On s'était dit rendez-vous dans 50 ans... [PV : Nicia]

Zeltros. Yenna adorait particulièrement cette planète et ses habitants. Contrairement à Korriban où elle ne s'y rendait que si c'était absolument nécessaire, elle revenait toujours sur la planète hédoniste avec le sourire aux lèvres. Qui plus est, son esprit était remplie d'une douce nostalgie. Il y a 50 ans, la Modeleuse, qui n'était pas encore membre du Conseil Noir à l'époque, rencontra une femme qui fit vaciller son petit cœur de Sith. Elle était jeune, innocente, un brin naïve, ce qui la rendait craquante. Tellement... Jedi. Et oui, Yenna avait jeté son dévolu sur une jeune chevalière jedi fay. La jeune Arsenicia fut une véritable bouffée de fraîcheur dans la vie de la Sith. Malgré leurs emplois du temps qui s'évertuaient à ne jamais s'accorder, cette relation dura plus d'un an et oui, la "simple distraction" devint de plus en plus sérieuse aux yeux de la Sith.

Elle aurait pu la corrompre, la convaincre de venir avec elle profiter d'une longue vie ensemble, mais elle n'en fit rien. L'amour fait faire des tas de choses étranges tout de même. Vous imaginez, si Nicia était partie avec Yenna, elle ne serait pas devenue cette guérisseuse reconnue, ni amiral et encore moins Grand Maître de l'Ordre Jedi. La Galaxie aurait été bien différente... En bien ou en mal, chacun est juge de cette conclusion. Mais, une telle romance n'était pas faite pour durer. Yenna n'avait jamais caché sa nature sith à la Jedi, mais cette dernière n'avait rien soupçonner ou n'avait pas envie de laisser cette divergence d'opinions se mettre en travers de leur histoire. Toutefois, les agendas de chacune devenaient de plus en plus surchargés et Nicia devenait de moins en moins disponible.

Finalement, Nicia ne vint plus. Elle n'avait plus le temps, elle ne pouvait plus se permettre de fausser compagnie aux siens, elle devait penser à l'Ordre en priorité. C'est ainsi que l'idylle la plus étrange de la Galaxie se termina, mais non sans une certaine lueur d'espoir. Lors de leurs dernières rencontres intimes, dans un onsen sur Zeltros, les deux femmes se jurèrent de se retrouver ici même, dans un demi-siècle, peu importe si la Galaxie est en paix sous l'autorité de l'une ou de l'autre faction ou s'il est encore embrasée par la guerre. Si l'une des deux est encore en vie à ce moment-là, elle reviendra ici, que ce soit pour des retrouvailles ou un dernier hommage...

Et aujourd'hui, cela faisait 50 ans, jour pour jour, que cette promesse avait été faite. La Galaxie était toujours là, l'onsen aussi, acheté par Yenna depuis le temps, et les deux femmes étaient toujours vivantes. Arsenicia avait formulé cette promesse il y a si longtemps, mais était-elle sérieuse. La Sith n'avait aucun doute que la Jedi savait qui était réellement son ancienne petite amie. Elle était désormais l'ennemie absolue, le mal a éradiqué de la surface de la Galaxie, un affront fait à la Force elle-même. C'était impossible qu'elle tienne cette naïve promesse et puis... elle était mariée maintenant. Pourquoi elle s'intéresserait à une ex ? Sith qui plus est ? Mais elle avait cette drôle de sensation. Comme si la Force elle-même lui conseillait d'y aller. Au final, pourquoi pas ? Au pire, si la Jedi ne pointait pas le bout de son nez, au moins passerait-elle un bon moment de détente et de relaxation, profitant de l'expertise du personnel et pourquoi pas plus si affinité avec l'une de ses membres ? Les Zeltrones sont fidèles à leur réputation et un très bon moment avec l'une d'elles, ou plusieurs, ne serait pas de trop pour se remettre de l'absence plus que probable de la Fay.

Elle prit donc la route pour l'onsen, se trouvant à flanc de colline dans une petite vallée. Elle se souvenait que les bassins privés donnaient droit sur cette vue, exposée aux éléments, offrant un contraste agréable entre l'eau chaude et l'air qui pouvait parfois être frais en fonction de la saison. Par chance, les températures étaient douces à cette époque de l'année. Arrivée à l'accueil, elle ressentit une présence familière dans la Force. Non ? Était-ce ? Elle est ici ? Elle a tenu sa promesse ? Rapidement, elle dissimula sa présence dans la Force et demanda des renseignements à l’hôtesse d'accueil. Effectivement, une Fay était présente, arrivée depuis quelques minutes. Une description qui correspondait, dont deux marques sur le visage et des mèches bleues, impossible à confondre. On lui donna l'emplacement de son bassin et la Sith se dirigea vers ce dernier. Elle passa dans la salle où elle se déshabilla, enfila son peignoir et observa un instant par l'encadrement de la porte. Elle vit effectivement la Fay et malgré les années, elle savait que c'était elle. Sa présence dans la Force était comme une caresse depuis longtemps oubliée qui raviva tout un flot d'agréable souvenir.

Elle n'avait pas l'air d'avoir remarqué sa présence, aussi elle décida de poursuivre sur sa lancée, rentrant dans l'eau avec discrétion exemplaire, sans bruit et sans remous. Elle s'installa sur un des bancs dans l'eau et décida de mettre fin à sa dissimulation, révélant son aura aussi proche d'elle, ce qui devait avoir son petit effet. Yenna avait un certain sens de la mise en scène :

"Ma petite elfe en sucre a bien grandi..."

Elle prononça ses mots douceurs et nostalgie. Elle se souvenait de l'époque où les deux femmes se cherchaient des petits surnoms affectueux sortant de l'ordinaire. Nicia avait trouvé ce surnom-là parfaitement ridicule, provoquant un fou rire entre les deux femmes qui se conclut d'une manière des plus agréables. Restait à savoir comment la Jedi allait réagir face à Yenna. Allait-elle lui sauter dans les bras ? Lui dire qu'elle était désolée et appeler des renforts dissimulés pour l'arrêter ? Non, ce n'était pas son genre. Ou peut-être que si. Un demi-siècle était passé et beaucoup d'eaux avaient coulé sous les ponts depuis. Comment la Grand Maître allait réagir face à la Membre du Conseil Noir dans cet endroit et dans une tenue pour le moins atypiques ?

En entrant doucement dans l'onde délicieusement chaude, Arsenicia se demanda une fois de plus ce qu'elle faisait là. Ses vêtements étaient soigneusement rangés dans un casier en bois, dans une autre pièce, tout comme son sabre laser. Sa seule protection contre la nudité était un simple peignoir blanc qui reposait pour l'instant sur le rebord du bassin en pierre.

Elle était parfaitement seule, ayant pris soin de choisir un bassin privatif pour s'assurer de le rester. Si son rendez-vous finissait par arriver, Arsenicia savait qu'elle le rejoindrait. La Jedi ne voulait simplement pas être dérangée par les allées et venues d'autres clientes, cela l'aurait rapidement mise mal à l'aise.

Quant à son rendez-vous… Arsenicia plongea la tête sous l'eau un instant, profitant de la chaleur qui l'enveloppait comme un cocon. En vérité, la Jedi ignorait pourquoi elle était venue. De l'eau avait coulé sous les ponts, elle n'était plus cette jeune chevalière naïve qui était tombée amoureuse d'une Sith…

Rien que le fait d'y penser lui paraissait désormais incongrue. Personne, dans l'entourage de la Jedi, ne connaissait cette histoire. Elle la gardait précieusement, penchant sans arrêt entre honte et nostalgie en y songeant. Mais lorsqu'elle était honnête avec elle-même, Arsenicia devait reconnaître qu'elle avait passé des moments inoubliables. Elle avait aimé cette femme tout en sachant qui elle était. Elle l'avait simplement occulté, et continuer à le faire lui semblait aujourd'hui insurmontable.

Pourtant, la Jedi était la première à dire que l'ombre et la lumière étaient nécessaires pour que l'un et l'autre existe. Mais savoir que Yenna prenait place à la même table que Darth Ankh, qui cherchait à les détruire, l'empêchait d'accepter de nouveau cette relation. D'une façon ou d'une autre, la modeleuse était responsable de la perte de nombreux Jedi et soldats de la République. Peut-être serait-elle responsable de la mort de Cyrène, un jour, ou même de sa propre disparition…

Perçant de nouveau la surface de l'eau, la Fay s'approcha du bord du bassin et s'y accouda après avoir passé une main dans sa chevelure. Elle était venue, avait honoré ce rendez-vous, mais ignorait quelle serait sa réaction face à la Sith. Que devait-elle faire ? Pour la première fois depuis longtemps, Arsenicia était perdue quant à la marche à suivre et n'avait personne à qui se confier à ce sujet.

Toutefois, un léger remous dans la Force vint stopper le flot de pensées. La Fay redressa légèrement la tête et laissa les secondes s'égrainer avec une lenteur diabolique. Malgré tout, son ouïe fine lui permit d'entendre la porte du onsen s'ouvrir puis se refermer. Cependant, elle ne bougea pas un instant. Elle ignorait encore quoi dire, quoi faire, et laissa donc Yenna approcher et, sans doute, s'asseoir sur l'un des bancs du bassin.

Sentir de nouveau son aura, si soudainement, fit frémir la Jedi. Un long frisson parcourut son échine tandis qu'elle baissait les yeux sur ses mains crispées sur le rebord. Arsenicia se força à desserrer les doigts tandis que Yenna était la première à briser le silence des lieux, à peine troublée par l'eau qui coulait dans le bassin.

Sa voix était identique à ses souvenirs et, lorsque la Jedi se retourna enfin, elle découvrit de ses propres yeux le physique inchangé de la Sith. Yenna était magnifique, sans doute autant que Cyrène, mais il se dégageait d'elle quelque chose de différent qui poussait Arsenicia à rester sur ses gardes là où sa femme avait toujours eu le pouvoir de la détendre par sa simple présence.

Le surnom, toutefois, parvint à tirer un sourire à la Jedi. Un rictus quelque peu nostalgique, mais bien réel.

« Et mon petit sucre d'orge n'a pas changé. » répondit-t-elle dans un souffle, sentant que sa voix allait la trahir si elle en disait davantage.

Ce surnom était ridicule mais avait terriblement fait rire Arsenicia par le passé. Toutefois, les années ayant passé, la Jedi ne s'en amusait plus autant. Toute cette situation la mettait dans une position inconfortable où son cœur et sa tête se disputaient sans cesse. La Fay était partagé entre ses souvenirs et son devoir actuel. Elle était la Maîtresse de l'Ordre Jedi, que diable !

Bougeant dans le bassin, sa longue chevelure masquant partiellement son corps tout en laissant place à l'imagination, Arsenicia vint s'asseoir également. Elle avait d'abord pensé choisir le banc le plus éloigné possible de Yenna, mais avait finalement jeté son dévolu sur l'angle du bassin situé à la droite de la Sith. Cela lui permettait de continuer à profiter de la vue extérieure, de voir Yenna ainsi que la seule entrée du onsen.

« Je suis… » commença-t-elle avant de se raviser. Non, elle n'était pas désolée d'avoir cessé de venir. Son devoir avait toujours été sa priorité, et elle ne s'excuserait pas de cela, ni du silence qui avait suivi. « Comment vas tu ? Tu es toujours aussi magnifique... », lui dit-elle en la regardant pour la première fois dans les yeux.

Ce serait mentir de dire le contraire : Yenna était une Hapienne et ces femmes étaient réellement les plus belles de la galaxie. Mais qu'est-ce que la Sith allait voir désormais en Arsenicia ? À l'inverse, la Fay avait changé. De jeune fille sortant de l'adolescence, elle était devenue femme. Son corps avait changé, elle avait même tatoué le blason de l'Ordre sur son bras, et son visage avait perdu de ses rondeurs juvéniles. Ses yeux de chat étaient semblables, mais leur éclat était différent. Ils témoignaient désormais de défis, de défaites et de souffrances vécues, ainsi que, sans doute, d'un bonheur différent de celui qu'elle avait partagé avec la Sith. À sa main gauche, d'ailleurs, la Jedi portait son alliance.

« Ne pas venir m'était impossible », reprit-elle sans quitter la Sith des yeux, sans défaillir, là où autrefois ses joues se seraient joliment colorées de rose et où son regard n'aurait su où se poser. Jadis, elles n'étaient pas sur un pied d'égalité. Aujourd'hui, tout était différent. Elle parlait à Yenna d'égal à égal, sans cette admiration qu'elle avait ressentie par le passé.

« Mais pour la première fois depuis longtemps, j'ignore où tout ceci va me mener », poursuivit-elle. « Je ne suis plus aussi naïve. Qu'avons-nous en commun, aujourd'hui, si ce n'est le passé et des souvenirs ? » lui demanda-t-elle avec une pointe de mélancolie dans la voix.

Nicia répondit en employant le même petit surnom affectueux ridicule que la Jedi avait inventée lors de cette fameuse séance de réflexion. Un léger sourire se dessina sur le visage de la Fay, indiquant une nostalgie sincère alors qu'elle s'installait sur un coin du bassin. La Sith l'imita, s'installa directement sur le coin de bassin le plus proche. Elle avait une vue dégagée sur le paysage et la porte du onsen dans son dos. Signe qu'elle faisait confiance en la Jedi de ne rien craindre de sa part ? Excès de confiance typiquement sith, s'estimant au-dessus de n'importe quelle menace pouvant passer cette porte au point de littéralement lui tourner le dos ? À vrai dire, un peu des deux. Même si les années étaient passées et qu'elles avaient suivies des chemins radicalement opposés, Yenna était prête à passer outre et le montrer par cet air détendue et à priori insouciant, comme si elle se moquait de ce qu'il pourrait se passer. Certaines choses ne changent pas...

La Maître Jedi se coupa en plein milieu d'une phrase dont la Membre du Conseil Noir devina la nature et elle préféra lui demander simplement comment elle allait, complimentant sa beauté en la fixant droit dans les yeux. La Sith lui sourit avec cette même douceur qu'autrefois avant de répondre :

"Tu es magnifique aussi ! Quelques centimètres en plus et quelques kilos aussi... très bien répartie si je puis me permettre !"

