Choc de cultures (PV Isïana Nym) (Terminé)

S’il y avait bien une chose qu’elle détestait par-dessus tout, c’était les mauvaises surprises. Or ce coup-là, Isïana n’allait pas l’oublier. Bon, certes Zarseen était une des trois boss du Triumvirat et elle n’allait pas tenter de se venger. Enfin, pas comme à son habitude du moins. Mais elle trouverait bien quelque chose un jour !

Enfin, sa réaction initiale fut surtout bien entendu la panique et un sursaut d’adrénaline à tenter de se débattre. En vain, bien entendu, puisque c’était Zarseen qui l’embarquait comme on emporterait un gigot. Autant dire que l’image fut pour le moins humiliante pour la Twi’lek nue ainsi tirée de son magnifique rêve, en plus !

« Hm … Et tu es obligée de me kidnapper pour ça ? »

Le ton pris par l’Agent Malva était acide, suite à l’explication de la géante verte. Bon, elle se doutait que pour qu’elle opère ainsi, c’était qu’il y avait des chances qu’elle refuse. Mais tout de même ! Et puis … pourquoi en pleine nuit ? Et puis elle aurait pu au moins la laisser le temps de se préparer un minimum ? Ou à minima mettre des sous-vêtements, non ? … Décidément, Isïana ne cesserait d’être surprise par Zarseen. Est-ce qu’elle avait déjà fait le coup à Dezira ? Elle devrait songer à lui demander la prochaine fois, tiens.

Toujours autant levé du pied gauche, étonnamment, la Twi’lek enfila donc la tenue de sport à sa taille, levant un sourcil intrigué. Plus les minutes, puis les heures passées, plus Isïana la sentait très mal cette histoire. Une mission lui semblait inconcevable. Pourquoi Zarseen lui ferait tout ce cirque sinon ? La planquer parce qu’elle aurait été en danger ? Elle aurait pu envoyer n’importe qui d’autre pour ça, et puis, ça n’aurait pas nécessité de se retrouver dans un astroport à deux heures du matin, heure locale, puis ensuite dans l’hyperespace pour une destination inconnue de la Twi’lek.

Puis, Isïana reconnut sans mal Mandallia. Oui, elle avait étudié le passé et la culture de Zarseen. Et des deux autres dirigeants de l’APEX, pour les informations dont elle avait pu avoir. Ce n’était pas dans ses habitudes d’étudier ses supérieurs. Mais la leçon de Farar, elle l’avait retenu. Donc désormais, elle tâchait d’en savoir un minimum. À vrai dire, elle s’était doutée vue la mentalité de la géante verte, qu’elle trouverait Isïana trop menue et fragile et voudrait lui préparer un entraînement physique intensif. Mais il y avait intensif. Et il y avait se retrouvait sur Mandallia. Zarseen put ainsi pu voir le visage d’Isïana pâlir pour la première fois, l’air déconfit.

« Le grand air me fera du bien … très drôle … » commenta d’ailleurs la Twi’lek d’un petit soupir.

Mais ce n’était pas comme si elle avait le choix, de toute façon. Reprenant rapidement ses esprits, soufflant profondément, elle se prépara mentalement à l’impression d’être une gamine parmi des adultes. En termes de différences de taille. Ce qui devait être plus ou moins ça, d’ailleurs.

Elle salua la tribu présente, essayant de dissimuler sa gêne d’être ainsi comme un petit papillon dont on pourrait facilement lui arracher les ailes, et écouta Zarseen quand elle lui présenta toute la raison de cet enlèvement. Car oui, Isïana continuerait à voir ça ainsi !

« C’est une blague ? »

C’était sorti tout seul, à la fin de l’explication de la géante mandalienne. La remarque fut rapidement suivie d’un soupir résigné. Eh bien, ça promettait tiens ! Forger le caractère et de super histoires à raconter. Bah tiens … Isïana imaginait déjà Dezira lui demandait si elle s’était retrouvée à faire un combat de boue en sous-vêtements contre un alligator local ou si sa tenue s’était déchirée pendant un exercice et qu’elle se soit retrouvée à gambader nue pour fuir une horde d’animaux sauvages … En fait, il ne valait mieux pas qu’elle y réfléchisse … C’était un coup à ce que ça lui arrive vraiment.

« Et je veux bien manger et boire, oui. »

Elle aurait pu ajouter de l’alcool, histoire d’oublier tout ça. Mais ça aurait été un coup à ce que Zarseen la balance ivre dans la nature. Autant dire qu’Isïana ne comptait pas boire une seule goutte d’alcool tant qu’elle serait sur cette fichue planète ! … Ou même cette fichue tribu … Oui, éviter les accolades et les claques dans le dos … ça serait bête qu’elle finisse avec quelques os déplacés dès la première heure …

Le rire et l’explication de Zarseen quand à l’obligation d’emmener Isïana de force jusqu’à Mandallia avaient valu un regard noir de la part de la Twi’lek. Parce que ça l’agaçait fortement de savoir que sa patronne avait tout à fait raison. Bien évidemment qu’elle ne serait pas venue d’elle-même. Mais un blaster pointé sur sa tempe en pleine journée, ça lui aurait au moins évité une peur panique nocturne ! Enfin, bref … ce qui était fait, était fait, et la mauve n’allait pas s’attarder sur le passé, de toute façon.

Continuant à ruminer, la petite Twi’lek qui faisait naine en comparaison de toutes ces géantes mandaliennes, se dirigea vers la table où était servie de la nourriture. Du moins, supposa-t-elle. Encore fallait-il qu’elle arrive à voir ce qui se trouvait là-dessus. Et l’idée même d’escalader une chaise ou un banc la gênait profondément. Et puis, c’était un coup à ce qu’elle s’y prenne mal et se casse quelque chose.

Elle demanda donc de l’aide aux guerrières présentes pour qu’on puisse l’installer. Quitte à carrément s’asseoir en tailleur sur la table si nécessaire. Là-dessus, Isïana n’allait pas se formaliser de la chose malgré ses bonnes manières habituelles. Elle savait pertinemment qu’elle allait pouvoir les ranger dans un carton tant qu’elle serait sur cette planète.

