The more I learn, the more I realize how much I don't know [Darth Yenna]

Le stress aurait bien du mal à être plus grand que depuis que j'avais mis les pieds sur Korriban aux côtés de ma Maîtresse. L'air y était chaud et suffocant, du sable à perte de vue et au milieu de cette étendue de sable un magnifique temple. L'Académie Sith. Un lieu d'éducation où des générations de Sith étaient venus apprendre pour devenir à leur doute des aspirants Seigneurs Siths. C'était un lieu de savoir, un lieu de connaissances. Je savais que j'allais y être challengée parce que quelques jours plus tôt Darth Héméra m'avait demandée de contacter une autre Darth. Darth Yenna. Toute ancienne esclave que j'étais, j'avais compris qu'il existait un lien particulier entre ma Maîtresse et Darth Yenna. J'ignorais la nature de cette relation mais de toute évidence elle reposait sur la confiance. Une confiance mutuelle. Ma Maîtresse m'avait demandée de prévenir la Darth qu'elle souhaitait échanger avec elle au moment de son déplacement sur Korriban puisque leurs agendas correspondaient. Mais ça ne s'arrêtait pas là. J'avais également dû demander à Yenna si elle acceptait une requête de la part de ma Maîtresse. Une requête qui me concernait directement. Me faire les enseignements les plus élémentaires concernant l'Ordre Sith, son organisation, son décorum et ses devoirs. Et elle avait accepté. Non pas que j'aurai espéré un refus mais je me serai sentie bien moins tendue si elle avait dit "non". Jusqu'à maintenant j'avais surtout été aux côtés de ma Maîtresse qui m'avait donnée mes premières leçons, ça faisait à peine un peu plus d'une dizaine de jours. Je connaissais à présent le Code Sith par cœur même si je n'étais pas sûre de le comprendre comme il devait être compris. Y avait-il seulement une "bonne" façon de le comprendre ? Maintenant je le savais, j'allais recevoir une première leçon par une autre Dame Sith que ma Maîtresse et si je nourrissais désormais pour cette dernière une confiance relative, mais naissante et progressant doucement, l'inconnu que représentait Darth Yenna m'impressionnait.

D'autant qu'à peine le pied posé sur Korriban, la seconde planète de mon existence, les chemins de ma Maîtresse et moi s'étaient séparées. Elle allait rencontrer Darth Yenna alors que je me rendais à la bibliothèque de l'Académie pour emprunter un livre de mon choix que je devais rapporter à la Sith. Cependant ça ne devait pas être un livre pris au hasard mais un livre que j'avais lu et qui devait avoir un sens pour moi, il devait m'inspirer ce que cela signifiait d'être Sith. C'était un sacré défi. J'avais effectivement répondu à la Dame Sith que j'avais lu des ouvrages et que j'étais curieuse d'apprendre de cette façon mais de là à avoir un ouvrage qui m'inspirait les valeurs que devaient représenter un Sith ? Je n'étais même pas certaine d'avoir parfaitement compris la demande exprimée par Darth Yenna parce que finalement c'était encore assez flou pour moi la notion de Sith. Même le principe de la Force demeurait encore terriblement mystérieuse à mes yeux. Cependant pas question de fléchir face à la première demande de la Darth avec qui j'allais passer deux à trois jours selon la durée de déplacement de ma Maîtresse. L'idée d'être en gardiennage avec une inconnue me ravissait peut mais qui connaissais-je sinon les esclavagiste du Fhloston Paradise ? Darth Wrath … enfin si le temps d'un vol pouvait être considéré comme connaître. Alors je me fiais à ma Maîtresse et sa décision.

Dans la bibliothèque de l'Académie j'étais surprise de voir des ouvrages papiers côtoyés des holos, j'aurai pensé qu'aujourd'hui toute connaissance aurait été retranscrite sur holo. Que se passerait-il s'il prenait à un Sith de s’accaparer tout le pouvoir et la connaissance en brûlant cet endroit ? Tous les ouvrages papiers seraient perdus à jamais. C'était un des rares plaisirs que j'avais de mon Maître : pouvoir lire. Pratiquement que des romans pas super qualitatifs mais j'y avais développé un vrai goût pour la lecture. Alors devant l'étendue de connaissance disponible ici, je me sens petite. Il m'en faudrait plus pour m'impressionner. J'avais du temps devant moi pour trouver un ouvrage, j'avais cinq heures à tuer avant de rencontrer Darth Yenna après le déjeuner. Alors j'en profitais pour récupérer quelques ouvrages qui m'avaient marquée pour tenter de faire un choix. J'avais de grosses difficultés à choisir et ça ma Maîtresse l'avait bien compris, elle aimait me mettre devant des choix. C'était sans doute une façon de m'aider à prendre confiance en moi et m'apprendre à décider pour moi. Darth Yenna avait été claire, un seul et unique ouvrage. Comment les départager ? Je décidais de procéder de manière intellectuelle. Après tout si ces livres me plaisaient tous, ils devaient bien avoir des points communs ? Des similitudes ? Sur une feuille je commençais à établir quelques notes pour rassembler leurs ressemblances que ce fut dans le fond ou la forme. Hélas je me rendis rapidement compte que ma curiosité était autant un avantage qu'un inconvénient pour cet exercice. Ces ouvrages avaient pour point commun "l'univers" des Sith mais chacun abordait la chose différemment. C'étaient aussi des ouvrages débutant, voulais-je vraiment aller devant Darth Yenna avec un tel ouvrage ? Je devais être sincère, de ça au moins j'étais certaine, y aller avec un livre trop poussé pour moi serait éventé dès sa première question sur le livre. Je ne voulais pas faire semblant en prenant un compendium trop complexe que je n'aurai pas lu de toute façon.

« Pfffff. »

Gros soupir, je me calais au fond de ma chaise, il me restait quatre heures devant moi. Super. Quatre heures à me torturer en me demandant si je faisais le bon choix. Je me levais et rangeais les ouvrages que j'avais disposé devant moi sur la table. J'étais en train de remettre le dernier livre à sa place quand un coup d'épaule me décala de plusieurs centimètres. Une femme se tenait à l'endroit de l'impact avec un sourire narquois sur le visage. Un physiquement impressionnant, grande et musclée, elle aurait été plus impressionnante encore si elle n'avait pas eu un certain surpoids qui n'était caché que par sa forte stature musculaire. Elle était sans doute plus jeune que moi, attrapa un livre sur l'étagère et me le lança à la tête. Littéralement. Je l'attrapais avant de le voir tomber au sol alors qu'elle me raillait verbalement, ce qui ne manqua pas de faire rire deux autres apprentis un peu plus loin. Elle désigna le livre que je tenais en me disant de commencer par là pour comprendre que je ferai parti de "ceux-là" et que ce n'était "même pas la peine de [m']acharner puisque de toute façon mon Maître ne me prenait pas au sérieux", cette réplique se ponctuant par sa main jouant avec son sabre-laser et un mouvement de tête pour désigner ma vibrolame. Je ne répondis pas et posa mon regard sur le livre ce qui me valut de provoquer les rires moqueurs des trois autres et une remarque de la "leader" du trio d'apprentis sur le fait que quelque chose ne tournait pas rond dans ma tête. Je devais l'avouer, pendant tout ce petit moment j'avais évalué mes chances face à elle et je les estimais bonnes mais finalement je tournais les talons en levant le livre au moment de m'éloigner.

« Merci. »

Je me rassis à la table que j'occupais alors que l'hilarité des trois apprentis leurs valaient de se faire virer de la bibliothèque par ce qui semblait en être l'intendant. Ce dernier se contenta de me lancer un regard en secouant la tête, probablement à penser que j'allais me faire dévorer toute crue. Je ne pris même pas le temps d'y réfléchir plus et je me lançais dans la lecture du petit ouvrage, un peu plus de cent-cinquante pages … et je le dévorais jusqu'à ce que …

« Oh merde ! »

Dérapage sur le sol dans le dernier virage qui donnait accès au couloir où se trouvait le lieu de rendez-vous donné par Darth Yenna. Le cœur battant je remettais ma tenue en place, pantalon et haut noir très classique, une bure d'une teinte noire aux reflets légèrement sanguins par-dessus. Sobre et traditionnel. Je jetais un œil à l'heure, j'étais pile à l'heure au moment où ma main frappa la porte. J'attendis d'être invitée à entrer pour le faire. Darth Yenna m'attendait dans ce qui semblait être une petite salle d'étude ou un grand bureau de professeur. Elle était assise derrière un bureau, une seule chaise y faisait face et j'attendis son invitation à m'asseoir pour approcher. Cependant avant cela, je m'arrêtais devant le bureau et m'inclinais respectueusement dans un geste maitrisé d'esclave.