Elle sourit en pensant à la Fay d'il y a cinquante ans, à peine sorti de l’adolescence, le visage arborant encore quelques traits enfantins que les premières années dans l'âge adulte auraient bientôt fait disparaître. Yenna, quant à elle, n'avait pas changé. Comme si le temps n'avait plus cours sur elle, figée dans sa prime beauté et au meilleur de sa forme physique comme une sculpture vivante. Elle se souvenait des discussions où la Sith lui avoua être immortelle. Nicia ne l'avait pas crue, pensant sans doute voir là ce même comportement que ceux des jeunes humains s'imaginant invincibles. Mais là, elle avait une preuve on ne peut plus directe...

"Je vais très bien et toi ? Il s'en est passé des choses depuis la dernière fois ! Tu ne m'as pas appelée depuis tout ce temps pour être sûr d'avoir des choses à me raconter maintenant ?"

Dans cette petite pointe d'humour, il y avait le goût du reproche. La Jedi avait coupé les ponts du jour au lendemain après cette promesse de retrouvailles. Aucune communication, aucun message. Comme s'il ne s'était jamais rien passé entre elles. Yenna savait bien qu'il serait très difficile, voir impossible pour Nicia de lui envoyer des nouvelles, mais bon, il n'y avait même pas un bref message pour son anniversaire ou le Jour de Vie... contrairement à la Sith qui essaya de maintenir le contact, mais toutes ses tentatives restèrent dans le vide. Si la Fay n'était pas venue, la Modeleuse en serait venue à la conclusion qu'elle l'ait définitivement rayée de sa vie. Mais elle était là, c'était même une obligation d'après ses dires, sans la lâcher du regard :

"J'ai failli ne pas venir. Au départ, j'ai cru naïvement à cette promesse. J'ai même racheté ce onsen pour être sûr qu'il soit toujours là pour ce grand jour, histoire qu'on ne se retrouve pas sur le parking d'une galerie commerciale quelconque... Mais le temps passe, tu fais la morte mieux que tu ne l'avais sous-entendue et je me suis dit "à quoi bon ? Elle n'aura "pas le temps" ou elle aura simplement oublié." Mais je suis venue. Il fallait que je sois sûr..."

Elle parla d'une voix mêlant tristesse avec une petite pointe d'espoir. La Jedi ne l'avait pas oubliée et cela pouvait dire qu'il avait toujours un moyen de reconstruire ces ponts détruits entre elles, mais Nicia rajouta une couche en disant qu'il n'y avait désormais plus rien entre elle à part des souvenirs et un passé où elle était naïve :

"C'est déjà plus que la grande majorité des gens... Mais je suis sûr qu'on peut en trouver d'autres en cherchant bien... La question est de savoir si tu as envie de te donner la peine d'essayer ou pas ? Et ne me sort pas l'excuse du "Ma loyauté envers l'Ordre m'impose de..." Je veux la réponse de Nicia, pas de la Maître."

La porte s'ouvrit, dévoilant une Zeltrone portant la tunique de l'établissement. Elle portait un plateau avec des boissons et en déposa un verre à côté de chaque femme avant de partir. Le cocktail préféré de la Jedi. Comme quoi, ça peut être utile les souvenirs d'un passé naïf...

L'observation de cette réunion pouvait sembler surréaliste pour un oeil extérieur, même si Zeltros, en raison de sa position géographique aux frontières des trois grandes puissances galactiques, jouait le rôle de terrain neutre. En effet, la scène était peu commune : la Maître de l'Ordre Jedi et une membre du Conseil Noir échangeant simplement tout en profitant de l'onde délicieusement chaude du onsen. La galaxie n'avait probablement jamais été témoin d'un tel spectacle.

Alors que la présence de la Hapienne ravivait des souvenirs mêlés de bons moments passés ensemble, Arsenicia se trouvait partagée entre le malaise et le plaisir de la revoir. Ces souvenirs se mélangeaient aux nouvelles obligations liées à son engagement envers l'Ordre Jedi, créant un conflit intérieur constant pour la Fay. La question qui se posait était de savoir si une amitié entre elles pouvait encore exister malgré les circonstances actuelles. Pendant ce temps, Darth Yenna semblait bien loin de telles préoccupations, affichant un air détendu et plaçant même la porte du onsen dans son dos. Bien qu'elle aurait pu en être insulté, Arsenicia se contenta d'afficher un bref sourire.

La réponse de Lianca, toujours aussi charmeuse, fit lever les yeux au ciel à la Jedi, qui détourna brièvement le regard, ses joues prenant une teinte légèrement rouge. Recevoir un compliment aussi sincère de la part de son aîné était tout à fait différent des nombreuses fois où Cyrène lui avait dit la même chose. Sans doute parce que la Sith avait connu Arsenicia à la sortie de l'adolescence et pouvait donc se rendre compte de la nette différence, après toutes ces années. La suite était un reproche à peine voilé, mais cette fois-ci, les prunelles turquoises d'Arsenicia restaient fixes. La Jedi n'était pas envahie par les regrets ni la culpabilité, même si les paroles de Lianca étaient justes. Alors qu'elle avait maintenu le contact en envoyant divers messages à différentes occasions, Arsenicia était restée silencieuse depuis qu'elle avait pris sa décision.

Et tout comme la Jedi avait failli ne pas venir, la Sith avait été sujette aux mêmes questionnements. Mais elle était venue, finalement, et voilà qu'elles se retrouvaient. Arsenicia n'osait le formuler, mais sa simple présence sur Zeltros voulait tout dire : elle souhaitait, au fond, reprendre contact avec Yenna.

— Tu as réellement acheté cet endroit ? répondit la Jedi, montrant son incrédulité mais sans réelle surprise. C'était typiquement le genre de chose que Lianca pouvait se permettre. Et il était évident que ce n'était pas simplement un caprice, mais plutôt une façon supplémentaire pour la plus âgée de montrer son attachement envers la plus jeune.

La tristesse, dans la voix de la plus âgée, était palpable. Et, à travers la Force, Arsenicia sentait que ce n'était pas pour se jouer d'elle. Lianca était sincère, tout comme la pointe d'espoir qui étreignait son coeur l'était. Toutefois, la Jedi vint réduire cet espoir presque à néant en rajoutant une couche à laquelle Yenna réagit aussitôt. Elle n'avait pas tord, ses propos venant souligner ce que le subconscient de la Jedi lui murmurait déjà. Toutefois, Arsenicia ne pu répondre aussitôt, la porte dans le dos de la Sith s'ouvrant.

Vigilante, les yeux de la Maître de l'Ordre se durcirent brièvement avant de s'adoucir en apercevant une jeune Zeltronne s'approcher. Elle l'avait déjà remarquée à son arrivée et se détendit légèrement, voyant la jeune femme s'approcher du bassin et y déposer des cocktails devant chacune d'elles. En humant le parfum de son verre, Arsenicia reconnut instantanément l'un de ses favoris. Doucement, elle leva un bras hors de l'eau et saisit le récipient, sur lequel un petit parasol en papier était joliment disposé à côté d'une tranche de citron frais. Les saveurs de menthe et de citron chatouillèrent ses papilles dès la première gorgée.

— Tu t'es souvenue de cela, dit-elle en reposant son cocktail. Pour répondre à ta question... reprit-elle, feignant une pensée profonde avant de soupirer. Ma présence ici, malgré tout, est une réponse en soi. Ma tête et mon cœur se livrent une bataille acharnée. Si les miens venaient à apprendre que je t'ai rencontrée et que je n'en ai pas profité pour amputer le Conseil Noir de l'une de ses membre… eh bien, je serais exclu de l'Ordre. Et après cela, les Ombres viendront terminer le travail.

C'était un tableau bien sombre, mais pourtant bien réel.

— Dis-moi comment tu perçois la situation, car je n'ai pas de réponse toute faite. J'ai toujours dit qu'il ne peut y avoir d'ombre sans lumière, ni de lumière sans ombre... Cependant, d'après ce que je sais, tu es étroitement liée à la personne qui ne manquera pas de nous éliminer dès qu'elle le pourra, et il est fort probable que la République agisse de même si l'occasion se présente. Et je ne parle même pas du fait de nous croiser sur un champ de bataille...

Être "étroitement lié" ne rendait peut-être pas justice à la profondeur du lien entre Darth Yenna et Darth Ankh. Et à en juger par le ton d'Arsenicia, il était clair qu'elle n'était pas dupe. Il semblait même y avoir une pointe de… jalousie ?

— J'ai une jeune protégée qui évoque souvent les Je'Daii et la symbolique d'Ashla et Bogan, les deux lunes de Tython. En a tu déjà entendu parlé ?

La Jedi sembla étonnée que la Sith ait racheté ce onsen. Enfin, ce n'était pas vraiment de l'étonnement, mais elle semblait apprécier ce geste montrant que la Sith avait tout fait de son côté pour que leur promesse soit tenue. Yenna était le genre de personne à ne rien laisser au hasard. Beaucoup l'oublient, mais derrière son attitude pour le moins rocambolesque parmi les Sith, se cache des gestes et des paroles qui sont mûrement réfléchis pour atteindre ses objectifs, même si la plupart d'entre eux n'ont rien à voir avec la conquête de la Galaxie et toutes ces activités qui sont l'apanage des praticiens du Côté Obscur. Une autre preuve que Yenna était de bonne foi et qu'elle voulait mettre toutes les chances de son côté pour les retrouvailles se passent bien : Elle s'était rappelé du cocktail préféré de Nicia qui fut apportée par l'une des employées de l'établissement.

La Jedi répondit à la question de Yenna avec une pointe de tristesse dans la voix. Elle était encore persuadée que leur prise de contact ne pourrait que néfaste de son côté, les Jedi se demandant pourquoi elle n'aurait pas profité de l'occasion pour tuer un membre du Conseil Noir. Cela pourrait la faire radier de son poste et les Ombres viendraient "finir le travail". Yenna savait que Nicia avait pris des risques en venant ici, mais l'ironie de la situation était étrange. C'est les Jedi qui sont le plus hostile à une entrevue pacifique. La Hapienne laissa la Fay poursuivre, lui demandant comment, elle, voyait la situation et mentionnant la relation pour le moins très proche entre la Modeleuse et la Reine Éternelle, l'incarnation même du Mal d'après les Jedi... avec une petite pointe de jalousie ? Une réaction qui décrocha un petit mais tendre sourire sur les lèvres de la Sith : Même si c'était elle qui était parti, Nicia n'avait pas totalement tournée la page...

Enfin, vint l'hypothèse, probable en ce temps de guerre, que les deux femmes se retrouvent face à face sur un champ de bataille. Que faire dans ce genre de situation ? Qui allait porter le premier coup pour "garder la face" ? Qui aurait le cran de porter le dernier, sacrifiant ses désirs personnels au nom de la "grande cause" que représentait la République ou le Consortium ? Nicia semblait persuader qu'il n'y avait aucune échappatoire à cette destinée. Pourtant, il existe toujours d'autres solutions. Et puis, d'un coup, la Fay changea radicalement de sujet et demanda si la Sith connaissait la vieille légende je'daii d'Ashla et Bogan :

"Les deux lunes de Tython, l'une représentant le Côté Lumineux et l'autre le Côté Obscur. Je connais cette légende, mais bon, tu sais... l'idéologie sith est passé par là du coup, des éléments ont sans doute été modifiés pour mieux coller avec la vision du monde selon les idéaux mis en avant de part chez moi. Mais je suis curieuse d'entendre la version des jedi. Quand on a les points de vue des deux partis, on acquiert une vision globale des choses. Aussi étonnant que ça puisse paraître, c'est mon Maître qui m'a dit ça il y a bien longtemps..."

Yenna aurait pu répondre aux questions de Nicia ou apporter son opinion sur les points soulevés par la Grand Maître sur leurs retrouvailles, ses possibles conséquences et comment gérer une rencontre sur le champ de bataille. Mais elle n'en fit rien. Elle ne voulait pas interrompre la Jedi sur sa lancée qui prit un tournant plus positif, mais ces paroles n'étaient pas tombées dans l'oreille d'une sourde. Peut-être qu'elle pourrait répondre à son argumentaire plus tard, mais pour le moment, elle ne voulait pas gâcher ce moment, certes un peu étrange, mais agréable. Retrouver son ancienne partenaire lui ramena encore plus d'agréables souvenirs en mémoire. Non, elle non plus n'avait pas réussit à totalement tourner la page. Et voir cette alliance où le reflet de l'eau et la lumière semblèrent se refléter plus fort qu'ils ne devraient...

Mais, pour l'instant, donc, elle laissa le champ libre à son ex-compagne pour qu'elle raconte cette fameuse légende tout en profitant de la situation pour siroter son cocktail en étant bercée du son de la voix de la Fay. Cela lui rappela des souvenirs de leurs nombreuses séances de lecture où l'une lisait quelque chose, n'importe quoi, du roman classique à la nouvelle plus fantaisistes, même une fois le manuel d'utilisation d'un speeder ; alors que l'autre s'était délicatement blotti contre elle en la dorlotant et les bisouillant. Bien sûr, la situation était très différente ici, mais c'était ce qui pouvait s'en rapprocher le plus...

Qu'allait-il se passer le jour où Arsenicia et Yenna se rencontreraient sur un champ de bataille ? La Jedi n'avait pas la réponse, son esprit et son cœur se disputant l'issue de cet éventuel affrontement. Sans doute, les vies en jeu allaient dicter le dénouement de cette rencontre, mais pour l'instant, la Maître de l'Ordre préférait ne pas s'y attarder davantage. Un sentiment partagé par la Modeleuse, qui négligea la première question de la Jedi pour se concentrer sur la dernière, tandis que la Fay interrogeait Yenna sur ce qu'elle savait d'Ashla et Bogan.

Arsenicia ne s'attendait pas à recevoir de Darth Yenna une leçon d'histoire. Cette légende, même parmi les Jedi, était tombée dans l'oubli. Peu s'y intéressaient, considérant ces notions comme obsolètes. La Fay elle-même avait ignoré leur importance jusqu'à récemment, lorsque Viviane avait soulevé le sujet, la poussant à étudier les holocrons évoquant les deux lunes de Tython.

