Une rencontre dans un repaire secret, quoi de plus banal ? (PV Isïana Nym) (Terminé)

Enfin finie. Elle n’aurait pas cru que Farar allait être si difficile à trouver. Parce qu’Isïana découvrit que celle-ci avait, elle aussi, plusieurs identités. Elle aurait dû s’en douter, pour que la Cathar s’en sorte aussi bien. Mais malgré tout, la Twi’lek en fut vexée. Elle aurait au moins pu lui dire. Pas forcément ses noms d’emprunts, mais au moins qu’elle en avait ! Si jamais elle avait dû la contacter, comment elle aurait fait, hein ?

Bon l’avantage, c’est que ça lui avait permis de réfléchir davantage sur sa petite histoire à trouver. En vérité, ça lui prit la journée du lendemain. Il fallait avoir un lien entre le fait qu’elle ait quitté le Dewback givré, où elle n’avait pas remis les pieds depuis d’ailleurs, et aller trouver Farar. Au final, elle avait improvisé que via un contrebandier intéressé par les courbes de la Twi’lek, elle avait appris dans l’intimité qu’il se préparait un gros coup. Oui, elle n’avait pas fait dans l’original, mais dans du vécu. Cela étant, Farar n’était pas sensée savoir cette partie de la vie de la Twi’lek. Elle était donc restée quelques jours avec et s’était même fait offerte toute une tenue pour aller avec. Idéal pour justifier son nouvel accoutrement en mission pour Zarseen. Venom. Bref, le Triumvirat de l’APEX. Et bref, c’était son plan.

Isïana avait trouvé donc Farar dans le Secteur Corellien de Nar Shaddaa. Clairement pas là où elle aurait pensé la trouver. Probablement comme beaucoup, d’ailleurs. D’où le choix de la Cathar. Là, elle lui avait fait miroiter qu’elle avait appris l’existence d’un convoi qui devait partir de Nimban pour Corellia en passant par Cato Neimoidia, près de la frontière impériale. Une livraison d’une copie de prototype de turbolaser expérimental fonctionnel sensé pouvoir percer les boucliers déflecteurs facilement. Oui, elle avait improvisé une idée assez improbable. Mais quand on s’imaginait que c’était possible, tout le secret qui se trouvait derrière devenait tout de suite irrésistiblement crédible. Plus c’est gros, plus ça passe, non ? Évidemment, ça ne pouvait qu’intéresser des impériaux. Et le Consortium aussi. Mais bon, qui aurait envie d’aider des Siths ? Pas spécialement Isïana en tout cas.

De là, son piège enfin tendu, elle avait fait en sorte de convaincre la Cathar qu’elle devait l’accompagner, quand celles-ci lui avaient dit avoir des contacts très intéressés par de telles informations. Bien entendu, Farar ne se doutait de rien. Comment aurait-elle pu, de toute façon ? Il fallut quelques jours supplémentaires pour que finalement, un rendez-vous soit trouvé. Pour le coup Isïana avait trop bien vendu son faux-plan, et la Cathar refusait d’accompagner la Twi’lek quelque part tant que cette affaire n’était pas réglée. Entretemps, celle-ci avait fait un rapport intermédiaire à Zarseen, le délai de la semaine passée.

Rendez-vous, donc. Toujours sur Nar Shaddaa. Toujours dans le secteur corellien. Isïana apprécia l’ironie qu’il s’agissait d’un lieu au nom républicain, sur le territoire de l’Apex, pour y rencontrer des impériaux. Toujours vêtue de sa nouvelle tenue, qui avait beaucoup plu à la Cathar d’ailleurs, et du pendentif de détresse. Oui, le terme plaisait bien à la Twi’lek, elle avait décidé de le garder. Et, elle n’avait pas eu besoin de s’en servir. À son plus grand bonheur.

Car au final, comme elle le pressentait, ce n’était clairement pas l’effectif complet qui s’était manifesté. Ils n’étaient que trois. Qu’Isïana pouvait résumer ainsi : l’idiot de service, le prétentieux impérial typique et le dernier. Oui, le dernier. Parce que « le profil typique du mec qui a déplu à sa hiérarchie à un moment donné et se retrouve exilé sur une mission loin de chez lui qui ne l’intéresse pas, entourés d’incompétents » … Eh bien, ça faisait un peu long à énoncer pour la Twi’lek. Même mentalement. Donc, le dernier, ça suffisait amplement. Bref, c’était de lui dont au final Isïana se montra la plus méfiante, et attentive.

Elle avait emporté avec elle son datapad et un dispositif d’enregistrement miniature dissimulée dans son fameux blouson en cuir noir, qui faisait tourner des têtes. Sur son décolleté, en tout cas. Elle ne fut d’ailleurs guère étonnée que le prétentieux impérial typique l’ait maté le plus clair de son temps. Dans tous les cas, elle avait pu enregistrer la conversation, à défaut de plus. Mais au moins, les voix seraient rapidement identifiables pour analyses ultérieures. Il y avait beau avoir des droïdes et des caméras de l’APEX quasiment partout, ce n’était pas la totalité. En l’occurrence, c’était dans un petit appartement, tout ce qu’il y avait de plus banal aux premiers abords, que les cinq avaient discuté. Et Isïana suspectait qu’il devait y avoir des dispositifs pour brouiller les communications Holonet et les senseurs divers et variés.

Elle avait vendu sa fausse information, avec une Farar qui ne cessait de vendre le mérite de son informatrice préférée. Que c’est elle qui l’avait trouvé. Tout ça, tout ça. Bref, autant pour flatter l’égo de la Twi’lek que se vendre encore plus aux impériaux. Si elle savait ! Intérieurement, la Twi’lek se délectait de la situation. Encore plus, quand elle put repartir, sans avoir eu besoin d’utiliser le pendentif de détresse. C’était donc suite à ça, qu’enfin, Isïana avait pu livrer sa proie à Venom. La surprise de la Cathar, puis la rapide panique en comprenant ce qui allait lui arriver, valait tous les crédits de la galaxie aux yeux de la Twi’lek. À ce moment-là. Passé ces dix secondes, retour aux affaires.

Les affaires. C’étaient eux qui amenait aujourd’hui la Twi’lek à se présenter … dans une suite immense et luxueuse ? Si elle pouvait lever son sourcil jusqu’à Nal Hutta, elle l’aurait fait. Affreusement déroutante, cette Zarseen. Enfin, si tout ceci était de son fait, cela étant. Ce fut donc pour le moins dubitative, et se sentant comme une intruse dans un tel standing, qu’elle se présenta tout de même au hall d’entrée. Elle attendit patiemment son tour, montrant la carte qu’on lui avait remise en échange de la livraison de Farar. Elle suivit les instructions, prenant l’ascenseur indiqué, déjà moins étonnée d’être la seule à vraiment être redirigée sur l’un d’eux. Elle ne s’attendait cependant pas à descendre. Et certainement pas aussi longtemps. Elle fronça les sourcils, tout en attendant. Encore.

