La ballade des Amants et du Bourreau [Occultus]

Je venais de passer plusieurs jours enfermé sur Nar Shaddaa, à cogiter sur le premier ordre de mission pour le compte de Raynar. Mon objectif était de ramener deux membres du Consortium, vivants, auprès de la Boss. L'une était une cible de l'APEX, et l'autre un voleur épris. Leur destin aurait pu être différent si ce Sith n'avait pas eu l'audace de vouloir tromper Zarseen. Cependant, j'avais une totale liberté d'action, sous réserve de ne pas attirer l'attention. Et la discrétion allait être un vrai challenge car duper des siths était différent de se jouer d'autres bandits ou chef d'entreprise et j'allais devoir entrer dans un rôle pour parvenir à mes fins.

Avec peu d'informations sur la localisation de mes cibles, la première étape de mon plan, une fois dans l'espace Sith, était de repérer les amants. Dans ma soute, j'avais un assortiment de mets et de boissons de qualité venant de toute la galaxie, achetés chez différents marchands de Nar Shaddaa avant mon départ. Si je pouvais flatter l'ego de l'une des cibles en lui proposant ces délices pour célébrer leur union, j'aurais une chance de m'approcher d'eux. C'était du moins l'une des stratégies que j'avais envisagées. La gestion de la confrontation et de la fuite restait à prévoir. Pour l'instant, je me faisais passer pour un simple marchand.

Pour mes besoins de traque, j'avais décidé d'emprunter un Geheb appartenant à l'APEX, ainsi que des codes d'accès ennemis. Bien que j'aie initialement prétendu pouvoir me débrouiller sans cette assistance pour mettre en avant mes compétences, j'avais finalement privilégié l'efficacité. Le vaisseau était équipé d'un système de camouflage que je comptais utiliser lors de ma fuite. En combinant cela avec les codes ennemis et l'utilisation d'un appareil du Consortium, j'espérais gagner du temps précieux avant que ma véritable identité ne soit découverte. En ce qui concernait mon équipement personnel, j'avais opté pour voyager léger afin de conserver une couverture possible et de m'équiper au besoin sur place. Mes augmentations étaient déjà assez voyantes, donc je m'étais contenté de mon fidèle blaster. Rester à trouver de quoi embarquer deux sensitifs vivants et discrètement.

Je venais à peine de pénétrer dans l'espace du Consortium depuis Alee, qui servirait de premier point de repli en cas de besoin. N'ayant aucune idée précise de leur localisation, ma première destination serait une planète proche des routes commerciales, où je pourrais trouver des établissements propices aux rumeurs et au trafic, favorisant ainsi ma discrétion et mes chances d'obtenir des informations. Si cette approche avait fonctionné ailleurs à plusieurs reprises, il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne fonctionne pas chez le Consortium. Il suffisait d'adapter ma manière d'aborder la population et les sujets. Je demeurais un étranger en terrain hostile, où le moindre faux pas pouvait signifier l'échec. Mon choix s'était porté sur Charros, première étape de mon périple, proche de la bordure Apexienne et reliée à plusieurs planètes par des routes spatiales. Il s'agissait d'un choix raisonnable, me permettant de m'acclimater progressivement à la présence du Consortium et de recueillir des informations sur ce territoire ainsi que sur mes cibles, éventuellement.

Une fois atterrit sans difficulté grâce aux codes de Zarseen, c'est naturellement vers l'établissement le plus proche que je fis route et comme à mes habitudes, c'est au comptoir, proche de tous les clients, que je trouvai ma place. Le coin était joliment décoré pour les standards de la faction dominante, beaucoup moins à mon goût. Je fis signe au service de venir prendre ma commande, ce qui se faisait de moins fort par ici. Si ce n'était pas ce qui allait satisfaire ma soif, cela me permettrait de me fondre dans la masse et rester vigilant sur ce qu'il pouvait se dire. En parallèle, je sortais mon datapad afin d'annoter tout ce que je pourrai entendre et préparer ma prochaine destination, tel un marchand traçant son itinéraire. Dans l'idée, je comptais rester ici quelques heures avant de décoller vers une planète plus au Nord, pour m'enfoncer davantage dans le Consortium, si je ne trouvai pas des informations sur mes cibles ici.

Ma belle étoile semblait me tenir compagnie. Quelle était la probabilité d’entendre parler d’une affaire aussi semblable à la mienne dès ma première incursion ? Un léger sourire en coin, je finis mon verre d'un trait et commandai cette fois-ci ce qu'il y avait de plus fort, en bouteille. Je voulais faire parler le pilote, et il semblait déjà bien parti pour cela ; il suffisait de maintenir cette ivresse tout en évitant de lui causer des ennuis. Une fois servi, je rangeai mes affaires et, prenant d'une main mon verre et de l'autre la bouteille fraîchement achetée, je me levai en direction de la table de ce grand bavard. Le social n'était pas mon point fort, mais l'occasion était trop belle pour ne pas la saisir. Je soufflai sommairement avant d'arriver au niveau de la table, les mains prises, et j'adoptai mon meilleur visage d'ivrogne.


En posant ce que j'avais en mains, je pris mes aises, obligeant les occupants de la table à me faire une place, tel un beau-parleur très insistant que l'on pouvait rencontrer dans ce genre de lieu. Je récupérai une chaise non occupée d'une table proche et l'insérai entre celles des autres convives. Un bref regard et un sourire lancés à l'assemblée, puis je me tournai vers mon objectif.


La compassion était une arme efficace. Associée à une situation propice à la confession, elle devenait un cocktail redoutable pour faire parler les âmes non averties. Un classique, mais souvent suffisant. Je pris la bouteille que j'avais apportée, la débouchai et servis un verre vide au pilote avant de me servir à mon tour. Je ne laissai aucun répit à la conversation ; je devais gagner ma place à cette table.


Trinquant son verre fraîchement rempli et encore posé, je pris une gorgée de la boisson. L'introduction était faite. Restait à jouer le rôle de la vedette martyre, en l'alcoolisant suffisamment pour obtenir plus d'informations, ou peut-être pour les lui soutirer plus tard. Tout dépendait de maintenir la conversation jusqu'à obtenir ce que je voulais ou trouver une issue qui ne m'attirerait pas d'ennuis. J'avais également en tête qu'il comptait envoyer ses collègues vers ma cible. Cela pouvait être soit intéressant pour ma fuite, soit dangereux. Tout dépendait du timing concernant ce paramètre. Ce qui était certain, c'est que mon Sith n'allait pas se faire des amis en voulant épouser une matriarche, et je ne pouvais que tirer profit de la situation.

Il y avait toujours quelqu'un pour ruiner une bonne soirée, et j'avais oublié que les Sith avaient tendance à se vexer s'ils n'étaient pas conviés. Je dois l'admettre, l'arrivée de cette nouvelle tête venait de gâcher mes plans et mettait mon improvisation à l'épreuve. Si l'ivrogne aurait été plus bavard, c'est avec plaisir que j'aurai trouvé une issue rapide, jouant peut être sur la même position que le sith pour m'en tirer. Malheureusement, le pilote ne m'avait pas donné plus d'informations que ce que j'avais pu entendre, et il fallait désormais gérer le cas d'un sensitif. Je me trouvais dans une situation délicate où je ne pouvais pas laisser mourir mon informateur malgré lui, ni risquer ma couverture. Je ne pouvais non plus prétendre à un quelconque soutien externe ; j'étais en territoire ennemi, et de toute manière, je serais mort avant d'avoir pu essayer quoi que ce soit. Non, clairement, ce n'était pas Nar Shaddaa ; un tir de blaster n'allait pas résoudre mes ennuis, au contraire. Et même si j'avais réussi à neutraliser le Sith, il était probable que je me retrouve avec un tas d'autres problèmes, à commencer par les occupants de l'établissement. Je devais réfléchir vite, très vite.

