Une rencontre toute tracée [PV Darth Kairos] (Terminé)

Le Consortium Eternel. Sa première mission hors du territoire d’APEX, avant même qu’une histoire d’enchères à Zeltros ne l’amène ailleurs par la suite. Du moins, c’était la première de l’Agent Malva. Pour les semaines, voire mois en fonction de comment sa mission allait se dérouler, elle serait Eréna. Tout simplement. Jeune Twi’lek originaire d’Onderon qui avait les dents longues, mais la malchance d’être née avec deux tentacules sur la tête, lui valant la xénophobie de nombreuses Matriarches de la cour Éternelle et de nombreux bâtons dans les roues pour grimper les échelons et lui refuser ne serait-ce que le titre de Noble. Et qui préférait de ce fait ainsi se tourner vers l’appui des Siths. De quelque façon que ce soit.

Un profil qu’Isïana imaginait singulier de ce qu’elle avait pu lire avant de partir de Nar Shaddaa, quelques jours plus tôt. Mais cela collait bien avec son physique, de toute façon. Et elle avait la mentalité pour. Comme on lui avait conseillé son mentor avant le départ, la meilleure façon de duper un utilisateur de la Force, c’était d’être la plus naturelle possible. C’était sans doute pour cela qu’on l’avait envoyé elle, plutôt qu’une autre.

Si elle pouvait avoir quelques appuis locaux si besoin, Isïana préférait se débrouiller toute seule. D’une part parce qu’elle avait toujours fonctionné ainsi. D’autre part parce qu’avoir besoin d’une aide, c’était créer le risque de révéler un agent double. Or, ce n’était pas le but. L’objectif de la belle Twi’lek à la peau mauve, d’ailleurs ? En soit, rien de bien complexe. Débarquer dans l’espace sith, se faire un petit réseau, commencer à créer du chaos, regarder les conséquences de son petit jeu. Ou partir avant qu’elle ne se retrouve prise dans l’explosion. Sur ce point-là, on ne savait jamais à l’avance ce que ça pouvait donner. Surtout pas quand l’équation impliquait les Siths.

Est-ce que ça effrayait Isïana ? Oui, forcément. Il aurait fallu qu’elle soit folle pour être insensible à l’idée d’être lâchée parmi les fauves. Est-ce que ça l’empêcherait de faire son travail ? Non, bien entendu. Au contraire, c’était presque enivrant. La Twi’lek avait enfin le plein sentiment de débarquer dans la cour des grands.

Et puis, sortir de Nar Shaddaa pour un monde tropical comme Dromund Kaas lui ferait le plus grand bien. Pour le paysage, en tout cas. Pour le reste, difficile à dire si elle allait gagner au change. Dans tous les cas, utilisant les faux codes d’immatriculation de l’Améthyste, son vaisseau personnel, renommé pour l’occasion le Rubis pourpre, elle avait pu rejoindre le territoire du Consortium Eternel depuis Kessel, pour laisser ensuite son droïde pilote amené le vaisseau le long des différentes voies hyperspatiales jusqu’à l’espace sith, et le terminus de la mauve, Dromund Kaas donc.

Un trajet qui lui avait permis de relire les notes prises aussi bien sur la culture sith, son personnage que différentes choses à savoir qu’elle avait noté. Techniquement, elle connaissait déjà tout ça par cœur. Mais ça ne lui coûtait rien de se les remémorer. En outre, elle s’était surtout habillée à la mode hapienne de la saison, qui lui irait bien. De quoi opter après plusieurs longues minutes de réflexion sur une robe indigo et rouge sang au tissu léger et surtout luxueux qui mettait ses courbes en valeur, musclée récemment suite à l’entraînement intensif surprise de Zarseen. Mais ça, c’était encore une autre histoire.

Une attache discrète au niveau de sa cuisse droite pour y dissimuler sa vibrolame de la taille d’un poignard. Une ceinture en cuir décoré d’or et d’argent, aussi bien pour pavaner de richesse, que pour y faire tenir différents objets dont un blaster de petit calibre. Inutile en cas de véritable combat, mais le mettre en valeur n’avait qu’un but. Bien faire comprendre qu’elle avait la mentalité d’être prête à se battre. Ce qui était le minimum, dans un tel lieu, aux yeux d’Isïana.

Enfin, colliers, bagues, bracelets et autres bijoux étaient là pour compléter l’apparat de la Twi’lek qui avait mis le minimum de maquillage. Eréna était là pour faire des alliances, pas pour charmer le premier venu. Enfin, cela pouvait bien entendu arriver. C’était même fortement probable en réalité, mais c’était secondaire.

