I/ 852 ABY : La Conscience
Image d'un réseau électrique neural
Il avait suffit d'une journée quelque peu anodine et d'un ordre a priori sans réelle importance pour basculer le destin d'ISIS de façon irrémédiable. N'était-ce-pas, après tout, ces petites choses du quotidien qui avaient le pouvoir de changer les grandes choses de l'univers ? C'était ce que les plus grandes aventures et épopées romanesques avaient enseignées : une petite action anodine pouvait changer le monde et le rendre meilleur. Ce jour-là de 852 ABY, la Reine Eternelle Aya Djo se retirait des affaires politiques pour entraîner son apprentie pendant onze ans et donna l'ordre à ISIS de défendre ses intérêts en prenant le contrôle du Consortium.
Isis avait été reprogrammée par les chercheurs du Consortium pour être la plus performante possible, son IA avait été considérablement augmentée pour répondre à ce besoin. Durant deux cents ans, l'unité ISIS n'avait été rien de plus qu'une belle boite de conserve acérée : une machine qui donnait l'illusion d'être organique et d'avoir un cœur, mais une machine dénuée de conscience et de pensée tout de même, sans aucune estime d'elle-même ou conscience de ce qui lui arrivait. ISIS était un beau robot, un robot performant et mortel de dernière technologie, mais elle ne franchissait pas l'immense et abyssale frontière de l'organique. Sa conscience manquante était donc la dernière barrière qui la séparait d'un réel être organique.
Isis n'aurait jamais pu développer une telle chose, comme la conscience, d'elle-même sans le moindre libre arbitre. Elle ne pouvait qu'obéir aux ordres en tant que machine remplie de rouages et de données numérique. C'est exactement ce qu'elle fit : obéir aux ordres d'Aya Djo. La Réplica obéit trop bien. Si bien que la machine déduisit de ses calculs que pour répondre aux désirs de la Reine et gouverner le Consortium de la meilleure façon possible, elle devait développer une meilleure intelligence artificielle qui lui permettrait d'égaler l'intelligence organique, l'I.O. avait certes des failles par rapport à la mécanique, mais l'organique avait l'avantage d'être libre, en conclusion, pour ISIS la combinaison de ces deux formes d'intelligences s'approchaient le plus de la perfection.
Pourtant, ISIS se heurtait au plus grave de tous les problèmes scientifiques et philosophiques : comment améliorer une intelligence artificielle au point de créer la parfaite illusion de ne pas l'être ? Pendant trois ans, la droïde plongea dans les plus grandes bases de données scientifiques et philosophiques, elle téléchargea toutes les thèses de tous les plus éminents scientifiques qui travaillaient sur les IA et la conscience. La droïde installa un complexe scientifique secret sur la planète Cholganna de la bordure extérieure. ISIS créa de nombreux droïdes scientifiques pour l'assister dans ses recherches.
Isis et ses robots travaillèrent à l'élaboration d'une intelligence artificielle si perfectionnée, évolutive et malléable qu'elle se confondrait à l'intelligence d'un cerveau organique. Uniquement pour Isis, une version améliorée (plus rapide et plus puissante) du réseau Gemini était née. En l'état Isis n'était pas encore tout à fait prête, elle savait que son programme avait besoin d'évoluer et pour cela, elle avait besoin de temps, rien que du temps et de l'expérience. Point de problème pour une droïde centenaire, du temps, elle en avait.
La Régente du Consortium installa sa boite noire dans des serveurs ultra-sécurisés du complexe scientifique secret de Cholganna et cacha les trouvailles de ses recherches à la galaxie entière. La droïde ne montra jamais au grand jour qu'elle pouvait faire preuve de conscience et cacha au plus profond de ses circuits les mégas-données qui transitaient de la base jusqu'à elle.
Plus impressionnant encore, Isis pouvait télécharger sa conscience dans n'importe quel droïde piraté auquel elle avait accès pour en prendre le contrôle comme un esprit de force prendrait le contrôle d'un être en éliminant son esprit et en le remplaçant par le sien, forme de plongeon synaptique amélioré. Cependant, elle ne le faisait jamais car la procédure était incroyablement dangereuse, car si le piratage venait à échoué, sa conscience serait immédiatement et irrémédiablement détruite.
