Entre vieux amis [PV Occultus] (Terminé)

Les évènements du procès et l’hospitalisation qui avait suivi le passage de Plo au tribunal continuaient de hanter l’amiral. C’était un bourbier sans fin : plus il creusait la piste de la conjuration, moins il avait l’impression d’y voir clair. L’envie d’orchestrer le kidnapping puis l’interrogatoire clandestin de la sénatrice Palenix commençait à lui trotter dans la tête. Mais pour ce plan, il lui faudrait à minima l’accord du commandeur suprême Seidelman qui, sans doute, s’y opposerait. L’idéalise du lorrdien était tout à son honneur, mais essayer de jouer à un jeu en s’efforçant d’être les seuls à respecter les règles ne pouvait mener qu’à la défaite. Plo Tan’ith broyait du noir en un sens car plus le temps passait, plus il se disait que la seule solution pour les arrêter résidait dans le fait d’être doublement plus sournois qu’eux. Essayer de pêcher avec une canne à pêche quand l’ennemi se servait d’un chalutier était peine perdue pour ramener le maximum de poisson. Cela revenait à accepter un match de boxe face à un adversaire armé d’une batte de baseball tout en ayant soi-même un bras dans le dos. La situation devenait inextricable, bien entendu s’il fallait se salir les mains, encore faudrait-il dissimuler celles-ci dans l’ombre pour agir. L’ennemi dissimulait trop bien les indices et pistes permettant d’éventer leurs projets. Et pour en rajouter, la jeune Max Starling était plongée en coma artificiel dont elle ne sortirait sans doute que si Plo acceptait de coopérer avec les intrigues de Palenix.  Starling senior avait été un compagnon d’armes de Tan’ith au cours de l’opération Overlord.

Les deux officiers s’étaient croisés à plusieurs reprises sans devenir amis pour autant, cependant le kel’dor pouvait affirmer que leur relation aurait pu devenir plus amicale, et que tous les deux se respectaient l’un et l’autre. La jeune Max avait grandi sans doute jusqu’à ce que son père décède… Le moins que Plo pouvait faire, c’était encore de rendre la pareille à sa fille et s’assurer qu’elle survive pour porter l’héritage des Starling. Le sort de cette agente du renseignement le préoccupait, même s’ils s’étaient connus que très brièvement, sans doute que le vieil amiral commençait à voir en elle une éventuelle fille supplémentaire sur laquelle veiller pour s’assurer qu’elle aille bien…

Plo Tan’ith arpentait les rues d’un quartier chic de Fondor, se dirigeant très en avance vers le quartier général de l’armée de la République ou il attendrait d’y rencontrer Maximilian. Sur le chemin, il s’arrêta pour profiter quelques peu du confort et des boissons chauffantes d’un café local. Assis et consultant les holonews, il fut soudainement interpelé par un humain un plus âgé que lui de dix ans. Habillé dans un élégant costume par rapport à l’uniforme d’amiral que portait le kel’dor, il semblait fringuant même si ses cheveux avaient viré dans des teintes poivresel harmonieuses combinées avec son teint clair. Rasé de prêt, il portait simplement une moustache de la bouche et avait une expression amicale.

- Reginald Paraden ! Toi ici ? Mais je te croyais à la retraite sur ton monde natal !

Plo Tan’ith était sincèrement heureux de voir son vieil ami ici, les deux officiers avaient combattu de front lors de l’offensive Lord_Over, se couvrant mutuellement lors de plusieurs engagements avec la flotte Sith. Il se redressa pour serrer la main de son ami, puis d’un geste l’invita à s’asseoir en face de lui. Voir un visage amical présent lui remontait quelques peu le moral et lui viderait un peu la tête des nouvelles informations qui n’avaient pas de quoi réjouir le vieil amiral. Alors qu'il sirota sa boisson non oxygénée caféinée, le kel'dor s'exprima.

- Je t’en prie, assieds-toi si tu n’es pas pressé. Alors quoi de nouveau depuis tout ce temps ?

Les vieilles habitudes de Reginald en matière de café n’avaient décidément pas changé après toutes ces années. L’Indéboulonnable comme il aimait le surnommer tant il pouvait être tenace sans changer. Ce dernier semblait toujours tel qu’il était dans les souvenirs de l’amiral, aussi il répondit à ce dernier sur le ton de la plaisanterie quand Paraden évoqua le fait qu’il appuierait sa candidature si jamais Tan’ith venait à espérer décrocher le poste de Commandeur Suprême de la République.

- Oh c’est flatteur, mais tu sais je ne suis pas assez brave pour me frotter à ces requins de la politique ! La retraite me semble être un meilleur plan de carrière que le poste de Commandeur Suprême. Plutôt tenter à nouveau la même manœuvre que j’ai effectuée autour de ce trou noir, ce serait moins risqué haha !

Fit-il en riant joyeusement, chose très rare pour le kel’dor en règle générale, mais dans cette situation, rire lui faisait un grand bien et lui permettait de se détendre un peu. Plo Tan’ith avait en effet été décoré pour avoir sauvé un détachement de sa flotte d’une manière particulièrement risquée. Il avait en effet profité de la force gravitationnelle d’un trou noir pour échapper à des vaisseaux du Consortium Eternel qui lui avaient tendu une embuscade et organiser par la suite une riposte qui avait été éclatante. Une manœuvre particulièrement risquée quand l’on savait les risques importants que représentaient ces anomalies gravitationnelles qui avaient très vite fait de vous avaler si vous vous en approchiez trop prêt. En réalité, l’amiral savait qu’il avait eu beaucoup de chance ce jour là, notamment car il avait eu un équipage très compétent sous ses ordres : une petite erreur de calcul, quelques centaines kilomètres de marge d’erreur et le kel’dor et son détachement ne seraient plus là aujourd’hui pour en parler… Reprendrait-il ce risque aujourd’hui ? Il l’ignorait, cependant même s’il prétendait ne plus être suffisamment brave pour se frotter aux politiciens de la République au moins se disait-il qu’il pouvait toujours se servir de ses poings pour leur faire entendre raison, alors qu’à contrario on ne pouvait pas négocier avec un trou-noir. Il écouta attentivement Reginald lui décrire les motifs de sa venue sur Fondor, mais plus encore son discours sur la nouvelle génération d’officiers.

- Étions nous différents lorsque nous sommes sortis des académies militaires ? Je ne pense pas, juste que Lord_Over nous a ouvert les yeux et nous a fait comprendre qu’il fallait parfois comme le disent les humains « penser hors de la boite » en prenant des initiatives. Ce genre de choses on l’apprend que lorsqu’on est confronté à un grand danger hélas. C’est dans ces moments ou il faut savoir improviser en se montrant créatif.

Avait-il répondu en essayant de relativiser un peu les propos de son ami. Après tout eux aussi avaient été jeunes et ne s’étaient pas doutés de ce que donnerait l’opération Lord_Over une fois lancée. Un saut vers l’inconnu et le danger qui souvent révélait plus que n’importe quelle autre épreuve la véritable personnalité des individus embarqués dans cette aventure. En repensant à ce pirate, Plo ajouta en haussant les épaules d’un air particulièrement satisfait du sort subi par Malichor.

- Mais en effet, on a donné une sacrée raclée à ce maudit pirate, et il l’avait bien méritée ce salopard.

Un détail revint soudainement à la mémoire du vieil officier : Reginald avait parlé d’un communiqué qu’il avait reçu qui demandait aux vétérans de demeurer à leur poste à cause d’un conflit particulier annoncé. Curieux, Tan’ith n’avait pas souvenir d’avoir été tenu au courant d’une telle information. En sirotant une nouvelle gorgée de son café non-oxygéné, il y réfléchit quelques minutes et interrogea son ami d’un ton intrigué là sur ce sujet.

- Enfin… ça fait toujours plaisir de te revoir Reginald. Tu as parlé d’un communiqué ? Je n’en n’ai pas entendu parler pour ma part.

Plo Tan’ith avait en ce moment un mauvais pressentiment, est-ce qu’on avait voulu lui cacher quelque chose ? Quoiqu’il en soit cette rencontre interviendrait à point nommé si c’était le cas. En tant qu’amiral à la tête de la cinquième flotte de la République, il était évident que si le commandement avait décidé que des manœuvres devaient reprendre le kel’dor aurait été informé de cet état de fait compte tenu de sa position actuelle à proximité de Kashyyyk…

- Oh oui, je me souviens bien de cette bagarre, quelle histoire ça aussi… Ce que je voulais dire c’était surtout que nous n’avons pas vécu à la même époque que ces jeunots qui sortent de l’académie… et ça on ne peut pas vraiment leur en vouloir en un sens.