Une fois arrivée sur la planète, enfin, les premiers jours n’avaient guère été passionnants. Rien de bien étonnant en soi. Elle avait dû s’occuper des différentes procédures administratives consécutives à son arrivée et trouver un logement. Car oui, elle était sensée rester là un petit moment. Peut-être se rendre sur d’autres planètes proches, mais la Twi’lek avait préféré misé sur Dromund Kaas. Plus exotique aux yeux d’Isïana que Korriban. Et puis, bien moins aride.

Sans trop de mal, avec le statut de son personnage, et le budget qu’on lui avait loué pour sa mission, Isïana avait ainsi pu trouver un petit studio non loin de la capitale planétaire. Et par extension du temple sith. Elle avait commencé à sortir en ville, se présentant sous son faux nom, énonçant subtilement ses ambitions, et à côté profiter des occasions qui se présentaient à elle. Elle n’hésitait pas ainsi à passer du temps dans les espaces publiques, boire un verre dans des bars ou cantinas un minimum huppé en quête d’informations parmi les classes moyennes, voir basses parfois. Ou se rendre dans des restaurants plus chics, ou des salons de thés où elle avait plus de chance de tomber sur des Siths, des PDG ou même avec de la chance sur des membres de la Cour Éternelle qui serait présents sur la planète.

Bref, une vie normale pour Eréna. Pour Isïana, cependant, l’enthousiasme de son arrivée s’était vite envolé. Jusqu’ici, elle n’avait rien eu de passionnant à se mettre sous la dent. Mais rien de bien étonnant en soit. Il n’y avait que dans les romans ou holofilms que tout tombait dans les mains de l’agent à son arrivée. Enfin. Parfois ça se passait comme ça. Mais en règle générale, ça se gâtait vite ensuite. Et la Twi’lek espérait que ça ne serait pas le cas pour sa première mission quand même !

Mais, elle ne savait pas pourquoi, une intuition, mais en entrant dans le salon de thé « Au bosquet fleuri » tenu par une humaine dans la fleur de l’âge dont Isïana se rendait désormais presque chaque après-midi, elle sentait que quelque chose de différent allait se produire aujourd’hui. Ou était-ce simplement son envie de plus en plus irrésistible que quelque chose bouge qui lui donnait cette fausse assurance ?

Dans tous les cas, elle commanda un thé local aux parfums fruités pour s’installer à une table en terrasse, observant l’immensité de la ville et ses passants, lâchant un petit soupir et une remarque à voix basse.

« C’était quand même plus sympa sur la brochure … »

Il fallait être aveugle, et sourd de surcroît, pour ne pas remarquer l’agitation dans les rues de Dromund Kaas. C’était quelque chose qui avait toujours amusé Isïana, d’une certaine manière. L’évolution avait beau faire son chemin, à l’origine, tous, à quelques exceptions près, étaient des animaux. Et une foule apeurée qui fuyait quelque chose de menaçant, ça n’avait pas tant de différences que ça qu’un troupeau de banthas fuyant le grand méchant dragon Krayt. Et la Twi’lek n’aurait pas été très surprise que les Siths aient une vision similaire à la chose, pour le coup. Et ça se propageait comme un raz-de-marée. Des clients de la terrasse du salon de thé avaient déjà mis les voiles, payant en catastrophe les serveurs ou se réfugiant à l’intérieur. D’une bonne vingtaine dehors, il n’y avait plus que cinq ou six personnes, elle incluse.

Tout en buvant paisiblement son thé, elle observa ainsi quelques instants après l’arrivée du cortège sith. Elle détonait un peu avec la plupart des clients, ou même passants, avec son air calme. Un rapide coup d’œil à droite à gauche et on pouvait percevoir de la nervosité ici et là parmi les clients restants, qui n’avaient rien à se reprocher mais étaient naturellement mal à l’aise. Après tout, c’était bien connu qu’un Sith en colère, ou levé du pied gauche, pouvait tuer un innocent si l’envie lui prenait subitement, non ?

Si Isïana ne s’attarda guère sur les soldats sith, les deux ecchanis attirèrent davantage son regard. Elle n’en avait que peu croisé jusqu’ici, aussi bien dans l’espace Sith que dans le territoire de l’APEX. Mais elle savait que le plus intéressant était le Sith. Ou les Siths ? Sur le moment, la personne immédiatement derrière les deux ecchanis ne disaient rien à la Twi’lek. Par contre, la personne encore derrière, Isïana savait très bien de qui il s’agissait. Un frisson glacial la parcourut. Un membre du conseil noir qui faisait une descente en ville ? Il devait se passer quelque chose d’important dans le coin.

Elle eut un nouveau frisson quand elle remarqua le regard qui se posa sur elle. Ou plutôt, les regards. Dans un mauvais holofilm, c’était l’instant où l’agent infiltrée comprenait qu’elle était découverte et tentait de prendre la fuite en bousculant tout le monde dans la rue. Sauf que, d’une part la rue était déserte désormais, et d’autre part, même sans connaître en détail les capacités de Darth Kairos, elle imaginait très bien que grâce à son utilisation de la Force, elle n’irait pas très loin. Et c’était sans compter toute son escorte.