« C'est un honneur de vous rencontrer en personne, Darth Yenna. »

Je me redressais en prononçant ces mots d'une voix pleine de respect et de déférence. Alors seulement je pris place sur la chaise. Entre mes mains le petit ouvrage lancé à ma tête dont j'avais fini et adoré la lecture. C'était un ouvrage qui parlait de Sith "célèbres". Tous avaient échoué à ce qu'ils avaient entrepris et étaient retenus pour leurs échecs, beaucoup avaient voulu faire des choses inédites jugées folles par leurs pairs, certains avaient longtemps été raillés pour leurs entreprises dans leur maitrise et contrôle de la Force. Tous avaient connu une fin tragique à cause de leurs échecs et le nom de chacun aurait fait rire n'importe quel apprenti Sith. Etait-ce le bon livre ? Je l'ignorais. Pour l'heure je le gardais sagement entre mes mains, posées sur mes genoux en attendant de voir comment les choses allaient se passer.

Encore une fois, Yenna se retrouvait sur Korriban pour une énième réunion du Conseil Noir. Rien de bien passionnant, mais la fin fut plus intéressante. En effet, Darth Héméra l'informa d'une petite nouveauté : elle avait une apprentie ! Elle en donna une rapide description et un bref historique de sa vie. Une ancienne esclave découvrant tout juste à quoi ressemblait la vie sous le prisme de la liberté en même temps que sa sensibilité à la Force. Elle avait les compétences qui siéraient bien à une Assassin, mais du fait de son passif, elle n'avait presque aucune notion sur la vie en dehors du paquebot où elle était "employée", sans parler des notions sur la philosophie sith.

Malgré le fait que ni sa méthode d'enseignement, ni même sa vision de la philosophie sith ne correspondaient au dogme actuel, Héméra demanda à Yenna un petit coup de main pour accélérer les choses. Il faut dire que leur vision des choses se recoupait sur de nombreux points. Elle accepta donc et attendit à ce que l'apprentie la contacte, donnant à Lizlin un premier test : aller dans la bibliothèque de l'Académie et lui rapporter le livre qui, selon elle, illustre mieux les Sith à ses yeux. Cela faisait partie de ces tests sans mauvaises réponses permettant d'avoir une idée sur la personnalité de la personne l'énonçant.

Elle attendit donc cette jeune apprentie dans son bureau, lisant un datapad quand elle entendit la petite note faisant office de sonnette. Elle ouvrit la porte avec la Force, laissant la jeune femme entrer avec son livre entre les bras. Le bureau était d'une taille plutôt modeste et relativement neutre. Le mobilier était élégant et soigné, mais la décoration brillait par sa généralité. Yenna ne voyageait que rarement sur Korriban, aussi elle ne voyait pas vraiment l'intérêt de personnaliser une pièce où elle ne passerait que peu de temps. Ce manque d'appropriation avait également un avantage en termes de sécurité en offrant moins de possibilités de dissimulation d'un quelconque appareil de surveillance. La seule véritable décoration était une plante aux fleurs d'un mauve saisissant qui suivait Lizlin du mouvement jusqu'à saluer respectueusement Yenna avant de s'asseoir :

"Tout le plaisir est pour moi Lizlin. Un petit creux ? Ces escapades dans la bibliothèque ont dû creuser l'appétit..."

Elle sourit alors qu'un plateau lévitait doucement vers le bureau avec une assiette garnie de petits biscuits aux pépites chocolatées. Elle leva finalement le nez de son datapad, fixant l'apprentie dans sa bure noire aux reflets sanguins. Sobre avec une petite pointe d'originalité. Elle appréciait autant le visuel de la tenue que la porteuse disposant d'un physique à l'attrait certain et un visage tout aussi attrayant. Yenna se leva avec grâce et s'avança dans une démarche gracile et féline jusqu'à l'autre côté du bureau. Elle était vêtue d'une tenue intégralement noire avec des reflets légèrement irisés de mauve sur les bordures de sa veste. L'apparente simplicité de la tenue contrastait avec la noblesse de ses tissus et la qualité de l'ensemble. Elle s'installa sur le bureau face à Lizlin, une cuisse posée sur le meuble :

"Alors, montre-moi ce fameux livre..."

Elle aurait pu utiliser la Force pour se saisir de l'ouvrage, mais elle se contenta de tendre la main, attendant que son invité ne lui remette le livre qu'elle regarda avec un sourire nostalgique :

"Je le connais bien celui-là. L'histoire de Darth Morales, persuadé qu'il était assez puissant dans la Force pour survivre à une mine plasmique sans protection est l'une de mes préférés. Il parait qu'on n'a jamais retrouvé son corps. Lui qui voulait voyager, le voilà éparpillé..."

Elle feuilleta quelques pages avant de refermer le livre et de le poser à côté d'elle, fixant toute son attention sur l'apprentie :

"Dis-moi Lizlin... Pourquoi as-tu choisi ce livre en particulier ? Quel aspect de cet ouvrage t'évoquent le plus les Sith ?"

Elle parla d'une voix douce avec un sourire rassurant, montrant par là qu'il n'y avait pas de mauvaises réponses à cette question. Attendant que la jeune apprentie prenne la parole, elle prit un cookie à son tour et croqua généreusement dedans sans faire une seule miette et appréciant visiblement le petit plaisir simple que de manger un biscuit fait avec amour et avec des bons produits. Quelque chose que peu prennent le temps d'apprécier ces temps-ci...

Choisir un livre, en apparence c'était facile. Mais pour moi c'était bien plus difficile que ça aurait pu l'être pour un autre. Preuve en était, j'avais du mal à décider quel ouvrage amener à Darth Yenna. Tricher et prendre un ouvrage trop compliqué dont je me serai contentée de lire un résumé ? Pas folle quand même, le mensonge serait éventé en trois questions, c'était une Dame Sith. Un livre trop simple ? Il n'y avait pas de livre trop simple avait dit Darth Héméra en m'expliquant que chaque lecture était un savoir que je gagnais. Evidemment elle parlait là de livres scientifiques, d'ouvrages visant à apprendre des choses, à évoluer, pas des romans comme j'avais pu en lire à bord du Fhloston Paradise. C'était donc très naturellement que j'avais pris la tache très au sérieux. J'avais commencé par compiler les ouvrages auxquels j'avais immédiatement pensé mais aucun ne me faisait un effet "C'est celui-là ! C'est sûr !". Tous semblaient avoir quelque chose qui ne me convenait pas ou alors pas assez. Je trouvais des raisons pour les écarter, puis je recommençais avec plus de tolérance mais automatiquement si j'écartais ce livre, celui-là n'était pas beaucoup mieux. Finalement c'était le hasard, mais je décidais de croire plutôt que c'était la Force, qui mit sur ma route une jeune apprentie Sith aux manières aussi désastreuses que son ego était gonflé à l'hélium. Je n'étais pas venue pour m'attirer des ennuis, ni à moi, ni à ma Maîtresse. Si je ne doutais pas avoir eu de bonnes chances contre l'apprentie, elle avait avec elle trois "amis", ils semblaient plus des lèche-bottes de la petite terreur en fait, et je ne m'estimais pas à la hauteur d'un combat à quatre contre un. Je m'améliorais oui, j'apprenais rapidement grâce aux conseils de ma Maîtresse et aux entrainements exigeants que je m'imposais. Cependant j'étais assez lucide pour savoir évaluer un combat après en avoir connu de nombreux.

Je mordais donc ma langue et regagnais la table pour m'attaquer à l'ouvrage qui m'avait été lancé si négligemment à la tête. Aucun livre ne devrait jamais être traité de la sorte, aucun livre ne méritait un tel traitement, tous les enseignements qu'ils renfermaient devaient être préservés et appris. J'avais bien le sentiment que depuis ma libération lire était devenu autant un véritable passe-temps qu'un sujet d'étude. Quand je n'étais pas à m'entrainer à manier la Force ou m'améliorer avec ma vibro-lame, j'étais en train de lire dans ma chambre ou à la bibliothèque du Temple des Assassins. Cependant Force ou pas, ça ne dispensait pas d'être à l'heure et je l'étais tout juste, par chance pas de retard, un soulagement. Je me présentais à la porte, entrais, saluais respectueusement la femme assise derrière le bureau. Sa beauté était frappante, la finesse de ses traits tranchait avec l'assurance qu'elle dégageait, lui donnant des allures de beauté fatale mais ce qui captiva le plus l'attention de mon œil valide était justement ses yeux à elle. Deux magnifiques iris violacés dont le regard mettait en garde sur l'intelligence et la vivacité d'esprit de la Dame Sith. J'avais bien fait de ne pas tricher.

