[Alentours des ruines de Kaleth] Retour aux Sources [PV Dalek Zar] [Terminé]

Tython, berceau de l'Ordre Jedi.... je n'adule pas ce monde presque sauvage comme certains de mes pairs plus conservateurs. Je reconnais sa beauté, sa nature préservée et sa richesse tant florale que faunique, mais je ne lui voue pas un culte. Je sais que les ancêtres des Jedi y ont trouvé ici leurs racines, comme le témoignent les nombreuses ruines de temples abandonnés, les décombres d'anciennes enclaves, de statues veillant sur les alentours du temple Jedi et sur l'astroport planétaire... et les célèbres ruines de Kaleth, au passé trouble. J'avoue qu'en termes de vieilles ruines, je suis bien plus intriguée par celles de la mythique Forge, où l'on dit qu'ont été forgés les premiers katanas Jedi et les premiers sabres-laser de notre histoire. J'aimerai beaucoup voir à quoi a pu ressembler cet endroit mythique, et notamment la forge à proprement parlée. C'est ma curiosité de bretteuse et de grande bricoleuse de ces armes énergétiques qui parle, sans le moindre doute.

Cela grouille encore cependant de nuées de droïdes dans les parages de Kaleth, qui n'arrêtent leurs déambulations qu'une fois mis hors d'état de nuire.

Je pourrais m'aventurer là-bas, cheminant avec mon sabre-laser double-lame activé pour danser et détourner leurs tirs blasters bien nombreux. Le seul bémol est que ces créatures déprogrammées et hostiles peuvent être particulièrement nombreuses alors s'y aventurer seul est déconseillé. Il me semble d'ailleurs que bien des pièces de ces vestiges n'ont toujours pas été explorées car elles sont trop endommagées ou bien trop périlleuses. Plus jeune, songe-je avec un sourire amusé, c'est tout à fait le genre de défi que j'aurai adoré poursuivre pour me prouver ma valeur et tester mes aptitudes. J'étais ce genre de Padawan bouillonnante, intrépide et téméraire qui serait assez tête brûlée pour me risquer à m'y aventurer. Nous n'avons pas ce genre de terrain de jeu sur Corellia, mais notre Temple est bien plus sécurisé et bien plus connecté avec le reste de la société.

Après une énième et interminable réunion du Conseil, j'ai décidé d'aller prendre l'air et de laisser le Temple Jedi derrière moi quelques heures.

Plutôt que d'emprunter une navette, je me suis dis que j'allais faire la petite expédition à pied, savourant la météo clémente dont nous jouissons en cette belle journée. Je porte un regard curieux, amusé et indulgent sur les Novices et Padawans qui déambulent et qui cheminent sur les sentiers qui mènent au Temple et à ses jardins immédiats, qui s'entraînent d'arrache-pied au maniement du sabre-laser ou aux arts plus subtils de la Force. On peut dire qu'avec mes robes vertes de Jedi Corellienne et ma flamboyante chevelure auburn, je ne passe pas vraiment inaperçue ! Cela ne me dérange pas. Les regards sont plus souvent curieux que désobligeants, à l'exception peut-être de quelques Jedi un peu plus conservateurs.

Croiser des binômes de Maître et Apprenti me rappelle des souvenirs tantôt réconfortants, tantôt mélancoliques. Ils me rappellent une époque plus ou moins lointaine, lorsque j'étais sous le tutorat de mon vieil ami Jaylen tandis que Corran était formé par notre père Gilad, ou plus récemment lorsque je m'occupais de la formation Jedi à la sauce corellienne de Dalek. Sur une note plus insistante, cela me rappelle aussi d'interminables discussions avec des collègues Maître Jedi Verts qui m'exhortent à daigner prendre un élève sous mon aile dans les meilleurs délais. la formation, le partage des connaissances, de l'expérience et des acquis, sont tout aussi importantes à leurs dires que mes nouvelles obligations d'ambassadrice.

Seulement, je me sens pas prête à prendre un nouvel apprenti pour l'heure. J'ai en effet fort à faire, et une enquête pressante et délicate à mener. Et même sans cela, je veux d'abord prendre mes marques dans mon nouveau rôle de Maître des Jedi Verts et m'habituer à ce nouveau rythme.

Je suis sûre que la Force saura me guider le moment venu, tout comme je saurai écouter mon instinct. J'estime cependant qu'il serait malavisé de prendre un Padawan tant que je ne serai pas parvenu à mettre hors d'état de nuire ou à coffrer le malade sensitif qui tue arbitrairement des Jedi, tels un tueur en série qui pourchasse inlassablement des membres de l'Ordre Jedi de Tython et de l'Ordre des Jedi Verts de Corellia. J'avais commencé à me renseigner de mon côté et entamé des pourparlers avec le Maître de l'Ordre Lucius, mais l'être plurimillénaire a disparu sans laisser de traces. Cela veut dire que je vais devoir repartir à zéro dans mes négociations discrètes, car je ne souhaite pas que cette affaire s'ébruite pour le moment afin d'éviter un risque de panique et de paranoïa. Puisque mon contact avec les cousins de Tython est rompu, j'ai pris la décision en concertation avec le Conseil Vert de ne pas relancer le sujet pour le moment et de mener, de notre côté et avec les moyens dont nous disposons, notre enquête. Oh, je compte bien reprendre contact avec mes pairs de l'Ordre traditionnel sur la question, mais dès lors que nous serons déjà plus avancés.

J'ai déjà mis nos relations à la CorSec sur l'analyse des systèmes du vaisseau de Jaylen ainsi que sur la captation vidéo fournie par Lucius, où le visage du potentiel agresseur était très partiellement visible. Il faut voir si ses traits corroborent avec l'une des données présentes dans nos fichiers. Maintenant, je sais où s'est rendu Jaylen, où il a disparu, le chemin aux longs détours qu'il a parcouru sans rien laissé sur le motif de son voyage. Ah Jaylen, mon vieil ami et mon vieux mentor... tu sais que tu ne me facilites pas la tâche, hein ? Je vais faire de mon mieux pour ne pas te décevoir, et honorer ta confiance en moi. Je ne suis clairement pas aussi diplomate et patiente que toi, mais je porterai nos couleurs et notre combat au Conseil.

Je m'arrête et quitte le sentier de terre qui serpente dans les terres boisées du continent où est situé le Temple Jedi, qui comporte de belles forêts. Je chemine avec une tranquille assurance jusqu'aux larges et solides pierres du petit ravin au pied duquel s'écoulent les flots tranquilles du fleuve. Je m'y assieds et prend, pour une fois, le temps de faire une petite méditation. Cela ne me ressemble pas, mais autant profiter de cette tranquillité. Cela fait longtemps que je n'ai pas pris le temps de m'y exercer, et je ne voudrais pas perdre tout à fait la main sur cette technique des plus essentielles.

Eh oui, marquez bien ce jour d'une pierre blanche : je profite d'un instant de liberté pour méditer, et ce de mon plein grès.

Corran, mon frère aîné, m'a prévenue un peu plus tôt que j'allais avoir de la visite. Mon ancien apprenti et compagnon de vie de longue date, Dalek Zar, se rendait sur Tython et comptait bien en profiter qu'on soit tous les deux au même endroit au même moment pour venir me voir. C'est vrai, je veux bien l'admettre, que cela fait près d'un mois ou deux que nous ne sommes pas vus avec nos obligations respectives. Tout s'est précipité suite à la mort brutale de mon prédécesseur au rang de Maître des Jedi Verts, mon ami Jaylen Korr, et de fait mon élection afin de prendre sa suite. Dalek a aussi été très accaparé par une longue et délicate mission sur Kashyyyk qui a failli tourner au drame, et a dû demeurer sur Corellia quand j'étais stationnée sur Tython afin d'assister à des réunions importantes, siégeant comme représentante des Jedi Verts auprès du Conseil Jedi. Je me suis beaucoup inquiétée pour lui quand j'ai senti, à une très grande distante, la vive inquiétude qu'il avait ressenti face à une cyborg surarmée d'Hapès. Je me doute qu'il a dû faire son rapport auprès du Conseil Vert, mais j'escompte bien qu'il me fasse également un rapport plus personnalisé. S'il souhaite en savoir plus sur la mort de Jaylen, je lui confierais ce que je peux lui dire. J'ai toute confiance en lui, je sais qu'il ne me trahira pas.

Je n'ai hélas pas les aptitudes de certains de mes pairs, à étendre ma vision dans la Force au delà de l'instant présent. Je ne suis pas devin ou prophète. Le seul sentiment que j'ai, vague et confus, c'est de percevoir des pièces qui bougent et se placent sans parvenir à en discerner plus. J'ai peine à croire que ces incidents isolés ne soient pas liés, d'une façon ou d'une autre, mais je n'arrive pas encore à discerner le fil ténu qui les relierait.

En attendant, il me tarde de revoir ce bon vieux Dalek, et ce pour plein de raisons diverses et variées, et certaines d'ordre clairement privé !

Avec un sourire détendu, je laisse la Force m'entourer et j'étends mes perceptions en puisant dans l'art du Réseau de Vie. Je n'étais pas très douée à cet exercice quand j'étais Chevalier Vert, mais je l'ai raffiné avec les années en finissant par constater son utilité, tout comme la Poursuite de Force. C'est vraiment très utile pour localiser un allié ou même pour traquer une proie avec l'aide de la Force. Ici, je me contente de percevoir les multiples présences, plus ou moins vives, plus ou moins voilées, des nombreuses personnes qui vivent dans le Temple et qui parcourent ses alentours. Avec l'aide du Lien de Force que les années ont forgées entre mon ancien maître obscur et mon ancien apprenti Vert; renforcé par mon don d'Empathie, je ressens la présence si particulière et si familière de Dalek. Il s'approche du Temple, en effet. Je ne fais aucun effort pour dissimuler ma présence... et puis, en toute franchise, j'en suis parfaitement incapable. Je ne me suis pas spécialisée dans la dissimulation de la Force et ses multiples subtilités.

Je me redresse et prends de lentes inspirations et expirations, détendant tout à fait mon corps et mon esprit alors que je quitte cette simple transe.

Vu qu'il doit d'abord atterrir au spatioport local de Tython, situé à quelques kilomètres du Temple Jedi et relié par navette speeder ou à pied, j'ai tout à fait le temps de revenir jusqu'au Temple afin de l'accueillir sur la zone d'accueil des navettes, sans même me presser. Je compte bien cependant le ramener jusqu'ici, où nous pourrons discuter et nous retrouver tranquillement avant de lui faire une petite proposition, tant qu'on en a le temps. D'humeur enjouée à la perspective de le revoir, chassant les nuées de mes préoccupations et de ma mélancolie, je me mets en route d'un bon pas et retourne sur le sentier. Oh, j'ai l'air insouciante mais croyez-bien que je suis aux aguets et que je me méfie des menaces locales. Si l'une d'entre elle s'hasardait à vouloir faire de moi sa cible, elle en paiera les frais avec mes lames d'énergies de mon sabre-laser double-lame ou mes blasters.

Comme je l'avais prévu, j'arrive un petit peu avant lui là où la navette s'arrête d'ordinaire. Le sourire aux lèvres, dissimulant mes préoccupations sous une expression affable, enthousiaste et assurée, je prend appui contre le mur d'une bâtisse située en face de la zone d'atterrissage des navettes. Je sens qu'il s'approche, donc il devrait arriver d'ici une petite paire de minutes si mon flair ne me trompe pas... et il ne se trompe jamais.

Après avoir ratatiné trois droïdes d’entraînement, pris une douche revigorante et enfin un petit-déjeuner consistant, Dalek avait finalement consenti à troquer ses vêtements civils pour une tenue Jedi d’un vert émeraude. Bien sûr, il était hors de question pour lui de renoncer à ses armes énergétiques, qui figuraient en bonne place à sa ceinture en plus de son sabre laser.

Le Jedi Vert venait tout juste d’enfiler sa robe de bure lorsque le Shyrack émergea de l’hyperespace. Rejoignant ses deux droïdes à l’intérieur du cockpit, il accepta avec gratitude la tasse de chocolat chaud fumant que lui tendit Rex avec son bras articulé. Installé aux commandes du vaisseau, K6 les amenait vers Tython à une allure que le contrôle spatial jugerait suffisamment lente pour ne pas être interprétée comme agressive. Comme son alcoolique de défunt mentor Sith avait coutume de dire à l’époque, mieux valait ne pas marcher sur la queue du rancor avant d’être à portée de tir de sa tête.

Bien sûr, sa visite sur la planète centrale de l’ordre Jedi était purement pacifique et il comptait éviter toute action qui aurait pour désagréable effet d’y prolonger son séjour. Sa faible appréciation de la planète ne résidait pas uniquement dans le fait qu’il hébergeait le plus grand temple de la galaxie et plus de Jedi au mètre carré que tout autre caillou habité. La sphère bleue et verte qui se grossissait progressivement dans la verrière était même plutôt jolie à contempler. Tython regorgeait d’une palette de paysages variés, avec des forêts, des montagnes, des plaines, des déserts, des ruines et des temples Jedi… et c’était tout. Le principal défaut de ce bastion Jedi par rapport à une planète moins préservée comme Corellia, c’était ce qui rassemblait à une absence totale de vie normale : pas de ville bouillonnante de vie, d’établissements où manger, boire, flâner… et pas la moindre chance d’assister à une course de podracers ou deux ! Bref, du peu qu’il en avait vu, Tython était une planète relativement préservée mais où les activités qui ne se rapportaient pas aux Jedi se limitaient au camping et au trek.

Dalek avait une seule et unique raison de se rendre dans le trou du c… mm dans le trou perdu au milieu de la Galaxie où les Jedi plus traditionnalistes avaient élu domicile, avec la nature pour principale colocataire en dehors de leurs tours d’ivoire. Il s’agissait de la femme qui partageait sa vie et qu’hélas, il devait partager non seulement avec les vieux lutins du conseil Vert mais aussi avec les moines de Tython. Il ne manquerait plus qu’elle décide de cumuler ses responsabilités Jedi avec un poste d’ambassadrice quelque part et il ne la reverrait plus qu’une fois par an…

Enfin, l’occasion s’était présentée de lui rendre visite et Tython ou pas Tython, il comptait bien en profiter pour passer du temps avec Allana. Le premier gnome incontinent qui viendrait lui faire la leçon sur les attachements aurait promptement le droit de manger sa longue barbe blanche jusqu’à satiété ! L’amour surmonte toutes les frontières, défonce toutes les barrières et met par terre toutes les sorcières, comme le disait avec grande sagesse une chanson de Corelliptyca. Jamais Dalek ne remercierait assez Hal, le petit frère d’Allana, de l’avoir fait connaître ce groupe de blaster-rock qui faisait parfois plus de sens dans ses paroles que tous les corpus Jedi et Sith réunis.

Cela dit, le Jedi Vert était légèrement mauvaise langue. Il existait bien un site d’intérêt tenu par les Jedi, qui n’était autre que leur Grande Bibliothèque. Le Hapien était certain qu’il pourrait dénicher des lectures bien croustillantes dans leurs archives, que ce soit en termes d’arcanes perdues mais aussi de petites histoires épiques allant de la guerre galactique au duel à mort, qu’il pourrait répertorier pour les restituer à ses petits élèves sur Corellia. Dalek s’était pris d’affection pour les classes d’initiés auxquels il donnait cours parfois, figurant à sa connaissance parmi leurs intervenants favoris. En toute modestie, la barre n’était pas placée bien haute quand on voyait la façon soporifique dont certains autres professeurs animaient leurs cours. C’était à croire que la véritable épreuve ne consistait pas à apprendre mais simplement à rester éveiller dans leur cas !

Hélas, Dalek ne se faisait pas d’illusion quant à l’accès qui lui serait permis aux archives, à la fois du fait de son simple rang de chevalier et de par son passif chez les Sith. Peut-être essayerait-il d’en toucher deux mots au maître archiviste s’il le croisait, des fois qu’il puisse lui arranger le coup, après tout il avait eu l’air d’être quelqu’un de plutôt sympathique pour un Jedi de là-bas.

- Maître Dalek, vous devriez vous sangler dans un siège si vous ne voulez pas renverser une nouvelle fois votre tasse.

- Merci pour ta prévenance, K6 ! Rétorqua Dalek avec humour avant de prendre place dans le fauteuil de copilote. Aurais-tu d’autres sages conseils à me partager, ô maître droïde ?

- Voyons, si je devais les énoncer comme suit : réfréner vos blagues avec les habitants de ce monde, qui n’ont pas d’humour ; éviter de copuler publiquement et bruyamment avec Maîtresse Allana si vous voulez éviter l’incarcération ; réfréner autant que possible votre penchant pour les explosions et autres dégradations de patrimoine public qui pourraient également vous faire atterrir en détention…

- D’accord, d’accord, j’ai compris, l’interrompit le Hapien qui avait manqué de s’étrangler en buvant son chocolat chaud. Je ferai de mon mieux pour bien me tenir. Satisfait ?

Les piaillements de son droïde astromécano laissaient entendre qu’il le croirait quand il le verrait mais que cela ne le dérangeait pas parce qu’il préférait l’action.

- Merci pour ta confiance, Rex… Je compte sur toi pour glaner quelques informations aux archives si tu peux. Rien de confidentiel hein, juste mettre à jour nos cartes sectorielles et bases de données, et bien sûr des récits historiques peu connus pour les petits. Je ne pense pas qu’ils te feront de difficulté mais n’insiste pas s’il s’avère qu’ils sont racistes des droïdes.

- Je l’accompagnerai mais je doute que nous ayons des difficultés, déclara K6. Ils ont également beaucoup de droïdes pour s’occuper des tâches courantes de ce que j’en sache, Maîtresse Allana disait que cela leur libérait du temps pour d’autres occupations.

Dalek n’était pas sûr de vouloir connaître les occupations des Jedi de Tython au-delà de l’entraînement, de la méditation et des recherches dans les archives. Il devait certainement y avoir des disciplines qu’on retrouve partout, comme les spécialistes en soins, ceux en agronomie ou ceux encore tournés vers l’exploration mais il se trouvait en terrain peu familier. Ce n’était pas la majorité qui le mettait mal à l’aise mais le petit noyau dur anti-Sith ou dans son cas anti-ex-Sith qu’il imaginait bien volontiers dans leurs rangs. La dernière chose qu’il voulait, c’était de causer des ennuis à Allana en se retrouvant à tenir en respect un Jedi conservateur dans les couloirs de leur grand temple !

Fort heureusement, l’atterrissage au spatioport se déroula sans la moindre difficulté. Le Shyrack fut placé dans un emplacement sécurisé et il leur fut confirmé que Rex et K6 pouvaient se déplacer librement dans la majeure partie des installations Jedi, excluant les zones réservées aux maîtres, les hangars des vaisseaux militaires et les quartiers privés. Dalek enjoignit les droïdes à se rendre à la grande bibliothèque pendant qu’il se dirigeait vers la navette qui l’amènerait du côté du temple.

Le Hapien avait ressenti la présence d’Allana de par leur lien très fort et il sourit en la sentant de plus en plus proche au fur et à mesure qu’il se rapprochait du temple. Sans surprise, elle l’attendait non loin de la zone d’atterrissage des navettes, il était difficile de ne pas la remarquer avec sa chevelure flamboyante et ses robes d’un vert soutenu.

Descendant de la navette avec un baluchon à l’époque, Dalek lui adressa un sourire et un salut de la main en se rapprochant d’elle. Force qu’il avait envie de la serrer dans ses bras et de l’embrasser passionnément ici et maintenant, au diable les petits coincés qui pouvaient rôder dans le coin. Après de longues semaines voire de longs mois sans l’avoir vue, elle lui avait énormément manqué, plus qu’il ne l’aurait avoué à haute voix. Tout cela bien sûr, elle le savait mieux que personne ou plutôt elle le ressentait avec ce don qui lui était si particulier.

- Salut Allana, tu as l’air de bien te porter ! J’avais peur que nos cousins traditionnels ne t’aient retiré toute énergie et toute joie de vivre à force de réunions interminables. C’est gentil d’être venue m’accueillir en tout cas.