De toute façon, elle n’avait aucune raison de s’enfuir. Au contraire, si c’était bien pour elle qu’on venait, cela l’intriguait très fortement. Si sa couverture avait été grillée, elle aurait eu au pire un Sith de seconde zone et une escorte pour la mettre aux arrêts. Pas l’une des têtes pensantes du Consortium Eternel en personne.

Ce ne fut que lorsqu’il s’approcha d’eux, et surtout du sentiment de crainte presque palpable des clients du salon de thé, qu’Isïana reconnut Koran Arrist. Intérieurement, elle grimaça. Pas étonnant que les habitants étaient en panique, avec un tel duo en promenade. Et pour le coup, le stress commençait à monter en elle. Il commença à disparaitre une demi-seconde, en entendant la première phrase du serviteur du Sith. Puis il disparut totalement quand il ordonna directement à la Twi’lek de rester assise, alors qu’elle commençait déjà à se relever. A la place, c’était une très forte curiosité qui s’empara d’Isïana, dépassant clairement tous les autres sentiments qui pouvaient se mélanger en elle face à une telle situation totalement imprévue pour elle.

« Comme vous voudrez … »

Elle fixa son regard Koran qui la scanna directement, valant un levant un sourcil de la Twi’lek par réflexe, qu’elle força un peu plus pour jouer son rôle d’Eréna, pour paraître offusquée de la chose. Elle resta silencieuse, tournant ensuite ses yeux vers le Sith qui s’approchait. Une quantité incalculable de questions déferlait dans son esprit le temps que Darth Kairos s’installe face à elle.

« Je dois avouer que je m'interroge à votre sujet, Érena. La Force vous a montré et je me demande bien pourquoi.
- Si je puis me permettre, votre Magnificence, je pourrais vous retourner le propos. Peut-être que si vous me disiez ce que la Force a daigné vous montrer, peut-être pourrais-je répondre à votre interrogation ? »

Isïana pesait ses mots avec attention, mais même sans recourir à la Force, il était évident qu’elle ne craignait nullement le Sith face à elle. Là où plus d’une se serait déjà fait dessus de terreur. Rien que cela, elle détonnait avec l’ambiance locale. Certains auraient pu prendre cela pour de la folie, même. Elle s’autorisa même à boire une nouvelle gorgée de thé, comme si elle était en train d’avoir une conversation tout ce qu’il y avait de plus banale.

« Vous en voulez ? Il est excellent, lui proposa-t-elle, après un court regard vers Koran. Et, ce que je veux dire, c’est que je ne sais pas vraiment ce que je peux vous apporter. Des informations ? De la compagnie ? Vous savez, je ne suis, pour le moment, qu’une des sujets de notre bien vénérée Reine parmi tant d’autres, même si j’aspire bien entendu à plus. »

Dans l’immédiat, elle continuait à jouer son rôle. Comme le lui avait enseigné Dezira, sa mentor, la meilleure façon de tromper un Sith, ou un Jedi d’ailleurs, c’était de paraître la plus naturelle possible. Et pour le coup, Eréna comme Isïana, elle aurait réagi de la même façon. Seuls les mots et quelques subtilités de langage ou de posture différenciaient vraiment la personne du personnage.

N’empêche qu’elle se demanda si elle allait vraiment continuer ainsi très longtemps. Être une apparition d’une vision d’un des plus grands maîtres Sith de l’époque contemporaine ? Elle ne savait pas trop si elle devait en être horrifiée ou flattée à l’extrême. Ou les deux. En tout cas, elle aurait une superbe anecdote à raconter à Dezira à son retour…

Isïana devait avouer une chose. Les Siths avaient un sens de la scène très artistique. Glauque, et mortel pour les pauvres figurants qui n’avaient en général rien demandé à personne. Mais artistique, aux yeux de la Twi’lek. Elle suivit du regard les deux soldats sith emporter le cadavre du serveur dont la tête fumait encore du tir de blaster. Un frisson d’épouvante la parcourut. Non pas qu’elle avait la moindre pitié pour un quelconque anonyme, mais elle songea subitement finir comme lui. Ce qui était clairement le but du Sith, là-dessus, elle était totalement lucide sur ce point-là.

Puis, elle observa sa tasse de thé. Et grimaça. Tout de suite, ça donnait moins envie, et elle le reposa sur la table, jetant un regard désormais neutre, croisant les bras sous la poitrine, croisant les jambes également. On aurait presque pu avoir l’impression qu’elle était froide. Probablement qu’un des soldats siths présents auraient pu songer que la Twi’lek tentait de jouer les durs, qu’elle faisait de la provocation. La réalité était tout autre. Fini de jouer ? Très bien, l’Agent Malva allait donc cesser le jeu. Enfin, du moins, s’adapter aux nouvelles règles.