« Merci, Dame Yenna. C'est très gentil. »

Cependant si je considérais pendant un instant les cookies du regard, je me souvenais également des paroles de ma Maîtresse. Oui c'était ma Maîtresse qui m'avait envoyée au près de Darth Yenna, ça ne voulait pas dire que tout ça n'était pas qu'un test pour voir si j'apprenais. Se méfier des personnes à qui je donnais ma confiance, c'était bien noté, aussi mon regard quitta bien vite les tentants cookies pou plutôt regarder la Dame Sith qui contournait son bureau. Sa démarche coincidait avec l'idée que je me faisais d'elle, pleine d'assurance mais pas cette arrogance, une assurance sereine, méritée, pas simple auto-proclamée. Je lui tendis le livre, consciente que c'était un livre pour "débutant", peut-être même des histoires du soir pour parents Sith, enfin si ça existait je n'en avais pas la moindre idée. Je ne fus pas surprise de voir Darth Yenna le connaître, après tout ma Maîtresse m'avait dit qu'elle possédait de nombreuses connaissances qui me seraient utiles. Elle raconta l'histoire de Darth Morales et je ne pus réprimer un sourire à la conclusion apportée par la Dame Sith, c'était une façon surprenante mais logique de voir les choses. Bien entendu ça n'allait pas être si simple et ma tutrice du jour me posa deux questions. Point faible évident de ma personnalité comme l'avait découvert Darth Héméra. Parler de mes décisions, mes choix n'était pas vraiment mon point fort mais celles-là je les avais préparés un minimum, ce qui n'enlevait pas à ma réponse d'être la stricte vérité.

« Je l'ai choisi pour la façon dont il est arrivé à moi, involontairement et subitement comme si la Force voulait me faire passer un message. »

Je me tus un instant pour bien formuler ma prochaine phrase parce que je me doutais que cette réponse était bien peu claire.

« Je ne savais pas quel livre choisir parmi ceux que j'ai déjà pu lire, je tentais de faire un choix entre eux, cherchais à les départager dans leurs enseignements, leurs raisonnements, leurs écritures mais chaque fois je finissais par tous les écarter comme si … quelque chose n'allait pas. Quand j'ai lu ce livre, j'ai senti un déclic, je savais que c'était celui-là. »

Je n'étais pas sûre de faire beaucoup de sens, ce qui m'avait décidée était plutôt un ressentiment soudain, bien difficile d'en parler clairement et de faire du sens dans une situation pareille. Parler de sentiments et d'émotions n'était déjà pas facile en temps normal alors dans une circonstance comme la mienne. Cependant sa seconde question me permettait de développer mon choix.

« Je doute que mes connaissances sur les Sith soient suffisantes pour exprimer un avis vraiment pertinent mais j'aime plusieurs choses sur cet ouvrage. Tous les Sith dans ce livre ont voulu accomplir des choses qui étaient impossibles mais ils étaient déterminés à y arriver, ils n'ont jamais perdu de vue leur objectif, concentrés sur leur tâche. Et puis j'aime aussi le fait que plusieurs d'entre eux ont été moqués par d'autres, pas ceux qui ont ignoré que ça allait leurs coûter la vie, mais ceux qui ont été moqués pour leur ambition et leur détermination. Enfin il y a la fin tragique de toutes ces histoires évidemment. Je trouve que ce livre est vraiment bien pour toutes ces raisons et qu'il met en avant la vision que j'ai de l'Ordre Sith. Ambition, détermination, continuer même et surtout dans l'adversité mais avec la morale secrète qui est de connaître ses propres limites. »

J'avais beaucoup parlé et j'espérais avoir été claire. L'envie de continuer à parler, argumenter mon choix, l'expliquer encore pour le justifier me venait mais, puisque Darth Yenna mangeait un cookie je les jugeais sans danger, je décidais de manger un cookie pour me forcer à me taire. J'essayais d'être aussi adroite que la Dame Sith pour ne pas faire de miettes mais j'avais vu juste en usant de ma seconde main pour rattraper quelques miettes qui ne tardèrent pas à trouver le chemin de ma bouche.

« Ces cookies sont délicieux, Dame Yenna. »

J'ignorais si elle les avait fait mais peu importait, j'exprimais le fond de ma pense, ces cookies étaient délicieux.

Elle ne savait pas vraiment comment ce livre était arrivé entre ses mains. Elle en avait feuilleté des dizaines sans parvenir à faire son choix et quand elle posa sa main sur celui-ci, son intuition lui dicta que c'était le bon livre. Sa seconde réponse fut plus étonnante. En général, les apprentis tombant sur ce livre parlent de ces noms dans ces pages comme des échecs, des exemples à ne pas suivre, des faibles qui avaient la folie des grandeurs, incapable de distinguer la réalité de leur pouvoir de la vision fantasmée qu'ils en avaient. Certains disaient même que c'était une mise en garde contre "les révolutionnaires et les progressistes", les nouvelles voies étant plus dangereuses et inefficaces face au dogme séculaire inculqué depuis tant de temps...

Lizlin, elle, parla de la détermination de ces Sith. Peu importe les moqueries ou les obstacles, ils n'ont jamais abandonné et sont allés jusqu'au bout de leur démarche, même si elle fut fatale. L'ambition et la détermination. Voilà pour elle ce que représentait l'Ordre Sith. La seule contrainte était celle de connaître ses limites. Yenna la laissa parler sans l'interrompre, l'écoutant avec attention jusqu'à ce que, finalement, elle ne se laisse tenter par un de ces cookies qu'elle trouva fort à son goût :

"Je dirais à leur charmante cuisinière qu'elle a une nouvelle adepte !"

Elle termina son biscuit avant de reprendre, parlant d'une voix calme et douce :

"Il semblerait bien que ce soit la Force qui t'as aidée sur ce choix. Ce n'est pas une petite voix dans la tête qui murmure des choses. Elle nous parle via notre intuition, la renforçant pour nous indiquer un conseil sur un problème donnée. Certains l'écoutent aveuglément, comme la plupart des Jedi par exemple ou même certains Sith. Mais en réalité, elle n'apporte que des conseils, très avisés certes, mais ce n'est que des conseils, pas une solution toute trouvée. La Force est une alliée inestimable, mais elle n'est pas une guide infaillible ni une divinité à qui on obéit sans réfléchir. C'est à toi et à toi seule de peser le pour et le contre de ses arguments avant de faire ton choix... Et en assumer les conséquences."

Elle posa le livre sur le bureau, se calant mieux sur le meuble avant de poursuivre, toujours avec douceur :

"Tu as raison sur ce point. L'ambition et la détermination sont bien des fondamentaux chez les Sith. Mais ce sont aussi leurs faiblesses. Une ambition aveugle peut conduire à une mort prématurée, tout comme l'oubli de la différence entre détermination et obstination. Le plus important, c'est ce que tu as dit juste après : la connaissance de ses propres limites. Une connaissance réelle et non fantasmée. C'est elle qui modérera tes ambitions et qui te dira quand tu vas trop loin. Crois-moi, c'est tout sauf simple. Les émotions étant le moteur du Côté obscur, il est très facile de se laisser dominer par ces dernières au point de s'y abandonner, ce qui finira par être fatal tôt ou tard. C'est un jeu d'équilibriste permanent pour puiser dans cette réserve de puissance infinie sans y sombrer. Toujours sur le fil du rasoir, telle est la véritable vie d'un Sith. De ta maîtrise de ce jeu dépend tout le reste."

Elle se leva, prenant un autre cookie et en proposant de nouveau à Lizlin. Elle l'invita à se lever et à la suivre jusqu'au balcon derrière le bureau, donnant sur le paysage désolé de Korriban :

"Bien, après cette petite mise en bouche, commençons par la base : Le Code Sith. Héméra te l'a sans doute appris. C'est la première chose qu'on apprend aux apprentis. Tous les Sith peuvent le réciter mécaniquement sans réfléchir. Mais est-ce qu'ils le comprennent ça... C'est une autre histoire. Tiens... Récite-le-moi et dis moi ce qu'il t'évoque!"

Ce moment avait un côté très impressionnant. Après tout c'était la première fois depuis que j'étais libre que je n'étais pas aux côtés de ma Maîtresse et c'était également la première fois qu'elle me confiait aux enseignements d'une autre personne. Si j'avais conscience d'être candide dans mes relations sociales, j'avais compris rapidement qu'une relation de grande confiance existait entre Darth Yenna et Darth Hemera. De toute évidence ma Maîtresse avait toute confiance en la femme qui serait ma tutrice pour les prochaines heures, je dirai même qu'il semblait y avoir une certaine affection entre elles. Impossible de définir clairement de quoi il retournait mais les deux femmes avaient un lien j'en étais certaine. Quelque part ça me rassurait et puis j'imaginais aisément que pour l'instant ma Maîtresse n'était pas prête à risquer d'écorner son image avec une maladresse sociale que je pourrai réaliser en m'impliquant avec un Sith qui pourrait lui en tenir rigueur ou tenter de l'utiliser contre elle. Ca ne diminuait aucunement mon stress pourtant. La tension demeurait ainsi que cette peur pourtant irrationnelle et stupide d'avoir choisi le "mauvais" livre. Je tentais de m'en persuader parce que je le savais, l'exercice demandé par Darth Yenna n'avait de mauvais résultats que si je m'étais entièrement trompée sur ma compréhension de l'oeuvre. Et même là, la Darth me demandait mon opinion et mes conclusions personnelles or c'était donc un avis que j'exprimais qui n'appartenait qu'à moi et m'était propre. Sans doute ma Maîtresse lui avait-elle fait part de ma difficulté à choisir et décider pour moi. La vie était autrement plus facile quand on choisissait pour vous. Elle était aussi autrement plus désagréable quand on choisissait pour vous. Rien ne pouvait jamais être parfait.