Elle fut cependant prise de court par toutes ces questions des indigènes, clignant un instant des yeux. Son espèce était tellement commune à travers la galaxie, que ça ne lui traversait même plus l’esprit qu’on ne puisse jamais avoir vu une Twi’lek de près. C’était aussi incongru que de dire ne jamais avoir entendu parler des humains aux yeux d’Isïana ! Mais cela étant, elle prit tout de même le temps de répondre à chaque question, et fit surtout en sorte qu’on ne la touche pas. Et surtout pas ses lekkus, se doutant que ça serait la première chose que ferait n’importe quel non-Twi’lek. Non pas que se faire tripoter la dérangerait en soi, mais elle s’inquiétait surtout de la force des guerrières. Et autant elle adore son bout de prothèse de lekkus … autant si elle pouvait éviter qu’on lui arrache tout un lekku par inadvertance … ça l’arrangerait.

Et, questions passées, elle dut faire beaucoup rire les géantes mandaliennes passée sa première bouchée du repas local. Autant, manger épicé, elle supportait. Mais il y avait mangé épicé pour la cuisine Twi’lek … et il y avait ce qu’on venait de lui servir. Autant dire que le classique gorge en feu, le croassement et larmes aux yeux s’emparèrent de la pauvre Isïana qui ne demandait simplement qu’à se nourrir. Et boire. Et ça, elle le fit très rapidement par réflexe. Elle en aurait été presque à plonger la tête dans une des cruches d’eau sur la table. Si elle avait réussi à passer sa tête dedans, en tout cas.

« Mais quelle connasse … elle aurait pu me prévenir pour l’épice ! » croassa-t-elle à nouveau, toussant une énième fois.

Au moins, seules les guerrières présentes avaient pu entendre ça, Isïana ayant bien vérifié que Zarseen discutait toujours à côté avec sa mère. Même si très clairement, la colère de la Twi’lek aurait pu largement lui permettre de dire ça en face de sa patronne.

Coupant avec du pain, ou n’importe quoi qui atténuerait la sensation, Isïana reprit sa dégustation. Car oui, elle avait faim. Bon, en termes de quantité, elle n’avait dû au final ingurgité qu’un quart si ce n’était moins de ce qu’on lui avait servi, et dut bien insister pour faire comprendre à ses hôtes qu’elle n’avait vraiment plus faim ensuite.

Au moins, ça l’avait calmé suffisamment pour ne pas insulter Zarseen de tous les mots quand elle réapparut, surtout avec sa phrase. Isïana en était venue en effet à la conclusion qu’il valait mieux pour elle d’ignorer royalement les propos de la géante verte.

« Oui, j’ai vu … ni une Twi’lek qui ne supporte pas une cuisine aussi épicée. Tu m’en gardes d’autres des surprises du genre ? Simplement histoire de savoir si quand je devrais prendre un bain, je devrais m’attendre à tomber sur des piranhas qui voudront me croquer les fesses, ou ce genre de chose. »

Si le ton était pince-sans-rire, le regard d’Isïana indiquait clairement qu’elle n’appréciait clairement pas ce type de mauvaises surprises, et qu’elle n’en laisserait passer que peu si ça continuait ainsi. Voir pas du tout. C’est qu’elle avait son caractère, la mauve, il ne fallait pas non plus l’oublier, malgré son apparence extérieure de gentille poupée à câliner …

« Bon … sinon … c’est quoi le programme ? Comme ça, je déprime tout de suite, et après on en parle plus. »

Isïana conserva son regard noir envers Zarseen un instant, puis soupira, n’ayant même pas l’envie d’en débattre pour la cuisine.

« Je sais très bien que je ne suis pas ici pour le tourisme. Je ne serai pas là, tout court, sinon … cheffe. Et oui, je sais que j’exagère. C’est simplement pour me défouler un peu. »

Elle grimaça légèrement à l’idée d’être tranquillement à se prélasser dans un bain chaud, pour voir Loktar piquer une bombe. Non, vraiment, Zarseen aurait pu se garder cette image pour elle. Elle eut un petit sourire en coin à la remarque de la géante mandalienne pour l’insulte qu’elle avait lâché plus tôt en présence des autres guerrières. Quoi ? Qu’est-ce qu’elle espérait ? À partir du moment où on est un leader qui ne veut pas avoir de traitement de faveur, c’est normal que les insultes fleurissent autant que les éloges, non ? Bon, bien sûr, Isïana n’allait pas dire ça directement à Zarseen. Elle n’était pas folle non plus, la mauve. Indirectement, c’était bien mieux. Et puis, ça lui ferait aussi une petite occupation, de savoir laquelle avait raconté ça. Laquelle ou lesquelles d’ailleurs. Enfin, bref, le programme …

Elle écouta, et fronça les sourcils de plus en plus. Si elle n’avait pas étudiée au préalable la faune et flore de Mandallia, oui, bien avant d’imaginer qu’elle pourrait se retrouver dans cette situation, elle aurait trouvé l’exercice imposé par Zarseen très simple. Mais dans le cas présent, une heure avec un simple couteau comme arme. Elle allait devoir improviser quelque chose de plus létal, et très rapidement.

« Ha ! Me voilà rassurée alors ! »

Le ton avait été légèrement ironique, lorsque Zarseen lui avait précisé qu’elle pourrait appeler à l’aide si elle avait besoin, à proximité des tours de garde, donc. Elle avait pu les observer rapidement à son arrivée. Mais avec la jungle alentour, Isïana oublia vite l’idée de s’en servir comme repère…

« Chanceuse ? Hm … j’imagine, sous cet angle … »

Isïana aurait pu aisément rétorquer à Zarseen que rien qu’à mains nus, elle serait probablement plus dangereuse contre n’importe quel animal, que la Twi’lek avec un couteau. Ou même deux. Mais elle n’en avait vraiment pas l’envie. Surtout face à l’air aussi emballé de la géante mandalienne à envoyer son agent ainsi dans la fosse aux lions.