— Des paroles sages, répondit Arsenicia lorsque Yenna cita son maître. Se demandant comment celui-ci avait conclu sa vie, la Jedi n'osa pas poser la question, mais poursuivit : Les deux lunes sont liées à Tython et à l'Ordre qui préexistait aux Jedi que nous sommes : les Je'daii.

Arsenicia épela le mot correctement, sachant que Jedi et Je'daii pouvaient facilement être confondus.

— Les Je'daii percevaient la Force comme trois aspects d'un tout : Ashla, la lumière ; Bogan, l'obscurité ; et le Bendu, l'équilibre. Tu remarqueras qu'aujourd'hui, le Bendu a disparu, tant pour les Jedi que pour les Sith. À la fin, des années après l'invasion de Tython par les Rataka - invasion repoussée par les Je'daii - l'Ordre s'est déchiré. D'un côté, ceux qui croyaient que seule la Lumière devait être utilisée pour défendre la galaxie, s'opposant radicalement à ceux qui puisaient leur puissance dans l'obscurité. Cette opposition a finalement conduit les Je'daii vers ce que l'Histoire a appelé la Guerre de la Force, marquant leur fin et la création de l'Ordre Jedi.

Arsenicia se tut, reprenant son souffle. Elle attrapa machinalement son verre et en prit une gorgée, son regard perdu dans le vide. Elle réalisa alors que depuis des années, elle suivait une philosophie similaire à celle des Je'daii. C'était son propre maître qui lui avait enseigné qu'il ne pouvait y avoir d'ombre sans lumière, ni de lumière sans obscurité, et Arsenicia avait trouvé son équilibre dans ces principes. Viviane, avec ses interrogations, avait éveillé la curiosité de la Maître de l'Ordre jusqu'à ce qu'elle se plonge réellement dans ce sujet, mettant le doigt sur ce qui lui manquait : l'équilibre.

Les yeux d'Arsenicia se posèrent alors sur Yenna. Était-il possible que la balance soit rétablie un jour ? C'était devenu le vœu de la Jedi, même si elle était consciente de l'impossibilité d'effacer des millénaires de conflits.

— Ma protégée n'est qu'une Padawan, mais elle semble être la plus sage d'entre nous. Alors que nous, et nos Ordres, sombrons dans l'opposition, elle parle d'équilibre. En nous observant, toi et moi, et en songeant à notre passé, je me dis que ce n'est peut-être pas impossible. Mais toi, qu'en penses-tu ? demanda Arsenicia, sans colère ni rancœur. — Tu n'as toujours pas répondu à mes questions.

Yenna écouta presque religieusement l'histoire de Nicia sur l'antique ordre des Je'daii. Leur vision de la Force était basée sur trois éléments : la lumière, l'ombre et l'équilibre. La notion d'équilibre se perdit dans l'Histoire et depuis ce jour du premier Schisme, les utilisateurs de la Force ne se regroupent que dans les deux extrêmes, le côté obscur et le côté lumineux. La Jedi mentionna une apprentie qui parlait de retrouver l'équilibre et que cette vision que beaucoup pourraient juger naïve de la part de cette jeune initiée avait trouvée un écho dans les pensées de la Fay et demanda l'avis de la Sith, tout en demandant les réponses à ses précédentes questions sur leurs relations : doivent-elles être ennemies, comme leurs ordres respectifs l'ordonne ? Que ferait-elles si elles se retrouvaient face à face dans une bataille ?

"Tu as oublié ce que je t'ai dit, il y a si longtemps ? Ce sont nos choix qui nous définissent, pas nos affiliations. Nos ordres veulent sans doute que nous nous affrontons ou que nous tentons de nous convaincre de rejoindre l'autre camp. C'est une vision très restrictive des choses induite par des siècles de conflits et un lourd passif entre nos ordres. Mais contrairement à ce que beaucoup affirment tant chez les Jedi que chez les Sith, ce n'est pas une fatalité. La seule fatalité est que tout dépendra d'un choix : écouter notre raison qui nous dicte que nous devons être des ennemies irréconciliables ou écouter notre cœur qui nous laisse entrevoir qu'une autre solution est possible. Le fait que nous soyons en train de boire un cocktail dans un onsen montre qu'aucune de nous ne cherche l'affrontement. Pourquoi ne pas continuer dans cette voie ?"

En effet, pourquoi chercher le conflit ? Parce que "c'est ce qu'on nous a dit de faire dans une telle situation" ? Si Yenna avait suivie l'enseignement des Sith comme tous les autres, sans chercher à faire autre chose que suivre aveuglement son dogme, elle serait une Sith comme toute les autres, ivre de pouvoir et de puissance, s'extasiant de la terreur que la seule mention de son nom provoquerait chez le commun des mortels, se nourrissant de la douleur laissée dans les sillons de sa cruauté et de son sadisme. Mais ce n'était pas la voie qu'elle avait décidé de suivre. Elle but une autre gorgée de son verre en s'imaginant cette fameuse apprentie si sage :

"Ta Padawan est, en effet, bien plus sage que la plupart des Jedi que j'ai croisés. Ironiquement, pour un ordre ayant mis l'ouverture d'esprit et la recherche de la compréhension sur un piédestal, il s'avère étonnement borner à nous considérer comme rien de plus qu'une aberration à éradiquer. Mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir, on ne fait rien de notre côté non plus pour changer cette impression. Pour moi, le côté obscur et le côté lumineux ne sont que des mots. C'est la manière dont on utilise la Force qui définit son emploi de "bénéfique" ou de "négatif". Un éclair peut tuer, mais il peut aussi faire repartir un cœur qui fibrille. La douleur peut servir à torturer ou au contraire à maintenir consciente une personne suffisamment longtemps pour la sauver ou encore..."

Elle usa de la Force sur Nicia, imitant une main posée sur sa gorge avec juste assez de pression pour faire comprendre qu'elle pourrait l'étrangler avant de la faire remonter, lui donnant la forme d'une douce caresse sur la joue avant de descendre peu à peu le long du cou avant de s'évaporer juste avant d'atteindre une destination équivoque. Une illustration équivoque de ses propos délivrée avec un doux sourire. Elle termina son verre et commença à se déplacer dans le bassin, s'approchant du bord face à elle dévoilant le paysage devant elle. Un endroit en apparence calme et tranquille qui semblait à des années-lumière de la guerre et des malheurs qu'elle engendre. Observant l'horizon, elle reprit la parole :

"La paix est un mensonge, il n'y a que la passion. Par la passion, j'ai la puissance. Par la puissance, j'ai le pouvoir. Par le pouvoir, j'ai la victoire. Par la victoire, je brise mes chaînes. La Force me libérera... C'est le Code Sith. Tu remarqueras qu'il n'y est nulle part fait mention de cruauté, d'oppression ou même de violence. Il ne dicte qu'une chose : l'innovation est la clé de tout. Pour Sorzus Syn, la Jedi Noire qui l'a écrit, l'immobilisme de l'Ordre Jedi était son pire ennemi. Aucune volonté d'adaptation, aucune envie de découvrir ce que la Force permettait de faire. Pire encore, toute tentative d'aller au-delà des limites connues étaient mal vue, contraire aux lois naturelles. Comme si soulever des cailloux à distance ou manipuler la volonté des autres n'étaient pas déjà contre-nature... La découverte de la capacité à faire des modifications génétiques via la Force mena au Second Schisme, à l'exil des Jedi Noirs qui découvriront Korriban et deviendront les premiers Sith dans le sens moderne du terme. Les Jedi auraient pu débattre de ces capacités, de leurs caractères morales et éthiques et surtout du raisonnement qui poussa ce groupe de "rebelles" à s'enfoncer hors des sentiers battus, mais ils ont eu peur et ont choisi l'éradication à la compréhension."

C'est une leçon d'histoire qui est généreusement martelée à l'Académie de Korriban : les Jedi ont frappé les premiers. C'est le meilleur moyen pour attiser la haine envers l'Ordre, car après tout, ce n'est que juste vengeance sur un groupe qui a tenté de vous exterminer parce que vous étiez "différents". Uns situation qui se retrouve encore très fréquemment dans la Galaxie.

"Depuis ce jour, les Sith essaient de se venger pour un événement qui s'est passé il y a presque 10 000 ans et qui se répète cycliquement. Ils se contentent de suivre bêtement les pas des générations précédentes, s'efforçant de reproduire leurs erreurs en s'imaginant dans une overdose égotique qu'ils seraient capables de les surpasser. Mais ce n'est pas la solution. Ils ont oublié que le Code Sith lui-même signifie malgré le fait de le répéter à tue-tête à la première occasion : Le changement est la clé. Ne pas avoir peur d'essayer autre chose, ne pas stagner dans les idéologies et les méthodes séculaires. Peu importe si on réussit ou si on échoue, le simple fait de tracer une autre voie fait de nous un meilleur Sith que tous les plus grands conquérants de l'Ordre qui ne font que faire la même chose encore et encore en espérant, qu'un jour, le résultat change."

Elle se tut en fixant de nouveau le paysage, observant un petit village en contre-bas avec des Zeltrons allant et venant dans les rues, parfaitement inconscient d'être observés :

"C'est ce que j'essaie de faire. J'ai rejeté les méthodes séculaires pour essayer une nouvelle voie. Une voie bien moins belliqueuse et qui sait, peut-être qu'elle amènera à un renouveau de l'Ordre Sith, l'ancien ordre balayé pour permettre à un nouvel d'émerger de ces cendres, plus puissant que le précédent, tel que la prophétie du Sith'ari le définit. Ou alors ce sera un échec complet et mon nom deviendra source de moquerie jusqu'à la fin des temps. Mais au moins, j'aurai la conscience tranquille, car j'aurai essayé ce que les autres ont trop peur pour s'y risquer : partir de zéro sur une nouvelle voie."

Elle se retourna vers Nicia, lui souriant tendrement, comme autrefois, avec l'envie manifeste de la prendre dans ses bras et de la dorloter comme avant. Mais elle sut faire preuve de retenue, sachant que là aussi, les choses avaient changées...

Tout cela semblait vain, à moins d'œuvrer dans le but de faire changer les choses dans le prochain millénaire. Et encore, cela semblait trop peu de temps en comparaison des milliers d'années d'histoire commune et de guerre fratricide qui s'étaient écoulées depuis les Je'daii. Toutefois, cela n'empêchait pas Arsenicia de souhaiter connaître l'avis de Lianca sur la question. Que pensait-elle de tout cela, elle qui vivait depuis deux siècles déjà ? Elle qui vivrait encore pour de très nombreuses années. Comment envisageait-elle son avenir ? Au-delà de la guerre, la Fay était réellement curieuse de le savoir.

Sans surprise, tandis qu'elle lui fournissait une première réponse, Lianca lui rappela avoir déjà dit de nombreuses années auparavant que c'étaient les choix qui définissaient une personne, pas son affiliation. Elle les prit pour exemple, mettant en avant le simple fait qu'elles avaient une discussion civilisée en savourant un cocktail, ce qu'une Jedi et une Sith n'avaient sans doute jamais fait auparavant avant elles. Arsenicia baissa alors la tête vers son propre verre tandis que la brune poursuivait, évoquant cette fois-ci la jeune Padawan, Viviane, et le machénéisme dans lequel l'Ordre s'était empêtré depuis des millénaires. Ce constat était toutefois identique pour les Sith, dont le dogme poussait ses membres à toujours rechercher plus de puissance, plus de pouvoir, au détriment des plus faibles. Et, bien sûr, à faire des Jedi des ennemis sans même chercher à comprendre pourquoi.

La soudaine démonstration de Lianca, bien que brève, fit battre furieusement le cœur d'Arsenicia dans sa poitrine. L'adrénaline inondait ses veines et, par réflexe, elle levait déjà une main dans l'unique but de se défendre face à cette agression. Mais déjà, la Sith cessait et lui montrait que son pouvoir pouvait également être doux, comme une caresse sur la joue, avant de jouer avec ses sens en une caresse suggestive qui s'évanouit avant d'atteindre sa poitrine. Loin de s'en émouvoir, la Jedi serra la mâchoire, son regard ne quittant pas Lianca qui s'approchait pour la première fois jusqu'à pouvoir s'accouder au bord du bassin et observer l'horizon. Cette vue qu'Arsenicia avait elle-même admirée en arrivant, un peu plus tôt.

Le code Sith n'était pas inconnu à la Jedi, qui l'avait lu un jour quelque part. Il était vrai que ce dernier n'évoquait absolument pas la violence. Mais la passion dont il parlait n'était certainement pas celle qu'Arsenicia partageait avec sa femme lorsqu'elles se retrouvaient. Il était question de gagner toujours plus de pouvoir, c'était indéniable, et des millénaires d'histoire poussaient les Sith à systématiquement y lire « Par la violence. ». Quant à la puissance qui menait au pouvoir, il était si facile d'y lire la nécessité d'oppresser les plus faibles pour s'élever. Le Code Jedi n'était, toutefois, pas mieux. Là où celui des Sith les poussait à embrasser le pire d'eux-mêmes, celui des Jedi proposait à ces derniers de taire leurs émotions. C'était sans aucun doute ce qui révoltait le plus Arsenicia. Mais puisque l'Ordre poussait également les Jedi à faire preuve de compassion, quelque part, c'était se laisser à ressentir les choses.

Mais Lianca n'avait pas terminé et reprit, évoquant le fait que cycliquement, Jedi et Sith se déchiraient toujours un peu plus. L'un essayait de prendre le pas sur l'autre et vice versa, tel un serpent qui se mordait la queue. C'était un cycle sans fin et il était impossible de nier qu'aucun des deux camps ne souhaitait qu'il ne s'arrête. Ou, du moins, aucun des deux côtés n'était prêt à faire le premier pas.

Ce constat laissait Arsenicia avec un goût de cendre dans la bouche. La seule lumière dans tout cela était les paroles de la brune, qui assurait chercher à tracer un chemin différent et à emprunter une autre voix. Cette capacité à faire ce qu'elle voulait était une chose que la Fay lui enviait. Mis à part les Seigneurs Jedi, aucun membre de l'Ordre n'évoluait de la sorte, en électron libre. Pas à ce point. Et surtout pas elle. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui manquait.