Sur un réflexe aussi idiot qu'éventuellement salvateur, je me levai de ma chaise et me positionnai devant le nouveau venu. Dans ce genre de situation, j'avais l'habitude de sortir instinctivement mon blaster et de tirer sur la personne en face. Mais pour une fois, je ne fis rien de tel. Au contraire, je ne perdis pas de temps et me mis à genoux devant le sensitif. Du plus profond de mon être, je tentai de cacher mon dégoût et gardai la tête baissée pour le dissimuler. Contenir une soif meurtrière est toujours une expérience particulière mais devant un tel adversaire dans une telle situation, il fallait qu'au fond, le Bourreau se taise.

Maintenant que je me trouvais dans cette position pathétique, il ne me restait plus qu'à flatter l'ego du sensitif et espérer qu'il fasse partie de ces nombreux crétins qui abusent de leur personne. Si tel était le cas, j'avais une chance de m'en tirer avec le pilote et de poursuivre mon plan, quitte à sacrifier une partie voire l'intégralité de ma cargaison pour acheter complètement l'individu devant moi. Je pris la parole, fixant toujours le sol, calmement.


Je détestais ce genre de posture, clairement. La soumission avait été une épreuve durant ma jeunesse que je m'étais promis de ne plus subir. Mais j'espérais que dans cette situation, cela épargnerait toutes les vies en jeu. Une chose était sûre : une fois sortie de ce pétrin, il faudrait revoir mon approche en matière de discrétion. Et il me fallait obtenir ces informations, quoi qu'il en coûte. Je restai immobile, face au sol, attendant le sort que me réservait le sith.

Ce fut une expérience étrange, se retrouver involontairement projeté en arrière de quelques mètres sous l'emprise de la Force. Un moment perturbant, suffisamment pour me faire perdre pied un instant. Cependant, rien de grave au point de m'empêcher de reprendre rapidement mes esprits. Je contemplai avec anxiété la situation qui se détériorait à chaque seconde, observant le chaos grandissant. De nombreuses pensées tournoyaient dans mon esprit, en premier lieu cette culpabilité envers l'individu qui n'avait pas saisi que j'essayais de le sauver, trop ivre pour cela. Un regret m'envahissait, celui de ne pas avoir pu obtenir plus d'informations de manière plus pacifique. Mais était-ce une erreur de se laisser aller dans un bar sans se maîtriser ? Clairement, oui.

La situation se détériorant rapidement, je compris qu'il était temps de partir au plus vite. Il était difficile de dire si un tel chaos se serait produit sans ma présence. Peut-être avais-je simplement ajouté de l'huile sur le feu en intervenant. Dans son ivresse, mon informateur évoquait une piste à suivre, un ultime geste avant de se retrouver à quelques centimètres du sol, étouffant. Sneeve se trouvait relativement proche de ma position, offrant une issue raisonnable compte tenu des circonstances. Ayant déjà semé assez de désordre dans les parages, et ne voyant pas d'autres alternatives immédiates, je profitai du chaos ambiant pour prendre la fuite, laissant le Sith et le pilote régler leurs différends. La zone se remplissait progressivement d'autorités, alors pour les éviter, je fis profil bas, les mains dans les poches et la tête baissée. Je m'efforçai de paraître ordinaire, conscient que courir attirerait naturellement l'attention sur moi. Traversant les ruelles et le spatioport, je fus reconnaissant de passer sans encombre.

Une fois près du Geheb, je jetai un dernier regard derrière moi pour m'assurer que ma fuite était assurée. J'entrai à l'intérieur, me dirigeant rapidement vers le poste de pilotage. Décollant promptement, je préparai au plus vite l'hypernavigation vers Sneeve, veillant à maintenir des manœuvres discrètes afin de quitter la planète sans être remarqué. Une fois les préparatifs achevés et en orbite, je déclenchai le saut vers ma prochaine destination. M'affalant dans mon siège, je soufflai un grand coup pour évacuer tout le stress accumulé depuis l'arrivée du Sith. Enfin, j'avais un moment de répit, bien que l'urgence d'atteindre Sneeve me pressait toujours.

Profitant du trajet, je pris un moment pour me reposer, rassembler mes pensées et réfléchir à la suite des événements. Cette première confrontation avec un Sith depuis longtemps devait me servir de leçon. Même un individu aussi stupide que lui était tout à fait capable de me causer des ennuis. Il en allait de même pour les interactions avec les habitants locaux, à ne pas prendre à la légère, car ils pouvaient être tout aussi redoutables. Pour être honnête, j'avais initialement envisagé d'éliminer ces deux problèmes sur-le-champ, surtout le sensitif. Je pense qu'avec lui hors du chemin, j'aurais eu plus de chances d'obtenir ce que je voulais, comme je l'avais imaginé au comptoir. Ce retour dans le métier mettait clairement en lumière mes lacunes sur de nombreux aspects, et je devais rester concentré sur la suite. Je profitai du temps du voyage pour souffler et me préparer à toutes les éventualités.

Un signal sonore retentit plus tard, m'informant de mon arrivée imminente. Reprenant mes esprits et les commandes, mon premier réflexe en quittant l’hyperespace fut d’activer le camouflage, puis de prendre mes distances par rapport à mon point de sortie. Vu la tournure de ma mission, je commençai immédiatement à scanner les environs à la recherche de pistes et de toute autre information que je devrais garder à l'œil.

Il y avait manifestement une forte activité sur Sneeve. A commencer par un vol de marchandise perpétré par un Sith. Malheureusement banal à première vue, je m'apprêtais à passer outre avant d’apprendre que le marchand avait avec lui des vêtements de cérémonies, de mariage pour être plus précis. Un sourire en coin, je saluai l’ivrogne du bar qui visiblement m’avait donné une information correcte, tout du moins la coïncidence fonctionnait parfaitement avec ma cible. Je me devais donc de creuser cette piste et sans attirer les autorités cette fois-ci. Avec les troubles s’étant déroulés sur Charros, il y avait une certaine probabilité que les forces de l’ordre arrivent à remonter quelques traces si elles souhaitaient tirer au clair tout ce qu’il y avait pu se passer entre ce pilote et le Sith.

Toujours en orbite et me maintenant invisible, je pesais les options pour la suite de mon opération. Plusieurs idées me traversaient l'esprit, mais la plus simple consistait à communiquer ma position et à espérer que ma cible soit celle qui me répondrait. Cette approche était pragmatique, mais assez risquée pour que je ne m'y attarde pas. Une autre option, plus subtile, commençait à prendre forme dans mon esprit : entrer en contact avec l'antenne clandestine locale d'Apex et explorer comment je pourrais l'utiliser pour attirer le Sith. Sachant où trouver quelques représentants du groupe, et ne voyant aucune autre alternative réalisable à ce stade sans risquer de perdre trop de temps, je mis le cap vers ce que je savais être une planque d'Apex, tout en restant camouflé par le dispositif de mon vaisseau. Bien sûr, j'aurais pu tenter d'initier la communication depuis l'orbite, mais je préférais toujours avoir mon interlocuteur en face de moi, m'assurer de son identité et vérifier que la planque était toujours active.

Le voyage fut bref et sans encombre, bénéficiant grandement de ma capacité à me dissimuler efficacement. C'était indéniablement un avantage que je prendrais en compte à l'avenir, aussi bien pour mes propres desseins que pour équiper mes vaisseaux. Après avoir stationné mon engin à proximité de ce que je soupçonnais être l'entrée de l'antenne, je continuai à pied. L'endroit se révélait à la fois sobre et discret, niché dans les replis d'une montagne et éloigné de toute civilisation. Entrer dans ce repaire était relativement aisé lorsque l'on était porteur d'un ordre de mission directement émanant du plus haut échelon de sa faction.