« Bon, je vais me préparer, donc. »

Ce fut avec cet air maussade qu'elle fit en sorte de récupérer tout le matériel qu’on lui autorisa. Elle ne prit pas la peine de demander de la nourriture ou de l’eau. Ne serait-ce parce qu'elle soupçonnait Zarseen d’être capable de faire exprès de mettre quelques produits dedans pour lui donner envie d’aller se soulager derrière un arbre régulièrement, histoire de pimenter l’expérience. Et en parlant de piment, elle suivit le conseil de bien manger avant de partir.

Au final, elle ne demanda outre le couteau, qu’avoir un sac à dos et une gourde, même basique. De toute façon, elle comptait voyager léger. Avec son petit gabarit, dans un tel environnement, elle devait compter sur le fait de courir vite et esquiver. Ce n’était pas en se trimbalant un sac dos lourd comme un bantha qu’elle allait être efficace.

Elle avait déjà deux ou trois idées des premières choses qu’elle allait faire, une fois lâchée dans la nature. Si Zarseen pensait qu’Isïana allait être perdue une fois hors de l’enceinte du village, elle allait être surprise. Non, elle n’y avait encore jamais été confrontée. Sauf si la jungle urbaine comptait comme un équivalent, bien entendu. Mais dans tous les cas, elle s’y était déjà préparée mentalement. Elle s’était toujours dit que ça pourrait lui arriver un jour. Bon, elle devait l'admettre. Certainement pas dans un tel contexte. Et certainement pas sur une telle planète !

Qu’est-ce que je fous là ? Elle aurait été tentée d’exprimer sa pensée à voix haute, alors qu’elle s’éloignait des défenses du village, dans cette zone dégagée et moins dense en végétation. Isïana aurait pu dire rocheuse, mais quand on comparait à des mondes arides comme Tatooïne, rocheux n’était pas le premier terme qui lui venait à l’esprit. Cela sonnait un peu comme un vrai no man’s land qui délimitait la jungle environnante des terres natales de Zarseen. Ce n’était guère étonnant qu’ils étaient tranquilles là-haut. Tout le contraire d’elle dans les minutes à venir.

Elle jeta un regard en arrière une dernière fois, puis pénétra dans l’orée de la jungle. Elle ne comptait pas aller beaucoup plus loin que ça dans l’immédiat. Et si ça ne plaisait pas sa supérieure, elle n’avait qu’à venir la prendre par la peau du cou pour l’emmener plus loin ! … Non à y réfléchir, la Twi’lek préférait éviter de voir Zarseen débarquer pour cette raison.

La première chose qu’elle fit, ce fut de tracer des croix de temps en temps avec le couteau qu’on lui avait fourni, au gré de son déplacement dans la jungle. Elle allait avoir besoin d’eau fraîche, ou à défaut, potable. Même si elle savait les nuits pouvant être chaudes, elle n’avait aucune idée de ce qu’il en était en cette période de l’année, là où elle était. Elle devait donc songer à trouver un abri pour la nuit, et chaud. Et de la nourriture.

Après quelques minutes de marche, et collecter quelques bouts de bois secs, elle s’attela à les tailler pour en faire des lances aiguisés. Elle ne les voulait pas lourdes, pour pouvoir en transporter quelques-uns facilement et surtout pouvoir attaquer à distance. Elle aurait aimé se faire un arc et des flèches, mais elle ignorait totalement comment en improviser un à partir de rien. Elle nota de ce fait d’apprendre à son retour à Nar Shaddaa. Elle trouva rapidement une liane pour les enrouler et les transporter dans son dos, à l’horizontal, en les accrochant à son sac à dos, tout en gardant un en main. Bon, ce n’était pas forcément très agréable pour se déplacer avec, et les pointes cognèrent par moment un tronc ou une branche, mais au moins, elle avait des munitions, et n’avait qu’à retirer son sac pour se libérer de cet encombrement. Et lui faire gagner du temps si elle voulait faire des pièges.

Elle essaya d’éviter au mieux la faune sauvage, et agressive quand elle avait l’air de l’être, en se cachant derrière un arbre, dans un buisson. Ou même escalader un arbre en prenant appui sur des branches ou montant grâce à des lianes s’il y en avait. Ce qui valut quelques écorchures diverses et variées par moment, mais rien de bien insupportable pour la Twi’lek.

Dans l’immédiat, elle préféra ne pas chasser. Elle n’avait rien sur elle pour faire du feu, et surtout ignorait si certaines bestioles étaient toxiques pour elle. D’accord, elle s’était documentée sur Mandallia, mais elle n’était pas allée jusqu’à apprendre son bestiaire par cœur. Tout comme les fruits qu’elle put trouver ici et là. Il fallait dire, ce n’était pas ce qui manquait. Elle en avait retenu là heureusement quelques-uns, et tâcha de les cueillir.

« Au moins, j’aurai de quoi manger un peu. »

Elle en mangea un peu sur le moment, mais tâcha de ne pas rester trop longtemps au même endroit. Elle prit donc les quelques fruits qui ne risquaient pas d’éclater lorsqu’elle se déplacerait, pour les mettre dans son sac. Quitte à ce qu’ils soient difficiles à ouvrir. Elle avait bien son couteau pour ça.

La fatigue commença à se sentir assez rapidement pour la Twi’lek. Si elle pouvait faire un peu d’exercices, faire de longues promenades, son corps n’était pas habitué à une telle activité physique. Et encore, elle n’avait pas encore été dans la situation où elle devait prendre ses jambes à son cou pour fuir un prédateur.

Finalement, elle trouva ce qu’elle cherchait. Un cours d’eau. À force de zigzaguer dans la bordure de la jungle, elle ignorait si elle s’était tant éloignée que ça du village de Zarseen, mais au moins, pouvoir se désaltérer lui fit le plus grand bien. Elle en profita pour enfin remplir sa gourde vide jusqu’ici, de quoi lui permettre de tenir pour le reste de la journée. Elle fut tentée également de se baigner un court instant, histoire de se rafraichir, mais elle préférait éviter de rester trop long là. Elle n’avait aucune idée si des prédateurs pouvaient se rendre exactement ici, alors elle préféra vite s’en aller une fois son butin liquide emporté.