Il ne résista pas à la tentation de se rapprocher pour l’étreindre, ayant même l’audace de l’embrasser sur la joue. Avec un peu de chance, les passants les prendraient peut-être pour des frère et sœur, il avait le souvenir d’avoir lu qu’un de leurs vieux héros Jedi avait coutume d’embrasser sa sœur sur la bouche mais il s’agissait d’un gamin un peu torturé si sa mémoire ne le trahissait pas. C’était quelque chose comme un fermier qui avait perdu ses parents adoptifs avant de rencontrer un vieux maître Jedi plutôt ermite et qui s’était retrouvé pris dans un engrenage au point de devoir commettre un crime de guerre à dix-neuf ou vingt ans, en détruisant une station spatiale avec un million de personnes à son bord pour sauver une princesse. Bref, le gars n’avait pas eu de chance dans sa vie, quand il avait découvert que la princesse qu’il aimait était en fait sa sœur et que le bras armé de l’Empereur Sith de l’époque était son père. Une bonne famille de tarés quoi, ah c’était peut-être même les Skywalker maintenant qu’il y repensait !

- Je ne connais pas trop le coin donc je te laisse me guider, où souhaites-tu qu’on aille ? De préférence, je recommanderais un endroit plutôt tranquille, notamment pour discuter sans trop d’oreilles indiscrètes aux alentours.

Plus sa présence approche, plus mon sourire s’étire et plus ma bonne humeur revient. Si j’en crois que je perçois, il est tout aussi enthousiaste à l’idée qu’on puisse enfin se retrouver un petit peu. Je me demande si K6 et Rex seront avec lui, les deux droïdes quittant rarement sa compagnie. Mes yeux bleus-gris se relèvent et se portent sur la navette terrestre qui approche de la piste d’atterrissage. Sans même consulter la Force, je reconnais aussitôt la tignasse brune de celui dont j’attendais la visite. Tiens, il a même fait l’effort de porter les robes émeraudes propres aux Jedi Corelliens, histoire sans doute de se conformer minimalement aux normes en rigueur dans ce bastion des cousins Jedi. Je me redresse aussitôt, mon regard rivé vers lui et un sourire éclatant et chaleureux illuminant mes traits.

Je ne peux pas m’empêcher de ressentir de l’amusement en constatant le contraste entre son attitude strictement amicale alors qu’il me salue de la main avec un sourire et ce que je perçois à travers notre lien. Derrière cette relative sagacité de sa part, je sens les émotions qu’il ne prend pas la peine de vouloir me dissimuler… et qui trouvent bien des échos chez moi. Moi aussi je brûle de le prendre dans mes bras et de le serrer tout contre moi, avant de lui montrer à quel point il m’avait manqué pendant tout ce temps en l’embrassant avec fougue. Ce ne serait pas très digne d’un membre du Conseil sans doute, me direz-vous, mais vous ne pouvez pas imaginer à quel point son absence s’était faite sentir. Il s’est passé tellement de choses de notre côté respectif qu’on a beaucoup de choses à rattraper… et beaucoup de nuits également. Enfin, nous pouvons enfin nous retrouver et ça, c’est l’essentiel.

- Salut Allana, tu as l’air de bien te porter ! J’avais peur que nos cousins traditionnels ne t’aient retiré toute énergie et toute joie de vivre à force de réunions interminables. C’est gentil d’être venue m’accueillir en tout cas.

- Salut Dalek ! Bah, c’est normal quand même que je vienne t’accueillir. Tu n’imagines pas à quel point je suis contente de te voir ! Tu as l’air de bien te porter.

Aux Sith les convenances ! Je lui ouvre grands les bras avec un sourire rayonnant alors qu’il s’approche et le laisse m’étreindre, tout en le prenant également dans mes bras. Ces deux mois avaient semblé être une éternité, ballotée entre les missions, les réunions du Conseil Vert et celles du Haut Conseil. Il y a tellement de choses à lui raconter et à partager, et je sais qu’il a rencontré bien des aventures de son côté également. Notre quotidien respectif a été assez agité ces deux derniers mois. Je le laisse m’embrasser sur la joue, amusée par sa retenue inhabituelle, et lui retourne cette petite affection. Oh, ce ne serait qu’un prélude à des retrouvailles plus animées le soir venu, quand nous serons tranquilles. Je me recule juste assez pour pouvoir croiser ses yeux verts et serre affectueusement son épaule.

- Je ne connais pas trop le coin donc je te laisse me guider, où souhaites-tu qu’on aille ? De préférence, je recommanderais un endroit plutôt tranquille, notamment pour discuter sans trop d’oreilles indiscrètes aux alentours.

- C’est vrai que c’est ta première fois par ici. Sois le bienvenu sur Tython, chez nos cousins Jedi. C’est un joli coin, juste trop tranquille à mon goût pour être honnête avec toi !

Je jette un coup d’œil. Il n’a pas l’air trop chargé vu qu’il ne porte qu’un baluchon, ce qui veut dire que le reste de ses affaires est soit sur son vaisseau soit avec ses droïdes. D’un autre côté, comme je le connais bien, il a clairement envie qu’on discute tranquillement et je ne conseillerai pas l’enceinte du Temple Jedi pour ce faire. Il y a toujours des Novices et des Padawans qui se baladent dans le secteur, et je suis prudente avec nos chers confrères dont les membres les plus conservateurs n’apprécient pas ma présence et celle de Dalek sur leur sol. Et je ne tiens pas à avoir des oreilles indiscrètes. Mon plan initial sera donc tout à fait approprié pour répondre à notre besoin de discuter totalement en paix. Laissant ma main glisser de son épaule jusqu’à son avant-bras, je lui propose d’une voix chaleureuse.

- Mm, j’ai ma petite idée. Est-ce que tu es contre une petite trotte ? Prendre l’air nous fera du bien, et je connais le coin parfait pour ça. On s’occupera de transférer tes affaires dans mes quartiers à notre retour. Mes quartiers sont bien assez grands pour deux.

Une fois son assentiment obtenu, je l’entraîne à ma suite et nous nous détournons bien vite de l’aire d’atterrissage. Laissant dans notre dos le sentier qui mène avec pas mal de marche vers le spatioport, nous nous détournons également du bastion Jedi que nous laissons sur notre droite. Nous dépassons les nombreux terrains d’entraînement de l’enclave de Tython, où des Novices et Padawan s’exercent au sabre-laser ou au maniement de la Force. Nous arrivons bientôt à un croisement, avec un sentier qui part vers la gauche, surplombant une vive cascade, et un second chemin qui part sur la droite. Je nous guide sur ce dernier, alors que nous nous enfonçons peu à peu dans les bois de Tython

Le sentier de terre est encadré par la roche et les bois sur notre droite, et sur notre gauche une falaise au pied de laquelle s’écoule un torrent préservé. Bientôt, nous arrivons tout près de très vieilles ruines qui dégagent une présence ancienne, puissante et trop complexe pour clairement la définir. Cela étant dit, elle ne perturbe en aucun cas nos esprits aguerris. Je me détourne de ces ruines et prend la direction opposée, nous rapprochant des rochers qui surplombent l’un des nombreux torrents de Tython. Si les ruines attirent les curieux, elles les détourneront de notre position si nous nous distançons de suffisamment de mètres d’elle. M’asseyant sur un large rocher, j’invite d’un signe de main Dalek à prendre place à mes côtés, sous l’œil des sapins, des roches et du torrent à nos pieds.

- Je pense qu’on sera tranquilles ici. Les ruines de Kaleth un peu plus loin détourneront l’attention, et rares sont les Jedi qui s’éloignent un peu des sentiers battus pour prendre le temps de profiter de ces paysages. Si quelqu’un s’approche de nous, je le sentirai venir.

Un sourire confiant se tisse sur mes lèvres, alors que mes traits se détendent un peu. Loin du Temple et des yeux des Jedi locaux, je me permets de laisser tomber le masque que je portais jusque lors. Une brise agréable vient adoucir avec délice la température en cette journée fort clémente. Je porte mes yeux bleus-gris dans les siens, alors que ma main vient se poser sur la sienne et la saisir avec douceur. Dès que je suis sûre qu’il n’y a pas d’âme trop curieuse ou menaçante à nos alentours, je me penche vers lui et pose ma main libre sur sa joue avec tendresse, avant de l’attirer vers moi et de l’embrasser avec la passion que j’avais retenue tout à l’heure. Ceci fait, sourire aux lèvres, je reprends la parole.

- Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas pris du temps pour nous, hein ? On peut profiter du paysage pour se détendre, mais autant s’occuper des choses sérieuses d’abord. J’ai entendu que tu as été pas mal balloté. Désolée de ne pas avoir été là quand tu en avais besoin.

À en juger par les mots qu’elle lui adressa à son arrivée et par sa chaleureuse étreinte, Allana était également heureuse de le voir. Avec un sourire radieux aux lèvres, elle avait l’air effectivement contente et elle lui apparut encore plus séduisante qu’à l’ordinaire. Il y avait peut-être du vrai chez ceux qui disaient que l’absence pouvait être un aphrodisiaque. Dalek n’avait aucune difficulté à reconnaître qu’il était aussi amoureux de la Corellienne que jamais, n’en déplaise aux lutins verts du Conseil qui fronçaient les sourcils à chaque fois qu’on parlait d’attachement… même si cela ne les empêchait pas d’avoir une famille dans la plupart des cas. Quels sacrés hypocrites tout de même…

Il s’agissait également de sa première vraie visite sur la planète principale des Jedi de mémoire, même s’il était possible qu’il y ait fait de brèves escales sans jamais sortir du spatioport. Autant dire que l’ancien Sith n’avait jamais été franchement à l’aise sur cette planète, surtout à l’époque où il était fraichement débarqué du Consortium Eternel après être devenu Padawan.

- Je te confirme que la planète avait l’air plutôt dénuée de tout centre civilisé, son grand temple et sa bibliothèque exceptés bien sûr. Je me suis demandé comment tu arriverais à rester saine d’esprit ici sans bar, sans restaurant et sans shopping, la taquina Dalek avec un sourire malicieux.

Le Hapien regarda sa main glisser depuis son épaule jusqu’à son avant-bras, accueillant ce geste d’affection avec bonne humeur. Il y a encore quelques années, il n’aurait jamais laissé une femme le toucher de façon aussi familière, en dehors de missions d’infiltration où son objectif consistait à éliminer la dite dame. Sa relation avec Allana l’avait changé, aussi bien à l’époque où elle étudiait auprès de lui les arts Sith que depuis qu’ils avaient rejoint les rangs Jedi. Oh cela ne signifiait pas qu’il faisait confiance à la première femme venue, en particulier si celle-ci était Hapienne ou Sith. Le Jedi Vert avait accepté des exceptions à sa règle, Allana bien sûr, Ellen qui était la belle-sœur d’Allana et à qui il devait son Shyrack, ainsi qu’Adea, la fille d’Ellen et de Corran.

- Une petite randonnée champêtre ? Non, je n’ai rien contre, surtout si nous pouvons nous éloigner un peu de… tout ça, répondit Dalek en montrant le temple d’un geste de sa main. Je voyage léger comme tu vois, j’ai pensé que quelques tenues de rechange suffiraient, sinon je pourrai toujours en rechercher au Shyrack.

Dalek emboîta naturellement le pas au Maître des Jedi verts. Contrairement à ce qu’il ressentait quelques années auparavant, ce n’était pas fondamentalement son ancienne affiliation qui le rendait si inconfortable mais plutôt l’absence de certitude d’être vraiment seuls tous les deux. Il savait que les Jedi étaient au moins les égaux des Sith en ce qui concernait les techniques d’espionnage diverses et variées, qu’elles requièrent l’usage de la Force ou non. Autant il n’était pas particulièrement effrayé par les voyeurs, autant il n’avait pas envie que ses propos puissent être enregistrés, déformés et utilisés contre lui par quelque ombre Jedi qui prendrait sa moindre parole au pied de la lettre. La Force lui en soit témoin, il avait déjà assez de mal à expliquer son humour aux vieux lutins de Corellia alors à cette souche plus conservatrice de Jedi ? Voilà pourquoi il préférait s’éloigner du grand temple. Il se doutait qu’ils seraient peut-être suivis mais ils pourraient repérer plus facilement des intrus en pleine nature plutôt qu’au milieu du maëlstrom de présences variées des initiés, Padawans, chevaliers, maîtres et autres Jedi qui occupaient les lieux par milliers !

Dalek se surprit à apprécier la promenade le long du sentier qui les amena à longer plusieurs terrains d’entraînement. Des gamins de tous âges s’entraînaient, tantôt au maniement du sabre laser, tantôt à exercer des pouvoirs de Force. Au fur et à mesure de leur périple, les personnes devenaient de moins en moins nombreuses et le paysage se faisait de plus en plus sauvage. Après avoir contourné une cascade, ils s’enfoncèrent dans des bois.

Faisant une confiance aveugle à Allana, il la suivit sur le sentier de terre, profitant de cette expérience pour étendre ses sens et ressentir la Force vivante, si présente au travers des arbres, dans la force du torrent, dans l’endurance des rochers. Ces occasions se faisaient plus rares sur Corellia, du fait de la proximité du temple vert avec Coronet City, qui bouillonnait de vie mais d’une façon très différente.

Son attention fut ramenée au temps présent lorsqu’ils approchèrent de ruines visiblement très anciennes. Zar ressentait quelque chose de puissant dans ces vieilles pierres, comme une présence qui aurait perduré au travers des âges, bien après que les personnes qui avaient vécu ici soient redevenues poussière. Allana l’emmena bientôt dans la direction opposée à ces ruines, jusqu’à des rochers qui leur offraient une très jolie vue, bien sûr sur le plan paysager mais surtout suffisamment dégagée pour voir facilement arriver quelqu’un.

A l’invitation de son ancien maître, Dalek s’assit près d’elle, sur un large rocher. La senteur des sapins lui chatouillait les narines, de même que les senteurs de fleurs sauvages transportées par le vent. En dépit de quelques nuages blancs dans le ciel bleu, le Hapien sortit une paire de lunettes légèrement teintées pour protéger ses yeux.

- Kaleth ? Le nom me dit quelque chose, je crois me souvenir qu’il s’agissait d’un temple il y a très longtemps mais il n’y a plus vraiment d’artefacts d’intérêt dans ces ruines, j’imagine ? Je fais confiance à tes talents de détection même si j’en suis un peu jaloux. Il faudra que tu me les apprennes à l’occasion ! La taquina Dalek avec un sourire aux lèvres.

Le cœur de Dalek rata un battement lorsqu’elle prit sa main dans la sienne, les yeux bleu gris de la Jedi rivés sur les siens. Force que cette femme éveillait des choses en lui ! Le simple toucher de sa main sur sa joue avivait déjà ses sens mais lorsqu’elle l’embrassa, le Hapien s’abandonna à leur baiser avec autant de passion que la Corellienne. Il y avait toujours eu quelque chose d’électrique entre eux mais le Jedi vert avait l’impression que cet attachement ne faisait que croître avec le temps. Il dût faire preuve de toute sa volonté pour rompre le baiser lorsqu’elle détacha ses lèvres des siennes.

Par les innombrables plis d’un Hutt, cela faisait effectivement une éternité qu’ils n’avaient pas pris de temps pour eux. Perdus au milieu de nulle part, ils auraient pu oublier tout le reste, les conseils de Corellia comme de Tython, les Sith comme les Jedi… mais il savait qu’elle avait besoin de savoir et de comprendre ce qui lui était arrivé sur Kashyyyk. Dalek prit une profonde inspiration, tant pour se donner du courage que pour évacuer les très nombreuses pensées et envies qui encombraient son esprit. Parfois les techniques de concentration Jedi avaient du bon, même si les utilisateurs du côté lumineux seraient sans doute étonnés de savoir que leurs homologues du côté obscur employaient parfois des techniques similaires avant de procéder à des assassinats notamment.

- Cela fait diablement longtemps, c’est vrai ! Nous avons le temps de profiter du paysage mais tu as raison qu’il y a peut-être des choses plus pressantes… La mission sur Kashyyyk a été assez banale, en tout cas selon mes standards mais c’est ce qui s’est passé après que je n’avais pas prévu. Personne n’aurait pu le prévoir d’ailleurs donc tu n’as aucune raison d’être désolée… D’ailleurs, j’en suis sorti vivant et je le suis encore, pour le moment en tout cas. Termina-t-il avec l’ombre d’un sourire.

Dalek avait sincèrement cru que sa vie allait prendre fin dans cette cantina de Kashyyyk de la main de la Régente du Trône Eternel. Celle-ci n’avait d’humain que l’apparence et il savait que les personnes mortes de sa main depuis des siècles se comptaient par milliers, probablement bien davantage d’ailleurs. Tout ex-guerrier Sith et désormais chevalier vert qu’il était, Zar n’avait eu aucun doute que la droïde assassin extrêmement haut de gamme était capable de le tuer soit avec son sabre laser, soit avec les ressources militaires dont elle devait disposer à proximité. Ce n’était pas tant l’individu qu’il craignait que le réseau d’information auquel elle avait accès et qui lui permettrait sans doute de le retrouver où qu’il soit, si elle le désirait. Sa seule chance de survie, à son humble avis, résidait dans le fait qu’il n’était pas quelqu’un d’assez important pour qu’elle s’occupe de son cas elle-même. C’était quelque chose dont il n’était pas fier mais si cela signifiait qu’il n’allait pas mourir – et par extension qu’Allana ne mourrait pas avec lui du fait de son don d’empathie – il en était tout à fait satisfait. Bien sûr, cela ne l’avait pas empêché de redoubler d’efforts dans ses entraînements depuis cette rencontre.

- J’imagine que tu as pas mal de questions par rapport à Kashyyyk. Commençons peut-être par ce que tu sais déjà et je complèterai le cas échéant. Ça te va si on procède comme ça ?

Je lui laisse le temps de rassembler ses pensées et de voir s'il souhaite répondre ou non à l'invitation que je lui propose. Je ne le force pas à me faire le récit exhaustif de ce qu'il s'est passé lors de sa mission sur la planète des Wookies, j'ai son rapport officiel auquel je peux avoir accès à distance pour cela, mais j'apprécierai clairement son retour officieux sur cet incident. Ce n'est pas qu'en tant que Maître des Jedi Verts d'ailleurs, c'est aussi pour une raison plus personnelle qui nous concerne tous deux... enfin, qui concerne une partie non-négligeable de notre vie et de notre parcours commun. Je suis consciente, après tout, de l'équilibre délicat de notre situation actuelle vis-à-vis du rôle que nous avions joué par le passé chez les Sith. Nous sommes tous deux conscients que ce n'est sans doute qu'une question de temps avant que les emmerdes ne reviennent nous faire chier, surtout des autorités Sith et du Consortium où nous n'avons pas intérêt à mettre les pieds sans que nos têtes soient encore plus mises à prix. Cela étant dit, je n'ai aucun regret. C'était une période sombre, certes, mais éclairante également sur plusieurs aspects. C'était un mal nécessaire que mon infiltration chez les Sith et je sais que même aujourd'hui, je garde encore des traces de cette courte existence Sith de près d'une demi-décennie. Je n'ai absolument aucune envie de retourner parmi eux, croyez-le bien, mais j'ai pu en tirer des expériences et ça, de nos jours, ça n'a pas de prix.

Eri'ana Darvik fait partie intégrante de moi, tout comme j'ai fait partie d'elle à une époque. Elle est une facette de mon être, une pièce de mon passé. Je ne renie pas son existence, même si j'ai tourné définitivement le dos à celle que j'étais alors. Ce sont mes ombres, je les accepte comme telles. Et puis, sans ce vol à travers la nuit, je n'aurai pas connu Dalek. En tout cas, pas de cette façon là alors au final, je suis en paix avec moi-même là-dessus.

Je ne pense pas qu'on puisse définir aussi clairement qu'on le croit les notions de bien et de mal, de lumière et de ténèbres. Sans partir dans de grands délires philosophiques, si j'en crois mon expérience, je dirais que les lignes sont troubles et la zone grise plus étendue qu'on ne le pense. Je trouve que les plus conservateurs des Jedi sur Tython ont une vision trop manichéenne des choses, qui biaise leur perception d'autrui et des choses. Un criminel n'est pas forcément une raclure, un Jedi n'est pas forcément un saint, un mandalorien n'est pas forcément un boucher et un Sith n'est pas forcément un grand taré sadomasochiste assoiffé de sang et dépourvu de toute finesse. Je grossis les traits vous allez me dire, oui, mais si vous saviez seulement à quel point certains de mes pairs entretiennent et font circuler ces clichés éculés pour nourrir leur vision étriquée de la réalité. Pour les plus fanatiques des Jedi, la notion de repentir n'existe pas et des personnes comme Dalek et moi sommes des dangers ambulants ou des bombes à retardement. Oh, cela ne me blesse pas, leur bêtise m'amuse plutôt et je me plais à les faire tourner en bourrique pour les mettre en face de leurs propres contradictions en confrontant leurs beaux principales et leurs valeurs arriérées par des faits issus de l'expérience, concrets.

