Entre sauveurs de la République - PV: Plo Tan'ith (Terminé)

La mission sur Céréa avait porté ses fruits mais avait aussi été coûteuse pour Maximilian Seidelman. Désormais venait l’heure du procès orchestré par ceux qui voulaient détruire la République de l’intérieur. L’amiral Dospeet, instigateur de cette odieuse conspiration allait payer son geste. En y repensant, l’amiral Tan’ith réalisa que cette histoire était partie de peu de choses à la base, sans doute qu’en étant moins gourmands et plus patients, les conjurés auraient pu parvenir à leur fins. C’était donc l’hubris, leur arrogance et assurance qui les conduirait au cercueil. Ironique en un sens, mais le kel’dor appréciait les tragédies, restait à espérer que le fait que l’on s’en soit pris à sa famille ne vienne pas obscurcir son jugement si la situation venait à dégénérer. Quoiqu’il en soit le commandant suprême avait jugé utile de mettre en relation Max Starling avec Plo Tan’ith sur ce dossier. L’amiral ne connaissait pas cette femme, même si son nom de famille ne lui était clairement pas inconnu. Le général Starling avait servi au cours de l’opération Lord_Over et avait trouvé un destin tragique au milieu de ses hommes. Plo ne l’avait que très peu fréquenté, et prétendre avoir été son ami serait prétentieux de sa part. Cependant les deux officiers s’étaient vraisemblablement appréciés à chaque fois qu’ils s’étaient croisés et avaient travaillé ensemble. Le destin était cruel d’avoir ôté la vie de ce général pour laisser Dospeet vivre se dit le kel’dor.

Il pénétra dans la salle adjacente à celle du procès, vêtu de son uniforme impeccable d’amiral de couleur bleu et or, arborant ses décorations sur sa poitrine pour rappeler ses faits d’armes. Dans ses pas se trouvait son droïde protocolaire habituel, le même qui l’avait suivi au cours de la rencontre avec le sénateur Ducan. Plo s’avança et croisa le regard de cette jeune humaine à la beauté et au sourire qui le troublèrent un instant. Il ralentit sa marche et la laissa approcher en tendant la main. Plo en parfait gentilhomme, retira sa casquette d’officier qu’il mit sous son bras avant de serrer la main de la jeune humaine d’une main légère mais ferme. Sa voix douce transformée par son masque s’éleva.

- Ravi de vous rencontrer également, même si j’aurais préféré que ce soit dans d’autres circonstances. Je ne connaissais pas vraiment votre père personnellement, j’ai toutefois collaboré avec lui au cours de l’opération Lord_Over et c’était un homme de valeur pour ce que j’ai pu en voir. Sa perte a laissé un grand vide au sein de l’armée.

L’amiral n’avait pas vraiment eu le temps de se renseigner davantage sur l’espionne qui avait été envoyée l’assister. Il avait préféré mettre sa famille en sécurité d’une part, mais aussi récupéré les preuves qu’il avait jusqu’à présent collectées sur l’ensemble du complot et notamment l’enregistrement qu’il avait eu de sa visite auprès du sénateur Ducan. Aujourd’hui le kel’dor se félicitait d’avoir pu faire parler le politicien aussi facilement. Aussi il avait pris soin de faire plusieurs copies de celui-ci et de les disperser, aujourd’hui c’était accompagné de son droïde de protocole qu’il venait défendre son honneur face à ces chacals qui feraient tout pour l’abattre. Il se posa une question sur les circonstances de la mort du général Starling qu’il ignorait avec précision, était-ce possible que Dospeet y soit lié ? Plo n’avait aucune preuve si ce n’était qu’une forte intuition sur la réponse à cette interrogation. Beaucoup trop de personnes impliquées dans ce complot avaient un lien avec l’opération Lord_Over, et pour le kel’dor, il n’était pas impossible que ce soit peut-être là une expression de la volonté de la Force. C’est sans doute ce qu’auraient dit les moines Baran Dô ou sa propre fille Sil. Ecoutant avec une grande attention les paroles de la jeune femme, il grimaça derrière son masque et répondit non sans avoir au préalable laissé échapper un soupir de lassitude.

- Ça ne m’étonne pas, mais je reste stupéfait de voir qu’ils ne me connaissent pas. J’ignore cependant quelles preuves ont-ils pu avancer pour convaincre en étant aussi agressifs et en me muselant.

Redressant la tête, il reprit la parole pour poser une question à la Max Sterling lui faisant face.

- A tout hasard auriez-vous un petit résumé des juges qui seront présents ainsi que des jurés ?

La jeune femme paraissait quelques peu confiante dans cette manœuvre, sans doute que les services secrets avaient pu collecter des preuves également, du moins c’était ce qu’espérait le vieil amiral. Ce dernier était toutefois rassuré de l’optimisme que semblait afficher son interlocutrice et partenaire à cette occasion. Mais il ne laissa rien paraître, préférant donner l’image d’un officier concentré.

Plo laissa la jeune femme s’exprimer. Ça ne sentait pas bon du tout : les juges et jurés ne semblaient pas vraiment avoir de liens avec l’armée, et avaient été placés là directement par l’appui de la sénatrice participant à cette conspiration. Les seuls liens qu’ils entretenaient avec l’armée de prêt ou de loin était leur participation dans des comités de projets d’armement, autant dire qu’ils pouvaient très bien avoir un intérêt personnel à appuyer Dospeet et Speatec dans leur manœuvres… Il hocha la tête et répondit à la jeune Max Sterling d’un air quelques peu tendu…

- Voilà qui n’annonce rien de bon, ça va être ardu de les faire tomber…

Remettant sa casquette d’officier sur sa tête, l’amiral Tan’ith pénétra dans la salle du procès tête haute et faisant fi des individus présents dans le public. Ils n’ont pas vécu ni vu ce qu’avait pu voir l’officier, et c’est d’un pas rapide, presque menaçant que Plo avança vers la cour et les juges. Il s’assit à sa place aux côtés de Max Sterling et croisa le regard de l’amiral Dospeet non sans avec un agacement palpable qu’il ne dissimulait pas. Il le laissa s’exprimer et salir l’honneur du kel’dor laissant une certaine colère monter dans les tempes battantes de Plo Tan’ith. Le kel’dor serra son poing en voyant et entendant l’amiral Dospeet porter l’accusation à son encontre. Lorsqu’il eu terminé, il jeta un regard circulaire à l’assemblée, haussa les épaules puis répondit en pointant du doigt l’humain.