Je ne suis généralement pas friand des passe-droits, mais dans ce cas précis, il était agréable de voir certaines portes s'ouvrir ainsi. Après avoir expressément demandé à parler directement au responsable des lieux, j'ai été escorté par deux gardes jusqu'à une pièce bien gardée, où l'on m'a prié d'attendre quelques instants. Il était compréhensible qu'il y ait une certaine méfiance à mon égard ; c'était la première fois qu'ils me voyaient dans les parages, d'autant plus sous les ordres directs de Raynar. En face de moi, une table basique avec deux chaises peu confortables. Je pris place sur l'une d'entre elles et attendis mon sort, plongé dans un silence où seul le souffle de l'air circulant se faisait entendre.


Je fis une brève pause, laissant mes pensées se diriger vers la meilleure proposition financière que je pourrais lui offrir en échange de son aide. Bien sûr, j'avais accumulé un certain pécule au fil de mes années de chasse, mais une partie de cet argent était réservée à mes propres projets, notamment l'acquisition d'un vaisseau personnel et d'équipements plus adaptés à mes besoins professionnels. Bien que Zarseen n'ait pas fixé de prime spécifique, il était peu probable qu'elle me fournisse une autre cible pour l'avenir comme seule récompense. Pour l'instant, il était temps de jouer le jeu et de se préparer à investir mes propres fonds si nécessaire, tout en gardant un œil sur le potentiel bluff.


Tout était évidemment négociable et j’étais ouvert à plus malin pour choper ces deux sensitifs, après tout ils connaissaient mieux le terrain que moi. Je croisai les bras, en attendant son verdict.

Il était inhabituel et pourtant agréable de rencontrer une personne amicale après mes premières heures sur le terrain du Consortium. Cette collègue augmentée, clairement marquée par les circonstances qui l'avaient conduite à sa cybernétique, éveillait en moi une résonance particulière. Après tout, j'avais moi-même perdu une grande partie de mon corps de manière tragique. Sa haine envers les sensitifs semblait plus justifiée que la mienne, et je ne pouvais m'empêcher de la comprendre. Cette haine me procurait également un avantage financier, ce que je ne pouvais ignorer. Je répondis donc favorablement à la requête de la chef des lieux, acquiesçant d'un léger hochement de tête, un sourire aux lèvres. Si l'occasion se présentait, je n'hésiterais pas à infliger quelques souffrances à mes cibles. Après tout, je voyais mal comment je pourrais m'en occuper sans violence, surtout avec mes ressources actuelles. Et compte tenu de tout ce qu'ils avaient fait endurer aux innocents, même au cours des dernières heures, ils méritaient amplement ce châtiment. Zarseen les réclamait vivants et en un seul morceau, le reste était soumis à interprétation, non ?

Ma première demande fut acceptée sans difficulté, la mise en place d'une identité de marchand crédible pour le système. Une formalité, semblait-il. La cheffe suggéra ensuite de fournir un soutien logistique pour obtenir une cargaison digne de ce nom. Je pris note de cette proposition et la remerciai d'un signe de tête, cela serait un parfait complément à ce que j'avais déjà acheté avant de quitter l'espace apexien. Il m'arrivait parfois d'oublier que je collaborais avec des criminels professionnels, bien loin des amateurs que l'on croisait souvent dans les bas-fonds des mondes. La remarque sur mon apparence, bien que légitime, me fit esquisser un bref sourire. J'avais déjà dû changer de look lors plusieurs chasses, mais jamais pour celui d'un marchand élégant. Le contraste avec ma propre aversion pour l'opulence rendait la situation presque comique. Heureusement, je savais que je devrais garder mon sang-froid face aux sensitifs pour paraître crédible.

Je pris donc note de parcourir attentivement l'inventaire disponible pour trouver des vêtements adaptés à mon nouveau rôle, tant que je pouvais dissimuler mon blaster pour conserver une assurance en cas de problème. La séance d'essayage devrait attendre, je voulais profiter des connaissances que mon hôte semblait prête à partager, sachant que j'en aurais besoin. Boss m'avait fourni quelques informations avant mon départ, juste assez pour commencer la traque mais pas assez pour la conclure. De nombreuses questions tournoyaient dans ma tête, mais pour l'instant, je devais me concentrer sur l'essentiel.


Je ne pouvais que spéculer sur la taille probable de l'engin, assez imposant pour échapper à une patrouille et probablement bien armé pour intimider, voire poursuivre, un marchand sans difficulté. En somme, je n'avais aucune certitude, et l'approche serait bien différente selon qu'il s'agisse d'un Phakth, d'un Neru ou pire, plus gros.... S'il s'avérait être d'une taille humaine, l'idée de s'en emparer pourrait presque sembler divertissante. Aussi, il aurait été intéressant de découvrir où les amants envisageaient de célébrer leur union, afin de pouvoir anticiper leurs mouvements au cas où la cargaison ne les intéresserait finalement pas.

Toutes les options restaient envisageables pour la suite des événements. Ma priorité restait de trouver un moyen de neutraliser l'équipage, plus particulièrement les cibles, et connaître au mieux leur possessions pour protéger mes arrières. Augmenté et armé certes, pas nécessairement prêt à en découdre avec des siths. Une chose était déjà certaine : tout travail mérite rémunération. Si cette cheffe considérait mon travail comme la seule compensation, je gardais en mémoire ma dette envers ce groupe.

Je prêtais une attention particulière aux derniers développements. Une corvette. La situation aurait pu être pire, mais déjà bien trop délicate pour l'unique force que je représentais. Je ne voulais pas mettre en danger la cellule d'Apex. La dissimulation d'un contingent entier me semblait plus cruciale que ma propre mission, même aux yeux de la Boss. Pourtant, quelles autres solutions viables s'offraient à moi ? À quoi pouvais-je m'attendre, surtout lorsque la cheffe semblait insister pour offrir son aide de manière plus proactive ? Je pris le temps de réfléchir, assimilant toutes les informations à ma disposition. Puis, je relevai les yeux pour rencontrer le regard de ma consœur, redressant légèrement ma posture autour de la table, mes idées commençant à se former pour esquisser une stratégie collaborative.


Je déplaçai le datapad, qui reposait à côté de la cheffe des lieux, vers le centre du bureau. En activant le mode dessin, je commençai à représenter par un schéma tout ce que j'avais l'intention de présenter à la cyborg.


Je m'adossai à cette chaise inconfortable, les bras croisés, redressant la tête vers la patronne de la cellule. Bien sûr, il y avait des failles, mais rien que nos deux esprits ne pourraient régler avant de se lancer. J'étais confiant. Pour la suite, je me contentai d'énumérer des idées pour gérer la Malak et son équipage, qui restaient le point crucial à négocier. Elle serait une source majeure de problèmes si nous ne prenions pas le temps de la neutraliser.


Une précision importante devait être apportée concernant ce qui allait se passer une fois que la matriarche et le Sith seraient maîtrisés. Cet état ne durerait pas indéfiniment, encore moins pendant le voyage vers l'APEX. Mon transport n'était pas équipé de cellules ou d'un autre moyen de confinement, et je ne pouvais guère imaginer qu'ils resteraient sagement en attendant leur sentence.