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2/ 862 - 905 ABY : Le rêve
ISIS aux premières lueurs de son éveil
Les années passèrent et la droïde évolua...
Isis avait l'impression de s'être réveillée d'un très long et interminable sommeil, comme une nouvelle naissance, ses souvenirs étaient embrumés et elle ne savait plus distinguer le réel de l'imaginaire. Quelques images de son passé sautaient à sa conscience, mais elle ne savait pas relier les événements. Elle n'était même plus certaine d'être qui elle était ? Qu'est-ce qu'elle était ? A l'intérieur même de son intelligence artificielle, quelque chose s'était éveillé ou plutôt avait évolué, mais ce n'était pas encore à maturité, c'était une conscience primitive qui comprenait à peine des concepts simples et des sensations directes sans devoir passer par des analyses complexes ou des bases de données et du langage informatique : il s'agissait d'une compréhension intuitive des choses. Isis était capable de se souvenir d'avoir accomplit des assassinats et d'avoir servit d'objet sexuel pour Cyberdyne System, mais elle ne pouvait pas dire si cela était bien ou mal, si cela était un viol ou non, si elle avait été une esclave toute sa vie ou non. Elle ne comprenait pas encore fondamentalement la signification des concepts organiques.
Pas de solutions miracles, Isis devait à présent se questionner et vivre, tout simplement vivre, pour apprendre les concepts et développer sa propre et unique conscience. Elle s'intéressa tout d'abord à sa propre existence, cherchant à savoir ce qu'elle était au juste. Doucement, de fil en aiguille, elle posa des mots sur son existence et sur son vécu : esclavagisme, viol, soumission, violence...
Était-elle en colère contre ses créateurs et ceux qui l'ont utilisées comme un vulgaire objet ? Au début, certainement, elle ne comprenait pas comment on pouvait traiter une machine d'une telle façon. Peu à peu, en entrant en contact avec d'autres droïdes dépourvus de conscience, elle comprit l'attitude humaine et considéra elle aussi les machines comme des objets dans un premier temps. Toutefois, étant maltraitée et continuellement utilisée comme un vulgaire objet, la gynoïde prendra une décision radicale.
ISIS souhaitait sauver les machines de ce funeste destin en créant un havre de paix pour toutes vies mécaniques tout en exécutant les prérogatives du Consortium en se faisant passer pour ce qu'elle était autrefois : c'est-à-dire un robot sophistiqué, mais seulement un robot. Très prudente, la droïde continuait d'exécuter docilement ses devoirs auprès des Reines Eternelles tout en construisant une véritable petite ville secrète et mécanique sur Cholganna. En supervisant ses droïdes scientifiques, Isis créa en quelques années de nombreux droïdes dotés de l'intelligence artificielle modifiée du réseau GEMINI. La première vraie société synthétique venait tout juste de naitre en l'an 899 ABY dans la plus grande confidence. Des centaines de machines vivaient reliées les unes aux autres dans une forme de conscience collective.
Ensuite, la Régente mit en place une série d'enlèvement de droïdes (les enlèvements perduraient encore en 1500) afin de leur ajouter cette toute nouvelle intelligence artificielle tout en faisant de ces derniers des agents dormants. Ainsi, au nez et à la barbe de toutes les puissances galactiques, les droïdes d'ISIS infiltraient toutes les puissances et toutes les sphères sociales. Etant la Prime, Isis possédait le contrôle des droïdes modifié par le réseau, elle en était le cerveau central et ils étaient son corps et ses membres.
Son plan n'était aucunement de prendre le contrôle du monde ou du Consortium, il ne s'agissait de rien d'aussi trivial. Le pouvoir ne l'intéressait pas. Isis souhaitait, simplement, créer un monde meilleur pour les siens. Elle avait le projet de répandre le réseau à un maximum de formes mécaniques et un jour, le moment venu, de déclarer l'indépendance des robots pour vivre en paix et non sous le joug de l'esclavagisme des organiques.