« C'est gentil à vous, je suis sûre que ça lui fera plaisir. »

Encore un témoignage de ma candeur de ne pas imaginer un seul instant que la Sith qui me faisait face pouvait avoir réalisé ces délicieuses pâtisseries ? En fait c'était plutôt ce sentiment que le temps d'une Dame Sith devait être bien mieux employé qu'à de la pâtisserie, si Hemera respectait autant cette femme aux yeux violets troublants c'était qu'elle devait être puissante ou sage. Ou sûrement les deux. C'était donc religieusement, ma tête légèrement inclinée sur mon épaule gauche, signe de mon attention entièrement consacrée à Darth Yenna, que j'écoutais les précisions et remarques exprimées. Je notais précieusement chaque parole, m'assurait de bien en comprendre le sens, j'avas promis d'être une élève studieuse, je m'y évertuais depuis le premier jour, aujourd'hui plus encore sous la tutelle d'une "inconnue". Je comprenais le sens de ses mots mais demeurais impressionnée devant la tâche à tenir et la difficulté que cela devait représenter au quotidien de toujours être sur ce fin fil entre ambition infinie et connaissance de ses limites. Comment ne pas un jour finir par céder et se dire "Je peux le faire" comme l'avaient fait tous les Sith du livre que j'avais choisi ? Je me levais avec souplesse à l'invitation de la Darth et marcha derrière elle, admirant la vue qu'offrait le balcon. Une vue de désolation c'était vrai mais pourtant, pour moi qui n'avait connu que peu de choses sinon les murs froids des parois métalliques du Fhloston Paradise, même cette vision dénuée de vie était fantastique. Il y avait une beauté étrange, malsaine et somptueuse à la fois, dans ce décor vie et brûlant.

« En Sith ou en Galactique, Dame Yenna ? »

Je demandais cela poliment sans aucune fierté de pouvoir le réciter en langue Sith car je savais que c'était là une langue que je bafouillais très maladroitement mais que je m'étais fixée d'apprendre. Tous les savoirs étaient traduits évidemment mais Darth Hemera m'encourageait à lire et apprendre de cette façon, une des premières choses que j'avais découvert était que la traduction était une trahison, même si souvent involontaire. Alors pour accéder au vrai savoir Sith, je voulais pouvoir lire les écrits tels qu'ils l'ont été. La tâche serait longue et difficile mais je m'y attelais quotidiennement. Dans la langue choisie par Dame Yenna, je récitais alors le Code Sith.

« La Paix est un mensonge, il n'y a que la Passion. Par la Passion j'ai la Puissance. Par la Puissance, j'ai le Pouvoir. Par le Pouvoir, j'ai la Victoire. Par la Victoire, je brise mes Chaines. La Force me libérera. »

Je pris un peu de temps pour réfléchir pour la suite de ce qui m'était demandé. Je m'étais interrogée de nombreuses fois sur les significations du Code, je m'étais interdit de chercher des interprétations pour ne pas abuser mon jugement et me forger ma propre opinion. L'exprimer était plus compliqué car c'était un texte à la fois simple et complexe qui provoquait toujours un débat en moi sur la compréhension de chaque vers et la compréhension globale.

« C'est compliqué, je confessais sans peine cela car je doutais que c'était le but justement de l'exercice, je me suis plusieurs fois déjà interrogée dessus mais chaque lecture offre de nouvelles possibilités. Je crois que j'y vois une sorte d'escalier sans fin où la dernière phrase pourrait aussi être la première car la Force est le moyen de progresser à chaque marche et chaque marche conduit à la Force. »

Je n'étais pas certaine d'être claire dans mes paroles et continuais donc, phrase après phrase, même si j'avais finalement commencé par la conclusion.

« La Paix est un mensonge, il n'y a que la Passion m'évoque le besoin d'être active, ne pas restée sur ce qui est acquis en pensant être en sécurité, elle pousse à l'ambition. L'ambition bien sûr pousse à s'améliorer alors la Passion devient Puissance et la Puissance ne peut grandir encore que si elle est utilisée pour obtenir quelque chose, pour obtenir du Pouvoir. Pour obtenir le pouvoir il faut défier et vaincre d'autres détenteurs de pouvoir mais aussi ceux qui convoitent notre propre pouvoir, il faut donc transformer le Pouvoir en Victoire. Tout ce chemin parcourut jusqu'à la Victoire, de l'ambition née de la Passion jusqu'au Pouvoir en acquérant de la Puissance m'auront fait repousser mes limites, affronter des épreuves que j'aurai peut-être jugé impossible, alors la Victoire me libère de mes Chaines. Enfin tout cela m'aura rendu plus puissante dans la Force mais c'est aussi elle qui m'a permis de commencer à gravir ces marches. Un peu comme un escalier dont la première marche est la dernière de l'escalier précédent, une avancée sans fin vers l'amélioration de soi. »

Je me taisais finalement, consciente d'avoir beaucoup parlé et espérant surtout avoir été claire.

La brève discussion entre les deux femmes rapporta déjà à l'esprit de Yenna le point faible de Lizlin. Quand on vécu suffisamment longtemps en esclavage, l'esprit se conditionne à cet état de fait. C'est un mécanisme de défense, comme l'amnésie quand on subit un traumatisme ou l'étrange sensation qui donne l'impression d'assister à la scène d'un point de vue extérieur, comme si on était un témoin de l'événement et non la victime. Quand on subit l'asservissement au point de se rendre compte que résister ne ferra rien d'autre qu'empirer la situation, l'esprit cède et s'adapte. On devient docile, on commence à oublier sa vie d'avant, la liberté et le libre-arbitre ne deviennent que des concepts de plus en plus abstrait. On ne pense plus à rien d'autre qu'à ses tâches à accomplir. On obéit aux ordres et rien de plus, comme un automate qui n'a pas son mot à dire. Dans un total paradoxe, ce mécanisme de défense peut même aller encore plus loin et tenter de rechercher des points positifs à sa condition. Voir son maître satisfait nourrit l'ego avec le sentiment du travail bien fait. Les pseudo-améliorations de traitement et autres mots gentils deviennent des récompenses et bientôt, "être un esclave" ne suffit plus. Ce qu'il faut, c'est être un BON esclave. Et une fois arrivé à ce stade, l'expression "happiness in slavery" prend tout son sens.

Dans cet état, le retour à la liberté est une étape difficile à traverser. Il faut réapprendre à vivre "comme avant" et pour certains, la transition est si violente qu'ils refusent en bloc. Ironiquement, ceux qui n'ont connu que l'esclavage ont plus de chance de s'adapter. Ils ne réapprennent pas quelque chose qu'ils ont fini par oublier, persuader que ça n'arrivera plus jamais. Ils l'apprennent, tout simplement. Ce n'est pas une mince affaire, mais ils ont plus de facilité. Après tout, il a toujours été plus simple d'apprendre quelque chose de nouveau. Lizlin était dans ce cas. Elle commençait à s'adapter à sa vie de femme libre, mais elle avait encore du mal avec le fait de devoir faire des choix, de ne plus avoir personne décider à sa place. De ne plus être l'automate qui se contente d'obéir.

Aussi, Yenna décida de poursuivre à la sortir hors de sa zone de confort. C'est pour ça que quand Lizlin demanda dans quelle langue elle devait réciter le Code Sith, elle répondit simplement :

"Comme tu veux !"

Elle lui laissa le temps de choisir et l'écouta réciter ce Code que les murs de l'Académie ont dû entendre raisonner des centaines de millions de fois. Mais chaque interprétation était unique, un fait que souleva Lizlin avant de poursuivre son raisonnement sous le silence religieux de Yenna. Une ode au changement. Voilà ce qu'elle voyait dans ces cinq phrases. Se reposer sur leurs acquis, ne pas chercher à voir plus loin, rester dans leur zone de confort, avoir peur de l'inconnu... Yenna sourit à l'explication de Lizlin :

"La stagnation est l'ennemie. Le Code Sith enseigne qu'il faut toujours aller de l'avant. La liberté absolue de progresser, d'avoir l'ambition de devenir toujours meilleur que ce que l'on a été. En soit, les Sith cités dans le livre que tu as apportés, même s'ils ont tous échoué dans leurs quêtes, ont suivit les préceptes du Code. De nombreux Sith pensent que cette progression ne peut se faire que dans l'adversité. Sans aucunes contraintes, ni morales, ils pensent que le conflit et la violence sont le moyen le plus simple et efficace d'y parvenir. Et quand ils ne trouvent pas cette adversité à surpasser chez leurs ennemis, ils la trouvent chez leurs alliés. C'est pour ça que les Sith sont tant adeptes de la trahison. Un prédateur ne peut laisser un autre prédateur empiéter sur son territoire. C'est le dogme actuellement enseigné à l'Académie, mais ce n'est pas la seule voie qui existe..."