« Pas trop tôt … »

Elle lâcha un petit grognement après sa pensée lâchée à haute voix. Puis siffla une fois la porte ouverte. Sacré comité d’accueil. Elle déglutit même un instant. Il ne fallait pas être cardiaque face à une telle vue, quand on ne s’y attendait pas du tout. Elle montra donc à nouveau la carte, puis pu continuer à avancer. Elle prit le temps de s’attarder à la vue, levant un sourcil aussi haut que précédemment. Si elle s’attendait à ça ! Il y avait tellement d’éléments nouveaux à prendre en compte, que ses yeux n’arrivaient pas à se poser sur quelque chose en particulier.

Elle décida d’être pragmatique et se concentra sur le chemin indiqué sur la carte. Elle arpenta donc la mini-ville, remarquant le nombre conséquent de droïdes. Ou, du moins, depuis sa phase de test, Isïana s’était mise à les observer, à ne plus les considérer comme du mobilier mouvant, mais bien des individus à part entière. Elle était encore étonnée à quel point ils étaient omniprésents. Et vues les modèles présents ici … elle n’allait clairement pas chercher à en froisser un. Et pour le coup, c’était plus les êtres organiques qui sortaient du lot. Des futurs collègues supposa la Twi’lek, faute de mieux.

L’attente de rejoindre le Triumvirat était au final purement insupportable. Bien excitée et enthousiaste quand on l’avait appelé, Isïana en serait presque à espérer ce que ça soit déjà fini. Elle respira un bon coup. On aurait dit l’étudiante qui se mettait à stresser juste avant de rendre sa copie. Et, ce fut clairement le sentiment qu’elle eut une fois qu’elle se présenta aux trois têtes pensantes de l’APEX. Elle prit une posture droite, mains croisés dans le dos. Elle fixa dans le regard, ou les récepteurs optiques représentés par hologramme, les trois femmes. Et fut presque soulagée qu’on l’invite à s’asseoir, après qu’elle ait salué respectueusement chacune.

Puis, elle se mit à résumer dans le moindre détail ce qui était sorti de son enquête : les faits, son impression sur les trois impériaux, que ça devait probablement être plus étendu que ça n’en donnait l’impression, etc. Elle resta très neutre sur le cas de Farar ; également. Puis, la gorge un peu sèche à avoir ainsi monologué, se frotta la nuque.

« Voilà. Ha. Et si, l’enregistrement audio. »

Elle sortit d’une poche intérieure de son blouson un petit disque, qu’elle tendit devant elle, ne sachant trop à qui s’adresser en particulier. Puis, la Twi’lek s’autorisa à se détendre un peu, bien qu’elle resta droite contre son siège. Mais elle avait clairement l’air de celle soulageait d’avoir fait son rapport, et qui pourrait passer à autre chose …

« Ne vous avais-je pas dit, mesdames, que j’avais trouvé quelqu’un avec du potentiel? Une affaire menée avec brio, je dirais. Oui, Hope, tu peux argumenter que ce n’était pas la tâche la plus difficile du secteur mais les résultats sont là et c’est ce que tu aimes, non? Et pas n’importe quels résultats. Un succès. Un franc succès, même. Alors moi je dis : bravo, agent Malva. Ça veut dire mauve, dans une langue morte.

Tu pourras choisir ton propre nom de code, en fait. Mais chose certaine, tu fais partie des renseignements de l’APEX maintenant. J’espère que tu aimes ton nouveau chez toi. Attends de voir l’appartement qu’on te réserve. D’accord, c’est moche d’être sous terre tu me diras mais admettons qu’on se farci un bombardement orbital. Rien ne va nous atteindre, ici. Il faut planifier le pire et espérer le meilleur, un truc du genre. Tu sais…

Moi et la poésie... Enfin bref. Ce qu’il y a d’important à retenir c’est que personne ne faisant pas partie de l’organisation n’a le droit de venir ici. S’il te faut une planque à la surface, on te trouvera un endroit où ramener tes… Suspects. Si jamais tu préfères user de tes charmes dans des situations hors du travail, si j’ose dire. Et il va falloir aussi regarder pour un vaisseau. Je suppose que tu ne sais pas piloter donc ce sera plus un chauffeur.

Ça n’a l’air de rien mais il y a pas mal de paperasse à regarder de mon côté. La carte va t’indiquer les coordonnées de ton appartement. On se rejoint là-bas. Quoi? Tu ne pensais quand même pas que je n’allais pas te féliciter en personne! C’est l’APEX, ici, la plus grande méritocratie de l’histoire de la galaxie. C’est fou comme les gens oublient, des fois. Bon assez parlé, à tout à l’heure et encore une fois, bravo pour le beau travail! »

Sur ce, je coupe la communication et je me mets en route pour le complexe d’appartements où réside une partie de mes agents. Je dis mes mais c’est plus ceux de Venom, en fait. Peu importe, l’essentiel, c’est encore le fait que je vais accueillir notre plus récente recrue dans ses nouveaux quartiers. On me demande souvent comment nos finances restent dans le vert avec tout ce qu’on paie à nos agents et subordonnés. C’est assez simple, en fait. Ridiculement simple, même. En cultivant un sentiment d’accomplissement. Ils savent que s’ils performent bien, ils seront récompensés. Que leur notoriété prendra de l’ampleur et qu’ils vont susciter l’envie autour d’eux. Et la compétitivité, c’est inscrit dans la génétique de pratiquement toutes les espèces. Consciemment ou non, le fait d’avoir un système méritocratique force au dépassement de soi. Plus encore, le Triumvirat est proactif.

On nous voit agir. Principalement moi. Venom au travers ses droïdes. Hope, moins mais elle donne souvent des conférences sur les plus récentes avancées scientifiques de l’APEX. Je dirige par l’exemple. Et comme je l’ai toujours dit, n’importe qui peut venir me défier et contester mon leadership. Mais que ce quelqu’un s’arrange pour savoir ce qu’il fait parce que sinon, il va repartir en pièces détachées, ça c’est moi qui vous le dis. En fait, il ne repartira pas du tout. Mais c’est sans importance. La Twi’lek a une adresse et elle sait ce qu’elle doit faire. J’espère qu’elle va aimer les lieux. D’accord, ce n’est peut-être pas ce qu’elle aurait voulu avoir, côté décoration ou agencement de l’espace mais c’est cent fois mieux que tout ce qu’elle a connu jusqu’à maintenant… Et c’est à elle! C’est pour ça qu’il y a une menue déduction sur sa paie pour couvrir tout ça, là. Quoi, je n’allais pas la laisser tout nu dans la rue quand même!