Bien sûr, je m'attendais à des suggestions de sa part. Après tout, elle connaissait le coin, les compétences de son groupe et son équipement mieux que quiconque. Pour ma part, je devais me contenter de ce qu'elle me donnait, de ce que je savais. Ce qui me préoccupait le plus dans cette idée, c'était le risque pour la vie de mes camarades apexiens. Je ne remettais pas en question leurs capacités, bien au contraire, mais je considérais chaque individu comme important. Les envoyer à la mort n'était pas une option envisageable pour moi. J'étais un mercenaire, un criminel, pas un général de guerre. Les droïdes étaient bons pour être envoyés au casse-pipe, pas les organiques, du moins pas tous.


L'idée de dissimuler un poison dans les mets et les boissons représentait une alternative plus subtile mais potentiellement tout aussi efficace si elle était bien orchestrée. J'anticipais le fait que les sensitifs étaient souvent paranoïaques et qu'ils feraient goûter tout ce qui leur serait proposé en amont. C'est là que l'anti-poison entrerait en jeu, nous assurant une certaine sécurité. Cependant, une faille majeure de ce plan B résidait dans le fait qu'un de leurs acolytes pourrait agir comme goûteur. Mais toutes ces considérations devaient encore être examinées de près, et je souhaitais d'abord obtenir des avis sur le plan A.

Il n'y avait donc pas de plan B, mais c'était un pari que la cellule disposait d'un poison de ce genre, une hypothèse qu'il fallait explorer pour en être certain. J'ai écouté attentivement chacun de ses commentaires sur le premier jet de mon plan A, reconnaissant totalement ses doutes quant à sa faisabilité. Le mettant donc de côté pour une révision ultérieure, je me suis penché sur ce qui allait se passer à bord de la corvette.


Manifestement, c'était le plan qui, depuis le départ, avait le plus de chances de se réaliser, même Raynar l'avait sous-entendu ! Ce qui me retenait légèrement, c'était l'idée de me retrouver dans un espace clos avec des fanatiques, accompagné d'un contingent dont je ne connaissais rien. Aborder un vaisseau de guerre sans être entouré et sans connaître les capacités de chacun était une expérience délicate à gérer avec précaution.


Je considérais le sabotage sur place à la fois plus intéressant et plus dangereux. Endommager chirurgicalement des composants et des systèmes pour garantir qu'ils seraient hors-service au moment voulu semblait plus simple. Cependant, le défi résidait dans le fait de réussir cette opération sans être repéré, et bien sûr, dans le fait que nous serions les premiers suspects une fois que tout commencerait à dysfonctionner. Il était crucial de choisir avec soin ce que nous voulions compromettre, en optant pour des pannes plausibles afin de rester discrets. La question était de savoir comment approcher les différents systèmes critiques d'un vaisseau de guerre sans éveiller les soupçons.


Ces corvettes étaient toutes relativement similaires, avec quelques variations selon les configurations des propriétaires. J'étais convaincu de pouvoir trouver dans les données de la cellule un plan détaillé de l'intérieur du vaisseau pour rafraîchir ma mémoire pendant le voyage, donc je ne m'attardais pas sur ce détail. En revanche, quitter la corvette était un point à discuter, avant même d'aborder l'aspect crucial. Il était bien beau de vouloir maîtriser un Sith et une matriarche, et naturellement en discuter serait judicieux avant. Mais si notre véritable identité était découverte avant même de les rencontrer, je préférais régler la question de la fuite en premier lieu.


L'idée avait le mérite de vouloir éviter à la fois des pertes en orbite mais aussi sur la planète. Ce n'aurait pas été judicieux de rejoindre directement la cellule après avoir réussi à quitter la Malak. J'ai également veillé à avoir quelques bras supplémentaires pour surveiller et contenir deux sensibles à la Force, capables de bien des surprises. Bien sûr, si la cheffe des lieux voyait les choses différemment pour ses hommes, j'ajusterai le plan selon ses conditions. Cependant, même si le plan C était validé avec quelques ajustements, il restait à peaufiner le plan A et surtout à aborder la question de l'affrontement entre les deux sensitifs. Car pour l'heure, il aurait été suicidaire d'engager un combat au corps à corps contre les deux sans avoir une police d'assurance en place.

Tout prenait forme de manière satisfaisante, c’est du moins ce que que nos regards laissaient comprendre avant le verbal. La ligne directrice était établie, et les détails seraient gérés au fur et à mesure, car prévoir chaque petit détail était à la fois impossible et chronophage. Le temps s'écoulait rapidement, et je ne voulais pas voir les amants quitter l'orbite sans les avoir attrapés. Nous devions encore préparer notre couverture sur le réseau d'informations, le matériel et l'équipe, ce qui prendrait également du temps. Après réflexion, le plan A devenait le plan de secours, tandis que le plan C devenait le principal. C'était un risque de ne pas planifier plus en détail ce qui pourrait se dérouler au sol, mais j'étais prêt à en assumer les conséquences, sachant que nous avions déjà discuté de cela et que j'avais quelques atouts pour réfléchir plus précisément à une manœuvre, au cas où.

Nous avions donc un équipage de cinq personnes, dont je faisais partie, se faisant passer pour des marchands ayant l'intention de vendre une cargaison à deux sensitifs... La première manœuvre à prévoir était d'éviter de se faire tirer dessus. Le sith semblait avoir la gâchette facile, comme en témoignait le sort déjà subi par un "confrère". Il était probable que gagner les faveurs de sa compagne pourrait nous épargner ce sort, tout comme être plus que raisonnable dans nos prix et flatteurs dans nos échanges.

La cheffe des lieux a ajouté un point particulièrement intéressant. Ce gaz incapacitant serait parfait sous forme de parfum. J'imaginais parfaitement l'hapienne tomber dans le panneau, bien que le Sith pourrait être plus méfiant ou non-intéressé. Mais après tout, s'il était déjà prêt à risquer gros à voler sa matriarche à Apex, probablement qu'il était suffisamment sous le charme de la dame pour faire ce que bon lui semblait, telle une marionnette. Quoi qu'il en soit, c'était une autre carte à jouer dans notre jeu. Cette cellule regorgeait vraiment de bonnes surprises. C'était surprenant tout ce qu'on pouvait dissimuler sous les yeux de l'ennemi. Maintenant, il fallait le mélanger à un véritable parfum ou lui donner une odeur envoûtante pour les inciter à s'en asperger, tout en évitant d'en inhaler nous-mêmes. J'étais curieux de connaître la quantité de gaz dont disposaient mes nouveaux alliés. Imaginer la possibilité d'incapaciter une partie ou la totalité de l'équipage en les confinant quelque part était intrigant. C'était un point supplémentaire à approfondir lors des préparatifs avec l'équipe.

Acquiesçant à cette dernière proposition d'un sourire et d'un hochement de tête, je jugeai qu'il était temps de passer aux préparatifs. Le temps filait à toute allure, et chaque minute passée à discuter de nos stratégies représentait un risque supplémentaire de laisser filer notre cible. Avec un geste, je poussai le datapad vers sa propriétaire avant de me lever. Après avoir replacé la chaise sous la table, je croisai le regard de ma complice.


Debout face à la cyborg, j'attendais la suite des événements. Soit elle avait des points à ajouter, soit j'étais prêt à la suivre dans les profondeurs de sa base pour préparer la mission. Cette situation avait quelque chose d'intéressant. Je dois l'admettre, j'appréciais le travail d'équipe, surtout lorsque mes coéquipiers étaient talentueux. J'étais indéniablement satisfait de la tournure des événements. Je me sentais moins exposé, et les stratégies envisagées étaient dignes de professionnels. Cependant, tout restait à concrétiser. Il était impératif de maintenir notre concentration jusqu'à la fin, c'est-à-dire leur élimination par les mains de notre Patronne. Malgré tout, j'étais confiant quant à la suite des opérations.