Elle savait qu’il ne fallait pas jouer avec les Siths, quand ceux-ci cernaient les mensonges. Enfin, du moins, elle savait qu’elle pouvait essayer, mais qu’elle allait amèrement le regretter, et ce n’était pas vraiment le but ici. Et elle n’allait pas s’amuser à jouer cela avec Darth Kairos. Et puis, la Twi’lek était certes grillée, mais pas sur sa réelle identité, jusqu’ici en tout cas. À vrai dire, elle était même certaine du contraire. Le Sith ne serait pas en train de chercher des informations, et n’aurait pas utilisé son faux nom, Eréna, mais directement le vrai. Il n’y avait même pas le moindre signe de cela. Donc, soit Darth Kairos jouait avec elle, mais elle ne croyait pas une seule seconde qu’une personne aussi socialement haute dans la hiérarchie Sith ait son temps à perdre avec elle. Soit il avait simplement perçu qu’elle n’était pas ce qu’elle prétendait être. Et la Twi’lek misait plutôt sur ça. Elle devait avouer que le Prophète Suprême du Côté Obscur était fidèle à sa réputation.

« La vérité ? Dans l’absolu, je n’ai gère menti jusqu’ici, à vrai dire. Eréna n’est pas mon vrai nom, en effet, je vous le concède, mais ce n’est techniquement pas à vous que j’ai menti, mon Seigneur, commenta-t-elle en haussant les épaules, d’une attitude qui aurait pu paraître désinvolte, dans une telle situation. Et je ne suis pas plus une fidèle servante de la Reine, non plus. Non pas que me faire une petite place dans la Cour Éternelle serait quelque chose qui me dérangeait en soi, loin de là. Mais ce n’est pas un mensonge que de dire je suis née avec un petit handicap physique pour ça, précisa-t-elle en désignant ses lekkus avec ironie d’un index. Mais pour le reste, je ne sais pas plus que vous ce que la Force a pu vous montrer d’intéresser chez moi. Et je ne vois pas en quoi le fait que je vienne de l’APEX ait un quelconque lien à ça. »

Il fallait bien distiller un peu de concret dans ses demi-vérités. Même si, pour le coup, elle n’avait menti en rien sur sa réponse. Avoir une petite entrée dans la Cour Éternelle était d’un intérêt clairement non négligeable pour la Twi’lek. Aussi bien pour Isïana qui se fondrait comme un poisson dans l’eau et pourrait même s’y plaire à plein temps, ou du moins, c’était ce qu’elle croyait, que pour l’Agent Malva qui aurait ainsi un accès privilégié comme espionne, ou autre.

Elle attendit donc la réponse du Seigneur Sith, avec une légère appréhension, mine de rien, quant à sa réaction. Ce n’était pas comme si elle était totalement sans défense et sans échappatoire. Et qu’elle détestait se sentir comme un rat womp dans une cage de Rancor …

Elle leva un sourcil au début de répartie du Sith. Ce n’était pas pour rien qu’Isïana était sur Dromuun Kaas, chez les Sith, et non pas à Hapes, ou au moins dans leur consortium. Mais elle préféra de s’abstenir de reprendre Darth Kairos. Son larbin était déjà assez excité comme ça. La Twi’lek l’ignorait d’ailleurs royalement, à vrai dire. Oh, elle le surveillait du coin de l’œil, ça allait de soi, mais tout dans son attitude que c’était le Sith qui était venu la voir, et elle n’allait pas s’abaisser à interagir avec les autres. Un fin sourire s’était même dessiné sur son visage quand Kairos avait rappelé à l’ordre Koran. Brave toutou. Arrête d’aboyer, tu effraies peut-être les citoyens locaux, mais pas moi. Ce qu’Isïana aurait pu répondre, dans un autre contexte. Mais pour le coup, ça ne s’arrêta qu’à sa pensée.

Elle ne put que rouler des yeux quand Kairos insista sur le fait d’envoyer un humain pour s’infiltrer dans la cour éternelle. Isïana allait vraiment devoir préciser que ce n’était qu’un pseudo alibi pour attirer l’attention sur elle ? Non, elle n’était pas là en guise d’espionne, donc inutile de faire la discrète. Elle fut bien tenter de répondre par une plaisanterie, ou une pique, mais là encore, elle préféra s’abstenir, haussant les épaules.