Je ne prétends pas avoir la science universelle et la vérité absolue, mais au moins moi, j'ai l'honnêteté de le reconnaître et de ne pas le prétendre.

Heureusement, la majorité de mes confrères et consœurs de Tython ne sont pas aussi cons et sont des gens tout à fait fréquentables. Ça me rend au moins un maigre espoir que ma présence régulière sur Tython ne serve pas à rien et vaille la peine du temps conséquent que j'y consacre. J'ai envie de donner raison à Jaylen, qui était convaincu qu'une collaboration pérenne et durable avec eux était possible sans qu'on soit absorbés pour autant et qui s'est battu pour cela. J'ai pris la relève, et je dois gérer à la fois les attentes du Haut Conseil envers nous et relayer les attentes de l'Ordre Vert, porter ses revendications tout en évitant que cela ne s'envenime et qu'on en soit réduits à un Schisme. Croyez-moi, ce n'est pas de la tarte, même pour quelqu'un d'aussi respecté que moi par les Jedi Verts. D'un côté, on a les traditionnalistes chez les cousins qui essayent petit à petit de recouvrer leur influence et de saboter les efforts de conciliation de plusieurs décennies entre nos deux Ordres et de l'autre, on a les indépendantistes chez les Verts qui veulent imposer davantage leurs revendications et réaffirmer une plus grande indépendance pour nous, voire nous séparer d'eux. Ce sont toutes deux des minorités pour l'heure, mais je les garde à l’œil car je sens qu'elles peuvent vite devenir de véritables épines dans le pied.

En gros, je sers à la fois d'ambassadrice et de modératrice. J'ai le rôle ingrat et essentiel du messager, du négociateur et de l'intermédiaire. Mais bon, au moins je me sens utile et j'oeuvre à éviter une situation qui serait aussi délétère pour ceux de Tython que pour l'Ordre Vert. Nous n'avons pas le luxe, dans les tensions actuelles et les désaccords sur les Seigneurs Jedi, avec la double-menace du Consortium et de l'Empire, de nous diviser.

Enfin, certains cousins Jedi peuvent même être de bonne compagnie et d'excellents partenaires d'entraînement au sabre-laser. Avec une ombre de sourire, je me souviens d'une consœur disparue du Haut Conseil qui avait voulu que je lui apprenne à se servir de blasters et à améliorer la précision de ses tirs. J'avais pris plaisir à lui partager cette science toute corellienne, même si nous avions un peu endommagé le terrain d'entraînement.

Je veux croire pour l'heure que ma présence sur une planète aussi reculée, bien trop tranquille à mon goût que ne l'est Tython, n'est pas vaine.

- Cela fait diablement longtemps, c’est vrai ! Nous avons le temps de profiter du paysage mais tu as raison qu’il y a peut-être des choses plus pressantes… La mission sur Kashyyyk a été assez banale, en tout cas selon mes standards mais c’est ce qui s’est passé après que je n’avais pas prévu. Personne n’aurait pu le prévoir d’ailleurs donc tu n’as aucune raison d’être désolée… D’ailleurs, j’en suis sorti vivant et je le suis encore, pour le moment en tout cas.

Nous avons tous deux envie et grand besoin de nous détendre et de nous retrouver, mais hélas le devoir et les choses sérieuses doivent passer d'abord. Au moins comme ça après, on en sera débarrés pour un moment... plus ou moins long. Je chasse mes propres préoccupations pour porter toute mon attention à mon compagnon, dont l'ombre de sourire ne me rassure pas tout à fait. Le connaissant, j'imagine bien qu'il a dû en falloir beaucoup pour l'impressionner, ça n'arrive donc pas tous les jours, et que si ce que j'ai entendu est vrai, ça a dû aussi froisser sa fierté. Enfin, l'important est d'en tirer des leçons, de décider de quoi faire dans un avenir proche et ensuite on revient au temps présent. Il importe le plus. Voyant ses efforts d'alléger un petit peu l'atmosphère, je décide de soutenir ces derniers en accordant un bref commentaire avec un soupçon de sourire.

- Et pour encore longtemps, j'y compte bien.

Je me souviens fort bien de la grande peur qu'il avait ressentie et qui m'était parvenue en même temps que la mise en garde mentale qu'il m'avait relayée, et que je m'étais empressée de transmettre aux autres Conseillers Verts et Conseillers concernant la présence d'un haut officier et dangereux androïde issu du Consortium en plein territoire républicain. J'avais su donner le change et garder une façade impassible et assurée, mais j'étais particulièrement inquiète pour lui et assez remontée contre la sécurité républicaine, qui avait clairement foiré quelque chose à mes yeux. Je veux dire, même si cela n'avait pas été Dalek mais un autre collègue Jedi, j'aurais été tout aussi furibonde. Faut qu'ils fassent leur part du boulot quoi !

- J’imagine que tu as pas mal de questions par rapport à Kashyyyk. Commençons peut-être par ce que tu sais déjà et je complèterai le cas échéant. Ça te va si on procède comme ça ?

Approuvant de la tête, je prends quelques instants pour me remémorer le dossier, ou en tout cas ses lignes essentielles, avant de prendre la parole.

- Alors si je me souviens bien, tu avais été envoyé sur une mission d'enquête concernant la disparition suspecte d'enfants Wookies, dont on ne pouvait pas écarter la possibilité d'un enlèvement par des agents du Consortium. Ton enquête t'a emmené jusqu'à la lune d'Akoshissss, l’une des lunes de Trandosha, où des Trandoshans liés à l'APEX avaient enlevé les gamins en échange de rançons ou dans l'optique de leur laver le cerveau et en faire des enfants-soldats. Tu as récupéré les enfants, tu as sommé les Trandoshans de se rendre, ils ont fait leurs têtes butées et tu as fait le ménage à ta façon, en explosant leur base et en neutralisant plusieurs de leurs chasseurs. Tu as ramené les gamins à leur famille.

Je ne masque pas mon contentement concernant ce premier rapport. Je ne vais pas avoir de compassion envers des rançonneurs d'enfants, et les Trandoshans font toujours les difficiles quand on enquête sur certains de leurs commerces. Au moins, il n'y a pas eu de victimes collatérales, pas trop d'explosions, pas de dégâts matériels civils... de la part du Démolisseur, c'est déjà un très gros effort de sa part. Et pour une fois, je ne devrais pas avoir une note trop salée à gérer en termes de dommages collatéraux matériels. Ça me changera un peu à l'habitude, ainsi qu'au Conseil Vert. Mon amusement face à ce constat se mêle à mon sérieux alors que j'enchaîne sur la partie post-mission qui a mal tourné, si j'ai bien suivi :

- C'est ensuite que ça s'est corsé. Pendant que ton vaisseau était stationné pour réparations sur place, tu es tombé nez à nez avec la numéro 2 du Consortium, qui n'avait rien à faire là d'ailleurs. J'ignore par contre les circonstances exactes. Tu as réussi l'exploit de survivre à cette rencontre, ce qui n'est pas rien, et tu as eu raison de ne pas lui donner la chasse. Seul, ça aurait été insensé et tu te serais jeté dans la gueule du loup. Ce genre de grosse proie c'est comme les Dragons Krayt, ça ne se chasse pas seul. Tu as bien fait de me prévenir, j'ai pu relayer le message et informer qui de droit pour comprendre comment ce bordel a bien pu advenir. Je te tiendrais au courant.

La numéro 2 de l'Empire, ISIS... qui est impliquée dans le même réseau GEMINI que j'avais contourné à l'époque pour ne pas griller mon identité. J'ai besoin de savoir du coup ce qu'elle a pu lui dire, pour savoir à quel point nous sommes potentiellement dans le bouse de bantha. Ce n'est pas de sa faute, la faute à pas de chance pour le coup, mais je dois en savoir plus. Je garde sa main dans la mienne et lui demande d'une voix compréhensive.

- Est-ce que tu veux bien m'en dire plus ? Je sais que ce n'est pas un moment plaisant à raconter, mais j'ai besoin d'avoir une petite idée de ce qu'elle sait et de ce qu'elle pouvait bien faire dans les parages. Il faut qu'on soit préparé à toutes les éventualités.

Pour longtemps ? Il l’ignorait complètement. A une autre époque, cela l’aurait irrité mais pas effrayé outre mesure. Après tout, il aurait dû être exécuté par un tribunal hapien à l’âge de dix ans. Le garçon de l’époque ne devait sa survie qu’à la lubie d’un seigneur Sith qui s’était amusé de son histoire et de la façon dont il était parvenu à tuer sa tortionnaire. Jusqu’à sa rencontre avec Allana ou plutôt Eri’ana comme elle se faisait appeler à l’époque, sa mort n’aurait pas changé grand-chose. Il n’aurait manqué à personne, pas même à Darth Umbra qui se plaisait à recourir à ses services mais qui ne devait pas éprouver d’attachement particulier à son égard. Le guerrier Sith Dalek Zar avait été un holomonstre sur un plateau de Dejarik, qui pouvait espérer changer de catégorie au fil du temps mais qui resterait toujours sacrifiable.

Eri l’avait changé et il l’avait changée également. Depuis la mort de sa mère, elle était sans doute la première personne qui en serait venu à le regretter s’il lui arrivait quelque chose. Ce qu’il redoutait le plus, ce n’était même pas sa propre mort mais les conséquences de celle-ci. S’il venait à périr, de la main de la Régente ou d’un autre, cela entraînerait par ricochet le trépas d’Allana et il ne supportait pas cette idée.

Chassant ses sombres pensées pour l’instant, il regarda la Jedi Vert hocher la tête avant de lui restituer ce qu’elle savait de sa mission sur Kashyyyk. Sans surprise, elle avait une bonne mémoire du rapport que le Hapien avait envoyé aux lutins du conseil vert après avoir remplir ses objectifs. Il gardait un excellent souvenir de ces petits Wookiees qui avaient fait preuve d’un sacré courage au vu de leur situation. Il se souvenait encore de la petite Ovarra qui avait pris le contrôle d’un lanceur de torpilles à proton pour régler leur compte aux Trandoshans elle-même.

- J’ai beaucoup de respect pour ces petits Wookiees. Pas de pleurs, pas de désordre quand je les ai libérés. L’une d’entre eux, Ovarra, avait assumé la tête de leur petit groupe. Une fois armés avec des blasters, ils n’ont montré aucune hésitation à dégommer les esclavagistes qui avaient le malheur de se mettre en travers de notre route… Bien sûr, je me suis bien gardé de le préciser au conseil, tu imagines leur pudeur de vierges effarouchées s’ils avaient su que j’avais armé des gamins pour qu’ils puissent se défendre par eux-mêmes expliqua Dalek avec une expression emplie de tendresse en repensant à ces petites boules de poils létales.

Peut-être n’aurait-il pas dû s’attarder sur place pour profiter de l’expertise des Wookiees. Pourtant ces derniers s’étaient montrés très déterminés à lui manifester leur gratitude pour avoir secouru leurs bambins et Dalek reconnaissait volontiers qu’il avait apprécié les modifications qu’ils avaient apporté au Shyrack. Non, son erreur avait consisté à ne pas simplement rester à proximité du vaisseau plutôt que d’aller goûter aux spécialités locales dans une cantina. Jamais il n’aurait imaginé tomber sur une personnalité aussi éminente et dangereuse du Consortium Eternel sur un monde républicain, en particulier une planète relativement peuplée comme Kashyyyk.

- Je ne pense pas qu’on puisse parler d’exploit. Elle m’a épargné, purement et simplement, et je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi. Quant à la raison de sa présence sur place ? J’ai eu la bêtise de poser la question mais elle s’est contentée de jouer avec moi en émettant tout un tas d’hypothèses plus inquiétantes les unes que les autres. Un repérage pour envahir le secteur, une affaire pour déstabiliser la république… La seule chose dont je suis à peu près sûr, c’est qu’elle n’était pas venue spécialement pour moi, sinon je ne serais probablement plus là pour en parler.

Dalek avait tourné et retourné les choses dans sa tête pendant son trajet de retour de Kashyyyk vers Corellia. Dans un premier temps, il avait été trop préoccupé par la perspective d’une mort imminente pour se montrer efficace dans son investigation. En effet, il avait passé le Shyrack et ses propres affaires au peigne fin à la recherche du moindre dispositif de localisation ou de surveillance, préférant détruire des affaires sans importance véritable plutôt que de prendre le moindre risque. Après tout, la liste de victimes de la Régente était longue comme un Star Dreadnought de classe Legatus et il s’agissait seulement de celles dont le nom était connu, c’est-à-dire la partie émergée de l’icerberg.

Le Jedi Vert s’était montré un peu plus calme après avoir atterri à Coronet City et confirmé qu’il n’était pas en danger imminent. Après un peu de repos – et un peu d’alcool aussi – il avait fini par retrouver un semblant de sang-froid.

- Concernant les circonstances, il n’y a malheureusement pas grand-chose à dire. J’étais attablé dans une cantina quand elle a débarqué avec un droïde de sécurité plutôt haut de gamme pour VIP. Je crois que c’était un modèle Sentinelle. Elle n’avait pas l’air particulièrement surprise de me voir en vie… tu me diras, c’est difficile à évaluer chez une androïde, et elle m’a laissé comprendre de manière peu subtile qu’elle savait que tu étais Eri’ana et que tu étais en vie.

Zar n’oublierait jamais les yeux carmins posés sur lui, calculateurs, avec ce sourire victorieux aux lèvres et cette attitude arrogante qui aurait été tout à fait de mise pour une Hapienne. Il n’avait pas appris grand-chose à son sujet, si ce n’est qu’elle n’était pas fan des boissons organiques. Le Jedi se rappelait la façon provocante dont elle s’était assise sur le rebord de la table mais qui n’avait pas évoqué le moindre désir chez lui – pas qu’il aurait éprouvé grand-chose pour un droïde, aussi bien roulée fut elle – en particulier parce qu’il était absolument préoccupé par sa survie à ce moment-là.

- Elle a aussi laissé sous-entendre que les tarées du Chume’doro me cherchaient et que leur cheffe serait ravie d’avoir une petite conversation avec moi pour me poser quelques questions… C’est là qu’elle m’a proposé de revenir, en sous-entendant les sympathiques tortures que je pourrais recevoir de leurs mains. Une charmante personne, comme tu vois, commenta-t-il en haussant les épaules.

Ce n’était d’ailleurs pas les menaces des joyeux traitements du Chume’doro qui l’avaient le plus perturbé d’ailleurs, même si cela avait évoqué chez lui de douloureux souvenirs tels que celui de la mort de sa mère aux mains de ces enfants de Hutt. Il n’arrivait pas à se sortir de la tête ce qu’elle lui avait dit concernant une Sith à qui il aurait « volé l’héritage » de Nawara. Qui pouvait bien tenir à ce point à ce cornichon alcoolique pour vouloir sa peau ? La Régente lui avait dit que sa tête avait d’ailleurs été mise à prix et qu’il devrait s’amuser « tant qu’il le pouvait ». La fichue âme damnée de la Reine éternelle avait même eu le culot d’allumer brièvement son sabre laser pour lui faire peur avant de se barrer en se bidonnant !

- Elle m’a dit qu’une Sith m’en voulait, apparemment pour avoir volé l’héritage de l’épave qui me servait de maître, et qu’elle aurait placé une jolie prime sur ma tête. Je ne sais pas si c’est vrai. Ce que je crois, c’est qu’elle disait sans doute la vérité quand elle m’a dit qu’elle avait terminé ce qu’elle était venue faire et c’est le seul indice qui m’a mis la puce à l’oreille.

Dalek ouvrit son baluchon et farfouilla à l’intérieur avant d’en sortir un datapad. Pianotant sur la console, il accéda à un fichier qu’il avait commencé à travailler pendant son séjour un peu forcé sur Corellia et terminé de mettre en forme pendant le trajet qui l’avait amené jusqu’à Tython. Il s’agissait d’informations diverses et variées qui ne semblaient pas très intéressantes au premier abord mais certains noms et lieux étaient surlignés.

- Une vieille habitude que j’ai prise du temps où j’étais acolyte, c’est d’enregistrer une copie des données de transit dès que j’arrive à un spatioport. Je sais, ce n’est pas très légal de pirater ce genre d’information mais généralement, je ne les garde pas longtemps. Il s’agit juste des informations des personnes et vaisseaux qui se sont enregistrés les derniers jours, ça me permettait à l’époque d’éviter de perdre de vue les cibles que je devais liquider… et j’utilise encore cette méthode aujourd’hui pour les personnes que je dois envoyer en taule. Je fais toujours deux copies : une quand j’arrive et une quand je repars, Rex y procède toujours par sécurité sans laisser de trace de son passage et les Wookiees ont beau être très friands de technologie, ils ne sont pas très regardants par rapport à la confidentialité des données.

Le Hapien lui mit en avant deux lignes en particulier sur le datapad. Il s’agissait d’aiguilles dans une botte de foin mais il lui avait fallu des semaines pour mettre la main dessus, en ayant l’aide de Rex et de K6 pour analyser les données. Il aurait pu mettre à contribution quelques uns des initiés les plus doués en informatique à qui il donnait cours mais au vu de la sensibilité de l’information, il avait préféré ne pas risquer la moindre chance de mettre les petits en danger s’ils venaient à tomber sur une information qui pourrait attirer l’attention de la Régente.

- Deux vaisseaux ont tout bonnement disparu entre le moment où je suis arrivé et celui où je suis reparti. Ils n’ont pas redécollé, il n’y a aucune trace de leur départ, en fait c’est comme s’ils n’avaient jamais existé. A part que leurs codes de transpondeurs étaient faux, je n’ai pas pu tirer grand-chose du fichier du spatioport, à part que les vaisseaux appartenaient respectivement à un homme et à une femme. Par contre, les caractéristiques des vaisseaux correspondaient à des données que Rex a récupérées quand on est allés chercher les petits sur Akoshissss. Je ne sais pas pourquoi mais il semble que ces deux vaisseaux et j’imagine leurs occupants, se sont trouvés à un moment sur cette lune de Trandosha. Est-ce qu’ils étaient mêlés au trafic d’esclavage ou simplement de passage ? Aucune idée mais ils devaient embêter le Trône Éternel si la Régente a personnellement fait le déplacement pour en effacer jusqu’à la moindre trace.

Il s’agissait de tout ce que le Jedi Vert avait pu glaner jusqu’ici. Les informations étaient certainement trop parcellaires pour déterminer l’identité des deux personnes mais il ne fallait pas être un génie pour suspecter qu’ils avaient certainement un lien avec le Consortium Éternel voire qu’ils en étaient peut-être originaires. S’agissant seulement de conjectures à partir de données qu’il ne s’était pas procuré légalement, Dalek avait préféré ne pas les remettre au conseil vert. Allana en ferait certainement meilleur usage.

Le cadre est vraiment agréable, je dois bien le concéder. Ça manque d’un peu de piment et d’un peu de civilisation ici, mais j’admets que les paysages sont plutôt cools. Nos bois qui entourent les alentours du Temple Vert de Corellia pâlissent peut-être un peu à côté mais il n’est pas coupé du monde, lui. C’est une étrange sensation, à la fois très vivante, très apaisante mais aussi sauvage et imprévisible. La planète regorge de vie sauvage et il est facile de sentir la Force Vivante palpiter sur ses sols diversifiés. L’harmonie que la néophyte que je suis par rapport à mes pairs plus érudits et alertes à la Force perçoit est cependant troublée dans mon esprit par les sombres pensées qui traversent mon compagnon. Je ne commente pas, mes yeux bleus-gris posés sur lui, et serre avec douceur sa main dans la mienne. Je le laisse me parler à loisir, lui prêtant une oreille attentive tout en gardant un œil sur les environs.

- J’ai beaucoup de respect pour ces petits Wookiees. Pas de pleurs, pas de désordre quand je les ai libérés. L’une d’entre eux, Ovarra, avait assumé la tête de leur petit groupe. Une fois armés avec des blasters, ils n’ont montré aucune hésitation à dégommer les esclavagistes qui avaient le malheur de se mettre en travers de notre route… Bien sûr, je me suis bien gardé de le préciser au conseil, tu imagines leur pudeur de vierges effarouchées s’ils avaient su que j’avais armé des gamins pour qu’ils puissent se défendre par eux-mêmes

L’expression attendrie et la tendresse que je sens émaner dans les propos de Dalek me font esquisser un léger sourire. C’est assez encourageant de le voir s’attacher ainsi à d’autres personnes, même si je sais qu’il a toujours eu un point sensible pour les plus jeunes. Il a toujours été plus protecteur envers eux, ce qui surprenait toujours quand on connaissait son détachement vis-à-vis des êtres adultes. Il ronchonne certes face à ceux qui étaient plus émotifs et fragiles, mais il ne leur ferait pas de mal. Il appréciait d’autant plus ceux et celles qui faisaient preuve de courage comme ces jeunes wookies et prenaient en main leur destin. Ça aurait été d’autres gamins, j’aurais peut-être été plus regardante, mais des wookies ! C’est une question culturelle, quand on sait les dangers que regorge leur forêt.