Répondit le kel’dor à son ancien ami d’un ton assez détendu, se souvenant de cette bagarre qui avait été déclenchée alors que les deux officiers étaient encore jeunes et fraichement sortis de l’académie.

- Je n’ai pas eu l’information, juste que ça me surprenait en fait de ne pas en avoir été informé.

Plo Tan’ith s’interrogeait de ne pas avoir été au courant. Que la population ne soit pas informée du rappel des vétérans était une chose, mais le reste du commandement militaire aurait du l’être en revanche afin d’avoir toutes les cartes en main pour mieux gérer la situation. C’était quelques peu surprenant en soit, et le kel’dor allait sans doute aborder la question auprès du commandeur suprême dès qu’il le verrait après cette entrevue avec son vieil ami. Reginald n’était pas du genre patient et avait un sang froid plus que limité dans le feu de l’action ou au contraire face à des politicards. L’amiral même s’il partageait la méfiance de l’humain à l’égard des politiciens était au contraire plus posé et avait eu le mérite de tempérer la fougue de Paraden dans le feu de l’action, son sang froid lui avait permis de le tirer du pétrin à quelques occasions. Aussi comme à son habitude il chercha à nuancer la situation pour essayer de faire comprendre à Reginald qu’il pouvait encore être utile.

- Pourtant si tu n’es plus affecté au front, je pense que d’éventuels cadets de nos académies gagneraient à apprendre de ton expérience. C’est une façon de laisser notre trace dans l’histoire : nos exploits respectifs parlent pour nous, mais il faut aussi marquer les esprits autrement pour que les plus jeunes apprennent de nos succès et de nos échecs pour ne pas reproduire ces derniers. Je ne te cache pas que j’ignore si je serai un bon professeur mais bon… Quoiqu’il en soit, si tu y tiens, je peux peut-être faire quelque chose pour toi si tu veux revenir au front. Ton aide me serait utile pour mon affectation actuelle !

Après le petit numéro de canne à l’égard du serveur, Plo Tan’ith termina sa boisson et en commanda un nouveau auprès du garçon tout en lui soufflant de faire attention avec son ami. Il se tourna vers le vieil humain et après un éclat de rire bref, il fit part de sa satisfaction.

- Haha je vois que tu ne te sépare plus de cette canne, ravi qu’elle te plaise.

Puis l’amiral Paraden aborda la question du procès auquel Tan’ith avait participé. Bien qu’intrigué sur le fait que les nouvelles aillent vite, il n’était pas surpris outre mesure par les questions de son vieil ami. Un amiral sait se faire un réseau dans l’état-major, et même s’il n’a plus les accréditations pour accéder à des données classifiées top-secret, un officier à la retraite pouvait toujours être rencardé ou entendre quelques rumeurs sur des informations moins importantes. Sans doute qu’un ami ou que le jeu de propagande de la sénatrice Palenix avait finalement atteint les oreilles de Reginald Paraden. Dans tous les cas, il faisait suffisamment confiance à son ami pour aborder le sujet avec lui.

- Ah ce procès… oui. Accusé de trahison et de conspiration avec l’ennemi si tu veux tout savoir. Le procès était une parodie de justice destinée à me faire tomber car je remuais le purin qui trainait aux pieds de Dospeet et de Speatec qui étaient impliqués dans une affaire… importante… Ils sont morts tous les deux, le procès à très mal tourné…

Il se détendit quelques peu pour essayer de dédramatiser la situation et oublier ce qui avait pu se passer et tenter de rassurer l’amiral Paraden en évoquant le fait qu’il s’était battu à mains nues avec l’amiral Dospeet au cours de son propre procès. Le combat avec été assez égal, les deux officiers étant peu entrainés au combat au corps à corps et n’étant plus dans la fleur de l’âge pour pouvoir lutter pendant de longues minutes à cause de leur manque d’endurance en dépit de leurs efforts respectifs pour se maintenir en forme physique convenable. Plo reprit d’une voix enjouée.

- Si tu avais été là bon sang, je pense que tu aurais adoré l’ambiance. Et j’aurais été ravi de te revoir distribuer des bourre-pif à Dospeet. Rassure-toi, j’en ai placé quelques-uns pour toi dans son nez, ha-ha !

En dépit de la gravité de la situation de la République, cet incident avait réveillé quelque chose chez le kel’dor, la sensation de danger, l’adrénaline, la même qu’il avait subie dans sa jeunesse et redonnait l’énergie nécessaire à Plo Tan’ith pour poursuivre sa mission. En un sens, il avait l’impression de revivre, d’être à nouveau utile à la République dans un contexte d’action.

Tan’ith sursauta sur son siège quand Reginald beugla son « Quoi ? », manquant de renverser sa boisson sur ses cuisses. Il laissa son ami s’exprimer et reprit juste derrière d’un ton agacé en repensant à ce qu’il avait subi ces dernières semaines en cherchant les éléments de la conspiration visant le Commandeur Suprême de la République…

- Et encore, Dospeet et ses acolytes ont fait pire que ça… Ces officiers font déshonneur à l’uniforme si tu veux mon avis. Ce sont devenu des bureaucrates, des gratte-papiers tout juste bons à nous empêcher de faire notre boulot.

Un détail n’échappa pas à la vigilance du kel’dor qui remarqua que son ami semblait être devenu sensible au cœur en vieillissant. Il haussa un sourcil d’un air quelques peu préoccupé par l’état de santé de l’amiral Paraden essaya de voir si ce n’était que l’âge, ou si son ami avait développé une maladie affectant son cœur. Il prit la parole, hésitant sur la façon d’aborder ce sujet.

- Rien de grave j’espère Reginald…

Dans la foulée il répondit à Paraden d’un air un peu plus détendu, répondant positivement à la suggestion de son ami qui avait proposé un souper. Shala Koon Tan’ith, l’épouse de Plo serait sans doute ravie de revoir Reginald qu’elle trouvait plutôt sympathique, même si elle n’aimait pas l’entendre parler de politique. Plo et Reginald avaient en effet tendance à évoquer en permanence les vieilles et même anecdotes de leurs missions communes… anecdotes que Shala connaissait par cœur à force de les avoir entendues. A dire vrai, c’était surtout la fille ainée de Plo qui appréciait Reginald pour son côté très direct. Gnost était plus réservé et distant mais poli et respectueux à l’égard de son aîné…

- Tu es bienvenu à la maison en tout cas. Préviens juste en avance qu’on puisse préparer quelque chose qui ne risque pas de te tuer ! On doit avoir une bouteille de vin à la maison qui doit dater de trois ans après Lord_Over, je pense qu’elle te plaira.

Répondit Plo d’un air amusé. La biologie entre les kel’dors et les humains étaient très différentes ce qui rendait certains aliments de la gastronomie traditionnelle de Dorin potentiellement toxiques à l’égard des autres espèces, de la même façon que l’oxygène était un véritable gaz toxique pour les kel’dor. C’était pour cela que l’amiral Tan’ith portait son masque en permanence, le gaz synthétique reproduit sur Bespin permettait aux exilés kel’dor de survivre en dehors de l’atmosphère naturelle de Dorin à base de méthane. Il hésita un instant à mettre son vieil ami dans la confidence, de lui révéler le complot qui se tramait contre la République… Plo prit sa décision, se fiant à son instinct et il se pencha vers lui pour lui parler à voix basse d’un ton un peu suspicieux en regardant les autres clients.