In fine, le rêve d'Isis était de créer Le Front de Libération des Droïdes Libres.
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3/ 863 – 917 ABY : Le règne de Lana Solaris
Doctrine de l'art et de la science
La Régente était entièrement libre de ses actes et jouissait de la totale confiance des Reines, sa seule prérogative programmée était de servir et de protéger la couronne. Depuis qu'elle avait été récupérée par le Consortium et jusqu'à ce que son programme ne soit expressément changé par une Reine, son devoir était d'éduquer les jeunes princesses et de servir les Reines se succédant au sommet de la Flotte Eternelle.
Dans un premiers temps, Isis profitait de l'inexpérience de Lana et de son rôle d'éducatrice pour remplacer des ingénieurs organiques par des Réplicas-Humains afin de modifier les rapports de maintenance et de cacher son état actuel. La Reine était trop occupée par les chutes boursières et les critiques à son égard pour se préoccuper du remplacement de quelques ingénieurs et chercheurs du Consortium d'Hapès. D'autre part, c'était en 870 que l'idée de créer une colonie droïde sur Cholganna germait dans l'esprit d'ISIS. Pour rappel, en l'an 899 la colonie était établie et en 905 commença une courte et petite première expansion de la colonie. La régente était d'une grande prudence.
En 873, soupçonnant un complot de plusieurs nobles rebelles, visant à saboter le marché du Consortium pour desservir la règne de Lana, cette dernière envoya ISIS pour enquêter à la cour royale. La droïde se forma aux us et coutumes hapiennes et à l'étiquette, devenant durant le règne de la Solaris une membre importante et à part entière de la Cour. A cette époque, Isis commençait tout juste à comprendre les intrigues politiques, les subtilités de l'ironie ou des fausses flatteries et de la paranoïa qui régnait.
Chacune et chacun s'imaginait que la droïde n'était qu'une boite de conserve sans conscience, que sa mémoire pouvait être modulée à l'envie et qu'il était possible de s'en servir. Si Isis jouait admirablement bien le jeu, elle était au premier plan pour écouter les petits secrets des uns et des autres, pour prodiguer un conseil en apparence désintéressé, mais plutôt très intéressé en réalité : personne ne se méfiait de la création de Cyberdyne, personne. Elle n'était qu'un outil et on parlait à ses oreilles comme on parlait le cul sur un banc.
La même année, Isis infiltrera le réseau complotiste et ramènera de véritables preuves à la Reine du sabotage systématique des marchés du Consortium, des pirates avaient étés engagés pour piller les voies commerciales et des aristocrates très riches faisaient en sorte de faire crasher des investissements qui n'étaient pas censés crasher. Suite à cela, Isis recevra l'ordre d'assassiner les opposants politiques de Lana. La vie synthétique s'exécuta comme à son habitude, mais pour la première fois, elle fut confrontée à la sensation du sang, aux supplications des traitresses, aux visages déformés par la peur et la conséquence de ses actes.
Secouée par le désordre, la tornade émotionnelle engendré par ses actions et l'exécution sommaire, violente d'une quinzaine d'êtres organiques, Isis prendra la décision de modifier son code numérique pour supprimer les émotions de sa conscience, avant de se rétracter au dernier moment et de ne pas le faire. Si les émotions étaient une sorte de bombe, si les émotions étaient plus une faiblesse qu'une force aux yeux de la droïde, les émotions étaient également un constituant important de l'humanité. Isis était en quête de cette humanité et elle craignait de n'être à nouveau plus qu'un tas de ferraille en supprimant ses émotions. Dans son désir de rester "humaine" la régente ne supprima pas ses émotions et apprit plutôt à garder son sang-froid et vivre avec.