Cela se traduisit par un sourire, toujours un peu triste, mais moins qu'auparavant. Puis, terminant son verre, Arsenicia le posa sur le bord du bassin avant de s'approcher de son ancienne amante pour la première fois. Elle put alors détailler plus aisément son visage inchangé, se remémorant par la même occasion toutes ces fois où elles avaient été si proches. Cette envie de l'étreindre, elle la lisait dans les yeux de Lianca tout comme elle la sentait à travers la Force. Son propre désir pour la brune, en revanche, s'était éclipsé. Mais ce n'était sans doute pas plus mal ainsi, cela n'aurait pas été juste pour Cyrène.

— Une nouvelle voie… songea Arsenicia tout haut. J'aimerais cela.

Elle n'était qu'à un pas l'une de l'autre lorsque son regard turquoise se perdit sur le petit village en contrebas, où la vie était paisible. Si la plus âgée n'avait pas changé, la plus jeune s'était métamorphosée comme une fleur. Et maintenant qu'elles se tenaient à quelques centimètres l'une de l'autre, c'était immanquable.

— Avec un peu d'effort, dans mille ans, nous verrons les prémices d'un changement. Penses-tu cela possible ? Tu es la partenaire rêvée pour une telle entreprise.

Mais l'Ordre Sith et l'Ordre Jedi n'étaient que deux entités prisonnières d'une machine beaucoup plus grosse : le Consortium d'un côté, la République de l'autre. Et depuis trois cents ans, il semblait évident que ni l'un, ni l'autre ne comptait abandonner la galaxie à son opposant. Sans parler de l'Empire, bien sûr, qui était un acteur majeur dans ce conflit embourbé.

Reportant ses prunelles vers Lianca, la Fay pesa le pour et le contre pendant un instant, avant de faire un pas, le dernier, dans sa direction. Guère pudique, elle noua ses bras autour du cou de la brune et, puisqu'elle était plus grande désormais, l'attira contre elle plutôt que l'inverse. Fermant les yeux, Arsenicia soupira longuement tandis que le parfum entêtant de la Matriarche venait chatouiller ses sens aiguisés, avant qu'elle n'ouvre de nouveau les yeux. Sa vue lui parut alors étonnamment brouillée, et elle comprit pourquoi en sentant quelques larmes rouler sur ses joues. Pourquoi pleurait-elle exactement n'était pas tout à fait claire, il y avait tant de raisons qui se boursculaient dans sa tête : Parce qu'elle était fatiguée, parce qu'elle aurait souhaité pouvoir vivre une amitié normale avec Lianca, parce qu'elle avait peur de croiser l'autre femme sur un champ de bataille, parce que cette femme continuerait à être l'une des plus proches collaboratrices de Darth Ânkh, parce qu'elle avait la sensation tenace de trahir son épouse, pour qui le système Matriarcal du Consortium avait été la pire chose dans sa vie. Bien sûr, la brune n'était pas à l'origine de ce système, elle n'était même pas comme les autres… Mais elle l'encourageait en continuant à en faire partie et Arsenicia savait déjà qu'elle ne pourrait jamais évoquer Lianca pour toutes ces raisons.

Mais plutôt que d'en parler, la Jedi le garda pour elle. Sans doute cela se sentait-il dans la Force, mais elle s'en moquait pour le moment et préféra sécher ses larmes d'une main rageuse, avant de remarquer quelque chose qui n'était pas là la dernière fois qu'elles s'étaient vues : un tatouage dans le dos de Lianca.

— Ce n'était pas là la dernière fois, fit remarquer la Fay d'une voix parfaitement maîtrisée en laissant son index glisser entre les omoplates de la plus âgée. C'est très beau, où l'as-tu fait ? s'enquit-elle, se lançant avec une étonnante aisance dans un sujet de conversation si léger, à mille lieues du tourment qu'étaient ses pensées à cet instant précis.

Arsenicia fit quelques pas vers Yenna après que cette dernière fit mention de sa volonté de briser ce cycle de destruction dans lequel Jedi et Sith s'étaient embourbés. La Fay disait croire le projet de la Sith et elle ne voyait personne d'autre pour accomplir cette tâche. Toutefois, combien de temps cela allait-il prendre. La Jedi mentionna directement un millénaire avant de voir du changement, mais en réalité, c'était sans doute une estimation très optimiste pour que la vision de Yenna commence à se concrétiser :

"Un millénaire serait jouable oui... Et ton aide serait inestimable. Malheureusement, avec cette guerre qui dure depuis trois siècles... Personne ne voudra entendre parler de paix, pas après tout ce temps. Ils verraient cela comme si on leur disait que tous ces sacrifices, toutes ces horreurs... tout ça n'auraient finalement servi à rien... Dans cet état d'esprit, le seul retour à la paix possible viendra le jour où cette guerre à trois n'aura qu'un seul vainqueur."

Hélas, c'était la seule hypothèse crédible. Ni l'Impératrice, ni la Chancelière ne peuvent se risquer à se mettre à dos tous leurs supports en cessant tout combat pour se lancer vers la paix. Trop d'animosité. Trop de pression militariste. Depuis trois siècles, certains sénateurs ou moffs avaient bâtis l'intégralité de leur carrière sur la Guerre Éternelle. Oui, c'est un terme que Yenna avait inventé, mais qui collait bien à la situation de ce conflit qui semblait sans fin tant la conclusion semblait inatteignable. Ironiquement, Ankh serait la seule qui pourrait, dans son caractère lunatique qui fait son imprévisibilité, changer sa stratégie du tout au tout et du jour au lendemain. Mais entre pouvoir et vouloir... Certes, la Souveraine Éternelle approuvait l'idée de Yenna bien plus que la Jedi ne devait se l'imaginait, mais elle ne serait en train de lancer ses armées à l'assaut de la République si elle voulait la paix.

La Modeleuse observa Nicia s'approcher, son sourire en coin semblant inviter la Jedi à séparer les derniers mètres les séparant tout en l'encourageant à chaque pas dans sa direction. Elle n'opposa pas la moindre résistance quand les regards se croisèrent, ni quand Nicia passa ses mains autour du cou de la Modeleuse. Les bras de Yenna l'enlacèrent presque instinctivement à la taille, se rappelant de la douceur de sa peau. Les deux visages étaient si proches qu'il suffirait d'un simple mouvement pour réduire cette distance à néant et Yenna n'avait rien contre, mais les larmes roulant sur la joue de la Fay la coupa dans son élan et la ramena à la réalité. Elle discernait ce cocktail d'émotions contradictoires dans l'esprit de la Jedi et celles qui finirent par dominer rappela que c'était sans doute là le rapprochement le plus extrême que la Maître Jedi s'autoriserait.

Ses mains quittèrent à regret la taille de la Jedi. Elle respectait son choix. Elle laissa Nicia sécher ses larmes et qui ne tarda pas à remarquer quelque chose. Quelque chose qui n'était pas là à leur dernière rencontre : un tatouage. Le tatouage que la Modeleuse avait sur le haut du dos, formant un mandala élégant entre ses omoplates et sur ses épaules. Le dessin fut au goût de la Maître de l'Ordre qui demanda, d'une voix désormais calme et maîtrisée d'où il venait. C'était un terrain glissant, car il y avait un lien entre la responsable de cette œuvre et la famille de Nicia... puisque ce n'était ni plus ni moins que sa belle-sœur. Yenna savait que la Jedi était mariée. Elle ne cachait même pas son alliance à son doigt. Cette situation maritale était connue du grand public tout comme son épouse, l'Amiral Solaris, une transfuge hapienne qui quitta le Consortium pour la République et dont plus d'une Matriarche voulait la voir punit pour cette trahison, de préférence d'une manière cruelle, douloureuse et mortelle. Et, ironiquement, sa sœur n'aurait rien contre cette idée.

Non, ce n'était pas une Hapienne patriote et fanatisée, c'était même tout le contraire. Vesper Solaris était aussi un transfuge, s'échappant des sévices infligés par sa propre famille, incluant sa sœur, qui voulait en faire la parfaite membre de harem pour Ankh avec une petite touche d'exotisme en plus du fait de son albinisme. La vie n'a pas été tendre avec elle et de malheur en déboire, elle finit par échouer sur un petit monde dans l'espace mandalorien, tenant un bar qui avait la fâcheuse manie de subir de lourds dégâts de la part d'une clientèle fort peu respectueuse des meubles et des murs et qui boucler ses fins de mois en jouant les chasseuses de primes. Comment les deux femmes se rencontrèrent ? Une longue histoire qui sera peut-être comptée un jour, mais Yenna s'était attacher à elle bien plus qu'elle ne l'aurait dû et maintenant... disons que c'est compliqué.

Le problème, c'est qu'elle ne pourrait pas révéler cette information. Impossible de savoir comment l'Amirale allait réagir à cette révélation et Vesper, qui considère sa sœur comme un monstre cruel responsable de ses malheurs, prendrait bien mal le fait que Yenna ait révélée son emplacement. Mais elle ne pouvait pas mentir non plus à Nicia... Raaaa pourquoi est-ce qu'il faut que ce soit toujours compliqué ?

"Dans l'espace mandalorien. C'est une Hapienne qui l'a réalisée. Une âme forte, mais brisée à la fois. Qui cherche à fuir un passé sordide où elle fut, entre autres, torturée par sa propre famille, mais qui à peur de l'oublier, car la douleur est "tout ce qui lui reste". Fière, elle fait la tête quand elle m'aperçoit en disant qu'elle n'a pas besoin de moi... Parce qu'elle est têtue comme un vieux neurf bougon, mais heureusement pour elle, je suis plus insistante qu'elle et ça se finit toujours bien ! Elle m'est... très proche."

Elle ne pouvait pas en dire plus, mais la Jedi pouvait ressentir un sincère attachement de la Sith envers cette inconnue au talent artistique certain et que cette volonté de rester vague était une tentative de la protéger. De qui ? De Nicia ? De sa sœur ? De ce que Vesper pourrait faire si Cyrène la retrouve ? Un peu tout ça... pourquoi est-ce qu'il faut que ce soit toujours compliqué ?

Mille ans, cela semblait si proche et si lointain à la fois. C'était un avenir à portée de la main, mais qui semblait tout autant inatteignable. Un battement de cil dans une vie qui pouvait se compter en plusieurs millénaires, mais une attente bien trop longue également. Pourtant, en refermant ses bras autour de la brune, Arsenicia se surprit à croire que tout cela était réellement possible et davantage encore lorsque Lianca, sa bouche à quelques centimètres de son oreille, lui avait répondu que son aide serait inestimable pour un tel projet. À travers ses larmes, la Jedi sourit malgré le fait que tout cela n'était que des belles paroles pour le moment. Une telle entreprise, même étalée sur un millier d'années, ou plus, était d'une incommensurable difficulté à mettre en œuvre. Arsenicia ne savait même pas par quoi commencer mis à part un puérile « arrêtons de nous battre » qui ne servirait de toute façon à rien. Lianca avait raison, et même si la Jedi refusait pour le moment de l'entendre, il fallait un vainqueur à ce conflit pour envisager la possibilité d'une réunification entre les deux côtés de la Force.

Et tant qu'Arsenicia avait une attache mortelle aussi importante que son lien avec Cyrène, elle ne pouvait envisager sereinement l'éventualité que ce vainqueur n'était pas la République.

Mais elle n'était pas à cinquante près, si tant est que l'une et l'autre survivent jusque-là.

Tant de pensées moroses étaient autant de raisons à son chagrin, mais après avoir laissé ses larmes couler, la Fay se sentit un peu mieux. Reprendre le contrôle total de ses émotions allait lui demander un peu plus de temps, bien sûr, mais la tempête était passée, permettant sans aucun doute à la Sith de comprendre ce qui la tourmentait tant.

Le tatouage découvert dans le dos de Lianca était un sujet beaucoup plus léger. Il était plus que bienvenu, mais la plus âgée sembla se tendre face à la Jedi, qui se retint de justesse d'hausser un sourcil inquisiteur. À la place, elle recula d'un pas et se permit de faire le tour de la Sith pour mieux admirer le dessin qui était d'une incroyable finesse. Arsenicia se permit même d'en caresser chastement quelques traits, ne descendant jamais sous les omoplates, avant de laisser retomber son bras dans l'eau du bassin. Depuis le début de cette rencontre, c'était bien la première fois que la Matriarche de Lorell était ainsi tourmentée, sentit Nicia. Et, naturellement, la Jedi était curieuse de savoir pourquoi, d'autant plus en comprenant la nature de l'attachement de Lianca envers cette tatoueuse de talent.

Arsenicia commençait à croire que la brune ne lui répondrait jamais lorsque celle-ci se mit à parler. Revenue près d'elle, face à elle, la Jedi écouta attentivement et plus les mots s'échappaient de la bouche de la Sith, plus l'ancienne amirale penchait la tête, pensive, effleurant du bout des doigts une vérité qu'elle n'osait croire. La Force, pourtant, lui murmurait que son instinct tout comme ses déductions visaient juste, et cela expliquait ce qu'elle avait ressenti chez Lianca un instant plus tôt, lorsqu'elle avait posé sa bien innocente question.

— Tu l'aimes, fit la Jedi avec un sourire en coin, guère jalouse et visiblement heureuse pour son ancienne amante.

Cependant, de ce qu'Arsenicia savait des mœurs Hapiennes, la notion d'amour, d'attachement et de fidélité n'était pas la même que celles qui régissaient sa propre existence et celle de Cyrène. Mais seul l'amour était important dans l'équation, le reste n'étant que facultatif. Même la Jedi et son Amirale préférée tordaient les règles comme elles le souhaitaient.

— Je comprends pourquoi tu la protèges, reprit Arsenicia en observant l'horizon. Je ferais la même chose à ta place si les rôles étaient inversés. J'imagine quelle personne elle doit être aujourd'hui après tout ce qui lui est arrivé, poursuivit la Jedi en détournant son regard félin des habitations en contrebas pour plonger ses prunelles dans celles de Lianca, laissant suggérer par ses paroles qu'elle savait qui était cette mystérieuse personne. Ce qu'elle confirma en poursuivant : Lorsque Cyrène a demandé asile, c'est moi qui lui ai fait passer son débriefing. Je revenais à peine d'un long voyage et la Force la mettait sur ma route, s'amusa tout de même la Fay avant de poursuivre d'un ton plus sérieux, empli de sincérité. Elle était seule, méfiante et très consciente que sa seule chance de ne pas terminer sa vie dans une prison républicaine était d'être honnête avec moi. Alors, elle l'a été jusqu'aux moindres détails. Ses fiertés, ses hontes, ses réussites comme ses échecs, ses regrets… Elle les a contés pendant des jours sans rien omettre.