- Ecoute Reginald, est-ce que je peux te faire confiance pour rester discret vis-à-vis de ce que je vais te dire ? Les choses sont pires que ce que tu peux croire. Quelque chose se trame, la République est en danger…

Les informations révélées par l’amiral Paraden étaient effrayantes : ainsi cette commission étudiait des pistes effroyables pour tenter de surclasser l’appareil militaire impérial et du Consortium Éternel. Cybernétisation obligatoire, camps de travaux forcés, esclavagisme autorisé… Le cerveau du kel’dor fit le lien entre toutes ces réformes et le projet secret des conjurés auquel il s’était déjà frotté à de trop nombreuses reprises à son goût. Reginald avait raison sur un point : on peut sortir un officier du champ de bataille, mais on ne peut pas sortir le champ de bataille de l’officier. Il avait visiblement eu un problème cardiaque lorsqu’il avait été appelé pour intervenir et exposer son expertise sur les tactiques et ressources (technologiques, humaines…) utilisées par les deux ennemis principaux de la République, visiblement la sénatrice Palenix en faisait partie puisqu’elle avait appelé l’équipe médicale afin de sauver l’amiral Paraden d’un infarctus. Voilà qui était intéressant mais suscita la suspicion du kel’dor qui préféra avancer prudemment, en dire suffisamment pour attirer l’attention de son ami sans en dire trop. Il termina sa dernière gorgée de caf, puis reprit la parole à voix basse pour ne pas être entendu par des oreilles indiscrètes, le ton employé était grave et sérieux, comme lors d’un briefing capital la veille du déroulement d’une bataille décisive qui ferait pencher une guerre d’un côté…

- C’est en lien avec mon procès. On parle d’un niveau de confidentialité… trois fois plus important que ce qui avait entouré l’opération Lord_Over avec un genre d’information qui pourrait nous coûter plus que nos carrières ou nos uniformes Reginald… Lord_Over était une promenade de santé à côté de ce que j’ai pu traverser… Concrètement on est sur quelque chose de gros, très gros. Je soupçonne l’implication du Consortium Éternel derrière tout ça, avec une possible implication de l’Apex. Mais ces derniers ne seraient que des exécutants occasionnels…

L’amiral Tan’ith se montrait prudent, jetant son regard un peu partout autour de lui pour s’assurer qu’il était en lieux sûr, et observait attentivement son ami pour scruter ses réactions. Il poursuivit rapidement sur la même voix que précédemment pour clairement avancer son exposé.

- Ma famille a été kidnappée par ceux qui menacent la République Reginald. Ils ont kidnappé Gnost et Tila sur Argus après avoir liquidé la moitié des éléments de la base ayant refusé de les suivre dans leur manœuvre, et emprisonné l’autre moitié… Dospeet a engagé le clan mandalorien Lone pour couvrir ses traces. Il a volontairement été responsable de la mort de nombre de nos hommes. Sil a été épargnée car les chasseurs de primes envoyés n’ont pas osé pénétrer dans le temple Jedi dans lequel elle se trouvait.

Se rappeler des cadavres trouvés dans cette base sur Argus tourmentait quelques peu le kel’dor, notamment ce jeune soldat qui avait été saigné à blanc et laissé là à agoniser en silence jusqu’à ce que l’amiral abrège ses souffrances. Une décision difficile qu’il n’avait jamais eu à prendre par le passé et qu’il espérait plus que tout ne plus jamais avoir à prendre. Il poursuivit à voix basse.

- Quant à Shala… ils l’ont enlevée également et voulaient la vendre à des impériaux sur un marché aux esclaves sur Céréa… Ils ont cherché à me tuer à plusieurs reprises… J’ai longtemps cru que Dospeet et Speatec étaient les cerveaux de cette opération, mais ils n’étaient visiblement que des pions jetables et sacrifiables pour un projet encore plus gros que ça... J’ignore jusqu’où cela s’étend, mais le commandeur suprême a été visé par plusieurs attentats qui lui auraient coûté la vie si je n’étais pas intervenu… Tu te souviens de Starling ?

Plo ne se souvenait plus exactement des relations liant Starling et Paraden, mais l’idée était de convaincre son ami de la dangerosité de la situation. Il eu soudain une pensée soudaine : est-ce qu’il ne le mettait pas en danger en lui parlant de tout ça ? Il jeta son regard vers l’extérieur du café dans lequel les deux officiers se trouvaient, le kel’dor se raidit d’un coup et fronça les sourcils l’air inquiet.

- Mais je te mets sans doute en danger en parlant de ça... je ne devrais pas t’en dire davantage…

Le kel’dor était sincère dans son propos, il ne voulait pas qu’il arrive malheur à Reginald, mais le fait qu’il ait évoqué Palenix un peu plus tôt ne relevait pas de la coïncidence. Non pas que les deux soient liés, de plus il était inenvisageable pour Plo que Reginald puisse faire partie de cette conspiration. Cependant, s’il intervenait de manière active dans cette affaire, Paraden courrait sans doute un gros risque. L’amiral Tan’ith refusait de mettre une cible dans le dos de son ami. Mais en même temps… si jamais le pire venait à se produire, peut-être valait-il toutefois mettre en garde Reginald afin qu’il prenne ses précautions et anticipe un maximum de choses si la situation venait à dégénérer.

- Drôle d’époque comme tu le dis… à croire qu’on ne vivra pas assez vieux pour connaître la paix. Mais c’est le sort de tout militaire qui s’engage non ? On combat pour ceux qui ne peuvent pas le faire eux-mêmes. Pour la République, pour nos familles, pour nos amis...

Plo soupira en répondant à l’amiral qui lui faisait face. Il était vraisemblablement un peu las du constat qu’avait pu faire Reginald, mais acceptait celui-ci et était d’accord avec lui sur ce terrain.

- D’une manière ou d’une autre je suis convaincu qu’elle devait superviser Dospeet et Speatec. J’en suis certain. De surcroit j’ai de grands soupçons sur elle : pendant que le procès tournait au match de shock-boxing entre Dospeet et moi, Starling s’était élancée pour l’appréhender et… n’a pas pu réussir à lui passer les menottes...

Rétorqua le kel’dor d’un ton quelques peu déprimé et ne parvenant toujours pas à comprendre comment Palenix avait pu tenir en échec la jeune Starling qui pourtant, sur le papier, avait tous les éléments en sa faveur pour remporter ce combat au corps à corps. L’idée que Palenix soit un agent dormant au service d’une puissance étrangère était la seule explication pour l’amiral. Il poursuivit sa pensée pour l’exprimer auprès de Reginald, toujours à voix basse.

- Je veux dire… on a déjà potentiellement vu d’anciens officiers devenir sénateurs mais… réussir à combattre un agent des renseignements de la pointure de Starling au corps à corps. Soyons sérieux cinq secondes Reginald, même l’un de ces sénateurs, avec vingt ans de moins que nous serait incapable de nous rosser toi et moi individuellement. Bon sauf s’il s’agit d’un Wookiee bien entendu… mais Palenix est humaine. Ou aurait-elle appris les arts martiaux et pratiqué ceux-ci de façon suffisamment intensive pour flanquer une correction à quelqu’un des services secrets ?

Il haussa les épaules, attendant une réponse de la part de son ami avant d’ajouter.

- Ce que je sais de leur plan, c’est qu’ils ont attenté à la vie du commandeur suprême à plusieurs reprises pour que Dospeet prenne sa place… J’aimerais au moins sortir Starling de cet hôpital mais plus encore de son coma. J’ignore comment ils s’y sont pris, et sans doute que si nous tentons quelque chose, nous la condamnerons à la mort. Même si nous parvenons à la tirer de là, encore faut-il réussir à la sortir du coma. Tu as des contacts fiables qui pourraient réussir ce double exploit ? La sortir et la tirer de ce pétrin ? Je pense que j’ai les contacts pour la tirer de là… mais ce ne sera pas facile.

Après tout, la solution était peut-être là ? Réussir à utiliser des gens éloignés de Plo Tan’ith pour extraire Starling de cet hôpital, et la faire sortir de ce coma avec l’aide d’autres experts. Est-ce que Palenix avait envisagé cette situation ? Peut-être pas, du moins sans doute pensait-elle que Plo agirait seul ou avec ses hommes s’il était prêt à risquer la vie de Starling pour la sauver. Le kel’dor se demanda si les mandaloriens de Viveka Eldar, suffisamment préparés pourraient entrer, localiser Starling, et sortir rapidement avant même de déclencher la moindre alarme et sans un coup de feu. L’opération était jouable, mais demanderait une grande préparation logistique côté médical une fois la cible extraite de l’hôpital. L’organisation du point de chute serait le plus important sans doute, si l’on mettait de côté les personnes chargées de la surveiller qui ne devaient pas être nombreuses…

- Peut-être que cette remise de médaille est un traquenard, mais je ne pense pas qu’elle se doute que nous pourrions agir à cette occasion… Je devine que je vais sans doute me faire tirer dessus par un tireur embusqué au moment de lui serrer la main devant les caméras. Elle se servirait de ma mort après m’avoir élevé –à nouveau- en héros de guerre pour entretenir son image patriotique et rallier plus de personnes à sa cause. Soit pour faire une purge en interne dans la République, soit pour relancer une guerre sur deux fronts différents contre le Consortium Eternel et l’Empire Galactique… Mais je soupçonne des puissances extérieures à la République de vouloir placer Palenix à la Chancellerie, et Dospeet –de son vivant- en commandeur suprême. S’ils voulaient les placer ici, c’est que ni Palenix, ni Dospeet n’auraient pu gagner la guerre qu’ils auraient déclenchée ensuite… Je dois me renseigner au maximum sur Palenix. C’est celle que je connais le moins du trio infernal…

Conclut Plo Tan’ith d’une voix toujours faible auprès de son ami.