- Silence ! Je ne vous laisserai pas salir mon honneur et celui de la République sans me défendre ! Si vous étiez si certain que je suis un traître amiral, pourquoi m’empêcher de faire venir des témoins comme les lois encadrant la justice républicaine civile et militaire m’y autorisent ?

La voix de Plo était puissante, comme s’il cherchait à écraser celle de Dospeet mais aussi forte afin de clairement lui faire comprendre qu’on n’aurait pas sa tête sans qu’il ne se débatte de toutes ses forces. Il ajouta immédiatement une seconde offensive destinée à taper là ou ça faisait mal et ébranler les juges et jurés présents et déstabiliser l’humain. Sur la même voix, Tan’ith poursuivit d’un air scandalisé et destiné à rétablir la vérité sur la réalité de ce qu’il s’était produit.

- En vérité vous devriez plutôt être à la place de l’accusé amiral, pour peu que vous méritiez encore de porter cet uniforme ainsi que ce grade au sein de l’armée Dospeet. Vous n’avez aucune preuve de ce que vous avancez. Et pour cause : vos mains sont trop sales pour tromper les juges et jurés présents quant à votre petite manœuvre politique ! Je n’ai pas attenté à la vie du Commandeur suprême : mes hommes et moi-même ait pris tous les risques pour déjouer cette odieuse tentative de meurtre. Quant à l’Apex, sachez qu’eux même vous accusent d’avoir eu recours à leurs services pour participer à ce sinistre projet ! Et enfin ces mandaloriens m’ont aidé, avec mes hommes à sauver ma fille et mon fils du charnier que vous avez causé sur Argus ! Le personnel de la base que j’ai sorti de ses geôles pourra le confirmer. A dire vrai, toutes ces personnes pourraient confirmer ma défense et invalider la vôtre pour peu que vous ayez encore en bonne estime les principes élémentaires de justice qui prévalent dans la République, et non l’odieuse et pitoyable diktat que vous cherchez à monter.

Après ces deux assauts, l’officier de la République se décida à enfoncer la ligne de défense adverse sur le point le plus faible de celle-ci. L’amiral craignait que sa principale preuve soit contrecarrée, mais il était impossible pour Dospeet de savoir exactement ce qui s’était produit au cours de la rencontre avec le sénateur Ducan. C’était risqué de se dévoiler avec la clef de voute de sa défense. « Toujours moins risqué que de se servir d’un trou-noir pour se sortir d’une embuscade… » se dit-il intérieurement. Il fit signe à son droïde protocolaire de s’avancer tandis qu’il ajouta d’une voix un peu plus douce mais qui était qu’un leurre, et c’est avec assurance qu’il répondit.

- Cependant l’un de vos ex-associés s’est montré particulièrement bavard après que mes hommes et moi-même avons, en collaboration avec les services du commandeur Seidelman, déjoué une tentative d’assassinat à son encontre… Vous devriez le connaître, c’est le sénateur Ducan d’Argus qui a révélé votre nom en essayant de me recruter pour rejoindre votre cause très personnelle… ou celle d’une puissance ennemie pour être exact. Un crime encore plus grave en temps de guerre !

Quelques « ho » de stupéfaction se firent entendre dans les rangs de la foule assemblée ici pour observer le procès. Plo se tourna vers son droïde et déclara simplement.

- C9PO, diffuse l’enregistrement je te prie.

Le droïde de protocole s’avança et se servit de son projecteur holographique pour révéler l’enregistrement de la discussion avec le sénateur Ducan. Plo s’était montré très prudent dans ses propos et les questions qu’il avait pu poser… Chose qui lui servirait sans surprise, aussi le kel’dor resta silencieux en entendant les voix de Ducan et la sienne échanger. Aussi il profita de ce moment pour observer avec grande attention le visage de Dospeet, sachant que s’il le brisait ici, aucun juge ou juré ne tenterait quoique ce soit contre Plo car l’amiral humain s’était trop impliqué dans cette affaires pour sortir indemne d’une disgrâce ou d’une preuve accablante contre lui. Plutôt que de jouer défensif, Plo avait préféré se montre très offensif quitte à surprendre, mais n’était-ce pas avec audace que l’on gagnait ses batailles ?

Max Sterling était douée, et quand elle s’était avancée pour s’exprimer, le vieil officier vit tout de suite le général Speatec jouer avec le col de son uniforme avec une certaine nervosité, Dospeet s’était étranglé de la voir apparaitre comme défenderesse. Max prit la parole en avançant son propos avec calme et sérieux repartant depuis le début de cette affaire et la tentative d’assassinat du Commandeur Suprême Seidelman. Plo haussa les épaules et croisa les bras avant de s’exprimer d’une voix forte et railleuse visant à subtilement faire passer l’officier en face de lui pour un amateur.

- Votre propre accusation est caduque Dospeet ! Vous n’avez légalement aucun droit de me priver de témoins ! Vous venez de l’admettre devant tout le monde.