Elle fit donc marche arrière, suivant les arbres où elle avait marqué des croix sur l’écorce. Et elle se perdit à deux moments, ayant parfois mal indiqués à certains changements de direction. Elle s’en rendit vite compte la première fois quand elle ne put plus avancée au bout de quelques mètres. La seconde fois, ce fut parce que ne voyant plus d’encoches dans les troncs, elle comprit vite qu’elle n’était pas allée dans la bonne direction, revenant sur ses pas.

Une erreur salvatrice quand elle se rendit compte qu’un animal sauvage était en train de la traquer depuis de longues minutes sans qu’elle s’en rende compte. Pris au dépourvu, il tenta d’attaquer la Twi’lek qui se défendit avec acharnement. Et Isïana fut bien contente d’avoir préparé ses lances rapidement, même si elle avait rapidement eu le sentiment qu’elle avait fait ça pour rien. Elle ne s’en sortira pas sans rien pour autant, une vilaine griffure lui ayant entaillé le bras gauche.

« Des bandages … Je savais qu’il me manquait quelque chose à faire … »

Heureusement pour elle, ce ne fut pas trop profond comme blessure et après avoir arraché un bout de sa tenue pour improviser un bandage de fortune, elle reprit sa marche, regardant autour d’elle pour voir si elle pouvait trouver quelque chose qui pourrait en faire office, sans succès. Elle demanderait à Zarseen la prochaine fois.

Malgré le dégoût de la chose, elle prit également soin de dépecer l’animal pour en récupérer la fourrure. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il en était côté hygiène de la chose, mais au moins, si elle avait froid, elle aurait au moins ça pour se couvrir. Elle hésita à découper un morceau de viande, mais préféra éviter pour sa première journée. Autant laisser la carcasse là, on ne viendrait pas la manger elle en suite. Elle fit un rapide demi-tour jusqu’au cours d’eau pour nettoyer un minimum la fourrure du sang séché et autres morceaux de chairs restants, et en profita également pour nettoyer un peu la vilaine griffure à son bras gauche.

Finalement, après toutes ses péripéties, elle finit par revoir le village en hauteur, elle prit soin de s’installer un petit coin douillet. De prime abord, elle serait bien montée sur un arbre pour y dormir toute la nuit, mais la douleur qui la lançait par moment dans son bras gauche l’en dissuada. C’était un coup à ce qu’elle lâche prise et tombe lourdement sur le sol.

A la place, elle passa le reste de la journée avant la tombée de la nuit à découper du feuillage et du bois pour s’improviser une tente, dos à un large tronc pour être sure qu’un animal ne tenterait pas de passer par là. Elle prit même le luxe de récupérer quelques rochers et de l’herbe sèche pour faire un petit feu de camp improvisé dans sa tente, prenant soin à ce que celui-ci ne prenne pas trop non plus. Sa dernière envie était d’enflammer son installation de fortune. Mais au moins, cela lui ferait un peu de chaleur en plus de la fourrure.

« Bon. En espérant que je puisse dormir sans être emmerdée toutes les cinq minutes …»

Elle sursauta au cri de Zarseen, alors qu’elle prenait déjà la première chose qui était à portée de sa main. Heureusement qu’Isïana était vive au réveil, et elle se détendit automatiquement en voyant le visage de la géante mandalienne, soupirant. Enfin, le visage, et le reste du corps surtout. La Twi’lek ne s’était jamais rendue compte qu’elle paraissait encore plus grande, en étant soi-même allongée.

Elle se redressa, se frottant les yeux, tout en écoutant ce que lui disait sa patronne, tout en essayant de se réveiller pour de bon, observant son environnement. Elle ricana en guise de commentaire à la plaisanterie sur son sursaut au réveil. Comme si elle allait simplement grogner en se retournant pour réclamer une grasse matinée ! Bon. Elle aurait pu. Après une merveilleuse nuit dans une suite d’hôtel coruscanti en agréable compagnie et une chaude nuit de luxure. Pas à Mandallia, dans la jungle, à dormir que d’un œil.

Elle finit par se redresser complètement, remarquant les chasseresses qui avaient accompagné Zarseen, alors qu’elle commençait à récupérer ses affaires, ce qui n’était guère long vu le peu qu’elle avait, et le fait qu’elle s’était endormie toute habillée. Elle avait fait une entorse à ses habitudes. Hors de question de devoir se rhabiller en catastrophe si elle avait eu un souci. Il n’y avait que dans des séries de survie d’holoréalités truqués à souhait que les demoiselles dormaient dans leur tente en pyjama, voir en lingerie fine. Il fallait bien de faire de l’audience, et rien de mieux qu’une humaine, une Zeltronne ou une Twi’lek qui apparaisse à moitié nue pour ça, non ?

« Je ne dis pas non à un petit déjeuner, en effet. Et merci. »

Elle aurait pu sourire, flattée d’un compliment du genre venant de Zarseen. Une performance décente ? La géante mandalienne ne devait pas le dire si souvent à quelqu’un, dans une telle situation. Enfin, en tout cas, pour une Twi’lek toute fine qui aurait à peine pu servir de hors d’œuvre pour un Rancor. Mais Isïana l’avait toujours mauvaise, et elle s’était contentée de hocher la tête.

Elle regarda ensuite son bras gauche, toujours bandé par un bout de sa tenue arrachée, et acquiesça à la remarque juste de Zarseen sur un risque d’infection. Elle roula même des yeux à la nouvelle plaisanterie sur le bras cybernétique. Ou en tout cas, ce fut ainsi que le perçut la Twi’lek.