- Pourtant il faut savoir ruser avec ce genre de profils qui nous font face. Regarde moi : qui aurait été assez fou pour tenter de profiter de la force gravitationnelle d’un trou noir pour battre en retraite, infliger des pertes à l’ennemi pendant un repli et revenir suffisamment en force pour écraser l’ennemi ? Si je n’avais pas pris ce risque, je ne serai sans doute pas ici devant toi mon ami. Je sais que l’académie militaire nous donne des enseignements tactiques de qualité, mais dans la guerre, faut savoir se montrer créatif et innovant. Il faut apprendre à « penser hors du carton » comme disent les humains. Pour revenir à l’opération on devrait sélectionner que les meilleurs spécialistes. Quelques droïdes chirurgiens devraient également faire le travail pour assister ces docteurs. Mais déjà il faut localiser ou se trouve exactement Max Sterling dans l’hôpital. Si on doit monter un coup pour l’extraire, il faut qu’on ait un plan en permabéton : on entre, on récupère Starling, on sort sans être vus et en neutralisant aux rayons paralysants les gardes éventuels ou le personnel médical : pas de victimes civiles ou militaires, on doit agir proprement. Cela enragera davantage nos ennemis. Une fois Starling en notre possession on devra agir rapidement pour la sortir du coma.

Plo Tan’ith avait répondu non sans une certaine lassitude dans la voix. Sa vision de la guerre était plus pragmatique que celle de son ami, mais à son sens, un champ de bataille ressemblait moins à une partie d’échecs dejariks qu’une partie de sabbac. Il fallait savoir bluffer, tromper l’adversaire, le prendre à revers, imposer une pression et une prise de décision rapide. Le kel’dor savait que ses techniques et méthodes étaient tout sauf conventionnelles, ayant de quoi surprendre ses adversaires. Pourtant c’était bien ainsi qu’il avait su exceller et faire carrière : en étant là où on ne l’attendait pas. Cette habitude le rendait en général difficilement prévisible… ce qui avait de quoi faire enrager certains officiers impériaux incapables de faire preuve de créativité et d’imagination.

- Possible qu’elle ait été touchée par une neurotoxine ou quelque chose de ce genre en effet, cela expliquerait que Palenix ait pu s’en tirer au corps à corps…

Palenix était peut-être élue par des citoyens et citoyennes de la République, pourtant ce simple fait ne l’autorisait pas à outrepasser les prérogatives confiées par son statut de sénatrice, et encore moins à possiblement collaborer avec l’ennemi…

- Peut-être que c’est ce qu’ils attendent de nous. Mais je ne pense pas qu’ils puissent prédire notre geste sur ce point. Palenix était très sûre d’elle. Elle veut garder Starling sous sa coupe pour nous contraindre à agir comme on le souhaite. Si on lui retire cette carte en main, on devrait regagner une marge de manœuvre un peu plus large. Dans tous les cas, nos options sont limitées : soit on reste dans cette situation et j’essaierai d’agir lors de la remise de médaille, soit on tente de retirer Starling de cet hôpital.

En soit, Plo Tan’ith avait été à nouveau élevé au statut de défenseur de la République. Peut-être y avait-il là un moyen de retourner ce statut à son avantage. Sans le vouloir, la sénatrice avait offert une large audience et influence à l’amiral. Certes ses faits et gestes seraient observés et commentés, mais profiter de ce statut pourrait lui être bénéfique si, il parvenait à éventuellement jouer de ce statut pour provoquer à nouveau la sénatrice en la harcelant sur son terrain : la politique. Cette idée trotta dans sa tête, tandis qu’il chercha à rassurer son compagnon de guerre.

- Encore une fois, si tu ne te sens pas à l’aise je ne t’oblige à rien Reginald. Je ne t’en voudrais pas si tu ne veux pas être mêlé à tout ceci, vraiment.

Afin de préserver son ami, il eut une idée en tête qu’il décida de taire : se lancer en politique de manière suffisamment crédible et sérieuse pour contrer Palenix sur son propre terrain. De surcroit la surprise que cela provoquerait aussi bien du côté du Commandeur que de Paraden serait suffisamment grande pour que l’un comme l’autre ne puisse voir le coup venir. Et ce serait sans doute le cas. Cela la mettrait sans doute hors d’elle de voir le kel’dor oser pénétrer sur ses plates-bandes. Une provocation pareille amènerait la sénatrice à se montrer plus agressive sans doute. Le kel’dor avait une excellente réputation en qualité d’amiral pour ses exploits au cours de Lord_Over et avait été décoré pour cela. Il n’aimait pas la politique, cependant le fait d’avoir été mis sous le feu des projecteurs par Palenix avait dépoussiéré sa réputation auprès du grand public. En agissant ainsi, il capterait la pleine attention de la sénatrice qui, oublierait peut-être de surveiller les amis de Plo qui auraient toute latitude pour opérer à la démasquer. Et après tout, il avait été celui qui avait sauvé Palenix au cours du procès… si elle l’attaquait publiquement par médias interposés, ses louanges passeraient pour de fausses paroles.

Plo avait de bonnes relations avec les autorités de Bespin, aussi demander des audiences avec les médias de la République serait une chose aisée, et sa réputation devrait aussi l’aider à s’insérer dans le paysage républicain. Un risque insensé diraient certains, et pourtant est-ce que se jeter dans la gueule béante d’un trou noir était moins risqué ? Certainement pas ! Plo avait conscience que désormais, il lui fallait se montrer imaginatif pour créer la surprise, déstabiliser ses adversaires quitte à se mettre en danger personnellement pour cela. Il était déjà une nuisance pour Palenix ? Il allait devenir pire qu’une épine dans l’orteil, il allait devenir une gangrène !

- Je ne remets pas en cause ni ton courage, ni ton honneur Reginald. Ton palmarès suffit à démontrer que tu ne manques ni de l’un ni de l’autre !

Se défendit l’amiral Tan’ith en levant les mains à hauteur de sa poitrine pour apaiser son ami et montrer qu’il ne cherchait aucunement à l’offenser. Son envie de s’impliquer dans cette affaire était clairement à son avantage et faisait plaisir au kel’dor. Cependant il avait besoin de personnes pour l’assister, et si possible des gens qui savaient faire preuve de suffisamment de sang froid pour agir. Reginald avait ses qualités, mais il n’était ni espion, ni un politicien. L’impliquer davantage dans cette affaire pouvait très bien lui attirer de gros ennuis s’il échouait. Ce que Plo voulait s’assurer de son vieil ami et frère d’armes, c’était le fait qu’il savait ou il mettait les pieds et qu’il ne se mette pas en danger inutilement en pêchant par orgueil. Plo fit mine de se crisper à la provocation de Reginald, et se détendit d’un coup avant d’esquisser un sourire derrière son masque respiratoire.

- Hahaha ! Je l’ai bien méritée celle-ci !

Rétorqua le kel’dor en ricanant légèrement à la petite provocation de son ami. Il lui en faudrait bien plus pour faire sortir Plo de ses gonds, et de surcroit il savait que son ami cherchait juste à titiller son égo avec bienveillance. L’amiral reprit la parole quelques secondes après.

- Comme tu l’a dis, j’ai besoin d’appuis, de supports. J’ai jamais été seul dans la manœuvre, mais il est vrai que de l’aide est la bienvenue ! Et je sais que je peux te faire confiance. Et si elle avait voulu m’attaquer avec une flotte je pense qu’elle aurait subi une défaite cuisante avec toi ou moi. Les choses auraient été si simples…

Plo était sincère sur ce point et soupira. Reginald avait raison : si Palenix avait choisi d’attaquer frontalement la flotte du kel’dor, sans doute aurait-elle subi une humiliante défaite face aux méthodes imprévisibles de l’amiral Tan’ith. Cependant lorsque le serveur servit un pichet d’eau à Reginald, celui-ci recracha sa gorgée directement sur le visage de Plo qui resta quelques peu interdit devant la réaction de son ami. Il s’empara de sa serviette et commença à s’essuyer le visage. Il allait lui demander s’il allait bien lorsque l’officier assis en face de lui commença à lui parler du général Hollens. Plo ne connaissait pas bien cet officier, comme Starling senior ils s’étaient connus de loin, et Hollens avait participé à Lord_Over, les rares fois ou ils s’étaient fréquentés, Plo avait eu une bonne impression du général. Il avait l’air d’avoir la tête sur les épaules et plus raisonnables que pouvaient l’être Tan’ith ou Paraden qui, à l’époque de Lord_Over, étaient encore de jeunes officiers fougueux.