L’amiral Dospeet avait répondu avec fureur, il l’avait piqué au vif et Plo avait réussi à le faire sortir de ses gonds. Une maigre consolation mais qui en disait long sur son état d’esprit. Il était déstabilisé, et beaucoup trop fier pour se faire rentrer dedans sans réagir. Le kel’dor savait qu’il n’avait rien à perdre dans cette bataille et à titre personnel estimait que l’heure était venue d’enfin échanger avec cet homme ayant menacé tout ce à quoi il tenait. Si l’amiral avait été plutôt passif à l’égard de Ducan, il comptait continuer à jouer agressif pour pousser Dospeet dans ses derniers retranchements et le pousser à la faute ou à laisser échapper une parole qui viendrait le condamner avec ses complices. Plo retourna sur le ring, prêt à décocher des directs verbaux dans la mâchoire du faux amiral pour l’attaquer sur son honneur. Il reprit d’une voix le mettant au défi d’agir physiquement contre lui.

- Ne me faites pas croire que vous comprenez quoique ce soit aux impératifs de la guerre Dospeet. Vous êtes un lâche Dospeet, comme vous vous êtes comporté tout au long de votre carrière à vous dissimuler derrière vos hommes pour garder les mains propres, à vos yeux ils ne sont que des boucliers humains, de la chair à canon pour graisser les engrenages de vos sinistres desseins bien loin des idéaux de la République. Si vous me considérez comme un traître, venez-vous-même me retirer la Croix de Gloire ainsi que la Médaille de Bravoure que je porte sur mon uniforme si vous avez eu un semblant de cran une fois dans votre vie !

S’il y avait des hommes ayant servi sous les ordres de Dospeet dans l’assemblée, peut-être comprendraient-ils qu’il était le moment d’agir. Plo Tan’ith s’était avancé, debout et pointant un doigt griffu en direction de l’humain, lui intimant de descendre venir le faire Il ajouta rapidement et d’une voix toujours aussi insolente pour le pousser à prouver que sa preuve unique n’était pas faussée.

- L’enregistrement que je présente n’est pas trafiqué, j’en ai fais de nombreuses copies par sécurité. Si vous pensez qu’il a été truqué, alors que l’on fasse venir les meilleurs experts militaires de la République pour estimer de son authenticité. Faites-le Dospeet ! Car vous n’en n’avez aucunement l’expertise, ni vous, ni vos sous-fifres !

Plo fit un non de la tête silencieusement son ton se fit moins agressif mais plus méprisant que jamais. Il poursuivit sa croisade en faisant un pas de plus en direction de l’humain.

- La vérité c’est que vous devriez être à ma place Dospeet. Vous, Speatec, Palenix et Ducan avez juré la perte de la République pour vos carrières personnelles. Ducan vous a trahi en croyant que je serai susceptible de vous rejoindre, et sans doute aurait-il retourné sa veste une fois le sale boulot effectué… Vous avez manigancé l’enlèvement de mes enfants, tous deux officiers de la République, de vendre mon épouse comme esclave sur Céréa, et tenté de kidnapper ma fille, membre de l’Ordre Jedi. Tous les témoins de cette affaire peuvent s’exprimer, non seulement mes hommes, mais aussi des officiers de la République prisonniers sur la base, le Commandeur Suprême lui-même, des éléments extérieurs de la République fiables comme le clan Eldar. Mais une question demeure… quel maître servez-vous ?

Ces officiers étaient fiers et plein d’orgueil, Plo n’était pas dupe et pour le faire taire, il serait nécessaire de l’exécuter. Ayant déjoué en équipe tous les projets des conspirateurs, défiant toutes les statistiques et probabilités, il s’était montré coriace et devenu sans le savoir, un gêneur n°1 à éliminer, une cible plus prioritaire que le commandeur suprême, au moins temporairement. Après quatre tentatives ayant été contrecarrées, comment ces conspirateurs pouvaient croire qu’un procès suffirait à le mettre à terre ? Le choix des options pour éliminer Plo devenait de plus en plus restreint désormais, et si les pions échouent à prendre le roi, alors peut-être faut-il prendre davantage de risques et s’assurer soi-même que le travail soit fait ? C’était ce que se disait le kel’dor intérieurement.

Plo Tan’ith esquissa un sourire lorsque Dospeet était à deux doigts de descendre se frotter à lui. Il était hors de lui, mais il serait malhonnête de prétendre que le Kel’dor n’avait pas envie d’en découdre à mains nues avec lui. A dire vrai, peut-être était-il pris à son propre jeu car ses mains commençaient à trembler également sous l’énervement qui bouillait en lui, l’amiral conservait les idées encore suffisamment claires pour se montrer acerbe, et de toute évidence ses paroles seules ainsi que l’aide de Max Sterling avaient réussi à ébranler la solide offensive qu’avaient dressé ces conjurés contre lui. Même les autres membres du jury semblaient assez intrigués par cette joute verbale à laquelle ils ne s’attendaient pas. Il était évident que Dospeet ne savait plus quoi rajouter, Speatec semblait plus prudent, étonnant venant de sa part, mais la sénatrice Palenix l’encouragea à continuer. L’œil avisé du kel’dor s’attarda sur la main de Max Sterling, était-elle armée ? Probable. C9-PO se rapprocha de l’amiral après un geste de la main de sa part. Est-ce que l’on tenterait de l’assassiner ici ? Au vu et su de tous ? S’ils envisageaient cette possibilité, alors ils étaient plus désespérés que jamais.

L’amiral bomba quelques peu le torse et répondit avec un sarcasme évident dans la voix aux questions soufflées au général Speatec, un fanatique, et un crétin sans le moindre sens tactique.

- Oui bien sûr, et ma mort aurait sans doute empêché au sénateur Ducan son sort… Général je m’étonne de votre sens tactique. Les forces de l’Apex ont débarqué en surnombre et pris par surprise le yacht stellaire du sénateur. Il a paniqué, et aucun membre de son équipage n’a été capable de suivre mes directives pour empêcher l’abordage. Quant aux mercenaires... et bien si je dois retrancher ceux qui se sont fait tuer rapidement, ceux qui se sont rendus à l’ennemi, ceux qui se sont enfuis par les capsules de sauvetage, et ceux qui ont collaboré avec l’Apex… Il ne restait plus grand monde pour défendre le yacht stellaire. Et ce n’était pas avec six clones que je pouvais sauver le navire ou le sénateur face à une cohorte de droides de combat… Vous vous attendiez à ce que j’utilise la Force pour les arrêter ?