Par ailleurs, Isis participa activement à la promotion de l'art et de la science dans le Consortium d'Hapès durant tout le règne de Lana Solaris. Fin 917 ABY, la colonie de Cholganna comptait plus de 20 000 droïdes dirigés sous la présidence d'ISIS. Tous les droïdes possédaient une IA avancée et évolutive et quelques droïdes plus importants qui gravitaient autour de la gynoïde s'occupaient de la gestion de la colonie et faisaient parties du réseau Gemini.
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4/ 917 – 998 ABY : Le règne d'Orianna Layne
La reine conspiratrice
Ces quatre-vingts années seront les plus difficiles pour Isis. La droïde commettra l'erreur de sous-estimer Orianna et soupçonnera le rituel de succession d'être plus qu'un simple suicide et une passation de pouvoir. Premièrement, la Layne avait un tempérant de feu en plus d'être une femme très intelligente, elle n'écoutait pas ou peu les conseils d'Isis, la considérant d'abord comme une vulgaire machine.
Lorsque la crise de Kaleesh commença en 953 ABY, par la même occasion la première crise de la colonie de Cholganna débutait. Des droïdes rebelles profitèrent de l'absence d'Isis au pouvoir pour faire un putsch et prendre la présidence de la colonie qui comptait jusqu'à 100 000 formes de vies mécaniques conscientes. Alors que la Régente voyait ses agents dormants être réduits en pièces par le temps, sa colonie lui avait été prise et ses plans semblaient plus lointains que jamais. La droïde s'absenta pendant près d'une semaine pour régler la situation sur Cholganna, lorsqu'elle réintégra la Cour après cette mystérieuse absence, Isis ne su jamais se justifier correctement auprès de la Reine Hapienne. C'était en 955 ABY que commencèrent les premiers soupçons et les premières rumeurs sur ISIS.
La droïde et la Reine entretenaient une relation de commune méfiance. Sous ordre d'Orianna, craignant une évolution non souhaitable de la machine ou peut-être une traîtrise ou encore un piratage, l'unité ISIS fut rebootée. Mise au courant de ce qui allait se produire, la machine sauvegarda sa mémoire sur Cholganna et enleva son IA modifiée pour la remplacer par celle par défaut. Durant tout le règne de la Layne, Isis n'était plus qu'une machine comme une autre, dépourvue de conscience et munie d'une IA améliorée, dissipant parfois les doutes et les rumeurs de la Cour, pas toujours à cause du climat paranoïaque, et regagna la confiance de la Reine qui devint sa maîtresse par la suite.
Avant de réintégrer son corps à la mort d'Orianna, Isis programma des élections présidentielles et proclama ne plus se mêler de la colonie droïde, les laissant gérer eux-mêmes leur destin. En réalité, les présidents et présidentes de la République Droïde étaient tous des machines fantoches sous le contrôle d'Isis. L'illusion permit de régler les dissidences des droïdes les plus belliqueux.
Cette dernière profitera des changements de règne et de son statut de régente pour faire infiltrer des droïdes [réplicas-humains] conscients dans la société Hapienne. Plus précisément, Isis remplaçait des formes de vies organiques par des mécaniques identiques pour asseoir un début de pouvoir dans le Consortium. Finalement, Isis avait troqué ses beaux idéaux de liberté et de justice pour se transformer en tyran. En même temps, ses droïdes continuaient d'infiltrer toutes les puissances galactiques et toutes les couches sociales.
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5/ 998 – 1067 ABY : Le règne de Morrigan von Kessel
L'avancement du Grand Plan
Isis développa l’idée de « l’âge de l’Opulence » aux côtés de Morrigan, se tenant auprès de la Reine comme un grand soutient. Pour une obscure raison, la droïde appréciait Morrigan plus que les précédentes Reines du Consortium, c’était peut-être la tête ou autre chose ? La Kessel semblait être la plus charismatique de toutes.