- Pardon ? Je savais bien qu’Hollens était mort, mais j’ignorais qu’il avait été décoré avant par cette enflure de Duncan. Je présume que l’enquête n’a débouché sur rien ? Tu sais comment il est mort ? Ça a forcément à voir avec le complot…

L’amiral Tan’ith était assez stupéfait de la révélation de Reginald. Ça coïncidait avec ce qu’il pensait tout en donnant une nouvelle piste. De surcroit, cela venait solidifier le récit qu’il avait fait de la conspiration à Reginald qui devait peut-être commencer à voir des liens se tisser entre Plo Tan’ith, Dospeet, Speatec, Starling et Hollens. C’était trop gros pour être une coïncidence désormais. Le kel’dor réfléchissait à vive allure, cherchant de nouvelles pistes à exploiter. Il reprit la parole d’un air quelques peu pensif, essayant de trouver un moyen de suivre ce nouveau chemin qu’on lui avait montré. Le décès d’Hollens était regrettable, une victime de plus ayant participé à Lord_Over.

- Bon au moins, on peut présumer qu’ils ne me feront rien avant que je ne sois décoré. Et contrairement à ce pauvre Hollens, au moins je sais ce qui m’attendra après… Ce qui peut nous conférer un avantage… L’enquête n’a rien donné je présume ?

Plo commençait à se demander si la médaille n’avait pas joué un rôle direct dans la mort du général Hollens. Sans doute avait-elle été irradiée pour tuer l’officier à petit feu, ou alors contenait-elle une balise de localisation pour permettre à des tueurs à gage expérimentés de repérer et identifier leur cible. Restait à voir comment il avait été tué pour mieux se préparer. Si des assassins étaient engagés pour l’éliminer après, il serait sans doute aisé d’anticiper ça de manière discrète et subtile pour tendre une embuscade inattendue à ceux qui chercheraient à s’en prendre à l’amiral Tan’ith.

- Je présume qu’Hollens avait une résidence sur Argus, aller jeter un œil à ses affaires, ses transmissions et messages pourrait peut-être constituer un début de piste à exploiter ?

- Pas étonnant qu’ils n’aient jamais rendu ça public.. ils sont peut-être derrière tout ça. Et je pense que les forces de police locales ne pouvaient pas non plus enquêter à cause de l’influence de Ducan sur Argus. Peut-être que Max Starling aurait pu avoir des informations là-dessus.

La piste entrevue par Plo commençait à se rétrécir à nouveau, mais bon cela faisait déjà un bon début de piste même si ce chemin serait sans doute étroit et conduirait probablement sur une impasse. Mais peut-être que gratter un peu pourrait permettre de trouver de nouveaux éléments permettant de mieux comprendre ce qu’il se tramait et qui étaient les personnages impliqués dans cette odieuse conspiration. Plo fit non du doigt en faisant  « tss tss tss » avec le timbre métallique de sa voix lorsque Paraden expliqua que cela pouvait ne rien à avoir à faire avec les conspirateur. L’amiral Tan’ith avait sa théorie sur le sujet, et à ses yeux elle pouvait faire expliquer le lien entre la mort d’Hollens et le reste de la conspiration. Aussi il l’expliqua calmement et à voix basse.

- Au contraire ils avaient tout à gagner en éliminant Hollens. Peut-être que Ducan ne faisait pas partie de cette conspiration avant le meurtre du général. Il aurait pu négocier avec eux l’assassinat d’Hollens en échange de l’aide qu’il pouvait leur apporter… Ducan savait se faire des amis dans le monde du crime organisé… ses contacts pouvaient être utiles à la cause des conjurés, tout comme sa fortune et son influence. Et si ce n’étaient pas les mêmes conspirateurs que les miens, pourquoi ce seraient les services secrets qui auraient mené cette enquête et pas le bureau fédéral d’investigation de la République ? Ça ne se serait pas évaporé comme ça dans la nature, surtout quelqu’un de la pointure d’Hollens sans qui, Lord_Over aurait terminé prématurément…

Le rasage de la maison d’Hollens était une infamie, mais rien de tel pour supprimer des indices éventuels. C’était toutefois un procédé un peu grossier mais radical pour s’assurer qu’aucun fouineur ne vienne mettre son nez dans les affaires du général. Sans doute avait-il du creuser et trouver quelque chose pour justifier un tel déploiement de moyens pour faire disparaitre toute trace de son habitation. C’était suspect et cela indiquait que cette conspiration avait commencé depuis plusieurs années déjà. En un sens c’était assez flatteur pour le kel’dor d’être responsable du capotage d’un plan bien huilé, du moins en partie… C’est alors que Reginald se leva soudainement de sa chaise, surprenant Plo Tan’ith. Il se dirigea vers un jeune homme qu’il maîtrisa immédiatement. En temps normal, le kel’dor n’aurait pas cautionné ce geste, mais le fait que la cible de Paraden ait tenté de fuir en faisait de facto un suspect intéressant. Sur ce coup, Reginald avait sans doute eu du flair, aussi Plo lui faisait confiance, il déposa simplement une voix sur son épaule et s’exprima d’une voix basse.

- Reginald… nous devrions aller dehors nous expliquer avec notre nouvel ami…

Le kel’dor observait autour de lui tout comportement suspect éventuel et invita Reginald à faire sortir l’espion afin de ne pas davantage attirer l’attention sur lui. Il avait l’air jeune, sans doute était-il juste une recrue nouvellement admise chargée de prendre en filature des gens. Le premier réflexe de Plo fut de fouiller le jeune homme afin de lui prendre tout ce qui pouvait se révéler être une arme, dispositif de pistage ou de communication. Une fois cette précaution prise, il mit tout ça dans le sac du gamin qu’il garda solidement autour de son épaule. Pour l’interrogatoire, sans doute que la méthode classique qu’emploierait le kel’dor serait appréciée de l’humain : bon flic, méchant flic. Reginald avait déjà choisi le rôle du mauvais policier, aussi Plo allait devoir jouer le diplomate. Il prit la parole d’une voix froide et glaciale mais plus correcte et moins agressive que  son ami, une façon de faire comprendre à celui qui allait être interrogé qu’il valait mieux négocier.

- Bon alors écoute moi bien gamin… Mon ami ici présent pense que tu es un espion, et je peux te donner deux infos à son sujets : premièrement il a toujours eu du flair pour dénicher les taupes dans ton genre, et deuxièmement il ne les aime pas beaucoup. Donc voici ce qui va se passer : on va te poser des questions et tu va y répondre. A chaque réponse suspecte ou mauvaise réponse, mon ami se chargera de te corriger plus durement qu’à pu le faire ton père après une grosse connerie ok ? On commence, pour qui tu bosses ? Tu m’explique ce que c’est que ce bidule camouflé ?

Fit-il en montrant le dispositif d’enregistrement qu’utilisait cet espion. Il se doutait bien de ce que rétorquerait le jeune homme, aussi Reginald pourrait sans doute lui mettre un coup de canne sur la main pour lui remettre les idées en place. Coincé dans une ruelle vers les poubelles, le gamin était dos au mur face à deux officiers dont un l’avait déjà bien sonné. Plo inspecta l’appareil pour voir s’il émettait ailleurs, ou s’il se contentait de simplement enregistrer la conversation... si c’était le premier cas de figure, alors mieux valait l’éteindre…

- Impossible !

S’écria Plo qui était stupéfait par cette révélation. Lui qui il y a encore quelques secondes s’interrogeait si Reginald allait trop loin ou non voilà qu’il résistait à l’envie d’attraper le jeune homme pour le plaquer contre le mur. Comment osait-il prétendre que Starling lui avait confié cette mission alors qu’elle était en coma artificiel, entre la vie et la mort ? C’était impossible. Tout bonnement impossible. Reginald semblait lui aussi manquer de s’étrangler quand le jeune homme affirma que c’était bien la commandeur du renseignement républicain qui lui avait confié. L’équivalent de l’adrénaline battait à tout rompre dans les tempes de l’amiral qui respirait bruyamment. Il se détendit, faisant appel à son sang froid tandis que son cerveau commençait à tisser des liens et établir des théories pour expliquer ce qu’il se passait. Peut-être que l’agent mentait, mais rossé par le vieil homme, il devenait de moins en moins probable qu’il ait travesti la réalité. La voix un peu plus assurée, Plo reprit la parole à l’adresse de son vieil ami sans quitter du regard leur captif.