Dit-il en levant les mains comme s’il cherchait à invoquer la puissance de la Force, devant le jury. Il redevint sérieux et prit une posture plus agressive dans son propos pour ajouter à son argumentaire.

- Tout ce que j’ai pu tenter de faire, c’était de négocier une reddition pour cesser un bain de sang et tenter de sauver les meubles. Nous n’avions aucun avantage, et je dis bien au-cun en notre faveur pour gagner cette bataille ni assurer une retraite. Alors sans doute que les combats perdus d’avance son votre spécialité, mais pas la mienne.

Il fit non de la tête devant la situation qui mettait son sang froid à l’épreuve, puis il croisa les bras, soupira et se détendit quelques peu pour continuer à répondre au général Speatec tout en le prenant de haut de façon ouverte, le défiant de descendre régler ça entre hommes.

- Que vous le vouliez ou non, l’Apex dispose d’un poids, on peut discuter de sa légitimité, cependant ils sont une force que nous ne pouvons pas ignorer. Et ça le sénateur Ducan l’avait bien compris à sa manière… Quant aux mandaloriens, ce sont eux qui m’ont fournit l’information sur le kidnapping de mes enfants et leur tentative d’enlever une Jedi. Contrairement à votre sénateur, eux me paraissent beaucoup plus fiables que certains membres éminents du Sénat.

Puis le kel’dor pivota vers la sénatrice et s’adressa directement à elle d’un ton faussement innocent.

- N’est-ce pas sénatrice Palenix ?

Après avoir tourné Dospeet en ridicule et rentré dans le lard de Speatec, maintenant il fallait provoquer la sénatrice Palenix pour la forcer à agir directement et arrêter de se dissimuler derrière les deux boucliers humains représentés par ces officiers de seconde zone qui méritaient leur rang que parce que d’autres sont morts pour eux. Une pensée traversa son esprit, et si c’était elle qui chapeautait cette conspiration ? Dospeet pourrait vouloir le rang de Commandeur Suprême, mais est-ce que cette femme sinistre espérait atteindre la chancellerie ?

Plo Tani’th se racla la gorge et répondit avec sécheresse et fermeté à cette odieuse femme qui se donnait un air supérieur et calme. Sans doute avait-elle l’égo de se croire intouchable ce qui n’était pas entièrement faux : après tout l’amiral avait peu d’éléments l’incriminant directement contrairement à ses deux associés qui eux avaient sans doute du se charger du sale boulot pour elle.

- Je ne reproche rien si ce n’est votre fiabilité bien moins grande que celle des mandaloriens du clan Eldar m’ayant aidé à libérer mes enfants des griffes de votre infâme collaborateur ici présent. Ils n’ont réclamé aucun paiement pour m’assister. Cela ne vous pose vraisemblablement aucun problème que des imposteurs occupent une base avec de faux uniformes républicains, ou alors qu’un clan mandalorien considéré comme renégat par leurs propres frères d’armes soit présent dans les sous-sols de la base d’Argus ? Sous-sol faisant office de quartier bien plus sécurisé que le reste de l’infrastructure ? Et vous me donnez des leçons sur les grands schémas nécessaires de la guerre ? Mais qu’est-ce que quelqu’un comme vous y connait à la guerre justement sénatrice ?

Vint le sujet de la déclaration du membre de l’Apex, le Kel’dor grogna, passablement agacé derrière son masque et répondit non sans une bonne dose de sarcasme et d’insolence dans la voix.

- Vous vous foutez de moi ?! Vous l’avez payé combien ce membre de l’Apex pour faire ça ? A moins qu’il soit de mèche avec vous et votre contact au sein de l’organisation. Un contact qui n’a pas eu le bras assez long pour empêcher Raynar de venir rappeler au sénateur Ducan de payer les dettes qu’il avait pu contracter auprès d’elle visiblement. Je demande analyse de son authenticité par les services de renseignement. D’ailleurs possède-t-il un nom ce mystérieux témoin qui a le droit de s’exprimer ?

Il marqua une pause et reprit la parole d’un ton ferme qui se voulait clairement revendicatif, imposant et puissant afin que sa volonté soit exaucée en faisant venir les hommes qu’il avait libérés au sein de la base d’Argus. S’ils voulaient jouer sur les témoins, Plo Tan’ith en disposait de nombreux qui n’attendaient qu’un signal pour venir défendre l’honneur et la thèse de l’amiral de la République.

- Que l’on fasse venir les témoins, ceux de la base d’Argus et que j’ai libéré de leurs geôles après y avoir été enfermés ! Une conspiration ? Une trahison de leur part ? La moitié des troupes républicaines de la base a été enfermée sur ordre de Dospeet, et l’autre moitié exécutée. Ca fait beaucoup trop de traitres vous ne pensez pas ? Bien trop pour que ce soit crédible. Mais qu’on m’autorise à les faire venir si vous voulez des preuves concrètes. Vous pensiez que j’avais le temps de monter une commission d’enquête ou d’attendre que vous daignez autoriser une opération de sauvetage avec autant d’otages ? Quelqu’un a engagé le clan Lone pour prendre cette base, et les Lone avaient forcément un indicateur à l’intérieur de cette base pour y pénétrer.