- Beaucoup de wookies font preuve de pugnacité. J’imagine que tu aurais voulu les garder à l’œil et en embaucher l’un d’entre eux à bord du Shyrack, hein ? Bah, je suis sûre que la majorité du Conseil Vert aurait compris. Nécessité fait loi, et on parle de wookies, pas de naboo. Tu leur as aussi laissé la possibilité de laver leur honneur et défendre leur fierté, en quelque sorte.

Hélas, la discussion ne peut pas rester sur la mention heureuse de ces jeunes et courageuses boules de poils, qui feront sans doute de redoutables combattants dans quelques années. Sans commenter davantage, je le laisse poursuivre et vider son sac, accueillant sans jugement le récit qu’il m’apporte.

- Je ne pense pas qu’on puisse parler d’exploit. Elle m’a épargné, purement et simplement, et je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi. Quant à la raison de sa présence sur place ? J’ai eu la bêtise de poser la question mais elle s’est contentée de jouer avec moi en émettant tout un tas d’hypothèses plus inquiétantes les unes que les autres. Un repérage pour envahir le secteur, une affaire pour déstabiliser la république… La seule chose dont je suis à peu près sûr, c’est qu’elle n’était pas venue spécialement pour moi, sinon je ne serais probablement plus là pour en parler.

Qui suis-je pour exprimer le moindre reproche ? Je ne suis même pas sûre que je m’en serais tirée indemne face à une telle adversaire, surtout si j’avais été dans ses bottes et sans appui pour m’aider. Oh, je n’aurais pas été aussi douée pour bavarder que lui, j’aurais défendu chèrement ma peau connaissant mon tempérament combattif après avoir prévenu mentalement Dalek pour qu’il en avise l’Ordre Vert. Je ne suis pas assez subtile pour ces jeux verbaux là, surtout avec une opposante aussi tordue. J’imagine que ça n’a pas été facile pour lui, connaissant la fierté qui le caractérise. Un jeu psychologique, hein… ça ressemble bien à la façon de faire des agents du Consortium Hapien. Je ne suis pas une experte en interrogatoire, je ne travaille pas aux renseignements, mais si j’en crois ses dires elle a dû vouloir noyer le poisson dans l’eau en apportant différentes raisons possibles à sa venue. Je crois que le pire, c’est que toutes les possibles réponses sont plausibles dans le contexte actuel… et peuvent aussi très bien ne pas s’exclurent mutuellement. La régente n’est pas n’importe qui, et c’est une menace qu’il ne faut pas sous-estimer en ne considérant que sa nature artificielle d’androïde. C’est une chance inouïe qu’il s’en soit tiré vivant pour sûr, mais c’est aussi une nouvelle très préoccupante.

- Concernant les circonstances, il n’y a malheureusement pas grand-chose à dire. J’étais attablé dans une cantina quand elle a débarqué avec un droïde de sécurité plutôt haut de gamme pour VIP. Je crois que c’était un modèle Sentinelle. Elle n’avait pas l’air particulièrement surprise de me voir en vie… tu me diras, c’est difficile à évaluer chez une androïde, et elle m’a laissé comprendre de manière peu subtile qu’elle savait que tu étais Eri’ana et que tu étais en vie.

- C’est fâcheux. Ça devait arriver tôt ou tard, on en est tous deux conscients… mais au moins on est vivants pour le moment. Peut-être qu’elle a trouvé une info en vérifiant un nombre inimaginable de bases de données. J’avoue que j’ai du mal à cerner les limites de cet androïde, et même mon aptitude… particulière ne me serait pas d’un grand secours face à elle. Après, ce n’est pas si surprenant qu’elle déduise que je sois en vie si tu l’es aussi. C’est assez simple à déduire, après tout on ne s’est pas entretués à l’époque. C’est assez peu commun chez nos chers ennemis.

Je préférerai que les circonstances exactes de mon infiltration chez les Sith restent entourées en ténèbres. J’en assume parfaitement les conséquences, c’est juste que je crains que cela ne puisse être du pain béni pour certains fanatiques extrêmes au sein des Jedi de Tython dont ma présence au Conseil Jedi, voire la présence d’un Jedi Vert tout court, importune en raison de notre refus de nous laisser être cannibalisés par l’Ordre de Tython et que nos pratiques peu orthodoxes dérangent. Je dois encore asseoir ma légitimité aux yeux de certains pairs plus intransigeants que d’autres, et je ne compte pas quitter mon poste avant que l’Ordre Vert n’ait recouvré sa stabilité et son rythme de croisière d’avant l’assassinat brutal de Jaylen. Oui… c’est un dossier qui sera déclassifié un jour, mais pas dans l’immédiat. C’est trop sensible, certains yeux et certaines oreilles pourraient en déformer le propos. Et au pire des cas… j’ai déjà plusieurs noms de remplaçants potentiels si je venais à devoir me retirer. Je ne sais pas jusqu’où elle a pu remonter avec ses compétences redoutées sur le plan cybernétique, mais j’ai confiance dans les techniques de brouillage des pistes de l’Ordre Vert, aidés par la CorSec. Je n’ai pas envie que la peur ne nous joue des tours, ne brouille nos esprits et ne nous terrorise. Ce serait lui rendre service, et Force sait que je n’ai pas du tout envie de lui rendre ce service. Je n’aime pas qu’elle s’en soit prise à Dalek, même si elle ne l’a pas tué. Je n’ai pas envie qu’elle obtienne ce qu’elle veut. Foutreforce, nous n’allons quand même pas arrêter de vivre pour autant ! J’ouvrirai l’œil, assurément, mais je ne compte pas la laisser nous terroriser de la sorte. On vaut assurément mieux que cela. Ce n’est en effet pas très éclairant, mais je note quand même les maigres informations qu’il m’apporte. Un droïde de sécurité de modèle Sentinelle… cela ne passe pas tout à fait inaperçu. Pourrait-on le pister à l’aide de la vidéosurveillance dans la capitale de Kashyyyk. C’est une petite piste à creuser.

Quelque chose d’autre semble travailler Dalek, aussi je quitte mes pensées afin de l’écouter.

- Elle a aussi laissé sous-entendre que les tarées du Chume’doro me cherchaient et que leur cheffe serait ravie d’avoir une petite conversation avec moi pour me poser quelques questions… C’est là qu’elle m’a proposé de revenir, en sous-entendant les sympathiques tortures que je pourrais recevoir de leurs mains. Une charmante personne, comme tu vois. Elle m’a dit qu’une Sith m’en voulait, apparemment pour avoir volé l’héritage de l’épave qui me servait de maître, et qu’elle aurait placé une jolie prime sur ma tête. Je ne sais pas si c’est vrai. Ce que je crois, c’est qu’elle disait sans doute la vérité quand elle m’a dit qu’elle avait terminé ce qu’elle était venue faire et c’est le seul indice qui m’a mis la puce à l’oreille.

Ça, ça me surprend moins. C’est certainement un échantillon des sévices et des tortures qui nous attendraient de pied ferme si nous venions à être capturés en territoire Sith ou hapien. Je hausse les épaules en retour sur cette première mention. Cela m’impressionne peu, j’ai accepté la possibilité de ce risque. Je suis davantage intriguée sur la mention d’une rancœur que lui porterait une Sith concernant un « héritage » de son ancien mentor Sith. C’est rare que Dalek mentionne ce dernier de nos jours, il ne lui porte pas une grande estime, loin s’en faut. Je croise les bras, les yeux songeurs. Ce serait vraisemblable, mais franchement après tout ce temps ? Ça pourrait également être une tentative de confusion afin de l’impressionner et une forme de torture psychologique suggestive. Au moins, ça n’a pas l’air d’avoir fonctionné et ça me rassure un peu alors que je l’entends raisonner.

- Une vieille habitude que j’ai prise du temps où j’étais acolyte, c’est d’enregistrer une copie des données de transit dès que j’arrive à un spatioport. Je sais, ce n’est pas très légal de pirater ce genre d’information mais généralement, je ne les garde pas longtemps. Il s’agit juste des informations des personnes et vaisseaux qui se sont enregistrés les derniers jours, ça me permettait à l’époque d’éviter de perdre de vue les cibles que je devais liquider… et j’utilise encore cette méthode aujourd’hui pour les personnes que je dois envoyer en taule. Je fais toujours deux copies : une quand j’arrive et une quand je repars, Rex y procède toujours par sécurité sans laisser de trace de son passage et les Wookiees ont beau être très friands de technologie, ils ne sont pas très regardants par rapport à la confidentialité des données.

Je le regarde en silence farfouiller dans son baluchon et en extirper un datapad qui m’est familier. Je me penche par-dessus son épaule pour l’observer alors qu’il ouvre et consulte un certain fichier qui semble grouiller d’informations et de données diverses. Je n’ai cependant pas le temps de les observer plus en détail et de les analyser que Dalek m’explique leur signification et leur provenance, ce qui accélère ma réflexion. Je ne relève pas : ce n’est pas très légal, mais ce n’est pas pour des raisons criminelles désormais. On a l’habitude de prendre parfois de minces libertés avec les lois, si c’est pour la bonne cause, les intérêts des mondes corelliens et, par dérivation, de l’Ordre des Jedi Verts. Mon ancien élève m’indique en particulier deux lignes d’informations spécifiques sur le fichier alors ouvert.

- Deux vaisseaux ont tout bonnement disparu entre le moment où je suis arrivé et celui où je suis reparti. Ils n’ont pas redécollé, il n’y a aucune trace de leur départ, en fait c’est comme s’ils n’avaient jamais existé. A part que leurs codes de transpondeurs étaient faux, je n’ai pas pu tirer grand-chose du fichier du spatioport, à part que les vaisseaux appartenaient respectivement à un homme et à une femme. Par contre, les caractéristiques des vaisseaux correspondaient à des données que Rex a récupérées quand on est allés chercher les petits sur Akoshissss. Je ne sais pas pourquoi mais il semble que ces deux vaisseaux et j’imagine leurs occupants, se sont trouvés à un moment sur cette lune de Trandosha. Est-ce qu’ils étaient mêlés au trafic d’esclavage ou simplement de passage ? Aucune idée mais ils devaient embêter le Trône Éternel si la Régente a personnellement fait le déplacement pour en effacer jusqu’à la moindre trace.

Je souris et je ne cherche pas à masquer la fierté que je ressens face à sa découverte. Je suis sûre qu’il fera un excellent corellien avec le temps. Je ne prends pas pour argent comptant ce qu’il me dit, déformation professionnelle oblige, mais en une paire de minutes j’en arrive à la même conclusion. Ces informations ne suffiraient pas à elles-seules, mais elles pourraient être une pièce du puzzle. Dalek n’avait sans doute pas voulu prendre de risque étant donné le moyen illégal avec lequel il avait obtenu ces données et donc ne s’en était pas ouvert au Conseil Vert, qui aurait pu en informer ceux de Tython. Il avait préféré m’en parler tout d’abord, et j’étais honorée et reconnaissantes de sa confiance en moi.

- Bien joué, Dalek. Pourras-tu m’en faire une copie ? Je vais creuser ça de mon côté et voir si on peut en tirer une piste exploitable avec d’autres éléments pour l’appuyer. Je vais faire jouer mes contacts à la CorSec. Il va nous falloir un dossier plus fourni pour le présenter au Conseil Vert puis au Haut Conseil, mais c’est un bon point de départ. Le déplacement est suspect, tout comme ces mystérieux vaisseaux volatilisés dans la nature. Ça vaut la peine d’en avoir le cœur net.

Ça fait plusieurs affaires suspectes à poursuivre, mais je suis habituée à avoir plusieurs dossiers sur le feu. Je prends le temps de quelques minutes pour réunir mes pensées et laisser la Force Vivante emplir mes poumons et rafraîchir les émotions qui viennent parasiter mon esprit à cause de mon Don de Force. Il faut que je réorganise mes pensées et que je trouve les bons mots. Au moins ça lui laissera le temps aussi de réunir ses propres pensées, après la tourmente de la frayeur qui nous avait traversés.

- En tout cas, tu es revenu en un morceau et en vie. C’est le plus important. On sera prudents, et on se tiendra au courant. Je te ferais savoir si j’en apprends plus sur la question. Ça ne sert à rien de se faire un sang d’encre pour le moment, ça serait contre-productif. Il faut en tirer les leçons et nous entraîner, on pourra lui faire un beau comité d’accueil comme on les aime.

Malgré la note plus légère de ma dernière phrase, je suis très sérieuse. Il va falloir qu’on s’entraîne sérieusement et qu’on progresse, afin d’être préparés à l’éventualité de devoir affronter un adversaire aussi imprévisible que puissant. J’ai bien l’intention qu’on vive encore de belles années, lui et moi. En attendant, je vais réfléchir à tête plus reposée sur ses dossiers et voir les recherches que l’on peut mener. Je me recule légèrement pour poser brièvement mes yeux bleus-gris vers les cieux de Tython. Ce calme est aussi délicieux que trompeur. Ne tentons pas le diable et reprenons cette conversation en des lieux plus familiers et moins exposés, dans l’un de nos vaisseaux ou mieux encore, sur Corellia. Je ne me sens jamais tout à fait en sécurité chez les cousins, je ne baisse jamais tout à fait ma garde. Je serre sa main dans la mienne, essayant de lui faire comprendre que je ne compte pas laisser tomber le sujet et l’enterrer, mais le poursuivre de notre côté et l’approfondir avec soin, comme il se doit.

Je ne sais pas ce qui nous attend. Tout ce que je sais, c’est que dans tous les cas, j’y ferais face.

J’inspire profondément l’air frais embaumé de l’odeur des sapins et des fleurs sauvages, essayant de me détendre et de sonder les environs, sans détecter de présences étrangères en dehors des nôtres. Un léger sourire erre au coin de mes lèvres alors que je finis par commenter à voix haute.

- Eh bien, on dirait que ça été très agité pour nous deux, ces derniers mois. Tu n’imagines pas à quel point ça me fait du bien que tu sois là, bien vivant et bien portant.

Tellement de choses, comme ma brève entrevue avec notre disparu Maître de l’Ordre, la rixe sanglante que j’ai empêchée de justesse avec un concours de boisson face à une mandalorienne à Corellia, ou encore l’histoire à la fois comique et pitoyable de Darth Tounus sur une planète isolée. Oh, c’étaient des histoires moins dramatiques et périlleuses que celle de Dalek, mais je n’arrive pas à avoir l’esprit tranquille. La mort de Jaylen et ses circonstances entourées de ténèbres me perturbent et me hantent. Comme je le disais, je ne suis pas du tout douée avec la Divination et je n’ai pas le Don de Prophétie. Pourtant, quelque chose me dérange et je n’arrive pas à mettre le doigt dessus pour le moment.

Dalek ne pouvait pas nier que la pugnacité était quelque chose de fondamental chez la plupart des Wookiees qu’il avait rencontré, quel que soit leur âge. Chez certains, il s’agissait d’une agressivité apparente tandis que d’autres laissaient entrevoir une forme de retenue mais avec toujours cette menace sous-jacente d’arracher les membres de leur interlocuteur si ce dernier venait à leur manquer de respect. Les habitants poilus de Kashyyyk ne faisaient pas dans la demi-mesure mais c’était quelque chose qu’il appréciait chez eux et il leur était d’autant plus reconnaissant pour les services qu’ils lui avaient rendus. Peut-être que les lutins du Conseil Vert auraient été en mesure de comprendre mais le fond du problème résidait sans doute dans le fait que Zar ne parvenait pas encore à avoir confiance à leur jugement comme il avait foi en celui d’Allana. Le Cornu aurait sans doute compris mais Jaylen Korr n’était plus. Tout comme son ancienne mentor Jedi, le Hapien s’était fait la promesse de retrouver l’assassin du Zabrak et de lui restituer la monnaie de sa pièce, de préférence en prenant son temps. S’il ne s’agissait pas de justice, Dalek ne savait pas ce que c’était.

Le Jedi Vert ne put retenir un léger sourire lorsqu’Allana évoqua la possibilité de les embaucher à bord du Shyrack.

- Oh, je ne me suis pas contenté de l’imaginer. J’ai clairement proposé à ces petits garnements un rôle « d’auxiliaire » s’ils venaient à vouloir travailler avec l’Ordre Vert, et de les présenter à ta belle-sœur s’ils souhaitaient un jour travailler à la CTC. La Galaxie a autant besoin d’ingénieurs que de guerriers, même si les Wookiees optent souvent pour les deux options à la fois, remarqua Dalek avec amusement.

Son expression se fit plus sérieuse et renfermée lorsqu’ils évoquèrent la Régente du Trône Éternel. Dalek concédait volontiers à la représente corellienne au Conseil Jedi qu’ils étaient en vie pour le moment… mais pour combien de temps ? L’empathie d’Allana ne lui serait effectivement d’aucun secours contre ISIS. En ce qui concernait le Point de Rupture de Dalek, ce n’était pas l’absence de lignes de fractures qui lui posait problème chez l’androïde mais le fait qu’il ne serait pas en mesure de les atteindre avant d’être éliminé. Dans le meilleur des cas – et il en doutait sincèrement – il parviendrait au mieux à emporter la Régente dans la tombe avec lui mais cela coûterait aussi indirectement la vie à Allana.

Le Hapien s’était efforcé de restituer au mieux ses échanges avec ISIS. S’étant attendu à de l’inquiétude ou peut-être de la déception, il fut surpris de ressentir de la fierté chez sa compagne à travers leur lien. Elle leur complimenta d’ailleurs de vive voix, ce qui l’amena à penser que la fin justifiait les moyens du point de vue de la Corellienne également en matière de piratage des données du spatioport.

- Bien sûr, donne-moi ton datapad et je te les transfère dans la foulée. C’est plus sûr de le faire ici où il n’y a personne aux alentours. Ne t’attends pas à une partie de plaisir, la Régente est connue pour ne laisser aucune trace derrière elle… à moins de vouloir envoyer un message bien sûr. C’est déjà presque un miracle d’avoir pu récupérer ça. Je ne veux pas te décourager mais tu auras peut-être plus de chance en privilégiant le facteur sentient, c’est-à-dire les habitants de Kashyyyk et de la lune qui auraient pu croiser les passagers de ces deux vaisseaux même si je doute là encore que l’androïde les a laissés en vie s’ils savaient quoi que ce soit… L’autre option ce serait éventuellement d’autres pirates informatiques locaux qui auraient intercepté davantage d’infos que moi. Ce sont des options auxquelles je n’ai réfléchi qu’après coup. Sur le moment, je dois t’avouer que j’avais d’autres préoccupations plus pressantes.

Dalek n’avait pas honte de le dire, il avait eu franchement la trouille et toute cette histoire l’avait rongé de l’intérieur pendant des jours. Les êtres intelligents avaient toujours représenté la variable la plus imprévisible aux yeux du Hapien, aussi bien à l’époque où il bossait pour l’Ordre Sith qu’aujourd’hui. Qui pouvait prédire quand un humain, un rodien ou encore un twi’lek pouvait retourner sa veste ? Ou bien voir quelque chose dont il n’aurait jamais dû être témoin ? Zar était doué à son job jadis mais il avait ses propres limites, les enfants pour ne pas les nommer. Il s’était toujours débrouillé pour ne pas avoir à en tuer et les rares qu’il aurait dû éliminer avaient tout bonnement disparu, pour atterrir à quelques parsecs de là sur une autre planète, dans une autre famille mais en sécurité. Il s’était d’ailleurs assuré de la sécurité des petits Wookiees et de leurs parents après sa rencontre avec ISIS. Fort heureusement, la Régente n’avait pas dû s’intéresser à ces enfants qui ne savaient déjà pas grand-chose sur les raisons de leur enlèvement.

Le Jedi Vert esquissa un sourire quelque peu désabusé lorsque Maître Fern suggéra de ne pas d’inquiéter pour le moment. Il avait tout à fait conscience que c’était contreproductif mais la peur était un sentiment extrêmement difficile à contrôler et à plus forte raison lorsque ce n’était pas pour lui qu’il avait le plus peur. Le fait d’avoir désormais des gens auxquels il tenait lui avait fait découvrir la peur dévorante qu’on pouvait ressentir à l’idée de les perdre. Les Jedi avaient beau avoir un code et des techniques de méditation, leur conseil en la matière revenait généralement à ça : n’ayez pas d’attachement et tout ira bien, et puis si jamais vous veniez à vous attacher, il suffit de vous persuader qu’ils ne seront pas malheureux lorsqu’ils ne feront qu’un avec la Force ! Sa formulation était sans doute un peu caricaturale mais voilà le genre de discours qu’il avait entendu et qui était aussi utile qu’un rancor à cinq pattes.