Je pris volontiers la boisson et la nourriture offertes, signe de ma volonté de m'intégrer au groupe. En tant qu'étranger dont seule la recommandation de Zarseen attestait l'appartenance à la même faction, il était logique que je cherche à me faire accepter. Je choisis de rester près du groupe pour en apprendre davantage sur ses membres et commencer à recueillir des informations cruciales sur la corvette. Mes compétences en piratage et mes implants étaient loin d'être suffisants pour comprendre tout ce qu'ils pourraient me révéler, mais je leur faisais confiance. S'ils étaient parvenus jusqu'ici sans être découverts, c'était probablement parce qu'ils étaient capables de naviguer dans le système avec aisance. Et je n'allais pas être déçu de leur premières trouvailles…

Une épave volante ! C'est ce que j'ai pensé lorsque les gars m'ont décrit les avaries et m'ont montré le journal de maintenance. Le mécanicien amateur en moi criait, mais le mercenaire riait. Le manque de soin du propriétaire nous offrait un terrain de jeu idéal ! Après tout, le sith n'était qu'un propriétaire lambda, certainement convaincu par le marketing du constructeur quant à la qualité presque parfaite de son vaisseau. Ajoutez à cela l'arrogance naturelle du Consortium... Nous avions toutes les cartes en main pour infiltrer le vaisseau, neutraliser l'équipage, les occuper, voire les éliminer. Cela pourrait également faciliter notre fuite, en perturbant le système de ciblage de l'armement ou en causant des problèmes de navigation... C'était une chance inespérée, de vraies bonnes nouvelles ! Je demandai aux hackers de travailler sur le contrôle des portes, de tromper le système avec de fausses alertes incendie et de rendre le système de ciblage de l'armement capricieux. Ce serait un bon début. Si les résultats étaient concluants, nous envisagerions la suite. J'ai tapoté l'épaule d'un des hackers pour le féliciter du travail accompli, puis je me suis plongé dans l'étude de leurs découvertes.

Je me dirigeai ensuite vers l’équipe chargée de m’accompagner. De bonnes carrures montrant une belle expérience du terrain. Mais peu m'importai d'où ils venaient et ce qu'ils avaient pu faire auparavant, si on me les présentait, certainement que la cheffe les avaient sélectionné comme étant les meilleurs éléments pour me suivre à bord de la corvette. Je les saluai en tant que collègue et me positionnai proche d’eux afin de leur faire comprendre que même si j’étais à l’initiative de l’opération, il n’était pas question de les prendre de haut ou m’inclure de force comme le petit chef. S’ils devaient répondre de quelqu’un, c’était la patronne des lieux. Je n’étais qu’un mercenaire de plus qu’elle aurait très bien pu embaucher pour ce job. Je les saluai donc un par un puis décidai d'aller droit au but concernant mes attentes.


J'ai conclu sur un ton sarcastique, mais il y avait une pointe de sérieux dans l'idée. Je ne remettais pas en question leurs compétences, mais je m'assurais qu'au moins l'un d'entre eux soit capable de m'assister lors de la confrontation nécessaire avant de maîtriser nos cibles. Si la composition de l'équipe posait problème sur ce point, il était inutile de poursuivre la discussion sur les détails des missions individuelles, la coordination avec l'équipe de guerre électronique, l'inventaire à embarquer et enfin les déguisements.

J'appréciais le groupe que je rencontrais, à la fois charismatiques et professionnels. Dans ce métier, il était crucial de cerner rapidement les personnes avec lesquelles on travaillait, et pour cette occasion, je sentais que ces mercenaires étaient compétents - une première pour moi depuis des années. Je répondais d'un discret hochement de tête à celui qui s'était désigné pour m'accompagner à la rencontre des sensitifs. Pour couronner le tout, il disposait d'armes de corps à corps. Si la sécurité à bord était sommaire, inexistante ou peu vigilante, cela nous donnait un léger avantage en cas d'altercation en milieu confiné. Cela ne lui donnerait aucun avantage contre un sabre laser, mais j'avais une confiance totale dans les compétences du mercenaire pour éviter une telle extrémité. Le reste de l'équipe était prête de sorte à réaliser des sabotages et préparer la fuite lorsque le moment viendrait. De ce côté-là, tout était prêt.

Pendant ce temps, je m'étonnais de voir une jeune femme tourner autour de moi avec de quoi prendre mes mesures. Je savais où elle allait en venir, et c'était de loin la partie du plan qui m'amusait le moins. Jouer un rôle était monnaie courante dans notre milieu, mais il était rare de jouer un marchand avec un goût particulier pour le luxe et les accoutrements de marque. Je la laissais faire, bien plus experte que moi sur les choix à réaliser pour sembler soigné auprès des cibles. L'attirail avec lequel elle revenait ne me plaisait guère, drastiquement différent des vêtements que je pouvais habituellement porter, mais après tout, si c'était un moyen supplémentaire de gagner en crédibilité auprès des sensitifs... Le point positif était que tout semblait être sur mesure et dissimulait convenablement mon holster. Une deuxième case était cochée.

J'apprenais qu'en parallèle, l'inventaire du Geheb était revu afin de nous fournir davantage d'arguments nous permettant d'être des marchands à la fois crédibles et surtout intéressants. Je m'assurais que le gaz sous forme de parfum était intégré à la cargaison. Le plan entier ne reposait pas dessus, mais il représentait un atout à ne certainement pas oublier. Enfin, je félicitais l'équipe au sol pour leur formidable travail dans le système de la corvette. Bref, en un clin d'œil, toute la cellule s'était organisée méthodiquement pour que tout soit prêt en un temps record. C'était ça, travailler ensemble : avoir une équipe compétente et un chef d'orchestre particulièrement efficace. Un sentiment plaisant que j'enviais en un sens, car le travail en solitaire pouvait parfois être pénible. Cela me motivait davantage à prouver mes compétences auprès du Triumvirat, dans l'espoir peut-être de diriger un tel endroit un jour, ou tout du moins de faire partie de quelque chose de plus grand.

Une fois que tous les préparatifs étaient achevés, je donnais le signal du départ. L'équipage embarquait, l'équipe de guerre électronique était prête, et j'adressais un dernier salut à la cheffe des lieux, la remerciant chaleureusement pour son soutien et lui promettant de ramener son équipe saine et sauve. Après avoir vérifié la présence de chacun à bord et quelques détails supplémentaires, je prenais les commandes du cargo et décollais en direction de l'orbite, en activant le camouflage pour nous éloigner discrètement de notre point de départ. Une fois en sécurité dans l'espace, je désactivais le camouflage pour éviter tout soupçon. J'avais pris le temps de souligner que si la mission était cruciale, la sécurité de chacun, ici et au sol, était primordiale. J'avais assuré à tous que nous partirions ensemble et j'avais une confiance totale en chacun pour la suite des événements. Après avoir brièvement vérifié l'équipement, les communications et l'inventaire, j'avais ouvert le canal de communication pour signaler notre position à la Malak, attendant une réponse à notre appel.

Dans un dernier soupir, les yeux clos et les poings serrés, je me suis accordé un moment de recueillement en entendant l'équipage sommer le Geheb de rester immobile. J'ai acquiescé naturellement et j'ai pris les mesures nécessaires afin de calmer mes interlocuteurs et garantir la sécurité de mon nouvel équipage. Le point positif était qu'ils avaient mordu à l'hameçon, sans trop se poser de questions sur notre identité. C'était un premier succès que nous allions célébrer en levant nos verres à l'équipe au sol une fois l'opération terminée.