Si l’amiral Tan’ith ne brillait pas aux échecs, il était un très bon joueur de sabbac. Peut-être était-ce le moment de mettre à profit ces années d’expérience à ce jeu ou le bluff jouait une partie importante. Il fallait désunir le trio lui faisant face, et pour cela Plo n’avait aucune preuve. Cependant il se doutait bien que les trois individus devant lui n’étaient unis que par leurs ambitions respectives. Leur confiance ne tenait que parce qu’ils étaient motivés par des préoccupations égoïstes. Mais dans ce milieu de requin, cette course au pouvoir, il fallait parfois savoir faire des coups-bas. Plo savait cela pour l’avoir déjà observé, et il ne doutait pas que ces trois-là devaient très bien se méfier les uns des autres. Il fallait semer le doute entre eux les inciter à se diviser les uns les autres, il répondit d’un ton menaçant à l’adresse de l’amiral Dospeet afin de l’exciter davantage et l’énerver pour le faire sortir de ses bonds. Le kel’dor espérait en dire suffisamment pour que Speatec se sente lésé et se retourne contre ses deux associés. Si le général avait l’impression qu’il serait évincé une fois Seidelmann éliminé et Tan’ith derrière les verrous, peut-être serait-il suffisamment fier pour ne pas tomber sans emporter Palenix et Dospeet dans sa tombe ? C’était sur cette arrogance qu’il comptait jouer.

- Quant à vous Dospeet fermez-la définitivement si vous n’êtes pas capable de descendre vous expliquer avec moi ! Vous n’avez plus de bouclier humain derrière lequel vous cacher pour espérer vous en tirer, à part Speatec peut-être. Combien de temps alliez-vous lui mentir sur vos véritables intentions ? Sait-il ce que vous lui réservez quand il ne vous sera plus utile ?

La voix de Plo vibrait à travers son masque avec une forte conviction de détenir une bombe. Le Kel’dor parlait comme s’il disposait d’une paire d’as dans sa manche qu’il avait conservé depuis le début de cette partie et s’apprêtait à les lâcher maintenant afin de retourner la situation. Il bluffait, n’avait aucune preuve, mais le ton déterminé qu’il avait pris aurait sans doute de quoi déstabiliser le trio. Ses yeux dissimulés derrière son masque épiaient et scrutaient la moindre réaction pouvant trahir Palenix, Dospeet ou Speatec afin de manœuvrer plus efficacement sa barque tandis que son cerveau élaborait un mensonge des plus crédibles si l’on venait à lui poser la question. Mais il comptait sur la réaction indignée de Dospeet qui ne contrôlait pas ses nerfs pour que ce dernier se drape dans son égo, confirmant involontairement le propos de Plo Tan’ith et ainsi, donnant du poids auprès de Speatec à ce dernier. S’il voulait sauver sa tête et mordait à l’hameçon tendu, alors Speatec, maillon faible du trio, céderait et commencerait à en dire bien plus qu’escompté par ses complices.


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HRP: Désolé du retard, je réfléchissais à un moyen de pouvoir donner suffisamment de matière et l'ai trouvé que très récemment.

Au début, Plo Tan’ith resta de marbre devant la déclaration de Palenix, guettant plutôt celle des deux autres officiers qui perdaient leur sang froid. Et qu’elle ne fut pas sa certaine satisfaction en voyant Speatec ajouter en bégayant que l’amiral était allé chercher son épouse en participant à une mission illégalement coordonnée. Dospeet embarrassé par la bourde de son associé se montra particulièrement pressé de condamner l’amiral Tan’ith à la peine de mort. Ce dernier eu un frisson qui parcouru sa colonne vertébrale sa satisfaction d’avoir semé la discorde entre les deux officiers pour parachever cette parodie de procès laissa sa place à une rage froide. Le kel’dor semblait lui aussi commencer à perdre son sang froid, son corps entier brûlant et tremblait sous le coup d’adrénaline.

- C’était vous ?! Après avoir enlevé mes enfants, vous avez kidnappé mon épouse ?!

Manqua de s’étrangler Plo Tan’ith derrière son masque ayant enfin l’aveu selon lequel Speatec et Dospeet avaient été derrière l’enlèvement de son épouse : il pointa un doigt nerveux et tremblant vers les deux officiers et sa voix grave amplifiée par son masque tonna dans toute la salle.

- VOUS ÊTES DES TRAITRES !

Mais il n’eut pas le temps d’aller plus loin que l’amiral Dospeet sortit son arme et abattit le général Speatec en plein dans la salle. La peur coupa le souffle de Plo qui ne s’était pas attendu à ce que l’amiral Dospeet perde les pédales jusqu’au point de liquider ses complices en plein procès devant témoins. Témoins qui seraient bientôt réduits à l’état de cadavre quand les gardes présents dégainèrent leurs armes de poing pour abattre tous ceux présents dans la salle. Plo instinctivement rejoignit Max Sterling en trois pas et s’accroupit devant la table. Cette dernière pris la parole en ironisant sur la situation l’amiral se détendit quelques peu et s’empara d’un pistolet blaster.

- Pour être honnête avec vous je ne m’attendais pas à ça non plus Sterling… Mais c’est ce qui rend notre quotidien… épicé si je puis dire.

Il fit un signe à son droïde de protocole de s’approcher et de se mettre à couvert puis il prononça le mot suivant :

- Nébuleuse !

Le droïde de protocole déverrouilla son emplacement secret dans sa poitrine, à l’intérieur se trouvait son fidèle pistolet blaster DC-84 qui l’avait toujours accompagné : une arme fiable, précise, jouissant d’un bon compromis entre portée correcte et bonne puissance de feu. A côté se trouvait son couteau de combat et une grenade incapacitante. Le kel’dor s’en empara prestement en mode paralysant et tira dans la direction de deux gardes pour faire reculer ceux-ci, ces décharges étaient passées au dessus de leur têtes. Un tir de barrage pour les tenir à distance. Puis l’amiral reprit la parole.

