Honneur. Famille. Tradition... Et une bonne dose de vengeance. (PV Plo Tan'ith) (Terminé)

Il existe en cette galaxie de nombreuses factions, sous-factions et groupuscules. Au sein même d’une espèce, autant vous pouvez trouver des parangons de vertu, autant vous pouvez trouver les pires crapules qui soient. Prenez le clan Lone, par exemple. La lie de tout Mandalore et bien qu’ils aient pratiquement tous été exterminés, comme la vermine et les parasites, ils sont plus difficiles à éliminer qu’ils n’y paraissent. Mon clan garde un œil sur eux. C’est une affaire d’honneur. Quoi d’autres, direz-vous, quand il est question de Mandaloriens. Gardez vos jugements pour vous et appréciez simplement ce que moi et les miens faisons pour que ces rapaces ne vous tombent pas dessus comme les lâches qu’ils sont. Et justement, parlant de lâcheté, nous en avons un superbe cas. J’ai appris la nouvelle ce matin d’un de mes meilleurs éclaireurs.

Apparemment, le clan Lone, car autant clan digne de ce nom n’oserait s’abaisser à une tâche aussi déshonorante, a été recruté pour enlever les enfants d’un important officier de la République Galactique. Une affaire de vengeance, de ce que mon subalterne a intercepté. Qu’importe. La famille c’est sacré. Tout comme la tradition. Et je suis plus que prête à entreprendre cette mission sans la moindre compensation pour prouver ce point. L’opportunité de buter du Lone est une motivation suffisante. Naturellement, il va falloir prévenir le père que sa progéniture est en danger. Et pour ce faire, je compte bien utiliser ma nature de cyborg pour faciliter les choses. Il y a des choses qui ne se font tout simplement pas parce que pour le commun des mortels, c’est l’équivalent de courir au suicide. C’est donc bien mal me connaitre. L’impossible, c’est mon quotidien.

C’est très Mandalorien, même. Les gens ont trop tendance à utiliser ce mot. Alors… Pour aller rencontrer en secret ce fameux amiral, j’ai attendu que son vaisseau soit en orbite près d’un satellite militaire de la République, duquel je me suis projeté à la vitesse d’un missile en m’alignant sur un sas d’urgence que personne de sain d’esprit ne penserait à utiliser puis j’en ai piraté l’accès avant d’activer mon système de camouflage optique pour me rendre jusqu’à son bureau en évitant patrouilles, systèmes électroniques et j’en passe. Un chemin direct aurait pris considérablement moins de temps mais je ne veux pas être vue. Je ne sais pas à qui il peut se fier ou non. La porte du bureau est toute aussi rapidement piratée. Expertise, talent, discipline et expérience sont autant d’outils indispensables pour mener à bien une mission. Me voilà à l’intérieur du bureau… Vide.

C’est encore mieux car j’aurai le loisir d’analyser la pièce pour des dispositifs de surveillance, actifs, passifs ou dissimulés. Une bonne heure s’écoule avant que l’amiral ne revienne. Je ne suis pas pressée. Enfin. Oui et non. J’ai un message à lui remettre et je ne sais pas ce que le clan Lone compte faire de ses otages. Fort heureusement pour moi, car je n’ai pas envie de me battre contre des clones si je peux l’éviter (un vrai guerrier se bat par la nécessité des choses, pas simplement par orgueil), il fait attendre son escorte à l’extérieur du bureau. J’attends que la porte se referme et qu’il soit à son bureau pour prendre la parole. Je ne vais pas me révéler tout de suis à lui. Des fois qu’il serait agressif voire carrément hostile. Toujours s’assurer d’avoir au moins un plan de secours. Entrer dans ce vaisseau a été relativement facile. En sortir? C’est une autre histoire.

« Amiral, faites comme si tout était normal. Je viens ici avec un message urgent. Je m’appelle Viveka Eldar. Chef du clan Eldar. La chef des Jedi verts Allana Fern pourra témoigner pour moi du fait que je suis fiable. Je suis ici car le clan honni des Lone a kidnappé vos enfants pour le compte d’une faction pour le moment non identifiée. Je suis Mandalorienne. Honneur, famille et tradition sont mes raisons de vivre. Je viens vous proposer mon aide pour sauver la chair de votre chair. »

Cette semaine avait été particulièrement mouvementée pour Plo. En effet déjouer des tentatives d’assassinat, mener une opération en catastrophe pour libérer des scientifiques, mettre en échec les plans d’un sénateur vicelard tout en négociant avec la chef de guerre de l’Apex n’avait pas été de tout repos. De surcroit, le kel’dor avait accumulé beaucoup de tension ces derniers temps et souhaitait se reposer quelques peu avant de rencontrer Maximilian Seidelman. Il pénétra seul dans son bureau, laissant deux clones garder l’extérieur, même s’il y avait peu de chances qu’un assassin ait pu infiltrer son personnel de sécurité. A bord de son croiseur, il se sentait à l’abri du danger et faisait confiance à ses hommes. Il se rendit à son bureau et s’assit derrière son écran dans son fauteuil, ou plutôt se laissa tomber dedans comme s’il avait été assommé par la fatigue. Il bailla tout en retirant sa casquette d’officier qu’il laissa négligemment sur le coin de son bureau. S’affaissant, contre le dossier de son fauteuil, il passa ses mains sur son visage comme pour essayer de se ressourcer et récupérer. A travers son masque respiratoire, un soupir se fraya un chemin pour évacuer le stress. Il se servit une canette hermétique qu’il consommait avec une panne pour éviter toute intrusion d’oxygène dans son organisme, un petit rituel qu’il s’adonnait afin de se détendre un peu. Il se pencha sur ses deux écrans pressa une touche pour sortir du mode veille, un bip lumineux lui indiquait qu’il avait plusieurs messages, aussi il composa son code pour déverrouiller son matériel.
Plusieurs messages étaient encore non-lu, mais deux retinrent son attention : un d’Amelia Wolf à caractère urgent, et un autre de sa fille, Tila Tan’ith. Concentré, il allait les lire quand une voix provint d’un recoin sombre de son bureau, il n’avait allumé qu’une faible source de lumière sur son bureau en entrant, laissant le champ libre à l’intrus de l’observer. La voix, féminine, força l’officier à se raidir derrière son bureau. Très lentement sa main gauche descendait vers son arme à sa hanche mais au fur et à mesure du discours de celle qui se faisait appeler Viveka Eldar, il retint son geste. Ce qu’elle disait avait du sens, mais ces paroles manquaient de preuves.

- Comment êtes-vous entrée ici ?!

Dit-il une voix sèche tout en s’emparant de sa télécommande sur le bureau très lentement pour ne pas paraître dangereux et il pressa un bouton dessus, allumant l’ensemble du bureau pour mieux percevoir son interlocutrice qui était à l’autre bout de la salle, prêt du hublot. Son interlocutrice portait une armure intégrale à la visière en T très reconnaissable. Il écarquilla des yeux derrière son masque respiratoire pour se redresser en se remettant debout. Puis il reprit la parole d’une voix plus douce mais ferme.

- Vous êtes mandalorienne exact ? Votre parole est d’or d’après les rumeurs. Mais ce que vous m’avancez est… étrange… quelles preuves avez-vous de ce que vous dites ? Pourquoi vouloir m’aider ?

L’officier l’ignorait encore mais le message reçu par sa fille concernait justement l’un de ses enfants. Si ce que disait la mandalorienne était vrai, alors Plo Tan’ith savait qui serait sans doute derrière tout ça : l’amiral Dospeet ou le général Speatec, ou peut-être la sénatrice Palenix. Mais l’enlèvement de ses enfants ne pouvait être le fait que de l’une de ces trois personnes. Auquel cas leur opération aurait été montée en catastrophe compte tenu du temps écoulé depuis l’échec de Ducan à convaincre l’amiral de le rejoindre. Ils ont forcément du laisser des pistes trainer. Quelques peu confus entre le désespoir et la rage quant au sort de ses enfants… il comptait bien faire quelque chose mais pour l’heure restait à voir les réponses de son interlocutrice se tenant devant elle, et selon ses dires, prête à l’aider.

« Un Mandalorien ne révèle jamais ses techniques, amiral. Je peux vous dire cependant que tous vos systèmes sont intacts et qu’aucun de vos homme n’a été ne serait qu’effleuré par ma personne. Quant aux preuves… Une escouade du clan Lone qui n’est désormais plus de ce monde. Et je veux vous aider car pour mon clan, la famille est sacrée. Osez me traiter de sentimentale, cependant… »

Le clan Lone. Juste prononcer le nom et on sent toute la haine que j’ai pour cette vermine revendiquant le titre de Mandalorien. Ils n’ont aucun honneur. Aucun respect pour nos traditions les plus sacrées. Ils ne méritent aucune pitié, certainement pas après toutes les atrocités dont ils se sont rendus responsables. Je veux aider parce qu’il s’agit du clan Lone. Je ne demande rien en échange. Aucune compensation financière. D’accord, c’est économiquement irresponsable. Et alors? Je ne suis pas l’Apex où tout se mesure à l’argent. Je suis une Mandalorienne et en tant que tel, l’honneur demande que certaines choses se fassent, indépendamment de ce qu’on en retirera, matériellement, à la fin de la mission. Ainsi sont les traditions et elles se doivent d’être honorées, même si je suis plus progressiste que conservatrice. Et s’il veut des preuves, j’en ai. Physiques de surcroit.

Je m’avance vers son bureau, lentement, prudemment. Nous n’en sommes pas à l’étape de se pointer nos armes dessus respectivement mais les Républicains ont toujours été, pour la plupart, nerveux devant les Mandaloriens. Autant ne pas envenimer inutilement les choses. Je pose sur le meuble un datapad, récupéré sur le cadavre d’un des mercenaires précédemment mentionnés. L’ordre de mission est écrit dans ma langue maternelle et en basique et est très clair : enlever les enfants de l’amiral Plo Tan’ith en représailles pour son interférence dans des affaires ne le concernant pas. Les enfants seront amenés au sein d’une installation républicaine spécifique qui est sous la supervision des forces armées républicaines. Peut-être que cela aura à ses yeux davantage de signification que pour moi. Je n’aurai aucun problème à faire feu sur des cibles républicaines. Lui, en revanche…

Tout ce que moi je sais, c’est que quiconque assez fourbe pour faire appel au clan Lone mérite de se faire descendre avec ces déchets. J’ai de la difficulté à concevoir que quelque officier républicain ayant accès aux rapports de leur service de renseignements pourrait volontairement vouloir faire appel à ce clan s’ils ont la moindre idée de leur réputation. C’est comme faire appel à l’Apex. Travailler avec des criminels est clairement une mauvaise idée. Si on veut faire quelque chose, pourquoi le faire dans l’illégalité? Ce concept m’échappe. Faire appel aux Mandaloriens, c’est accepter de travailler avec des professionnels. Nous avons une riche histoire qui font de nous les personnes les plus indiquées pour les missions difficiles ou jugées impossibles. Et c’est dans une longue tradition de légalité. Un contrat avec des clauses définies et tout ce qui va avec.

« Tout est clair à mes yeux. Quiconque a recruté ce clan sans scrupule est aussi indigne de tout respect qu’eux. Je ne sais pas qui sont vos ennemis, amiral, ni l’étendue de leurs moyens mais une chose est bien certaine. Un membre du clan Eldar ne va jamais laisser le clan Lone s’enrichir en déshonorant le nom de Mandalorien. Si vous acceptez mon aide, ce sera un grand honneur pour moi de réparer ce tort. »

Comme j’ai dit qu’il fallait que tout ait l’air normal, pour ne pas alerter les clones dehors, j’ai gardé un ton de voix relativement bas. Mais la fierté est parfaitement décelable dans mon ton. Je ne suis pas Mandalorienne que de nom. Je suis Mandalorienne par nos valeurs, notre culture et tout ce qui fait de nous une culture si unique dans une galaxie constamment en proie au chaos. Libre à l’amiral de refuser mon aide ou de remettre ma crédibilité en cause. Je suis venue ici animée de nobles intentions, je traquerai le clan honni des Lone avec ou sans lui. Simplement, comme il est également concerné, ce n’est que politesse de l’en informer. J’espère une chose cependant : qu’il soit plus un homme d’action que de bureaucratie. Attendre après des autorisations n’a jamais été et ne sera jamais mon point fort, j’en ai bien peur. Je préfère agir que réagir.

C’était particulier de se dire que ses propres enfants avaient déjà pu être enlevés par des mandaloriens. Avaient-ils pu résister ? L’officier chercha à rester de marbre même s’il était en proie au doute et plutôt circonspect à l’égard de la Mandalorienne qui avait l’air sincère. Plo avait reçu un message de sa fille, ce qui excluait de facto qu’elle puisse être la cible. Il commença à parler tout en s’asseyant à son bureau pour consulter le message qu’il avait pu recevoir de sa fille.

- Je n’ai pourtant reçu aucune demande de rançon ou de consignes à suivre, s’ils ont été pris en otage je présume que c’est pour obtenir quelque chose de...

Il resta estomaqué devant le message qu’il venait de recevoir de la part de Tila. C’était une retranscription écrite d’un message vocal qui avait été envoyé crypté selon les consignes de l’escadron Rogue en termes de transmission depuis un territoire ennemi. Abattu dans son fauteuil, il diffusa l’audio pour son interlocutrice

« Papa ! Gnost a été enlevé ! Des mandaloriens ont essayé de m’emporter également, j’ignore si je parviendrais à les semer longtemps je suis à bord de leur vaisseau. J’ai pu utiliser leurs communications, mais ils sont à la porte. Je t’envoie mes coordonnées même si on a pu bouger depuis notre point d’origine que tu n’auras aucune difficulté à retrouver. Ils arrivent, je… »

Il y eut des échanges de tirs, mais l’officier reconnut le bruit spécifique d’un tir de blaster paralysant quelques secondes avant que le signal se brouille pour se terminer. Tila avait du tirer une dernière fois sur la console de communication pour effacer toute trace de son message dans la base de données mandalorienne. Tila avait de la ressource, mais face à des mandaloriens, Plo estimait que ses chances d’échapper à ses ravisseurs étaient maigres. Le kel’dor était en proie au désespoir : cette manœuvre signifiait qu’il avait remué suffisamment de choses dernièrement pour devenir une cible et mettre en danger ses enfants. Le regret lui saisit le cœur et le laissa dans un état catatonique pendant quelques secondes. Puis une vérité douloureuse vint à son esprit : il était allé trop loin pour reculer. C’était à lui d’assumer ses responsabilités d’officier et de père en allant les chercher. Revigoré par une énergie insoupçonnée pour un kel’dor subissant encore les effets de la fatigue et du stress, il bondit de son fauteuil pour se diriger vers le mannequin supportant son armure de fusilier de la République.

- Effectivement, vous aviez raison. Je vais avoir besoin de votre aide pour régler cette affaire. Ils ont franchi une ligne. J’aurai préféré qu’ils attentent à ma vie, mais ils me craignent trop sans doute.

Il considéra l’armure un moment, puis s’empara de sa combinaison noire pour disparaitre dans sa chambre en continuant de monologuer.

- Ça va mal se passer pour eux… Très mal se passer pour eux…

Gardant le silence quelques instants, il revint devant la mandalorienne revêtu de la combinaison noire moulante réglementaire. Puis il s’empara des différentes pièces d’armure qu’il revêtit avec rapidité et efficacité. Même s’il ne l’avait pas portée depuis un moment, il semblait avoir conservé des réflexes assez stupéfiants et était habitué à l’installer. Puis il se dirigea vers une armoire verrouillée. Le kel’dor tira un cylindre à codes de son uniforme et l’inséra dans le meuble en duracier pour taper son code personnel. Les deux portes s’ouvrirent après un bip électronique, révélant à la mandalorienne un petit arsenal standard des fusiliers : une carabine blaster de modèle CC-84.5 qu’il vérifia avant de la mettre à son épaule via sa sangle. Puis il s’équipa de son fidèle pistolet blaster DC-84 qu’il avait en permanence avec lui à sa ceinture. Il récupéra également du matériel et de l’équipement spécifique pour le combat.