L'inspection qui s'ensuivit était d'un amateurisme particulier, ressemblant davantage à une posture ridicule. Difficile de leur en vouloir pour autant, car leur patron les menait ainsi et, après tout, cela nous arrangeait bien. Au moins, la cargaison avait été préservée d'une éventuelle maladresse ; il aurait été catastrophique que le gaz se répande dans le Geheb... Ils avaient bien d'autres soucis à gérer, notamment l'état lamentable du vaisseau. Nos informations étaient fiables : c'était une véritable épave. Ces hommes devaient être sous pression, entre leur chef exigeant et les avaries de la corvette. Si les capsules de sauvetage étaient dans le même état, ils travaillaient dans leur cercueil. Au fond, j'avais de la compassion pour eux ; ils étaient probablement de bonnes personnes, juste nées au mauvais endroit et au mauvais moment.

Tous ces problèmes m'avaient donné une idée. Il était difficile d'imaginer la réaction du sith si je lui avais proposé les "services" de "mon" équipage pour aider à l'effort de réparation. Pour l'instant, cette idée semblait risquée, étant donné les suppositions que nous avions faites sur son caractère, confirmées par les échos de l'équipe. Cependant, cela aurait pu légitimer une certaine liberté pour les hommes m'accompagnant à bord. C'était une idée que je gardais en réserve, au cas où je percevais un peu d'ouverture d'esprit chez cet individu. Après tout, dit-on, l'espoir est un moteur puissant.

Enfin, nous étions en route vers la première cible, enfin j'allais mettre un visage sur celui qui générait tant de problèmes sur son passage, et mon ticket pour un peu d'estime auprès du Triumvirat. Après quelques couloirs et avaries, nous étions amenés dans une pièce où le sith se trouvait enfin le face à face. Notre échantillon d'inventaire derrière mon associé de fortune, qui se tenait à ma droite, et moi, je m'inclinai devant le sith pour témoigner de mon "respect" envers sa personne. L'heure était venue de jouer au plus grand lèche-bottes de la galaxie, de dissimuler ma haine envers les sensitifs, de revêtir mon meilleur sourire et de tolérer tout ce que voulait le sith, que cela corresponde à nos intérêts ou non. L'important était qu'il soit davantage pris au piège. C'était ce dont nous avions besoin.


Je me suis écarté délicatement et j'ai fait signe au sensitif de se diriger vers l'échantillon de notre inventaire. En observant la scène, je me suis rappelé ma dernière altercation avec un sith, sur Charros. Nous avions beaucoup spéculé sur le caractère du maître de la Malak : arrogant, expéditif. Il restait désormais à vérifier tout cela et à voir comment le plan s'adapterait à l'excentricité du personnage.

Rester professionnel, aimable, courtois, et pour l'occasion, soumis. Cette phrase résonnait régulièrement dans mon esprit, soulignant l'importance de dissimuler nos véritables intentions à l'ennemi. Si le sith était déjà à la hauteur de sa réputation, sa compagne n'était pas en reste en matière de caractère. Deux individus des plus exécrables, cochant toutes les cases de ma liste de souhaits pour la disparition des sensitifs. Je dois admettre que plus je restais ici, plus il était difficile de contenir mes pulsions meurtrières, et pourtant, nous venions à peine d'arriver. Mais ce n'était ni le moment ni le lieu pour laisser libre cours à mes instincts. Heureusement, mon acolyte prit l'initiative de présenter nos articles au maître des lieux, me laissant ainsi un répit momentané.

De retour après avoir présenté l'un de nos articles, mes yeux tombèrent sur la caisse renfermant notre première arme pour contrer les sensitifs : le parfum modifié. Était-il trop tôt pour envisager son utilisation ? Peut-être pas. Après tout, les deux amants semblaient jouer avec nous, et il était fort probable que cette mise en scène se transforme en une tentative d'exécution sommaire pour s'emparer de nos marchandises sans les acheter. Une situation similaire avait presque coûté la vie à un "confrère" dans ce même système peu de temps auparavant. Mais même si les choses tournaient mal, nous étions prêts à riposter.

Faisant semblant de rechercher le prochain article à présenter à nos hôtes, je scrutais discrètement les environs, cherchant à minimiser les risques d'incident. Une idée germa dans mon esprit : utiliser la matriarche pour atteindre nos objectifs. Nous pourrions lui présenter des bijoux somptueux, aussi brillants que chers, et lui proposer un parfum rare et luxueux, venant du même endroit. Ainsi, nous pourrions lui faire croire que nos marchandises étaient d'une qualité exceptionnelle et précieuse. Même si son compagnon ne se montrait pas intéressé par notre "cadeau", sa proximité avec la matriarche jouerait en notre faveur.

Profitant de leur distraction, j'attendais que mon associé revienne avec un article. Je lui fis signe que j'allais apporter le gaz, et je lui indiquai également que j'attendais de lui qu'il prenne un présentoir délicatement exposé avec des colliers, des bagues et d'autres bijoux, parfaitement mis en valeur. C'était bien plus élégant que de les présenter en vrac dans une caisse. Il était temps de montrer aux sensitifs l'ampleur de leurs erreurs. Mon ami était toujours équipé de ses armes de corps à corps, ce qui allait s'avérer utile dans les prochaines minutes. Quant à moi, en plus de mon simple blaster, j'avais mes prothèses militaires et un bouclier cinétique pour absorber temporairement d'éventuels tirs. Ce n'était peut-être pas un équipement d'élite, mais dans les circonstances actuelles, cela devrait suffire à garantir notre survie en cas de problème et de toute manière, l’usage d’armes était à préconiser en dernier recours. Nous avions toujours trois hommes supplémentaires à bord ainsi qu’une équipe de hackeurs au sol.

Enfin, le moment était venu de prendre nos biens et de nous rendre à la rencontre de nos proies, puis de rapidement évaluer si la situation était propice à l'action. Je laissai mon associé prendre les devants avec les bijoux, attirant ainsi l'attention de la dame des lieux, tandis que je me tenais à côté de lui, affichant un regard faussement intimidé.

Nous avions parfaitement ciblé la matriarche ; sans surprise, le luxe l'attirait comme un aimant, et ce que mon acolyte avait apporté captiva immédiatement son attention. L'appât était pris, et il ne restait plus qu'à laisser la gourmandise faire le reste - ce qui ne tarda pas, naturellement. Pas si mal pour des "êtres inférieurs", n'est-ce pas ? Offrant gracieusement mon "poison" à la maîtresse des lieux, je fis ensuite discrètement marche arrière avec mon associé, leur laissant l'espace nécessaire pour découvrir ce que nous leur avions apporté - du moins officiellement. En coulisses, nous savions tous les deux ce qui allait se produire, et il ne nous restait plus qu'à patienter sagement que nos proies commettent une erreur de plus.

Et cela ne tarda pas à se concrétiser. L'hapienne semblait envoûtée par la douce odeur de notre arme et s'en imprégnait avec délice, principalement sur elle-même, et par extension sur le sith qui s'approchait de sa bien-aimée. La dose utilisée était calculée pour que les effets se manifestent rapidement. Associée au fait que la cellule de Sneeve avait temporairement interrompu l'aération de la pièce, le gaz allait peu à peu corroder nos hôtes de l'intérieur, ouvrant la voie à notre action. Un compte à rebours avait débuté, et chaque seconde devait être scrupuleusement respectée. Car plus le poison agissait, plus les sensitifs seraient à notre merci, mais plus nous serions également exposés à cet agent incapacitant. Je commençais à respirer moins profondément car malgré la distance, l'odeur commençait à nous atteindre, bien que dans une quantité suffisamment réduite pour limiter ses effets sur nous. Cependant, toute précaution était de mise, et sortir prématurément le masque que nous avions pris pour cette situation risquait de compromettre l'opération. La patience était le maître mot.