- Voyez-vous j’ai aussi une petite surprise dans ma manche Sterling. Un vieux truc que votre père m’a appris quand on servait ensemble : les gens ne se méfient pas assez des droïdes de protocole. Bouchez-vous les oreilles par contre et tenez-vous prête !

Plo Tan’ith n’avait pas emmené C9-PO par hasard avec lui, il pivota vers lui et aboya un ordre.

- A toi de jouer C9 ! Pleine puissance !

Le droïde de protocole se redressa sous le feu ennemi puis d’un coup, amplifia son vocabulateur au maximum avant de pousser un cri strident et assourdissant sur une fréquence qui aurait vite fait de déstabiliser l’ensemble des humains présents dans la salle sans protection. C9-PO hurla pendant six secondes avec la même intensité qu’une grenade assourdissante. Le kel’dor, mains plaquées sur les oreilles ferma les yeux pour atténuer le bruit, dès lors que le droïde eut terminé, il prit sa grenade incapacitante, l’activa puis la balança en direction des gardes afin de les neutraliser en simultané. Il se redressa braqua son pistolet blaster vers les juges et jurés, passant son arme en mode incapacitant.

- A nous maintenant Dospeet !

C9-PO se redressa également et emboita le pas de l’amiral quand ce dernier passa par-dessus la table, équipé de deux pistolets blasters il tira sur Tassiter afin de le paralyser. Il faisait confiance à Sterling pour s’occuper de Palenix tandis que lui-même se chargerait personnellement de l’amiral Dospeet. Trop de passif liait désormais les deux hommes pour que quelqu’un s’interpose entre eux…

L’amiral Dospeet s’élança pour affronter l’amiral Tan’ith après s’être débarrassé de son blaster. Il voulait régler ça au corps à corps, et bien que la tentation de l’abattre froidement était forte, le kel’dor voulait en découdre de la même façon que l’humain. Le kel’dor de cinquante quatre ans et l’humain dans la cinquantaine réduisaient la distance les séparant. Plo abandonna ses pistolets blaster à C9-PO et s’avança lentement en montant ses poings au niveau du visage. Le corps à corps n’avait jamais été sa tasse de thé, et ses souvenirs de son entrainement dataient d’il y a un an. Il n’était plus aussi endurant que par le passé, et sans doute qu’il s’essoufflerait bien assez vite. Mais rapidement sa vision se focalisa entièrement sur Dospeet faisant abstraction de tout ce qui l’entourait. Les son environnants ne l’atteignaient plus tant il était concentré sur son adversaire. Les deux combattants se jaugeaient du regard et sur leurs capacités. En posture de garde, Plo était attentif, se ménageant sur son jeu de jambes afin de garder flexibilité, rapidité et économiser son souffle. L’humain l’avait qualifié de sale alien, mais ce n’était pas ça qui avait énervé le kel’dor, mais plutôt tout ce qu’il avait pu faire avant : s’attaquer à ses hommes, à sa famille, à son supérieur et à la République l’avait vraiment foutu en colère. Dospeet lança un premier direct, visant le masque respirateur du kel’dor. Il se pencha à droite pour éviter le coup, mais se prit un uppercut du gauche sous la mâchoire. Un peu sonné Plo n’eut pas le temps de réagir que Dospeet enchaina avec deux directs puissants dans les cotes qui repoussèrent le kel’dor un peu plus loin.

Ok, il ne s’était pas attendu à le voir agir ainsi. Sentant un gout de cuivre dans sa mâchoire, celui de son propre sang, l’amiral se remis en selle et se rapprocha en petit pas chassés jusqu’à Dospeet. Il feinta un crochet du droit pour mettre deux directs dans le nez de l’humain tout en pivotant sur le flanc droit de l’amiral qui recula, puis repartit à l’assaut d’un direct puissant. Plo cessa son offensive, interposant ses poings pour tenir sa garde mais le coup avait été porté avec force l’avait quelques peu sonné. Il encaissa un coup supplémentaire et dans un grognement riposta en s’abaissant pour envoyer un uppercut sous la mâchoire de l’amiral Dospeet. Plo enchaina avec un autre direct dans les côtes de l’humain qui, sous le coup de la rage décocha un coup de pied dans le genou du kel’dor qui chancela en avant. Mais ce n’était pas fini pour le kel’dor qui prit une volée de coups dans le visage, une capsule de gaz de son masque s’endommagea et le bruit lent du sifflement venant de son masque l’agaça encore plus. Il se sentait là et chaque muscle de son corps le faisait souffrir, chaque mouvement demandant encore plus d’effort que le précédent. Il se redressa d’un coup, il était à terre mais pas encore vaincu. Il avait déjà essuyé des défaites dans sa carrière, et pourtant il avait su rester grand et debout à chaque fois.

- C’est tout ce que t’as dans le ventre ?

Railla Plo en toussant et s’appuyant sur le rebord du banc des accusés. L’humain au visage tuméfié s’approcha pour donner un coup au visage mais le kel’dor se pencha sur le côté et décocha une gifle sur le crâne de l’amiral. Les griffes de Tan’ith entaillèrent la paupière de l’amiral, laissant du sang couler dans son œil droit, Dospeet ricana devant cette blessure en apparence superficielle et donna un nouvel assaut. Profitant de l’angle mort, le kel’dor coinça le bras de l’humain, intérieur du coude dans le coude de son adversaire et usa de la surprise pour mettre sa main droite derrière la nuque de l’humain. Basculant dans son dos, il avança profitant du déséquilibre de Dospeet pour lui adresser quatre frappes du poing gauche à l’arrière du crâne de l’amiral renégat. Puis il l’envoya chuter contre le banc des accusés. Un feu nouveau brûlait dans les entrailles de Tan’ith qui se sentait revigoré par le frisson du combat. Dospeet se redressa et s’essuya le sang qui coulait de sa blessure.

- Viens me chercher !