- Est-ce que vous avez un début de piste ? Je préconise qu’on se renseigne depuis mon bureau sur le point de départ de la chose, et la localisation de la dernière transmission de ma fille, on devrait avoir quelque chose à exploiter si…

Une voix dans l’intercom de son bureau résonna, c’était celle de son aide de camp.

- Amiral Tan’ith. Une Jedi demande à vous voir.
- Dites lui que je suis occupé…

Répondit Plo d’une voix sèche tandis qu’il vérifiait si les cellules d’énergie étaient bien à leur place. La voix se fit hésitante avant d’insister :

- C’est-à-dire que c’est votre fille amiral… elle est déjà en route vers votre bureau…

L’amiral s’immobilisa. Sil était encore sauve. Les mandaloriens n’avaient pas pu mettre la main sur elle de part ses qualités de Jedi et étant en permanence au temple.

- Puisse la Force être louée !

Soupira de soulagement l’officier qui entendit la porte s’ouvrir. Sil Tan’ith sa fille cadette était présente.

- Papa ? J’ai des informations importantes à te…

La Jedi s’immobilisa et considéra la mandalorienne dans le bureau de son père qui avait vraisemblablement revêtu son armure de fusilier de la marine républicaine.

- Qu’est-ce qui se passe ?
- Ta sœur et ton frère ont été enlevé par des mandaloriens. Cette mandalorienne du clan Eldar me l’a confirmé, et Tila m’a envoyé un message en ce sens.

Sil accueillit la nouvelle avec inquiétude affichée sur son visage. Se tournant vers la guerrière, elle s’approcha d’elle et essaya de la sonder dans la Force sur ses intentions.

- Je suis Sil Tan’ith chevalier Jedi et fille de l’amiral. Enchantée.

Dit-elle en inclinant légèrement la tête vers la mandalorienne en guise de salutations. Puis pivotant vers son père elle reprit la parole d’une voix compatissante et insistante.

- En ce cas je dois vous accompagner. Des mandaloriens ont été aperçus rôdant à proximité du temple, Tila m’a également envoyé le message. Je pense que j’étais leur troisième cible, mais j’ai pu me faufiler hors du temple en trompant leur vigilance.
- Non, ce serait trop dangereux. Mais j’ai une autre tâche pour toi : assure toi d’accompagner mon droïde de protocole jusqu’au commandeur Seidelman ainsi qu’à son aide de camp : Amélia Wolf. Ne fais confiance à personne d’autre et ne laisse personne le toucher. Il contient des informations capitales. J’ai fais une copie des données au cas-où, mais je crains d’être à la source de tout ça. Fais-le, la République est en grand danger, je me charge de libérer Gnost et Tila ne t’en fais pas.

Sil considéra un instant le droïde qui arriva depuis la chambre. Puis elle jeta un regard à la Mandalorienne, et se réfléchit silencieusement. Quelques peu indécise, la Jedi était partagée entre son envie de sauver sa famille, et accomplir son devoir. Son père le lui avait demandé, et elle choisit de lui faire confiance, cela dit elle s’approcha de lui et l’enserra dans ses bras.

- Très bien, je te fais confiance. Mais dès que ma mission sera accomplie, je vous rejoindrais.

Elle donna un petit collier qu’elle mit autour du cou de son père.

- Que la Force soit avec vous…

Puis elle quitta la salle avec le droïde de protocole sur ses talons. Plo avait terminé de s’équiper et il ne lui restait que le casque à enfiler.

- Bien, par où nous commençons ?

Je suis soulagée de voir qu’il prend la situation avec tout le sérieux nécessaire. Trop souvent, les gens sont du genre à vouloir établir un plan d’action, réfléchir inutilement à une solution qui de toute façon va partir par la fenêtre à la première complication venue. Également, c’est rassurant de voir qu’il sait faire usage d’un des langages les plus universels qui soient : la violence. On ne peut pas raisonner avec des gens qui ne veulent pas discuter. Et ceux qui ont pris en otage ses enfants ne discutent jamais. Sauf peut-être sous la promesse de plus d’argent mais encore là… Qui serait assez stupide pour payer des gens qui vont simplement vous en demander plus et encore plus et toujours plus? Clairement, en éliminant de façon définitive l’ennemi, nous atteindrons plus facilement notre objectif. Intérieurement, je me demande quel genre de famille c’est. Je salue sa fille, au passage.

De ce que je peux voir et de ce que je sais, contrairement aux enfants « typiques » des hauts personnages républicains, ils sont étonnamment difficiles à capturer. Avoir l’inconscience d’épier le temple? Ce clan de traitre est définitivement plus désespéré que même moi je l’aurais imaginé. Tant mieux, en un sens. J’aime les savoir en mauvaise position. Et si son enfant qui n’a pas encore été capturé veut se joindre à nous plus tard, j’ai mes propres renforts en tête. Une armée implacable composée… D’une personne. Nombreux sont ceux qui pensent avoir tout vu. Je vous assure que peu sont prêts à accepter la réalité constituée par Myrianova, mon fidèle bras droit. J’ai vu comment elle était, physiquement, avant, et comment elle est maintenant. S’il y a bien quelqu’un qui déteste plus le clan Lone que moi, c’est elle. Et ça a tout prit pour l’empêcher de venir avec moi sur ce vaisseau.

Je suis une adepte des interventions discrètes. Précises. Chirurgicales. Et se rendre jusqu’aux quartiers de l’amiral n’a pas été aussi facile que j’en donne l’air. Avec Myrianova pour m’accompagner? Nous n’aurions pas fait trois pas qu’ils nous auraient détecté. Je lui ai dit où nous rejoindre. Elle saura faire le nécessaire en temps et lieu. Cette histoire de point de départ mentionné par l’amiral, je ne le connais pas. Je sais où ils vont, par contre. C’est mentionné dans les données que j’ai récupérées sur les corps de mes ennemis. Planète : Argus. Lieu : Une installation militaire républicaine. Officier en charge de l’installation : Non spécifié. On peut naturellement tenté de voir s’il y a d’autres indices sur les lieux des enlèvements mais à mon sens, ce serait une perte de temps. Chose que je lui fais remarquer avec un minimum de diplomatie. Des fois que…

« Le datapad que je vous ai remis indique Argus comme planète. Nous savons qui est le kidnappeur et où il se trouve. Que cherchez-vous à trouver sur les lieux initiaux des enlèvements? Ne serait-il pas plus judicieux de se rendre sans délai là où se trouvent vos enfants? J’ai pris des précautions et des renforts nous rejoindrons. Ce serait égoïste pour moi d’agir sans mon clan, surtout quand il s’agit d’honneur. »

Chose certaine, hors de question qu’il monte à bord de mon vaisseau. C’est le mien. Et comme mes armes ou mon armure, c’est sacrilège que de demander à un Mandalorien… Ça. Il peut compter sur mon soutien, sur mon support et sur ma collaboration. Ça ne veut pas dire tolérer ou autoriser tout et n’importe quoi pour autant. Je lui laisse volontiers le rôle héroïque du sauvetage. Je me réserve la tâche glorieuse d’éliminer ceux qui déshonorent le nom de notre culture. Une même mission. Deux objectifs différents. Et ultimement j’espère que nous nous séparerons sans plus d’effusion de sang. Je sais que les Républicains n’aiment pas les Mandaloriens mais de guerrier à guerrier, en général, on se comprend. Et puis du reste, avec un peu de chance, il saura quel clan appeler la prochaine fois qu’il a besoin de combattants aguerris pour l’épauler…

Plo s’empara du datapad qu’il avait oublié dans son élan pour sauver ses enfants. Il le consulta tout en écoutant la mandalorienne lui parler d’Argus. Il avait déjà entendu ce nom par le passé entre la bouche du sénateur Ducan. C’était trop gros pour être le fruit du hasard. Ils étaient retenus dans une installation républicaine, Plo craignait de devoir affronter des soldats de la République et se demandait s’il ne ferait pas mieux d’essayer de prendre contact directement avec l’officier sur place pour offrir une diversion de choix aux mandaloriens. Quelques peu pensif, il réfléchissait à un plan d’action et murmura derrière son masque en regardant les données affichées sur le datapad.

- Argus. Ce n’est donc pas une coïncidence…

Maintenant qu’ils avaient une destination, l’amiral était prêt à agir. Vérifiant l’état de sa carabine blaster et de ses cellules d’énergie, le kel’dor s’approcha de son ordinateur et de son comlink pour prendre la parole à nouveau.

- Effectivement vous avez raison Eldar. Bien si nous savons où aller… je vous suis. Avez-vous déjà pu faire une estimation des troupes présentes ? Je vais vous rejoindre. J’aurai peut-être un plan à soumettre…

Ayant tout prévu, l’officier se saisit de son casque qu’il enfila sur son visage afin de pouvoir suivre le trajet de la mandalorienne. Ce serait peut-être plus facile pour la mandalorienne de sortir de cet endroit désormais.

- Vous avez le nom du kidnappeur ?

Demanda Plo, même s’il se doutait bien qu’il ne s’agirait certainement pas du commanditaire de cette opération, mais plus du commandant mandalorien ayant coordonné l’enlèvement de Tila et de Gnost. Qu’importe, Plo suspectait Dospeet ou le général d’être derrière cet enlèvement. Et ils allaient le lui payer chèrement. Il les capturerait et les trainerait devant le commandeur suprême pour qu’ils répondent de leurs actes de haute trahison devant lui. Plo en faisait le serment.

- Vous avez votre vaisseau non loin ou est-ce que nous prenons ma navette ? A moins que mon croiseur puisse servir de couverture à votre infiltration.

Les Mandaloriens sont capables de grandes choses mais de miracles… Un peu moins. J’aurais voulu lui en dire plus. La composition des troupes, les forces ennemies en présence, qui est derrière tout ça… Vraiment faire un rapport complet. Le problème, qui n’en est techniquement pas vraiment un, c’est que dès que j’ai découvert l’implication du clan Lone, je suis venue ici. À mes yeux, il était bien plus important d’avertir ce Plo Tan’ith du danger que d’aller faire du repérage sur une planète dont je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler. Trouvez-moi une personne, pas une intelligence artificielle, qui connait par cœur le nom de toutes les planètes de la galaxie et je jure solennellement de vous payer une tournée dans tous les bars de l’espace mandalorien. Probablement même de l’espace de l’Apex également. Enfin.

Tout cela pour dire que malgré toute ma bonne volonté, il y a des choses que je ne peux tout simplement pas faire. Dans l’état actuel des choses, il a plus de chance d’en découvrir avec ce que je lui ai dit que moi le temps de me rendre sur place et de mener l’enquête. Comme je viens pour lui répondre, je reçois un appel entrant dans mon casque. Je sais déjà de qui il s’agit. De mon fidèle bras droit précédemment mentionné qui vient très probablement de se rendre compte que je ne suis pas DANS mon vaisseau, en train de parler avec l’amiral mais plutôt infiltrée dans celui de l’officier républicain. Et bien que Myrianova soit sans pitié contre mes ennemies, c’est presque une mère poule quand il s’agit de ma sécurité. Je la rassure comme quoi tout va bien mais elle est tellement furieuse que le Kel’dor va quand même entendre des bribes de mandalorien.

« Excusez cet intermède, amiral. Mon fidèle bras droit. Elle s’en fait toujours plus que de raison quand il s’agit de moi. J’apprécierais également que vous m’appeliez Viveka. Eldar est le nom de mon clan et ne doit pas être utilisé à la légère. Aussi, malheureusement, je n’en sais pas plus que vous sur ce qui nous attend sur Argus, en dehors du fait que la vermine est commandée par Halla Lone. Qui est-il?

Un boucher qui n’hésitera pas à exécuter ses otages. Une disgrâce au nom de Mandalorien. Et une vraie ordure dont je prendrai la vie avec plaisir. Je comprends que les principes de la République exigent un procès juste et équitable. Comprenez que les lois de mon peuple sont différentes. Vous jugerez les Républicains comme vous l’entendez. Les traitres sont à moi. Tels sont mes conditions dans cette affaire.

Pour ce qui est de mon vaisseau, il est à proximité. Et respectueusement, amiral, hors de question de vous faire monter à bord. Il y a certaines traditions qu’on ne saurait changer. Quant à débarquer avec votre croiseur… Ne pensez-vous pas que ce serait révéler de façon flagrante votre présence à l’ennemi? À vous de voir comment vous voulez vous débrouiller avec les forces républicaines. Pour ma part, je vais m’infiltrer et prendre les traitres à revers.

Ah oui, petite précision. Je ne sais pas comment vous le voyez mais je ne négocie pas avec l’ennemi. Mon contrat est avec vous, amiral. Si je suis capturée, il est attendu que vous finissiez votre part de mission et que vous quittiez les lieux. Aucune tentative de sauvetage. L’honneur demande d’assumer le poids de ses fautes. Si je dois tomber au combat, ainsi soit-il. Un Mandalorien qui devient un fardeau déshonore son clan. »

À l'amiral de choisir comment nous allions procéder dans le grand ordre des choses. Je suis prête à lui laisser pratiquement carte blanche, tant et aussi longtemps, bien sûr, que je puisse être un scalpel et non une massue...

Plo Tan’ith réfléchit quelques instants, le croiseur risquerait d’être mal vu, mais sans doute qu’une corvette serait moins menaçante et alerterait moins l’ennemi sur le rang de l’officier à bord. L’amiral aurait préféré être à bord d’un vaisseau mandalorien pour ne pas éveiller davantage de soupçons, mais attirer l’attention sur la corvette donnerait sans doute du temps au clan Eldar de parvenir à s’infiltrer. C’était une possibilité, mais l’heure était surtout à l’action : le kel’dor avait un avantage sur ses adversaires, personne ne s’attendait à le voir débarquer sur Argus. L’effet de surprise laisserait une fenêtre de tir suffisante pour agir avec rapidité et efficacité. Considérant les propos de son interlocutrice, l’officier de la marine resta quelques peu silencieux. Visiblement le leader du clan de Mandaloriens était réputé pour sa cruauté et sa boucherie, mais ces mêmes traits devaient avoir été mis en laisse par son employeur. Dospeet, suspect principal à l’égard de Plo Tan’ith était quelqu’un de plus subtile qu’un mercenaire. Il cherchait à obtenir un moyen de pression sur l’amiral. Mais il n’avait encore prévenu personne de son kidnapping, dans quel but cela pouvait-il être ?

Le kel’dor répondit à la mandalorienne lui faisant face d’une voix calme et humble.

- Très bien Viveka, je vous suis reconnaissant de m’avoir prévenu de l’enlèvement de mes enfants. Bien entendu je vous laisserai gérer l’avenir des membres du clan Lone, je m’occuperai des officiers républicains derrière cette machination.

Avec les crédits gagnés par l’opération de Plo à l’encontre du sénateur Ducan, le kel’dor escomptait bien récompenser les actes de Viveka ainsi que son clan avec ce fond de crédits. C’était la moindre des choses qu’il pouvait faire à leur encontre. Il resta silencieux sur le fait qu’il devait laisser Viveka tomber si elle échouait. Ce n’était pas aussi simple que ça pour l’amiral. La République n’abandonnait pas ses hommes si jamais ils étaient condamnés, bien entendu il prioriserait ses enfants, mais une fois l’objectif atteint, sauver Viveka était aussi important. L’officier avait une dette à son égard. Mais il n’en dit rien à son interlocutrice. L’amiral s’empara de son comlink et prit la parole par le biais de celui-ci pour donner ses consignes.

- Capitaine, une affaire urgente m’appelle. Je dois réquisitionner une corvette de classe Tal pour une opération spéciale. Que mon escorte se tienne prête à embarquer directement au hangar dans 20 minutes.

Plo Tan’ith rangea son comlink et verrouilla son terminal privé pour prendre son casque sous le bras. Il posa une dernière question à la mandalorienne…

- Dois-je vous raccompagner jusqu’à votre vaisseau ? Cela vous évitera des problèmes avec le personnel de bord.