La suite de l'histoire était évidente et n'avait pas besoin d'être racontée : Cyrène avait convaincu Arsenicia de son désir de repentir, et la Jedi l'avait embarquée à bord de sa flotte. Elles étaient devenues amies, puis amantes avant de s'épouser tout récemment.

— Le mal qu'elle a fait à Vesper est sans aucun doute son plus grand regret, reprit Arsenicia après un instant de flottement que seul le bruit de l'eau vint meubler. Ce qu'elle ne pourra jamais se pardonner et qui, semble-t-il, ne sera jamais pardonné non plus, conclut-elle en revenant s'accouder au bord du bassin. Je ne mentirais pas à ma femme au sujet de sa sœur, mais je ne la laisserais pas non plus foncer tête baissée vers quelqu'un qui a toutes les raisons de la galaxie de la vouloir morte. S'il y a bien une personne dans l'univers qu'elle écoutera, c'est moi, l'assura-t-elle avec un faible sourire. Comment est-elle ? Vesper ? Pour que tu craques, elle doit être exceptionnelle d'une façon ou d'une autre, demanda Arsenicia d'un ton beaucoup plus léger et exempt de toute malice.

Il ne fallut pas longtemps à la Jedi pour deviner qui était cette mystérieuse tatoueuse. Yenna avait oublié que son esprit de déduction était des plus acérés et sa réaction passa très rapidement de la surprise à la sérénité du fait accompli quand Nicia mentionna Vesper. Elle expliqua que Cyrène lui avait tout racontée et qu'elle était désolé pour le traitement qu'elle avait infligée à sa propre sœur. La Hapienne était-elle réellement sincère ou avait-elle dit ça juste pour caresser la Jedi dans le sens du poil pour faciliter sa défection envers la République ? Pour l'instant, elle devrait se contenter de la bonne foi de la Fay quand elle affirma les regrets de la désormais amirale de la 9ème Flotte.

Elle semblait vouloir garder le secret de l'origine de cette révélation. Certes, l'Amirale avait certainement entendu parler de Yenna et de ses opinions "divergentes" sur la société hapienne, mais elle restait une Matriarche et une Membre du Conseil Noir. Accepter de voir sa sœur sous la protection d'une telle personne, malgré les rumeurs et les on-dit à son sujet ne serait sans doute pas une raison suffisante de croire que Vesper était en sécurité avec elle. Mais la Jedi demanda à en savoir plus sur sa belle-sœur et notamment ce qui a fait craquer la Sith à son sujet :

"Honnêtement, la première fois que je l'ai vue dans cette tanière de Krayt sur Tatooine, je ne suis pas tombée sous le charme avec un coup de foudre soudain comme dans les holos. Même si je trouvais qu'elle avait déjà un physique des plus... attrayants, je ne m'imaginais rien de plus privé avec qu'une simple nuit de folie avec elle. Puis, j'ai perçu toute cette douleur en elle. Toute cette haine aussi. Tu me connais, j'ai un faible pour les gens avec un passif... compliqué. Mais, forcément, à cause de lui, tu t'imagines bien que la discussion fut des plus limitées. C'est à peine si j'ai réussi à la convaincre de ne pas me tirer dessus avec son disrupteur et de partir chacune de notre côté sans demander notre reste."

Yenna observa le paysage en se remémorant les souvenirs de cette première rencontre. Elle poussa un léger soupir rempli d'une certaine tristesse avant de reprendre :

"Tu sais que c'est moi qui ai tué la Matriarche Solaris ? Leur arrière-grand-mère... Cette garce méritait cent fois pire et à l'époque, je me moquais bien de ce qui pourrait arriver à sa famille. La haine et la colère embrument l'esprit, tu le sais bien... Elle ne s'en est jamais relevée. Avec le recul, quand j'ai su exactement qui était Vesper, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que j'étais partiellement responsable de ce qui lui était arrivé. Sans moi, sa mère n'aurait sans doute pas eu cette idée tordue d'en faire une servante de harem parfaite pour retourner dans les bonnes grâces de la cour et de la Reine. Peut-être que c'était une façon de racheter ma faute que de prendre soin d'elle. Du coup, j'ai un peu forcé le rapprochement en lui offrant du travail, en proposant quelques produits pour l'aider à rester en bonne santé malgré ses petites particularités... Au final, elle a insisté pour m'offrir un tatouage, en guise de "paiement" pour tous ces services."

Nouveau soupir, cette fois plus chaleureux, tournant le regard vers la Jedi avec un petit sourire :

"Cette séance a été le moment d'une véritable discussion à cœur ouvert. La première vraie discussion qu'on a eue en fait. Derrière toute cette colère et cette haine, j'ai découvert une détermination à toute épreuve et une rage de vivre que je n'avais pas vu depuis longtemps. Après tout ce qu'elle avait vécu, elle refusait de baisser les bras. La plupart des gens auraient fini de s'autodétruire après ce genre d'épreuves, mais pas elle. Je pense que c'est là où j'ai eu le déclic. Ce jour-là, elle est devenue, malgré elle, irrésistible. Et mes mots ne lui ont pas étaient indifférents non plus. J'étais, je suis toujours, l'incarnation de ses pires cauchemars. Et pourtant, l'improbable a eu lieu. On s'est rapprochées, et rapprochées, et rapprochées... Et aujourd'hui... Le premier qui lui touche à un seul de ses cheveux préférera se jeter de lui-même dans les profondeurs du Néant plutôt que de rester une seconde de plus avec moi."

La dernière partie de la phrase fut dite dans un ton bien plus sombre. Elle ne plaisantait clairement pas et la Jedi ne pouvait qu'imaginer ce qui pourrait arriver sur la personne responsable d'une telle chose. Après tout, si Cyrène lui avait raconté cet épisode familial, Yenna avait tué son arrière-grand-mère en un baiser qui lui avait dissous la moitié du visage et la gorge... Mais la Sith décida de ne pas en dire davantage et de changer le terme de la discussion. Elle se déplaça subtilement dans le dos de la Jedi et plaça ses mains sur les épaules avant de commencer un léger massage à l'objectif flagrant. Non, on parle de diversion vers un sujet plus léger. La dame est mariée maintenant, enfin...

"Je change de sujet de manière éhontée ! Il ne faudrait pas que ton imagination travaille trop et creuse davantage le sujet..."

Elle poursuit son massage en se concentrant sur les épaules et la nuque de la Jedi, descendant parfois entre les omoplates, mais pas plus loin, ramenant d'autres souvenirs de dizaines de situations similaires vécues par les deux femmes dans le passé, dont certaines bien moins chastes... Elle approcha la tête d'une des épaules, poursuivant son massage et lui parlant doucement à l'oreille :

"J'adore cette vue. Zeltros à l'air si calme et paisible vue d'ici alors qu'en fait... Ce n'est jamais vraiment calme ici ! Siyah est du même avis que moi. Elle insiste toujours pour avoir cette vue quand on vient ici. Et si je me souviens bien, le village d'origine d'Anaka est dans cette direction, vers les montagnes. Il faudrait que je la convainque d'aller rendre visite à sa famille, elle ne l'a pas fait depuis, longtemps..."

Ce n'étaient pas deux noms lancés au hasard. Oui, c'était bien des membres du harem de la Hapienne, mais pas n'importe qui. Il s'agissait de deux anciennes Jedi. Anaka était l'ancienne padawan de l'ancien Maître Diplomate qui avait rejoint le Côté Obscur après que Yenna lui ait démontrée au cours d'un débat pacifique et passionné entre les deux femmes que ce n'était pas un générateur de peine et de souffrance, mais un catalyseur de ses pulsions enfouies au plus profond de soi, offrant une liberté absolue. Donc pas nécessairement une chose foncièrement maléfique comme on l'enseigne au Temple. Une Zeltrone qui grandit auprès d'un maître reconnu pour son ascétisme extrême, sans moyen de libérer ses pulsions inhérentes à son espèce... Disons que ce fut un argument efficace pour l'inciter à franchir le pas. Désormais, c'était une Darth qui était la diplomate personnelle de Yenna au sein de sa Loge.

Siyah était un cas particulier. Cette guérisseuse jedi fut capturée par des esclavagistes qui l'asservirent pendant des années en tant qu'objet de "réconfort". Spécialistes dans la traque des sensitifs, ils finirent par tomber sur plus gros poisson qu'eux et attirèrent l'attention de Yenna qui ne se priva pas de laisser ses bêtes les mettre en pièces avec une violence et une brutalité sans commune mesure. Elle découvrit la Miraluka jedi entourée d'ysalamari et décida de la sauver. Curieusement, elle n'avait pas en tête de l'asservir à son tour ou de se servir de cet événement pour le moins traumatisant pour la faire basculer dans le Côté Obscur. Au contraire, elle la soigna et lui proposa même de la ramener chez les siens. Mais elle refusa. Elle avait développé un ressentiment profond pour les Jedi, estimant qu'ils l'avaient abandonnée à son sort. Cependant, elle ne renonça pas au Côté Lumineux et proposa ses services en guise de remerciement.

Une Jedi fidèle à une Sith. Encore une preuve que la Modeleuse ne faisait rien comme tout le monde. Et étrangement, un exemple concret que malgré leurs différends, Sith et Jedi pouvaient non seulement coexister, mais vivre ensemble. Une illustration parfaite de la vision de Yenna sur la Force : les deux Côtés ne sont rien de plus que des mots. La Force en elle-même n'est ni lumineuse, ni obscure, c'est son utilisation qui détermine si on est du "bon" ou du "mauvais" côté de la barrière. Quelque chose de très semblable à l'ancienne philosophe jeedai que Nicia évoqua plus tôt...

S'il existait un sujet sensible pour Cyrène, c'était bien celui de sa sœur aînée. Arsenicia se souvenait parfaitement du débriefing de la transfuge et de la façon dont elle avait expliqué tout ce qu'elle avait fait d'horrible à l'albinos. À l'époque, la Jedi n'avait pas eu besoin que la Hapienne explicite ses sentiments à l'égard de Vesper pour savoir qu'elle s'en voulait terriblement et qu'elle regrettait amèrement le lourd traitement qu'elle avait fait subir à sa sœur. Malheureusement, il était déjà trop tard à l'époque et Cyrène ne pouvait que vivre avec ses regrets et, sans doute, sa colère envers elle-même. Celle-ci s'était quelque peu apaisée avec le temps, Arsenicia n'étant guère étrangère à ce fait, mais la Jedi savait que son épouse n'était pas prête à se pardonner.

À présent, la Maîtresse de l'Ordre avait la certitude que Vesper était en vie. Sans doute aurait-elle dû se méfier des paroles de Darth Yenna, qui restait une Sith. Mais en écoutant celle-ci parler et lui conter leur première rencontre, Arsenicia ne sentait aucune malice, aucun piège. Au contraire, Lianca semblait triste en se remémorant ses souvenirs alors que la Jedi était pendue à ses lèvres. Cyrène avait déjà décrit Vesper, mais celle-ci apparaissait sous un jour nouveau grâce aux mots de la brune.

Ce à quoi Arsenicia ne s'attendait pas, en revanche, était la confession de la Matriarche. C'était elle qui avait tué l'arrière-grand-mère des deux sœurs, plongeant de ce fait la famille Solaris dans la disgrâce. La Jedi ne fit aucun commentaire moralisateur, comprenant aisément que la colère ait pu pousser Yenna à prendre une vie. Cela pouvait paraître étrange venant d'une Jedi, mais Ombrelune n'était pas hypocrite : elle embrassait ses émotions aussi certainement que Yenna. Comme elle, elle était sujette à la colère ou la haine. C'était leurs actes, au final, qui les différenciaient réellement l'une de l'autre. Mais au fond, Arsenicia savait que si quelqu'un menaçait la vie de Cyrène, il y avait de fortes chances qu'elle franchisse LA ligne.

Ainsi, Yenna était-elle réellement responsable ? Arsenicia ne le pensait pas. De ce qu'elle connaissait de l'histoire, la mère des deux sœurs restait seule responsable de son échec. Elle aurait pu agir différemment et le sort de sa famille l'être tout autant.

Finalement, la Matriarche conclut son court récit sur une mise en garde prononcée d'une voix beaucoup plus froide. L'avertissement n'était pas à prendre à la légère et Arsenicia se promit de ne pas l'oublier. Toutefois, étrangement, cela fit également doucement sourire cette dernière. La Jedi n'utiliserait jamais ce genre de mot pour s'exprimer, mais Yenna et elle avaient ce point en commun.

Laissant Yenna venir dans son dos, la Fay se tendit en sentant cette dernière la toucher. Mais la Force restait calme et la Jedi se détendit légèrement, laissant la Matriarche parcourir ses épaules et le haut de son dos de ses doigts experts, il fallait bien l'admettre.

« Quelle subtilité. » s'amusa Arsenicia d'un ton léger, signe qu'elle se détendait enfin réellement. « Je ne te poserais pas plus de questions sur ce sujet. » promit-elle ensuite.

Fermant les yeux, la Fay profita du massage improvisé, penchant même légèrement la tête vers l'avant. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pris un moment pour elle ? songea-t-elle. Il lui fallait profiter de son passage sur Zeltros pour se faire masser de la tête aux pieds. Toutefois, cette réflexion n'alla guère plus loin, Yenna tirant la Jedi de ses pensées futiles en évoquant deux noms.

Deux noms qui, quelque part, évoquaient quelque chose dans les souvenirs épars de la Jedi. Celle-ci fronça les sourcils, se coupant totalement de la sensation des doigts de la Matriarche sur ses épaules, afin de penser plus clairement. La Force lui murmurait que ces deux noms n'avaient pas été prononcés par hasard, et Arsenicia était d'accord sur ce fait. Celle-ci saisit donc les mains de Yenna, sans se retourner, afin que celle-ci cesse tout mouvement. Puis, doucement, elle les relâcha. Cela permit à la Jedi de se tourner et faire face à la Sith.