Agent Malva. Hm. Pourquoi pas. Isïana ne releva le choix, puisque mauve, après tout, c’était le surnom qu’elle s’était donnée à une époque. On avait vraiment épluché son passé à la loupe, dit donc ! Mais blague ou pas de la part de Zarseen, l’idée lui plaisait bien, au final, et elle se contenta d’acquiescer, avec un petit sourire.

Elle tiqua à l’annonce de l’appartement offert. Ici ? Hm … bon admettons. Elle s’en fichait un peu, à vrai dire, après avoir passée le plus clair de sa vie soit enfermée, soit à bosser de nuit. Si elle était une humaine, elle aurait eu sans doute la peau bien pâle, clairement pas bronzée. Elle acquiesça pour le fait que seuls les membres du renseignement de l’APEX avaient droit à se rendre ici. Cela ne lui dérangeait pas. Elle préférait vivre seule, de toute façon. Et si jamais elle voulait de la compagnie ? Eh bien … elle aurait tout le loisir de faire plus amples connaissances avec ses nouveaux collègues, non ?

Elle leva un sourcil surpris. Un vaisseau ? Rien que pour elle ? Elle avait du mal entendre. Et le chauffeur inclus ? Mais pourquoi elle ne s’était pas faire recruter plus tôt ! Bon, en vérité, elle s’en fichait royalement. Elle n’avait jamais réellement quitté Nar Shaddaa, mise à part quelques rares missions sous couverture. Avoir son propre vaisseau, n’avait aucun intérêt à part prendre la poussière dans un hangar. Cela étant, ça signifiait clairement aux yeux de la Twi’lek, que le Triumvirat comptait l’envoyer en dehors de l’ancienne lune Hutt. Rien de bien étonnant, en soit, cela étant.

« A vrai dire. Non, ça, ça ne me surprend plus vraiment. »

Le ton à moitié amusé, à moitié ironique, accompagna la remarque d’Isïana à l’annonce de Zarseen qu’elle comptait célébrer la promotion de la Twi’lek chez celle-ci. Enfin, chez son nouveau chez elle, donc. Elle reprit la carte pour l’observer, levant un sourcil.

« Merci à vous, surtout, de m’offrir cette opportunité. »

Sur ces mots, elle hocha poliment la tête puis s’éclipsa finalement. Bon. La Twi’lek était mitigée. Elle s’attendait un peu à ça, mais sans vraiment y croire. Sauf que désormais, c’était du concret. Il restait bien entendu le détail de sa prothèse cybernétique de lekku, qu’elle glisserait clairement dans sa conversation avec la géante mandalienne bientôt, mais en comparaison du reste, ça lui semblait dérisoire.

Elle prit donc la direction de son futur appartement. Elle perdit son regard un instant sur la ville sous-terraine. Son nouveau lieu de vie, donc ? Pourquoi pas. Mais bon, elle espérait qu’à côté, elle serait envoyée sur des missions avec des planètes avec des variétés de paysages. Cela risquerait d’être sinon bien monotone et ennuyeux pour la Twi’lek. Finalement, elle arriva à destination, s’attardant un nouvel instant sur le complexe d’appartements, vérifiant l’indication de la carte pour trouver l’entrée du sien. Quelques pas supplémentaires, et, enfin, elle était là où la géante verte devait l’attendre.

« Hm … C’est ici. »

Appartement:

Elle entra, après une petite seconde d’hésitation. Allait-elle se réveiller ? Tout ceci ne pouvait être qu’un rêve. Mais non, elle ne dormait pas. Elle écarquilla les yeux en voyant l’intérieur. Tout cet espace ! Elle faillit en avoir le tournis. Elle s’attendait à quelque chose de correct. Très correct. Mais pas du tout à ce point-là.

« Eh bien … Hm … merci. »

Un grand sourire fleurit sur le visage de la Twi’lek quand elle tourna la tête vers Zarseen. Elle entra, faisant comme chez elle. Ce qui, techniquement, était le cas du coup. On aurait dit une jeune étudiante à l’université de Nal Hutta à qui sa mère venait de lui offrir un studio alors qu’elle ne s’y attendait absolument pas. Isïana fit tout le tour.

« Bon, je changerai un peu la décoration, mais c’est vraiment très, très bien ! »

Bon, cela étant, elle allait surtout devoir y réfléchir. Son appartement actuel devait faire. Allez, quoi ? Même pas les deux-tiers de ce qui était là la chambre ? D’ailleurs, les tapis. Premier truc qu’elle changerait. Son regard s’attarda sur le moindre détail, réfléchissant déjà au réaménagement. Ce qui faisait qu’elle réfléchissait beaucoup. Elle en aurait presque oublié la géante mandalienne, c’est pour dire ! Alors que bon. Il fallait être aveugle, pour ne pas la voir.

« Il y a vraiment beaucoup de place, ça va me changer ! »

Et peut-être trouver de quoi mettre en avant des effets personnels, tiens ? Enfin, pour l’instant, elle n’en avait pas vraiment en soit, à part deux ou trois bricoles. Et puis surtout, il y allait avoir tellement de place pour sa garde-robe !

Elle ne fit pas plus de remarques sur l’appartement, et même tout court, une fois trouvée la réserve d’alcools, puis les verres. Elle fit en sorte d’apporter le tout sur la petite table de salon. Enfin, c’était anciennement l’équivalent de sa table à manger, mais passons. Puis, elle vint s’asseoir sur le canapé. Elle observa Zarseen puis le dit canapé. Et se dit que ce n’était peut-être pas une bonne idée pour la survie du mobilier de l’inviter à s’asseoir. Elle laissa donc la géante mandalienne se débrouiller. Elle devait déjà s’attendre à ce type de situation, vue qu’elle était la première arrivée. Et après tout, c’était elle qui avait choisie l’appartement à donner à la Twi’lek.

« Santé, cheffe ! »

Elle leva son verre vers la concernée, puis but cul sec l’alcool. Elle n’avait pas regardé spécialement la bouteille. Mais c’était bon, un peu fruité comme elle aimait. Mais surtout, c’était fort ! Elle réprima de tousser mais clairement elle eut un coup de chaud, qui se révéla par ses joues qui prirent des couleurs plus chaudes, justement. Elle laissa un instant de blanc, déjà le temps de s’en remettre, et passer outre une probable blague de Zarseen sur la résistance à l’alcool d’Isïana. Or, elle était résistante ! Elle pouvait boire une bonne quantité d’alcools pour une Twi’lek ! Il fallait simplement que ça soit progressif. Et de préférence, avec des alcools pas trop forts.