Si elle avait réussi à venir jusqu’ici, rien n’indiquait qu’il serait aussi aisé de quitter le vaisseau. En accompagnant l’amiral, il serait plus aisé et rapide de retourner sur son vaisseau afin de préparer les siens au combat. Les clones pouvaient paraître un peu nerveux en voyant un mandalorien en armure intégrale face à eux se promener librement dans les coursives d’un vaisseau de la flotte de la République.

« Ce ne sera pas nécessaire, amiral. Si j’ai réussi à me rendre jusqu’à vous sans me faire prendre, je réussirai à retourner à mon vaisseau de la même façon. Ce serait déshonorant que d’échouer dans une tâche avant même que le gros de la mission commence. Je sais, je sais. Ah les Mandaloriens, ils n’ont que le mot honneur à la bouche. Peut-être. Mais pour nous c’est une façon de vivre, pas un slogan. »

Sur ces paroles, je disparais. Je ne suis pas un instrument de précision, une arme mortelle, pour rien. Franchement, j’ai eu à m’introduire dans des endroits considérablement plus sécurisés. Ce serait une honte que de ne pas réussir à faire ce dans quoi j’excelle. Super commando et chef de clan… Le poids sur mes épaules semble souvent écrasant mais j’ai accepté cette charge quand j’ai décidé de porter ce flambeau. Aucune complication à l’allée, aucune complication au retour : je dois admettre que je suis plutôt satisfaite de moi. Je regagne sans mal mon vaisseau et je mets le cap sur ce monde qui jusqu’à très récemment, je ne connaissais pas du tout. Il y a trop de planètes habitées dans cette galaxie… Et naturellement, Myrianova me confirme sa présence et tout ce qui va avec. Personne n’aime devoir sortir les ordures, au risque de me répéter…

Mais c’est vraiment ce qu’est le clan Lone. Le voyage se passe sans encombre et se poser ridiculement facile. Pour commencer, leur grille de surveillance est tellement pleine de trous qu’on aurait probablement pu faire passer un escadron de chasseurs sans que les autorités locales ne s’en rendent compte. Ensuite, je ne sais pas ce que dit la brochure touristique sur cette planète mais on se croirait du bord du Consortium. La décadence d’une élite sur une masse pauvre… C’est une belle planète, en un sens. Le niveau de pollution est étonnamment peu élevé et les coins laissés à la nature sont de toute beauté. Mais si la République se veut égalitaire, alors elle a clairement manqué son coup ici. Et les slogans qu’on voit partout? De fausses promesses pour forcer la classe pauvre à travailler encore plus fort. Clairement, ils ont mieux à faire que de scruter les cieux.

De toute façon, comme les non Mandaloriens sont incapables de nous différencier, on dirait, admettons que je me fasse intercepter, je n’ai qu’à prétendre faire partie du clan Lone. Avec leur réputation, on va me laisser tranquille, vite fait, bien fait. Qui plus est, arriver incognito et en avance me permet de faire un repérage des lieux. Essayer de comprendre ce qui se trame vraiment. De découvrir qui tire les ficelles. Je suppose que le commanditaire est prudent. On ne peut pas en dire autant de ces parodies de guerriers. Leur manque flagrant de discipline fait en sorte que tôt ou tard, l’un d’entre eux va trop en dire. Je ne dirais pas que c’est inévitable mais presque. J’ai naturellement envoyé un message crypté à l’amiral pour lui faire part de mes progrès et où est-ce que je loge. Mon angle d’attaque est simple. S’infiltrer, trouver Halla Lone et l’exécuter, fin de l'histoire.

Cela dit, peut-être que l’amiral va vouloir faire usage de son grade pour entrer dans la base et s’il se met en danger, il va falloir que je protège mon… Mécène. Qui ne l’est pas vraiment puisque je ne m’attends à aucun paiement de sa part. Je le fais pour nuire au clan Lone et parce que la famille c’est sacré. Certainement pas pour de l’argent. En tant que commanditaire, il a droit de regard sur la façon dont le plan se déroulera… Tant que je reste dissimulée, attendant le bon moment pour frapper. Je peux opérer en pleine lumière, oui. Mais mon art n’est pas celui de brandir les armes et de foncer dans le tas. Il y a plus d’un moyen de venir à bout d’un problème et je préfère quelque chose de plus artistique et de plus élégant, tout simplement. À chacun sa façon de faire… Tant que c’est pensé et réfléchi. Je ne fais pas dans les actes de foi. Saine façon de rester en vie.

C’était se compliquer la tâche, mais Plo haussa les épaules en voyant Viveka décliner poliment sa proposition de la raccompagner. Prenant son casque sous le bras, il verrouilla son appartement après avoir mis sa carabine blaster en bandoulière, il intima à son escorte de le suivre jusqu’au hangar ou sa navette l’attendait avec d’autres clones constituant son escorte et un pilote et copilote. Celle-ci quitta le hangar en direction d’une corvette faisant partie des effectifs déplacés par Plo Tan’ith, il s’agissait d’une corvette de classe Tal qui se sépara du reste de la flotte pour se rendre vers Argus. Le voyage serait quelques peu long, mais pas de beaucoup, 7h seulement. Durant le voyage Plo essaya de se reposer dans son armure de combat et de fermer les yeux pour être prêt à l’action. Il avait accumulé beaucoup de stress depuis les récents évènements, aussi se reposer était la meilleure chose à faire. Il ne parvint cependant pas à avoir un sommeil aussi réparateur qu’il l’aurait voulu… ses songes étant assez sinistres et incluant la perte de ses enfants. Une chose qui le tira de son sommeil à plusieurs reprises…

La corvette arriva en orbite d’Argus, et repéra l’installation républicaine présente qui serait le lieu d’atterrissage. Plo était réveillé à ce moment là et se trouvait dans le centre de pilotage qui gérait également les communications. Une transmission entrante demandait à la corvette de s’identifier par le biais de son transpondeur, et de renseigner le motif de sa présence.

- Ici le Theed. Nous avons subis des dégâts au cours de notre patrouille et avons été coupés de notre formation. Demandons autorisation de nous poser pour effectuer les réparations et décharger notre cargaison le temps de stabiliser nos systèmes internes et réacteurs.

Déclara la voix du capitaine de corvette. Plo à ses côtés restait silencieux attendant l’autorisation de se poser sur une aire d’atterrissage réservée. Après une longue minute, l’autorisation fut donnée. La corvette de classe Tal amorça davantage sa descente vers l’installation républicaine d’Argus, manœuvra au dessus de l’aire et déploya ses trains d’atterrissage. Le petit choc indiquant que la corvette était bien au sol sonna chez Plo comme le signal qu’il était l’heure d’agir. L’officier avait pris soin de briefer l’escorte de clones à ses côtés. Il avait retiré plusieurs de ses galons sur son armure afin de passer pour un lieutenant fusilier de la marine républicaine. Son casque maintiendrait le doute sur son identité. Le kel’dor se demandait ou étaient les mandaloriens, mais pour l’heure il essaierait d’agir en solitaire, attendant leur attaque pour frapper.

Quittant la rampe de déchargement, il aboyait aux clones des ordres de vider des caisses scellées via des petits chariots à répulseurs et attendait de voir si quelqu’un allait les accueillir. Les clones s’exécutaient silencieusement, mais tout le monde semblait à cran du côté de l’équipage de la corvette. Cela n’inquiétait pas Plo Tan’ith qui saurait quoi répondre si on lui posait la question. Alors que les caisses étaient déchargées pour être transportées dans le complexe, l’escorte commença à prendre le chemin vers l’intérieur de l’installation républicaine, lorsque les portes donnant sur l’intérieur s’ouvrirent.

Mon infiltration s’était faite sans heurts. En apparence, c’était une installation républicaine classique. La même configuration standard qu’un nombre impressionnant de base militaire. Autant dire que vous en avez « visité » une, c’est comme les avoir toutes visitées. De ce côté, c’est un net avantage. Savoir se repérer facilement peut faire la différence entre la vie et la mort une fois que les échanges de tirs ont commencé. Si je ne savais pas que quelque chose de louche se tramait ici, je ne m’en serais jamais rendu compte. Donnons quelques points à celui qui dirige tout ce beau monde pour des précautions intelligentes. Si on y regarde de plus près, on remarquera une absence totale de clones. Juste des humanoïdes « ordinaires ». En soi, ce n’est pas inhabituel mais dans le cas présent, préoccupant. Pourquoi, demandez-vous?

Parce que les clones sont moins sujets aux vices que le reste des composantes de l’armée républicaine. Cela veut dire que bien qu’en apparence, ce soit une installation au service de la République, l’allégeance de ces messieurs dames, elle, restait nébuleuse. Est-ce qu’il y avait eu des clones en poste pendant un temps? Si oui, je n’avais pas trop de mal à m’imaginer leur funeste sort. Comme je le disais, rien d’inhabituel. Évidemment que les Mandaloriens ne seraient pas « à l’air libre », en train de se promener à la vue de tous. Un autre détail qui m’interpella : les uniformes. Tous étaient non marqués, non identifiés. En fait si, on voyait bien ce qui semblait être le logo républicain mais en y regardant de plus près, il était fait différemment. Était-ce là une façon de différencier les traitres du reste du lot? Un civil ordinaire n’y verra que du feu. L’amiral et ses hommes certainement pas.

Poursuivant mon travail, j’inspectai plusieurs bâtiments sans trouver ce que je cherchais. Comme si les informations obtenues étaient fausses. Ceci dit, mon instinct me criait que j’étais sur la bonne piste. Je remarquai une zone plus fortement gardée que le reste et une « anomalie » dans le décor : un de ces bunkers lourdement fortifiés servant en général de poste de commandement pour les défenses planétaires. Le seul petit détail c’était qu’Argus avait été « désarmée » de ses silos à missile depuis longtemps, selon ce que j’avais découvert en faisant mes recherches. Ce bunker n’avait donc que peu d’utilité et pourtant il était lourdement gardé. Voilà qui piquait ma curiosité. Je décidai de m’attarder plus longuement à son observation. Grille électrique à part, systèmes indépendants du reste du complexe… Oh oui. Les enfants de l’amiral sont quelque par là-dedans.

Mon objectif est donc de rendre l’ennemi aveugle et j’ai les moyens pour le faire. Il va falloir faire un tour par le centre de commandement mais je ne suis pas trop inquiète. Je suis, après tout, une Mandalorienne. Et je suis aussi une Mandalorienne sur la bonne voie car devinez ce qui garde l’intérieur de la pièce. Des soldats républicains, oui… Et un groupe de cinq membres du clan Lone. Tout ce beau petit monde semble en train de débattre de quoi faire du vaisseau qui vient de se poser. L’amiral, je suppose. Je lui envoie un court message, une série de bips pour lui faire savoir que je suis en place et que je confirme avoir trouvé où sont retenus ses enfants. Par la fenêtre, je vois un officier et son escorte se diriger vers le Kel’dor. Il semblerait qu’on ne lui donnera pas la permission de se promener librement. Qu’il ne s’inquiète pas. Si jamais ça tourne mal, j’ai une bonne surprise pour lui. Attendons de voir comment il va procéder : peut-être que cela se passera sans heurts…

Approchant de la porte d’entrée de l’installation républicaine, le petit convoi de l’amiral fut accueilli par un groupe de six soldats. Ceux-ci n’étaient pas des clones, c’était évident en voyant leur armure différente des troupes clonées d’une part, mais au fur et à mesure qu’ils approchaient, quelque chose fit tiquer Plo : leurs armures n’étaient pas marquées et le logo républicain semblait… différent. C’était des imposteurs vraisemblablement. Et l’officier était convaincu que son escorte avait vu la même chose que lui. Il fit mine de ne rien remarquer même si tous ses hommes semblaient prêts à ouvrir le feu sur ces agents doubles. Prenant un air décontracté, il les interpella à trois mètres pour leur demander quelque chose.

- Ah vous voulez bien nous filer un coup de main ? On doit transférer cette cargaison dans l’armurerie.
- Négatif sergent. Vous n’avez pas autorisation d’entrer jusqu’ici. Procédez à vos réparations, transmettez nous la cargaison et repartez d’ici.

Plo n’avait pas l’habitude de voir un sergent lui parler sur un ton aussi glacial et intimidant, il ne se laissa pas démonter et reprit la parole d’un plus sec tout en s’approchant du sous-officier, mains sur les hanches.

- C’est-à-dire… que nous avons nos ordres, et ceux-ci impliquent de garder à l’œil cette cargaison jusqu’à ce qu’elle soit entreposée. Une fois que c’est fait nous partirons.

Les six hommes se regardèrent l’air dubitatifs, et le sergent reprit la parole tout en s’approchant des caisses. Plo s’interposa après qu’il ait posé sa question.

- Qu’est-ce qu’elles contiennent ces deux caisses ?
- C’est confidentiel sergent.
- Étonnant tiens…

Rétorqua l’autre sergent d’un ton sarcastique. Plo Tan’ith releva la tête et observa son environnement, deux caméras l’avaient en visuel. Neutraliser les sentinelles serait trop compliqué sans alerter la base.

- Écoutez, on a reçu nos ordres provenant de l’amiral Dospeet. Si vous voulez, on repart avec cette cargaison et vous finissez vos jours au trou pour avoir désobéi aux ordres sergent ? Il en va de même si vous le dérangez pour une connerie de ce genre sergent !

L’autre soldat resta stoïque, l’amiral respira bruyamment derrière son casque et serra le poing avant de vociférer d’un air passablement agacé.

- Très bien, remballez tout les gars. On recharge les caisses, on va se retaper toute la route en sens inverse puis revenir ici, mais la prochaine fois on aura pas ces branquignoles nous barrant la route… et vous sergent, ça va chauffer pour votre matricule !

Tout était bon pour mettre la pression sur le sergent de la base. Et Plo n’avait pas eu besoin de trop forcer. Alors qu’il faisait demi-tour, le sous-officier l’interpella.

- Ok c’est bon c’est bon… mais on vous escorte jusqu’à l’armurerie et vous repartez.
- Vous voyez que vous pouvez être raisonnable…

L’escorte de Plo avait franchi le premier barrage, mais tous restèrent sur leurs gardes. Une fois à l’armurerie, ils improviseraient. Avec un peu de chance, elle ne serait pas surveillée par des caméras de surveillance à l’intérieur… Restait à voir ce que Viveka ferait, passer à l’assaut donnerait une plus large latitude à l’équipe de Plo de se rendre au centre de détention pour libérer ses enfants.

L’avantage quand on est invisible, c’est qu’on a tout le loisir de choisir comment on va neutraliser ses adversaires. Ils ne me voient pas. Ils ne peuvent pas me voir. Et en plus, ils ne s’attendent pas à ce qu’un intrus soient parmi eux. La preuve : ils sont concentrés sur l’amiral et son escorte. C’est même presque trop facile. Les Mandaloriens se sont rapprochés des écrans pour suivre la discussion entre le sergent et l’officier et celui qui semble donner les ordres dans la pièce fait savoir qu’il doit vérifier avec « le haut commandement » si effectivement, cette livraison était prévue à l’horaire. Gageons que cette vérification ne va pas passer par le bureau du vrai grand patron des forces armées républicaines. Chose certaine en tout cas, je maintiens que le clan Lone est constitué uniquement de faux Mandaloriens. Que vient faire cette observation ici?

Simple. Une Mandalorien ne retire pas son casque en présence de non Mandaloriens. En tout cas, pas ceux qui s’en tiennent à une application plus stricte de nos traditions. Ces cinq là ne portent même pas leur casque. Se croient-ils en vacances? Leur manque de professionnalisme jouera à leur désavantage. Détachant un explosif de ma ceinture, je l’arme et le fait doucement rouler vers le groupe de traitres. Tout est dans le mouvement de poignet. Comme ils ne sont pas attentifs, ils ne se rendent compte qu’à la détonation de ce qui se passe. Il s’agit d’un gaz incapacitant des plus efficaces, développé par mon clan depuis des temps immémoriaux. Quoi, vous pensez que des agriculteurs, ça ne fait pousser que des céréales? Je vous assure que non. Nous avons développé une expertise dans… On va appeler ça l’agriculture militaire et ne pas entrer dans les détails.