- Je veux bien te concéder qu’être revenu en vie et l’être resté, c’est ce qu’il y a de plus important. Pour ce qui est de ne pas s’inquiéter de la suite, je trouve ça plus compliqué. J’ai beau pratiquer toutes les techniques de relaxation que je connaisse et passer le reste de mon temps à m’entraîner comme un beau diable, c’est difficile de ne serait-ce qu’arrêter d’y penser. Je ne pense pas que la Régente se lancerait personnellement à ma recherche, je ne suis pas quelqu’un d’assez important pour ça mais elle pourrait s’amuser à mettre les agents du Chume’doro aux trousses et celles-là ne s’arrêtent jamais, ces femmes sont des fanatiques qui sont prêtes à se faire exploser pour le Trône Éternel. Le jour où elles sont venues pour ma mère, elles ont exterminé toute la domesticité avant de barder ma mère de tirs de disrupteur. Peu leur importait les dommages collatéraux, chez les civils comme parmi elles, du moment que leur mission s’en trouvait remplie.

Dalek prit une profonde inspiration, peu désireux de laisser ses émotions le dominer de cette façon. Ce ne serait pas une partie de plaisir non plus de se retrouver avec un ou plusieurs Sith aux fesses mais le Chume’doro évoquait chez lui davantage qu’une peur, c’était plutôt comme un irrésistible dégoût. Après les nobles hapiennes telles que Dame Galney, ces femmes représentaient ce qu’il haïssait le plus dans le Trône Éternel. Elles manifestaient une absence totale de moralité, une absence totale d’émotions peut-être, dans leur dévotion aveugle et absolue au Trône. Elles auraient tué leurs propres parents si leur maîtresse l’avait demandé et probablement sans le moindre remord. Ce genre d’existence n’avait aucune valeur aux yeux de Dalek, qui s’était toujours efforcé de conserver une force d’indépendance et de libre-arbitre, même au sein de l’Ordre Sith.

- Je suis de ton avis pour ce qui est de s’entraîner. Je n’ai que trop conscience de mes limites. J’ai besoin de devenir plus aguerri, plus fort, ne serait-ce que pour parvenir à survivre à ce qui pourrait venir. Je ne veux pas devenir une machine à tuer mais je pense que tu as quelques talents qui feraient de bonnes cordes à mon arc et je pense pouvoir t’apprendre encore une chose ou deux que je n’avais pas eu le temps de t’enseigner quand tu te faisais appeler Eri, remarqua-t-il avec un sourire.

Dalek aurait largement préféré que tous deux puissent profiter de ces moments de répit pour simplement passer du temps ensemble. Hélas, il avait appris à l’âge de sept ans à quel point la Galaxie était cruelle. S’ils voulaient avoir une chance de vivre et de vieillir ensemble, ils devraient s’imposer une rigueur plus intense encore. Bien sûr, cela ne les empêcherait pas d’avoir d’autres genres d’activités des plus actives mais aussi des plus agréables, sous le couvert de l’obscurité.

Davantage que le paysage bucolique, c’était Allana que le Jedi Vert contemplait. Qu’il s’agisse de son sourire aux lèvres, de sa main qui serrait la sienne ou encore de ses mots concernant le fait qu’elle était contente de le voir, Zar ne pensait pas pouvoir imaginer un jour où il pourrait se passer de la façon dont elle rayonnait sur sa vie. Il serra délicatement sa main en retour et esquissa à son tour un sourire plus détendu.

- En parlant de péripéties, tu ne m’as pas encore conté les tiennes. Que t’est-il arrivé de plus ou moins croustillant ces derniers temps ?

Pourquoi ça ne m’étonne pas, tiens ? Un sourire amusé reste perché sur mes lèvres alors que je l’écoute me confirmer qu’il avait proposé aux jeunes Wookies de les recruter. Ce serait tout à fait le genre de recrue qui lui plairait et il est vrai que personne – en tout cas personne qui soit un semblant intelligent – n’aurait l’idiotie de sous-estimer ces grands humanoïdes couverts de poils de la tête aux pieds. Je ne me retiens pas de fait de commenter avec un amusement des plus certains.

- Connaissant Ellie, elle tomberait totalement sous leur charme. C’est rare de trouver du personnel qui soit à la fois de bons ingénieurs et des types capables de se battre. Là tout de suite, l’autre exemple bien connu qui me vient en tête est les mandaloriens. Clairement, ils font d’excellents vaisseaux mais personne n’arrivera jamais à surpasser le fleuron corellien en la matière.

Moi, chauvine ? Non ! Je suis juste patriote et s’il y a bien quelque chose dont nous sommes fiers en dehors de la CorSec, de notre Ordre Vert, de nos blasters et de notre brandy, c’est notre aéronautique. Personne ne fait des cargos et des chasseurs aussi versatiles, aussi rapides et aussi personnalisables que les corelliens. Et rien ni personne ne me convaincra du contraire, foi d’une Fern !

Hélas, les sujets sérieux reviennent bien vite à l’horizon, mais je préfère qu’on en parle maintenant et qu’on en soit débarrassés pour un petit moment ensuite. Je compte bien qu’on ait le droit à un peu de répit et de repos tant qu’on est tous deux stationnés au même endroit, mais autant être d’humeur à l’être en vidant nos sacs respectifs. En l’occurrence, je veux chasser l’ombre de la maudite Régente de nos esprits, alors autant aborder son sujet comme il le faut et passer à autre chose par la suite.

- Bien sûr, donne-moi ton datapad et je te les transfère dans la foulée. C’est plus sûr de le faire ici où il n’y a personne aux alentours. Ne t’attends pas à une partie de plaisir, la Régente est connue pour ne laisser aucune trace derrière elle… à moins de vouloir envoyer un message bien sûr. C’est déjà presque un miracle d’avoir pu récupérer ça. Je ne veux pas te décourager mais tu auras peut-être plus de chance en privilégiant le facteur sentient, c’est-à-dire les habitants de Kashyyyk et de la lune qui auraient pu croiser les passagers de ces deux vaisseaux même si je doute là encore que l’androïde les a laissés en vie s’ils savaient quoi que ce soit… L’autre option, ce serait éventuellement d’autres pirates informatiques locaux qui auraient intercepté davantage d’infos que moi. Ce sont des options auxquelles je n’ai réfléchi qu’après coup. Sur le moment, je dois t’avouer que j’avais d’autres préoccupations plus pressantes.

- Merci. Je vais voir ce que je peux faire de mon côté. Il vaut mieux creuser toutes les options possibles avant de classer l’affaire. « Impossible » n’est pas corellien, après tout !

Malgré l’optimisme dont je fais preuve, je sais que ce ne sera pas une partie facile à mener. J’avoue que je ne suis pas une experte des systèmes informatiques, loin s’en faut. Je n’ai jamais apprécié les trucs trop complexes avec ces machins-là. Je vais donc voir ce que je peux faire avec les rares contacts de haute confiance que je connais à la CorSec. Si cela ne marche pas ou en complément, je retiens la suggestion de Dalek de voir avec les pirates informatiques du coin ou avec les locaux. Ce sera un truc à creuser, que je ne pourrais pas mener sur tous les points. Il faut déjà que je décortique ces données et dès que j’ai assez de matériel, assez pour dissimuler le moyen pas très légal d’obtention des informations initiales, j’envoie un Jedi Vert ou un binôme de Jedi Corelliens enquêter sur cette histoire, qui feront bien entendu un rapport complet et circonstancié de leurs trouvailles au Conseil Vert. Vu que ça concerne la sécurité républicaine, je ne vais pas avoir le choix que de mettre dans la boucle le Haut Conseil de Tython et nos contacts appropriés des instances républicaines pour ce qui les concerne. Je compte bien dans le rapport qui sera envoyé souligner le caractère purement accidentel et aléatoire de la mauvaise rencontre de Dalek face à la régente – mauvais endroit, mauvais moment en somme – en espérant que certains puristes ne vont pas jeter sur l’incident pour essayer encore et encore de casser du sucre sur le dos du hapien, certains pour essayer de m’atteindre indirectement. Mon élection en tant que Maître des Jedi Verts et de fait représentante de l’Ordre Vert au Haut Conseil n’a pas plu à tous les traditionnels, d’autant plus qu’elle donne un signe fort de refus d’assimilation nette et pure dans leur direction. Après, malheureusement, je ne peux pas anticiper leurs réactions.

Tout ce que je peux faire, c’est faire mon rapport et leur donner aussi peu d’armes que possible.

- Je veux bien te concéder qu’être revenu en vie et l’être resté, c’est ce qu’il y a de plus important. Pour ce qui est de ne pas s’inquiéter de la suite, je trouve ça plus compliqué. J’ai beau pratiquer toutes les techniques de relaxation que je connaisse et passer le reste de mon temps à m’entraîner comme un beau diable, c’est difficile de ne serait-ce qu’arrêter d’y penser. Je ne pense pas que la Régente se lancerait personnellement à ma recherche, je ne suis pas quelqu’un d’assez important pour ça mais elle pourrait s’amuser à mettre les agents du Chume’doro aux trousses et celles-là ne s’arrêtent jamais, ces femmes sont des fanatiques qui sont prêtes à se faire exploser pour le Trône Éternel. Le jour où elles sont venues pour ma mère, elles ont exterminé toute la domesticité avant de barder ma mère de tirs de disrupteur. Peu leur importait les dommages collatéraux, chez les civils comme parmi elles, du moment que leur mission s’en trouvait remplie.

Je garde le silence, acquiesçant d’un signe de tête, mes yeux gris-bleus compréhensifs et songeurs. Oh, je suis loin d’être aussi posée et désinvolte que je ne le laisse voir. Pour être franche, j’ai ressenti sa peur brute et moi aussi, de mon côté, j’ai été très inquiète et j’ai eu très peur pour lui. Malgré ses efforts, en raison tant de mon Don d’Empathie que de notre profond Lien de Force, je ressens presque à vif les émotions qui le troublent, ce pourquoi je maintiens quelque peu mes boucliers de Force. Je ne vais pas l’aider si je panique à mon tour, surtout que je n’étais pas au sommet de la forme à l’époque. Je sais ce que diraient mes collègues, et je sais à quel point je ne me reconnais pas dans leurs propos. Je prends le temps de formuler correctement ma pensée avant de reprendre finalement la parole.

- Une fois de plus, c’est humain, surtout c’est encore « frais ». Ce n’est pas quelque chose sur lequel nous avons le contrôle. Au moins comme tu le dis, nous ne sommes pas à l’ordre du jour des exécutions. Ça nous laisse du temps. Et puis au pire, si elle nous envoie ses pantins ? Eh bah on les renverra à l’expéditrice en pièces détachées… si on est d’humeur généreuse. Légitime défense. Sinon, on les fera chanter et s’ils ne veulent pas, ils seront bien au frais six pieds sous terre et ils n’emmerderont plus personne.

Oh, ce n’est pas la colère, la peur ou la haine qui alimentent mes propos. Non, ce qui nourrit mes paroles, c’est simplement le bon sens et le pragmatisme. Je ne peux pas laisser des agents de la faction opposée, qui plus est aux intentions clairement hostiles, fouler les terres protégées par l’Ordre Vert et menacer mes confrères et consoeurs Verts ou plus généralement les corelliens… et les républicains. Des fois, il faut être clairs sur le message que l’on porte, et faire comprendre qu’on ne se laissera pas marcher sur les pieds. Et vu le fanatisme hapien, je ne serais même pas étonnée qu’on soit réduits à les tailler en pièces détachées afin de les maîtriser. Je ne promeus pas la violence, mais des fois, faut faire ce qu’il faut.

- Je suis de ton avis pour ce qui est de s’entraîner. Je n’ai que trop conscience de mes limites. J’ai besoin de devenir plus aguerri, plus fort, ne serait-ce que pour parvenir à survivre à ce qui pourrait venir. Je ne veux pas devenir une machine à tuer mais je pense que tu as quelques talents qui feraient de bonnes cordes à mon arc et je pense pouvoir t’apprendre encore une chose ou deux que je n’avais pas eu le temps de t’enseigner quand tu te faisais appeler Eri.

Ah il retrouve le sourire, c’est bon signe ! Je l’écoute avec attention tout en prêtant toujours une partie de ma vigilance sur nos alentours, en puisant sommairement dans le pouvoir du Réseau de Vie. Cela ne me donne de fait pas une estimation exhaustive de toutes les présences sur Tython, mais cela me permet au moins de sonder nos alentours et de guetter tout nouveau-venu à la présence non désirée. Oui, même moi je ne serais pas contre un peu d’entraînement. J’ai beau m’exercer au sabre-laser et à la forme physique quotidiennement, et je m’entretiens dans les arcanes de la Force que je connais, mais je pense qu’ajouter quelques atouts dans ma manche ne serait pas de refus. Je suis connue pour mon excellence au sabre-laser, tout comme ma moins bonne maîtrise des arts subtils de la Force. Le recours dans un cadre strictement privé au surnom de mon identité Sith me fait sourire avec tendresse.

- Oui, et puis ça me permettra aussi de voir un peu où tu en es. Qu’est-ce qui t’intéresse ? On peut travailler ton escrime mais vu que tu parlais de talents, tu es peut-être intéressé par l’un des quelques pouvoirs de Force que je maîtrise ? En ce qui me concerne… j’aurais bien dit la Discrétion de Force mais on me connaît bien tous les deux, la discrétion et moi ça fait deux. Je n’ai pas beaucoup changé sur ce point ! Après, y a la Déflexion de Force qu’il faudrait que je bosse car, je l’admets, je ne la maîtrise absolument pas. Commentais-je d’une voix amusée puis sérieuse.

Je pense qu’on ne me changera pas là-dessus, même si j’atteins un jour par miracle l’âge vénérable du centenaire… si je survis jusque-là ! Je vous entends hurler : une Maître Jedi qui ne connaît pas la Déflexion de Force, ça existe ? Eh bah oui, preuve en est, j’existe ! Bon, ce n’est pas quelque chose dont je suis très fière et ça peut devenir un gros angle-mort si je me retrouve désarmée. Faudrait que je m’y attelle, et si mes souvenirs sont bons, Dalek est plutôt bon dans l’usage de ce pouvoir de Force. On pourrait pour lui revoir les bases et pour moi apprendre les bases, ce ne serait pas une mauvaise idée. Ça prendra bien évidemment des séances et du temps, mais faut bien prendre ce temps-là. En attendant sa réponse, j’observe le sourire qui s’entérine sur ses lèvres, nettement plus détendu déjà alors qu’il serre délicatement ma main en retour. Tython semblait déjà bien plus vivante et bien moins isolée maintenant que Dalek était arrivé, je ressentais bien moins le mal du pays urbanisé et civilisé. Je me sens à la fois plus vivante et plus sereine, ce qui m’aide à accepter mes propres préoccupations. Que j’ai hâte de partir explorer davantage les alentours avec lui ! Je suis sûre qu’il y a matière à faire.

- En parlant de péripéties, tu ne m’as pas encore conté les tiennes. Que t’est-il arrivé de plus ou moins croustillant ces derniers temps ?

… et à raconter aussi, il est vrai ! Je réfléchis quelques instants pour me souvenir avec le plus de clarté des événements survenus depuis la dernière fois qu’on s’est vus sur Corellia, avant de lui répondre.

- Pas mal de choses en fait, certaines assez marrantes et d’autres bien moins ! Par où commencer… on va dire par le début. Autant faire les choses dans l’ordre quand on le peut. Alors, pour les nouvelles pas joyeuses, comme tu as dû en entendre parler ou le ressentir, notre bon vieux Jaylen est décédé. Il a été assassiné dans son vaisseau lors d’un mystérieux déplacement en solo.

Mon expression se fait bien plus grave et mon regard plus sombre alors que j’évoque ce sujet. Malgré toutes les aventures qui me sont arrivées depuis, je n’ai jamais oublié l’enquête autour de Jaylen, qui s’annonce longue comme la conspiration semble complexe. Qui a tué le précédent Maître des Jedi Verts ? Pas moi, je l’adorais, j’avais un Lien de Force avec lui et surtout j’étais en mission très loin. Je ne suis pas suicidaire d’une part, je le respecte énormément et il était devenu un véritable ami, un peu comme un deuxième père pour moi. Je l’aimais sans doute plus que mon propre père à cet égard. Qui aurait intérêt à tuer Jaylen ? Je l’ignore tant il y a de pistes possibles. Un Sith ? Une Ombre Jedi mandatée par un traditionnel fanatique des cousins ? Un assassin cybernétisé capable d’utiliser un sabre-laser ? Un traître dans nos rangs les plus extrêmes isolationnistes et l’indépendantistes ? Il faut que l’on réduise le champ des possibles et pour cela, hélas, je dois attendre les résultats de la CorSec.

- C’est comme ça que je me suis retrouvée propulsée, du jour au lendemain, Maître des Jedi Verts ! J’ai à peine eu le temps d’assister à ses funérailles et d’accuser le choc de sa perte que j’ai été élue. Les affaires, hélas, n’attendent pas que l’on ait eu le temps de faire son deuil.

Tout a été très vite, en fait. J’ai été rappelée en urgence de ma mission sur le retour de laquelle j’étais jusqu’à Corellia pour organiser et présider les funérailles de Jaylen, j’ai été briefée sur le job aussi vite et bien que possible avant de me ruer vers Tython pour annoncer le changement au Haut Conseil de Tython et assister à la réunion, en prévenant notamment le Grand Maître d’alors, Maître Lucius, qui voulait aussi me rencontrer individuellement en premier lieu. Il a été le premier informé de ma nomination, et celui qui également m’a aidée le premier jour en me présentant l’enclave de Tython. Hélas, il a disparu peu de temps après la disparition de Jaylen, ce qui a été un coup dur pour nos Ordres.

Mais n’allons pas trop vite en mesure, j’allais oublier un petit incident assez marrant qui aurait très bien pu tourner au drame. Avec un sourire un brin amusé et gêné, je commente d’un ton léger.

- Ca a été la folie pendant deux bonnes semaines, le temps de se réorganiser et tout. J’ai bataillé pour avoir le droit à un moment de répit en fin de journée, où je me suis souvenue que j’avais promis à Hal d’aller prendre un verre avec lui à Coronet au « Havre de Minock ».

Une charmante cantina, très vivante et bien sympathique de Coronet-city, bien connue des corelliens. J’y ai déjà emmené Dalek au moins une fois entre le début et la fin de son apprentissage, voire après. Après tout, les bonnes adresses, on les garde et on se les partage. Avec un léger rire je commente.

- Je voulais me changer les idées et causer un peu avec le p’tit frère. C’était le plan, à la base. Je n’avais pas prévu qu’une mandalorienne en armure intégrale surgirait dans la cantina, talonnée par un Inspecteur de la CorSec, Dan Vito, qui l’a prise en grippe… sans réelle raison. Juste sa tête, enfin son casque, qui lui ne revenait pas, je suppose. Je n’en sais trop rien. Par contre, ce que je sais, c’est que les gars de la CorSec se sont mis à tirer et un tir perdu a touché un client. Ça a escaladé en un rien de temps : dialogue de sourds, appel de renforts de la CorSec, tout ça. Je n’ai pas eu d’autre choix que de m’en mêler, il allait blesser voire tuer des civils à ce rythme cet idiot. Pour résumer, il a fait la sourde oreille et la tête de mule, la mandalorienne se sentait insultée et voulait régler son compte… j’ai calmé le jeu. Puisqu’il ne voulait rien entendre, un peu de Persuasion de Force et le voilà qui partait sagement rentrer au QG de la CorSec avec ses gardes. Quant à la mandalorienne, c’est là que les choses sont devenues nettement plus amusantes… et un peu arrosées aussi !