« Cela ne pourrait être que des noms, mais quelque chose me dit qu'ils ont rapport avec deux Jedi. » Les prunelles d'Arsenicia étaient d'un calme limpide, comme le ton de sa voix. Il n'y avait nul reproche, simplement une constatation. « J'ai enseigné à une novice qui s'appelait Siyah. Une Miraluka qui est devenue soigneuse en grandissant, exactement comme moi. Elle a disparu un jour sans que l'on réussisse à retrouver sa trace. Elle n'est pas morte, n'est-ce pas ? »

La Jedi ne dit rien de plus, mais la façon dont elle regardait Yenna était équivoque.

Évidemment que Nicia avait raison. Ces noms, qui la fit réagir en se retournant pour être face à Yenna, les yeux dans les yeux, étaient bien ceux de deux anciens Jedi. Elle mentionna plus spécifiquement la Miraluka qui était une de ses novices et qui avait disparu. Les Jedi avaient tenté de la sauver, mais sans résultat, finissant par croire qu'elle était morte. Et ce n'était pas le cas. Toujours les mains autour du cou de la Fay, la Sith les remonta doucement, avec la légèreté d'une caresse, jusqu'aux tempes de la Grand Maître. Elle posa son front délicatement sur le sien, ses yeux mauves rivés sur leurs comparses azurés avec toujours plus de profondeurs. Son esprit essaya de se lier à celui de Nicia, attendant patiemment qu'elle lui autorise à venir dans sa tête :

"Il vaut mieux que je te montre..."

Laissez une Sith rentrer dans votre tête ? En temps normal, c'est du suicide, mais Yenna n'avait aucune intention hostile envers Nicia. Elle ne voulait pas lui soutirer des informations, modifier le flot de ses pensées ou une joyeuseté du genre. Elle voulait simplement partager quelques souvenirs et une fois que la Jedi donna son accord, le monde extérieur devint de plus en plus flou, laissant le souvenir prendre le pas sur la réalité jusqu'à finalement s'y substituer entièrement...

Le cadre idyllique du onsen fut remplacer par un sas de vaisseau. Les alarmes hurlaient, les lumières rougeâtres baignant la pièce. Des sifflements reptiliens se firent entendre. Yenna étaient en compagnie de quatre de ses créatures, ses fameux raptors, devant leur nom à leur apparence similaire à l'antique créature du même nom, dont la lumière des alarmes faisait luire les écailles avec des reflets étrangement esthétiques. Mais pas le temps d'en profiter plus longuement. La porte s'ouvrit, dévoilant un individu qui n'eut pas le temps de réagir face à ces deux lézards qui lui sautèrent dessus dans l'instant, lui offrant une mort aussi rapide que violente.

Un peu de contexte : Ce cargo moyen que la Sith venait d'aborder était le vaisseau d'un groupe d'esclavagistes spécialisé dans la traque de sensitifs. Écumant l'Espace Hutt et la République, ils prirent la confiance jusqu'à attaquer des vaisseaux sith. C'était l'APEX qui avait donné leur emplacement. L'APEX n'a rien contre l'esclavage, mais même pour lui, ce groupe était aller trop loin et Zarseen demanda à Yenna si elle pouvait s'en occuper en échange d'un service que le Triumvirat honorera plus tard. Un partenariat mutuellement bénéfique entre l'organisation et la Modeleuse. Évidemment que la brune accepta.

Nous revoilà donc dans ce cargo où les créatures de Yenna ne firent qu'une bouchée de l'équipage. Ils étaient peut-être spécialisés dans la traque des sensitifs, mais un membre du Conseil Noir et ses créations étaient des cibles d'un tout autre niveau. Les prédateurs se changèrent en proie. Yenna parcourut les coursives, l'esprit de plus en plus bouillonnant et découvrant les différents "outils de travail" et ressentant les échos de la Force de tous ceux qui passèrent dans ces pièces. Inutile de dire que le chef du groupe passa un très, très mauvais moment quand ils se retrouvèrent face à face. C'est alors qu'elle remarqua quelque chose émanant d'une pièce, ou plutôt une absence de chose... La salle était coupée de la Force, comme si un champ de négation la rendait imperméable à cette dernière. C'était plus que suspect et la Sith entra à l'intérieur. Ce qu'elle y découvrit...

Déjà, des ysalamari, le "secret" de ces traqueurs. Des créatures produisant une bulle autour d'eux où la Force ne pouvait pas pénétrer. Mais plus encore, il y avait un lit et sur ce lit, une personne. Une Miraluka. Impuissante et aveugle en raison de l'absence de Force dans la pièce. Nicia n'aurait aucun mal à la reconnaître, même si elle était dans un état... lamentable et particulièrement dégradant. Inutile d'être un expert pour deviner pourquoi l'équipage l'avait gardé et ce qu'il lui faisait. Depuis combien de temps, cette pauvre âme subissait ça ? Elle aurait la réponse plus tard : des années. Le chef du groupe, encore vivant, passant de nouveau un très mauvais moment avant de finalement servir de collation aux créatures de la Sith avec pour ordre de "manger lentement et de garder le repas en vie le plus longtemps possible."

Pendant ce temps, Yenna s'occupa de mettre ces petits ysalamari dans des cages spéciales où leur capacité ne serait plus un problème. Elle aurait pu les tuer, mais ces pauvres créatures ne faisaient rien de mal et puis elle n'allait pas cracher sur quelques nouvelles acquisitions si gracieusement offertes. Elle rassura également l'occupante involontaire des lieux qui répondit par un mutisme absolu et compréhensible, même si le fait d'entendre une voix de femme dire que tout était fini et que plus rien de mal n'allait lui arriver ne la laissa pas indifférente. Plus les petits lézards étaient mis en cage, plus la Force recommença à inonder cette salle. Yenna découvrit que la Miraluka rayonnait dans le côté lumineux, une Jedi. La Miraluka recouvra peu à peu la vue et son lien avec la Force pour découvrir que sa sauveuse était une Sith. Une peur tétanisante commença à l'envahir. Qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter de souffrir encore plus ? Pour la calmer, Yenna usa de la Force pour l'envoyer dans un profond sommeil avant de quitter le vaisseau avec ses créatures et la pauvre captive dans les bras. Elle fit ensuite réduire ce dernier en poussière, ne prenant même pas la peine la considération de vouloir conserver dans ses possessions un tel lieu.

Le reste des souvenirs fut plus léger. Yenna ramena la Miraluka chez elle. Elle prit soin d'elle en la remettant sur pied. Son corps fut simple à soigner. Son esprit... Disons que même avec la Force et un suivi exceptionnelle, un esprit ne se remet pas d'un tel traumatisme d'un claquement de doigts. Il y avait aussi la dimension "idéologique" à prendre en compte. Une Jedi captive d'une Sith. Pourtant, Yenna ne tenta pas une seule fois de l'attirer vers le Côté Obscur. Pas une seule fois, elle ne profita de la situation, n'étant que douceur et bienveillance. Le mutisme de la Miraluka s'évanouit peu à peu, révélant son nom : Siyah. Avec le temps, elle commença à parler, révélant sa fonction de guérisseuse et comment elle fut capturée. Elle avait perdu la notion du temps et elle fut choquée de voir que cela faisait des années. Les Jedi n'étaient pas venus la sauver... Yenna aurait pu en profiter, mais là encore, elle n'en fit rien. Elle expliqua même que des Jedi étaient sans doute en train de remuer toute la Galaxie pour la retrouver, aujourd'hui encore, mais que la Galaxie, par définition, était gigantesque. Elle lui proposa même de la déposer sur un monde de son choix pour recontacter les Jedi, dès qu'elle le voudrait.

Une Sith aussi bienveillante ? C'était presque trop beau pour être vrai, mais pourtant, cette révélation, mêlée à l’arrière-goût de ses sévices, fit mûrir une profonde aversion longtemps couvée chez Siyah envers les Jedi. On lui avait dit qu'elle serait toujours en sécurité, que l'Ordre tout entier était dévoué à elle tout comme elle était tout entière dévouée à l'Ordre. Et pourtant, il n'a pas été là pour la sauver de plusieurs années dans les ténèbres, son corps usé et abusé à répétition par ses tortionnaires, son esprit de plus en plus brisé et réduit à néant... Même là encore. C'était une Sith. UNE SITH ! Une personne appartenant à l'ordre représentant le mal absolu, qui l'avait sauvée. Un tel paradoxe chamboula l'esprit de la guérisseuse pendant un bon moment.

Mais le temps fit pencher la balance du côté de Yenna. La cordialité se mua peu à peu en amitié au fur et à mesure que l'esprit de Siyah pensait ses plaies. Elle était toujours fidèle à la Lumière, mais elle s'éloignait de plus en plus des Jedi. Et arriva enfin ce jour où elle vint voir Yenna dans son bureau, plus rayonnante que jamais, son aura brillante d'une détermination retrouvée. Elle lui annonça qu'elle ne voulait pas revenir chez les Jedi. Qu'il n'y avait plus rien pour elle là-bas. Non, elle annonça que, même si elle ne voulait pas devenir sith ou rejoindre la Loge de la Modeleuse, elle lui offrait sa loyauté éternelle. Yenna s'approcha d'elle, prit délicatement ses mains et, toujours avec ce regard bienveillant, lui demanda si elle était sûre de son choix. Aucun retour en arrière ne serait possible. La Miraluka sourit et vint déposer un baiser sur les lèvres de la Sith. C'était une promesse. Une promesse d'abandon total de son sordide passé pour embrasser pleinement un nouvel avenir radieux.

La vision s'arrêta là. Le luxe et la sérénité de la demeure de Yenna s’évanouissant dans les airs pour revenir dans l'onsen. La Sith et la Jedi étaient toujours le front collé, se fixant dans les yeux. Les mains étaient dans la même position que dans la vision. La Sith reprit pleinement ses esprits en premier et sourit :

"Elle est on ne peut plus vivante..."

Arsenicia avait peu d'amis, c'était un fait. Mais la quantité ne valait certainement pas la qualité, à son humble avis. Cependant, elle avait de nombreux collègues, des Jedi dont elle était plus proche parce qu'ils avaient un rôle semblable. Cela avait été le cas avec Siyah, pour le peu de temps qu'elle l'avait côtoyé. Les guérisseurs étaient des gens dont la compagnie était agréable à la Maîtresse de l'Ordre, et leur savoir-faire était inspirant. Sa disparition avait touché la Fay, autrefois. D'une façon différente, sans aucun doute, que les plus proches amis de cette dernière. Arsenicia avait toujours eu une approche de la mort différente, de toute façon. Cela n'avait rien d'étonnant pour un être qui pouvait vivre éternellement, à moins que l'on fauche sa vie avec une arme.

Yenna n'avait sûrement pas choisi d'évoquer cette Jedi par hasard. Arsenicia n'y croyait pas un instant. Avait-elle voulu lui faire du mal ? Ou, au contraire, lui monter encore une fois qu'il était possible de cohabiter ? La Jedi préféra croire à cela plutôt qu'à la première option, et laissa la Matriarche de Lorell poser ses mains sur ses tempes. Lui ouvrir son esprit était une idée aussi stupide que dangereuse. La Fay connaissait trop de secrets. Mais manipuler la Force était sans aucun doute sa principale faculté, et elle n'eut donc aucune difficulté à mettre de côté tout ce qu'elle voulait garder pour elle et le cacher soigneusement derrière un mur impénétrable. Leurs fronts l'un contre l'autre, leurs souffles s'entremêlaient dangereusement. Trop, au goût d'Arsenicia, qui sentait la tentation se jouer d'elle. Mais cela aussi, elle le dissimula derrière son rempart mental.

Elle scruta alors les prunelles améthyste, y trouvant la douceur d'autrefois et l'absence d'idée belliqueuse. Tout ceci pouvait aussi bien être un piège, et Arsenicia être bien trop naïve. Mais la Jedi choisit d'y croire, encore une fois, et ouvrit doucement son esprit à Yenna. Juste ce qu'il fallait pour qu'elle déverse en elle les souvenirs qu'elle souhaitait lui montrer.

Le onsen disparu bientôt, laissant sa place au froid d'un vaisseau. Les alarmes hurlaient, rappelant à Arsenicia de nombreux souvenirs, alors qu'elle donnait des ordres sur le pont du Helios Ascendant. Mais elle ne s'y trouvait pas, et il ne s'agissait pas d'un vaisseau Républicain. Il émanait de cette Yenna du passé quelque chose de dérangeant et d'hypnotisant, alors que ses créatures du côté obscur se jetaient sur leur proie. Elle n'envia pas le sort du malheureux, imaginant sans mal la douleur procurée par les crocs et les griffes acérés des deux monstres.

Le souvenir se poursuivit. Yenna pouvait certainement sentir les réactions d'Arsenicia à mesure que le « film » se déroulait sous ses yeux. Si une certaine répugnance se fit sentir au départ face à la violence de la Sith, celle-ci fut remplacée au fur et à mesure par une sensation plus froide, par une colère sourde. Les Jedi aimaient rappeler que la colère menait au côté obscur, et la Maîtresse de l'Ordre aimait répondre qu'il n'y avait pas de lumière sans obscurité, ou d'obscurité sans lumière. Tout était une question d'équilibre, et la Jedi avait le droit d'être en colère face à l'inhumain. Elle savait donc qu'elle aurait passé les responsables au fil de son sabre laser sans éprouver de remords. Une facette sombre de sa personnalité qu'elle avait apprise à assumer.

Le « film » se poursuivant, Arsenicia découvrit les conditions de capture de Siyah. C'était révoltant, mais à aucun moment, elle ne chercha à « détourner les yeux » de ce que la Sith lui montrait. Bien au contraire. Puis, elle sourit, doucement, en entendant la douceur dans la voix de Yenna. Sans doute l'aurait-elle cru également si elle avait été à la place de la Miraluka.