« Ce n’est pas pour rien que je suis ici, plutôt qu’ailleurs. »

Elle leva ensuite un sourcil. L’évolution dans l’attitude de Kairos ne pouvait que l’intriguer. Alors comme ça, monsieur le grand prophète du côté obscur tentait de prendre contact avec APEX ? Sans succès, visiblement. Ce qui étonnait, et ne surprenait pas l’Agent Malva. Étonnait parce que faire secrètement ami-ami avec un membre du Conseil Noir, ça apportait son lot de chaos dans la galaxie, et des intérêts évidents pour APEX. A l’inverse, ça pouvait attirer des ennuis. Mais là où ça ne la surprenait pas, c’est que si les tentatives de négociation du Sith commençait ainsi, guère étonnant que ça n’aboutissait à rien. Et même dans le cas contraire, les adeptes de l’Ordre du Côté Obscur étaient davantage connus pour exiger que commercer.

À vrai dire, Isïana n’aurait pas la mentalité de se dire qu’il y avait toujours pour elle un moyen de retomber sur ses pieds – parce sur ses lekkus, ça fait mal – elle aurait probablement cherché à se faire tuer plutôt qu’à discuter calmement avec le Sith. Et puis, qui sait ce que ça donnerait comme opportunité ?

« Je vois. Possible, même si je serai tentée de dire, que c’est plus à vous de me le dire que l’inverse. Maintenant, comme vous le voyez, je suis tout à fait à l’écoute, ajouta-t-elle en observant les environs, à savoir la rue comme la terrasse désertées. Même si je dois admettre qu’il y a possiblement meilleur lieu que celui-ci pour discuter d’un tel sujet, non ? »

Elle laissa Kairos réagir à cela. Elle avait du mal à imaginer le Prophète Suprême du côté obscur dévoilait en plein lieu public, même vide, ses ambitions et les intérêts qu’il pouvait porter en lien avec APEX. Ce n’était donc qu’un simple signe pour lui, qu’elle prenait la proposition très au sérieux, et était même prête à accepter de son plein gré à le suivre dans un lieu de son choix.

Bon, quand bien même elle aurait aimé, elle se doutait qu’elle allait devoir se trimballer Koran, et probablement quelques gardes sith encore là-bas, si Kairos acceptait. Mais tant qu’ils restaient sagement à regarder, ça ne devrait pas trop contrarier la Twi’lek !

Isïana écouta la réponse du Sith sur la Force. Autant dire que sur ce sujet, ça entrait par une oreille, et ça sortait de l’autre. La conclusion simple était que Kairos n’était pas plus avancé qu’elle sur cette rencontre. Dont a priori, elle se serait bien passée, mais elle devait avouer que l’attitude du Prophète suprême à son égard l’intriguait de plus en plus. Elle jeta un regard sur Koran et sa recherche sur datapad un instant, puis revint à Kairos, attendant simplement. Ce n’était pas comme si elle avait d’autres possibilités, de toute façon.

À l’invitation de Koran, la Twi’lek se leva, lâchant un petit rictus amusé de le voir subitement aussi poli avec elle. Elle s’abstint toutefois de commentaire oral, son petit sourire suffisait amplement à en dire long sur sa pensée. Et nullement de Force pour s’en rendre compte. Elle suivit donc le mouvement, encadrée des deux gardes echanis. Ce n’était pas comme si elle s’attendait à autre chose, et se contenta de marcher paisiblement, comme si c’était quelque chose de routinier chez elle.

Elle se retint de tourner la tête vers le jeune derrière elle en l’entendant parler. Non pas qu’elle avait compris ce qu’il venait de dire loin, de là, mais les mots étrangers avaient tendance à piquer sa curiosité. C’était toujours utile, surtout dans le milieu où elle baignait désormais, d’avoir un langage que peu connaissait pour qu’un espion ne comprenne rien. Cela devenait vite handicapant pour l’adversaire quand ce n’était plus le cas. Même si vue le ton employé, la Twi’lek supposa qu’il devait s’agir de mots banals échangés. Et elle ne prit pas la peine d’essayer de retenir les phrases pour plus tard, elle sentait bien que ça serait une perte de temps absolu.

Son attention fut de toute façon rapidement accaparée par leur destination. Un entrepôt de marchandises isolé de la place où ils se trouvaient un peu plutôt ? Hm. Pourquoi pas. C’était banal à souhait, mais si c’était le cas, c’était parce qu’après tout, cela avait fait ses preuves. Même si un tel petit groupe qui se promène en ville pour se rendre pile à cet endroit-là, pouvait intriguer. S’il y avait pu avoir des yeux pour l’observer. Isïana devait reconnaître une chose à Kairos, c’était que quand il passait, tout le monde se planquait et éviter de faire le malin.