« Bon. Et maintenant ? Qu’en est-il de ceci ? demanda-t-elle en passant sa main gauche, libre puisque l’autre tenait son verre, sur l’extrémité de son lekku droit, se contorsionnant à moitié pour y arriver. De même, ça se passe comment pour le vaisseau et le chauffeur ? Pour ma prochaine mission ? … La question, là, n’est pas forcément d’être pressée de repartir, en soi. Mais j’aimerai simplement savoir à quoi m’attendre, désormais. »

Isïana haussa les épaules à la mention de son impatience sur la nouvelle prothèse. Évidemment ! Zarseen lui faisait miroiter un vaisseau, un droïde pilote après un tel appartement aussi spacieux, dont elle n’aurait jamais osé avant encore des mois et des mois. Elle ne pouvait que l’être ! Elle fit tourner son verre un instant, croisant les jambes, tout en écoutant la géante mandalienne assise, acquiesçant. Bon. Même assise, elle faisait sacrément impressionnante, la Zarseen. Quant à celui qui lui installerait la prothèse. En soit, elle s’en fichait royalement. Tant que le résultat était là, ça pourrait être la pire pourriture de la galaxie, en quoi ça la concernait?

« J’espère bien, oui, que je serai contente du travail. »

Un petit sourire en coin accompagna sa remarque, puis elle reprit une gorgée, tout en réfléchissant à la réponse de la géante mandalienne. À elle de choisir ? Voilà qui était bien novateur pour la Twi’lek. Oh, elle avait déjà eu des envies passagères, mais plus par curiosité comme une touriste pour voyager, que par réelle intention professionnelle. Et maintenant que Zarseen en parlait … eh bien, sur le coup, elle ne sut pas vraiment quoi répondre.

« Une excellente question, pour tout te dire. Et, de toute manière, les Mandaloriens ne m’ont jamais intéressé en soit. Je ne risque pas de mal le prendre, bien au contraire, ça me fait plutôt plaisir en soit … »

Elle laissa sa phrase en suspens, prenant une nouvelle gorgée, tout en laissant son regard vagabondait sur la décoration de l’appartement. De son, appartement. Elle allait avoir un peu de mal à se faire à l’idée, mais ça viendrait sans doute rapidement.

Qui, donc, du Consortium, de l’Empire ou de la République allait-elle bien pouvoir privilégier ? En tout cas, pour le moment ? Elle se fit rapidement à l’idée que choisir un groupe qu’elle aimait le plus, n’avait aucun intérêt. Elle s’en fichait royalement. Elle partit donc sur la réflexion, en éliminant plutôt ce qui ne l’intéresserait pas ou lui déplairait trop.

Mais là, nouveau dilemme. Chacun des camps avait son intérêt. Le Consortium était certainement la faction qui lui plaisait le moins, et l’idée d’aller foutre le bordel chez eux était plus que séduisante pour Isïana. A l’inverse, avec l’image qu’elle pouvait créer avec son rôle, elle pouvait sans doute se montrer la plus efficace au sein de la République. Quant à l’Empire. Eh bien … il y avait le challenge de la découverte, ne s’y étant jamais rendue jusqu’ici. Bref. Ce n’était pas ainsi qu’elle allait pouvoir se mettre à choisir.

« Hm …  »

Elle termina son verre, qu’elle reposa sur la table basse, venant ensuite s’affaler sur le canapé, bougeant ses lekkus pour qu’ils ne soient pas encombrant et soient suspendus dans le vide derrière le mobilier.

« Pour être tout à fait franche avec toi. Je n’ai pas une faction qui me fasse de l’œil plus qu’une autre, spécialement. Fourrer mon joli nez mauve, ça peut être n’importe où en soit. Mais, au final, ta dernière phrase peut me permettre de faire un choix simple. S’il y a un groupe chez qui j’ai bien envie d’amener le chaos, c’est au sein du Consortium. »

Elle marqua un silence, comme si elle réfléchissait derrière à se justifier. Ou peut-être repensait-elle à la décoration future ? Dans tous les cas, après un nouveau regard évasif, elle reprit la parole.

« Tu l’as vu, aussi bien là, que dans mon passé. Je n’ai aucun mal à me salir les mains. Peu importe la raison. Je pense que je serai plus … comment dire … efficacement stimulée là-bas, que chez leurs concurrents. Après, je peux me tromper, bien entendu. Mais ça me semble bien, pour débuter, non? »

Sith ? Ou Hapien ? C’est vrai qu’Isïana avait tendance à mettre les deux dans le même sac. Par simplicité, surtout. Les rouges, quoi. Dans le fond, elle s’en fichait un peu qui, de l’un, ou de l’autre, elle pourrait apporter le chaos. Les Siths y étaient d’une certaine façon habituée, donc peut-être plus partir pour les Hapiens ?

« Franchement … Sith. Hapes. Peu m’importe. Ce qui sera le plus adapté à mon profil, ira très bien. Je te fais confiance là-dessus, ou Venom, bref … tu m’as comprise.  »

Elle acquiesça à Zarseen quand celle-ci se releva. Enfin, ce jour tant attendu arrivait ! Une prothèse flanc blanc neuf pour son bout de lekkus ! Elle avait dû trimer pour l’avoir, même si c’était généreusement offert par la géante mandalienne. Isïana voyait plus ça au final comme un paiement en nature, qu’autre chose, d’ailleurs.

Elle leva un sourcil en l’entendant parler de Zax, tandis qu’elle quittait l’appartement de la Twi’lek, pour se rendre à destination. Maniaque comme pas possible, Isïana avait bien entendu pris le temps de bien fermer la porte. Elle aurait même pris le temps de se changer. Si elle avait eu ses affaires ici, en fait. Un point qu’il faudra qu’elle fasse rapidement, ramener toutes ses affaires.

« Au fait … ça ne me concerne pas vraiment, mais il arrivera quoi à Farar, du coup ? »

La curiosité était neutre, pour ne pas dire innocente. Elle n’en avait vraiment aucune idée. Oh, elle s’imaginait bien quelques scénarios, mais elle n’arrivait pas vraiment à trouver une réponse satisfaisante toute seule.

« … Spéciale ? répéta la Twi’lek en haussant un sourcil. Pourquoi, venant de toi, ça sonne étrangement comme un mauvais présage?»

Elle n’en ajouta plus, entrant dans le speeder qui les amènerait donc à cette Zax, faisant une petite moue bien moins enthousiaste suite à la précision sur la réaction de Loktar. Quoi ? Une bestiole pareille, réagissait ainsi ? Elle allait se faire charcuter le lekku entièrement, ou quoi ? Enfin … elle verrait bien. Trop tard pour regretter de toute façon. Et, Zarseen lui avait assuré qu’elle était la plus compétente de l’APEX en matière, pas de raisons de paniquer, non ?


Dire qu’elle était totalement refroidit, alors que ça sentait clairement le brûlé, en entrant, aurait pu être presque quelque chose de concret. Si elle avait su utiliser la Force pour ça. On peut faire ça avec la Force ? Bref. Tout en saluant d’un air crispé, aussi bien Zax que Hope du coup, la Twi’lek ne sut ce qui l’inquiétait le plus entre le fait de se dire que la femme en face d’elle pouvait avoir l’envie de, par exemple, lui caler un explosif en deutérium dans le lekku ; ou bien le fait que ce n’était qu’un détail si un implant explosait. En vérité, il ne valait mieux pas qu’elle s’appesantisse là-dessus !