Dospeet enragea et chargea vers Plo qui se laissa glisser au sol pour tacler l’humain et le faire tomber face contre terre. Le kel’dor se dépêcha d’attraper le pied de l’amiral mais il replia sa deuxième jambe et adressa un coup dans le visage de Plo qui lâcha prise donnant le temps à Dospeet essoufflé mais sous effet de l’adrénaline se relever. Les deux officiers se rapprochèrent, l’humain bloqua le bras du kel’dor et profita de l’ouverture pour décocher trois coups dans les côtes de Tan’ith. Relachant son étreinte, il repartit à l’assaut. Plo et Dospeet face à face à nouveau, le kel’dor recula pour éviter un direct, s’abaissa pour esquiver un crochet, pivota pour éviter second crochet puis griffa l’uniforme de Dospeet faisant tomber ses décorations sur le sol pour le provoquer davantage. Gardant son sang froid, il encaissa un coup dans son flanc droit mais riposta immédiatement par une succession de six jabs dans le visage de l’humain pour l’agacer, profitant de l’angle mort qu’il avait pour éviter sa garde. Dospeet réagit par des frappes puissantes dans le visage de Plo, le coupant dans son élan. Le kel’dor prenait une punition sévère en encaissant quatre frappes au visage et sur les tempes. Les deux combattants étaient à bout de souffle et tenaient à peine debout, essoufflés, Plo rassembla ses dernières forces et riposta en frappant dans les cotes de l’humain.

Ses coups étaient lents mais il mettait toute sa force dedans pour lui enfoncer la cage thoracique. Cinq frappes dans les côtes, puis le kel’dor remonta au visage de Dospeet qui semblait perdre pied avec la réalité. Un direct dans le visage de la part du kel’dor, suivi d’un crochet dans la mâchoire. Les deux officiers ne tenaient plus debout, le second crochet du gauche manqua de faire trébucher Dospeet, Plo en mit un troisième, et conclut par un uppercut sous le menton qui mit définitivement l’humain KO, faisant soulever son corps du sol. Dospeet s’effondra contre le bureau des jurés, assis puis perdit connaissance. Plo quant à lui chancelait sur ses jambes tandis que son corps se refroidissait. Le visage tuméfié, plusieurs blessures, il s’agenouilla n’ayant plus la moindre force de faire quoique ce soit et n’ayant pas fait attention à ce qui pouvait l’entourer. Il respirait bruyamment, décrocha sa capsule de gaz vidée pour la jeter contre le visage de Dospeet et inspira à plein poumons sur la suivante. Il chercha dans son veston une capsule adéquate mais ses mains tremblaient et le faisaient souffrir.

Plo n’arrivait pas à saisir et retirer une capsule de sa poche et pire celle-ci lui glissa des doigts quand il essaya de la brancher à son masque. La capsule neuve roula sur le sol, hors de sa portée alors qu’il sentait du sang couler le long de sa joue. La capsule encore active lui donnerait du gaz pour une heure et demie, mais le combat avait été éprouvant pour l’amiral Tan’ith dont la vision s’obscurcissait. Il perdit connaissance et tomba dans les pommes non sans avoir la satisfaction d’avoir arrêté Dospeet, un sourire sur le visage. L’image qu’il emporta avec elle lui était celle de sa famille avant que tout ne devienne noir.

L’amiral Tan’ith marchait à travers les coursives d’un croiseur. Isolé dans ce long couloir plongé dans la pénombre, il croisait des silhouettes anonymes, floues et sans visages qui portaient l’uniforme de la République. Au loin, les explosions retentissaient à bord du croiseur qui était en alerte rouge. Plo reconnaissait cet appareil, il s’agissait de l’Implacable, croiseur de classe Liberator que le kel’dor avait commandé il y a vingt ans de cela. Et si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, il s’agissait de la bataille pour les systèmes Bothan, ou après la mort de son supérieur il avait pu rassembler son courage pour assumer le commandement du détachement et sauver son équipage et les survivants. Le kel’dor arpentait ces couloirs, désireux de rejoindre la passerelle de commandement, mais les couloirs semblaient bouger et se configurer sans fin. Lui qui mémorisait habituellement très bien les plans de ses appareils, le voilà comme une recrue perdue à bord de son propre bâtiment. Comment avait-il atterrit ici ? Pourquoi les couloirs en alerte rouge de son vaisseau semblaient ne pas être identiques ? Il avait l’impression de revenir à son point de départ peu importe le chemin qu’il empruntait pour se rendre sur la passerelle quand il ne tombait pas dans une impasse.

Bien entendu, il essaya d’interpeler les silhouettes fantomatiques de l’équipage républicain, mais ils semblaient lui passer à travers et ne lui accordaient aucune attention. Préoccupés à murmurer différentes choses parfois imperceptibles même s’il faisait l’effort de tendre l’oreille pour essayer. Il ne comprenait absolument rien. Alors perdu dans ses propres coursives, il fut soudain ébloui par un flash.
Lorsqu’il rouvrit les yeux derrière son masque, il distingua un plafond blanc, une pièce blanche qui l’éblouissait quelques secondes. L’amiral sut alors qu’il était dans une position allongée, sa tête et ses côtes lui faisaient atrocement mal. Il pencha la tête de droite à gauche pour essayer de visualiser la chambre d’hôpital dans laquelle il se trouvait. Un droïde pivota sa tête dans sa direction et baragouina quelque chose à l’attention d’une autre personne présente. Les voix semblaient lointaines et étouffée au loin, même si son audition revenait lentement. Une voix féminine réagit :

- Docteur l’amiral reprend connaissance.

Une twi’lek à la peau verte se pencha sur lui, habillée en infirmière et observait en même temps les instruments à côté ainsi que son officier allongé. Plo la regarda un instant, incapable de formuler quoique ce soit et quelques peu sous le charme de l’infirmière. A dire vrai il cherchait à se remémorer ce qu’il s’était passé pour qu’il finisse ici. Ses souvenirs étaient flous pour l’heure, puis le visage de cet humain en uniforme d’amiral lui revint en tête soudainement. Sa haine sur le visage fit émerger un nom dans la tête de l’officier qui grommela avec une sévère migraine qui le lançait.