Toujours est-il que ces individus ne vont pas se réveiller de sitôt. Ce qui veut dire que maintenant, les yeux et les oreilles de cette base sont entre mes mains. Et pour l’indiquer à l’amiral, je m’arrange pour faire clignoter le voyant lumineux d’une des caméras qu’il va croiser. C’est pratique de savoir communiquer sans que la voix soit requise. Des clignotements courts, des clignotements longs… Leur « escorte » ne remarque rien parce qu’ils ne sont clairement pas aussi alertes qu’ils devraient l’être. S’il veut se débarrasser de ces gêneurs, aucune alarme ne va se déclencher. Aucun moyen de surveillance technologique ne va alerter qui que ce soit. Ils sont sous mon contrôle. Seule une intervention « organique » pourrait venir lui causer problème. Ceci dit, je doute qu’un militaire de son calibre, plus encore, un père dévoué, se laisse si facilement arrêter.

Je remarque un détail irritant. Le bunker fonctionne sur un système différent. Je ne sais pas ce qui s’y passe. Je n’ai aucun moyen d’accéder à ses défenses électroniques. Logique quand on y pense. Personne avec un minimum de cervelle n’irait lier un bunker pouvant lancer des missiles sur une flotte en orbite avec un système pouvant être capturé plus facilement. Les conspirateurs sont peut-être en apparence un minimum désinvoltes dans leur façon d’assurer la sécurité des lieux, ça n’en fait pas une bande d’imbéciles pour autant. Il est clair à mes yeux que ce que nous avons vu ici n’est pas du même calibre que ce qui va nous attendre à l’intérieur. Ce serait hasardeux d’éparpiller ses meilleurs éléments un peu partout… Je ne vois aucun officier mandalorien ou républicain. Il n’y a que des sous-officiers dans le complexe principal…

Plo Tan’ith avait réussi son coup et évoluait avec son escorte de clones dans les couloirs du complexe de l’installation républicaine. Tout se déroulait comme prévu pour l’instant. Prendre l’armurerie était impératif dans un premier temps, saboter les armes et munitions présentes dans celle-ci réduiraient les moyens de riposte des défenseurs. Il remarqua avant d’entrer dans l’armurerie que les voyants des caméras clignotaient. C’était un signe que Viveka avait sans doute atteint le poste de sécurité et les avait neutralisées. L’officier fit un signe de tête à ses hommes qui avaient compris le message.

- Bien, déchargez vos caisses ici et repartez.

Ordonna le lieutenant présent dans l’armurerie, les clones s’exécutèrent tranquillement et lentement. Il y avait que trois soldats de présents dans l’armurerie, en plus des six imposteurs républicains présents qui avaient accompagné l’amiral. Plo Tan’ith s’approcha de la caméra de l’armurerie lentement, et le lieutenant lui aboya un ordre.

- Sergent, repartez maintenant.
- Lieutenant, je crois que vous avez un problème avec la caméra ?
- Quoi ?

Le lieutenant s’approcha de la caméra pour constater le voyant qui semblait éteint, alors qu’il allait parler, le sergent lui faucha les jambes d’un coup de pied derrière le genou et passa son bras sous son cou. Il dégaina son pistolet blaster qu’il pointa sur un autre sergent présent, mais les clones prirent le relais en ouvrant le feu. Les caisses tremblèrent et s’ouvrirent révélant dans chacune des trois caisses, deux clones qui s’étaient entassés dedans et ouvraient le feu sur les imposteurs républicains. L’effet de surprise fut des plus prenants si bien qu’il ne suffit que d’une minute pour neutraliser le poste de l’armurerie de ses hommes. Aucune perte à déplorer chez les clones, à part une blessure à l’épaule pour l’un d’entre eux. Le clone blessé grognait mais l’armure avait encaissé le gros du choc, déjà un de ses frères se chargeait de traiter la blessure.

- Prenez les charges explosives présentes et placez-les. Récupérez des munitions et des armes lourdes.

Aboya l’amiral qui constata que son otage avait été blessé, un bouclier humain avait du bon parfois. Il lui enleva son casque et le braqua avec une arme après l’avoir désarmé.

- Qui dirige cette base ?
- Je ne parlerai pas…

Plo constata la blessure au flanc du lieutenant, elle était grave et il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Il avait encaissé de nombreux tirs de la part de ses camarades mercenaires. Le Kel’dor approcha la pointe de son canon de sa tête, l’humain ouvrit la bouche, mais sa tête bascula en avant tandis que son regard s’était figé. Il était mort. Les clones avaient mis la main sur de l’armement lourd dont quatre canons rotatifs blaster. Le lieutenant clone, Dragger s’approcha de l’amiral et le lui tendit.

- Amiral…
- Il faudra au moins ça pour nettoyer cet endroit de ces traitres…
- Ravi de vous entendre le dire. L’armurerie est piégée, on peut la faire sauter à distance, dès que nous sortirons, nous placerons un capteur de mouvement afin qu’il déclenche l’explosion dès que quelqu’un franchira la porte.
- Puissance de la détonation ?
- Suffisant pour détruire les armes et munitions présentes et tuer ceux qui essaieraient d’entrer.

L’amiral regarda les clones présents, qui avaient fait le plein de munitions. Le blessé semblait prêt à en découdre. Ils étaient six à la porte, ils étaient maintenant douze grâce aux renforts cachés dans les caisses.

- Dites à la corvette de décoller et de nous fournir une surveillance visuelle de l’installation. Qu’elle intercepte tout vaisseau cherchant à se poser ou quitter la base.
- Bien reçu !
- Ok, aux quartiers de détention. Suivez-moi !

Il faut donner cela à l’amiral : ce n’est clairement pas un fonctionnaire glorifié tout juste bon à rester caché derrière les lignes alliées. La façon dont lui et son escorte ont neutralisé ces soldats à l’affiliation encore inconnue était des plus efficaces. On peut certainement lui donner des points pour sa technique. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’était digne d’un Mandalorien mais c’était quand même plus que décent. Aussi, la décision de piéger l’armurerie s’inscrit dans le même ordre d’idée que le mien. Je vais aussi laisser une petite surprise à quiconque voudrait reprendre le contrôle du centre de commandement. Ce serait bête, quand même, de faire tout ce chemin et de prendre tous ces risques pour se faire tirer dans le dos en repartant. Il est toujours sage de prendre des précautions. C’est l’option la plus logique. Pas la plus amusante mais…

Je ne suis pas là pour m’amuser. Je suis ici en mission et si je veux prendre du temps pour moi, ce sera après l’avoir accomplie. La vie d’otages est en jeu et je ne vais certainement pas laisser le clan Lone faire de nouvelles victimes. Je remarque que l’amiral ne va pas dans la bonne direction : au lieu d’aller vers le bunker, il va vers le centre de détention. Hum. En même temps, voyons s’il y a des alliés potentiels en cellule. Il ne me faut pas grand temps pour avoir à l’écran ce que voient les caméras en charge des lieux. Alors… Un sergent endormi à son bureau, quatre soldats en train de bailler à s’en décrocher la mâchoire et… Quand même. Il doit y avoir une bonne dizaine de prisonniers. Ceux-là par contre portent de vrais uniformes de la République Galactique, contrairement aux autres. Des réfractaires à l’idée de se retourner contre la faction pour qui ils travaillent?

Plusieurs sont blessés et une partie semble avoir perdu tout espoir d’être secouru. En même temps, ça se comprend. Quand une installation tombe entre les mains de l’ennemi, en général, vos chances d’en réchapper sont extrêmement minces. Qui plus est, pour aller oû? Il va encore falloir sortir de cette base et qui croira à l’histoire complètement saugrenue de Républicains attaquant d’autres républicains quand ceux qui tirent les ficelles de l’affaire vont démentir en bloc de par leur position d’autorité? Il est extrêmement facile de faire croire ce qu’on veut quand on a le gros bout du bâton. En temps de guerre, la théorie du complot est toujours populaire et les rumeurs les plus folles vont circuler, tant du côté des civils que des militaires. Je ne sais pas si c’était son objectif de base, libérer les prisonniers… Je confesse avoir un doute sur la question. Un gros doute.

« Ce que vous cherchez ne se trouve pas au niveau des cellules de détention mais dans le bunker fortifié au fond de la base. Par contre, si vous voulez aller de l’avant, il y a au moins une dizaine de prisonniers républicains qui ne demande qu’à être secourue. Je n’ai, en passant, aucun contrôle sur les systèmes de surveillance du bunker. Il s’agit d’un système indépendant donc nécessairement plus difficile à forcer… »

Dans l’intervalle, j’observe les patrouilles et je m’étonne du manque flagrant de discipline. S’attendaient-ils vraiment à ne rencontrer ni résistance, ni utilité ni vérification d’aucune sorte? Clairement, ceux qui commandent ont suffisamment de ressources pour prendre le contrôle d’une installation militaire et l’occuper avec leurs propres forces… Mais la suite semble être laissée au bon vouloir des officiers et sous-officiers en poste. J’en déduis que ce ne sont pas des effectifs de première catégorie. Probablement qu’il s’agit de personnel de troisième catégorie, ceux qui en général sont relégués aux pires affectations possibles. Clairement, si vous voulez faire votre petite révolution, vous ne le ferez pas avec la fine fleur de l’élite, elle qui est tributaire d’un vrai patriotisme. C’est pour cette raison qu’il est souvent difficile de faire un coup d’état efficace…

Plo reçut une communication de Viveka lui indiquant que ses enfants n’étaient pas dans le bloc de détention, mais dans un bunker souterrain. Il y avait cependant des bras supplémentaires de présents dans le bloc de détention. Le choix de Plo était précipité, prendre le temps de libérer ces hommes constituerait un atout pour augmenter ses chances de submerger la base rapidement. Et en tant qu’officier, il ne pouvait pas supporter l’idée d’abandonner ces malheureux à leur sort. Des renforts supplémentaires ne seraient pas de refus. L’alerte ne semblait pas avoir été donnée, aussi s’en prendre au bloc de détention permettrait d’obtenir un nombre de soldats plus conséquents, et donc d’améliorer les chances de l’amiral. Ce dernier s’empara de son comlink et répondit à Viveka immédiatement.

- Bien reçu Viveka, on va faire un crochet par le bloc de détention pour les libérer. On ne peut pas les abandonner à leur sort, et ils pourraient servir d’otages à nos ennemis de surcroit…

Ils se déplacèrent jusqu’au bloc de détention lourdement armés avec une relative discrétion, mais leur arsenal fit tiquer une patrouille qui arrêta les hommes de l’amiral. Ce dernier et ses hommes ne répondirent qu’en ouvrant le feu sur eux. Leur amateurisme par rapport aux clones surarmés ne leur permit pas de survivre à un groupe de douze clones lourdement armés. L’alerte n’était pas encore donnée, mais tout changerait sans doute vite. Arrivés devant le poste de sécurité, les hommes de Plo entrèrent calmement. L’uniforme républicain de Plo joua en sa faveur quelques secondes auprès des hommes chargés de la sécurité du bloc de détention, mais dès qu’ils virent les clones, ils se levèrent comme un seul homme de leurs sièges soupçonnant que quelque chose ne tournait pas rond. Ils furent exécutés. Les coups de feu au sein du bloc sortirent les prisonniers de leur catatonie, voyant enfin l’espoir de quitter cet endroit.

- Lieutenant, ouvrez les cellules ! Ils sont des nôtres ! Certains sont blessés…

Aboya l’amiral à son second qui chercha sur le tableau de commandes du poste de surveillance la commande d’ouverture des cellules. Quatre clones gardaient l’entrée du bloc de détention tandis que les autres essayaient d’aider les prisonniers blessés à se mouvoir. Il trouva et activa l’ouverture automatique des cellules. L’un des hommes présents, un twi’lek dans la quarantaine, quelques peu surpris et réanimé par une nouvelle foi, il semblait sous le choc.

- Par la Force ! Vous… vous venez nous libérer ?!
- Ce n’était pas prévu au programme. J’ignorais que vous aviez été fait prisonnier en rentrant dans cette base, mais un officier digne de ce nom n’abandonne pas ses soldats aux mains de traitres.
- Qui êtes-vous ?

L’amiral retira son casque, révélant son visage à son interlocuteur qui le reconnut en même temps qu’il se présenta d’un ton rapide, un peu comme pressé par le temps tout en analysant l’état des prisonniers sortant les cellules.

- Je suis l’amiral Plo Tan’ith, de la 5ème Flotte de l’Alliance,
- A… Amiral je ne pourrais jamais trouver les mots justes pour vous remercier d’avoir libéré mes hommes. C’est un désastre… Nous devons prévenir le Commandeur Suprême de ce qui s’est passé ici…
- Pouvez-vous me dire ce qui se trame ici justement ? Est-ce que l’un d’entre vous connait très bien cette base ?

Plo s’était attendu à trouver des hommes épuisés mais encore en état de combattre, la moitié étaient blessés et les autres semblaient quelques peu las et sous le choc d’être enfin libérés, en dehors de quelques-uns qui semblaient avoir l’envie d’en découdre avec les traitres à l’armée républicaine.

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HRP: Je pose ces questions pour marquer une légère pause dans l'assaut afin d'obtenir des renseignements sur ce qu'il s'est passé exactement, et aussi garder ce PNJ avec moi pour trouver des moyens d'accéder au bunker. Je repars en route vers l'objectif à la fin de mon prochain post.

Pour une partie des miens, celui qui tombe au combat est laissé derrière. Pour l’honneur, nous devons aller de l’avant. Pas de regard en arrière. Personne ne bat en retraite. Je comprends parfaitement la notion de prisonniers et pourquoi plusieurs factions y voient un impératif de sauver les leurs. L’honneur prend bien des formes, il semblerait. L’amiral fait partie de ces personnes ayant des principes moraux qui les rendent plus ou moins incorruptibles. Ces gens là vivent et meurent pour leurs idéaux. Malheureusement, certains vont trop loin et finissent comme de dangereux fanatiques mais ce ne semble pas être son cas. Je ne sais pas si ses supérieurs reconnaissent sa valeur mais ce serait une bien triste chose autrement. Chose certaine, le « chef » des prisonniers a tout un récit à raconter à l’amiral. C’est… Quelque chose.

Selon le Twi’lek, quelques temps plus tôt, la mort du sénateur Ducan avait été annoncée sur Argus. Aucun détail n’avait été divulgué et quelques heures plus tard, un certain nombre de vaisseaux militaires étaient entrés dans l’espace républicain de la planète. Selon les rapports, des dignitaires, des officiers et leur escorte venus offrir un dernier hommage à « un grand homme qui avait perdu la vie en défendant la République, une institution qui lui était si chère ». Le commandant de la base n’avait pas vu de raison de ne pas autoriser ces personnages importants à se poser dans la base et quand l’officier et une garde d’honneur étaient venus à la rencontre des nouveaux venus… Une catastrophe. Une partie des effectifs républicains s’avérèrent être des traitres un groupe de Mandaloriens venu des vaisseaux avait commencé un véritable massacre.

La base était tombée aux mains des traitres en moins d’une heure, laissant les deux tiers des loyalistes morts et le reste en cellule, sans aucun égard pour les blessés. Toutes les bannières républicaines, les insignes et les identifications avaient été remplacées par celles de la « Neo Republica » et un certain temps plus tard, après le départ des vaisseaux initiaux, un autre groupe de Mandalorien avait amené deux prisonniers Kel’dor dans le bunker se trouvant dans la base. Ceux qui n’avaient pas été massacrés avaient rejoins le reste des forces loyalistes en cellule. Cependant, le détail le plus crucial était manquant : personne n’avait vu le responsable derrière cette attaque! Si le sénateur avait été un imbécile et un imprudent, quiconque était derrière cette prise de contrôle était considérablement plus prudent. Et donc considérablement plus dangereux.