« Enchantée … j’imagine. »

Ce regard. Elle en eut presque un frisson d’épouvante. A la place, elle leva un sourcil. C’était étrange d’être observée comme un sac de viandes, mais sans aucune conation sexuelle. Cela lui changeait. Bon, cela ne changeait rien au fait qu’elle avait l’impression d’être vue comme un objet bipède qui parle.

Elle se laissa palper les lekkus sans protester. Zax ne serait ni la première, ni la dernière qui poserait ses mains dessus. Et puis, tant que c’était que les mains. Histoire de penser à autre chose tout en se faisant tripoter ainsi comme un rat womp de laboratoire, Isïana prit le temps d’observer l’excentrique humaine. Si on mettait de côté l’aspect purement psychologique qui pourrait donner certaines sueurs froides à des Siths, Isïana aurait pu mettre sa main à couper, ou son lekku en l’occurrence … physiquement, elle était plutôt mignonne, cette Zax.

« Le lance-flamme, ce n’est pas nécessaire, indiqua-t-elle, pince-sans-rire à souhait, quand elle vit l’excentrique prendre des notes. Je précise au cas où. »

À vrai dire, mis à part intégrer ce que contenait le datapad de Farar, qui lui servait depuis un petit moment, elle n’avait pas d’autres changements à faire que purement esthétique, pour que son lekku ne donne pas l’impression, même en observant de près, qu’il ait été amputé.

« … Je plaisantais, en effet. Je n’ai pas vraiment envie qu’on me charcute mon joli tentacule crânien, comme vous dites. »

Isïana leva un sourcil surpris en constatant que Zax avait pris vraiment au premier degré sa remarque. Bon, d’un autre côté, l’humaine n’était pas sensée connaître Isïana. Cela n’aurait pas surpris à celle-ci que certains aient déjà pu demander une telle chose. Ou quelque chose d’encore plus loufoque. Elle en avait entendu ou vu des choses, qui dépassaient l’entendement.

Nouveau levage de sourcil suite au rire de l’humaine. Décidément, Isïana comprenait de plus en plus pourquoi Zarseen l’avait catalogué de spéciale et excentrique. Enfin, elle n’eut guère l’occasion d’en discuter davantage, suivant Zax jusqu’à la salle de torture. Enfin, la salle opératoire, plus exactement. Elle s’allongea comme demandée. Elle avait anticipé, même si espérer était plus juste, que le changement de prothèse cybernétique ait lieu aujourd’hui. De ce fait, elle ne portait aucun bijou sur ses chers tentacules crâniens. Ce qui lui faisait un peu bizarre, d’ailleurs, elle s’en était déshabituée à force.

Tout en laissant Zax se mettre à la tâche, Isïana étant docile à souhait, la Twi’lek repensa justement en effet à Farar. Elle n’avait pas relevé la remarque de Zarseen en soit. Si elle avait posé la question, c’était justement, la réponse elle la voulait bien. Oh, elle n’allait pas insister pour le savoir coûte que coûte. Mais elle avait bien saisi le message, et le sous-entendu derrière. Elle le savait déjà, consciemment ou non. C’est à vrai dire ce qui l’étonnait le plus chez la Cathar. Pourquoi avoir pris un tel risque ? Elle devait s’être pensée plus intelligente que les autres, sans doute. Autant Isïana avait un égo évident, elle n’en serait pas là aujourd’hui, sinon. Autant, elle savait où était ses limites. Et sa place. Oh, elle pouvait toujours les étendre, mais brusquer les choses, n’avait jamais rien de bon.

Elle se remit d’ailleurs à songer à son ancienne vie d’esclave, pendant que Zax monologuait. Isïana l’écoutait, oui, mais d’une oreille distraite. Elle s’en rendait compte quand une phrase ou deux dites par l’humain lui échappait. Elle avait l’air de savoir ce qu’elle fait, cette excentrique. Et maniaque au possible sur ses créations. Des œuvres d’art. Oh, la Twi’lek n’allait pas dire non à un tel résultat, loin de là ! Mais donc, son ancienne vie. Aurait-elle survécut si elle s’était rebellée plus tôt ? Aurait-elle finie agent Malva ? Sans doute que non …

Elle tiqua, sortant de ses pensées, quand Zax précisa que la prothèse pourrait même bouger comme la pointe de celui qui lui restait. À ce point-là ? Elle siffla doucement d’admiration. Pour un travail pareil, elle n’était pas contre se faire charcuter tout le lekku, finalement ! Bon, elle s’abstint évidemment de faire la remarque à voix haute. Il ne fallait pas déconner, non plus.

« Je me demandais, pendant que j’y suis, autant profiter de la présence de l’experte en la matière, la meilleure de toute la galaxie, de ce que m’a dit Zarseen. »

Techniquement, la géante mandalienne n’avait pas présenté Zax exactement en ces termes, mais cela restait tout de même l’esprit général, aux yeux de la Twi’lek. Et puis, flatter l’égo des gens, n’était-ce pas censé être la spécialité d’Isïana ?

« Donc. J’ai entendu parler, bien entendu, d’améliorations cybernétiques avancées, de quoi faire des choses incroyables. En l’occurrence, de mon côté, typiquement, tout ce qui est module de piratage, je me sers de ce datapad, indiqua-t-elle en sortant l’objet concerné, sagement rangé dans une des poches intérieures de son blouson. Si je voulais avoir l’équivalent sous forme d’améliorations cybernétiques, ça se passerait comment ? Je ne dis pas que je veux avoir ça, tout de suite, ou plus tard. Mais j’aimerai bien savoir ce qu’il en est, concrètement. »

Sa question posée, elle se prépara à entendre Zax monologuer à nouveau, tout en attendant la suite. Isïana n’était, naturellement, pas une grande communicante. Elle allait à l’essentiel. Au moins, avec l’humaine, elle faisait la moyenne, dirons-nous. Elle écouta cependant bien plus attentivement à la réponse de celle-ci. Elle ne s’imaginait pas se poser réellement des implants cybernétiques plus poussés. Pourquoi le ferait-elle ? Maintenant … si jamais elle venait à avoir des ennuis avec des Siths au sein du Consortium, elle préférait se préparer. Mieux valait prévenir que guérir, non ?

Isïana écouta avec attention. Bon, elle avait nécessairement décroché à un moment ou un autre, mais dans l’ensemble, elle avait tout bien intégré. Elle se doutait bien qu’il y aurait un temps d’adaptation pour des implants cybernétiques plus intrusifs. Déjà, rien que son petit bout de lekku, ça lui avait drôle pendant des semaines. Même encore aujourd’hui, la rigidité de l’implant la perturbait. Mais ça, ce serait bientôt de l’histoire ancienne ! Et ça, Isïana en est ravie ! Et, elle fronça les sourcils quand Zax lui arracha le datapad des mains.