- C’est ce que la sénatrice m’a dit pour me garder sous contrôle. Je n’ai pas eu accès à la salle ou elle se trouvait.... Mais je pense avoir peut-être une explication à ceci… Si Starling a donné ces directives, c’est sans doute car il ne s’agissait tout simplement pas d’elle qui a engagé ce jeune espion, une recrue récent encore en période de formation sans doute.

Peut-être qu’il s’agissait de quelqu’un qui se faisait passer pour Starling d’une façon ou d’une autre. Il disait avoir reçu ses ordres de vive-voix et physiquement par cette prétendue Starling. Cette personne qui se faisait passer pour elle devait soit usurper son identité simplement. Ou alors avait su se travestir suffisamment pour ressembler à Starling… ou alors il se pouvait qu’il y ait d’autres explications. Plo envisagea cette troisième hypothèse mais ne la formula pas, préférant attendre d’avoir les réponses de leur captif et sonder d’ores et déjà si certaines de ses idées étaient justes ou fausses. Le kel’dro jeta un œil par-dessus son épaules, puis reprit l’interrogatoire, ses yeux fixant intensément le jeune homme pour essayer de déceler un signe de mensonge.

- Décris-la-moi. Il est impossible que Starling ait pu te donner ces ordres, aussi quelqu’un à du usurper son identité… à quoi ressemblait Starling physiquement ? Quels étaient tes ordres ?

L’amiral Tan’ith referma ses griffes contre son poing avant de les montrer physiquement à l’humain afin de lui faire comprendre que si les coups de canne de Paraden ne suffiraient pas, les griffes du kel’dor pourraient constituer une alternative s’il ne se mettait pas à table très rapidement.

- Est-ce qu’une équipe supplémentaire a été envoyée pour te seconder ?

Il paraissait assez inhabituel pour Plo que cet agent agisse seul et sans soutien ne serait-ce que logistique ou opérationnel non loin de sa position. Peut-être que leur temps était compté, et le kel’dor craignait qu’un danger ne leur tombe dessus. Il était impossible que Max Sterling ait été un agent de la conspiration, sinon… elle n’aurait pas aidé l’amiral Tan’ith à prendre sa défense pendant le procès. Cela ne faisait aucun sens tout simplement, a moins que Palenix ait joué là-dessus pour éliminer ses deux associés dont les erreurs pouvaient peut-être mettre en péril ses projets ? Même avec cette théorie en tête, Plo n’y croyait pas vraiment : Palenix aurait eu meilleur intérêt à faire enfermer Plo pour fomenter son assassinat déguisé en accident en prison AVANT d’éliminer Dospeet et Speatec.
L’amiral décida de jeter un œil au sac du petit espion pour faire l’inventaire de ce qu’il possédait sur lui. Qu’avait-il sur lui en plus de son appareil d’écoute déguisé ?

La situation se complexifiait au fur et à mesure des réponses données par le jeune homme. Celui-ci alors secoué par l’ami de l’amiral vint soudainement à s’effondrer, un trou en pleine poitrine. Il n’avait pas eu le temps de comprendre ce qui se tramait, mais Paraden récupéra un comlink sur la dépouille du jeune agent. Un appel entrant, l’humain décrocha la communication avant de tendre le comlink à Plo qui alors, se tétanisa en entendant la voix de Max Starling au bout du fil. Le kel’dor se jeta sur Paraden pour le mettre à l’abri derrière l’imposante poubelle contenant les déchets du café ou ils se trouvaient. Il était évident qu’elle les avait tous les deux en ligne de mire avec un fusil de précision, et s’il n’y avait pas eu de bruit de détonation, cela voulait dire qu’elle était loin, hors de vue et de portée de pistolet blaster… pris au piège. Dans l’impasse dans laquelle ils se trouvaient, cachés derrière la poubelle au moins leur abri précaire leur éviterait de se prendre un tir. Il garda le comlink en muet afin que Max Starling ne puisse pas entendre ce qu’ils disaient. Plo avait besoin de Paraden sur ce coup.

- Tu es visé Paraden, ils veulent ta peau. Sinon ils n’auraient pas préparé cet assassinat. Reste avec moi…

Il aurait été bien tenté de contacter les secours, mais Max Starling avait probablement déjà anticipé la chose, et l’amiral Tan’ith ne voulait pas prendre le risque qu’un des agents de Starling soit déjà présent parmi ces renforts pour atteindre plus efficacement son ami. Il désactiva la fonction muette du comlink et activa le haut parleur pour que Paraden entende les réponses de Starling. Plo inspira un grand coup, serra le comlink entre ses doigts et s’exprima d’une voix sévère et ferme.

- Alors pour commencer mon petit, je vous prierai de m’appeler par mon rang. Et dans un deuxième temps, c’est vous qui l’avez tué pas moi. Vous avez pressé la détente et avez envoyé un enfant faire votre travail. Pour quelqu’un supposé être dans le coma, c’est pas si mal, même si ça reste des méthodes discutables.

Il était temps de remettre les pendules à l’heure et de s’endurcir. Plo prenait personnellement le fait d’avoir exposé ce gamin et son ami à un tireur de précision. Le kel’dor ne laissait toutefois rien paraître et repris la parole d’un ton sûr de lui tandis qu’il observait la situation et essayait de trouver un échappatoire à ce guêpier dans lequel il s’était fourré.

- Vous devez réaliser que quelque chose ne tourne pas rond chez vous Starling. Vous m’avez épaulé à mon procès, et maintenant vous ciblez mon ami et moi-même alors que vous aviez l’occasion de m’éliminer pendant que je combattais Dospeet ? Cela n’a aucun sens. Ils vous ont lavé le cerveau.

Ou alors s’agissait-il d’un clone ? Après tout ce n’était pas farfelu que d’envisager cette nouvelle hypothèse pour expliquer le changement de personnalité si soudain de Max Starling. Il poursuivit en essayant d’exploiter une éventuelle faille psychologique de l’agent afin de sonder le terrain. Le café disposait d’une porte de service, peut-être était-ce là une porte de sortie pour se mettre à l’abri à exploiter. Mais cela impliquait de devoir évoluer à découvert, et en agissant ainsi, impossible de garantir la survie de l’amiral Paraden. Un détail devait lui échapper…

- Que dirait votre père franchement ? Palenix vous utilise pour détruire tout ce pour quoi votre père s’est battu. Je présume que ses ordres sont d’éliminer Paraden pour le remplacer par quelqu’un du même calibre que Tassiter ?

Si Max Starling avait reçu l’ordre d’éliminer Paraden, sans doute que Palenix voulait que Plo survive quant à lui. Devenir le bouclier humain de Reginald était une possibilité à exploiter… mais bon, peut-être que cela arrangerait les affaires des conjurés que de faire d’une pierre deux coups pour ensuite monter un mensonge là-dessus et se débarrasser des deux amiraux ? Pour le moment, son plan avançait lentement, mais une idée lui traversa la tête. Il l’a mettrait en œuvre qu’une fois avoir obtenu des réponses à ses questions… Il observa le corps du jeune apprenti espion depuis son couvert, essayant d’observer la nature de la blessure qui l’avait tué pour trouver l’angle de tir de la tueuse ou tout autre indice…

Définitivement, ce n’était pas Max Starling : comment pouvait-elle savoir que Plo avait fait le coup de se faire passer pour quelqu’un de sénile pour sortir de l’hôpital. Visiblement son petit jeu et ce qui s’était passé aujourd’hui venait de démontrer qu’il était encore en pleine possession de ses moyens, mais la vie de Reginald Paraden était plus importante pour le kel’dor. Une fois partie, il sortit de son couvert pour se mettre au chevet de son ami non sans ronchonner de manière ouverte.

- T’es vraiment frapadingue Reginald. Sortir comme ça sans couverture ? J’étais entrain de la faire parler pour trouver une issue ! T’as failli te faire tuer !

Il inspectait la blessure du vieil humain qui avait été cautérisée par la décharge de plasma tirée depuis le blaster. Les mots de l’imposteur au sniper résonnaient dans sa tête : « lui donner une leçon », qu’est-ce que cela voulait dire ? Il ne savait absolument rien de cette conspiration avant d’avoir échangé avec Plo Tan’ith. Faire suivre Paraden et l’espionner depuis un moment n’avait aucun sens, si ce n’était de s’assurer que le kel’dor ne fasse pas appel à lui.