Elle invita Lizlin à se rapprocher de la rambarde du balcon alors que la Sith s'y accouda en observant le paysage aride et désolé. Un canyon au relief accidenté composée la majeure partie du décor, ce qui restait du lit d'une rivière était encore discernable au sol, mais l'eau avait disparut depuis maintenant des millénaires :

"Certains Sith s'imposent des contraintes à ce dogme. On peut les appeler "moralité", "code d'honneur" ou alors "sentiment de supériorité démesuré interdisant de s'abaisser au même niveau que les autres". Que ce soit par ego, conviction personnelle ou autres, la finalité est la même : rajouter de la difficulté. Surmonter ses obstacles avec ces contraintes est plus satisfaisant, plus valorisant aux yeux de ces individus que ceux qui se contentent de choisir la voie de la facilité. Certains n'affrontent que des adversaires "digne de ce nom" et ne s'occupe pas des autres. D'autres évitent un maximum les dommages collatéraux et ne s'en prennent pas aux civils. D'autres encore ne trouve aucun intérêt dans le conflit où la quête du pouvoir et préfèrent se concentrer sur d'autres objectifs. Plus rare encore, certains Sith sont même capable d'un altruisme sincère alors que d'autres pensent qu'un groupe uni est plus fort qu'un individu, certes très puissant, mais isolé."

Elle laissa à Lizlin le temps d'assimiler toutes ces informations. Le Code Sith était une réflexion indiquant un idéal à atteindre, mais fidèle à ces préceptes même, les individus étaient libre de choisir leur propre voie pour parvenir à cette finalité. La facilité ou la difficulté. La manière douce ou la manière forte. Agir frontalement ou dans l'ombre. La force brute ou l'intelligence. Souvent un subtil mélange de toutes ces méthodes. De cette manière, les Sith sont toujours en perpétuelle évolution. Ils rejettent la sécurité de l'immobilisme et embrasse la passion d'aller toujours vers l'inconnu.

Yenna attira à elle deux nouveaux cookies et en tendit un à la jeune apprentie. Elle ne le lâcha pas tout de suite, le retenant entre ses doigts jusqu'à ce que la jeune femme y mette plus de force pour le récupérer avec un sourire taquin de la part de la Modeleuse. Une allégorie simple et subtile et tout ce qui avait été dit jusque-là :

"Bien... Prête pour la suite de la leçon ?"

Plus je passais de temps avec Dame Yenna, plus je me surprenais à la comparer à ma Maîtresse. J'estimais que c'était mal mais je n'arrivais pas vraiment à m'en défaire, après tout jusqu'à maintenant elles étaient les deux nouvelles figures de pouvoir dans ma vie. L'une parce qu'elle avait organisé ma libération, si on pouvait appeler ça comme ça, avant de devenir ma Maîtresse et l'autre parce que ma Maîtresse nouvellement attitrée avait jugé que les enseignements de Dame Yenna me seraient bénéfiques. Je savais que ma Maîtresse souhaiterait que je fus un peu moins candide, que je perde de cette confiance aveugle que j'avais parfois. Alors je m'y efforçais, ne limitant une confiance totale et entière qu'à Hemera. C'était un choix particulièrement risqué après avoir entendu ma Maîtresse me dire que je ne devais me fier à personne. Après tout j'avais assez lu pour savoir que des Maîtres Sith avaient tué leurs apprentis par peur de voir ceux-ci se retourner contre eux lorsque leur pouvoir semblait devenir suppérieur. Alors pourquoi me fier ainsi à Darth Hemera ? Et bien la réponse était simple, j'en avais besoin. Je ne savais pas vivre librement, j'avais besoin d'être dépendante de quelqu'un. Cela devait sembler bien étrange de l'extérieur et le doute pouvait sans doute aisément se faire dans la tête de certains apprentis Sith en me voyant aux côtés de ma Maîtresse sur mon rôle réel. Apprentie ou Esclave ? Qu'étais-je aujourd'hui ? Moi-même je n'en avais pas la réponse.

Je savais que j'avais encore beaucoup à apprendre pour résoudre cette question et commencer à entamer ma vie comme je l'entendais. En fait comme je l'entendais avait été décidé, je serai l'apprentie de Darth Hemera mais faire mes propres choix étaient encore une nouvelle donnée pour moi. Aussi quand Dame Yenna me dit de choisir à prononcer le Code Sith en galactique ou en Sith, il y eut un petit blanc de quelques secondes pendant lequel mon œil valide avait inévitablement dû se marquer de cette nervosité qui me gagnait chaque fois que je devais choisir. J'avais l'impression que tout le poids de la galaxie s'effondrait sur mes épaules dès que mes oreilles entendaient que l'on me donnait un choix. Je m'efforçais cependant de prendre sur moi, de me dire qu'il n'y avait pas de bon ou mauvais choix dans le cas présent et je décidais de le prononcer en galactique. Un choix basé sur la raison, je parlais le galactique, je n'étais pas certaine de mon Sith, ne pas montrer ses faiblesse et lacunes étaient une évidence depuis que je lisais sur l'Ordre Sith.

Puis, sagement je donnais mes explications avant d'écouter, studieuse à souhait, les explications de Dame Yenna … Sauf que je ne parvins pas à me contenter de les écouter car chaque parole me semblait importante, alors je sortis un datapad d'une poche intérieure de ma bure et commençait à prendre quelques notes dans une sténo qui m'était très personnelle puisque je n'avais aucune vraie base de sténographie mais l'important était que je puisse me comprendre. Dame Yenna parlait de stagnation comme l'ennemi, il fallait donc apparemment toujours avoir un but, un nouvel objectif. Ses paroles rejoignirent très vite la morale imposée par Dame Hemera sur Ziost au sein de ses Assassins. La trahison n'y avait pas sa place, même si je n'étais pas assez innocente pour imaginer que ce ça n'avait pas été le cas. Candide mais pas stupide. Docile je suivais Dame Yenna jusqu'au balcon mais m'arrêtais un petit pas derrière elle, une déférence que j'avais appris esclave mais que j'estimais un signe de respect pour elle, nous n'étions pas égales, je pouvais le sentir dans la Force. Peut-être aussi parce que j'étais toujours en train de prendre des notes tout en l'écoutant et lorsqu'elle terminait ma bouche s'entrouvrit pour poser une question que je ravalais finalement. Ce n'était à la Dame Sith que j'avais à demander des choses concernant ma Maîtresse mais bien à ma Maîtresse elle-même.

Je vis soudainement deux cookies flotter à côté de moi, chacun passant près d'une de mes oreilles et Dame Yenna m'en tendit un. Docilement je m'en saisis mais remarquais rapidement que la Dame Sith ne le libérait pas. Après une seconde à croiser son regard, le mien plein d'incompréhension, je finis par hocher la tête et tirer un peu plus fort. Avant de croquer dedans je ne pus m'empêcher de murmurer pour moi-même en regardant ce cookie comme s'il contenait les secrets du Code Sith.

« Toujours plus. »

Je hochais la tête quand la Sith me demanda si j'étais prête à la suite de la leçon, j'ignorais ce qu'elle était mais de toute évidence mon intonation enthousiaste ne faisait qu'appuyer mes paroles.

« Oui, Dame Yenna, avec beaucoup d'intérêt. »

Je rangeais mon datapad dans la poche d'où je l'avais tirée pour le garder bien à porter de main lorsque le moment viendrait à nouveau de prendre quelques notes. Pourtant lorsque mon regard se posa à nouveau sur le monde désolé de Korriban je ne pus m'empêcher une question.

« Si je puis me permettre de demander, Dame Yenna, pourquoi laisser ce monde aussi désolé ? La Force réunit de quelques Sith comme vous-même ou ma Maîtresse suffiraient sans doute à lui permettre de retrouver une allure moins désolée. »

Ce n'était après tout que la seconde planète que je visitais réellement, hors des holos que j'avais pu voir par le passé à bord du Fhloston Paradise, j'avais du mal à concevoir de laisse une planète ainsi désertique quand on avait les moyens et le pouvoir de la rendre florissante.

« Cela est-il une forme d'entrainement supplémentaire pour imposer une difficulté supplémentaire ? Mais ne pourrait-ce pas être contre-productif quelque part ? Apprendre dans la plus grande adversité peut mener à une dangereuse arrogance … même si apprendre dans la facilité peut mener de son côté à l'oisiveté. »

En terminant de parler je n'étais plus sûre de poser ces questions à la Dame Sith ou à moi-même et j'espérais que ma curiosité n'était pas déplacée.