« Vous pouviez simplement me demander, j’allais vous le laisser, si vous voulez le consulter. Ce n’est pas moi qui l’ai codé, on l’a fait pour moi. »

C’est vrai que Zax était une sacrée pipelette. Oh, Isïana avait déjà croisé pire qu’elle. Encore que ? En tout cas pour une humaine, elle mettait la barre haute. Elle ne posa pas de questions supplémentaires, la concernant directement ou indirectement, du moins. Elles étaient plus généralistes, comme savoir reconnaître quelqu’un possédant des améliorations cybernétiques avancées, quoi faire pour se défendre si nécessaire. Les petites astuces de professionnelles, en somme.

Elle resta, écoutant les interminables réponses de Zax. On lui permettait de voir son futur implant de lekku, évidemment qu’elle allait regarder ! Et ce n’était pas le débit de paroles incessants de l’humaine qui allait changer le contraire. Elle aurait pu se faire baver dessus par un Hutt pendant des heures qu’elle n’aurait pas changé d’avis. Bon, déjà, fallait en trouver une de ces limaces géantes, de nos jours. Mais l’idée était là !

Dire qu’elle fut perdue une énième fois par les détails techniques de l’humaine, fut une évidence. Elle n’avait pas pris la peine depuis le début de préciser que le jargon scientifique de manière générale, et encore plus en cybernétique, était aussi clair que parler à un Wookie.

Et en parlant de personnes géantes. Non pas poilues. Isïana ne se permettrait jamais de comparer Zarseen à une originaire de Kashyyyk. Elle tenait beaucoup trop à sa dentition parfaite pour ça. Donc, la géante mandalienne qui vint lui faire la conversation, quand la Twi’lek finit par laisser Zax se concentrer sur la prothèse cybernétique de son bout de lekku manquant.

Elle dut se retenir de rire quand Zarseen lui précisa d’où elle avait récupéré Zax. D’un asile ? Dans le fond, ça ne surprenait pas Isïana. Folie. Génie. C’était une symbiose que la Twi’lek approuvait en soit. Elle ne se considérait pas comme un génie. Et donc, ne se considérait pas folle. Mais qui sait. Peut-être qu’elle l’est au fond, mais ne s’assume pas ? Si c’était le cas, il restait à trouver en quoi portait son génie !

« J’ai toujours su que j’étais spéciale. »

Elle accompagna sa remarque d’un sourire en coin, un brin suffisante. Juste ce qui fallait. Elle continua à discuter, ou écouter, tout dépendait les deux autres femmes, mais les yeux rivés sur la prothèse cybernétique qui se formait au fur et à mesure. Que c’était long ! On était mille cinq ans après Yavin, et on ne pouvait pas encore faire quelque chose de rapide ! Que c’était frustrant !

« Pendant qu’on y est. Il y a quelque chose de particuliers, que je dois savoir, que l’on n’aurait pas encore évoqué ? Par rapport à mon nouveau statut, je veux dire. »

La Twi’lek attendit la réponse puis acquiesça. Et, finalement, il était temps que la prothèse aille où elle devait être : au bout de son lekku. Elle revint docilement, d’une impatience manifeste, pour qu’il soit installé. Elle aurait pu en trembler d’excitation. Enfin, après trois années de galère ! Un énorme sourire fleurit sur son visage lorsque Zax l’installa. Isïana fronça légèrement les sourcils. C’est vrai que … ça faisait différent, comme sensation. Bien plus naturel qu’avant. Elle attendit un petit instant, puis toucha la prothèse, puis son lekku intact, et siffla d’admiration. On ne sentait aucune différence. Même toucher, même densité, même longueur.

« Une œuvre d’art, effectivement ! s’exclama-t-elle joyeusement, avant de revenir vers Zarseen. Il va falloir que je fête ça ! »

Elle eut un petit sourire en coin vers la géante mandalienne. Bon, c’était une invitation déguisée à aller boire un verre quelque part. Chez elle. Ou dans cette ville souterraine. Il devait bien y avoir une cantina, non ? Et puis … Zax était gentille, hein, mais bon, Isïana commençait quand même à saturer de sa présence !

Une fois revenues chez elle. Oui, Isïana allait se faire un malin plaisir à le dire tout le temps. Bon. En réalité, pas tant que cela, puisque seules les personnes autorisées à venir chez elle allait pourvoir venir voir. Le plus souvent possible, donc ? Oui c’était sans doute la formulation la plus juste. Bref, elle rouvrit donc et invita Zarseen à se réinstaller où elles étaient toute à l’heure. La Twi’lek eut une pulsion de se changer et s’habiller plus à son aise, plus légèrement, donc. Mais elle se rappela tout aussi rapidement qu’il faudrait déjà pour cela qu’elle rapatrie toutes ses affaires ici.

Tout en écoutant la réponse de la géante mandalienne, Isïana alla fouiller à nouveau la réserve d’alcools, indiquant ce qu’il y avait pour que Zarseen  se fasse son choix – même si la Twi’lek soupçonnait qu’elle devait déjà savoir ce qui lui plairait – et se prépara quant à elle un petit cocktail mêlant alcool léger, fruits exotiques et sucre vanillé. Quoi ? Il fallait bien profiter de ses mois de travail comme serveuse dans la vie de tous les jours ! Elle apporta donc sur un plateau, la boisson voulue par Zarseen, son cocktail, quelques apéritifs trouvés dans un placard et la bouteille d’alcool choisie par la géante mandalienne. Isïana se doutait qu’elle allait vouloir se resservir. Si elle n’avait pas un autre rendez-vous prévu, en tout cas. Et, elle s’installa finalement à son tour, sur le canapé, comme la première fois.

« Je vois. Agent Dezira. Je retiendrais le nom. Dans mon cas, je ne compte pas nécessairement pavaner que je suis membre des renseignements de l’APEX, désormais, commenta-t-elle tout d’abord, évitant pour l’instant de répondre à la question de Zarseen. D’une part parce que je pense que ça n’aura pas grand intérêt, ici-bas. Et d’autre part, je n’en vois pas trop pourquoi je le ferais là-haut. Je serai là pour recruter, ou faire de la propagande, je ne dis pas, mais ça serait un peu à contre-courant de ma fonction et de l’esprit de l’APEX, non ? »

Elle eut un petit sourire en coin, tout en buvant finalement une gorgée de son cocktail, et piquant ensuite un apéritif. Elle n’avait pas perdu la main, c’est bien. Cela dit, elle nota dans un coin de son esprit de songer à acheter du matériel plus adéquat. Et … oui, bon, elle allait devoir aménager l’appartement de à A à Z. Inutile de se disperser pour des broutilles dans l’immédiat. Surtout qu’elle ignorait si Zarseen ou Venom, ou les deux d’ailleurs, comptaient l’envoyer rapidement en mission, ou la laisser d’abord s’acclimater à sa nouvelle fonction.