Pour ce qui était de trouver quelqu’un connaissant très bien les lieux… Les prisonniers échangèrent un curieux regard et leur chef se racla la gorge avant de répondre « Oui… Et non. » tout en désignant le coin le plus sombre de la pièce où une jeune femme se trouvait en position fœtale, complètement déconnectée du reste du monde. On expliqua alors à l’amiral qu’il s’agissait d’une personne assez spéciale, la technicienne première classe Lynn Ordonia, en charge du maintien des systèmes du bunker. Apparemment, des ordres émanant des hautes sphères de la République auraient été donnés pour remettre les batteries de missile en état « dans l’intérêt de garantir la sécurité d’Argus ». Cela voulait dire que non seulement, une des seules personnes ayant des codes d’accès ou une connaissance des lieux était fortement traumatisée par les récents événements…

Technicienne première classe Lynn Ordonia

Mais qu’en plus, toute tentative de sauvetage par une flotte risquerait de se solder par des morts par dizaines. Pendant que l’amiral assimilait tout ceci, une alarme se fit entendre dans la base suivie d’un message automatisé. Test de missile en cours. Tout le personnel non autorisé doit évacuer le bunker. Quoi qu’il se trame, l’enlèvement, la prise de contrôle et ces tests étaient liés d’une façon ou d’une autre… Et il n’en tenait qu’au Kel’dor que de faire sorte que la République triomphe de cet ennemi tentant de la ronger de l’intérieur. Moi? Tant que le clan Lone y passe, je n’ai pas d’objection. Cependant, je commence à me demander sérieusement dans quoi je me suis embarquée et comment tout ceci a pu se faire au nez et à la barbe du reste de la République Galactique… Ça fera toute une histoire à raconter et assurément une belle chanson pour la saga de mon clan!

L’amiral ne dit rien concernant le sénateur Ducan, ce n’était ni le moment ni le lieu pour cela. Le discours du capitaine Cumis, le twi’lek avec lequel il échangeait. Il fallait maintenant écouter et prendre des décisions. Une mouvance de traitres au sein de la République avançait ses pions avec l’objectif affiché de prendre contrôle de l’armée. Réussir ce coup de forces à l’aide de guerriers mandaloriens et réarmer des silos de missiles était tout sauf facteur d’encouragement à l’avenir. Visiblement, cet arsenal était l’une des pièces maîtresses permettant de faire d’Argus une base solidement défendue pour cette Néo-République, et avec laquelle il serait sans doute évident que cette planète finisse par faire sécession pour prendre son indépendance et menacer par ce biais la République depuis l’intérieur. Tout prenait forme, et beaucoup d’hommes avaient perdu leur vie lors de cette prise de pouvoir. Plo s’attendait à ce que l’amiral Dospeet soit derrière cette manœuvre par le biais de ses associés. Il fallait davantage de preuves pour l’incriminer, mais avant toute chose, libérer ses enfants était l’objectif à suivre en priorité. Le kel’dor s’approcha de la jeune femme et donna ses ordres à son lieutenant.

- Lieutenant, vous et deux de vos hommes vont escorter les blessés à la corvette. Communiquez-leur l’ordre d’accueillir les blessés à bord. Faites sauter l’armurerie pour faire diversion à mon signal.

Puis s’adressant à l’ensemble des soldats républicains présents ici, il les rappela à leur serment en leur demandant de se battre. Seul le personnel non combattant allait évacuer. Sa voix grave résonna à travers son masque respiratoire.

- Quant à ceux qui sont encore capables de se battre, donnez-leur vos armes secondaires. Capitaine Cumis, vous viendrez avec moi.

Le twi’lek bien qu’éreinté par sa détention semblait cependant avoir envie d’en découdre. Après tout il avait été piégé comme les autres et forcé à la reddition. C’est alors qu’une alarme retentit dans tout le complexe : des tests de missiles allaient être effectués, seul le personnel autorisé serait présent dans le bunker. Il fallait agir : quelle serait la cible de ces tests ? Il l’ignorait mais il devait impérativement bouger et ne pas s’attarder ici. Il s’approcha de la technicienne Ordonia qui représentait ici le meilleur atout dans la manche de Plo pour atteindre son objectif, mais l’officier allait sans doute devoir la ramener à la réalité avant toute autre chose.

- Technicienne Ordonia, je suis l’amiral Tan’ith, j’ai besoin de votre aide. Je dois accéder au bunker…

Dit-il d’une voix ferme mais qui se voulait à la fois quelques peu alarmée. Les minutes s’écoulaient, il fallait bouger rapidement. Les deux groupes agiraient séparément. Mais si un missile était tiré, alors il faudrait que la corvette tente de l’intercepter. C’était jouable en soit selon Plo, l’armement devrait être suffisamment conséquent pour détruire le missile une fois qu’il serait au plus haut de sa courbe afin de le neutraliser sans dommages conséquents.

« Amiral, je doute que vous sortiez facilement cette femme du choc qu’elle a subi. Votre fille, celle qui est Jedi, ne devait pas vous rejoindre ici? Sans doute ses pouvoirs pourraient aider à soigner cet esprit ébranlé. De ce que je peux observer d’ici, le test de missile ne fera ni morts ni blessés : il est dirigé vers une lune inhabitée. Ceux qui sont aux commandes savent ce qu’ils font. »

Concentrons-nous sur l’amiral et sur ce qu’il est en train de faire. C’est sans conteste un fin stratège et un meneur d’hommes. Il est en train de redonner espoir à ces soldats qui l’avaient perdu et il solidifie leur foi en la République Galactique. J’ai connu un certain nombre de politiciens avec bien moins de charisme. Je comprends mieux pourquoi c’est un officier apprécié de ses subordonnés. Toutes ces personnes exécutent les ordres qui leurs sont donnés parce qu’ils VEULENT le faire et non pas par obligation. On dira ce qu’on voudra : cela force le respect. Blessés ou non, tous contribuent pour faire leur part. Clone ou non clone, tous agissent avec la discipline et le focus attendus de professionnels. Je ne sais pas ce qui motive ceux qui sont dans le bunker mais ils ne seront très certainement pas de taille face à une force insoupçonnée.

L’espoir. Tout simplement. Les forces de l’amiral finissent de neutraliser le reste des traitres encore en poste dans la base elle-même, assistés par un système de défense entièrement sous mon contrôle. Disons que vous ne vous attendez pas à ce que les tourelles de défense chargée de votre protection ouvrent le feu sur vous. Considérez-moi intriguée. Pour des non mandaloriens, ils s’en sortent étonnamment bien. Le Twi’lek en particulier est d’une grande aide. Il veut montrer sa gratitude par son travail. Une stratégie que je trouve discutable, en ce sens que ce n’est pas toujours le bon moyen pour ce faire. Au contraire, c’est parfois au détriment de la personne que vous cherchez à remercier. Vouloir aider et savoir comment aider sont deux choses complètement différentes. C’est une leçon que j’ai apprise il y a longtemps. Ce qui ne nous tue pas…

Mais mes pensées vont devoir attendre. Je reçois un message via mon casque et au vu de la teneur de celui-ci, je sais précisément de qui il s’agit. Il était temps. Myrianova. Elle va faire tout un tollé si jamais la fille de l’amiral nous rejoint mais… Il faudra faire avec. Elle déteste les utilisateurs de la Force, qu’est-ce que j’y peux. Et naturellement, elle ne fait pas dans la demi-mesure, décidant d’aller inspecter la porte du bunker. Sauf que je la connais : elle aura amené avec elle suffisamment d’explosifs pour faire sauter la porte… Et une partie de la base avec. Surtout qu’en plus, faire sauter la porte est tout SAUF une façon subtile d’entrer et le plus sûr moyen de compromettre la vie des otages par-dessus le marché. C’est un échec automatique de la mission si les enfants de l’amiral décèdent. De toute façon, Myrianova est un problème que je peux gérer. La technicienne…

Non. Elle a entendu son nom quand l’amiral l’a prononcé. Et elle l’a regardé. D’un regard vide, absent. Je ne sais pas si ça peut aider le kel’dor mais je lui transmets le dossier de la jeune femme en question. Technicienne première classe Lynn Ordonia. Rescapée, vraisemblablement, d’un programme eugénique. Le genre de projets qu’affectionne particulièrement les fanatiques de l'actuelle guerre. Une personne extrêmement brillante mais qui peine à s’adapter aux changements de son environnement. Une capacité prodigieuse pour les calculs complexes et l’interprétation des données, la raison pour laquelle elle opère au sein du bunker. C’est bien là tout le problème de ces programmes visant à « améliorer l’être humain » : vous augmentez un truc au détriment de l’autre. Notre meilleure chance d’entrer dans le bunker alors que nous sommes pressés par le temps…

Et pour le moment, nous sommes incapables d’en tirer quoi que ce soit…

Plo laissa la technicienne seule et recula lentement, il n’avait pas le temps de la faire revenir à la réalité et n’était pas certain d’en être capable. C’était dur à admettre mais il répondit dans son comlink à l’adresse de sa partenaire mandalorienne du moment.

- Vous avez raison Viveka…

Il se redressa et pivota vers son second pour lui donner les directives à suivre.

- Lieutenant, évacuez la technicienne avec le reste du groupe. Allez en avant !

Le groupe se scinda en deux : les prisonniers n’étant pas en état de combattre ainsi que le personnel non combattant d’un côté, et l’amiral avec 10 clones et les prisonniers en état de combattre. Les clones n’hésitèrent pas à donner leur armement secondaire afin de leur permettre de pouvoir affronter les traitres. Visiblement ceux-ci semblaient motivés à en découdre après avoir passé autant de temps en cellule. Bien qu’éreintés, ils étaient prêts à suivre l’amiral dans sa quête, par orgueil pour certains, par question de justice pour d’autres. Afin de faciliter l’évacuation et aussi distraire l’ensemble des gardes présents, il fut convenu de faire détoner l’armurerie afin d’attirer tous les traitres dans cette zone, libérant ainsi les coursives pour les évacués d’un côté, et ainsi que le groupe de Plo.

- J’ignore ou est Sil, l’équipage de la corvette me signalera son arrivée rapidement je pense. Quand à ce missile bien… enfin une bonne nouvelle…

Dans tous les cas, le lieutenant avait été briefé : il devait indiquer la destination de l’amiral dès que sa fille arriverait. Pour l’heure il était capital d’avancer vers le bunker. Nettoyant les coursives des trainards ennemis qui patrouillaient. En sous-effectif et moins bien armés que les intrus, tous furent éliminés sans autre forme de procès. Le capitaine Cumis semblait déterminé à l’idée de leur faire la peau, négligeant presque toute couverture pour ouvrir le feu vers leur cible.

- Faites sauter l’armurerie.
- A vos ordres.

Il y eut une détonation au loin ainsi qu’une très légère secousse. L’éclairage grésilla quelques instants sous l’onde de choc : le stock de munition et d’armement avait sauté et provoqué une petite panique. Le groupe de prisonniers put s’extraire sans difficultés en direction de la corvette. Le lieutenant contacta l’amiral une fois les prisonniers dans la corvette, ce qui coïncidait avec le moment ou Plo approchait du bunker.

- Amiral, nous avons pu évacuer, nous avons croisé votre fille. Elle arrivera sous peu. Nous vous rejoignons immédiatement.
- Bien reçu, hâtez vous et soyez prudents. Je ne pense pas que le sabotage de l’armurerie a alerté ceux qui se trouvent dans le bunker, mais il en sera sans doute autre chose de ceux qui sont en dehors. Ne prenez pas de risques inconsidérés.

Avançant vers les mandaloriens présents, les prisonniers levèrent leurs armes, mais Plo leur intima l’ordre de baisser leurs canons en aboyant un ordre précis.

- Stop stop ! Ils sont avec nous ceux-là.

Le kel’dor s’interposa entre son groupe de clones et de soldats républicains et celui de mandaloriens. Il retira à nouveau son casque pour approcher de Viveka, mais la méfiance des soldats était palpable… et compréhensible. Pour eux les histoires de clans différents leur était inconnue et sortait de leur cadre de pensées. Le capitaine Cumis gardait les mains crispées autour de son arme, mais ils faisaient confiance à l’amiral. Les clones quant à eux, étant prévenus d’un groupe allié de Mandaloriens semblaient beaucoup plus détendus mais sur leur gardes si des patrouilles approchaient du bunker.

- Alors ? Vous savez comment on rentre là dedans ?

« Comment on entre là-dedans? J’ai dit que ce serait plus difficile de percer la sécurité du bunker, pas que ce serait impossible. Franchement amiral, je me serais attendue à ce qu’un officier de votre compétence fasse davantage attention aux paroles de ses alliés… Voyons voir… Technologie républicaine… De bonne facture mais, respectueusement, moins coriace qu’anticipé… »

Peu de personnes savent que je suis une cyborg. Ce n’est pas quelque chose que je crie sur tous les toits. Pour le moment, nous avons deux choix : faire appel à mes compétences pour entrer dans le bunker ou attendre la fille de l’amiral, espérer qu’elle puisse « soigner » la technicienne et perdre davantage de temps. Oh son soutien sera d’une grande valeur quand il faudra naviguer dans les couloirs de cette vaste installation souterraine mais pour la première partie des opérations, ne vous en faites pas, je gère. Module de piratage de niveau deux, c’est on ne peut plus utile pour ouvrir ce genre de portes. Je m’approche, examine l’ensemble, touche le panneau d’accès et me concentre. De son côté, Myrianova couvre mes arrières tout en jetant un regard hostile à tout républicain à l’air un peu trop belliqueux. Nous sommes les « bons » Mandaloriens.

Ce qui m’embête dans cette histoire, c’est que nous ne sommes pas plus avancés qu’avant, en ce sens que nous ne savons toujours pas qui est derrière toute cette affaire et qu’en plus, nous n’avons aucune idée de ce qui nous attend. Je doute que ce soit truffé de pièges, ce n’est pas une base de l’Apex, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de forces de sécurité droïdes ou des défenses automatiques, sans compter que les combattants de talent vont être ici. Si la surface se composait d’amateurs chargés de garder l’apparence d’une base normale, le plus dur est assurément à venir. Je ne m’inquiète pas pour moi, personnellement. Je m’inquiète pour les otages et pour les Républicains. Les clones sont doués, d’accord… Mais ce ne sont pas des Mandaloriens. Pseudos, au mieux. Et le Clan Lone a beau être composé des pires ordures, ils restent de redoutables adversaires.

Pas d’honneur veut dire une prédisposition à tricher. Et certainement pas de la « bonne » façon. On parle tricher de façon vile et lâche. Enfin bon. On verra bien. Au bout d’un moment relativement long, la porte finit par s’ouvrir. Quoi, vous croyez que c’est facile? Il y a un système d’alarme derrière. Des senseurs. Des mesures de sécurité toutes liées à l’ouverture ou à la fermeture de la porte, sans compter le fait que le système de sécurité doit enregistrer toute entrée ou toute sortie. Et même, il ne faut pas que la sécurité sache que la porte a été ouverte sinon ils pourraient donner l’alarme, ce qui veut dire qu’il va aussi falloir contourner les caméras et… Si quelqu’un OSE se plaindre, il prendra ma place pour finir le boulot! Pour le moment nous avons de la chance. Aucune sentinelle. Aucun ennemi pour nous accueillir. Et en même temps, à quoi cela servirait-il?

Juste ce que je viens de décrire est en soi une défense redoutablement efficace. Par contre, je parierais une fortune que dès que nous quitterons cette espèce de sas faisant la transition entre l’extérieur et l’intérieur du bunker, il y aura de quoi faire un intéressant comité d’accueil. Je me tourne vers l’amiral. Veut, veut pas, c’est son opération. Myrianova me regarde en haussant un sourcil derrière son casque. Comme pour le regard noir de tout à l’heure, que personne ne pouvait voir, je devine ses expressions faciales. Elle est loyale et dévouée. Elle va se plier à ce que je lui dis de faire. Donc… Deux Mandalorienne, des clones, un père de famille motivé, une Jedi, des soldats républicains… Est-ce que malgré tout, ce sera suffisant? Quelque chose me dit que nous n’allons pas tarder à le découvrir… Pour le meilleur comme pour le pire.