Attendre sans rien faire ? Non. Mon compagnon mercenaire se préparait déjà à neutraliser les gardes de la pièce, une initiative que j'approuvais sans hésitation. À moi de gérer nos cibles, qui seraient moins dangereuses dans leur état actuel. Les sous-estimer et agir impulsivement pourrait se retourner contre nous. Jusqu'ici, le plan se déroulait sans accroc, en grande partie grâce à notre approche méthodique. Il était hors de question de tout compromettre par une pulsion vengeresse.

Pendant que le gaz faisait effet, je reprenais mon rôle de marchand et me tournais vers notre trésor pour choisir le prochain article à présenter à nos acheteurs. Certains pourraient considérer cette étape comme superflue, étant donné le sort que nous réservions à nos hôtes. Cependant, je ne voulais pas me présenter les mains vides. D'une part, cela aurait pu éveiller les soupçons des gardes encore en place jusqu'à ce qu'ils soient neutralisés par mon complice. D'autre part, la situation pouvait dégénérer à tout moment, et je préférais ne pas me retrouver désarmé face à deux sensitifs.

Un bâton de cérémonie ! Voilà qui pourrait se transformer en arme de corps à corps redoutable entre des mains expertes. Bien sûr, il ne résisterait probablement pas longtemps à l'épreuve, risquant de se briser dès le premier choc. Cependant, avec une frappe habile, je pourrais sérieusement désorienter mon adversaire, surtout s'il était déjà sous l'effet du parfum trafiqué. L'objet était richement décoré, orné d'une imposante boule dorée sculptée à son extrémité, lui conférant une aura de puissance ou du moins d'importance pour quiconque le brandirait. Inutile de préciser que mon regard se fixait sur le sith ; après tout, la matriarche avait déjà reçu ses présents...

Je saisis l'objet, le tenant dans mes paumes comme si je m'apprêtais à le présenter au sith. Cependant, mes mains étaient intelligemment positionnées pour me permettre de le saisir fermement et d'administrer un coup décisif avec l'extrémité sculptée. Échangeant un dernier regard complice avec mon complice, je me préparai enfin à agir, tournant mon attention vers les membres du Consortium pour observer comment leur état se détériorait, prêts à passer à l'action lorsque le moment serait venu. Peut-être que le gaz suffirait à les neutraliser temporairement. Après tout, cette opération m'avait appris qu'à certains moments, la subtilité valait mieux que la force brute...

La scène se déroula avec une rapidité fulgurante. Tout commença par la remarque avisée de mon associé aux gardes lorsque la matriarche commença à vaciller. Puis vint le moment où le sith, captivé par ce que je lui présentais, ne prêta aucune attention à son environnement. C'est ainsi que les agents du Consortium commirent leur dernière erreur. En un instant, tous furent assommés, certains par le gaz, d'autres par un coup bien placé. Et quel coup ! La patience, finalement, trouva sa récompense. Je dois avouer que ce moment fut délectable. Depuis mon arrivée sur le territoire sith, cette revanche avait été mon seul désir, une pensée particulière pour le malheureux pilote de Charros qui n'avait jamais eu l'opportunité de se venger.

Une fois le danger écarté, mon premier réflexe fut de saisir le masque de respiration. C'était un miracle que l'aérosol n'ait eu aucun effet sur mon complice et moi jusqu'à présent. Cependant, nous n'avions pas le temps de souffler. Deux nouveaux compteurs s'enclenchèrent immédiatement. Le premier concernait la durée d'effet du gaz sur nos cibles, le second, le moment où l'équipage remarquerait l'absence de communication de leurs supérieurs. Nous devions agir rapidement et efficacement, sachant que le cargo n'était pas à proximité immédiate. Plusieurs couloirs devaient être traversés avant d'y parvenir. Je pris la fiole de parfum contenant encore un peu de gaz et la gardai sur moi, sachant que j'avais encore des plans pour cet atout.

Après m'être assuré de l'état de mon associé, je communiquai notre situation : nous étions sains et saufs, nos cibles étaient endormies et aucune alarme n'avait été déclenchée. Ensuite, je demandai que la ventilation de la pièce soit activée. Bien que cela ne suffise pas à disperser complètement le gaz dans toute la corvette, cela pourrait éventuellement sonner quelques membres de l'équipage, ce qui réduirait le nombre d'individus à gérer.

Je suggérai alors au mercenaire que nous échangions nos tenues avec celles des gardes inconscients. Leurs uniformes semblaient être à peu près de notre taille, et même s'ils ne nous iraient pas parfaitement, il serait plus facile de se déplacer dans les couloirs du vaisseau de guerre en portant des treillis d'équipage plutôt que des tenues de marchand, qui attireraient trop l'attention. De plus, étant donné le fort roulement de personnel chez les maîtres des lieux, il était possible que les gardes nous prennent pour de nouveaux arrivants. Dans le pire des cas, nous restions armés.

Nos anciennes tenues serviraient également. Transporter deux sensitifs inconscients était à la fois laborieux et risqué en termes de discrétion. Les proportions de la matriarche et du sith étaient bien différentes des nôtres, et nos caisses de chargement ne pouvaient pas les contenir. Cependant, nous pourrions les faire passer pour les marchands décédés, dissimulés sous des draps luxueux de l’inventaire, qui auraient trop contrarié les seigneurs. Cette histoire était plausible, tout comme le fait de laisser les amants dans la pièce tranquilles pour éviter que des gardes curieux ne découvrent la vérité sur ce qui s'était vraiment passé dans la zone de rencontre.

J'ai également compté sur l'équipe de guerre électronique pour bloquer certaines portes et perturber autant que possible l'équipage. Leur donnant carte blanche, je déclarais : "Générez un beau merdier", une manière de les récompenser pour leur travail acharné et de nous aider à éviter de rencontrer des membres du Consortium. De plus, je leur demandais de réduire au minimum les capacités d'attaque de la corvette, ou du moins de les rendre inefficaces lorsque nous partirions et que nous passerions en hyperespace.

En ce qui concernait l'équipage du Geheb, je les informais de notre arrivée imminente et leur demandais de préparer le désamarrage et de prendre en compte d'éventuelles complications, comme la sécurisation de la zone environnante sans déclencher d'alarme. Je les avertis également que nous pourrions revenir en tenue ennemie et qu'il était crucial qu'ils identifient correctement leurs cibles en cas d'échange de tirs. La dernière chose que nous voulions était de blesser un allié, voire pire, à cause d'un manque d'information.

En tant que chef d'opération malgré moi, j'attendais les validations ou les contre-propositions de toutes les parties avant de donner le feu vert à la phase suivante du plan : la fuite. Jusqu'à présent, personne n'avait été blessé et tout se déroulait parfaitement. Je comptais maintenir cette lancée, convaincu que nous avions les compétences nécessaires pour réussir, notamment grâce au professionnalisme de chacun.

Peut-être aurais-je dû choisir mes mots avec plus de précaution lorsque j'ai formulé ma demande à la cellule, car tout était pris au pied de la lettre. Ce qui aurait dû être simplement un incendie se transformait en un véritable chaos, donnant l'impression que la Malak était attaquée. Une panique générale s'emparait de l'endroit, mais cela avait le mérite d'être la diversion parfaite pour notre départ. Ce n'était peut-être pas discret, mais cela ne nous dérangeait pas trop, du moins je l'espérais. Mon compagnon mercenaire approuvait notre démarche, et nous prenions rapidement la fuite, revêtus de treillis du Consortium et portant deux corps ainsi que notre précieuse cargaison. Malgré les détours causés par les avaries de nos complices, le chemin vers notre vaisseau se déroulait relativement facilement. Nous croisions quelques gardes stressés, courant dans tous les sens et surpris de voir deux de leurs "collègues" transporter une cargaison de cette manière. Cependant, rien de suffisamment remarquable ne les incitait à nous arrêter ou à nous interroger.

