie de mon vocabulaire. Quand a savoir pour laquelle de nous deux la récompense sera la plus agréable… Nous sommes issues de peuple commerçant, nous faisons un échange de bon procédé. A la fin, seul notre niveau de satisfaction respective pourra répondre a cette question, nous savons qu'un accord est aussi un pari. L'on jette les dés en espérant faire fructifier notre investissement, ou en tirer quelque chose de satisfaisant. »

- Vous me faites dire ce que je n’ai pas dit, votre Altesse, je préfère simplement les faits à la flatterie. D’autant quil serait mal me connaître que de penser que je puisse seulement envisager d’échouer...Mon sang commerçant me fait seulement penser au retour sur investissement. répondit l’Echani en balayant d’un geste léger de la main les suppositions négatives de la Taa’Chume quand aux rumeurs à son encontre.

Un claquement de doigts plus tard, tout le petit monde qui observait Sappho discuter avec la dirigeante se dirigeait à reculons vers la porte.Enfin, la salle était vide. Rien que pour elles seules. Enfin, la reine pourrait-elle laisser de côté les pseudos ronds-de jambe. Sappho ne put s’empêcher de regarder un instant par dessus son épaule les Agents qui l’avaient amenée jusque-là pour leur adresser un clin d’oeil moqueur, ses lèvres formant simplement les mots « on règlera ça plus tard » sans les vocaliser, suivis d’un petit sourire amusé. Elle ne comptait pas baisser les bras comme ça, bien au contraire : si ce que lui disait la dirigeante était vrai, l’assassin avait suffisamment à y gagner pour que le jeu vaille la chandelle…

-Pour en venir a la nature de votre récompense, elle peut être multiple. Généralement, je choisit en me fiant a la manière dont je perçoit le caractère de quelqu'un, ses besoins et la façon dont il m'a satisfait. Ainsi, nous allons apprendre a faire connaissance, et selon la manière dont vous parviendrez a chasser cet ennui mortel qui recherche a étreindre chaque parcelle de mon âme, je vous offrirez un cadeau qui me semblera digne de vos compétences et de vos envie. Cela peut sembler vague, mais cela signifie que votre comportement va aussi orienter votre récompense, vous avez un certain contrôle sur cette dernière. N'oubliez pas, je suis une divinité absolue ici, il n'y a rien que vous puissiez désirer que je puisse vous offrir, pour peu que vous soyez capable de les mériter bien entendu. Argents, plaisirs, connaissance sur la Force, peut-être un nouveau vaisseau ou encore une arme pour assassiner avec plus de style, une garde robe de grand couturiers ou tellement d'autres choses… Quel genre de chose une âme comme la votre désire plus que tout ?

- Sans prétendre connaître personnellement sa Majesté, j’ai amplement conscience de votre rang et de l’étendue de vos moyens...les limites dont je parlais étaient celles de la volonté, non du pouvoir. J'admets que mon parler est peut-être moins raffiné que celui usuel de votre cour, cependant, je n'en suis pas idiote au point de me permettre d'insulter la Taa'Chume... Affirma l’assassin en inclinant respectueusement la nuque, sans pour autant quitter du regard cette reine qui lui tournait autour. D’aucuns auraient pu y voir un jeu de prédation (et si elles en venaient à se confronter l’une à l’autre, Sappho serait sans nul doute la proie), mais l’Echani y voyait plutôt la rotation d’une planète autour de son étoile. Sans elle pour la divertir, elle retournerait à ses activités administratives grises et froides. Sans la Reine pour graviter autour d’elle en cet instant, elle n’aurait rien à chauffer, et redeviendrait un énième point blanc dans des cieux qui en comptaient déjà bien assez pour qu’on ne se souvienne jamais de tous. Elle ne se sentait pas, en cet instant, indispensable, loin s’en fallait, malgré un égo certain. Mais une négociation impliquaient que les deux parties aient quelque chose à s’offrir l’une à l’autre, là ou le prédateur n’offre à la proie que la mort...elle reprit calmement : Il serait présomptueux de ma part de répondre à votre dernière question, cela voudrait dire que je prétends à une récompense précise, et irait à l’encontre de ce que vous évoquiez à l’instant. Ce serait dommage, vous ne trouvez pas?

Terminant sa phrase, Sappho leva doucement sa main droite, ouvrant les verrouillages de ses gants d’une petite poussée et traction de Force sur les loquets qui les maintenaient fermés. Elle en retira un, puis l’autre, avant de laisser cette même main invisible les déposer au sol. Elle se mit en mouvement à son tour, suivant en miroir le déplacement de la Reine, restant toujours face à elle, maintenant une respiration calme et un rythme cardiaque constant. Ses pas, alourdis par ses jambières, n’avaient pas le bruissement feutré de ceux de la dirigeante, mais n’en étaient pas moins visuellement gracieux. Depuis qu’elle avait terminé son initiation, elle ne s’était jamais exercée sans son armure, forçant son corps à une contrainte supplémentaire, qui n’en était plus réellement une depuis longtemps. Ses mains blanches dévoilées n’avaient rien à voir avec ce que l’on pouvait attendre d’une manieuse de sabre, à plus forte raison aguerrie dans le domaine du combat à mains nues ou au couteau, bien au contraire : pas le moindre cal ne venait les ternir, seuls ses ongles coupés courts, à la garçonne pour permettre à ses gantelets d’épouser la forme de ses doigts (entre autres), retiraient une once de féminité de ses extrémités supérieures, fines et douces. « Une main de velours dans un gant de phrik» en aurait été une excellente définition, bien que l’expression populaire veuille que ce soit l’inverse. Elle tendit sa main droite vers le centre du cercle que formaient leurs pas, un léger sourire sur le visage, comme pour inviter la Reine à la saisir.

- Puisque cet aspect du contrat n’est plus un problème, faisons connaissance…êtes-vous joueuse, votre Altesse ? La façon de faire des Echanis risquerait de vous paraître ennuyeuse, je me suis laissé dire que même sans vos Mutations, vous étiez une guerrière redoutable...mais je vous propose de rendre les choses plus cérébrales. Parlons autour d’un échiquier. Cinq secondes par tour, une information par pièce adverse vaincue, la gagnante pose une question précise à l’autre, qui doit y répondre sincèrement et sans détour. proposa l’Echani sans retirer sa main, un sourire serein sur le visage, qui se transforma légèrement pour tourner plus séducteur, laissant entrevoir une étincelle d’excitation et d’amusement luire au fond de ses yeux : Et si sa Majesté aime boire, il est possible de rajouter une règle qui impliquerait la bouteille de liqueur Shashay Idlewil qui se trouve dans mon vaisseau, ou une autre, selon vos préférences...