Elle attendit donc que les guerriers siths à l’avant du petit cortège improvisé prépare le lieu du rendez-vous, croisant les bras dans son dos, tout en observant distraitement les alentours. Un moyen de repérer une potentielle piste de fuite ? Non, pas le moins du monde. Quand bien même par le plus grand des hasards elle aurait réussi à filer entre les doigts du Sith, elle savait pertinemment qu’elle ne quitterait pas Dromund Kaas pour autant. Non, le moyen plus sûr pour elle, était d’être la plus réceptive aux propos de Kairos. Ce qui ne signifiait pas pour autant qu’elle allait se plier à la moindre des exigences. Il ne fallait pas rêver non plus.

Elle entra donc au signal, emboîtant le pas du plus vieux echani, jetant un court regard vers le plus jeune derrière elle, et entra finalement à l’intérieur. Elle avait l’impression d’un coup de se retrouver au milieu d’un rendez-vous de gangs dignes des anciens holofilms. Même si ça devait toujours exister. Elle observa la chaise en bois et le siège rembourré de coussins. Elle n’attendait qu’une nouvelle invitation pour s’asseoir sur la première. Elle leva un sourcil circonspect en voyant finalement Kairos utiliser la Force pour intervertir les positions. Probablement que le commun des mortels aurait été surpris et hésitant face à une telle démonstration et une inversion de confort, car après tout même Isïana s’attendait à ce que le Prophète Suprême privilégie le fauteuil plus luxueux, mais il en fallait plus pour impressionner la Twi’lek. Bien plus. Après tout la mort horrible du serveur un peu plus tôt n’avait que simplement était une mise en garde sur le fait que Kairos ne plaisantait pas.

« Si vous insistez … »

Elle lui adressa un petit sourire appréciateur, qui n’avait rien de vrai, et elle faisait confiance au Sith pour le voir facilement. Probablement que Koran et les deux gardes du corps ne seraient pas dupes non plus. Elle croisa donc les jambes et s’installa confortablement, et se mit à écouter ce que le Sith avait à lui proposer.

Elle hocha simplement la tête à l’introduction de Kairos, et de l’intervention de Koran. Oui, il n’y avait rien d’étonnant à cela. Elle ignorait les ordres de missions de ces défunts collègues précédents, mais elle supposa qu’ils avaient été envoyés pour des raisons précises avec l’idée que leur mort était plus importante que le risque d’être découvert et de relâcher des informations compromettantes pour l’APEX. Ce qui n’était pas son cas, à elle. Au bien sûr, l’Agent Malva avait des informations confidentielles et elle serait tout à fait apte à mettre fin à ses jours si elle l’estimait nécessaire. Mais il fallait qu’elle soit dans une situation très critique pour en arriver là. Or, elle estimait en être actuellement très loin. De toute façon, elle n’était pas des plus fanatiques en soi. Ce n’était pas parce qu’elle pourrait lâcher une information ou deux qui pourrait poser problème à une personne ou un groupuscule de l’APEX, que ça signifierait sa perte. Non, loin de là. Bon, à quelques exceptions près, bien entendu et …

Elle leva un sourcil, revenant au concret de la conversation. Du potentiel ? Pour l’APEX ? Certains auraient pu juger ça ironique ou étonnant, mais cette pensée venant du Prophète Suprême du Côté Obscur inquiétait au final bien plus la Twi’lek qu’autre chose. Subitement, beaucoup trop de questions s’enchainaient dans son esprit. Elle n’avait clairement pas été préparée à ce type d’opportunités …

« C’est … agréable à entendre, même si la formulation … laisserait un peu à désirer … commença-t-elle à répondre lentement, comme cherchant ses mots, ou évitant de laisser un silence pesant alors que son esprit réfléchissait à vive allure. Vous vous doutez que je ne peux répondre à la place de mes supérieures, ajouta-t-elle plus rapidement, alors qu’elle se redressait un peu, pour ne pas dire, se placer au bord du fauteuil.

Cela étant, un échange de bons procédés, a tout son intérêt, je le reconnais. Et si je ne peux pas vous dire ce qui pourrait intéresser concrètement l’APEX que vous pourriez offrir, qu’est-ce que vous désireriez, vous, obtenir ? demanda-t-elle finalement, fixant Kairos un moment, comme si, à nouveau, elle avait oublié la présence de Koran, des gardes présents ou des soldats sith en faction.

Je vais même être plus précise dans mon interrogation. Est-ce une offre du Consortium Eternel ? Des Siths ? Ou de vous en particulier, votre Seigneurie ? »

Non, décidément, elle ne pensait pas du tout se retrouver dans une telle situation en débarquant à Dromund Kaas quelques jours plus tôt. Ce qui était tout pour lui plaire, cela dit. C’était dans ce type d’imprévus qu’elle se sentait la plus vivante.