« Non, en effet, j’aimerai bien m’en passer. Quand bien même je n’ai rien à redire pour l’implant pour mon lekku, si ça pouvait rester une exception et non une généralité, ça m’arrangerait. Ou alors, je veux que mes doigts tirent des lasers. »

Elle se força à sourire pour signifier qu’elle plaisantait. Même si elle eut quand même le doute sur l’instant que Zarseen ne la prenne pas au premier degré. Mais sa blague fut rapidement éclipsée par son ventre qui se mit à gargouiller, en repensant au déjeuner servi. Oui, certes, elle avait pu se nourrir la veille, mais comparer au déjeuner des géantes mandaliennes, il n’y avait pas comparaison. Elle ne ferait simplement pas la même erreur pour le côté épicé …

« Des cours de survie ? demanda-t-elle alors qu’elle quittait sa tente de fortune pour retourner au village. Je note donc que tu préfères m’envoyer directement sans expérience, et après envisager de me donner les bases. Intéressant … »

Si elle aurait pu dire cela d’un ton acide, dans la continuité de sa mauvaise humeur depuis son départ contre son gré de Nar Shaddaa, la remarque était surtout neutre, comme si elle semblait découvrir une facette de la personnalité de Zarseen. Ou à défaut, simplement avoir la confirmation que la philosophie de la géante mandalienne était qu’on ne faisait pas d’œufs sans casser des œufs. Et qu’Isïana détestait quand c’était elle qui avait le rôle de l’œuf …

« Cela étant, je veux bien, oui. »

Elle acquiesça une dernière fois, et malgré son appétit de plus en plus marqué, elle alla d’abord rencontrer la guérisseuse du village. Quand bien même, elle-même n’avait eu que peu de blessures pour sa courte vie jusqu’ici, elle avait suffisamment de connaissances en médecine pour ne pas prendre les infections à la légère. Elle était surtout un brin soucieuse que la guérisseuse ait une douceur qui ne corresponde pas à sa norme à elle.

Enfin, cela étant, ce n’était pas comme si tout sur cette planète, ne correspondait pas aux normes de la Twi’lek…

Isïana aurait eu un égo mal placé, elle aurait pu faire croire qu’elle savait que la guérisseuse du village allait être douce comme tout. Mais comme ce n’était pas le cas, elle manifesta physiquement sa surprise par son visage étonné. Elle suivit docilement les instructions de la géante mandalienne. Elle évoqua ainsi son parcours, du mieux qu’elle put. Elle n’avait pas prévu de faire un compte-rendu détaillé de ses déplacements de la veille. Elle put au moins évoquer des points de repère, dont notamment le cours d’eau qu’elle avait trouvé, là où elle avait récupéré des fruits, où là où elle avait combattu et enfin, là où elle avait dormi. Et où Zarseen l’avait fait sursauter au réveil. Elle détailla d’ailleurs également, en détail, les fruits par leur couleur, leur forme, leur volume ou le goût lorsque la guérisseuse lui posa la question. Là-dessus, au moins, elle n’avait pas du mal à s’en souvenir.

Pour la Twi’lek, il y avait quand même, les minutes passant, ce sentiment étrange de voir une femme lui permettre plusieurs têtes avec une voix si douce et apaisante. Peut-être était-ce un réflexe subconscient, animal, mais dans sa tête, tout cela sonnait comme un piège. Et elle devait vraiment prendre sur elle-même pour rester sagement soignée. Elle acquiesça d’ailleurs quand elle lui demanda si elle pouvait retirer le bandage.

« Faites, c’est un bandage de fortune, de toute façon. Je ne sais même pas si je l’ai bien fait, à vrai dire. »

Elle fit une petite moue en voyant les traces de griffures. Rien qui ne saurait disparaître naturellement, même sans recourir à la science moderne. Qui n’était pas vraiment propre à Mandallia. Elle aurait le temps d’y réfléchir, parce qu’elle se dit que si elle pouvait n’écoper que de blessures du genre le temps de son stage de survie en milieu très hostile, ça serait au final très bien.

Elle observa la guérisseuse faire en silence. Elle avait toujours du mal à prendre au sérieux tous les procédés médicaux à base de plantes, ou autres produits naturels, bien trop habituée au bacta ou médikits modernes. Mais elle se doutait que dans le cas présent, la guérisseuse devait savoir ce qu’elle faisait. Elle fut même étonnée de ne pas sentir de brûlure. Y avait-il un quelconque anesthésiant dans cette odeur qu’elle n’arrivait pas à identifier ?

Elle fut pour le moins surprise des autres questions qui suivirent, plus générales. Elle avait l’impression de passer un entretien médical chez un médecin. Ce qui, techniquement, était un peu le cas en réalité. C’est vrai qu’elle n’avait pas pu emporter son datapad contenant ses données médicales, hein ! On se demande bien pourquoi !

Là encore, Isïana tenta de répondre du mieux qu’elle peut, sans aucun filtre. Après tout, si elle devait rester sur Mandallia un petit moment, autant que la guérisseuse sache comment bien la traiter si le besoin s’en faisait sentir. Elle évoqua du coup qu’elle prenait des repas plutôt équilibrés pour une Twi’lek, même si ça lui arrivait de faire des écarts. Elle indiqua également qu’elle pratiquait quelques exercices physiques pour l’entretien de sa forme, plus que véritablement pratiquer un sport et se muscler. Elle ironisa d’ailleurs que dans le cas contraire, elles ne seraient probablement pas à là discuter. Bien entendu, la Mauve évoqua sa vie sexuelle, pour le moins débordante. Ou en tout cas, très riche. Si elle n’entra pas non plus dans les détails, la guérisseuse put rapidement comprendre que homme ou femme, Twi’lek ou non-Twi’lek, elle s’en fichait un peu, tant que le plaisir était au rendez-vous. Ou que c’était utile pour elle à un instant t de coucher. Et Isïana précisa rapidement que ce n’était pas une proposition implicite de sa part de partager le même lit que la guérisseuse …

Sur ce petit instant de gêne pour Isïana, elle abandonna la géante mandalienne, pour en rejoindre une autre. Ou du moins, elle trottina derrière Zarseen quand celle-ci se dirigea vers le déjeuner. Décidément, celle-là, quand elle était pressée, elle était pressée. Cela étant, une fois arrivées à destination, elle ne pouvait guère lui donner tort. À la vue des fruits, de la viande et des œufs, son estomac se rappela rapidement à elle. Oui, elle avait bien faim. Et à défaut de manger autant que les autres femmes présentes, elle mangea au moins le double de ce qu’elle avait pu ingurgiter la première fois en arrivant sur la planète. Bon, le fait que ce n’était pas méchamment épicé, ayant sans doute aidé pour beaucoup.