- Dospeet…

Le kel’dor essaya de se redresser pour sortir du lit, mais l’infirmière mit sa main sur sa poitrine.

- Hep, doucement. Vous pouvez vous redresser mais vous ne sortirez pas du lit. Vous n’êtes pas passé loin du coma et vous avez plusieurs os cassés aux côtes.
- Ou est Sterling ? Ou sont-ils tous ?

Fit l’amiral d’un air pressé et posant sa main sur l’avant-bras de l’infirmière, cherchant du regard autour de lui des réponses à ses questions. Il était quelques peu déboussolé tandis que son cerveau refaisait le puzzle de sa mémoire jusqu’ici. Plo se souvenait du procès auquel il avait été convoqué et la tournure de celui-ci. Comment il était arrivé ici et ce qu’il était advenu de Palenix et de Sterling l’inquiétait cependant… Il entendit des bruits de pas et une porte qui s’ouvrait. Visiblement quelqu’un venait lui rendre visite.

Plo avait repris conscience, on l’avait informé de son acte héroïque au procès et la façon dont il avait sauvé la vie de la sénatrice Palenix. Le kel’dor se souvenait bien que c’était faux, mais son instinct de survie lui hurlait de continuer à jouer la comédie, il était en position de faiblesse présentement, et sans doute qu’il serait aisé pour la sénatrice de commanditer sa mort depuis son lit d’hôpital. Avant toute chose il devait s’arranger pour retrouver Max Starling et faire son rapport au commandeur Seidelman. Ce procès et ses actes avaient conduit l’amiral de Charybde en Scylla, cependant au moins Dospeet et Speatec étaient mis hors d’état de nuire : si l’amiral humain n’aurait sans doute pas collaboré, Speatec, maillon faible de la conjuration aurait sans doute livré de précieux renseignements après une négociation. Pour l’heure Starling était hors-jeu et hospitalisée, impossible pour elle de tenter quoique ce soit, Plo devrait se débrouiller sans elle en attendant. On annonça à l’amiral qu’une délégation allait arriver dans sa chambre. La commission militaire qui escorta la sénatrice Palenix semblait constituée d’officiers que le kel’dor appelait « de bureau » vu qu’aucun d’entre eux ne semblait avoir suffisamment d’assurance pour témoigner d’avoir été au front. Lorsque le personnel médical s’en alla, sans doute par crainte de la sénatrice Palenix, Plo Tan’ith fut des plus satisfait de porter un masque respiratoire qui dissimulait une bonne partie de son visage ainsi que ses yeux. La délégation semblait le complimenter et le féliciter, était-ce de la sincérité ? Il l’ignorait et à dire vrai s’en fichait, mais il fit mine d’acquiescer comme si il les acceptait, mais toujours avec une à deux secondes de retard comme pour se faire passer pour encore atteint intellectuellement par les coups qu’il avait pu recevoir sur le crâne. A cinquante quatre ans, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus conseillé de se faire tabasser sur la tête, sa mémoire et ses capacités avaient sans doute été endommagées.

Il l’écouta très attentivement, il était évident que Starling était retenue en otage pour s’assurer de la bonne collaboration du kel’dor. Mais ce dernier fit mine de ne pas comprendre, jouant l’amnésique à la mémoire encore troublée pour paraître le plus docile et inoffensif qui soit. Silencieux il était sagement allongé dans son lit, du moins redressé. Il laissa plusieurs secondes s’écouler puis répondit d’un ton tremblant, comme si ses cordes vocales tremblotaient au fond de sa gorge.

- Je suis ravi de voir que j’ai pu faire mon devoir sénatrice. Ça aurait pu très mal tourner… ce procès. L’accusé à t’il été condamné ?

Plo chercha à se lever de son lit, et chuta au sol pour se révéler faible et influençable. L’un des membres de la commission l’aida à se relever, et le kel’dor lui agrippa fermement le bras pour s’appuyer dessus, il observa son nom et son grade sur son uniforme pour le mémoriser. Déséquilibré et quelques peu confus, l’amiral faisait de son mieux pour donner l’impression de ne plus avoir toute sa tête. Il éclata de rire quelques secondes puis étouffa son éclat d’hilarité rapidement, rendant la situation quelques peu gênante pour l’ensemble des personnes présentes.

- Je serai présent à cette cérémonie… mais qui va être décoré ? Vous avez son nom ?

Demanda-t-il d’un air sincèrement perdu. Se faire passer pour sénile était selon l’avis du kel’dor une stratégie comme une autre. Il relâcha le bras de l’officier pour s’appuyer sur le lit et s’avancer vers Palenix. Il ajouta d’un air enjoué comme s’il se souvenait soudainement de qui allait être décoré.

- Vous voulez dire le général Starling ? Il va recevoir une médaille ?

Il devait réussir à endormir la vigilance de la sénatrice, restait à voir si elle mordrait à l’hameçon ou non. Certes une perte de mémoire serait sans doute visible via les examens médicaux, mais certaines pathologies mentales ou traumatismes pouvaient ne pas être détectables via des scanners. Restait à voir s’il avait été assez convaincant avant qu’elle s’en aille, il prit la parole pour saluer le départ de la politicienne et de son groupe.

- Au revoir ambassadrice Terenix ! Passez le bonjour, au gouverneur Fren de Bespin !

Une fois partis, et hors de sa vue. Plo Tan’ith s’installa dans le lit, attendant que le personnel médical revienne pour reprendre un air normal. Restait à voir combien de temps il resterait en observation, mais à priori d’ici quelques heures ou un jour, sans doute qu’il pourrait sortir et quitter cet hôpital.