Allana avait ce sourire aux lèvres, d’autant plus communicatif que ses paroles suscitaient son amusement. Le Hapien n’avait aucune difficulté à imaginer Ellie en train de recruter et de former personnellement les jeunes Wookiees à l’ingénierie et dans d’autres circonstances, Dalek n’aurait pas hésite un seul instant pour tenter de l’emprunter quelques jours à la Corporation Technique Corellienne et à Corran pour l’emmener sur Kashyyyk. Cela aurait été également une occasion en or pour présenter Ellie aux talentueux ingénieurs Wookiee qu’il avait eu la chance de rencontrer là-bas et à qui il devait les plus récentes améliorations apportées au Shyrack. La Jedi Corellienne avait raison de comparer l’ingéniosité et la combattivité du peuple Wookiee à celles des Mandaloriens, qui faisaient preuve d’un talent avéré tant pour la conception de vaisseaux spatiaux que sur le champ de bataille. Cela étant dit, le chauvinisme de sa compagne ressortait clairement en faveur de Corellia, ce qui était comme toujours très amusant à voir.

Ces délicieux instants de légèreté ne pouvaient malheureusement pas durer éternellement. La Maîtresse des Jedi Verts faisait comme toujours montre d’un optimisme à toute épreuve mais il doutait que la Régente Éternelle ait laissé beaucoup d’indices derrière elle. Cette androïde était une machine dans tous les sens du terme : elle ne laissait rien au hasard, elle était méthodique et méticuleuse au point où cela serait considéré comme maladif et surtout, elle ne s’arrêtait jamais.

Son optimisme avait cependant quelque chose de réconfortant et ce d’autant plus lorsqu’il considérait qu’elle était tout à fait capable de tenir tête à des membres vétérans du Chume’doro. Dalek était bien placé pour savoir qu’Allana faisait preuve de grands talents dans le maniement du sabre laser et dans la maîtrise de la Force, et il n’avait d’ailleurs pas honte à reconnaître qu’elle le surpassait dans les deux domaines. Cela étant dit, elle ne pouvait pas être partout et surtout, elle ne pourrait pas être avec lui en permanence, l’Ordre Vert comme l’Ordre de Tython attendaient beaucoup d’elle. Honnêtement, s’il n’y avait pas eu cette histoire d’empathie et l’impact potentiellement mortel que sa propre disparition aurait sur elle, Dalek n’aurait pas été aussi inquiet !

Son attention fut piquée lorsqu’elle évoqua la possibilité de s’entraîner à maîtriser certains pouvoirs de Force en plus de leur entraînement au sabre laser habituel. Il y avait effectivement des pouvoirs qu’il aurait volontiers aimé apprendre mais il y avait peut-être également des talents plus modestes qu’il était en mesure de lui enseigner.

- J’aimerais apprendre le Réseau de Vie. Je pense que c’est une technique utile, tant pour repérer des proches que pour garder un œil sur certains individus… Si cela t’intéresse, je pourrais t’enseigner la Déflexion de Force, j’en maîtrise le premier niveau en tout cas, lui proposa-t-il d’un ton enjoué.

Dalek écouta attentivement la Maître Vert lui raconter ce qui s’était passé de son côté. Il était effectivement au courant pour la mort du Cornu, qui l’avait attristé. Le Hapien ne l’aurait pas reconnu jadis mais il s’était attaché malgré lui au maître Zabrak. Il comprenait cela dit le choix de nommer Allana à sa place, c’était aussi la personne la mieux placée pour à la fois amener un consensus au sein du Conseil Vert et pour mener des discussions constructives avec le Haut Conseil de Tython. Et puis, soyons honnêtes, la plupart des vieux gnomes n’auraient jamais voulu mettre un seul pied sur Tython !

L’ancien Sith ne put s’empêcher d’éclater de rire lorsqu’elle lui raconta son périple au Havre de Mynock. Il n’y avait vraiment qu’Allana pour passer d’une situation potentiellement explosive en début de soirée à une beuverie avec une Mandalorienne. Hal lui avait effectivement envoyé un message selon lequel il avait « récupéré » sa grande sœur dans un état qui n’était pas beau à voir, en matière de sobriété.

- J’imagine que des félicitations sont de rigueur, Maître des Jedi Verts ! Ou bien des condoléances ? C’est une promotion amplement méritée mais je te plains pour les heures interminables de débats qui t’attendent… Pour ta petite soirée arrosée, Hal m’en avait dit deux mots et envoyé une ou deux holo-photos. Comme toujours, ton sens de la diplomatie n’a pas son pareil, ma chère Allana, la taquina-t-il avec un sourire malicieux.

Il faut bien évacuer les sujets les plus déplaisants d’abord, surtout s’ils sont importants. Nous discutons également des éléments positifs de cette mission sur Kashyyyk. Bien sûr, je garde à l’esprit les éléments qu’il m’a apporté sur ISIS ainsi que les données qu’il a transféré sur mon bloc de données, mais j’essaye aussi de lui changer un peu les esprits en parlant des jeunes wookies qui avaient été si débrouillards.

Notre discussion, au fur et à mesure, glisse vers nos limites respectives et le besoin mutuel d’accroître nos compétences, tant à l’escrime que dans les Arts de la Force, surtout si nous voulions tous les deux vivre aussi longtemps que possible ensemble sans rencontrer une mort précoce par imprudence.

- J’aimerais apprendre le Réseau de Vie. Je pense que c’est une technique utile, tant pour repérer des proches que pour garder un œil sur certains individus… Si cela t’intéresse, je pourrais t’enseigner la Déflexion de Force, j’en maîtrise le premier niveau en tout cas.

J’aime entendre son ton enjoué, je préfère ça à son expression assombrie et à la frustration qu’il exprime face à la relative impuissance qu’il avait ressentie face à la puissante gynoïde hapienne. Le Réseau de Vie, hein… j’en prends bien note. C’est une aptitude très utile dans les Arts de la Force, qui permet de ressentir et de localiser près ou prou les présences dans les alentours à moyenne et longue portée, de ressentir s’ils vous sont hostiles ou non, et de distinguer les alliés des ennemis. Bon après, ça a ses limitations également mais cela n’en reste pas moins un petit pouvoir de Force que j’apprécie. C’est d’autant plus efficace qu’on partage un lien de Force avec la cible recherchée. C’est un pouvoir complémentaire à la Poursuite de Force, que je maîtrise aussi d’ailleurs. Je ne masque pas mon intérêt quant à sa proposition de me former sur le premier volet de la Déflexion de Force. Très volontiers !

Ma drôle d’aventure au Havre de Mynock a au moins le mérite de lui arracher un éclat de rire, que j’aime toujours autant entendre. Je suppose que froisser un peu ma fierté pour cette petite récompense valait tout à fait la peine. Il n’a l’air guère surpris cependant, et je ne sais pas comment le prendre ni ce que je dois en déduire : dois-je supposer que Hal a complètement balancé ce qu’il s’était passé ? J’ai confiance envers mon plus jeune frangin, sauf quand ça concerne Dalek qu’il apprécie autant que Corran. Je n’ai cependant pas le temps de creuser que ce chier hapien reprend la parole.

- J’imagine que des félicitations sont de rigueur, Maître des Jedi Verts ! Ou bien des condoléances ? C’est une promotion amplement méritée mais je te plains pour les heures interminables de débats qui t’attendent… Pour ta petite soirée arrosée, Hal m’en avait dit deux mots et envoyé une ou deux holo-photos. Comme toujours, ton sens de la diplomatie n’a pas son pareil, ma chère Allana

- Oh Hal va m’entendre la prochaine fois que je le croise ! J’avais clairement dit que ça devait rester entre nous, ce détail-là. Qu’il fasse gaffe ou je ne le couvrirai plus vis-à-vis de Corran. Il n’y a pas de raison de ne pas partager les sempiternels sermons entre frangins après tout ! Et je ne sais pas si je dois te remercier ou non de m’avoir distraite. J’aurai vraiment pu gagner ce duel.

Mes collègues feraient sans doute de grands yeux sur Tython s’ils me voyaient ainsi déplorer de n’avoir pas pu mener jusqu’au bout un concours de boisson, mais je n’en ai absolument pas cure. Je bougonne donc de bon cœur en lui jetant un regard bleu-gris un peu plus perçant avant de poursuivre.

- Et puis, qu’est-ce qu’il a mon sens de la diplomatie ? Il est très bien mon sens de la diplomatie ! Il ne vole pas haut dans les sphères des bien-pensants, mais il est très efficace avec la pègre et le crime. Preuve en est, sans mon « sens de la diplomatie », les Jedi auraient pu se brosser pour avoir les deux holocrons que je leur ai dénichés. Je ne suis pas sûre qu’ils donneront suite à l’offre de vente pour le reste des holocrons de l’APEX, la note était salée, mais au moins j’ai pu leur en ramener un en plus de celui que j’ai obtenu en personne. Même si ça va me faire du taf en plus…

Je maugrée sur ces derniers propos, ébouriffant mes cheveux d’une main. Si j’ai pu éviter un bain de sang sur Corellia dans le conflit qui oppose la Guilde Corellienne des contrebandiers et des chasseurs de primes, le leader de l’APEX s’attend à ce que je vienne jouer la médiatrice quand la rencontre de tentative de négociation sera mise en place. Sans oublier la responsabilité annexe d’ambassadrice s’il venait à y avoir – et il y en aura, je ne me fais pas d’illusions – des litiges entre la République et APEX. Je ne sais même pas comment je vais annoncer ça à la prochaine réunion du Haut Conseil. Déjà que ça avait suscité un grand fou rire au sein du Conseil Vert, pas sûre qu’ils vont le prendre aussi bien. D’un côté, c’est toujours cool de nouer de bons contacts avec les réseaux criminels, ça peut toujours servir, mais ça, les républicains non-corelliens ont souvent du mal à le comprendre, et cela inclut des Jedi.

- Des sectateurs vêtus de pagne et armés d’oreillers, avec un chef empagné qui se prenait pour un Sith et qui voulait faire de moi son esclave… cette mission-là n’avait aucun sens dès le départ, et tu ne me croirais même pas. Disais-je en haussant les épaules d’un ton débonnaire.

Il va croire que j’ai consommé quelque chose de pas net, mais cette mission, aussi absurde fût-elle, elle existe bien ! Il y en a des traces avec non seulement mon rapport, le brief au Conseil Vert mais aussi et surtout les deux holocrons que j’avais ramenés avec moi. Enfin, autant ne pas s’y attarder. Dalek veut de l’entraînement ? Il va en avoir ! Je me tourne tout à fait vers lui, frottant mes mains.

- Mais trêve de réminiscences, revenons au temps présent. Tu veux de l’entraînement ? Profitons-en tant qu’on est tranquilles et peinards ici. En plus, vu le pouvoir sur lequel tu veux que je te forme, l’endroit est parfait pour ça. Le coin grouille de vie, comme tu as vu.

Je veux dire par là que ça ne pullule pas que de Jedi. C’est bien une chose que je dois reconnaître à contrecœur à Tython, c’est que le coin est idéal pour se former à écouter et ressentir la Force, notamment la Force Vivante dont la philosophie me parle davantage. Y a plein de droïdes et surtout plein de bestioles. Autant de cibles idéales pour lui apprendre à localiser et surtout à distinguer les présences les unes des autres dans un second temps. Autant dire qu’on a du pain sur la planche.

Comment vais-je m’y prendre ? Je pourrais le faire de différentes façons, mais on va d’abord essayer de le mettre dans le bon état d’esprit. Ça va lui faire tout drôle, mais on va commencer par une méditation. Ce serait un bon moyen de lui donner la concentration nécessaire pour débuter. Je n’ai pas la fusion mentale donc je ne pourrais pas lui partager mes perceptions, mais je vais le guider en me pliant également à l’exercice. Il n’y arrivera pas du premier coup, mais le connaissant, il comprend généralement assez vite le coup. J’étire brièvement mes jambes avant de les croiser en tailleur. Autant se mettre à l’aise. Avec un sourire chaleureux, je lui lance avec entrain ponctué d’un léger clin d’œil.

- Pour commencer, on va partir sur une méditation simple. Celle qui te permet d’être bien concentré et de ressentir la Force autour de toi, sans être trop profonde non-plus. Je vais te guider par télépathie, ce sera plus simple. Ce sera comme au bon vieux temps. Tu es prêt ?

Dalek ne doutait pas qu’Allana ne manquerait pas d’en parler avec son petit frère mais Hal avait ce talent remarquable d’arriver à se sortir de n’importe quelle situation. Le gamin était une anguille et peut-être était-ce parce qu’il était le benjamin de la fratrie mais Allana était incapable de rester bien longtemps fâchée contre lui. Les deux partageaient un lien très fort, un peu différent de celui qui les liait à Corran. Le Jedi se garda bien de répondre à sa remarque concernant le fait de l’avoir distraite même si son sourire était suffisamment malicieux pour lui faire comprendre que s’il ne l’avait pas fait, la Corellienne aurait sans doute fini sous la table même après avoir remporté son duel.

Son sourire se fit plus tendre lorsqu’elle bougonna sur son sens de la diplomatie. C’était plus fort que lui, elle lui apparaissait tout bonnement adorable lorsqu’elle faisait la moue. Le Hapien prit note qu’Allana était parvenue à récupérer deux holocrons qui étaient détenus par la pègre, et ce sans terminer en règlement de comptes à O.K. Corell, ce qui n’était pas rien.

- Tu n’as pas démérité, quoi qu’en penseront les maîtres du Conseil et c’est une belle prise de guerre ! Ce n’est pas tous les quatre matins que l’Ordre met la main sur des holocrons, et c’est d’autant plus appréciable qu’ils soient pour le temple Vert.

En revanche, il avait grand mal à croire qu’elle était sérieuse lorsqu’elle évoquait une mission avec des sectateurs en pagne dont le leader se serait pris pour un Sith et aurait voulu réduire Allana en esclavage. Le Jedi Vert ne parvint d’ailleurs pas à se retenir d’éclater de rire à la seule image de la Maîtresse Verte en position de combat avec son sabre laser face à cette bande de cinglés.

- Tu rencontres vraiment des gens… hors du commun, s’exclama-t-il lorsqu’il réussit à s’arrêter de rire. Je serais curieux que tu m’en dises plus à ce sujet un peu plus tard, autour d’un verre, je suis sûr que ça ferait un récit divertissant pour les initiés.

A en croire la façon dont elle se frottait les mains, la Corellienne semblait prête à embrayer sur leur entraînement. Il était vrai que le décor se prêtait à ce genre d’exercice même s’il trouvait cette verdure un peu déconcertante, non pas parce que la vie y pullulait mais parce qu’il était moins facile de s’y repérer pour Dalek. Il était habitué à des mondes habités par des populations intelligentes, qu’elles se trouvent en milieu urbain comme Corellia ou forestier comme Kashyyyk. Sur une planète aussi peu peuplée que Tython, la Force était différente, plus vivante sans doute mais aussi plus sauvage, plus… insaisissable ?

Une méditation simple, ce n’était pas le plus difficile à réaliser même s’il n’avait pas été très fan lors de ses premières années d’apprentissage comme Jedi. Imitant Allana, il s’assit en tailleur et prit une profonde inspiration.

- Je veux élargir le champ de mes talents et s’il faut en passer par une séance de méditation, tu sais que je ne vais pas rechigner à la tâche… je suis prêt , conclut-il avec une expression plus sérieuse.

Le Jedi Vert ferma les yeux et se concentra d’abord sur sa respiration. Il n’était pas un grand philosophe et ne désirait pas se concentrer sur l’immensité de la Galaxie, il craignait paradoxalement de prendre la folie des grandeurs. A la place, il se concentra sur les petites choses : les petits mammifères qui grimpaient aux arbres ak, les oiseaux qui avaient élu domicile à leur sommet, le pollen qui était transporté par le vent… Dalek dut se forcer à se pas trop approfondir la méditation, sinon il finirait par se laisser entraîner par le flot de la Force, ce qui l’ouvrirait sans doute à des visions mais cela ne serait pas très utile pour leur session. Le Hapien se concentra sur l’instant présent, de sorte à flotter dans un entre-deux, et se focalisa ensuite sur Allana. Il était prêt.

On verra bien ce qu’en penseront les Maîtres du Haut-Conseil, en effet. Au moins, j’ai bien fait rire mes collègues du Conseil Vert quand j’ai fait mon débriefing, le début de réunion était dans la gaieté. Une histoire véridique mais amusante, avec des rebondissements, de l’inattendu et des holocrons en prime ! Je crois que notre Maître Vert responsable des Archives n’a jamais été aussi heureux de me voir arriver dans la Bibliothèque de l’Enclave de Coronet-City avec les deux holocrons en très bon état. Comme le rappelle Dalek, il est rare de nos jours que nous mettions la main sur des Holocrons, et il est encore plus rare qu’ils ne rejoignent pas directement les Archives de Tython, pour tout centraliser. Pour le coup, nous avions pu mettre en avant l’aspect patrimonial des deux artefacts puisqu’ils sont bels et bien associés à deux figures de l’Ordre Jedi Vert, et que l’un a été acquis sur mes propres fonds. Je me contente donc d’approuver. Dès que je serais sûre que leur contenu ne représente aucun risque pour des Chevaliers Verts, je pourrais permettre à Dalek de les consulter s’il le souhaite mais pour l’heure, nous sommes encore en train de procéder aux vérifications sous l’œil minutieux de nos érudits. Avec la spécialité très alcoolisé de l’un, je doute qu’il sera accessible avant le rang de Chevalier. Quant au second… je n’ai pas encore terminé de l’étudier et le Maître Archiviste non plus, mais de ce que nous avons pu avoir accès jusque lors, je pense qu’il est plus adéquat pour les Chevaliers et Maîtres.

- Tu rencontres vraiment des gens… hors du commun. Je serais curieux que tu m’en dises plus à ce sujet un peu plus tard, autour d’un verre, je suis sûr que ça ferait un récit divertissant pour les initiés. , s’exclama-t-il lorsqu’il réussit à s’arrêter de rire.

C’est une… assez bonne conclusion sur ce sujet. Je souris d’un air bon-enfant, résignée à cette chance si changeante et particulière qui est la mienne. Un Chevalier Vert ou un Maître Vert aurait pu s’acquitter de la mission sans trop de difficultés vu la nullité crasse de nos opposants, mais il aurait fallu choisir une personne à la fois assez ouverte d’esprit, pas trop dans le verbiage mais capable de négocier avec des partis tierces de l’autre côté de la loi. On en trouve pas mal chez nous, mais là encore ça reste une histoire d’affinité et d’instincts. Contre toute attente, je ne m’en suis pas trop mal tirée… enfin, pas trop mal en considérant mes faibles aptitudes en diplomatie dans le sens habituel du terme. Je bougonne pour le principe en l’entendant éclater de rire, avant de me joindre à son éclat de rire. Avec un sourire détendu, j’approuve une fois de plus de la tête. La mission est assez « douce » pour être racontée à des Novices Verts, assez amusante en soi, et j’assume, je n’y vois pas le mal. Je fais confiance à Dalek pour qu’on retire les éléments un peu graveleux mais le hapien est un bon conteur. Je me sacrifierai pour la cause, si cela permet de faire rire et apprendre quelques trucs à nos jeunes.

Nous revenons cependant vite aux choses sérieuses, en l’occurrence à la demande de formation qu’il m’a faite, et qui va être réciproquée par la suite. Tout comme moi, il n’apprécie guère les travaux mêlant un aspect méditatif, mais parfois il faut passer par là pour apprendre et aussi pour recourir à certains arts de la Force, qu’il s’agisse d’arcanes apprises par les Jedi ou par les Sith. Une méditation simple lui donnera un bon cadre pour comprendre l’état d’esprit requis pour l’art de la Force qu’il souhaite que je lui enseigne. Il s’installe alors en tailleur à son tour et inspire, puis dit avec sérieux.

– Je veux élargir le champ de mes talents et s’il faut en passer par une séance de méditation, tu sais que je ne vais pas rechigner à la tâche… je suis prêt.

Je n’en attendais pas moins de lui, Dalek est quelqu’un de résolument pragmatique. Je le laisse se concentrer, l’observant fermer les yeux et observant sa posture attentivement. La respiration est une bonne porte d’entrée dans un état méditatif, son contrôle et ses variations étant l’une des bases que l’on enseigne tôt aux Novices. Chacun a, après, son approche de l’exercice. On va voir s’il arrive à tenir l’état de méditation légère sans sombrer dans celui de méditation profonde, ce n’est pas une nuance toujours aisée à déceler et à acquérir, pour ma part, ça a pris pas mal de temps et de frustrations. Bien, il commence à se détacher un peu du flot de la Force, je peux le sentir dans sa présence, il est concentré. Il ne se laisse pas être submergé par le flux, il est immergé dans le flot, sans être emporté. J’ai besoin qu’il soit focalisé sur l’instant présent et ses perceptions immédiates pour qu’il comprenne… ah, il parvient à m’accorder un peu de son attention. Très bien, je vais donc pouvoir en faire de même. Mon Réseau de Vie devrait d’ailleurs être plus efficace dans ces circonstances. Je ne suis pas en danger immédiat, je peux y recourir via une méditation plus aboutie que la méditation active que j’utilise en opération, je peux davantage me concentrer avec plus de sérénité. Profitons de cette rare accalmie.