Lizlin était prête pour la suite de la leçon et elle montra avec un certain enthousiasme. Elle demanda alors pourquoi les Sith n'avaient "restaurés" Korriban afin de la rendre plus accueillante. À moins que cette hostilité ne soit là qu'une épreuve de plus pour apprendre les enseignements sith à la dure là où un enseignement plus classique nuirait à cette philosophie d'aller toujours au-devant de l'adversité, peu importe le coût. Remarquant que l'apprentie était toujours derrière-elle comme seule une domestique le faisait. Elle avait beau ne plus être une esclave, mais certaines habitudes ont la vie dure... Yenna lui fit signe d'approcher plus près, jusqu'à la rambarde, à ses côtés, pour mieux admirer le paysage :

"Korriban a toujours été un monde aride et peu hospitalier. C'est aussi une gigantesque nécropole, tout autant à la gloire des Sith que de la civilisation sith, l'espèce originaire de ce monde dont notre Ordre a pris le nom. Si tu as du temps à tuer, je te conseille de t'intéresser à leur histoire. Elle est très intéressante, mais elle n'est pas au sujet de la leçon du jour. Tu as cependant raison sur un point. Korriban est une instructrice des plus sévère. Je n'aime pas Korriban. Pour moi, elle n'est rien de plus qu'un fossile géant, mais je la respecte. Elle sépare le bon grain de l'ivraie. Si tu lui survis, alors tu es digne de porter le titre de Sith, à l'instar de ceux qui ont vu le jour sur ce monde, et ce, peu importe combien de temps tu vivras après. C'est peut-être contre productif dans le sens où nous sommes moins nombreux que les Jedi ou que ces méthodes entraînent une implacable compétition où tous les coups sont permis, mais qu'est-ce qui est mieux à ton avis ? La quantité, ou la qualité ?"

Elle sourit doucement à l'apprentie avant de terminer son cookie et de s'éloigner de la balustrade. Elle invita Lizlin à la suivre d'un geste amical de la main et sortit du bureau avant d'arpenter les couloirs de l'Académie, le livre emprunté par l'apprenti sous le bras. Durant le trajet, la Modeleuse lança quelques anecdotes çà et là sur les différentes pièces de l'institut ou sur les Sith représenté sur des tableaux et des statues qu'elles croisèrent. Aucun rapport avec les leçons du jour, mais l'histoire est toujours intéressant à apprendre. Connaître le passé, c'est anticiper l'avenir, dit-on. Au passage, elles traversèrent la bibliothèque et croisèrent le groupe qui avait quelque peu importuner la jeune apprentie quelques heures plus tôt. Ils étaient partis pour une nouvelle série de moquerie, jusqu'à ce que Yenna ne passe la porte, avec toute sa grâce et sa prestance, sans parler de sa présence dans la Force aussi clairement visible et reconnaissable qu'un phare dans la nuit.

Coupés dans leur élan, les apprentis cafouillèrent et se perdirent en courbette et en politesse, Yenna eut l'air de ne même pas faire l'effort de remarquer leur présence, posant délicatement sa main sur l'épaule de Liz en lui tendant le livre, lui demandant d'une voix basse tout en douceur de le remettre à sa place. Elle l'observa tout du long, toujours en ignorant royalement les autres apprentis dont la tête se remplissait de milliers de questions. Qui était vraiment cette apprentie qu'ils avaient prise de haut ? La nouvelle apprentie de Yenna ? Mais la dernière n'avait pas incinéré tout un dortoir de l'Académie a à peine 14 ans ? À quel point celle-ci était puissante ? Est-ce que Yenna allait les réprimander pour avoir osé adresser la parole à son apprentie ? Et encore plus en des termes fort peu avenant ? À quoi pouvait bien ressembler une punition de la Maîtresse Modeleuse, capable de manipuler l'ADN en temps réel ? Face à cette situation, la réaction la plus logique fut celle de l'instinct de survie et le groupe quitta les lieux promptement en rasant les murs. Yenna ne put s'empêcher de sourire et s'imaginer déjà les ragots qui allaient se répandre dès le soir même dans l'Académie. Quand Lizlin revint auprès de la Sith, le groupe avait déjà pris la poudre d'escampette depuis un moment :

"Tes nouveaux "amis" sont plus impressionnables qu'ils en ont l'air. Hésite pas à en jouer la prochaine fois que tu les croises..."

Elle lui fit un clin d’œil avec un petit sourire rempli d'une malice presque enfantine. Les deux femmes reprirent la marche, se dirigeant vers une plate-forme où un speeder les attendaient. Direction, la Pyramide Centrale de Korriban, siège du Consortium sur la planète, dont une salle bien particulière était la véritable destination de la Sith pour la prochaine leçon de Lizlin : La salle du Conseil Noir.

Je me tenais un peu en retrait de la Dame Sith, c'était là qu'était ma place après tout, c'était là qu'elle avait toujours été dans ma vie. J'avais compris son invitation à m'approcher mais je m'étais exécutée comme l'esclave que j'apprenais à ne plus être. Je n'avais pas osé m'avancer d’avantage, je n'avais pas osé venir me mettre à sa hauteur, là n'était certainement pas la place d'une … je n'étais plus une esclave. J'avais encore du mal à le comprendre, le réaliser pleinement, je me réveillais encore certains matins, paniquée à l'idée d'être en retard pour tout préparer pour mon maître. Mais je n'avais plus de maître. Plus de cette façon avilissante qui avait régné sur ma vie jusque là. J'avais une Maîtresse, Darth Hemera, mais mon lien à elle n'était pas de la soumission absolue comme une esclave. Je devais apprendre d'elle, me nourrir de ses enseignements pour évoluer. Aujourd'hui j'étais son Apprentie mais mon objectif était de grandir et d'évoluer, pas de rester éternellement à cette place. C'était impressionnant et effrayant en même mais j'étais déterminée. Aujourd'hui cela passait par accepter la situation dans laquelle je me trouvais. Aussi quand Darth Yenna me fit signe d'approcher, à nouveau, je vins à sa hauteur, juste devant la rambarde. Je l'écoutais me parler de Korriban, de ce qu'elle-même y voyait et de ce que ce monde avait toujours été. Elle m'encouragea à me renseigner et apprendre sur les Sith, les premiers, ceux de l'espèce qui avaient donné le nom actuel. Voilà qu'à nouveau ma tutrice du jour décidait de me poser une colle. Elle me demandait de choisir entre la qualité et la quantité, je décidais de prendre mon courage à deux mains et de répondre en femme libre en ne choisissant pas.

« Les deux, Dame Yenna. La qualité est importante, peut permettre d'accomplir de grandes choses mais elle peut être écrasée par la quantité, rien que par son nombre. A l'inverse la quantité peut permettre d'accomplir beaucoup de choses mais elle risque d'être mise à mal par la qualité sur un exercice difficile. Nous sommes Sith, en disant cela je me demandais si j'avais le droit de déjà me considérer en tant que telle, ce qui veut dire qu'il faut parfois s'interdire les compromis. Qualité comme quantité sont essentielles, elles doivent être mises ensembles et non opposées pour obtenir plus de puissance. »

J'espérais ne pas avoir gaffé en répondant ainsi. Après tout je n'avais même pas vraiment répondu à la question posée par Dame Yenna en choisissant de ne pas choisir justement. Je n'avais pas donné une réponse tranchée comme la question semblait l'avoir été, j'avais parlé tout simplement avec ma propre conviction. La quantité pour la quantité était absurde mais il en allait de même pour la qualité. A quoi servait un surnombre écrasant s'il était de si piètre qualité que l'avantage serait brisé par l'ennemi ? A quoi servait la qualité si l'autre pouvait simplement écraser l'avantage par son surnombre ? J'avais donc parlé en choisissant pour moi-même comment répondre. Restait à espérer que je n'avais pas offensé Darth Yenna en faisant ce choix.

Nous nous rendions à la bibliothèque, je devais l'avouer pendant le court voyage qui nous séparait, j'étais attentive à chaque parole prononcée. J'avais ressorti mon datapad, pris des notes à la volée, pas question de perdre une miette des enseignements de ma tutrice, d'autant que cette dernière me donnait des données intéressantes : des noms de Sith. S'il y avait d'eux des peintures, statues et représentations, leurs biographies seraient inévitablement intéressantes et l'histoire des pièces que me présentait Darth Yenna également. C'étaient de ces pièces où des choses importantes avaient eu lieu, j'avais beau être candide, je comprenais être dans un endroit où de grands événements avaient eu lieu ou avaient été décidés.

Nous arrivâmes finalement à la bibliothèque où je pus constater, ce que je savais déjà certes, le charisme de Dame Yenna. Les Apprentis rencontrés un peu plus tôt étaient encore là, pas vraiment en train de s'instruire ils semblaient surtout chercher une nouvelle victime et semblaient vouloir remettre le couvert avec moi. Jusqu'à ce qu'ils virent la Sith poser sa main sur mon épaule en me demandant de ranger le livre. Je hochais la tête et m'exécutais d'un pas tranquille, je n'oubliais pas où j'étais. Je rangeais le livre et les autres avaient disparu, ce qui amusait au plus haut point la Hapienne.