Le souvenir ondula légèrement lorsque Yenna passa à la suite. Il en émana aussitôt une sensation plus joyeuse. D'une certaine façon, Arsenicia découvrit la demeure de la Matriarche. Elle était curieuse d'en voir plus, mais se concentra sur les images offertes par la Sith. Elle assista au rétablissement de Siyah, à qui aucun mal supplémentaire n'avait été fait, et découvrit sa déception en comprenant que l'Ordre ne l'avait pas retrouvé alors que tant d'années s'étaient écoulées. Naturellement, Arsenicia chercha dans sa mémoire où elle avait bien pu être à cette époque. Cela ne prit qu'un instant. Elle était sur Nanth'ri quand Siyah avait été enlevée, bien occupée à essayer de sauver cette planète et ses habitants des méfaits du Côté obscur, des bribes d'images et de souvenirs s'entremêlant soudainement à ceux de Yenna avant que la Jedi les remette sous scellés. Pendant un bref instant, Nicia se sentit mal. Puis, elle se rappela qu'elle ne pouvait être partout et n'était pas responsable de ce qui était arrivé à Siyah. À l'époque, une tâche lui avait été confiée et l'avait accaparée durant des années, avant qu'elle ne prenne le temps dont elle avait besoin et quitte le giron de l'Ordre pour un certain temps. Ce qui était arrivé à la Miraluka était tragique, horrible et impardonnable, mais n'était en aucun cas sa faute. Et Arsenicia, bien qu'elle soit médecin, n'avait pas le complexe de Dieu. Tout ce qu'elle pouvait faire était de remercier Yenna pour ce qu'elle avait fait. Et elle ne pouvait pas lui en vouloir, ni en vouloir à Siyah d'être restée sur Lorell.

La vision cessa peu après, sur l'image d'un chaste baiser. Arsenicia rouvrit les yeux, son front toujours appuyé contre celui de la Dame Sith. Elles se fixaient sans un mot, laissant le temps nécessaire à la Fay pour assimiler cette nouvelle vérité.

« Elle a trouvé sa lumière. Je ne peux pas souhaiter autre chose pour elle que cela. »

Même si cette lumière brillait au cœur d'un monde Sith. Même si la Miraluka s'était éloignée de l'Ordre. Arsenicia vint sourire à son tour, s'éloignant d'un pas. Elle n'avait pas besoin de demander à Yenna de prendre soin de sa protégée, elle le faisait déjà. Pas plus qu'elle ne souhaitait interférer dans la vie de la guérisseuse en demandant à la brune de porter un message, même aussi simpliste que « je suis heureuse de te savoir en vie. ». Siyah avait fait le choix de s'éloigner de l'Ordre et, quelque part, il aurait été cruel, mais également effronté, de revenir vers elle après tout ce temps.

S'éloignant vers le bord du onsen, Arsenicia esquissa un sourire vers Yenna. « Pour te remercier, laisse-moi t'inviter à dîner ce soir. » lui dit-elle en montant les marches, dévoilant son corps sans pudeur à mesure qu'elle les gravissait. Son dos musclé, marqué ici et là de la morsure d'un sabre ou d'un tir de blaster, ainsi que ses longues jambes athlétiques ou ses fesses musclées. La remercier était sans aucun doute une excuse pour partager un repas avec elle, mais la Fay ne comptait pas affirmer ou infirmer cette hypothèse. Elle récupéra sa serviette et la noua finalement autour de sa poitrine en se tournant d'un quart vers la Dame Sith, dévoilant des courbes qui n'avaient plus rien à voir avec celles de son adolescence et son passage à l'âge adulte, quand elles s'étaient connues. « Tenue soignée mais confortable exigée. Je ne sais pas où tu as choisi de rester, mais je pense n'avoir aucun mal à te trouver. Sois prête à 19h. »

Et sur ces dernières paroles, elle disparut.

**
*

19h arriva rapidement. Arsenicia n'avait pas d'hôtel et encore moins de chambre, mais pouvait prétendre à un confort tout aussi excellent à bord du Morning Mist. Elle s'y doucha et se changea, passant un temps considérable à choisir la tenue adéquate pour ce fameux restaurant. Elle jeta finalement son dévolu sur une chemise en satin aussi bleue que l'étaient les mèches de ses cheveux, qu'elle accompagna d'un pantalon près du corps noir, d'une veste assortie et de chaussures à léger talon. Grande comme elle l'était, elle n'avait pas besoin de davantage pour dominer tout le monde de plus d'une tête.

Elle traversa ensuite le Morning Mist jusqu'à la soute, dont elle ouvrit la porte avant de se diriger vers les quatre moto-jet qui étaient parfaitement alignés. Elle choisit celle qui était la plus confortable pour un passager et l'enfourcha avant de sortir une paire de lunettes de soleil de style aviateur de l'intérieur de sa veste, qu'elle posa sur son nez. Le soleil était bas à cette heure et Arsenicia préférait éviter d'être ébloui par ce dernier.

La moto-jet filait à toute allure tandis que la soute se refermait derrière la Jedi. Le sabre laser de cette dernière était rangé dans un compartiment discret de l'engin, laissant sa taille quelque peu « nue » et les pans de sa veste claquant au vent. C'était une sensation qu'Arsenicia appréciait et savourait à sa juste valeur, une sensation de profonde liberté étreignant son cœur. Ce n'était qu'un placébo, mais elle tenta de ne pas y penser et chercha la piste de Yenna dans la Force, ce qu'elle trouva sans difficulté.

En arrêtant la moto-jet devant l'imposante bâtisse, la Jedi compris que Yenna s'était offerte une résidence secondaire sur Zeltros. Pas très surprenant. Un pied de chaque côté de l'engin, Arsenicia relâcha les commandes et se pencha légèrement en arrière. Une main sur le siège passager, elle fit croître sa présence dans la Force jusqu'à être certaine que la Dame Sith ne pouvait pas la manquer. Une façon de sonner à la porte, en quelque sorte. Et lorsque celle-ci arriverait, elle n'aurait qu'à l'aider à grimper derrière elle avant de filer vers leur destination finale.

La Sith resta attentive aux réactions de la Jedi durant ce partage de souvenir. Elle sentit la répugnance de l'emploi du Côté Obscur se muer en colère face à la situation où la Modeleuse trouva la Guérisseuse. Elle sentit cette noirceur s'apaiser au fur et à mesure du rétablissement de Siyah, même si son souhait de ne pas retourner parmi les Jedi la chamboula quelque peu, ou alors est-ce que c'était ce baiser chaste, symbole d'une allégeance pour le moins atypique qui la surprit ? La vision se termina et Nicia eut l'air satisfaite de son dénouement, au point où elle invita la Sith à un dîner alors qu'elle sortait de l'eau, laissant à Yenna tout le loisir d'admirer les changements anatomiques qu'un demi-siècle d'absence provoqua chez la Fay. Puis elle partit en précisant l'heure et le fait qu'elle n'aurait aucun mal à la retrouver, laissant la Sith seule.

Cet événement s'enchaîna si vite que la Modeleuse n'eut pas le temps de rajouter quoi que ce soit, que ce soit un commentaire appréciateur sur le physique de son ex-compagne ou une question sur l'étrange flot de souvenirs qu'elle reçut à son durant sa vision avant que le flux ne disparaisse presque aussitôt. Elle n'a même pas eu le temps de répondre à l'invitation de la Jedi que cette dernière s'était déjà enroulée dans une serviette avant de prendre le chemin de son vestiaire. Toutefois, Yenna lâcha un petit sourire, indiquant que ces retrouvailles auxquelles elle n'avait pas cru une seule seconde, s'étaient déroulées bien mieux que ce qu'elle espérait. C'est ainsi qu'elle décida de profiter du Onsen encore quelques instants, profitant de cette vue en prenant grandement ses aises en terminant son cocktail et se demandant déjà quelle tenue elle pourrait bien mettre pour cette soirée...

La demeure où se trouvait Yenna était à l'écart de la ville, dans une région où la nature préservée voyait poussée çà et là des résidences de très haut standing pour les riches et les puissants cherchant un pied-à-terre sur Zeltros. Celle de la Sith se trouvait dans un petit lagon privé, ceinturée d'une plage blanche aux eaux turquoise, puis par une épaisse forêt aménagée et une enceinte garantissant l'intimité des lieux. La demeure en elle-même était dans un style local, majoritairement en bois avec un toit de chaume de plantes tropicales donnant une couleur grisée caractéristique. La Modeleuse passa un moment dans sa penderie, pesant le pour et le contre de chaque idée de tenue, distraite par le passage des autres occupantes à qui elle n'hésita pas de demander un avis. Ce n'était pas son premier dîner en tête-à-tête, mais elle voulait que ce prolongement des retrouvailles se passe au moins aussi bien que cette séance dans l'onsen. Aussi, elle y mettait beaucoup d'application.

Son choix s'arrêta finalement sur un combishort noir, relativement simple, avec des manches longues et amples en voilage et un large col en V se terminant par un décolleté généreux sans pour autant être dans l'excès. La tenue était juste au corps avec juste ce qu'il fallait d'ampleur pour être confortable. Pas d'autres fioritures hormis une discrète ceinture décorative faites d'un ensemble de petites pièces métalliques dorée. Pour finir, une paire de bottes en cuir noir s'arrêtant à mi-mollet avec un léger talon. Un petit réajustement de l'ensemble et de sa coiffure et elle était fin prête, pile à temps pour que le bruit d'une motojet ne trouble le silence des lieux, accompagné d'une présence dans la Force familière qui s'arrêta devant le portail. Comment elle avait fait pour la trouver ? Laissons planer un petit peu le mystère...

Une partie du portail s'ouvrit et la tête qui en sortit était... celle d'une Zeltrone. Un groupe de trois femmes dont une native de la planète émergea, vêtue pour faire la fête en ville, sortit de la propriété et se dirigea vers un taxi qui se montra plus discret que la Jedi. Oui, Yenna n'était pas venue seule sur la planète et, sans plus prêter attention à la Jedi que ça hormis des salutations lancées dans le vent et quelques regards appréciateurs, elles s'éloignèrent en parlant d'une voix enjouée avant de s'engouffrer dans le speeder en rigolant. Apparemment, la jupe de l'une d'entre elle, sans doute la Zeltrone de ce qu'aurait pu voir la Jedi, était un peu trop courte pour "monter dignement" dans le véhicule, valant réflexions taquines de la part des autres. Le taxi partit et Yenna apparut à ce moment-là, souriant à Nicia :

"Toujours fan des belles montures à ce que je vois !"

Elle sourit et ne perdit pas plus de temps pour enfourcher la bête mécanique à son tour, les mains glissant sur les épaules de la Jedi le temps de s'installer avant de laisser Nicia faire rugir le moteur et ma conduire à ce fameux restaurant sous le soleil couchant. Les mains ne tardèrent pas à enlacer le ventre de la pilote et la passagère ne tarda pas à se coller contre elle, la tête sur l'épaule, profitant du paysage et de cette sensation de vitesse grisante sur son visage. Elle se laissa porter sans dire un mot, les voyages en motojet n'étant pas les plus adaptées à la discrétion. Elle profita simplement de la présence de Nicia, lui faisant confiance pour la mener à bon port, les cheveux se mêlant aux siens avec le vent, se demandant toujours quel était le restaurant où sa chauffeuse avait prévu de passer la soirée...

Il existait certainement des façons beaucoup plus discrètes d'indiquer sa présence, mais Arsenicia était soudainement prise d'une irrésistible envie de s'amuser un peu, ou de jouer avec le feu. Après tout, ne venait-elle pas d'allumer un phare en pleine nuit pour tous les sensitifs présents sur Zeltros ? La neutralité de la planète n'était pas une garantie suffisante pour tant d'imprudence et ce manque de rigueur ne ressemblait pas tant à la Maîtresse de l'Ordre. Se pourrait-il que Yenna ait encore de l'influence sur la Fay, même après toutes ces années ? Suffisamment, pour que la Jedi se sente - un peu trop - en confiance ?

D'une main dans sa chevelure, Arsenicia fit taire la petite voix, celle de sa conscience, qui lui demandait d'être un peu plus mature. Au même moment, un taxi s'arrêta à côté de la motojet. Un speedeur classique dont la couleur ne laissait aucun doute sur sa fonction. Le conducteur, quant à lui, était un droïde comme cela se faisait beaucoup dans la galaxie. Trois jeunes femmes sortirent alors de la propriété, attirant naturellement les prunelles turquoise de la Jedi sur elles. Arsenicia les dévisagea et devina qu'il s'agissait tout simplement de quelques membres du Harem de la Dame Sith qu'elle attendait. Il n'y avait rien de surprenant à ce que Yenna soit venue accompagnée, encore moins sur Zeltros, et les regards captés par la Jedi firent sourire cette dernière. Apparemment, elle était au goût de ces demoiselles.

L'attention de la sensitive fut toutefois rapidement détournée par l'arrivée de Yenna. Celle-ci emprunta le même chemin que les trois fêtardes et se glissa par le portail à peine entrouvert. Naturellement, Arsenicia détailla la Dame Sith du regard tandis que celle-ci s'approchait. Quelque part, dans un coin de son esprit, la Fay avait conscience de l'irréel de la situation. Une Jedi et une Sith. La Maîtresse de l'Ordre et une Conseillère Noire. Deux ennemies. Deux anciennes amantes. Elles s'opposaient en de nombreux points et se rejoignaient en tant d'autres que cela en donnait le tournis à Arsenicia, qui occulta bien vite ses pensées et offrit un léger sourire à Yenna.

« Il y a des choses qui ne changent pas. » répondit-elle en offrant sa main droite afin d'aider l'autre femme à grimper derrière elle. Les mains sur ses épaules firent frissonner la Jedi, mais celle-ci n'en montra rien et la motojet quitta la propriété de la Matriarche.

La conduite d'Arsenicia était sportive et lui permettait d'occulter aisément le contact des deux bras qui entouraient sa taille, ou des deux mains posées sur son ventre, bien que ce dernier fut contracté bien malgré elle. Sous le soleil couchant, la Fay appréciait ses lunettes de soleil. L'éclat de l'astre était aussi chaleureux qu'éblouissant pour ses prunelles sensibles. Quant à la balade, elle dura environ une vingtaine de minutes avant que la motojet ne ralentit enfin. Aucun mot n'avait été échangé, chacune des deux femmes profitant du moment à sa façon.