« Je note aussi pour les planques, c’est une bonne idée. J’ai envie de dire, c’est même la base de tout service de renseignement. Même si nous ne sommes pas en guerre, de notre côté, je t’avoue être d’un naturel pessimiste, et vue comment les trois camps sont prêts à grignoter la moindre planète disponible, ça ne me surprendrait pas qu’ils aient tous une vue sur nous. D’ailleurs, de mon point de vue, si on pourrait penser de prime à bord aux consortieux et aux républicains. Oui, consortieux, ça n’existe pas, mais c’est une mauvaise habitude que j’ai prise avec un contact, précisa-t-elle en haussant les épaules, comme pour se justifier. Bref. Donc, j’imagine plus facilement les impériaux intéressaient. D’un point de vue géographique, ça leur permettrait de prendre en tenaille la République aussi bien par le nord, que pour tenter de piquer par le sud. Enfin, bon, ce n’est pas comme si ça allait arriver. »

Elle ponctua sa dernière phrase en haussant les épaules, puis reprit une gorgée. Ah, oui. Répondre à la question de Zarseen. Isïana allait y venir, bien entendu. Elle réfléchissait surtout. Elle n’y avait jamais réellement pensé, jusqu’à présent. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Elle aurait pu vendre père et mère si besoin. D’un autre côté, puisqu’elle comptait les tuer pour l’avoir abandonné, même si ce n’était pas de leur volonté, cela n’aurait été guère compliqué à faire.

« Alors, oui, ma résistance à la douleur. Comme je sais que vous avez eu accès à des dossiers sur moi, je ne tournerai pas autour du pot. Pour la torture psychologique, ça, tu n’as pas à t’inquiéter, on ne peut pas me briser. Bon, après, si je tombe sur un Sith qui utilise la Force, ou d’autres conneries du genre, bah, là, je ne pourrais pas y faire grand-chose, en l’état en tout cas. Pour la torture physique, je serai plus nuancée. J’ai su résister à la douleur quand Ester m’a coupé mon bout de lekku pour combattre et l’éliminer. Mais je ne sais pas ce que ça aurait donné si la douleur aurait duré plus longtemps, ou être plus forte. »

Elle reprit une gorgée, passant avec un plaisir coupable, un doigt sur sa nouvelle prothèse si réaliste. Isïana était comme une gosse avec, ça se voyait. Mais son naturel reprenait rapidement le dessus ensuite, et elle redevenait rapidement neutre, voir suffisante en fonction de sa posture, son sourire ou son ton de conversation.

« Quant au reste. Comme j’ai déjà pu dire. J’ai suffisamment vécu tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi, à vrai dire, pour pouvoir accepter n’importe quel rôle. Tuer, voler, coucher, intimider, charmer … compta-t-elle de ses doigts, s’arrêtant pour hausser les épaules. Peu m’importe, je saurai me satisfaire de ce qui m’est proposé. Quitte à me spécialiser, si je puis dire, par la suite, si je me découvrir optimale pour un profil de mission précis. D’ailleurs, en parlant de ça, j’ai encore quelques interrogations en tête. Concernant le vaisseau et le droïde. Cela se passe comment ? Quels modèles ? Quelles restrictions ? Quand je pourrais y avoir accès ? Est-ce que je vais avoir aussi de faux papiers ? Est-ce que je vais avoir plusieurs rôles ? Est-ce qu’il y a des contacts à avoir chez l’ennemi ? … Ce genre de questions banales, en somme ! »

Elle prit un de ses petits sourires, tout en jouant avec le pendentif de détresse. Oui, elle avait décidé de le garder sur elle. Il lui allait plutôt bien, il fallait dire. Et autant qu’elle s’habitue à le porter, non ?

C’est qu’elle peut être bavarde quand elle veut… C’est bien, ça! Et moi, je sais écouter, surtout si on me donne à boire ou à manger. Ah ça, je suppose que d’une culture à l’autre, ça ne change jamais vraiment. J’ai une petite idée de quel cocktail d’antidouleurs il va falloir lui donner quand elle part en mission. Et par antidouleur, je veux dire qui fait qu’elle ne ressentira pas la douleur. Pas qui atténue. Qui bloque. Ne cherchez pas à comprendre, sachez simplement qu’on fait de merveilleuses drogues dans l’APEX. C’est tout ce que vous avez besoin de savoir. Pour ce qui est de ses questions, elles sont parfaitement légitimes et également, logiques. Et bien entendu, je me ferai un plaisir de lui répondre car c’est là mon travail, non? De m’assurer que tout le monde sache ce qu’il a à faire et avec quoi. J’avoue que dans son cas, tout ceci est plutôt nouveau…

« Alors pour le vaisseau… Non, tu n’as pas vraiment le choix, en fait. C’est un vaisseau qu’on te prête car tu ne sais pas piloter. On va dire les choses telles qu’elles sont. Toutefois, si jamais tu apprends à piloter… Là tu pourras déposer une demande officielle et on verra ce que tu peux avoir. On est sympa mais le vaisseau… Ça devient ta dépense, pas la nôtre. Donc pour le moment, c’est une navette civile grand luxe.

Le genre de vaisseau que les dignitaires ou les gens importants utilisent. En fait, tu remarqueras dans la galaxie que plus tu as l’air important, moins on t’emmerde aux douanes. En plus quand tu y penses, on nous voit comme de vulgaires criminels alors… Ils n’y verront que du feu. Pour ce qui est du droïde, c’est assez simple, c’est un astromech tout ce qu’il y a de plus anodin. On en voit tellement qu’il devient banal. Mais…

Personne ne va poser de question, encore une fois. C’est fait pour garder une part d’anonymat. Au début on avait pensé à un droïde commando dans une armure, une sorte de garde du corps mais ce serait un poil risqué. Si on lui demande d’enlever son casque… Tu peux prendre possession du tout quand tu veux mais moi je commencerais par m’installer, si j’étais toi. Profite un peu de ta nouvelle vie. C’est vrai, quoi. Relaxe.

Tu partiras en mission quand tu voudras partir en mission. Dans maximum une semaine. Et pour les faux papiers, clairement. Un set différent à chaque mission avec un compte de crédits différent. C’est le même, qu’on change, en fait. Nous avons un département spécifique pour ça et on te fournit toujours une liste avec cinq choix pour ton nom d’emprunt. Comme ça tu ne peux pas dire qu’on te force à un nom X ou un nom Y.

Pour ce qui est des contacts, on garde ça secret jusqu’à ce que tu sois affecté à une mission sur une planète donnée. Si tu juges avoir trouvé un candidat ou une candidate pouvant faire un bon contact, dis-le-nous et on enquêtera. Les services de renseignements ennemis sont très doués pour jouer les recrues enthousiastes et je n’aime pas me faire poignarder dans le dos, tu vois? Je préfère regarder la mort en face et lui cracher au visage, en fait.