« Oh ? Euh. Eh bien merci. »

Elle devait avouer ne pas s’être attendue à des compliments de quelques guerrières. Passé son visage typique d’une Twi’lek prise au dépourvu, elle ne put que sourire. Quoi ? Ce n’est pas tous les jours qu’on a des félicitations de la part de géantes sur le fait d’avoir survécu une journée toute seule sur un monde qui veut votre peau à tout instant. Bon. D’accord. Elle n’était pas profondément dans la jungle. Et la nuit, elle avait eu une protection. Mais quand même, l’effort était là ! … D’ailleurs la Mauve devait songer à ne pas oublier à reparler de cette histoire d’appât à prédateurs avec Zarseen, à l’occasion. Elle n’était pas dupe, elle avait bien compris le manège …

« Hm. Oui, j’imagine … »

L’explication de Zarseen était logique. Ce qui ne voulait pas dire qu’Isïana approuvait pour autant. Enfin, elle l’aurait fait sans problème, si ce n’était pas elle qui était testée, en réalité. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Cela aurait été une façon de décrire Isïana, à vrai dire. De manière simpliste, et inexacte quand on entrait dans le détail, mais suffisamment juste pour la dépeindre ainsi.

Dans tous les cas, tout en mangeant, elle prit le temps d’écouter les conversations, notamment celles à son encontre. Elle avait encore du mal à retenir des noms, ou reconnaître qui était qui. Déjà, elle ne se trompait pas sur Zarseen, c’était déjà bien ! Et elle commençait à retenir la différence entre la guérisseuse, et quelques guerrières. Déjà, elle était partie sur une façon très simple pour en retenir quatre. Celle qui avait le plus de cicatrices, ou les plus visibles en tout cas. Celle qui en avait le moins. Et puis, celle qui avait la plus grosse paire de seins. Et celle qui en avait la plus petite. Quoi ? On fait avec ce qu’on a ! Oui, bon, les cheveux ou la tenue vestimentaire ça pouvaient jouer aussi, par exemple, bien sûr. Mais, hein. Isïana avait ses méthodes de priorité de sélection bien à elle.

Bref. Elle prenait avec intérêt tous les conseils qu’on lui donnait, et se répétait si nécessaire sur sa propre race, même si dans l’ensemble on lui avait déjà demandé l’essentiel lors de son arrivée. Elle prit également le temps, par politesse, de les remercier de l’avoir protégée durant la nuit. C’était quand même la moindre des choses. Autant Isïana pouvait en vouloir à Zarseen, autant les autres habitantes du village n’y étaient pour rien. Cela étant, au fil des discussions, la Twi’lek put remarquer quelques comparaisons avec ses prédécesseurs. Ce qui n’était pas non plus trop pour la rassurer.

« Je suis pleine, là … »

Elle observa son assiette vide. Déjà, elle se surprenait à avoir autant mangé, au final. Il fallait croire qu’elle s’était vraiment dépenser la veille. Elle revint donc à Zarseen ensuite. Elle était prête pour la suite ! Enfin. Prête. Ce n’était pas dit non plus. Disponible, aurait été plus juste.

Isïana suivit donc Zarseen après le repas. Quand elle comprit que sa patronne comptait la diriger vers la haute tour d’observation, elle ne put réprimer une grimace. C’était une haute tour. Selon les critères du village. Donc, selon les critères des habitantes. Autant dire que pour la petite Twi’lek en comparaison, c’était comme si Zarseen venait de lui proposer de s’amuser à monter tout en haut d’un immeuble. En passant par les escaliers. Forcément. Il n’avait pas d’ascenseurs ici, il ne fallait pas rêver. Et la Twi’lek n’y songea pas un seul instant. Au moins, ça lui ferait travailler les muscles. Quoi ? Elle positivait comme elle pouvait ! Même si faire ce type d’activité après avoir bien mangé … ça lui restait un peu sur l’estomac.

Ce fut pour le moins essoufflée, même si elle tenta de le cacher au mieux malgré le fait que Zarseen l’aurait très probablement remarqué, qu’elle arriva donc tout en haut pour admirer le paysage environnant. Isïana devait l’avouer, c’était très joli, d’ici. Elle remarqua d’ailleurs d’autres villages. Elle n’était pas surprise en soi sur ce point-là, mais elle n’aurait pas songé les remarquer avec toute cette nature environnante. Son regard fut ensuite attiré par l’approche de Loktar. Qui, forcément, réclama qu’on s’occupe de lui. Bah tiens !

« Evidemment … »

Elle finit par lâcher un petit sourire amusé. Il n’en ratait pas une celui-là. Isïana le gratouilla un peu quelques instants, tout en observant les alentours. Toujours se mettre le compagnon fidèle d’un boss dans la poche. Toujours. Bon, le boss, c’est bien aussi, hein.

Elle arrêta finalement quand Zarseen commença à véritablement prendre la parole pour lui expliquer pourquoi elle l’avait fait monter jusqu’ici. La Twi’lek n’était pas dupe, elle se doutait bien que ce n’était pas uniquement pour admirer le paysage et lui montrer les autres villages à portée de vue. Même si au final, il y avait un peu de ça.

Elle nota mentalement les points de repère autour du village. Elle n’avait guère eu l’occasion auparavant, que ce soit une fois dans la jungle, ou en amont, à l’atterrissage sur la planète, pour le peu qu’elle avait vu. Oh, certes, elle avait étudié Mandallia, un soir ou deux, avant de se faire enlever par Zarseen. Mais il y avait une différence notoire entre remarquer quelques éléments significatifs sur toute la surface de la planète, et remarquer des éléments précis autour du village de Zarseen. Parce qu’encore fallait-il qu’Isïana ait pu savoir lequel c’était.