Isïana acquiesça. Une offre directe de la part de Darth Kairos. Intéressant. Non pas que la Twi’lek était passablement surprise. Elle s’était suffisamment renseignée avant son départ pour le savoir, que c’était monnaie courante ce type de pratique. Ce qui l’intriguait passablement, cela étant, c’était le fait qu’il n’ait jamais réussi à arriver jusqu’à cette étape de négociation avec l’APEX. Et que Zarseen, ou Venom plutôt, ne l’ait pas prévenu. D’un autre côté, ce n’était pas vraiment prévu qu’elle le rencontre. Saleté de Force …

Elle retint un rire à la comparaison avec les homologues du Sith. Comme si c’était très utile de le souligner, ce qu’aurait pu faire les autres seigneurs Sith. Non, ce qui intéressait surtout l’Agent Malva, ou Eréna pour le moment, était surtout de savoir en quoi Darth Kairos désirait se différencier. Et la Twi’lek devait reconnaître que le Sith était très pragmatique. Et très direct. Trop direct, même aux yeux d’Isïana. Elle ne pouvait s’empêcher de songer à une entourloupe quelque part. Oh, il n’y en aurait bien à un moment ou un autre, de toute façon. Mais pour l’heure, ça lui semblait correct comme mise en situation. Et clairement, elle n’en plus n’aurait jamais eu envie de contrôler l’APEX. Elle avait déjà assez à faire à s’occuper de ses fesses, c’était amplement suffisant.

Un contrat commercial, donc. Isïana continua à l’écouter en silence, zyeutant par moment via de courts regards les autres présents dans l’entrepôt occupé. Elle était pour le moins indécise. Elle voyait bien où Darth Kairos voulait en venir. Être tranquille, assurer sa position comme Prophète Suprême du Côté Obscur, gagner en puissance, éliminer ses rivaux. Est-ce que l’APEX désirait réellement ça ? Elle en doutait. Cependant, le trafic d’artefacts Jedi ou Sith, ou même quelques informations venant d’autres factions. Pourquoi pas ? Comme elle l’avait déjà dit un peu plus tôt, tout ne dépendait pas vraiment d’elle. Et de toute manière, en l’état, elle n’avait pas vraiment d’informations utiles à vendre au Sith. Elle n’était arrivée qu’à Dromuund Kaas que depuis peu, et pour ce qu’elle avait appris avant de partir de Nar Shaddaa, très honnêtement, elle doutait qu’elle en sache plus que Darth Kairos. Clairement pas.

Et donc, ce qu’il proposait. De l’or ? Mise à part elle personnellement, elle ne voyait pas spécialement APEX y être réellement intéressé. Enfin, si, des crédits, on ne crachait jamais dessus. Mais elle savait très bien que se financer, ce n’était pas un réel problème pour l’APEX. Elle était un peu perplexe que Kairos ne le sache pas, ou estime que sa fortune personnelle soit suffisamment conséquente pour intéresser ses supérieurs. Par contre, avoir certaines informations sur des convois de marchandises pouvait probablement intéresser quelques personnes parmi sa hiérarchie. Pouvoir soudoyer aisément quelques gouverneurs planétaires avait aussi ses avantages, c’était indéniable. Maintenant, Isïana doutait que Kairos ait une vraie notion de quelques types "d’affaires" pouvaient concerner APEX chez les Siths. Cela dit, ce n’était pas vraiment à elle d’en décider. Enfin. Elle pourrait, techniquement. Mais elle n’avait pas envie de prendre la responsabilité seule.

« Je vois. C’est une offre … intéressante, je dois l’admettre. Comme j’ai dit, en effet, je ne peux pas vous donner une réponse instantanée. Ce serait bien trop simple, vous vous en doutez. Je peux prévenir mes supérieurs, mais ça prendra un peu de temps. Je n’étais pas venue pour ça, à l’origine. »

Là-dessus, si jamais le Sith venait sonder son esprit, il se rendrait rapidement compte qu’elle disait la vérité. Elle était partie en tant qu’Eréna, et rien ne la rattachait actuellement avec APEX. Elle n’avait pas un numéro de comlink à appeler, ni même de code pour qu’on vienne la chercher en cas de pépin. Elle était grande, et devait se débrouiller toute seule. Dans le cas contraire, elle n’aurait pas d’utilité au groupe. Bon, ce n’est pas exactement comme ça qu’on lui avait présenté la chose, dans ses souvenirs, mais elle le pensait, en tout cas.

« Du coup … que comptez-vous faire de moi, dans l’immédiat ? »

On pourrait penser que c’était une provocation de sa part, ou même qu’elle pouvait cacher un sous-entendu. Mais c’était avant tout une question très pragmatique. Chaque parti avait énoncé ce qu’il avait à marchander.

De ce fait, soit Kairos la relâcher et elle comme lui faisaient comme si cette négociation n’avait jamais eu lieu le temps qu’elle contacte le Triumvirat, ou une personne tierce apte à gérer plus efficacement cette situation qu’elle.