Pour ce qui est des rôles, je ne vais pas te mentir. Avec un physique avantageux comme le tien, on va en profiter? Quoi? Avec ma gueule, les chances de séduire une cible sont assez minces. Mais toi, ça peut très bien le faire. On va te garder pour les missions plus… Sociales, pour commencer. Espionner, voler, coucher, semer de fausses rumeurs, quelques assassinats discrets… Tu vas devoir apprendre comment vit la haute société, aussi… »

Vous savez, l’espionnage, c’est plus compliqué que dans les holofilms…

Isïana acquiesça à plusieurs reprises, suite à la longue explication de Zarseen. Elle ne les avait pas posées pour rien, ces questions !
 
Tout d’abord, elle n’avait pas insisté pour le vaisseau. Elle avait bien saisi dès le départ que ce n’était qu’un véhicule de fonction, plus qu’autre chose. Mais grand bien même, c’était la première fois qu’elle avait droit à un tel avantage, normal qu’elle soit aussi enthousiaste, non ? Et une navette civile grand-luxe ? Dit comme si c’était une miette de pain ? Les agents de renseignements étaient du genre à demander un croiseur stellaire ou quoi ? Bien sûr que ça lui satisfaisait totalement ! Elle eut également un petit sourire amusé, presque charmeur, à la précision sur les douanes. Oui, ça aussi, elle l’avait très vite remarqué !
 
« Pas faux, pour les criminels … Même moi j’ai encore du mal à m’imaginer tout ça. »
 
Elle désigna l’appartement d’un geste ample de la main, puis reprit une gorgée, écoutant la suite. Elle n’était pas étonnée pour le droïde astromécano. Enfin, plus exactement, elle se doutait qu’il s’agirait d’un droïde. Que ce serait le pilote. Par contre un astomech, elle n’aurait pas nécessairement parié dessus. Déjà, parce qu’elle n’avait pas spécialement l’âme d’une parieuse. Mais ça lui irait très bien. Ces droïdes n’avaient jamais dérangé la Twi’lek en soit. On ne pouvait pas en dire autant de certains droïdes de protocoles …
 
« Je compte bien profiter du coin un peu, oui ! s’exclama-t-elle, dans un début de rire, face à la remarque de la géante mandalienne d’être relax. Je me renseigne simplement. »
 
La remarque fut accompagnée d’un clin d’œil, la Twi’lek reprenant une gorgée, pour reposer son verre de cocktail sur la table basse, laissant Zarseen reprendre, hochant plusieurs fois de la tête à l’évocation des papiers, et eut même l’air appréciatrice du choix proposé. Plutôt sympa, elle n’aurait pas pensé que l’APEX se serait donné cette peine. Idem pour les contacts. À vrai dire, elle s’en doutait depuis le début, mais au moins, elle avait une confirmation.
 
« Je vois. Cela me va bien. Et, en effet, je pense qu’un cours, ou même une dizaine, seront nécessaires. Mais ça ne me dérange pas, je sais que ça fait partir du travail. J’ai beau être jeune, je sais très bien comment ça marche, et je n’ai pas l’illusion de me dire que ça sera merveilleux, des vacances, et tout le tralala qu’on nous balance pour faire rêver les minettes. Mais … je pense que je vais quand même m’amuser là-dedans. »
 
Le sourire, aussi bien malicieux que … psychopathe, pouvait avoir un côté perturbant. Très certainement pas pour Zarseen, mais cela témoignait que oui, très probablement, Isïana allait prendre un malin plaisir à profiter de ces prochaines missions.
« Mais pour l’heure, oui, je compte m’amuser ici. Déjà, faut que je change la déco’ ici, pour que ça colle à mes goûts, ramener mes affaires, me refaire une garde-robe avec ma paie. Profitez aussi du coin, oui. Croiser des collègues, me renseigner un peu plus sur la géopolitique galactique, je t’avoue que je m’y suis jamais trop penchée là-dessus. Et sans doute que j’irai dans une cantina ou un night-club pour m’amuser. Sauf si t’as un conseil à me donner pour faire de bonnes rencontres ? »
 
C’était la première fois de toute sa vie, qu’elle pouvait ce qu’elle voulait, sans penser à sa survie à court terme ou à des problématiques diverses et variées pour son futur. Autant bien en profiter, en effet, non ?

Isïana eut un petit sourire à l’image de la chambre d’hôtel. Sans tomber dans cet extrême, un peu caricatural au goût de la Twi’lek, c’était tout à fait sa vision de la chose, oui. Toujours avoir un plan B au cas où le A foirait. Et un plan C dans un coin de l’esprit en cas d’improvisation.

Elle acquiesça pour la partie concernant Venom. Elle y avait déjà pensé, à vrai dire, mais cela mettait du concret à sa réflexion. Et elle n’aurait du coup pas à poser la question, puisque la réponse venait d’être livrée sur un plateau d’argent. Tout comme la possibilité de démissionner. Elle avait la réponse, mais pour le coup, à l’inverse, ça, ça ne lui avait pas encore traversé l’esprit. Mais c’était une remarque qu’Isïana jugea pertinente, et sans doute ayant déjà eu lieu pour des agents du renseignement d’APEX par le passé, aux yeux de la Twi’lek…

« Je vois, pour Dezira. Tant que c’est mon minois et pas ma croupe qu’on voit sur Holonet, ça ira, d’un petit rire ironique. Mais je note, merci de me prévenir. Autant éviter de saborder avant même de commencer, ma future image de haute noblesse du Consortium, non ? Encore que … quand on entend certaines rumeurs … »

Isïana ne termina pas sa remarque, la ponctuant simplement d’un sourire en coin. Elle prit la carte avec le numéro de la fameuse Dezira, et la garda ensuite en main, jouant à la passer entre ses doigts, tout en fixant Zarseen.

« Enfin, je verrais bien. Mais j’ai bien saisi que c’était un contact à avoir dans sa poche. Ou ses poches. Bref. Merci pour tout ça, en tout cas. Même si je sais bien que ce n’est pas pur acte de générosité. Encore heureux, d’ailleurs. »

Elle fit une petite moue, se demandant si elle allait se resservir à boire, puis finalement préféra éviter. Elle avait assez bu pour le moment. Dans l’immédiat, elle voulait surtout du calme, et ramener ses affaires. Ce serait déjà parfait pour aujourd’hui. Elle aurait bien le temps de se faire une cuite, rencontrer Dezira et se mettre à travailler son futur rôle, dans les jours qui viennent, oui.

Ainsi, après quelques nouvelles paroles qui prolongèrent la conversation, Isïana accompagna Zarseen jusqu’à la sortie de l’appartement, lui souhaitant une bonne journée et à la prochaine. Une fois l’appartement soigneusement fermée à clef, la Twi’lek se retourna. Ha, tout ça, à elle. Le pied !

[Fin]