« Oui, j’avais déjà lu un peu du passé de cette planète. »

Bon, elle avait survolé la page d’histoire consacrée à la planète sur le premier lien Holonet trouvé dans une barre de recherche quelconque. C’était bien maigre en comparaison de ce que venait de lui raconter Zarseen, mais ça donnait toujours des bons points, quand on montrait qu’on s’intéressait aux origines de sa patronne, non ?

Elle fut pour le moins intriguée de la suite de l’explication de Zarseen, mais resta silencieuse. Quand bien même elle arrivait à cerner globalement le caractère et la psychologie de la géante mandalienne, il lui arrivait également de perdre le fil de la pensée de sa patronne, et ne pas voir où elle voulait en venir. Cela prit cependant de plus en plus sens au fil des propos de la géante verte.

« Hm. Oui, je vois ce que tu veux dire. Enfin, je pense. Ne pas trop se reposer sur les acquis de la technologie. La meilleure source d’informations, ce sont nos propres sens. La nature est trompeuse …»

Elle resta ensuite quelques instants silencieux, le temps de bien réfléchir à quoi répondre à la dernière question de Zarseen. Pourquoi lui rappeler ça ? Elle aurait pu avoir une réponse spontanée, mais l’insistance de sa patronne sur le sujet la fit hésiter un instant, d’où, sa réflexion.

« Je dirai pour essayer de songer vraiment comme si je n’avais jamais eu accès à la moindre technologie à ma disposition ? Ne pas avoir l’esprit parasité par le fait de me dire « Ha mais si j’avais tel ou tel outil, ça serait du gâteau ! » mais plus « Bon, j’ai que ça à ma disposition, comment je me débrouille avec ? »

Isïana leva un sourcil interrogateur après sa réponse. Elle n’était pas vraiment convaincue que c’était de ça que voulait parler Zarseen, mais sur le moment, elle ne voyait pas vraiment quoi répondre d’autre que cela.

Isïana aura acquiescé à la réponse de Zarseen, par rapport à son propre commentaire. Oui, elle était d’accord que la supériorité technologique, ça donnait un avantage, mais seule, ça ne faisait pas tout. N’importe qui étudiant l’histoire pourrait ainsi citer la base de leur calendrier. La bataille de Yavin. Si on se référait purement à cela, cela ferait un millénaire et demi que l’empire galactique régnerait sur la galaxie. Du moins, le visage de la galaxie aurait été bien différente, mais la Twi’lek n’était guère une amatrice de réécriture d’histoire. Ce qui était fait, était fait. Mais elle voyait très bien où la géante mandalienne voulait en venir.

Non pas qu’elle pouvait être d’accord sur toute la ligne, cela dit, mais suffisamment pour ne pas insister sur le sujet. Parce que oui, la Twi’lek y tenait à son confort. Elle savait simplement quand elle pouvait en profiter, et quand elle devait prendre sur elle-même et devoir passer outre. Et typiquement, tout son séjour sur cette planète entrait dans cette seconde catégorie.

« Hm. Oui, admettons. De toute façon, la piqure de rappel, elle est très rapide, sur ta planète. »

Son regard se reporta sur Loktar quand il se coucha à l’ordre implicite de Zarseen. Elle ne put réprimer un petit cri de surprise quand elle se fit embarquer par la géante mandalienne sur le dos de la manticore. Le temps qu’elle comprenne ce qui lui arrivait, elle était déjà en l’air, s’accrochant à l’animal volant.

« Alors … je sais qu’on dit jamais deux sans trois … Mais si tu pouvais arrêter de m’embarquer de force quelque part … »

La remarque fut accompagnée d’un soupir, alors qu’elle observait le paysage environnant. Elle n’appréciait que peu monter sur un animal, et encore moins quand c’était ainsi au-dessus du vide. Et encore, heureusement que Loktar ne volait pas trop rapidement, elle détestait la sensation de l’air qui fouette sa peau. Surtout quand elle n’avait pas ses lekkus attachés. Mais dans tous les cas, ce n’était pas comme si elle avait le choix. Elle ne risquait pas descendre de Loktar, là tout de suite.

Elle écouta ensuite la remarque de Zarseen. Au moins, ça évitait de lui faire penser à la hauteur qui les séparait du sol. Non pas qu’Isïana ait le vertige en soi. Mais en général quand elle se trouvait à plusieurs mètres dans les airs, soit elle était dans un véhicule blindé, soit dans une tour qui possédait des barrières de sécurité, ou des vitres. Subitement, la remarque de la géante verte avant leur envol prenait tout son sens.

Dans un autre contexte, elle aurait été flattée du compliment de sa patronne. Mais là tout de suite, ce n’était qu’une information qu’elle prendrait le temps d’apprécier dans une situation plus calme, selon ses critères à elle. Et diriger Loktar … un cadeau certes, mais empoisonné aux yeux de la Twi’lek. Cela étant, elle n’allait pas rater cette opportunité, en effet, d’observer les environs, pour la suite de sa présence sur Mandallia.

« Hm … Je ne suis pas une grande amatrice de léchouilles, de mon côté … Même si Dezira aura peut-être écrit autre chose à ce sujet, cela dit … »

Bon, il ne s’agissait pas vraiment du même type de léchouilles, c’était évident. Loin de là même. Et elle faisait tout à fait confiance à Zarseen pour le comprendre. Quand bien même Dezira ait pu ou non réellement citer leur petit ébat à toutes les deux.

« Mais visitons, oui … »

Elle était un peu prise de court, à vrai dire. On lui aurait dit la veille qu’elle aurait eu droit à une visite aérienne des environs, à dos de Loktar, elle n’y aurait pas cru. Enfin. En fait, si. Plus rien ne l’étonnait vraiment, venant de Zarseen. Oh, elle arrivait à être surprise, oui. Mais l’improbable prenait de plus en plus une notion abstraite, avec sa patronne. Ou ses supérieures tout court, maintenant qu'elle y pensait. Entre Dezira, Zarseen, Zax ... une belle brochette de spécimens. A croire qu'il fallait être un peu tarée sur les bords pour grimper les échelons de l'APEX. C'était peut-être pour ça après tout que la géante mandalienne trouvait que l'Agent Malva avait autant de potentiel ...