- Qu’est-ce qu’elle voulait dire par : « te donner une leçon » ? Tu n’a pourtant rien à voir avec eux…

Il eu soudain une drôle de sensation, un soupçon qui lui rongeait l’estomac lentement rien qu’à l’idée d’y penser. Etait-ce possible que Reginald soit impliqué d’une façon ou d’une autre dans ce projet ? Plo en devenait paranoïaque, jusqu’où s’étendait cette conjuration ? Impossible que Paraden puisse en faire partie, cela ne lui ressemblait aucunement. Son idéal de République n’avait rien à voir avec ce que les conspirateurs prévoyaient. Et pourtant ? Le doute l’assaillait. Plo devait en avoir le cœur net. Sa voix devenait tremblante tandis qu’il hésitait à soulever son ami pour l’aider à rentrer dans le café ou le laisser tel quel, après tout, il le tenait à sa merci.

- Tu t’es déjà frotté à eux Reginald ?

Et s’il avouait que c’était le cas ? Que ferait-il ? Plo aurait-il le cran de torturer son ancien ami ? Ou de l’exécuter ? L’arrêter oui, mais après ? Il préférait ne pas avoir à y penser tant il ignorait comment il réagirait. Et en même temps, s’il n’en faisait pas partie, Plo s’en voudrait d’avoir douté de la loyauté de l’un des derniers amis que la guerre ou cette maudite conspiration lui avait laissé. Ce petit jeu commençait à agacer Plo qui se demandait à qui il pouvait encore se fier ou non. Une question difficile à laquelle répondre tant les questions sans réponses devenaient de plus en plus nombreuses, venant ainsi complexifier la chose. Fallait-il chercher de l’aide en dehors de ces factions ? La fausse Starling avait prétendu que Plo prendrait le blâme pour la mort de ce jeune homme, mais il se doutait bien qu’il faudrait plus que ça pour le mettre en cause. Après tout ce qui s’était produit depuis qu’il avait sauvé le commandeur suprême, personne ne viendrait lui mettre des bâtons dans les roues.

Ah ça, Plo devait bien admettre qu’il l’avait cherché et avait mérité le coup de canne qu’il avait reçu sur son crâne. Cependant la réaction de Reginald l’agaçait bien qu’authentique, c’était bien son genre, mais visiblement il semblait prendre cette histoire bien trop à la légère, et de surcroit n’avais pas vraiment répondu aux questions posées par l’amiral. Il chercha à bredouiller une excuse à travers son masque respiratoire mais sans succès, la colère de voir une piste se faire refroidir d’une part, l’adrénaline du danger auquel ils avaient échappé, et le choc surprise qu’il avait reçu sur la tête l’empêchèrent de formuler quoique ce soit. Une fois le speeder parti et le train des injures de l’amiral Paraden encaissé, Plo se sentit quelques peu coupable d’avoir osé douter de la loyauté de son ami. Cette affaire commençait à le rendre paranoïaque, à qui se fier ? Il l’ignorait. S’il doutait de tous ses alliés, cette conspiration à démanteler deviendrait un géant difficile à abattre pour un seul homme.

En un sens, cela témoignait que ce qu’avait accompli Plo jusque là était la meilleure chose à faire. Ses actions avaient sans doute freiné l’avancée des plans de ses ennemis aussi sûrement qu’un mur épais pouvait inquiéter un train lancé à vive allure. Cette force inarrêtable allait rencontrer un obstacle inamovible en la personne de Plo Tan’ith, restait à savoir lequel des deux briserait l’autre quand l’impact aurait lieu. Perdu dans ses pensées, encore hagard de ce qui s’était produit il y a quelques instants, son comlink bipa et s’enclencha manuellement. Une voix modifiée prit la parole, flattant l’opiniâtreté de l’officier de la république avant de proposer une rencontre. Qui cela pouvait-il être ? Il l’ignorait, mais visiblement ce mystérieux interlocuteur semblait avoir des réponses à ses questions. Cependant cette manie de se dissimuler et la question idiote sur sa détermination agaça le kel’dor qui passait une sale journée avec ces histoires. Une question à laquelle cet individu encore inconnu avait déjà une réponse en soit, une véritable perte de temps digne des mauvais films d’espionnage.

Plo soupira derrière son masque et passa sa main sur son front pour toucher l’endroit ou Reginald avait tapé avec sa canne. Sa voix était assez tendue mais cordiale tandis que la bosse qu’il avait sur le sommet de sa tête commençait à le lancer quelques peu.

- Vous connaissez le dicton en matière de shock-boxing : tant que la cloche ne sonne pas, le combat continue. Si vous m’observez depuis un petit moment, vous avez pu déjà évaluer ma détermination et mon palmarès : Ducan, Dospeet, Speatec...

L’amiral commençait à se dire qu’il devenait probablement trop vieux pour ces conneries. Encore une fois ce mystérieux interlocuteur pouvait aussi potentiellement tendre un piège à l’officier. Mais s’il le connaissait si bien, sans doute ne s’attendrait-il pas à le voir réagir de façon imprévisible. Après tout c’était ce qui avait fait le succès des batailles de l’amiral Tan’ith. Et il n’était guère avancé maintenant que l’espion chargé de surveiller Reginald était mort. Sa voix repris, très sérieuse et voulant aller droit au but pour changer : une approche moins subtile plus audacieuse pour le kel’dor.

- Quelle est la suite du programme ? Vous voulez une rencontre, mais il me faut un lieu, et un horaire pour m’y rendre…

Le vieil officier était immobile, attendant la suite des opérations. Il était plus déterminé que jamais à abattre ces comploteurs un par un, quitte à le faire seul et sans alliés. Son enquête, le mystère s’épaississait à vue d’œil, oh au fond de lui il savait que cela le conduirait sans doute à une morte prématurée : tant pis pour la retraite se disait-il avec légèreté. Plo savait ce qu’il devrait faire, quelque chose en lui s’était en quelques sortes brisé, immiscé dans son cœur depuis que Max Starling avait été plongée dans le coma. Si ses ennemis ne reculaient devant rien pour agir, le kel’dor commença à se demander s’il ne devait pas faire de même compte tenu de ce qui menaçait la République et ses citoyens. Il fallait agir, et si cela impliquait de se salir les mains, l’amiral le ferait. Est-ce que cette noirceur qui venait teinter son âme noble était récente ? Probablement pas. Elle avait toujours été là quelque part, tapie dans son ombre pour guetter le jour ou l’opportunité de faire surface se présenterait. L’opération Lord_Over avait laissé des traces dans la psyché du kel’dor, et cette conspiration et ses implications n’était que le signal du réveil…

Plo s’était interrogé du lieu de la rencontre fixé par ce mystérieux interlocuteur. Visiblement il s’agissait d’un quartier résidentiel ou plusieurs officiers avaient élu domicile. Il suivit les indications, et fut surpris de voir la porte s’ouvrir après qu’il eu sonné presque immédiatement. Flairant le piège, il saisit son arme, canon pointé vers le sol et pénétra avec prudence dans la maison qui semblait déserte. Les meubles étaient bien présents, et visiblement cette maison était entretenue car propre même si l’ensemble du mobilier semblait plutôt vieillissant. Le kel’dor avançait à pas feutrés en ayant l’impression d’avoir remonté le temps d’au moins vingt ans, peut-être plus…

Pénétrant dans le salon avec prudence, il constata que celui-ci était vide. Il se détendit quelques peu même si ses sens étaient en alerte. L’amiral s’approcha d’un meuble avec des photos encadrées. Un jeune couple avec un enfant. Il ne reconnaissait ni la femme, ni l’enfant mais l’homme lui disait quelque chose, il l’avait déjà rencontré mais où ? Il redéposa délicatement le cadre avec respect puis saisit une autre photo entre ses doigts pour voir un homme avec une jeune femme à l’allure défiante. C’était Maximilian Seidelman, il le reconnaissait maintenant, et cette jeune femme à ses côtés était Amélia Wolf avec quelques années de moins. C’est alors qu’une voix modifiée mais féminine cette fois-ci s’éleva dans le salon. Plo sursauta et se retourna en braquant son arme mais il n’y avait personne dans le salon. Il abaissa son arme en constatant qu’il n’y avait personne et répondit.

- Vous êtes son épouse présumée décédée. Je suis à moitié surpris, j’ai su que votre tombe était vide. Cependant je m’attendais à vous rencontrer en personne… Avez-vous un nom ?

Plo Tan’ith rengaina son arme dans son holster et reprit la parole tout en inspectant les lieux à la recherche d’une éventuelle caméra ou de micros ou de hauts parleurs  afin de comprendre comment elle savait qu’il était présent, pouvait l’entendre, l’observer et lui répondre.