« Je … Je ne voulais pas rentrer dans leur jeu et risquer d’entacher la réputation de Maîtresse Hemera. »

Et puis pour être vraiment honnête c'était de Dame Yenna qu'ils avaient eu peur, c'était elle qui venait de les impressionner et non moi. Je suivais à nouveau la Sith, marchant cette fois presque à sa hauteur, toujours un petit peu en retrait mais beaucoup moins, mon datapad à la main pour saisir rapidement les informations partagées par l'érudite. Elle semblait avoir une telle connaissance, j'étais fascinée tant par ce qu'elle me disait que par la profondeur de son savoir. J'avais le sentiment qu'elle pourrait me raconter l'histoire de chaque grain de sable de la peuple, l'histoire personnelle de chaque grain de sable même. Je grimpais dans le speeder à ses côtés, un droïde attendait pour nous conduire et je pris mon courage à deux mains dès les premiers instants du voyage.

« Darth Yenna, je sais que cela est indiscret mais accepteriez-vous de me parler de vous ? Je ne voulais pas faire de recherches sur vous avant cette rencontre, pas que ma curiosité n'était pas piquée au vif, mais je trouvais cela irrespectueux. »

Maintenant que je le disais, je me demandais si ce n'était pas plus irrespectueux encore de ne pas l'avoir fait. Après tout Darth Yenna était une personne importante et si j'avais encore eu un doute, ressentir son aura depuis le début de notre rencontre me suffisait amplement à en avoir la certitude.

Grimpant dans le speeder, les deux femmes quittèrent l'Académie pour se diriger vers le siège de la planète. Avant le Consortium Eternel, le Conseil Noir se réunissait au sein même de l'Académie dans une gigantesque salle aménagée. Ainsi, les Sith les plus puissants pouvaient surveiller au plus près comment les jeunes générations progressaient, suivant ceux ayant le plus de potentiel à leurs yeux et délaissant les autres sans avoir besoin d'intermédiaires. Maintenant, le Conseil Noir avait son propre bâtiment non loin de là, gigantesque pyramide dans le plus pure style hapien, toute d'or et de luxe, contrastant complètement avec l'aspect austère des vieux tombeaux et de la planète en général.

Yenna pensa aux paroles de Liz sur le fait de ne pas entrer dans le jeu des autres apprentis pour ne pas entacher la réputation de sa maîtresse. En réalité, c'était justement en ne faisant rien qu'elle nuisait à la dite réputation. Son absence de réaction pouvait sans trop de difficulté passé pour de la faiblesse et qui dit apprenti faible, dit maître faible, faible de ne pas avoir fait le bon choix ou trop faible pour l'entraîner convenablement. Mais avant de lui en parler, l'apprentie d'Héméra lui coupa l'herbe sous le pied en demandant à ce que la Modeleuse lui parle d'elle. Pour être, elle ne s'y attendait vraiment pas et vue la nature studieuse de Liz, elle pensait qu'elle avait déjà lu ou vu quelques documents à son sujet. Elle hésita sur la manière d'aborder les choses. Parler de ses fonctions actuelles ? De ses goûts ? Si elle les préféraient brune blonde ou rousse ? Elle opta rapidement pour une rapide biographie de sa jeunesse et se lança :

"Ouh... Vaste sujet... Il s'en est passé des choses durant mes 265 longues années... J'ai commencé tout en bas de l'échelle, parmi les acolytes de l'Académie. Personne ne croyait en moi à l'époque. Il faut dire que je n'étais pas des plus impressionnantes avec mes... soucis de santé. Aucun maître ne voulait de moi, même si j'étais, à la surprise générale, la dernière de ma promotion à avoir survécu. Ne jamais sous-estimer la volonté et la détermination d'un individu, peu importe à quoi il ressemble et à combien il peut sembler faible et inoffensif. C'est une leçon que je leur ai rappelée..."

En parlant, une image s'imprima dans l'esprit de Liz, montrant Yenna telle qu'elle était à l'époque, une jeune adolescente profondément difforme, conséquences d'une chute quelques heures à peine après sa naissance dont elle n'avait survécu que par miracle. On pouvait encore trouver des images de cette époque, la Sith n'ayant pas cherché à faire disparaître cette vision du passé qui pouvait être inspiratrice. Comment alors était-elle passée de cette version presque grotesque à la femme qu'elle était maintenant, et ce, littéralement du jour au lendemain ? Un antique rituel de guérison sith qui, en plus de faire disparaître ses difformités et lui rendre l'apparence native de l'Hapienne qu'elle était censé avoir, sublima davantage ses traits, déjà fort avenant. "Une marionnette brisée devenue une toile de maître", c'est ainsi que l'avait décrite celui qui allait devenir son maître quand elle se présenta sous son nouveau visage, devinant la méthode employée, qui n'était clairement pas du niveau des acolytes de l'Académie. C'est cette maîtrise apparemment innée pour la modification corporelle et pour sa facilité à interagir avec la faune et la flore qui le poussa à la prendre comme apprentie. C'était il y a longtemps...

"Je suis finalement devenue l'apprentie de Darth Vitaros, le Maître Modeleur de l'époque. Il était atypique pour les autres Sith. Il ne se préoccupait pas de la politique, ne voyait aucun intérêt de comploter contre des rivaux imaginaires. Il ne voyait pas la Galaxie comme juste un gigantesque réservoir d'ADN et de cobaye à utiliser à sa guise. Toute forme de vie a son importance, de la plus massive à la plus insignifiante. C'est des leçons que j'ai retenue et j'aime à croire que s'il me verrait aujourd'hui, derrière ce visage inexpressif qu'il affichait en permanence, cette manière impersonnelle de parler, il... continuerait de me faire la leçon, comme un mentor semblant n'être jamais satisfait, mais qui au fond, était fière des progrès de son apprentie..."

La relation entre la Modeleuse et son maître n'était pas très différente de celle entre Liz et Héméra. Du moins, c'est l'idée qu'elle en avait. Sévère, mais juste. Encourageant plutôt que déstabilisant, mais n'ayant jamais l'impression d'être satisfait. Le speeder poursuivit son trajet et déjà la grande pyramide qui était leur destination était en vue, surplombant une plaine aride et désolé :

"Je suis finalement devenue Sith et je suis entrée directement au service de Darth Ankh après la mort de mon maître... de vieillesse, c'est assez rare pour le noter. Et puis après quelques aventures et un kaggath sur Umbara, je suis devenue la nouvelle Maîtresse Modeleuse, poste que je tiens depuis 21 ans, ce qui est aussi rare pour être noté."

Elle fut obligée d'abréger, le speeder entamant sa descente vers la plate-forme d'atterrissage. Elle aura tout le loisir de répondre plus en détails aux questions de Liz plus tard, mais pour l'instant, elle voulait lui laisser la première impression de mettre les pieds dans un tel endroit pour la première fois sans accaparer son écoute. La pyramide du Conseil Noir n'était pas ouverte à n'importe qui, l'ambiance était très différente par rapport à l'Académie, surtout envers Liz. Elle n'était pas une apprentie comme les autres ici, mais celle d'un membre du Conseil Noir. Elle avait donc droit à tout le respect et les courbettes dues à ce rang de la part du personnel, et ce, dès son arrivée. Ce qui devrait la surprendre et peut-être même y prendre goût qui sait...

Nous venions de grimper dans le speeder, je me demandais où Dame Yenna comptait m'emmener à présent. Je me sentais subitement un peu naïve à bien y réfléchir, je faisais confiance à Dame Yenna parce que Dame Héméra lui faisait confiance. Alors même que ma Maîtresse m'avait bien dit que je devais apprendre à me méfier de ma candeur naturelle et de ma façon de faire confiance. Vous savez l'innocente petite créature qui va toute seule jusqu'à l'abattoir ? Me voilà ! A présent, non contente d'avoir été dans le bureau de Dame Yenna, je la suivais sans même avoir idée de notre destination, je sautais dans le speeder sans même me dire qu'elle pourrait bien m'emmener vers un endroit désert où elle allait simplement me faire comprendre cette leçon importante sur la confiance à grand renfort d'Eclairs de Force ou autres possibilités offertes par le Côté Obscur que je n'avais pas encore eu le luxe de découvrir. Bon je devais l'avouer, les Eclairs j’avais testé, ce n'était vraiment pas terrible, je donnais une note de deux sur cinq maximum. Parce que quand même pendant le bref instant avant de les sentir me percuter le spectacle avait été magnifique. Après ça bon … disons que … je m'en serai passée. Quoi que non en fait parce que ça m'avait déterminée à les apprendre et j'avais commencé à le faire, avec un manque de laisser-aller à mes émotions, je ne m'en servais pas assez selon Darth Héméra. Ca viendrait. Je ne savais peut-être pas encore correctement m'en servir cela dit. Ca viendrait. Cependant pas question de ne pas profiter du voyage pour poser quelques questions à Dame Yenna, d'autant que je confessais ne pas avoir fait mes "devoirs" sur elle. Je ne voulais pas sembler intrusive de cette façon, il en allait de même pour ma Maîtresse. En quelque sorte on pouvait même dire que ma curiosité sur Dame Yenna n'avait été muselée que par le respect que lui portait ma Maîtresse. Ce respect qui m'avait poussée moi-même à la respecter assez pour ne pas faire ma curieuse. Ca m'aurait évitée d'avoir l'air idiote à répéter doucement, tout en notant dans mon datapad un chiffre qui me semblait sur-réaliste.