Après un petit instant à être pleinement habituée à être sur Loktar, et comprendre comment la diriger, entre deux gratouilles pour l’amadouer, cela allait de soi, elle la fit d’abord survoler le trajet approximatif qu’elle avait suivi la vieille, une fois ses repères retrouvés. Elle voulait voir la comparaison entre une vue du ciel, et celle au sol. Ainsi, elle put remarquer par exemple qu’elle était passée non loin d’une petite clairière, où elle aurait pu être bien plus tranquille pendant un moment.

Mais ce survol ne dura guère longtemps, et au final, elle préféra orienter Loktar plus profondément dans la jungle, pour voir à quel point la végétation était luxuriante et étouffante, pour ne pas dire opaque. Elle repéra aussi quelques cours d’eau et lacs, plus facilement visibles, puis, en conclusion, le plus haut point des environs, en dehors du village de Zarseen, ou d'autres villages indigènes.

Et si la Twi’lek observa le sol, elle ne négligea pas pour autant le ciel. En effet, en étant ainsi sur la manticore, c’était l’opportunité pour elle d’observer tout potentiel prédateur volant qui pourrait lui poser soucis dans le futur. Car c’était bien beau pour elle de monter au sommet d’un arbre pour éviter les prédateurs sur pattes, mais si c’était pour se faire embarquer entre les griffes d’un manticore sauvage ou d'autres joyeusetés volantes, ce n’était pas très utile non plus pour elle. Même si elle n’aurait probablement que peu de temps pour s’en plaindre…

« Moi, ça m’ira … mais si tu as un coin à me montrer, je ne dis pas non, tant qu’on est là. »

Malgré le fait qu’elle ne raffolait pas être dans les airs ainsi, le fait de se focaliser d’une part sur son observation puis ensuite écouter les anecdotes de Zarseen avait permis de refourguer au second plan son malaise des vols à dos de manticore. Cela dit, ça lui ferait une anecdote à raconter à Dezira la prochaine fois. Même si maintenant qu’elle y pensait, Isïana n’aurait pas été surprise que la Miralian n’y ait pas aussi eu droit par le passé.

À l’image de ce que faisait Zarseen avec elle, la Twi’lek en apprenait également davantage sur sa patronne. Enfin, l’une de ses patronnes, plutôt. Sa proposition à ce que la géante mandalienne lui montre quelques coins n’avait clairement pas été une invitation anodine. Elle se doutait bien qu’elle en apprendrait un peu plus sur la grande verte ! Elle observa les geysers, notant que c’était là qu’elle avait rencontré Loktar la première fois. Intéressant, Isïana aurait imaginé un contexte bien différent, comme une chasse aux tréfonds de la jungle ou un sauvetage aérien, ce genre de chose. Mais pas dans un endroit pareil. Le reste fut plus anecdotique dans l’esprit de la Twi’lek, même si elle nota le canyon davantage comme pour mieux comprendre la façon dont Zarseen s’entraîner, ou la position des villages, si jamais elle devait pour une raison ou une autre devoir s’y rendre. Bien qu’elle espérait que cela n’arrive jamais, en réalité.

Et malgré toute sa bonne volonté de bien faire, la fatigue commença à se sentir de plus en plus pour la Twi’lek au fur et à mesure que la journée avançait. Elle se montra moins précise et endurante dans les exercices physiques sur la fin, se perdit un peu dans ses pensées, demanda parfois à Zarseen de lui remonter ou répéter un élément de survie. Elle fit également attention à ne pas se faire croquer toute crue en s’éloignant un instant au petit coin.

Elle lâcha donc un petit soupir soulagé lorsqu’elle vit le village de Zarseen finalement réapparaître à l’horizon. Elle eut un grand sourire à l’idée d’avoir un bon lit pour la nuit. Bon, c’était un vrai lit, qu’avait indiqué la cheffe. Mais ça serait déjà bien mieux que la veille, oui, c’était sûr. Surtout, dormir paisiblement. Même si Isïana ne pourrait s’endormir sans se dire que Zarseen pourrait, encore, la réveiller en sursaut au matin si l’envie lui prenait.

« Très aimable, très aimable. J’apprécie, ricana-t-elle doucement à l’évocation de l’arrêt des kidnappings nocturnes. Je ne préfère pas savoir comment tu compterais conquérir l’élu de ton cœur, si ça ne semble normal d’enlever ainsi les gens pour les forcer à faire quelque chose. »

Une petite pique ? Il y avait un peu de ça, oui, mais pour le coup, elle commençait à connaître suffisamment un minimum Zarseen maintenant, pour que derrière se trouve une véritable question qui espérait une réponse. Non, parce que bon, si jamais la Twi’lek apprenait qu’elle plaisait un peu trop à une des villageoises locales, elle préférait savoir à quoi s’attendre ! … Ou était-ce juste sa patronne qui était comme ça ?

« Et promis, je ne râlerai pas la prochaine fois que tu voudras m’amener ici. Ou à me planquer au plus profond de la Citadelle … Je sais très bien que tu arriverais à me retrouver grâce à Venom. Mais … hm … si ça pouvait attendre la semaine prochaine ? Ou même mieux, pas avant le mois prochain, hein ? »

Elle sourit un peu malgré tout. Même si la fatigue de son corps lui donnait envie de râler, et elle craignait de se plaindre aux moindres mouvements de courbatures demain, même si elle se forçait à faire quelques petits étirements avant de dormir, elle devait reconnaître que c’était deux journées utiles et enrichissantes. Il était encore trop tôt pour qu’elle en tire réellement quelque chose de concret, mais elle sentait bien que ça pourrait probablement porter ses fruits à l’avenir. Et en parlant de fruits. Son ventre se mit à gargouiller …

« Mais impatiente de rentrer à Nar Shaddaa en tout cas. Même si je reconnais que ta planète a quand même un certain charme. »