« Alors… C’est quoi le plan? On attend que votre fille se charge de la technicienne ou on y va à l’aveugle? Nous ne garderons pas éternellement notre avantage, je n’apprends rien à personne en disant ça. Raison de plus pour en profiter encore un peu pendant qu’il dure toujours. Et vous autres, les soldats, juste un rappel. Vos alliés Mandaloriens ont le symbole qu’on voit sur mon armure. Je flingue le premier qui me tire dessus parce qu’il ne portait pas attention! »

Plo Tan’ith ne répondit rien à la petite pique lancée par la mandalorienne. Il avait posé la question par curiosité, mais Viveka Eldar souhaitait conserver certains de ses secrets. C’est alors que sa fille arriva sabre laser à la main, au moment ou la porte du bunker s’ouvrit. Il était étonnant qu’aucun système de sécurité ou d’urgence ne verrouille la porte, mais sans doute que la mandalorienne était suffisamment douée pour contourner ce genre de précautions. Alors que l’amiral allait répondre ce fut sa fille qui le fit en éteignant la lame jaune de son sabre laser. Elle était suivie par les deux clones chargés d’évacuer le personnel ne pouvant combattre.

- Désolée, j’ai fais aussi vite que j’ai pu…
- Nous n’avons pas encore pris le contrôle du bunker, la partie la plus compliquée s’annonce Sil.

L’amiral répondit enfin à Viveka en reprenant la parole immédiatement concernant le cas de la technicienne. Il avait fait le choix de l’évacuer voyant qu’elle ne reprenait pas ses esprits, et le ton de sa voix appelait implicitement à aucune contestation de son choix.

- La technicienne a été évacuée, vu son état je doute que nous puissions en tirer quoique ce soit et si elle ne peut pas se battre, elle risque surtout d’être une cible. L’équipe médicale de la corvette va la prendre en charge, nous maintenons le contact radio avec eux. Si elle a des informations à transmettre, elle le pourra.

Certes cela compliquerait les choses, mais faire courir des risques à une femme hors du temps et pouvant servir d’otage éventuel n’était pas dans ses habitudes. La plupart des soldats présents se contentèrent d’hocher la tête lorsque Viveka leur parla de bien différencier les mandaloriens du clan Lone du sien. Le message était passé et la mandalorienne s’était bien fait comprendre et aucun soldat de la République ne voulait savoir si elle était capable de mettre ses menaces à exécution. Et Plo fut soulagé de voir qu’aucun soldat de la République n’aurait quelque chose à redire à ceci. Une mutinerie serait la dernière chose dont il avait besoin, mais avec le groupe réuni il fut des plus soulagés : leurs chances de succès étaient en leur faveur, et avec l’effet de surprise, tout serait résolu dans l’heure à venir. Du moins c’était ce que Plo Tan’ith pensait intérieurement. L’officier reprit la parole pour récapituler.

- Nous devrions les prendre de cours et bénéficier de la surprise… nous devrons localiser les prisonniers et les libérer, mais aussi mettre un terme à ce qui se trame ici. Ce sont nos principaux objectifs. Je crains qu’un grand danger couve au sein de la République…

Plo renfila son casque sur la tête et ajouta :

- En avant ! Soyons forts et soudés !

Ce fut au tour de Sil de prendre la parole afin de rassurer tout le monde de sa voix calme.

- La Force m’aidera à pressentir le danger, mon lien sera utile pour localiser les prisonniers. Allons-y.

Le groupe hétéroclite pénétra donc dans le bunker en étant sur leurs gardes, prêts à aligner quiconque se dresserait sur leur chemin. Avec le pouvoir de la Force, des clones déterminés, des soldats décidés à se venger de traitres et de mandaloriens ayant un compte à régler avec des individus sans honneur, rien ne les arrêterait. Sil faisait partie de ceux qui entreraient en premier, ses liens avec la Force en faisait un guide parfait, son instinct et sens sur développés l’aideraient à se localiser et de se prémunir du danger qui les attendait tapi dans l’ombre de ce bunker souterrain.

Est-ce que je suis la seule à trouver étrange que l’on ait envoyé hors d’ici la seule personne connaissant bien les lieux sous prétexte qu’elle est en état de choc? Je suis Mandalorienne donc naturellement sceptique face à tout ce qui est pouvoirs de la Force mais quand même. Je suis presque sûre que la fille de l’amiral aurait pu arranger les choses. Enfin bon. À chacun son plan d’attaque, je suppose. S’il veut risquer la peau de sa fille, c’est son choix. Attendre un peu plus n’aurait tué personne. Enfin. Personne parmi les « gentils ». La notion de bien et de mal est tellement surfaite… Bref. Nous allons suivre la Jedi et espérer que ce plan fonctionne. Sceptique, moi? Clairement. J’ai passé une partie de ma vie sans cybernétique et toute cette dernière sans la Force. Un don peut devenir un handicap si on ne fait pas attention et les utilisateurs de la Force…

Non Viveka. Tu dois faire un minimum confiance à tes alliés. Sans confiance, il ne peut y avoir de succès. À mon avis, et j’en fais le pari, nos adversaires vont chercher à nous désorganiser. Semer le doute. La confusion. C’est ce qui semble être leur arme la plus forte, si je regarde comment ils ont initialement pris contrôle de la base. Avançons prudemment. Je donne quelques consignes à Myrianova via notre système de communication privé. Fais attention où tu tires, que je lui dis. Elle n’est pas faite pour la discrétion et ce serait comment dire… Problématique si elle blessait accidentellement un allié. Tout le monde semble un peu sur les nerfs… Avec raison d’ailleurs. Et parlant de blessés, au détour d’un couloir… Il y en a un! Et celui-là porte les insignes de la République Galactique, pas ce symbole bizarre qu’ont les traitres. Petit quizz.

Que fait-on quand on trouve un de ses alliés blessé? On va lui porter secours. Personne ne veut voir la souffrance chez autrui, quand on est normalement constitué et qu’il s’agit d’un frère ou d’une sœur d’arme. Oh il ne s’agit pas d’un type qui joue la comédie. Ce soldat est vraiment mal en point. La Jedi pourra confirmer qu’il n’y a ni mensonge ni duplicité chez cette victime de la boucherie de l’ennemi. Par contre, quand un des clones s’avance pour aller porter assistance, je l’attrape par l’épaule et le tire par en arrière, ce qui ne fait pas plaisir aux troupes de l’amiral. Avant que ça ne dégénère, je leur dis que je connais cette tactique. C’est une des préférées du clan Lone. Ce soldat blessé se trouve sur un explosif ultra sensible. Si on le bouge… BOUM. Lui, n’importe qui dans un rayon de quinze mètres, une partie du couloir et si l’ennemi ne savait pas qu’on était là…

Vous voyez que c’est pratique d’avoir une Mandalorienne d’expérience dans l’équipe. Et la Force ne nous sera pas d’une grande utilité ici parce que la télékinésie, ça reste faire bouger les choses. Je me retourne vers l’amiral. Dans ma tête, il n’y a pas trente-six solutions. Une mort rapide pour ce soldat agonisant ou nous qui risquons d’y passer et des effectifs de moins pour ramener un blessé. Évidemment je ne dis rien. Si c’est moi qui fait le commentaire, ce serait donner l’impression aux clones et aux soldats que je remets l’amiral en cause ou que je me fous des vies de leurs compatriotes. Par contre, si je fais une suggestion, c’est prouver que je fais confiance à l’officier et que j’accepte volontiers d’occuper un rôle de « consultante » spécialisée. Une bonne chef de guerre doit savoir quand il faut prendre la parole et surtout, comment la prendre adéquatement.

« Je ne veux pas être porteuse de mauvaises nouvelles, amiral, mais je crains que plus nous avancions, plus le sadisme du clan Lone nous sera révélé. Ce que je propose est stratégiquement irresponsable mais… Myrianova et moi pouvons parfaitement servir de diversion. Vous risquez de trouver plusieurs des vôtres en mauvais état et la vie de vos enfants est en jeu. Nous sommes à la fois alliés et ressources. À vous d’en disposer avec sagesse. »

Plo se doutait bien que Viveka devait penser qu’il s’agissait d’une stratégie incompréhensible. Mais il n’en n’avait cure. Il ne voulait pas faire prendre de risques à quelqu’un qui en dépit de ses connaissances pouvait constituer une menace ou un poids pour leur mission. La mettre hors de portée de l’ennemi et en sécurité était la meilleure chose qu’il pouvait lui accorder. Quant à la Force, et bien ni Plo ni Sil estimaient qu’elle pourrait être utile pour la sortir de son état. Du moins pas en aussi peu de temps… et le temps était chose importante afin de préserver cet effet de surprise. Peut-être cela pouvait s’apparenter à de l’idéalisme, mais l’amiral s’efforçait de sauver ceux qu’il rencontrait, tant que cela était en son pouvoir. Au détour d’un couloir, le groupe tomba sur un blessé assis dans une flaque couleur bordeaux. Son insigne le désignait comme n’étant pas un traitre. Alors que Plo analysait la situation, il vit Sil s’avancer naturellement vers le blessé pour lui porter secours, secondant un clone qui avait pris l’initiative. Quelque chose clochait : pourquoi cet homme blessé et loyaliste n’était pas mort ou enfermé avec les autres ? Que fichait-il dans le bunker ? Vibeka eut la même réaction que Plo, mais plus rapidement que lui. Ils étaient arrivés à la même conclusion, du moins le kel’dor avait trouvé ça louche sans mettre le doigt sur le cœur du problème. L’expérience de la mandalorienne quant au clan Lone lui permis d’expliquer plus en détail la chose. Le twi’lek, officier de la base le reconnut immédiatement.

- Krill ! C’est…

Le twi’lek restait sans voix, tout comme l’ensemble des hommes escortant l’amiral. Puis il reprit la parole d’une voix mêlant tristesse et colère.

- C’est affreux, c’était un soldat affecté à la sécurité du bunker…

Sil resta muette, son visage affichant sa peine et sa compassion pour ce pauvre soldat.

- Ce sont des monstres…

Plo prit la parole d’une voix la plus neutre possible, mais même un officier de sa trempe ne pouvait feindre réellement l’indifférence face au sort d’un homme de son camp dans cet état. Tous ici avaient perçu en lui la tristesse et la peine dans son propos. Il ajouta d’une voix lugubre devant ce qui devait être fait.

- Nous ne pouvons rien faire pour lui, si ce n’est mettre fin à son calvaire.

Naturellement, le twi’lek resta interdit quelques secondes avant de pester dans sa langue natale. La main sur son arme, il s’avança vers le blessé, l’air furieux devant ce qu’il était obligé de faire, comme l’indiquait son teint vert qui avait viré lentement à l’orange. Au fond de lui, le capitaine savait que l’amiral avait raison. Intérieurement il se promit de venger les morts de chaque homme ici. Alors qu’il allait dépasser l’amiral, Plo l’interrompit d’une voix résignée mais toujours claire.

- C’est à moi de le faire.

Le capitaine arrêta de marcher, et Plo mit sa carabine en bandoulière pour s’emparer de son pistolet blaster à la hanche. Il s’avança devant le blessé qui semblait ne pas vraiment réaliser ce qui se passait, son cerveau n’était plus capable de comprendre les choses. Le pauvre homme devait avoir dans la trentaine, un humain aux cheveux bruns dont les jambes avaient été cassées et dont l’abdomen avait été ouvert au couteau. Les deux mains sur le ventre, le blessé avait entre ses doigts ses intestins. L’amiral devant ce spectacle resta trois secondes à le regarder dans les yeux. Au fond de lui, il s’estimait chanceux de porter son casque et son masque sur son visage, car en dépit de ce qu’il avait pu voir dans ses campagnes, Plo doutait d’avoir le courage d’affronter plus longtemps le regard du malheureux. La voix tremblante, il leva son bras armé et laissa sa peine transparaitre dans sa phrase prononcée en Kel’Dorian, sa langue natale.

- Je suis désolé… puisses-tu trouver ton chemin dans l’au-delà et rejoindre tes ancêtres. Va en paix. Nous ne t’oublierons pas.

Il n’avait jamais eu à exécuter quelqu’un, surtout un soldat loyal à la République. Même pour abréger ses souffrances. L’amiral eut l’impression que cet homme agonisant l’implorait de mettre fin à sa douleur, il le remerciait pour ce qu’il allait faire. Plo inspira puis expira un grand coup puis pressa la détente de son pistolet en fermant les yeux. La détonation avait touché le soldat en pleine tête le tuant sur le coup. Son corps se ramollit quelques peu. Sentant une goutte de sueur couler le long de son cou, il rengaina son arme et reprit sa carabine. L’amiral se sentait perturbé, et savait que ce sentiment n’avait pas échappé à sa fille qui le regarda sans rien dire. Les deux échangèrent un regard et se comprirent intérieurement, sans un mot. Ayant l’impression d’avoir tué une partie de lui-même, et se sentant à la fois honteux et déterminé à réparer cette injustice. Plo termina d’écouter la mandalorienne, il n’avait pas de meilleure idée pour le moment, puis il reprit la parole d’une voix forte mais un peu sèche, sans doute encore marquée par ce qu’il avait fait il y a quelques secondes.

- Vous avez ma confiance Viveka, occupez les aussi longtemps qu’il le faudra et faites moi une faveur s’il vous plait…

Il se rapprocha de la femme en armure d’un pas déterminé puis s’arrêta à un mètre d’elle pour incliner légèrement son torse en avant tout en étant presque de profil, un peu comme pour lui souffler quelque chose dans son oreille. Mais il s’exprima de façon à être entendu par tous ceux qui étaient présents, et n’avaient qu’une envie : réparer l’injustice qu’ils avaient subi, venger leurs morts et punir ces traitres et alliés du clan Lone.

- Donnez-leur un aperçu de l’enfer, ces salopards ne méritent pas moins que ça.

Personne n’aime avoir à faire le sale travail. Mettre un terme à la vie d’un de ses subordonnés est une tâche dont aucun chef ne veut même si elle est parfois nécessaire, comme maintenant. Quand j’ai de la haine pour quelqu’un, de façon générale, ce n’est pas basé sur un vulgaire caprice. Il y a une raison et une bonne. Le clan Lone mérite ma haine et il s’est fait aujourd’hui un ennemi d’un officier de la République Galactique, en supposant que ma purge ne nous débarrasse pas à jamais de ces lâches. Maintenant que j’ai son accord pour aller mener ma guerre de mon côté, nous allons passer aux choses sérieuses. Viveka et Myrianova, l’improbable duo… Et quel duo. J’attends que nous nous soyons éloignés du groupe avant de devenir à nouveau un instrument de précision des plus mortels. Tel est mon rôle, ma fonction ici.

Je deviens invisible ou ce qui s’en approche le plus et le monde autour de moi devient à nouveau mon canevas, ma toile. Je traque mes proies. Ceci dit, on ne saurait opérer plus efficacement qu’en bénéficiant d’une diversion digne de ce nom… Et même depuis sa position, l’amiral peut entendre la fureur de Myrianova et de ses armes, une symphonie de mort et de destruction ponctué des cris d’alarme et de douleur de ses victimes. Notre première poche de résistance est composée, visiblement, de novices car bien que décemment équipés et armés, leur délai de réaction est inférieur à ce qui serait attendu de vrais guerriers mandaloriens. Mission accomplie : l’alerte est donnée et nous avons gagné du temps à l’amiral. Ils cherchent du côté de la colosse en armure en train de tout détruire sur son passage, pas du côté des forces républicaines, encore moins du mien.

Au détour d’un couloir, je tombe sur deux sentinelles, promptement assassinées. Gorges tranchées de façon à ne pas mettre de sang partout, les corps qui touchent le sol sont des cadavres. Silencieuse. Mortelle. Impitoyable. Les ennemis solitaires ou en très petits nombre qui croisent ma route son éliminés avec la même efficacité. Comme je m’y attendais, la vue d’une armure mandalorienne fait que les conspirateurs envoient en masse leurs mercenaires qui prétendent appartenir à la même culture que nous. Pour s’assurer que l’amiral n’aura pas de surprise et pour empêcher de fuir, Myrianova fait s’effondrer le passage derrière elle. Si l’ennemi veut s’enfuir, il devra nécessairement passer par-dessus les cadavres des forces de l’amiral. Avec un peu de chance, nous en aurons tellement éliminé que l’ennemi se rendra avant que Plo Tan'ith ne tire un coup de feu. On me dira que c’est dans ce cas avoir le rôle ingrat… Mais non, en fait.