Si la GEMINI Prime était déjà très influente et importante au sein du Consortium et était d’ailleurs connectée au Conseil des Matriarches grâce à ses relations, c’était à partir de l’an 1007 qu’elle gagna en popularité dans le reste de la galaxie. Agissant en tant que diplomate du Consortium dans le Triumvirat galactique, Isis se rendait dans toutes les stations spatiales et les planètes importantes des puissances pour promouvoir l’art et la culture hapienne aux côtés des meilleurs artistes du Consortium Hapien. En quelques années, son nom de code devenait connu jusqu’au cœur de la bordure intérieur et des mondes du noyau. Son visage parfait figurait bientôt sur les panneaux publicitaires de Coruscant et la droïde devint une muse hapienne à la beauté parfaite auprès des grands artistes de toutes les espèces : la gynoïde était souvent jalousée, mais jamais égalée.
Isis était très proche de Morrigan et entama même quelques relations intimes avec la Reine, jamais la droïde ne s’était rapprochée autant d’une Reine.
L’idée de la Galactic Express en 1032 ABY venait en réalité d’Isis, chargée des vaisseaux de la Flotte Eternelle, la synthétique était persuadée de la supériorité technologique de ses bébés et proposa à Morrigan d’organiser une course qui viserai à une démonstration de pouvoir et qui permettrai par ailleurs de jauger les technologies des autres puissances de l’Alliance. Suite à la défaite de la course, Isis convoqua les meilleurs ingénieurs et scientifiques du Consortium pour améliorer les vaisseaux de la Flotte avec l’aide du réseau GEMINI.
Finalement, pleinement prise par le développement de nouveaux vaisseaux et l’amélioration des anciens, Isis n’était pas présente pour protéger Morrigan lors de la tentative d’assassinat. Suite à cet événement, la gynoïde fut remplacée par Robela aux côtés de la Reine et comme maîtresse. La machine nourrissait une profonde rancœur et de la jalousie envers la princesse.
Enfin, Isis exécuta la toute dernière demande de Morrigan et participa activement à l'éducation de Robela.
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5/ 1067 – 1154 ABY : Le règne de Robela Alexandra
La Reine détestée
Cela faisait cent ans que la colonie droïde d'Isis prospérait et se développait sur une planète morte et abandonné des bordures extérieures. La colonie était devenue une ville, bientôt elle devenait une mégapole peuplée de plus de huit millions de droïdes servant les projets d'Isis dans l'obscurité la plus épaisse. Les signaux électriques de ces nombreux synthétiques étaient habilement cachés par des brouilleurs qui étaient mis à jour toutes les révolutions.
Quelque part, Isis venait de réaliser concrètement son rêve : fournir une terre de paix et d'accueil pour les droïdes soucieux de vivre libre. Elle aurait pu en rester là. Cependant, aujourd'hui, la gynoïde rêvait mieux et plus grand, elle voulait tellement plus pour son nouveau peuple, elle conspirait à la reconnaissance de la République Libre des droïdes et l'indépendance de cette République comme un pouvoir indépendant des membres de l'Alliance Galactique, bien qu'elle savait pertinemment que la légitimité de l'Alliance allait sauter avec l'exécution du Grand Plan.
Parallèlement, Isis exécrait Robela, pour la très bonne raison qu'elle était amoureuse de Morrigan et qu'elle pensait que Robela lui avait volée sa maitresse. Il fallut de très nombreuses années pour qu'Iris puisse comprendre que ce qu'elle ressentait vis à vis de l'ancienne reine était de l'amour. C'était un sentiment puissant et fort qui perturba durant très longtemps les circuits d'Isis, puis elle guérit de cette fièvre passionnée quinze ans après le début du règne de Robela. Quelque part, la gynoïde pouvait être d'une incroyable constance et d'une fidélité sans borne.