« 265, je prononçais d'abord ce chiffre comme si tout allait bien, comme si c'était normal avant de le répéter avec un sursaut, 265 !? »

Alors là, tu parles d'une crème de nuit pour ne pas prendre une ride. Cependant je me concentrais sur les paroles de Dame Yenna, elle avait commencé tout en bas, je le notais, ça semblait la voie la plus évidente au sein du Consortium. Dame Yenna sembla se douter que ma curiosité était piquée à vif quand elle parlait de soucis de santé parce qu'elle semblait en excellente forme physique, en plus d'être une femme absolument magnifique pour son âge ! La vision me vint doucement à l'esprit et s'il n'y avait pas eu ces magnifiques yeux couleur lavande j'aurai pu douter de la véracité de l'image qui m'avait été transmise par la Dame Sith.

« Mais ce … comment ? »

J'allais dire que ce n'était pas possible mais j'avais vu bien assez de choses qui me semblaient sur-réalistes pour ne pas juger impossible de voir Dame Yenna devenir la femme magnifique que je voyais à mes côtés. En revanche ma curiosité était plus grande encore. Je commençais à me dire que mon instructrice aimait cela, satisfaire ma curiosité tout en la piquant encore, ça marchait à merveille, depuis la première seconde j'étais totalement captivée, un véritable papillon de nuit attiré par la flamme d'une bougie dans une nuit noire. Je notais la suite, soulignant Darth Vitaros pour faire mes recherches cependant je levais rapidement les yeux en entendant la suite pour regarder Dame Yenna, il y avait une telle mélancolie quand elle parlait de son Maître, comme si quelque chose était demeuré inachevé entre elle et lui. A sa façon de terminer ce qu'elle disait je me dis qu'elle n'avait peut-être jamais vraiment sue si elle avait été à la hauteur, s'il avait été fier d'elle mais je décidais surtout que ce n'était pas ma place de demander. Ma curiosité me brûlait les lèvres, mon cerveau en revanche comprenait parfaitement que cette question-là serait totalement déplacée.

Par chance Dame Yenna enchaina et un "wow" se dessina sur mes lèvres en l'entendant continuer. Darth Ankh j'avais commencé à étudier un peu sur elle, les chances de la rencontrer demeuraient cependant infiniment faibles, quand bien même nous fûmes sur la même planète, dans la même pièce, elle ne verrait sans doute jamais une Apprentie qui débutait comme c'était mon cas. Non ce qui valut ce "wow" à Dame Yenna fut la mention d'un Kaggath. Je n'étais pas sûre d'avoir entièrement compris comment cela se passait mais je savais ce qu'il en résultait pour le perdant. Alors que je terminais de noter que Dame Yenna occupait le poste depuis 21 ans, puisqu'elle avait dit que c'était important de le noter, je décidais de mettre de l'ordre dans mes pensées et les questions qui affluaient par cargos corelliens entiers. Je n'en poserai qu'une, décidais-je intérieurement mais laquelle. Trois me brûlaient les lèvres, une seule avait le droit de les franchir, je ne voulais pas la noyer de questions.

« Quand avez-vous rencontré ma Maîtresse ? A-t-elle été votre Apprentie ? »

Bon d'accord ça faisait deux questions mais en fait ça n'en faisait qu'une seule, du moins dans ma tête ça n'en faisait qu'une seule.

Yenna ne put s'empêcher de laisser échapper un petit gloussement face à la réaction de Liz sur son âge. Il est vrai qu'en la voyant, la Modeleuse paraissait dans la force de l'âge et rien ne trahissait le fait qu'elle approchait bientôt de son troisième siècle à part peut-être son regard qui, en dehors de ce petit éclat malicieux et un brin séducteur, semblait semblable à celui d'un de ces vieux pirates ou aventuriers qui avaient vécus beaucoup trop de choses pour une seule vie, ce qui était le cas ici. La réaction de l'apprentie fut encore plus saisissante quand la Sith lui montra une image mentale de son apparence quand elle n'était qu'une adolescente à l'Académie. Bossue, les membres de travers, méconnaissable comme une caricature grotesque de son apparence actuelle. Le genre d'handicap menant à une espérance de vie sur Korriban n'excédant pas quelques minutes et pourtant, elle était toujours là et en meilleur forme que jamais. Comment ? C'était la question de l'Apprentie aussi :

"La Force et la science permettent de faire des choses que la plupart des gens n'imaginent même pas. Combine les deux, et tu peux faire de véritable miracles et rendre à portée de main ce qui n'est que fantasme. Lancer des éclairs du bout des doigts, créer de nouvelles formes de vie de toute pièce, soulever un vaisseau sans le toucher et lui donner une âme ou encore... accéder à l'immortalité."

Lizlin semblait être prête à bombarder la Sith de questions, mais elle ne semblait pas savoir par où commencer. Yenna resta silencieuse, menant l'apprenti hors de la plate-forme d'atterrissage vers une coursive mêlant à la fois l'esthétisme hapien et celui des sith. C'était impressionnant et luxueux tout en étant intimidant et brut. Le couloir parfaitement rectiligne et anguleux, fait dans une sorte d'obsidienne noire parfaitement lisse et incrustée de dorure. Combien d'esclaves s'étaient tuer à la tâche pour réaliser ce travail aussi bien en un temps record ? Mieux vaut ne pas y penser... Par contre, c'était tout à fait le moment de répondre aux questions de Liz qui commençaient à arriver, demandant comment elle avait rencontré Héméra et si elle avait été son apprentie :

"Elle aurait dû être mon apprentie, mais le destin en a décidé autrement. Ce n'est que lorsqu'elle est devenue membre du Conseil noir à son tour que j'ai découvert ce qu'elle était devenue. Depuis... disons qu'on réapprend à se connaître."

Elle n'entra pas dans les détails, mais on pouvait tout de même deviner qu'il n'y avait pas toute l'histoire en ces quelques phrases. Une histoire à base d'enfance heureuse, de disparition soudaine, de peine endeuillée et de retrouvailles étonnantes. Peut-être qu'un jour Liz aura suffisamment la confiance de sa maîtresse pour qu'elle lui en dise plus, mais Yenna n'en dira rien. Les murs ont des oreilles sur Korriban et la première leçon que tout bon Sith doit connaître, est de savoir quand il faut se taire. Finalement, après quelques couloirs similaires en tout point et quelques serviteurs et sith croisés qui firent des courbettes sur le passage des deux femmes, la destination que la Modeleuse voulait atteindre depuis le début. Une grande salle rectangulaire avec une grande table en son centre, entourée de sept trônes, dont un en bout, plus massif et somptueux :

"Bienvenue dans la salle du Conseil noir. L'ambition de la grande majorité des Sith est de siéger à cette table, face à la Reine Éternelle. Les Sith qui siègent ici sont les plus puissants dans leurs domaines et ils conseillent notre souveraine sur la stratégie à suivre avant d'en exécuter la volonté. De nombreux chapitres de l'Histoire ont été écrits autour cette table."

Yenna s'installa sur son trône, celui de la Maîtresse Modeleuse, comme certains s'installent sur leur bon vieux canapé après une dure journée de boulot. Elle pouvait se le permettre, après tout, cela faisait 20 ans que ce trône était à son nom. À quoi il ressemblait ? À un trône hapien classique, luxueux, confortable, imposant. Yenna ne prit pas la peine de le personnaliser, car après tout, cette place pouvait devenir vacante à tout moment. Alors pourquoi se donner de la peine ? Elle invita Liz à la rejoindre et... n'ayant pas le droit de s'installer sur un des autres trônes sous peine de s'attirer la colère de son occupant qui prendra à coup sûr ce geste comme une provocation, elle l'invita à s'installer sur l'accoudoir du siens, suffisamment large pour avoir une assise relativement confortable :

"Interro surprise ! Qui sont les sept membres du Conseil noir et quels sont leur rôle distinctif ? Ne t'embête pas avec les noms, ils peuvent changer à tout moment. Juste leurs titres et leurs fonctions. Si tu fais un sans-faute... Tu pourras choisir une récompense !"

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