Fermant à mon tour les yeux, je me laisse avec non pas une aisance innée mais l’aisance de l’habituée de plus de trois décennie glisser dans un état méditatif. Héritage des efforts persistants de Jaylen, de Kor’a et des Maître Jedi Verts Instructeurs qui se sont acharnés à m’entraîner sur ce point, ont refusé d’abandonner jusqu’à ce que je comprenne l’essentiel de la manœuvre, je ne galère plus sur ces applications relativement simples de la Force. J’en ai compris l’utilité, et les applications en combat… et je suis bien plus à l’aise avec des méditations qui me reconnectent avec l’instant présent que celles qui vous emportent dans les flots des possibles futurs et Cie. Ces dernières me fuient comme la peste. Je laisse ma présence s’immerger dans la Force et étendre mes perceptions à notre environnement proche. Les années d’expériences et d’exercice – même si je détestais ce dernier point – doivent aider. Je porte ensuite une bonne partie de mes sens sur Dalek et sur sa présence dans la Force, l’étudiant.

« Est-ce que tu m’entends ? Bien. Tu peux maintenir cet état méditatif, il sera adapté pour l’exercice que je veux te montrer. On ne se précipite pas, on y va par paliers. »

Deux erreurs couramment commises par les Novices voire par les Padawans… et que j’étais prône à commettre également dans ma jeunesse. Savoir qu’on est capable de le faire est une bonne chose, mais se mettre dans les bonnes conditions et le bon état d’esprit pour le faire, c’est encore mieux.

« Tu sens les présences des êtres vivants qui sont dans nos alentours. Cela inclut tant la faune que la flore. Tu n’as pas besoin pour le moment de te focaliser sur une présence en particulier, prends le temps de les percevoir, de te familiariser avec elles afin de les distinguer les unes des autres. Tu devrais ressentir les nuances qui différencient entre elles les espèces. »

C’est subtil, mais avec de la concentration cela se fait, et plus encore avec l’habitude. Ainsi axé sur l’instant présent, il devrait être plus alerte sur ses perceptions dans la Force. On va voir s’il a compris déjà cette première étape de l’exercice, ou si nous avons besoin de nous y attarder davantage.

« Est-ce que tu peux me dire quelles espèces nous entourent par ici ? »

Il ne parviendra pas du premier coup, aussi je ne veux pas précipiter les choses. Le principe du Réseau de Force en soi est assez simple : il faut ressentir, sous le prisme de la Force, les présences des êtres vivants autour de soi, afin de les distinguer et de les identifier, puis dans un deuxième les temps les localiser avec une précision certaine pour celles qui sont à distance et d’estimer tant la distance qui les séparent de nous que la direction dans laquelle elles se trouvent. Je commence par les êtres vivants, la faune et la flore, car ce sera une approche plus aisée bien qu’un peu technique. Je ne m’attends pas à ce que Dalek parvienne à identifier toutes les espèces, surtout celles endémiques à Tython, mais il devrait être déjà familier avec certaines créatures qui peuplent différents mondes dans la galaxie. Je pense notamment aux Chats Manka, des carnivores, ou aux Uxibeasts, des herbivores. Il risque d’avoir un peu de mal à reconnaître dans les présences celles de créatures comme les Horranths, les Wingmaws, les Guids ou encore les Araignées Acides, qui ne vivent que sur Tython. J’avoue que même moi j’ai plus de mal à les localiser parfois, vu que je n’ai guère foulé le sol de Tython auparavant même si je me suis un peu rattrapée ces dernières semaines. On le familiarisera en se baladant dans le coin au besoin, s’il reste quelques jours ici. Il y a toujours moyen de s’arranger, après tout.

Cette première étape faite, on se concentrera ensuite sur les présences des Jedi et ça tombe bien, on n’en manque pas ici ! On verra s’il parvient à faire la différence entre les quelques têtes qu’il connaît – votre serviteur comprise - et les autres Jedi qu’il connaît moins, et s’il peut en localiser un précisément. Bon, dans mon cas, il connaît très bien ma présence donc ça devrait être facile pour lui, surtout que le profond Lien de Force qui nous lie lui facilitera la tâche. Il va falloir que je lui fasse comprendre que le ressenti qu’il a quand il cherche à me localiser à distance est assez similaire pour les autres présences, juste que c’est plus difficile au départ. Dans notre cas, il y a une variante que je me dois de lui expliquer, notamment le fait qu’il serait capable de ressentir mon état physique et émotionnel en plus de me localiser. Avec le temps et l’entraînement, il sera peut-être capable de maintenir le Réseau de Vie tout en se déplaçant… nous verrons bien. Chaque chose en son temps.

Dalek entendait parfaitement la voix d’Allana dans son esprit, un avantage rendu possible par la télépathie bien sûr mais qu’il aurait pu reproduire depuis à peu près partout dans la Galaxie grâce à l’Appel de Force. Le Jedi Vert n’était pas particulièrement pressé, il préférait prendre son temps et parvenir à maîtriser cette faculté plutôt qu’à se vautrer en confondant vitesse et précipitation. Et puis il appréciait bien davantage les méthodes d’enseignement de sa compagne que celles de son défunt mentor Sith. Nawara Saren avait des talents certains mais la pédagogie n’en faisait pas réellement partie. Tout se résumait à « marche ou crève » pour le Twi’lek Sith.

- Je te reçois cinq sur cinq, Green Leader, répliqua-t-il par télépathie avec une pointe d’amusement.

Le Hapien acquiesça inconsciemment lorsque la Maître Vert lui demanda de ressentir les êtres vivants aux alentours. Zar commença par projeter son esprit en alliant la Détection de Vie et la Vision de Force, de sorte à ressentir d’un côté la présence d’êtres vivants puis de les percevoir dans son environnement grâce à la Force. Comme il l’avait constaté en se plongeant dans sa méditation, le coin grouillait de vie mais l’objet de l’exercice ne consistait pas à toutes les ressentir en même temps. S’il comprenait bien l’objectif de cette première partie de l’entraînement, Dalek devait s’arrêter sur chaque forme de vie, un peu comme un arrêt sur image, et se concentrer pour identifier de quelle espèce il s’agissait.

Comme tout bon humain qu’il était, il commença à les catégoriser : animaux d’un côté, végétaux de l’autre. Parmi les animaux, il distingua des carnivores, des herbivores et des omnivores. Faisant appel à ses souvenirs, il reconnut certaines espèces pour les avoir déjà croisées sur d’autres mondes mais d’autres lui étaient complètement inconnues. Il avait rencontré une des espèces de carnivores sur Kashyyyk, une espèce féline, les chats… Manka si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Il ressentait son instinct de chasse mais aussi un instinct protecteur, une mère peut-être ?

Parmi les herbivores, il reconnut un mammifère dont le caractère lui apparût comme très agressif dans la Force. Il se déplaçait en troupeau, mm… des Uxibêtes si ses sens ne le trahissaient pas.

- Je ressens un certain nombre d’espèces mais je n’en reconnais que deux, des Chats Manka et des Unibêtes. Il y a aussi des arachnides, je le sens à leur comportement de prédateur, et des oiseaux carnivores… reptiliens, si je ne m’abuse. Les carnivores sont les plus faciles à discerner dans la Force, je ressens aussi un petit quadrupède, un reptile, qui se déplace en grand nombre.

C’est aussi un bon exercice pour moi. De temps à autres, j’aime bien aussi proposer des cours aux plus ou moins jeunes sur les domaines que je maîtrise. Ce n’est pas seulement pour transmettre mes connaissances et m’assurer de faire perdurer nos savoirs, mais aussi pour avoir un moment de partage. Il n’y a pas que l’apprenant qui est en posture d’apprentissage, le professeur l’est tout autant et cela est vrai à tout âge à mon sens. Je travaille aussi ma patience, qui n’est pas souvent mon fort, et cela m’efforce aussi d’être pédagogue et d’être claire dans mes propos. J’en ai donc beaucoup à tirer.

« Je te reçois cinq sur cinq, Green Leader »

Cette touche d’humour qui le caractérise si bien me tire un sourire au coin des lèvres, sans que je ne perde cependant ma concentration. Bien, il a donc atteint le degré de méditation que je souhaitais qu’il maintienne. On va voir s’il aura assez de maîtrise de soi pour le conserver sur une longue durée. Si l’usage du Réseau de Vie sur un champ de bataille est assez stressant car je m’en sers essentiellement pour percevoir les présences ennemies, les localiser approximativement et trouver les auras de mes alliés. C’est donc pour une question souvent de vie et de mort, pour mes alliés Jedi comme militaires. Ici… c’est différent. Il y a bien sûr des créatures parfois agressives dès que l’on s’éloigne vraiment trop de l’Enclave Jedi de Tython, mais sinon, les alentours sont généralement paisibles et apaisés. Je peux prendre le temps de me recentrer, paradoxalement en étendant mes sens sur les présences autour de nous, en renforçant ma connexion avec la Force Vivante et Ses liens qui nous relient tous et toutes.

Je me focalise sur mon élève du jour et du moment, que je tâche d’initier au Réseau de Vie. Je perçois qu’il projette son esprit vers ses alentours, comme je l’ai moi-même fait naturellement de mon côté avec un peu plus d’aisance en raison de l’habitude. La Détection de Force et la Vision de Force… c’est un bon point de départ en effet. On va voir s’il va éviter les pièges les plus courants de cet exercice. Va-t-il s’épuiser à vouloir détecter et analyser toutes les présences autour de nous, ou va-t-il faire attention ce que je lui ai demandé et chercher à les comprendre, à identifier leur nature en générale ? Je n’espionne pas ses pensées, tout comme je ne lui prémâche pas tout le travail non plus. Je reste présente en appui et je fais l’exercice en même temps que lui, mais je le laisse aussi chercher un peu. Il prend son temps, et c’est très bien comme début, puisque nous ne sommes pas du tout pressés.

J’en profite pour m’exercer aussi le temps qu’il me réponde, c’est toujours bien d’affûter ses talents et de garder leur tranchant en s’entraînant régulièrement. Une leçon que j’avais eu à cœur de lui rappeler, quand nous avons inversé nos positions d’enseignant et d’apprenti de retour sur Corellia.

En l’occurrence, il y a différentes approches pour identifier une présence, et de là le type d’espèce auquel elle appartient quand on débute. Soit, solution la plus simple, on a déjà croisé ladite espèce et du coup c’est plus facile de reconnaître sa présence. Soit il faut procéder par étapes, chasser les similitudes et les différences qui se détachent dans la Force, relever leurs attitudes, et dans le meilleur des mondes, au cours des voyages, s’atteler à en rencontrer un maximum possible pour s’y familiariser. En ce qui concerne les êtres mortels, vivants et civilisés… c’est toujours plus simple quand ça concerne d’une part des collègues ou des proches, mais plus encore envers quelqu’un auquel tu es lié par la Force, que tu connais sur le bout des doigts depuis très longtemps. Même moi, il y encore certaines créatures de Tython que j’ai plus de mal à détecter que d’autres, même si je me suis beaucoup baladé dans les environs afin tant de me dégourdir les jambes, de m’exercer et de changer un peu d’air.

La voix télépathique de mon cher Hapien vient effleurer à nouveau mon esprit via les voies de la Force.

« Je ressens un certain nombre d’espèces mais je n’en reconnais que deux, des Chats Manka et des Unibêtes. Il y a aussi des arachnides, je le sens à leur comportement de prédateur, et des oiseaux carnivores… reptiliens, si je ne m’abuse. Les carnivores sont les plus faciles à discerner dans la Force, je ressens aussi un petit quadrupède, un reptile, qui se déplace en grand nombre. »

Je laisse mon approbation naviguer entre nos esprits à l’aide du Lien de Force qui nous unit et des arts télépathiques. C’est un bon début. Il a réussi à identifier les deux espèces que j’estimai qu’il pouvait en effet avoir déjà rencontré, que ce soit lors de ma formation aux arts Sith ou pour ses propres expériences. Je vais lui donner un petit éclairage pour celles qu’il a ressenti mais qu’il ne connait pas.

« Tout juste, il y a bien un petit groupe de chats mankas dans les alentours, ainsi qu’un groupe d’Uxibêtes. Les arachnides que tu ressens sont des Araignées Acides, de charmantes araignées locales. Les oiseaux carnivores s’appellent des Wingmaws, et les reptiles que tu mentionnes sont un groupe de ce que l’on appelle des Horranths. Tu en croises souvent dans les parages. Tu ne pouvais pas les connaître, ils sont endémiques à Tython. Tu as cependant bien ressenti et distingué leurs présences, ce qui est un très bon début. On profitera que tu sois de passage ici pour se balader dans les environs, tu pourras mieux les identifier ainsi par la suite. »

Maintenant qu’il a réussi, je pense, à les caractériser globalement et à comprendre comment il pouvait distinguer les types de présences les unes des autres, il va falloir complexifier un petit peu l’exercice. En tout cas, on va resserrer un peu le filtre très ouvert que nous avons utilisé jusque lors pour glisser des applications potentielles de la Détection et de la Vision de Force pour se diriger vers le Réseau de Vie. Après tout, nous devons peu à peu passer du collectif vers l’individuel, le focus qui est demandé spécifiquement pour la Poursuite de Force et pour le Réseau de Vie, à deux différentes échelles et degrés de précision. Je laisse mes sens aiguisés par le Réseau de Vie sonder nos alentours, avant que mon attention ne se porte spécifiquement sur le groupe de Chats Mankas. C’est une espèce parmi les deux qu’il connaît le mieux, ce sera donc un premier cas de figure plus accessible pour le hapien.

« Revenons à nos Chats Mankas si tu veux bien. Focalise-toi bien sur leurs présences, sans forcément te couper totalement aux présences des autres créatures. Peux-tu me dire combien de membres composent le groupe qui rôde un peu plus loin d’ici ? »

Pourquoi ai-je choisi les Chats Mankas plutôt que les Uxibêtes, me direz-vous ? Je n’ai aucune préférence particulière entre les deux espèces, mais le groupe des premiers est plus intéressant dans sa composition. Ces félins, non sentients et dangereux pour le promeneur inattentif, sont connus pour leur appartenance aux carnivores mais aussi pour leur viande et leurs dents, pour un usage médicinal pour ces dernières. Ils agissent souvent en meutes, mais pas que, et sont assez redoutables pour être en mesure de vaincre de plus grosses créatures qu’eux… et ils peuvent être domestiqués, d’ailleurs. Il m’est déjà arrivé d’ailleurs de faire appel à leurs services à l’aide de la Persuasion Animale, une fois ou deux, pour faire diversion ou effacer des traces dérangeantes du temps où j’étais du côté des Sith.

En l’occurrence, nous avons ici un groupe de dix de chats mankas. Je note notamment la présence d’une femelle parmi eux, et une portée de petits chats-mankas à ses côtés. Je dirais qu’il y en a trois, accompagnés donc par sept adultes, incluant la femelle et probablement la mère des petits. On va voir si ce qu’il peut m’apprendre à leur sujet correspond à ce que je perçois à travers le Réseau de Vie

« Et tant qu’on y est, que peux-tu m’apprendre d’autre sur ce groupe ? Est-ce qu’il y a une présence en particulier qui retient ton intérêt parmi eux ? Pour quelle raison ? »

Je ne pose pas ces questions innocemment. Ce sera un fil conducteur pour l’encourager à préciser le prisme par lequel il ressent les présences pour se focaliser sur un petit groupe d’individus, puis un individu en particulier. Je pourrais l’amener ensuite à localiser ledit groupe, plus ou moins précisément, puis lui donner des astuces pour accroître à la fois ses perceptions et sa précision à distance. Dès qu’il sera assez à l’aise avec la faune, on ira s’amuser avec les présences des Jedi aux alentours et s’il a envie de se dégourdir les jambes, on ferra une petite traque à l’ancienne et il devra trouver ma présence parmi toutes ces des Jedi, qui plus est en mouvement et sans savoir exactement où je me rends.

Dalek prêta attention au retour que lui fit Allana par la pensée. Il avait vu juste concernant les créatures qu’il connaissait mais il avait certainement pas mal de choses à apprendre sur les espèces endémiques, telles que ces fameuses « Araignées Acides » ou les Wingmaws. Bien qu’il ne soit pas un naturaliste expert, il s’intéressait aux espèces animales comme végétales des mondes où il se rendait, notamment pour des questions très pragmatiques de survie élémentaire. Savoir reconnaître ce qui comestible de ce qui ne l’est pas, ce qui est empoisonné de ce qui ne présente aucun danger, ce qui pourrait te sauter dessus en meute sans prévenir… Bref, il l’avait assez rabâché à ses classes d’initiés sur Corellia mais vous ne savez jamais quand vous pouvez vous retrouver paumé sur un monde hostile avec pas grand-chose d’autre sous la main que votre tête et votre maîtrise de la Force. Dalek avait le souvenir d’une mission à l’époque Sith où il avait dû faire une mission d’infiltration sans datapad, sans sabre laser et sans blaster, autant dire à poil si on excluait les vêtements « locaux » qu’il avait sur le dos. Autant dire que Darth Umbra avait dû lui payer un sacré supplément quand il avait ramené l’information recherché après avoir crapahuté dans la jungle pendant trois semaines.

Le Jedi Vert sortit de ses pensées pour se reconcentrer sur l’instant présent. Il imaginait que l’exercice n’était pas si simple pour maîtriser le Réseau de Vie donc il avait tout intérêt à se montrer attentif s’il ne voulait pas que ça leur prenne trois ou quatre séances pour lui faire vraiment retenir les bases. En l’occurrence, Allana lui demander de se concentrer sur les présences des Chats Mankas qu’il avait identifié un peu plus tôt. Elle lui demanda de lui indiquer combien se trouvaient dans le groupe dont il avait ressenti la présence.

Tandis que Zar s’attelait à cette tâche, la Maître Vert compléta sa demande en lui demandant ce qu’il pouvait lui indiquer de plus concernant les félins et s’il y avait une présence qui se dégageait du lot. Il avait l’impression de revenir à une des séances d’entraînement à l’époque où il étudiait auprès d’elle comme Padawan mais il ne pouvait pas lui en vouloir, il préférait ce genre de méthode, avec un mélange d’aide et d’indépendance, pour enseigner.

En l’occurrence, le Corellien d’adoption projeta son esprit sur le groupe de félins, leurs présences étaient similaires mais un peu différentes aussi, en termes d’agressivité… et de vitalité aussi, un peu à l’image de différences qu’il pouvait ressentir entre la présence d’un adulte et d’un enfant. Six… non sept d’entre eux étaient alertes, et parmi eux il y avait la présence au caractère à la fois chasseur et protecteur, celle qu’il avait identifié comme pouvant être une mère. Il y avait aussi trois présences plus petites et dont les caractères étaient davantage curieux et joueurs, des juvéniles probablement.

- Je perçois dix individus dans le groupe de Chats Mankas. Au-delà de ça, ce ne sont que des suppositions mais je dirais que sept d’entre eux sont adultes et au moins une des sept est une femelle, devenue mère récemment. Elle témoigne d’un instinct protecteur envers les trois autres chats, plus petits, plus curieux, probablement des juvéniles nés il y a quelques semaines tout au plus. Les six autres chats sont probablement des mâles ou en tout cas s’il y a des femelles, elles ne se sont pas synchronisées avec la mère lors de sa gestation, ce qui aurait dû leur conférer une attitude similaire à celle de la mère.

Dalek se concentra davantage. Les chatons dégageaient principalement de la curiosité, de l’amusement, de la peur aussi parfois devant des choses peu familières. La dynamique entre les adultes étaient plus complexes. Le Jedi Vert éprouvait quelques difficultés à établir le rapport hiérarchique entre les félins donc il partagea à Allana ce qu’il arrivait à déchiffrer.

- Parmi les adultes, en dehors de la mère, il y a au moins deux individus relativement âgés et deux qui sont relativement jeunes, adultes mais depuis peu de temps, encore... peu sûrs d’eux par rapport à leurs aînés. Les deux derniers sont les plus faciles à déchiffrer parce que leur agressivité n’est pas dirigée que vers les autres espèces, ils en ressentent l’un pour l’autre, comme une sorte de rivalité, peut-être une lutte de dominance ? Dans tous les cas, un affrontement apparaît inévitable à terme, de l’expérience que j’ai avec cette espèce.