Son but est de récupérer ses enfants et de protéger ceux sous ses ordres. Tant qu’il s’acquitte de cette tâche, où est le besoin d’affronter l’ennemi et de s’exposer au danger? Nulle part, voilà où. Chose certaine, comme je le suspectais, Halla Lone n’a pas apprécié « notre » entrée fracassante et l’absence de réponse de la base en surface ou de ses premières patrouilles le fait agir en lâche. Il annonce par l’intercom de la base que si nous ne cessons pas notre attaque, il va exécuter ses otages et qu’il ne plaisante pas. Il va jusqu’à en exécuter un, heureusement, pas un des enfants de l’amiral, pour faire valoir son point. Se cacher derrière des boucliers humains. Je n’en attendais pas moins de lui. L’amiral fait ce qu’il veut. Je ne reculerai pas. Myrianova non plus. Et tant que son attention est occupée ailleurs, il ne me verra pas et je le tuerai avant qu’il puisse faire du mal à quiconque autre. Le clan Lone va effectivement avoir son avant-goût de l’enfer…

Progressant dans le bunker souterrain, les choses se corsèrent quelques peu. L’alerte fut donnée, la diversion provoquée par les deux mandaloriennes avait fait son effet. La sirène retentissait dans les couloirs du complexe, et au loin les cris et détonations d’armes à feu résonnaient. Ces deux femmes devaient causer un véritable carnage. Maintenant il fallait profiter de l’opportunité donnée pour rejoindre l’endroit ou les prisonniers étaient retenus. Evoluant de leur côté, les forces de l’amiral tombèrent sur peu de résistance ; la présence des deux mandaloriennes facilitait grandement leur infiltration jusque dans la base. Ils abattirent sans sommation les gardes présents remarquant leur infiltration. En les réduisant au silence ils ne déclencheraient pas une seconde alerte, néanmoins il y eut un souci. Alors qu’ils avançaient, une porte épaisse se referma devant et derrière le groupe de Plo. Sans doute un dispositif de verrouillage enclenché par Halla Lone pour se donner du temps et piéger l’ensemble des intrus. Ils n’avaient pas été repérés, mais sans doute préférait-il éviter que les mandaloriennes empruntent des chemins détournés pour l’atteindre. L’amiral savait que le temps était compté, il aboya un ordre à l’un des soldats et technicien présent.

- Essayez de pirater la porte.
- Ce ne sera pas nécessaire Papa.

Coupa Sil qui s’avança vers la porte. Elle ferma les yeux derrière son masque respiratoire et tendit les bras vers la porte pour se concentrer. Au début il ne se passa rien, puis environ six secondes plus tard la porte émettait un léger grincement tout en tremblant. Lentement et dans un son strident du métal qui est forcé d’obéir sous la contrainte d’une force supérieure, les deux battants se séparèrent l’un de l’autre. D’abord de quelques centimètres puis d’un mètre. Plo donna un nouvel ordre !

- Dépêchez-vous !

L’ensemble de ses hommes se précipitèrent et se déployèrent de l’autre côté, maintenant son effort, Sil fut la dernière à franchir la porte qui se referma brutalement dans son sillage, coinçant un pan de sa bure de Jedi. D’un geste sec, elle arracha une partie du tissu. Le groupe avança à nouveau pour se faire surprendre par un groupe de six soldats qui avaient été enfermés dans la seconde portion du bunker. Sil en tête déviait les tirs de blaster offrant une couverture à certains soldats qui avaient tendance à se concentrer sur elle à cause de son sabre laser. Ainsi, ces gardes laissaient le champ libre aux autres soldats pour ouvrir le feu, cependant ils eurent le temps de signaler la présence d’un groupe de combat de la République au quartier général. Il n’y avait plus de temps à perdre. Plo conduisit ses hommes en éliminant tous ceux qui s’opposaient à eux. Certains morts furent à déplorer du côté républicain, principalement des prisonniers libérés par Plo et dont la détention et la fatigue commençait à se répercuter sur leurs performances de combat. Quatre morts, une dizaine de blessés qu’ils laissèrent en arrière avec quelques soldats pour les stabiliser et traiter leurs blessures. Divisé en deux groupes, les forces de l’amiral arrivèrent jusqu’à l’endroit ou les otages étaient à priori retenu. Avançant avec prudence et rapidité, les troupes de Plo étaient prêtes à libérer leurs frères d’armes ainsi que les enfants de l’amiral Tan’ith.

Les choses sont tellement simples quand vous vous donnez un objectif bien précis : se rendre jusqu’au leader de vos ennemis et l’éliminer. C’est mon principal objectif en ce moment. Plus encore que sauver les enfants de l’amiral. Halla Lone a attaqué ma famille et à ce juste titre, il se doit de payer le plus coûteux des prix. Sa vie, à mes yeux, n’est malheureusement que bien peu de choses. Un être de sa vilénie et de sa couardise ne saurait avoir une valeur suffisante pour « rembourser » ce qu’il a pris. Je serai bien forcée de m’en contenter malgré tout. Son clan au grand complet ne vaut absolument rien. Ils n’ont aucun honneur. Aucun sens de la justice. Aucune qualité en faisant des adversaires de valeur. Paradoxalement, les laisser vivre serait un affront à nos morts. Il faut donc se donner du mal pour l’honneur, c’est indispensable…

Et plus ou moins pour peu de choses. C’est compliqué. Je sais. Mais ainsi sont les Mandaloriens. Les vrais. Notre combat nous amène à affronter des ennemis de plus en plus coriaces, oui… Mais de plus en plus désepérés. Ils ne sont pas capables de nous arrêter. Ils ne peuvent faire autre chose que de s’en rendre compte. Voilà ce que c’est que d’affronter de vrais adversaires. Ce n’est pas aussi facile que quand ils assassinent des gens plus faibles qu’eux pour l’argent ou par pur sadisme. Il faudra plus que de vulgaires portes blindées pour nous arrêter. Plus que des légions de pseudos guerriers. Même sa garde d’élite ne saurait faire le poids face à la fureur du clan Eldar. Oh je ne dis pas que nous nous en tirons indemnes. Nos armures sont amochées. Des blessures nous sont infligées. Mais nous continuons d’avancer malgré tout. Une force commune.

Une synergie à toute épreuve. Halla Lone ne nous échappera pas cette fois. Par le passé, sa couardise lui a permis de nous échapper. Pas cette fois. Chose certaine, j’espère que les républicains ne comptaient pas reprendre leurs installations intactes. Ça relèverait carrément de l’utopique. Nous avons une cible à abattre et des missiles à désarmer car il semblerait que le vaisseau de l’amiral ait été désigné comme nouvelle cible. Et je suppose que ce ne sera pas la seule surprise qu’il aura pour nous. Après avoir éliminé un dernier groupe d’ennemis, nous entrons dans la salle de lancement des missiles. Je ne m’attendais pas, je l’avoue, à me retrouver à devoir sauver un des enfants de l’amiral. Son fils, je crois bien. J’aurais dû y penser. Non content de se cacher derrière les vies de ses subordonnés, de tenter de détruire le vaisseau de l’amiral et je suppose nous imposer un choix, il se réfugie derrière un bouclier humain. Dommage pour lui par contre.

Je peux le voir. Lui non. Et il sait que je suis là. Invisible. Quelque part. Il voit Myrianova. Et il fait savoir à l’air ambiant qu’il n’hésitera pas à exécuter son otage. Je ne peux même pas dire que je suis étonnée. Je me doutais bien qu’il me ferait un coup en traitre. Il aura beau se retourner dans tous les sens en espérant vainement que je me révèle à lui… Ce que je fais mais quand je le fais, c’est parce qu’il vient de se faire poignarder en plein cœur. La confusion se lit dans son regard. Comment? En deux enjambées, Myrianova m’a rejoint pour mettre le fils de l’amiral en sûreté. Elle ne perd pas de temps en tout cas. Ça et le fait qu’elle sait que je vais sans doute vouloir y aller dans la tradition et les règles de l’art. Un ennemi vaincu a quand même le droit à une dernière parole. Certains demandent le pardon. D’autres vous maudissent. Tout dépend des individus.

« Tu penses que parce que tu as pris ma vie, l’honneur de ton clan est lavé? »

« Oui. Bien que tu ne connaisses rien à l’honneur. »

« Ils te trouveront, Viveka. Tu viens de te mêler de choses qui te dépassent. Et tu vas en payer le prix. »

« Alors j’y ferai face avec les miens, avec mon clan. Saches, traitre, que c’est une chose que tu ne connaitras jamais. »

Halla Lone trépasse peu après et j’avertis l’amiral de la chose, du sauvetage de son fils et du fait que son vaisseau n’est plus la cible des missiles. Je dirais, pour ma part, que nous avons admirablement bien fait notre travail. Reste à voir comment lui se sera acquitté de sa portion de la mission…

Plo Tan’ith continuait d’avancer jusqu’à une salle qui avait été convertie en centre de détention improvisé. Lorsqu’il pénétra dans la pièce avec ses hommes, les mandaloriens levèrent leurs armes et commencèrent à ouvrir le feu forçant les troupes de la République à se replier derrière l’entrée de la salle. Deux soldats, un clone et un soldat de la base furent tués par des décharges de précision tirées par les mandaloriens. La partie se corsait sacrément. L’un d’entre eux prit Tila Tan’ith en otage. Son aînée n’était clairement pas dans l’escadron Rogue pour rien, elle se débattait, forçant le mandalorien à se maintenir solidement sur ses appuis et à redoubler d’efforts pour la trainer dans le champ de vision des forces de la République. Sa voix grave hurla afin de couvrir les sons des détonations, trahissant également sa nature de Houk si l’on se fiait à son accent.

- Cessez le feu ! Sinon nous exécutons les otages !

Ils étaient piégés dans cette salle, et ignoraient sans doute que leur chef était mort. Plo reçut un message de Viveka dans son casque : Gnost était en vie, et le chef du clan était mort. La corvette n’était plus prise pour cible par les occupants de la base. L’amiral se souvenait du nombre de mandaloriens présents et leur répartition dans la salle.

- Sept à droite, quatre à gauche. Il faut trouver leur sous-chef…

La voix du Houk retentit à nouveau d’un air un peu plus satisfait, mais toujours ferme et agressive dans sa tonalité. Il fit part d’une de ses exigences.

- Envoyez quelqu’un pour négocier !

Depuis quand les mandaloriens négociaient ? Se demanda Plo Tan’ith qui était particulièrement suspicieux. Ils cherchaient ce prétexte pour tenter une sortie en force car ils se savaient acculés. Ce ne pouvait-être autre chose. L’amiral jeta un œil à Sil qui semblait pensive également, visiblement ça sentait le traquenard, mais sortir de cette impasse autrement serait impossible. Plo décida de se porter volontaire.

- On vous envoie quelqu’un, ne tirez pas.

Il hocha la tête avec Sil qui répondit de la même façon, et régla son blaster sur un mode de tir paralysant pour éviter d’éliminer sa fille dans un tir perdu. Il inspira un grand coup et s’élança dans l’encadrement de la porte armé de son pistolet blaster. L’amiral le leva instantanément et ouvrit le feu, le rayon paralysant toucha le houk et Tila qui s’effondrèrent sur le sol. La réaction des mandaloriens ne se fit pas attendre, et déjà plusieurs tirs déferlèrent sur le kel’dor. Un tir le toucha au bras gauche mais les autres ricochèrent à quelques centimètres de lui pour terminer leur course dans le reste du décor. Sil avait utilisé son pouvoir de Bouclier de Force pour envelopper son père dans une bulle qui serait imperméable aux décharges de blaster de ses adversaires qui, surpris cessèrent le feu l’espace d’une seconde, ce qui fut suffisant pour les troupes de l’amiral de pénétrer dans la salle et neutraliser les autres mandaloriens. L’amiral se paya même le luxe de paralyser deux mandaloriens supplémentaires.

Les choses rentrèrent dans l’ordre en l’espace de quelques minutes, et Plo prit ses deux filles dans les bras, rassuré de les voir saines et sauves. Il libéra les autres otages présents puis pris contact avec son associée du moment pour lui faire un rapport d’une voix beaucoup plus détendue que tout au long de cette opération.

- Viveka, ma fille est saine et sauve, nous avons des prisonniers par ici. Mission accomplie. Je me rends dans le centre de communication pour observer d’éventuelles transmissions émises, rejoignez-moi là bas.

Bon. On dirait que la mission touche à sa fin. Si les otages sont libérés et que l’ennemi a été fait prisonnier, au moins en partie, c’est qu’en quelque part nous avons fait du bon travail. Tant mieux. J’aurais détesté devoir annoncer à l’amiral qu’il aurait à enterrer un de ses enfants. Au risque de me répéter, la famille, pour nous, Mandaloriens, c’est important. Chose certaine, par contre, s’il a capturé des membres du clan Lone, ils seront exécutés sans autre forme de procès. On me dira que c’est brutal et sans pitié mais je m’en moque. Un non Mandalorien ne comprendra pas notre culture et il n’a pas à la comprendre non plus. Tant qu’il ne se mêle pas de nos affaires, tout ira bien. Un procès juste et équitable? Certainement pas pour ceux qui n’ont jamais hésité à prendre la vie de membres d’autres clans pour l’argent. Troquer l’honneur pour l’argent.

Absolument impensable. Ils ne méritent même plus le titre de guerrier à ce stade des choses. Enfin bon. Je m’empresse de rejoindre l’amiral, Myrianova sur mes talons. Je lui ordonne de s’occuper des éventuels déchets dont il faudra se débarrasser pendant que je prends le chemin du centre de communications. Un truc me dérange. Enfin. Plus qu’un truc. Halla Lone était en charge des Mandaloriens… Du coup, où se trouve celui qui commande aux extrémistes? On ne peut entrer et sortir du bunker que par un unique point d’accès, du coup, il n’a quand même pas pu nous filer entre les doigts. L’invisibilité est une option purement grotesque à ce point-ci des choses. Quelque chose m’échappe. Nous échappe. Quoi… Nous ne tarderons pas à le découvrir. L’amiral et moi arrivons à peu près en même temps devant la pièce tant convoitée et quand le porte s’ouvre…

Je comprends mieux pourquoi il nous manque un salopard. C’est sans doute ce type à qui il manque une partie du crâne. Suicide? Exécution? Je ne suis pas médecin légiste. Je sais une chose par contre. Ce n’est jamais bon signe quand un hologramme se déclenche tout seul quand vous entrez dans la pièce. Il s’agit d’un homme en uniforme au regard sévère qui s’identifie comme étant l’amiral Dospeet. Ce qu’il dit ne m’inspire en rien confiance. Selon l’hologramme, par le temps que nous découvrions ce dernier, une session extraordinaire du sénat aura été convoquée pour mettre en évidence une conspiration dont le maitre d’œuvre n’est nul autre que l’amiral Plo Tan’ith en personne. Même si c’est complètement faux, il y aura enquête. Détention provisoire. La confiance de certains éléments de la République envers l’officier sera brisée. Un coup en traitre, rien de moins.

Mais ce n’est pas tout car peu après, une violente explosion lumineuse se déclenche. IEM. Adieu les preuves, adieu les indices. Une chance que j’ai de bons implants sinon j’en aurais pris pour mon grade. Et comme rien n’arrive jamais sans une autre mauvaise nouvelle ces derniers temps, l’information nous parvient qu’à peu près au même moment, Une impulsion similaire a frappé la frégate et que dans la confusion, Lynn Ordonia a disparu. Pire encore, il manque une capsule de sauvetage qui a été rapidement tractée par un autre vaisseau. Un vaisseau de l’Apex. Mais c’est quoi ce bordel? Des faux républicains, des traitres mandaloriens et maintenant, des criminels? Il ne manque que l’Empire et le Consortium et on aura eu le panel galactique au grand complet! Est-ce qu’il y a d’autres bonnes nouvelles? Ah bah selon Myrianova, oui! Alors celle-là…

« Il semblerait que vos ennemis soient désormais mes ennemis. Apparemment, un mandat d’arrêt vient d’être émis par la République. J’ai une… Amie… Jedi qui pourra témoigner en ma faveur et plusieurs ex employeurs républicains satisfaits pour défendre mon dossier mais Halla Lone avait raison. Je ne sais pas qui sont ceux qui tirent les ficelles mais ils ne sont clairement pas des amateurs, malgré certains de leurs agents.