Soit Kairos préférait la garder avec elle, le temps qu’elle prenne contact. Ou il pouvait se dire qu’elle tenterait de prendre la fuite. Même si mettre en rogne une telle personne que Darth Kairos n’était pas dans son plan de carrière. Pas tout de suite, du moins. Ou même, l’aboutissement de la discussion avait pu ne pas lui convenir.

Elle préférait quand même la première possibilité. Vraiment plus.

On ne pouvait pas nier une chose sur Darth Kairos, c’était qu’il était direct. Pour le coup, c’était quelque chose qu’Isïana aurait plutôt tendance à considérer comme une qualité. Elle écouta donc attentivement ses réponses et explications.

Elle n’avait pas réellement pensé aux interactions avec les autres Siths. Oh, elle y aurait vite songé, mais pas aussi vite et de manière aussi limpide que le Prophète Suprême du Côté Obscur. Ce n’était au final pas si mal, d’être tombée sur lui. Même si c’était plutôt lui, qui était tombé sur elle, techniquement. Dans tous les cas, elle avait bien intégré qu’elle allait devoir vite décamper de là.

Elle qui commençait enfin à se plaire sur cette planète ! Une petite ironie mentale qu’aura peut-être perçue le Sith. Ou peut-être pas. Dans tous les cas, elle avait bien saisi de quel type de torture il s’agissait. Et quand bien même elle avait été entraînée à la supporter, ce n’était pas pour autant qu’elle avait envie de l’être. Elle ne put réprimer une grimace marquée à l’esclavagisme. Sans le savoir, Kairos venait de toucher une corde sensible chez la Twi’lek. Elle se contenta simplement de hocher la tête à sa conclusion. Elle allait devoir décamper de Dromund Kaas rapidement.

« Je vois. Et j’approuve l’idée de partir … par rapport à ce que vous venez de me dire. Je vous recontacterais, d’une façon ou d’une autre, dès que j’aurai une réponse. »

Elle préféra éviter de préciser, qu’elle soit affirmative ou négative. Dans le second cas, elle laisserait un intermédiaire s'en charger. Après s’être inclinée avec politesse vers Kairos, elle tourna le regard vers Janus, le jeune Echani, ainsi que les quelques soldats qui l’accompagneraient. Une chose n’allait pas lui manquer en tout cas, c’étaient les soldats Sith.

Le trajet de l’entrepôt au spatioport fut tranquille. Rien de bien étonnant, vu son escorte. Elle remarqua cependant, à force, les regards que lui jetaient l’Echani. Et nul besoin de maîtriser la Force pour percevoir qu’il serait bien tenté de venir la conquérir, si elle se laissait faire. Flatteur, elle devait le reconnaître.

Dans un cadre radicalement différent, nul doute qu’elle aurait usé de ses charmes, pour l’inviter, lui seul dans la cabine du vaisseau, laissant l’escorte à l’entrée de l’appareil. Elle se serait dénudée avec sensualité, pour lui offrir la douceur de sa peau, l’exotisme de sa race, et bien plus, contre probablement la vigueur qu’on attend d’un guerrier proche d’un Seigneur Sith. Oui, elle n’allait pas mentir, elle aurait sauté sur l’occasion sans hésitation, à probablement en redemander, même.

Sauf que là, elle devait quitter un monde sith, le plus tôt possible. Elle imaginait mal expliquer un retard de départ pour cause de galipettes sauvages sous la couette. Enfin, ça serait plus à Janus de s’expliquer, qu’elle, cela étant. Mais quand bien même. Elle avait assez tiré sur sa bonne étoile aujourd’hui. Elle n’allait pas risquer de la perdre pour une bête histoire de coucherie. Mais c’était vrai que c’était tentant.

« Merci pour l’escorte. »

Le groupe était finalement arrivé, le temps de ses réflexions internes. Charme ? Pas charme ? Non, elle n’était définitivement pas dans une telle ambiance. Trop de sentiments forts aujourd’hui, et surtout de yoyo émotionnel. Mais peut-être une autre fois ? Elle lui fit donc un clin d'œil. Celui qui se veut complice et invite à une prochaine fois.

Qui sait ? Peut-être serait-elle amenée à le recroiser dans le futur ?

Ce qui était sûr en tout cas, c’était que sa mission sur Dromund Kaas touchait à sa fin. Pas de la façon dont elle l’aurait imaginée. Mais en fin de compte, elle ne s’en sort pas si mal. Elle entra dans son vaisseau, ordonna au droïde-pilote de décoller. Et en quelques minutes, la planète diminua de taille, jusqu’à disparaître lorsque le vaisseau saut en hyperespace...

-- Fin du RP --