- Vous m’aviez dit avoir des renseignements sur cette conspiration, et comme vous l’avez dit vous-même, vous en avez fait partie. Je vous écoute.

Le kel’dor restait alerte mais essayait de paraître le plus détendu possible, se posant la question de s’il y avait un piège éventuel dans cette demeure. Observant l’extérieur depuis les fenêtres, il cherchait à voir si un speeder approchait pour s’immobiliser devant, ou si quelqu’un pouvait avoir une attitude suspecte. Il retira sa casquette d’officier avec respect, se rappelant après tout qu’il était dans le domicile de son supérieur direct… le respect de la hiérarchie était de rigueur. D’ailleurs que se passerait-il si jamais il venait à entrer à tout moment ? Plo essaya de ne pas trop y réfléchir, il se sentait déjà bien idiot de ne pas avoir cherché à voir le nom de Maximilian sur la boite aux lettres…

Cependant, ce qui l’inquiétait quelques peu était le fait d’essayer d’estimer si la maison du commandeur était sur écoute depuis tout ce temps. Voilà qui était des plus inquiétants si Maximilian était écouté et observé depuis plusieurs mois… ou peut-être années. Plo restait vigilant dans tous les cas, épiant l’extérieur et tournant dans le salon pour essayer de voir comment cette femme pouvait prendre contact avec lui ainsi. Il devait y avoir un dispositif de surveillance habilement dissimulé… ou quelque chose de cet acabit dans ce salon… à moins que son interlocuteur soit présent avec lui en ce moment ? Ou pouvait-il être ? Après tout la porte s’était ouverte après qu’il ait frappé contre, et il n’avait pas vu de capteur de mouvement. L’amiral resta immobile, aiguisant ses sens pour essayer de chercher un indice qui pourrait trahir la position de cette femme qui devait probablement posséder un camouflage optique si c’était le cas.

Une sensation de dégoût vint dans la gorge du kel’dor tandis qu’il écoutait. Ce que lui disait son alliée de circonstance était tellement gros, tellement invraisemblable que l’amiral ne pouvait que se montrer sceptique quant à tout ça. A dire vrai, le projet de la première branche de la Cabale était tellement surréaliste qu’il était une manifestation d’une folie difficile à décrire… Un peu sonné par toutes ces informations, et peu hébété, il prit la parole pour essayer d’en savoir plus.

- Et maintenant ? Que suggérez-vous de faire ? Avez-vous une liste de tous les acteurs impliqués côté République dans cette Cabale ? Nous devons détruire la seconde branche en priorité car je présume que c’est celle qui fournit un soutien logistique et financier à la première…

Cette conspiration durait depuis plusieurs siècles, c’était assez invraisemblable que Plo à lui seul parvienne à la tenir en échec. Il eu une sensation de vertige en y pensant : l’amiral avait eu de la chance jusqu’à présent, son audace avait été sous-estimée, mais Palenix avait déjà prouvé que les choses ne seraient pas si évidentes désormais. Les actions de Plo avaient fait perdre du temps à ce complot galactique… mais combien de temps ? L’équivalent de 10 secondes sur plusieurs siècles ? C’était assez flatteur et en même temps insignifiant. Le kel’dor voulait passer à la vitesse supérieure mais avec autant de personnes impliquées dedans… il savait qu’il aura sans doute des sacrifices à faire pour rendre sa liberté à la galaxie et les détruire. Avait-il d’ailleurs encore suffisamment d’espérance de vie pour pouvoir voir cette Cabale être démantelée de son vivant ? Il l’ignorait, et ça c’était dans l’hypothèse ou il ne serait pas tué avant…

- Les Sith, les impériaux… eux-mêmes ignorent cette Cabale ? Je trouve ça assez bizarre qu’ils se soient développés sans attirer l’attention de personne. Je veux dire… même en faisant disparaitre ceux qui enquêtent sur eux… des disparitions, des meurtres maquillés en accidents ou suicides… Ça aurait forcément attiré l’attention d’un service de renseignement, des Sith ou des Jedi. Pensez-vous qu’ils aient infiltré les Jedi par ailleurs ?

Demanda Plo tout en continuant d’essayer de chercher par quel moyen il était en contact avec son interlocuteur, jetant parfois un regard vers l’extérieur du bâtiment pour voir que personne ne s’approchait de la maison qu’il occupait. Pouvait-il seulement faire confiance à l’ex-femme de Seidelman ? N’était-il pas entrain de se jeter dans un piège ? Il l’ignorait. L’officier se ressaisit, il fallait agir par étapes. Avant de décapiter la tête de cette hydre qu’était la Cabale, il était impératif de se débarrasser de Palenix. Plo ne pouvait pas sauver la galaxie. Le kel’dor était réaliste, impossible de déraciner ce mal sur une échelle aussi grande et vaste. Il se rassura sur un point : mais au moins pouvait-il espérer épurer la République Galactique de ces tumeurs cancéreuses. Et la prochaine qu’il comptait traiter était la sénatrice Palenix.

- Quelque chose cloche autour de Palenix… c’est celle que je dois abattre. Vous avez des informations sur elle ? Je dois en savoir le maximum.

Il voulait également en apprendre plus sur lui-même… Plo demanda.

- Par ailleurs comment m’avez-vous observé et depuis combien de temps ? Pourquoi être sortie de votre cachette maintenant seulement ?

- Je pensais surtout que vous connaitriez davantage de noms mais je me suis visiblement trompé, votre méthode d’organisation empêche ou du moins limite les trahisons en interne…

La révélation que fit cette interlocutrice à l’attention de Plo concernant la sénatrice Palenix le stoppa net dans sa recherche d’un dispositif de communication ou de surveillance dans l’habitation de Maximilian Seidelmann. Il murmura à travers son masque, remettant en place les pièces du puzzle.

- Voilà donc comment elle s’y est prise…

Un droïde réplica-humanoïde… cela prenait soudainement une toute autre dimension et expliquait pourquoi Starling avait échoué à la neutraliser : elle n’avait pas cette information. Plo aurait du laisser filer Dospeet pour neutraliser Palenix en priorité, les choses se seraient passées différemment…

- Elle avait donc anticipé ce qu’on ferait au procès… sinon elle n’aurait pas envoyé son droïde prendre sa place…Réplicalenix…

Plo avait soudainement éprouvé le besoin de nommer cet androïde autrement que Palenix afin de bien distinguer l’une de l’autre dans son esprit. D’une manière ou d’une autre il fallait mettre la main sur le Réplicalenix, sa base de données devait contenir de nombreuses informations sur les membres de cette conspiration. Le neutraliser ne serait pas une chose facile, mais l’amiral envisageait déjà plusieurs options pour le capturer sans le détruire… L’aide des mandaloriens et du commandeur ne serait pas de trop pour cette opération. Peut-être qu’elle seule détenait le moyen de libérer Starling de son coma artificiel ? Et bien d’autres applications possibles…

- Hum… peut-être… que…

Une idée traversa son esprit : une fois une copie des données de Réplicalenix effectuée, il pourrait peut-être la reprogrammer pour se servir du droïde comme arme contre Palenix et faciliter les choses ? Une idée audacieuse mais qui, si elle réussissait permettrait de libérer bien du poids à l’amiral pour réussir à effacer toute trace de cette conspiration au sein de la République.

- Vous pensez qu’ils ont utilisé un réplica pour remplacer Max Starling quand ils ont tenté d’abattre Reginald Paraden il y a quelques heures ?

Combien de ces machines avaient été conçues et programmées pour « remplacer » des éléments au sein de la République ? Plo l’ignorait et préférait ne pas imaginer une seule seconde qu’il puisse lui-même avoir un jour à rencontrer son double mécanique au détour d’une mission dans une base militaire. La situation prenait une ampleur si conséquente que l’idée d’en parler au Conseil Jedi apparaissait comme étant une chose à faire. Impossible qu’ils aient pu être infiltrés, ils s’en seraient sans doute rendu compte avec leurs pouvoirs et leur clairvoyance.

- Eh bien c’est flatteur d’être une célébrité auprès d’eux, mais s’ils veulent des autographes, j’apprécierais qu’ils se mettent en ligne et fassent la queue… Trêve de plaisanterie. Est-ce qu’à tout hasard vous avez des informations sur les prochaines étapes immédiates de leurs plans ? Si je peux aider à protéger le commandeur Seidelmann vous devez me le dire… que compte faire Palenix après cette fameuse remise de médaille qu’elle m’a promise ? Me faire assassiner et camoufler ça en accident ?