Arrivé au Geheb, j'étais le dernier membre d'équipage à grimper à bord, fermant derrière moi notre sas, veillant à ne pas être suivi. Dans un premier temps, je m'assurais que tout le personnel était présent et en bonne santé, puis je demandais rapidement à l'un des mercenaires qui s'était positionné aux commandes, comme cela avait été convenu lors de nos communications précédentes, de désamarrer le cargo et de quitter l'orbite en hypernavigation vers la frontière apexienne la plus proche. La manœuvre pourrait sembler suspecte en soi, mais qui se soucierait d'un vaisseau évacuant une épave lorsque celle-ci est censée transporter un seigneur sith dans une situation délicate ? De toute manière, Alee, la planète frontalière la plus proche, n'était pas si éloignée. À moins que nous ne subissions nous-mêmes une avarie ou une interdiction, nous serions "à la maison" avant d'être interceptés.

En parallèle, je demandais au reste de l’équipage de me suivre dans la soute où je comptais sécuriser nos prisonniers en les attachant fermement, mains et pieds, à des barres sortant de la paroi du vaisseau, relativement solides qui devraient les occuper un certain temps avant de réussir à se libérer. Étant donné qu'ils étaient toujours sensibles à la Force, je réclamais le masque respiratoire de mon acolyte et m'assurais d'y verser une dose d'aérosol, ainsi que dans le mien, avant de les placer sur les visages des sensitifs. Bien que cela puisse sembler excessif, nous ne pouvions jamais être trop prudents, et il aurait été fâcheux que l'un ou les deux se réveillent dans un espace aussi confiné. Tant que nous ne les aurions pas livrés à Raynar, la mission demandait une concentration permanente.

Une fois mes tâches terminées, je pris un bref moment pour féliciter l'ensemble du groupe pour leur excellent travail, en n'oubliant pas de saluer également la cellule qui, sans elle, nous serions encore à bord de la corvette, très probablement. Avant de quitter la soute, je demandai aux hommes de rester là pour surveiller la matriarche et le sith, et de nous prévenir si quelque chose se passait. Pour l'instant, j'avais une tâche importante à accomplir au poste de commande...

Car si les objectifs d’opération étaient à bord, il restait encore à déterminer où Zarseen souhaitait les récupérer, car la Boss avait préféré garder cette localisation secrète et la transmettre plus tard, lorsque le moment serait venu, à juste titre. Et à moins de rencontrer un contretemps, le moment en question approchait. Je m'installais donc au siège du copilote et attendais que nous ayons totalement quitté l’orbite et rejoint la frontière pour faire un bref compte-rendu de la situation et recevoir la suite des instructions.

Le trajet se déroulait sans accroc, à l'intérieur comme à l'extérieur, et je sentais progressivement l'équipe relâcher la pression. Sachant que j'étais responsable de leur vie, j'attendais notre arrivée dans l'espace apexien pour faire de même. En parallèle, je recevais les coordonnées de destination sur un canal crypté que je transmettais au pilote. La maison était proche. Avec la situation sous contrôle, je décidais de me changer car je n'avais aucune envie de me retrouver en uniforme du Consortium une fois chez nous. J'invitais mes compagnons à en faire de même s'ils le souhaitaient, tant que deux personnes restaient en poste pour tenir compagnie aux sensitifs.

L'atterrissage et le débarquement se déroulaient sans problème, tout s'enchaînait de manière fluide. Je me sentais davantage spectateur qu'acteur, une machine bien huilée qui fonctionnait d'elle-même. L'accueil était assuré par un groupe de droïdes, pas n'importe lesquels, ceux spécialement programmés et équipés pour traiter avec les siths. Pendant mes nombreux voyages, j'avais pu en croiser quelques-uns, en morceaux, rouillés, abandonnés. C'était impressionnant de voir un ensemble opérer pour la première fois, même si nous leur avions facilité la tâche vu l'état dans lequel ils ont reçu les sensitifs. Je suis resté un bref moment à contempler ce petit spectacle. Enfin, je me suis vraiment détendu et j'en ai profité pour échanger avec mes camarades de galère avec lesquels le trajet retour m'avait permis de créer des liens. Désormais, nous échangions des anecdotes de missions, de bonnes adresses, et je leur ai promis une tournée générale amplement méritée.

Ce moment de complicité fut bref car un agent apexien vint me trouver, m’informant que la Boss elle-même voulait me voir en chair et en os pour réaliser mon débriefing. Ne pouvant ni faire patienter l’individu ni refuser un entretien avec la Grande Verte, j'acquiesçai d’un hochement de tête et lui fis signe que j’allais le suivre, mais pas avant d’avoir salué et remercié comme il se devait mes compagnons, leur serrant la main un à un. Ceci fait, je rejoignis l’agent qui me fit embarquer dans… une limousine. Je dois le reconnaître, je m’attendais plus à un petit vaisseau lambda, un cargo ou que sais-je, qu’à un bolide de luxe. Je quittai la fausse opulence d’un marchand, à mon grand plaisir, pour temporairement être de retour dans ce genre de confort qui n’avait rien de confortable à mes yeux. Mais peu importe, c’était toujours mieux que de rentrer à pied ou en taxi !

Pendant le trajet, je pris enfin le temps de réaliser une rétrospective de tout ce qui s’était déroulé, de Charros jusqu’ici. Non pas que j’étais stressé ou inquiet, certes j’aurais pu mieux m’en sortir, très certainement tout réaliser plus finement comme l’avait réclamé Zarseen, mais dans l’ensemble, à ma connaissance, la mission était remplie et la cellule de Sneeve gardait sa couverture. La seule question en suspens était l’impact de l'opération sur le Consortium. Je pouvais imaginer que cela serait mince, peut-être anecdotique car la disparition de deux sensitifs de leur rang... Entre l’état déplorable dans lequel se trouvait leur corvette et bien d’autres éléments, je supposais que leur disparition ne mènerait qu’à une petite enquête, et certainement plus pour la matriarche que pour le sith. Mais tout ceci n’était qu’interprétation et si Raynar avait quelque chose à me reprocher à ce sujet, ou autre d’ailleurs, je le saurais suffisamment tôt…

Car nous arrivions déjà à destination, grâce au convoi prioritaire. L’escouade de droïdes m’escortant ensuite ravivait la pression qui s’était quelque peu dissipée. Tout ceci, bien sûr, était mis en œuvre pour garantir la sécurité de haut représentant, pas pour le petit engrenage que j’étais, naturellement. Raynar était donc proche, et lorsqu’on me fit entrer dans une grande salle, je m’attendais à la voir. Sauf qu’un tout autre visage, familier également, se présenta directement. La boule de poils, cette même Manticore qui m’avait approuvé quelques jours auparavant. Ce n’est pas pour autant que j’allais vers elle, Loktar restait un félin capable de me bouffer en un temps record et après avoir survécu à trois sensitifs en l’espace de quelques heures, il serait dommage de finir ainsi. Je restai donc dans un premier temps immobile, fixant l’imposante bête du même regard respectueux que je lui avais lancé à notre première rencontre. Je me souvenais aussi lui avoir promis un buffet à nos retrouvailles et, forcé de constater que je n’étais pas en capacité de lui offrir un tel festin, il faut dire que je ne m’attendais pas à la recroiser aussi rapidement. Conscient de ne pas avoir tenu ma parole à son égard, je tendis au moins une main, délicatement, de sorte à lui indiquer que j’étais tout à fait prêt à lui offrir les gratouilles qu’elle adorait tant. Retrouver la Manticore était toujours apprécié, synonyme que j’étais bel et bien rentré à la maison, et je finis par afficher un léger sourire.