Une fois Yenna descendue, ce fut au tour de la Jedi. Et malgré les talons de ses bottes, Yenna n'arrivait pas à rattraper Arsenicia. Celle-ci lui glissa un léger sourire puis la précéda dans l'établissement qui leur faisait face, lui tenant toutefois la porte.

L'endroit était calme et tamisé. C'était un lieu de rencontre pour les couples officiels, les amants interdits ou, dans leur cas, d'ennemis qui n'arrivaient pas à se détester. La Force, en ce lieu, était discrète, comme si elle cherchait à ne pas se faire remarquer à son tour. L'ambiance n'en était pas moins agréable et légère, comme si rien n'importait vraiment. Et c'était peut-être un peu le cas.

Un serveur, un droïde, vint discrètement à leur rencontre. Son nœud papillon le rendait élégant, même pour un être de métal, et il conduisit les deux femmes à leur table en emportant sous son bras deux menus. La table en elle-même était la plus discrète de toutes. Elle se trouvait à l'extérieur, sous une pergola d'où cascadaient de nombreuses fleurs. Elles formaient un rideau naturel qui coupa aussitôt les deux femmes du reste du monde alors que le soleil continuait de se coucher à l'horizon, par-delà la rambarde de la petite terrasse, offrant un spectacle magnifique qui capta l'attention d'Arsenicia pendant un instant. Celle-ci ôta ses lunettes et les rangea à l'intérieur de sa veste, l'éclat de l'astre donnant soudainement à ses prunelles une teinte enflammée. Puis elle détourna son regard, posant de nouveau ses turquoises sur Yenna.

Cet endroit, cette ambiance, ce coucher de soleil… Des années plus tôt, tout ceci aurait été parfaits pour un rendez-vous galant. Quelque part, cela en avait tout l'air et Arsenicia le savait. Cela ne semblait pas, toutefois, la troubler outre mesure alors qu'elle croisait les jambes d'une façon fort élégante après avoir ôté sa veste, ne restant qu'en chemise. D'un geste mille fois répété, elle en remonta les manches avant de saisir tranquillement son menu.

« Que penses-tu de cet endroit ? » s'enquit-elle en glissant ses prunelles sur Yenna, de l'autre côté de la table.

Quelque part, le ton de la question voulait également dire « connaissais-tu déjà ce restaurant ? ». La question était simple, peut-être trop, mais la Jedi semblait soudainement incertaine sur ce qu'elle pouvait dire ou non.

La Sith se laissa tranquillement transportée par la Jedi à travers les routes, se collant à elle et l'enlaçant à la taille alors que la Fay montrait ses talents de pilotes dans une conduite sportive. Elle sentit le ventre de Nicia se contracter doucement sous ses mains et décida de s'en amuser un peu, traçant des arabesques du bout des doigts sur sa peau en toute innocence. La nature préservée de la banlieue huppée s'urbanisa de plus en plus tandis que la moto-jet s'engouffrait dans les avenues de la ville avec rapidité. La circulation était des plus fluides ce soir-là. Peut-être à cause d'un grand match qui avait lieu à l'autre bout de la ville et qui avait attiré la majorité des habitants, les Zeltrons étant friands de tout événement de ce genre. Cela permit aux deux femmes de se faufiler dans les rues avec aisance et une vingtaine de minutes après leur départ, elles arrivèrent à destination.

La Hapienne descendit la première, invitant sa pilote à en faire de même en lui tendant la main. Cette dernière ouvrit la marche d'un pas rapide. Tellement rapide que la Sith ne suivit pas la marche. En même temps, elle n'était pas pressée et de plus, cette démarche rapide de la part de sa comparse offrait un petit spectacle agréable à regarder. La Jedi s'arrêta à la porte du restaurant et attendit son invité en tenant la porte. Yenna s'arrêta un instant, le temps d'une bise sur la joue et d'un sourire avant de rentrer dans l'établissement. L'ambiance des lieux était tranquille et intimiste. De nombreuses alcôves où se trouvaient des tables à deux places en faisait un endroit parfait pour les rencontres en tête-à-tête. Les couples plus ou moins officiels, les rencontres plus ou moins interdites, les personnes recherchant ce genre de confidentialité était la clientèle visée. Mais pas d'alcôve pour les deux femmes, un droïde, avec son petit nœud papillon, les accueillit et les conduisit à l'extérieur, à une table dans une pergola ceinturée d'une cascade de fleur. L'endroit était encore plus isolé que les alcôves à l'intérieur tout en offrant une vue sur le soleil couchant.

Le droïde laissa les deux femmes seules après-avoir déposé deux menus et indiqua la présence d'une commande sur la table pour l'appeler, garantissant ainsi aux deux clientes une parfaites tranquillité sans aucune interruption impromptue. Elles s'installèrent et Nicia demanda l'avis de Yenna sur l'endroit. Soutenant son regard avec un sourire, la Sith répondit alors que sa main prenait machinalement le menu d'un geste simple, mais élégant :

"C'est donc ici que tu amènes toutes tes conquêtes ? Je comprends pourquoi, c'est un endroit très plaisant. C'est assez étonnant que je n'en ai jamais entendu parler... Il a ouvert récemment ?"

Un peu de légèreté, mais il est vrai que cet endroit plaisait sincèrement à la Sith. Mais l'ambiance ne fait que le tiers de la qualité d'un restaurant. Le reste, c'était le contenu et la qualité de ce qui figurait dans ce menu. Mais bon, c'était un restaurant zeltron et connaissant leurs goûts pour les plaisirs de la vie, Yenna n'avait pas de doutes sur le fait que ce qui sera dans son assiette sera délicieux et sûrement un brin exotique. Elle fit donc son choix à travers le menu et attendit que Nicia en fasse de même avant d'appeler le serveur pour passer commande. Une fois ce dernier partit avec les demandes des deux femmes et qu'un petit apéritif ne leur soit apporté, la Sith entama la communication d'une manière légère. Elle voulait donner à cette soirée une impression de normalité. Juste deux amies, deux ex-compagnes qui se sont perdues de vue par la force des choses il y a longtemps et qui tentent de rattraper le temps perdu :

"Tu viens souvent sur Zeltros ? C'est un endroit que j'aime beaucoup. Le climat est agréable, les paysages somptueux, la nourriture excellente et les locaux... dire qu'ils sont extrêmement chaleureux et attachants est un euphémisme des plus réducteurs. Et cette petite pointe de phéromones dans l'air n'ajoute que plus de piquant à la chose... J'adore cette planète. Tout est plus simple ici. Pas de prise de tête. Tout le monde veut que tout le monde passe un bon moment. Tout est tellement... vivant."

Elle bue une gorgée de son apéritif, observant Nicia en souriant, quelques souvenirs de précédents repas en tête-à-tête en mémoire. Toute était plus simple à l'époque. Les choses avaient changé entre-temps, sur de nombreux points, mais cela ne devrait pas être des obstacles infranchissables pour que cette soirée se passe bien, non ?

Un léger sourire étira les lèvres d’Arsenicia, marquant son amusement suite aux propos de sa vis-à-vis. Délaissant momentanément la lecture du menu, elle croisa les prunelles améthyste de la Dame Sith. La Jedi ne comptait certainement pas autant de conquêtes que Yenna, c'était tout bonnement impossible. Et depuis toujours, Arsenicia était peu portée sur tout ce qui avait trait à l'amour. Ou, à défaut, au sexe. La brune, assise de l'autre côté de la table, pouvait se vanter d'avoir été la première vraie expérience de la Fay. Quelque chose de doux et de timide, toujours dans l'exploration mais teinté d'une certaine réticence liée à la pudeur. Par la suite, il y avait eu d'autres essais plus ou moins concluants de la part d'Arsenicia, mais son espérance de vie sans commune mesure représentait un handicap difficile à outrepasser. Consciemment ou non, elle s'était mise des bâtons dans les roues pendant une bonne partie de sa vie, ne s'impliquant jamais totalement. C'était assez ironique, quelque part, qu'elle ait finalement « cédé » pour une Hapienne qu'elle verrait immanquablement vieillir sous ses yeux. Mais Cyrène avait su toucher son cœur au moment où Arsenicia s'était sentie prête, après qu'elle eut accepté que la souffrance qu'elle allait immanquablement ressentir au moment fatidique rendait sa relation plus réelle, loin de la superficialité de toutes les autres. Seule sa courte histoire avec Yenna avait eu cette intensité dans son cœur, ce qu’Arsenicia gardait pour elle.

« Seulement toi », répondit-elle après une courte réflexion, tout en étant bien consciente que cette simple réponse en disait plus long qu'il n'y paraissait au premier abord. « J'ai découvert ce restaurant il y a quelques années, un peu par hasard. C'est calme, discret et vraiment très bon… Je me suis dit que ça te plairait », conclut-elle avec une œillade sincère.

Refermant son menu d'une main, Arsenicia laissa l'honneur à sa vis-à-vis de faire venir le serveur. Ce dernier prit leur commande en note et s'éclipsa promptement. Il revint quelques minutes plus tard avec leur apéritif respectif. La Jedi avait choisi un rhum liquoreux servi frais, un alcool fort dont la brûlure était vite apaisée par son goût légèrement sucré.

Posée sur un ton léger, la question de la Dame Sith avait quelque chose de rhétorique. Si Arsenicia avait été une habituée de Zeltros, il lui paraissait évident que leurs routes se seraient croisées bien plus tôt. Pourtant, la Fay répondit presque dans un murmure, comme si elle craignait que sa voix, trop forte, brise la quiétude du moment.

« Non, pas vraiment. Je tiens peu en place, en vérité, alors revenir souvent au même endroit… », révéla-t-elle.

Quand elle avait rencontré Yenna, Arsenicia était jeune. Ce n'était que bien plus tard qu'elle avait acquis la liberté de se déplacer au sein de la galaxie avec plus ou moins de liberté, pour son propre compte. Mais de tout temps, la Fay avait été une femme d'actions, incapable de rester au même endroit très longtemps, sauf en de rares exceptions. Toutefois, elle n'était pas surprise d'entendre l'affection de Yenna pour Zeltros dans ses paroles. Cette planète lui correspondait bien, du moins pour ce dont Arsenicia se souvenait à son sujet. Mais la femme qui lui faisait face avait-elle tant changé ? Elle en doutait. Changer lentement était l'apanage des personnes ayant une espérance de vie prolongée.

« Je suis heureuse qu'une planète comme Zeltros existe. Pas pour les qualités que tu lui vantes, même si je reconnais qu'elles sont agréables, mais pour sa neutralité. Tout semble plus simple ici, tu as raison », dit-elle avec un léger sourire.

« J'en déduis que contrairement à moi, tu es une habituée. Cela fait combien d'années que tu y as une demeure ? »

Le choix du menu fait, Yenna appela le serveur pour prendre commande. Le droïde s'éclipsa rapidement pour ensuite revenir avec des apéritifs. Le choix de la Sith s'était porté sur un cocktail où les mélanges formés différents étages colorés dans le verre avec une longue paille, l'ordre de dégustation commençant par le fond du verre à la liqueur lourde et sucré, devenant plus légères et plus alcoolisés au fur et à mesure des étages. Elle repensa aux paroles de la Jedi un instant plus tôt sur la découverte de ce restaurant et sur le fait qu'elle en appréciait le calme, la discrétion et la qualité de sa cuisine. Effectivement, Yenna appréciait ce choix et le fit savoir avec un grand sourire appréciateur.

Pendant cette dégustation alcoolisée leur permettant de patienter pendant le repas, Nicia avoua qu'elle ne venait que peu souvent sur Zeltros. La Fay avait toujours eu la bougeotte, incapable de rester en place, toujours à la recherche d'action et de nouveauté. C'était un trait de caractère qui plaisait à la Hapienne et qu'elle ne se priva pas d'exploiter pendant leur courte, mais intense relation. Elles se voyaient toujours dans un lieu différent en profitant des rares occasions où Arsenicia quittait Tython. Il y avait toujours quelque chose de nouveau à voir ou à faire. Leur relation était, ironiquement, relativement innocente quand on connaît le goût de Yenna pour la chose. Mais elle était cependant teintée d'un amour sincère et profond avec en prime ce petit côté interdit rendant leur relation plus... grisante. Une Jedi et une Sith, chacune ne cherchant même pas à attirer l'autre dans son camp, juste profiter des rares instants où elles étaient seules à refaire la Galaxie dans les bras l'une de l'autre. Une époque où tout était plus simple, comme l'avis de la Fay sur Zeltros. En parlant de Zeltros, elle posa à son tour une question à Yenna, voulant savoir depuis combien de temps elle avait une demeure sur place :

"Cela va faire... une vingtaine d'années maintenant. J'ai toujours aimé venir sur Zeltros. Je t'en parlais déjà, tu te souviens ? On faisait des projets fous de passer des vacances dans un endroit isolé, rien qu'à nous... et tu te posais des questions sur les conséquences à longs termes d'une exposition prolongée à l'atmosphère saturée de phéromones. J'avais dit que le risque que tu deviennes une créature de pure luxure était très improbable, ce qui était dommage... Et après, tu m'as attaqué par surprise avec une olive !"

Elle rigola doucement, se souvenant de cet échange de taquinerie avec une tendre nostalgie, avant de poursuivre la discussion :

"La demeure où tu es venue me chercher... c'est mon petit cadeau égoïste après mon, tu sais... intronisation. Elle appartenait à un riche homme d'affaires qui a fait faillite et j'ai profité de l'occasion. Isolée, calme, dans un cadre naturel, pouvant loger de nombreuses personnes et disposant de tout le luxe nécessaire... C'était une opportunité à saisir. Je pourrais t'y inviter la prochaine fois que tu viens dans le coin pour une mission ou pour des vacances !"

Elle sourit et termina un nouvel étage de son cocktail, au goût plus chargé en alcool et plus acidulé que sucré et ce fut à son tour de poser des questions en attendant que les premiers plats arrivent :

"Tu as finalement eu ton "super vaisseau d'exploration galactique" ? Tu m'en parlais pendant des heures, hésitant entre un modèle correlien et nubian. Me parlant des planètes où tu irais en premier..."

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