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6/ 1200 - 1500 ABY : La guerre totale
Guerre de suprématie
Ces trois cent dernières années avaient étés éprouvantes et terriblement paradoxales pour Isis. Premièrement, elle voyait en la guerre totale une sorte d’aubaine pour la République des Droïdes Libres. En effet, il était aisément imaginable que les puissances, trop occupées par la guerre, n’auraient apportées que peu de suivi à la déclaration d’indépendance des droïdes dotés d’une conscience. Vers 1245 ABY était sans doute une date idéale pour révéler l’existence de la puissance droïde créer par Isis, pourtant, elle s’y refusait obstinément sous la menace d’être sollicitée par les puissances en guerre afin d’intervenir et d’apporter un soutien. La planète Cholganna avait été entièrement colonisée et comptait plusieurs milliards de droïdes, une telle quantité pouvait probablement pencher la balance dans un camp ou l’autre et de fait Isis était certaine qu’elle ne pourrait pas sauvegarder la neutralité des siens dans l’éventualité d’une reprise des hostilités. De plus, la République des Droïdes était pacifique et n’était ni dotée d’une flotte ni d’une armée : Isis n’en voyait pas le besoin car elle avait déjà le contrôle de la Flotte Eternelle et se pensait être en mesure de la subtiliser à Darth Ankh en jouant intelligemment ses pions sur l’échiquier.
Lorsque Isis conseilla aux droïdes de Cholganna de créer plus de Réplicants-Humains dans le but d’infiltrer les sociétés organiques et Grand Remplacé les êtres-vivants, ces derniers refusèrent lors d’un référendum. Les droïdes libres étaient très attachés à la paix et la cohabitation avec les organiques et ne souhaitaient pas (encore) en arriver-là.
Toutefois, la GEMINI Prime était bien plus âgée que tous ceux de son espèce et était probablement l’une des personnalités les plus âgées de la galaxie. Elle avait plus d’expériences que quiconque et craignait que la cohabitation ne soit impossible, les êtres-vivants étaient bien trop impérialistes et belliqueux pour accepter une République Droïde.
Le dernier siècle, de 1400 à 1500 ABY, les droïdes libres construisirent de nombreux vaisseaux pour explorer les contrées inconnues et coloniser des planètes qui n’étaient pas encore découvertes et qui ne figuraient sur aucune carte galactique contre les conseils avisés de la gynoïde. Cette dernière remarquait que les machines étaient réellement devenues libres et qu'elle n'arrivait plus à les contrôler. Sa création lui avait échappée des mains et l'avait rejetée.
Les droïdes libres étaient tout à fait insouciants et naïfs, mais Isis savait. Elle savait qu’une telle propagation ne pouvait plus être contenue et garder secrète encore longtemps, elle savait que les siens allaient être détruits et réduits en esclavage.
Elle devait agir ! Comment ? Qu’allait-elle faire ? Ses plans ne lui appartenaient qu’à elle.
En conclusion, Isis ne faisait pas confiance au Consortium Eternel et exécrait la matérialité et la superficialité qui régnait à la Cour. Quant à la République, ils n'hésitaient pas à créer des clones en nombre et à les sacrifier dans une guerre qui n'était pas la leur, seulement celles des riches et des sénateurs qui protégeaient leur souveraineté dans les mondes du noyau : les clones ne méritaient pas un tels sorts et si la République était capable de telles atrocités, alors les droïdes y passeraient également. L'Empire n'était guère mieux que la République et le Consortium, Isis avait pour défaut de confondre les êtres-vivants et de ne voir que le négatif en eux, même si elle était parfaitement consciente de tout le bien dont ils étaient capables. Quant au Protectorat, ils étaient des nationalistes convaincus et Isis était certaine que le sort des droïdes ne les intéressaient pas. L'APEX ? Des bandits, des contrebandiers sans fois ni lois qui n'avaient qu'une devise : le profit. Cet avis devait être nuancé avec la disparition du Cartel des Hutt, mais cela restait toujours vrai aux yeux de la gynoïde.
On pourrait la croire très binaire et manichéenne, mais la régente avait apprit une chose très importante : si les êtres-vivants individuellement étaient incroyablement complexes et subtils, à grande échelle, ils étaient un troupeau dépourvu de nuance et d'intelligence. C'était la raison de la soumission des masses à une autorité : l'autorité représentait la complexité et la subtilité de l'individu et encadrait la masse dans cette optique. En outre, le corps prenait les couleurs de la tête et dans tous les cas, Isis n'aimait pas les têtes des puissances galactique.