Bien, on dirait que Dalek commence à comprendre là où je veux le mener. Je me doutais qu’il ne parviendrait pas à distinguer les espèces propres à Tython, c’est assez normal. Á mon instar, il n’a pas le profil type de l’érudit, et son curriculum particulier fait qu’il n’a guère pu voyager en dehors des mondes corelliens au cours des années jalonnant son apprentissage en tant que futur Jedi corellien. Tous les mondes, ou en tout cas tous les esprits républicains et même certains Jedi, n’accueilleraient pas forcément à bras ouverts un ancien hapien qui plus est Sith, toute sincère que soit sa repentance. Dalek avait néanmoins très vite fait preuve d’un esprit très curieux, aussi suis-je certaine qu’il ira satisfaire tôt ou tard cette dernière sur les espèces, surtout les dangereuses, qu’il ne connaît pas. Qui sait, cela lui donnerait peut-être même de la matière pour ses futurs cours auprès des Novices Verts.

Il perd un peu sa concentration de temps à autres, aussi essayais-je de le guider sans excès. J’espère qu’il comprendra où je veux l’aiguiller et ce que je veux lui faire comprendre et lui faire ressentir par les précisions que je lui demande. J’ai besoin qu’il glisse petit à petit du groupe vers l’individu. Le principe du pouvoir qu’il souhaite apprendre n’est pas réellement de ressentir toutes les présences qui nous entourent, mais aussi et surtout de pouvoir se concentrer sur l’une d’entre elles en particulier. Il faut la détacher du lot, tout en étant capable de la percevoir à distance et rester alerte à son environnement. Tout un jeu d’équilibriste que seul un sensitif avec l’expérience d’un Chevalier Jedi, ou d’un Chevalier Jedi en devenir proche, est capable de comprendre, de ressentir et de mettre en œuvre.

Je laisse donc Dalek poursuivre ses commentaires, lui prêtant une oreille des plus attentives.

« - Je perçois dix individus dans le groupe de Chats Mankas. Au-delà de ça, ce ne sont que des suppositions mais je dirais que sept d’entre eux sont adultes et au moins une des sept est une femelle, devenue mère récemment. Elle témoigne d’un instinct protecteur envers les trois autres chats, plus petits, plus curieux, probablement des juvéniles nés il y a quelques semaines tout au plus. Les six autres chats sont probablement des mâles ou en tout cas s’il y a des femelles, elles ne se sont pas synchronisées avec la mère lors de sa gestation, ce qui aurait dû leur conférer une attitude similaire à celle de la mère. Parmi les adultes, en dehors de la mère, il y a au moins deux individus relativement âgés et deux qui sont relativement jeunes, adultes mais depuis peu de temps, encore... peu sûrs d’eux par rapport à leurs aînés. Les deux derniers sont les plus faciles à déchiffrer parce que leur agressivité n’est pas dirigée que vers les autres espèces, ils en ressentent l’un pour l’autre, comme une sorte de rivalité, peut-être une lutte de dominance ? Dans tous les cas, un affrontement apparaît inévitable à terme, de l’expérience que j’ai avec cette espèce. »

Il semble avoir encore un peu de mal à détacher l’individualité de la vision d’ensemble, mais j’ai le sentiment qu’il progresse. Le hapien commence à les détacher en sous-ensembles, dont il me mentionne les caractéristiques. Le genre de la créature sauvage, son âge, son comportement, ses relations avec ses congénères et envers ses interlocuteurs extérieurs… ce sont autant d’éléments qui amènent peu à peu, avec le bon regard, à définir et à distinguer l’essence de la présence individuelle.

Je vais essayer de continuer à lui donner quelques repères tout en le laissant expérimenter et ressentir par lui-même, un peu à la manière d’un compagnon de route ou d’un guide qui chemine à ses côtés.

« C’est un portrait plutôt exhaustif que tu me dresses là. Tu es sur la bonne voie. Comme tu t’en es sans doute aperçu, nous passons d’une vision d’ensemble à une vision plus précise. Plus tu essayes de ressentir de présences différentes avec précision, moins tu parviens à acquérir de détails sur ces dernières et plus il t’est difficile de les distinguer séparément. L’exercice est d’autant plus subtil lorsque la présence que tu cherches se trouve loin de l’endroit où tu te trouves.»

On commence à rentrer dans le vif du sujet après cette petite mise-en-bouche et cet échauffement.

« Nous comptons donc sur ce groupe de dix chats Mankas trois juvéniles et sept adultes, dont une mère qui est aussi la cheffe de meute. Il est important d’être attentif aux détails, comme ceux que tu m’as énoncés : le genre, le tempérament, l’âge, les intentions, les relations avec l’entourage, ou encore le comportement. Ce sont ces différents aspects qui t’ont permis, instinctivement, de distinguer la mère de ses congénères et de sa progéniture. Ton prisme s’est ajusté au fur et à mesure à trois niveaux de perception : l’ensemble, le groupe, et l’individu. »

J’ai toujours pensé que montrer par l’exemple concret était plus efficace que de se perdre dans d’interminables explications alambiquées. On montre par la pratique, on fait ressentir les bases, puis on explique et on approfondit et surtout, on pratique encore, souvent et régulièrement. « L’Ensemble » est un peu comme la base que l’on apprend aux Novices avec les Sens de Force, et que l’on approfondit avec les Padawans, ou encore qui est inné aux Miraluka et autres êtres aveugles. « Le Groupe » est à une échelle plus petite, mais plus précise, instinctive mais qui peut aussi être raffinée. Et là, c’est vers « L’Individu » que je veux guider mon cher ancien mentor Sith et ancien Padawan Vert.

« C’est ce dernier niveau qui nous intéresse ici. La subtilité est de ressentir ton environnement, proche puis de plus en plus distant, et de chercher la présence dont tu souhaites connaître la position. Plus tu connais de choses sur l’être vivant que tu cherches, plus c’est facile. Par exemple, tu as distingué plus facilement les présences des espèces que tu as déjà rencontrées, tout comme tu as eu plus de difficulté à ressentir précisément les espèces que tu ne connaissais pas. C’est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin dans ce dernier cas alors que quand tu connais l’individu que tu cherches, tu as assez d’éléments pour guider ta recherche. »

En fait, c’est ce qu’il fait déjà inconsciemment envers moi et ce qui est d’autant plus renforcé par mon Don de Force à double-tranchant qu’est l’Empathie de Force. C’est donc un talent que j’ai développé instinctivement en ce qui concerne ma famille proche et mes plus proches amis, et que j’ai travaillé des années durant afin de mieux ressentir la présence de mes alliés et débusquer mes ennemis.

« Ainsi, tu l’as sans doute constaté mais tu as plus de facilité à ressentir et à distinguer ma présence parmi d’autres. Tu ne sais pas exactement où je suis, mais tu sais à peu près vers où je me trouve. Eh bien, c’est un peu l’idée. Le lien qui nous unit aide certes sans doute un peu mais comme pour nos chats Mankas, des caractéristiques différencient mon aura des autres présences perceptibles dans la Force. Avec l’habitude et une bonne connaissance de la personne recherchée, tu parviens à localiser la présence voulue même si elle est loin de toi. La précision sera moindre sur des distances rapprochées avec le Réseau de Vie qu’avec la Poursuite de Force, mais il sera bien plus efficace sur de longues distances. Avec l’exercice, tu pourrais te faire une idée de vers où se trouvent des Jedi que tu connais, tels que Corran ou Adéa, mais aussi ce cher Maître Archiviste. »

C’était la partie un peu théorique et un peu technique, mais la différence est importante à faire et on ne peut malheureusement pas s’en passer. On va voir s’il arrive à me suivre ou si je dois ralentir un petit peu le rythme. Il faut dire que pour moi, le Réseau de Vie m’est devenu assez instinctif.

Dalek conserva sa concentration tout en prêtant attention aux indications d’Allana. Il n’était plus tellement question de ressentir un vaste éventail de présences que de se concentrer sur les subtilités d’une présence en particulier. Enseigner par la pratique était une méthode qu’il privilégiait également avec ses propres classes d’initiés donc il ne pouvait qu’approuver le concept.

La familiarité avec une personne ou en l’occurrence une espèce était utile pour capter ses subtilités. En l’occurrence, il cultivait effectivement une aisance toute particulière pour ressentir la présence d’Allana, ou à l’époque d’Eri’ana comme elle se faisait appeler parmi les Sith. Ainsi, il pouvait ressentir non seulement si elle était là mais également si elle était en bonne santé, si elle était bouleversée par quelque chose ou encore en train d’accomplir un effort physique intense. Et surtout, il était en mesure de savoir quand elle avait bu beaucoup plus que de raison…

- Oui, c’est quelque chose qui me vient naturellement avec toi. La distance ne m’a jamais réellement posée de problème pour te trouver et te contacter, même lorsque je me trouvais sur Kashyyyk et toi sur Corellia par exemple. Je ne sais pas si ce serait aussi simple pour un autre Jedi mais qui ne tente rien n’a rien.

Le Hapien prit une profonde inspiration et se concentra sur Tython. Lançant son esprit tel un hameçon, il partit à la recherche du maelstrom de présences lumineuses du Temple Jedi. Naviguant au travers de ces inconnus plus ou moins brillants, plus ou moins âgés, plus ou moins lumineux, il finit par trouver une présence familière. Il brillait dans la Force bien davantage que les dizaines d’autres présences qui l’entouraient mais surtout Dalek reconnaissait son caractère concentré et sa curiosité, similaires à ce qu’il avait ressenti sur Corellia lors de leur première rencontre. Il s’agissait indubitablement de Maître Garvan.

- Je peux dire sans me tromper que Maître Garvan se trouve au Temple et si je ne m’abuse, il doit être entouré d’une classe de novices. Voyons voir si j’arrive à ressentir des personnes plus lointaines…

Cette fois-ci, l’exercice était plus difficile puisque le Jedi Vert cherchait à ressentir les présences de personnes beaucoup plus éloignées. Il eut l’avantage de parvenir à trouver Corellia sans trop de difficulté grâce à toutes les présences familières qui s’y trouvaient : ses petits initiés en premier lieu, les autres chevaliers qu’il côtoyait et même quelques maîtres Verts qui lui en avaient fait voir de toutes les couleurs. Pour autant, il ne ressentait pas la présence de Corran parmi eux. Il lui fallut quelques minutes supplémentaires pour se rendre compte que le frère d’Allana ne se trouvait pas au Temple Vert mais sur une autre partie de Corellia, dans un endroit beaucoup plus densément peuplé… probablement Coronet City. Comme à son habitude, le beau-frère de Dalek irradiait de ce caractère strict et grognon mais aussi avec un semblant d’autosatisfaction : nul doute qu’il était en train de donner la chasse à quelques malfrats.

- On dirait que ton frère est occupé à chasser des criminels à Coronet City… je me trompe ? Demanda Dalek d’une voix espiègle.

Il commençait à saisir les grandes lignes de ce nouveau don mais il lui faudrait le pratiquer régulièrement s’il voulait vraiment l’affiner. A voir si son maître lui confirmait ce qu’il avait ressenti bien sûr.

Dalek a l’air de me suivre pour l’instant. Avec un sourire confiant et posé aux lèvres, je reste attentive à son exposé tout en maintenant ma concentration sur la Force. Ce qu’il décrit est juste concernant le phénomène, qui est accentué par notre Lien de Force. Avec l’habitude, il aura besoin de moins de concentration pour réussir à obtenir un résultat proche avec d’autres personnes qu’il connaît assez.

Je le laisse donc essayer sans commenter davantage, tant pour le laisser se concentrer que pour qu’il trouve par lui-même la sensation recherchée et comment procéder. Pour ma part, j’étends mes perceptions avec le Réseau de Force pour l’heure à l’échelle de Tython, laissant ma perception se diluer jusqu’au niveau de l’Ensemble, puis en le recentrant au niveau du Groupe, les Jedi en l’occurrence. C’est un art assez utile et assez rassérénant, en ce qu’il nous connecte avec nos pairs. Bien entendu, je ne peux pas identifier tout le monde au sein du Temple de Tython, d’autant moins que ce n’est pas mon lieu de résidence principal ni l’endroit où j’ai passé le plus d’années. Je connais moins ses habitants, ce dont je me rends compte d’ailleurs quand je compare à ma chère Corellia. J’y connais beaucoup plus de monde, donc mes perceptions du Réseau de Vie sont encore plus précises. Ici… je ressens le grand nombre de présences des Jedi traditionnels qui vivent au sein du Temple, tandis que certaines présences se détachent bien plus que les autres. Sous mes yeux clos, je perçois avec précision les présences de mes pairs du Haut-Conseil, telles qu’Arsenicia ou encore Dante, sans oublier l’Epée des Jedi, le Maître Instructeur, le Maître Forgeron, le Maître des Ombres ou encore le Maître des Guérisseurs. Des personnes que j’apprécie plus ou moins, cela dépend des cas. On va voir si Dalek va réussir à faire la distinction dans toute cette tornade de présences lumineuses familières.

Normalement, il doit bien y en avoir un qu’il devrait être en mesure de ressentir dans tous nos pairs.

Ah je me disais bien ! Je ne peux pas m’empêcher de ressentir une pointe de fierté à son égard. Fidèle à mon souvenir de lui en tant qu’apprenant, il a assez vite compris le principe de la manipulation de la Force. Je ne suis pas étonné qu’il ait fini par trouver Maître Garvan, puisqu’il l’a déjà rencontré, qu’il a partagé un déjeuner avec lui et qu’ils ont fait connaissance en discutant. Un sourire satisfait erre quelques instants sur mes lèvres… nos détracteurs du passé se trompaient. Dalek a été tout à fait en mesure de s’intégrer en notre sein, et de faire sienne notre double-culture corellienne et Jedi. Il est en mesure de tisser des liens avec d’autres Jedi que moi ou que nos proches… voilà qui est encourageant pour l’avenir. J’ai donc réussi mon pari sur ce point-là aussi. Je m’amuse de voir que les présences qu’il détecte avec le plus d’aisance en dehors de notre Maître Archiviste sont les Novices. Dalek a toujours eu une certaine affection pour les plus jeunes, ils représentent sans doute le groupe de personnes auquel il ne ferait absolument jamais de mal. Et fidèle à lui-même… il ne s’arrête pas en si bon chemin, il s’aventure à pousser l’exercice plus loin pour voir, sans doute, jusqu’où il peut se rendre dans ses connaissances et sa maîtrise actuelles.

Je reconnais que je suis curieuse de savoir quelle présence il va chercher à localiser. Il y a pas mal de possibilités. Il a parlé de « personnes plus lointaines », après tout, cela englobe beaucoup d’options mais mon petit doigt me dit qu’il va chercher la présence d’un corellien ou d’une corellienne. Ce n’est pas une mauvaise idée d’ailleurs : c’est un bon exercice vu la distance qui sépare Tython et Corellia, la petite facilité obtenue en cherchant quelqu’un de sensible à la Force ou qu’il connaisse sinon bien. Je sens en tout cas qu’il est pleinement concentré et de ce que je perçois, je pense qu’il est sur la bonne voie. Qui va-t-il chercher ? Quelqu’un de notre famille, comme Ellen, Adéa, Kayla, Corran ou même Hal ? Quelqu’un du Temple Vert qu’il a rencontré à plusieurs reprises comme des Maîtres Verts à l’instar de Maître Karaar Flinn, Maître Lay’li ou Maître Kor’a Ven ? D’autres connaissances corelliennes en dehors des seuls cercles Jedi ? Je ne saurais le dire, et cela pique bien ma curiosité.

J’en profite en tous les cas pour m’adonner à l’exercice, laissant mon esprit vagabonder jusqu’à effleurer ce qui représente Corellia, et ses innombrables présences tant elle grouille de vie, tant civilisée que sauvage. Patiemment et sereinement, j’ajuste mes perceptions selon les différentes présences que je m’entraîne à ressentir et à localiser, l’une après l’autre. La présence de ma mère n’est pas présente, elle a sans doute dû accepter un contrat qui l’a menée hors de Corellia. Hal, mon plus jeune frère, n’est pas non plus présent même si comme elle, je sens qu’il est en vie et se porte bien. Avec un sourire tranquille, je m’enquiers furtivement du bien-être et de l’endroit approximatif où se trouvent mes proches et des pairs Jedi Verts, effleurant leur présence sans jamais m’y arrêter, ou en tout cas pas bien longtemps. Cela fait beaucoup d’informations aussi je ne m’attarde jamais, et même pour une habituée comme moi, je ne peux pas m’éterniser sur cette pratique sans fatiguer. La Force nous connecte, tous et toutes, Jedi ou non, que nous soyons des êtres civilisés ou juste conscients. La Force Vivante pulse avec vigueur, et j’admets que c’est une sensation qui m’apaise. Nous ne sommes jamais vraiment seuls, malgré la distance qui nous sépare les uns des autres.

La remarque de Dalek, espiègle, me tire hors de ma méditation plus approfondie et avec douceur, je laisse mon esprit se focaliser sur lui. Mon frère Corran, hein ? De tous les choix possibles, c’était le plus improbable qu’il avait choisi… un bon niveau de difficulté. Une marque aussi de l’appréciation qu’il lui porte en tant que beau-frère, même s’ils ne peuvent pas s’empêcher de se lancer des piques. Je me garderai d’en faire la remarque à l’un ou à l’autre, même si au fond, je ne suis pas étonnée. Avoir réussi à le localiser dans toute la multitude d’existences et de présences qui tapissent Corellia ou déjà Coronet-city, ce n’est pas une mince affaire ! Par habitude professorale autant que par curiosité, je me plie au même exercice pour vérifier ses affirmations, avec plus d’aisance il est vrai.

La présence de Corran se détache bientôt de la multitude de corelliens, puis de l’essaim de Jedi Verts.

Qu’est-ce qui le caractérise ? La présence de quelqu’un que l’on ressent comme strict et grognon en premier lieu, certes, mais avec bien plus de couleurs, de nuances, de richesse derrière cette carapace. Sous mon œil aguerri renforcé par notre propre Lien de Force fraternel, je le distingue aussi pour son entêtement, son grand sérieux et son calme, un roc inébranlable dans la tourmente. Et cette présence particulière… est effectivement non pas au Temple Vert mais dans Coronet-city. Il est seul, puisque je ne ressens pas les présences d’Ellen, d’Adéa, de Kayla ou d’Hal avec lui. Avec un sourire franchement amusé et un brin féroce, je perçois un sentiment d’autosatisfaction colorer sa présence en cet instant, que je mets en relation avec les présences plus anonymes qu’il pourchasse.

Ce sentiment de plaisir de la traque… je le connais, je le ressens aussi lors de mes enquêtes.

Je reprends mes distances et mon sérieux avec autant de discrétion que j’en sois possible – ce qui est difficile – et me focalise à nouveau sur nos environs proches de Tython, puis la présence de Dalek. Je laisse émaner via notre Lien de Force ma satisfaction et ma fierté par rapport à ce qu’il m’a répondu.

« Excellent, Dalek ! C’est tout à fait ça, il est sur Corellia, à Coronet-city et je gage aussi qu’il doit être en mission pour la CorSec. Tu as bien distingué et localisé sa présence des autres, tout en restant alerte aux autres présences qui l’entourent. Tu as pigé. Bon travail ! »

Il ne faut pas brûler les étapes. Restons sur cette bonne note, il ne sert à rien de pousser trop loin la tâche. Qui veut aller loin ménage sa monture ou, à défaut de monture, ses propres jambes. L’habitude et la pratique régulière valent mieux que des séances intensives ici et là, sporadiques. Laissant se dissiper mon immersion dans la Force pour revenir à l’instant présent, je reprends.

« Restons-en là aujourd’hui. On s’entraînera de temps en temps pour t’acclimater, mais tu devras aussi t’exercer aussi souvent que possible par toi-même. C’est en forgeant qu’on devient forgeron ! Allons nous dégourdir un peu les jambes, si tu veux bien. »

Nous quittons tous deux notre état méditatif l’un après l’autre. Dalek a l’air assez fatigué par l’exercice de manipulation de la Force, mais aussi satisfait que moi si j’en crois son expression et sa présence familière dans la Force. Bondissant sur mes jambes avec un soupir d’aisance et de satisfaction, je tends ensuite une main et aide mon ancien élève à se remettre debout à son tour. Je renouvelle ensuite ma proposition de lui faire le petit tour du propriétaire des environs du Temple Jedi, afin qu’il s’y acclimate et que nous puissions discuter tranquillement. Il y a tant de choses à lui montrer, dans les bâtiments Jedi comme dans la nature qui nous entoure. Main dans la main, assumant parfaitement notre relation, nous poursuivons notre chemin tout en devisant en corellien.

[Fin du RP]

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