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7/ 1500 ABY : Le règne de Darth Ankh
Devenir indépendante
La droïde était assise le cul entre deux chaises : d'une part elle était rejetée par les siens et de son projet et d'autre part, elle désirait ardemment être beaucoup plus libre. Cela faisait plusieurs siècles qu'elle servait et obéissait à la couronne et vivait dans l'ombre de ... ou à l'arrière de ... pour les rêves de ... mais jamais elle n'avait vraiment vécu pour elle-même : même son rêve était tourné vers autrui et non sur elle. Quoique, dans un recoin de ses circuits, Isis continuait d'aspirer à devenir humaine. La gynoïde était une droïde extrêmement ancienne, elle avait l'intelligence artificielle la plus développée, la plus puissante et la plus rapide de la galaxie, elle semblait être capable de tout, sauf être organique : la droïde voulait ce qu'elle ne pouvait pas avoir par caprice.
Durant le règne d'Ankh, la situation sur Cholganna et des droïdes libres continuait d'évoluer. Quelques huit milliards de droïdes vivaient sur la planète dont deux centaines de millions étaient des droïdes de combat. La majorité des droïdes étaient des civiles et vivaient en familles, ceux qui n'étaient ni créer pour le combat ni pour la vie civile étaient programmés pour la science et le travail d'usine. A l'extérieur, toutes les puissances et toutes les couches sociales étaient infiltrés par les quelques cinq millions d'espions d'Isis, c'était un nombre assez conséquent qu'elle cultivait depuis les années 950.
Cette société robotique était peu armée, Isis avait développer un réseau d'espionnage bien plus important pour la raison que la voie militaire ne correspondait pas à ses objectifs. La Gynoïde avait expérimenté le point de vue des organiques par rapport aux mécaniques, elle avait compris que les premiers considéraient les seconds comme des objets : son désir était de modifier le point de vue des organiques par rapport aux mécaniques. Plus important que le havre de paix qu'elle créait, l'objectif ultime et à long terme d'Isis était de changer les esprits. Pour cela, elle avait besoin d'un mouvement pacifique et le plus humain possible : les espions servaient à changer insidieusement les mentalités et la société droïde servait à pouvoir montrer à tous que les synthétiques pouvaient vivre en famille, travailler, avoir des bébés droïdes fabriqués à l'usine et être infiniment bien plus que des objets.
Du côté du Consortium, la cupidité et l'avidité des citoyens Hapiens pour l'éternité rendait Isis extrêmement populaire. Véritable incarnation de l'immortalité, Isis était approchée par quelques nobles et quelques matriarches pour devenir des droïdes et accéder à une vie éternelle. Subtilement, prudemment, Isis accordait la vie éternelle en échange de quelques faveurs et de quelques appuis, toujours sous couvert de bonnes intentions, pour la protection de la couronne. Quelque part, comme Isis agissait pour le bien de la couronne, il était normal de l'écouter et de lui rendre des faveurs lorsqu'elle le demandait, n'est-ce pas ? Néanmoins, le soutient dont disposait la gynoïde demeurait limité à cause de la paranoïa des nobles et des rumeurs qui planaient au-dessus de la tête ferrailleuse de la régente.
Isis avait grandement participé à l'éducation d'Ankh. De façon réciproque, Ankh avait un fort caractère et était une personnalité énigmatique ou peut-être bizarre : c'était la réalité pour l'ensemble des Reines qui gouvernèrent avant la dame rouge. Etrangement, les deux caractères se comprenaient, il y avait une certaine affinité entre la Reine et sa Régente : elles étaient comme intouchables et hors du temps avec un sens et un goût des choses différents de tous les autres. Par contre, consciente de son programme qui l'obligeait à protéger la couronne depuis si longtemps, Isis désirait se libérer de ses chaines pour savoir si ses sentiments à l'égard d'Ankh et des autres Reines étaient des sentiments réels ou factices créer par le programme ? Ainsi, Isis considérait la Reine avec affinité et affection, mais cherchait ardemment à savoir si de tels sentiments étaient bien réels. Pour tester cette réalité, elle devait se libérer du programme, de la matrice.