Chose certaine, Amiral, si jamais vous avez besoin de... Comment dire… Changer d’air pendant un temps, mon monde natal et mon clan vous tendent les bras. Aucun conspirateur, aussi long soit son bras, ne serait suicidaire au point d’attaquer une planète en plein espace mandalorien. Et puis du reste, le plus important est avec vous. Votre famille. Chérissez ce moment, amiral. Ils sont aussi rares que précieux. »

Retrouvant Gnost, Viveka et d’autres mandaloriens présents au centre de communication, il enlaça son fils tout en étant accompagné de Tila et Sil à ses côtés ainsi que le capitaine de la base ainsi que son lieutenant clone. Au moins ils étaient vivants, mais la présence d’un cadavre au crâne explosé indiquait clairement que le chef de cette base avait été soit exécuté soit qu’il s’était suicidé. L’hologramme de l’amiral Dospeet annonça clairement que pendant que la base était prise, une session du sénat avait été convoquée pour mettre en lumière un complot dont l’amiral Tan’ith serait la tête pensante. L’officier retira son casque pour mieux observer le visage de l’ordure lui faisant face. Sa respiration devenait de plus en plus bruyante tandis que son cerveau cherchait à tempérer la rage qui l’habitait au plus profond de lui. Ses poings s’étaient refermés : et il baissa la tête. Lynn Ordonia avait disparu et la corvette avait été frappée par une décharge IEM au même titre que la base. La corvette avait été clouée au sol, et quelques dégâts mineurs étaient à signaler, cependant Ordonia avait été enlevée, ou alors était complice de ce coup d’état. Plo s’en voulait de ne pas s’être suffisamment méfié d’elle, la garder à ses côtés aurait sans doute permis d’avoir davantage d’indices. Impossible d’intercepter le vaisseau de l’Apex qui devait déjà être hors de portée de tir de la base ou de la corvette. L’amiral se sentit manipulé et quelques peu abattu. Perdu dans ses pensées quelque chose le tira de sa torpeur. Cumis frappa du poing la grande console centrale de communication au dessus de laquelle s’était trouvé l’hologramme de l’amiral il y a quelques secondes encore.

- Dospeet… ILS NOUS ONT MANIPULE COMME DES BLEUS ! MES HOMMES SONT MORTS PAR SA FAUTE !

Hurla de rage le capitaine twi’lek qui semblait visiblement avoir envie de tuer l’amiral Dospeet à mains nues. Tila Tan’ith prit la parole également fulminant derrière son masque respiratoire, et visiblement tout aussi remontée que Cumis.

- AH CES SALES FILS DE HUTT !
- C’était un piège pour te nuire papa… nous étions des appâts de choix. Dospeet savait que tu viendrais nous libérer.

Déclara lentement et presque en état de choc Gnost qui assemblait de son côté les pièces du puzzle mentalement. Mais ça ne collait pas, Plo fit non de la tête et avança sa version de l’histoire, ou du moins ce qu’il pensait être le véritable plan initial de Dospeet.

- Impossible, j’ai su que vous aviez été pris en otage par nos alliés mandaloriens présents ici. Dospeet ne pouvait pas prévoir ça. Votre capture venait du fait qu’il cherchait sans doute à faire pression sur moi avant que j’informe le commandeur suprême d’une conspiration… Il a été prévenu lorsque nous avons investi la base et s’est débrouillé pour sauver les meubles avec ce qu’il avait.

Après tout, la capture de Sil avait été programmée également, et Dospeet n’avait pas prévu que Viveka se mêlerait de ceci en prévenant l’amiral après avoir eu l’information que le clan Lone se trouvait sur Argus. Plo savait qu’il passerait devant une commission d’enquête double : une civile représentée par le Sénat, et une autre militaire qui serait sans doute menée par Dospeet lui-même, ou s’il avait de la chance et que Maximilian Seidelman le tirait de ce faux pas, quelqu’un de plus favorable ou neutre. Au moins Seidelman avait accès aux données relatives aux agissements du sénateur Ducan d'Argus et avait les noms de l'amiral Dospeet et de deux autres conspirateurs. Le capitaine Cumis se mit au garde à vous devant l’amiral Tan’ith et prit la parole d’une voix confiante et toujours aussi sèche d’avoir été manipulé et que cette conjuration ait pu coûter la vie des hommes placés sous son commandement, la vengeance l’habitait.

- Amiral. Mes hommes et moi témoignerons devant les instances de la République en votre faveur sans ciller. Cette ordure de Dospeet ne doit pas s’en tirer sans conséquences !
- Nous aussi papa, on ne va pas laisser faire ce chien ! Pas vrai Gnost ?

Ajouta immédiatement Tila qui fronça les sourcils afin que Gnost approuve. Ce dernier n’avait pas besoin d’être intimidé : respectant son père qui lui avait sauvé la vie, il prendrait la parole pour défendre Plo au cours du procès. Sil s’avança également, plus posée et sage, sa voix était calme mais déterminée à faire ce qu’il faudrait pour protéger son père qu’elle connaissait moins que ses frères jumeaux.

- Après mon rapport auprès de l’Ordre Jedi, je plaiderai ta cause auprès du Sénat au nom de l’ordre.
- Mes hommes et moi sommes prêts à témoigner également amiral.

Conclut naturellement le lieutenant clone Farsight ici présent qui salua également l’amiral au garde à vous. Plo se sentait soutenu et reprit du poil de la bête, même si la décharge d’adrénaline commençait à tomber. Il se tourna vers la mandalorienne sans qui rien de tout ceci n’aurait été possible, il s’en voulait d’avoir impliqué son clan dans cette histoire, car désormais elle serait également une cible. Cependant elle pourrait compter sur Plo afin de l’aider si d’aventure, les sbires de Dospeet viendraient à lui causer des ennuis dans les temps à venir. L’amiral se redressa et répondit à son alliée au cours de ce combat d’une voix plus calme mais un peu peinée de la tournure des choses.

- Je vous remercie Viveka et je suis désolé de vous avoir entrainé là dedans… J’ai pu récemment mettre la main sur un petit pactole de crédits. Je me chargerai de vous les transférer, je vous dois au moins ça à vous et vos hommes. Vous pourrez disposer des membres du clan Lone comme vous le souhaiterez, cependant si vous l’acceptez j’aimerai qu’un interrogatoire soit mené si jamais ils avaient des informations supplémentaires… je pense que le Houk était suffisamment proche d’Halla Lone pour avoir des informations sur leur opération. Je vous laisserai mener ces interrogatoires, s’ils parlent bien entendu…

Il marqua une courte pause et ajouta quelques mots d’une voix qui se voulait confiante, mais au fond de lui, l’officier était un peu tendu. Affronter des politiques et juges était tout autre chose que de mener l’attaque d’une base, ou effectuer des manœuvres de flotte contre le Consortium Eternel. Peut-être même aurait-il préféré se frotter aux Sith d’ailleurs. L’officier reprit la parole en déclinant poliment l’offre.

- Votre offre est alléchante, mais de nombreux combats m’attendent à nouveau, pour l’heure je dois réorganiser mes forces et contacter le commandeur suprême. Vu qu’une session extraordinaire à lieu, je vais me rendre et affronter Dospeet sur son terrain. Votre aide au cours du procès me concernant sera la bienvenue et je l’accepte.

Réfléchissant un peu, il considéra l’option pour sa famille et reprit.

- Si les choses tournent mal, et j’abuse sans doute de votre hospitalité mais… disons que si ma famille est menacée, pourriez-vous les mettre en sécurité sur votre monde natal ? J’affronterai seul les conséquences de cette opération.
- Hors de question papa, faudra qu’ils nous assomment pour nous mettre en sécurité et on ne se laissera pas faire. On ne t’abandonnera pas !

Conclut Tila en croisant les bras d’un air léger et presque plaisantin. Là ou Gnost était effacé et très analytique, et Sil sereine et calme, Tila était la plus tête brûlée des trois enfants Tan’ith, son rang de capitaine dans l’escadron Rogue n’était pas là par hasard. Combattre un mandalorien à mains nues ne l’inquiétait pas vu sa fougue et son habitude de se bagarrer avec ses hommes parfois quand ceux-ci dépassaient les bornes. Plo rit quelques peu ajouta quelques mots à l’attention de Viveka afin de la remercier de son aide et aussi se confier un peu sur son opinion vis-à-vis des Mandaloriens.

- Je n’avais encore jamais combattu aux côtés des célèbres mandaloriens, vous m’avez impressionné pour être honnête avec vous. Votre réputation est loin d’être usurpée, la République aurait bien besoin de soldats tels que vous que ce soit au front, ou pour former nos troupes. Je suis par ailleurs très curieux de votre culture, et espère bien pouvoir vous revoir dans des circonstances plus légères afin de découvrir votre monde natal ainsi que votre peuple. Ce fut un honneur d’avoir combattu à vos côtés Viveka.

C’est précisément pour ce genre de raisons que je me dis que la société mandalorienne est quand même bien plus stable que les grands régimes galactiques. Je ne dis pas que nous sommes exempts de corruption. Simplement, il est beaucoup plus difficile pour des éléments disons… Cancérigènes… De gangrener notre civilisation en entier. Je ne sais pas qui est cet amiral ni quel pouvoir il manie mais des gens sont morts pendant que lui regardait de loin. Je suis chef de clan. Si une tâche doit être faite, je n’ai aucun problème à aller m’en occuper personnellement. Un bon leader mène auprès de ses hommes, il montre l’exemple. Quel exemple montre-t-on quand on conspire contre ses alliés? Encore que je suis convaincue qu’il doit se voir comme une sorte de sauveur ou je ne sais trop. Illusion typique d’individus imbus d’eux-mêmes.

Chose certaine, Plo Tan’ith n’est peut-être pas un Mandalorien mais sa famille et ses alliés le soutienne avec la même férocité que si c’était des membres d’un même clan. Je ne sais pas si la loyauté des clones est programmée, par contre, j’avoue ne pas être une experte en la matière. Ça force le respect. Et c’est-ce respect qui vient de gagner au clan Lone quelques minutes de plus en ce monde, si tant est qu’ils révèlent des choses utiles. Je donne mes ordres à Myrianova de commencer les interrogatoires et de faire un exemple très clair. Parler ou mourir. Tant mieux que les forces républicaines soient ici et non avec ces traitres. Mon bras droit ne fait jamais dans la dentelle. Ne fait plus dans la dentelle, en fait. Surtout pas face à ceux qui lui ont pris sa famille et son clan d’origine. Ils parleront ou ils mourront. Tout simplement. Pour moi, c’est de peu d’importance.

Une pièce du puzzle m’embête. La technicienne. Clairement, si elle faisait partie des conspirateurs, ils ne l’auraient pas laissé sans surveillance, hors du bunker. Peut-être est-ce sa nature particulière qui en faisait une cible? Et si ça n’avait aucun rapport avec le drame en train de se jouer? Après tout, Apex n’est-elle pas profondément opportuniste? Ils auront vu quelque chose qu’ils voulaient et ils l’auront pris, tout simplement. L’absence de morts ou de blessés est étonnante : plusieurs éléments de cet empire criminel n’hésitent clairement pas à faire des victimes, peu importe le grade ou la fonction. Je préfère encore me concentrer sur le mystère actuel. Quelque chose que je peux comprendre au moins partiellement et face auquel je peux faire quelque chose. Je veux aider l’amiral. Nous autres, Mandaloriens, croyons beaucoup en la justice.

Comment prouver son innocence? Il est vrai, techniquement, que je suis ici illégalement. Je n’ai pas été recrutée formellement par l’amiral et j’ai contribué à prendre des vies républicaines. La présomption d’innocence est très à la mode dans les régimes démocratiques et ce sera la parole d’un amiral contre celle d’un autre. Le plus urgent, c’est d’identifier le mort. Si nous déterminons qui c’est, sans doute pourrons-nous trouver un indice pour faire tomber Dospeet. Les enfants de l’amiral ont clairement fait savoir qu’ils ne lâcheraient pas l’affaire. Ils ont du cœur au ventre. Ça fait plaisir à voir. Digérant toute l’information, les paroles et ce qui vient de se faire, je finis par reprendre la parole. Pensive, naturellement. Allez. Je vais dire tout haut ce qui me tracasse. Peut-être que quelqu’un saura y trouver une illumination quelconque, qui sait.

« Qui est ce Dospeet qui semble avoir un si grande influence pour faire accuser un autre amiral sans que personne ne pose vraiment de questions? Que contrôle-t-il comme flotte? Il est évident qu’il ne va pas simplement vous laisser retourner sur le monde capital sans s’assurer que vous tombiez entre les mains de troupes lui étant loyales. Ou alors que vous ne reveniez tout simplement pas. Je ne… »

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que je reçois un message d’alerte : une flotte vient d’entrer dans le système. De ce que je vois par leur composition, ce n’est pas une petite flottille sans importance. C’est une vraie flotte de guerre. Et des vaisseaux sont déjà en train de se diriger vers la surface de la planète. J’ose espérer que ce ne sont pas des ennemis supplémentaires car il y a une limite à ce qu’un Mandalorien peut abattre comme cible en une journée. Je laisse entendre un juron dans ma langue natale. Les interrogatoires ne sont pas terminés et nous n’avons même pas commencé à tenter de trouver des indices ici. À moi de gagner du temps à l’amiral dans ce cas. Dommage que l’onde IEM ait cramé les défenses du bunker. Ça aurait été utile… Quoi que je contrôle encore les défenses de la base, si besoin. Moins efficace mais…

On fait avec les moyens du bord. Qui que ce soit, il va voir ce qu’il en coûte de s’en prendre aux alliés du clan Eldar. Ou pas. Je n’ai même pas le temps de dire à l’amiral que je vais aller m’occuper des « invités » quand le comlink de l’amiral se met à bipper. Le mien aussi (j’ai une ligne pour le canal « général »). En fait, c’est envoyé sur toutes les fréquences. Ah bah… Peut-être que finalement je ne vais pas tirer sur les « invités ». La personne que je regarde sur mon écran holographique n’est nulle autre que le Commandeur Suprême des forces armées de la République Galactique en personne. Maximilian Seidelman. Je ne l’ai jamais vu en personne mais je sais qui c’est. À ce qu’il parait, c’est le genre de personne avec une tête sur les épaules et dont le sens du sacrifice, c’est de se sacrifier lui avant la vie de ses hommes. Vrai, pas vrai, peu importe.

Ce que je sais, c’est que je ne vais pas trainer. Je contacte Myrianova. Nous allons repartir avec trois prisonniers. Le reste a refusé de parler. Ils étaient parfaitement au courant de ce qui les attendait. Sans surprise, le Houk est de ceux qui veulent collaborer. La lâcheté de ce clan n’est plus à prouver. Qui plus est, ce ne sont plus mes affaires. Si le patron de l’amiral s’en mêle, moi je tire ma révérence. On me contactera quand viendra le temps du procès. Je ne veux pas trop trainer ici et je vais définitivement éviter Corellia dans les temps à venir. Dan Vito ne serait que trop heureux d’avoir enfin une vraie raison de m’arrêter. Cet inspecteur de la CORSEC est plus un danger pour ses propres concitoyens que ceux qu’il accuse à tort de crimes. J’espère juste ne pas me faire retenir à la sortie. Ça risquerait de mal tourner… Et assez vite merci, ça c’est sûr.

« Je suis heureuse de voir que votre famille est saine et sauve et que vous êtes unis derrière une cause commune, amiral. Pour ce qui est de l’argent, je me suis portée volontaire, vous ne me devez rien. Soyez assuré de mon entière collaboration dans les temps à venir, tant que cela ne menace pas mon clan. Pour ma part, je vais tirer ma révérence. Trop de troupes républicaines armées pour mon goût. »

Sur ces paroles, je tourne les talons et rejoins Myrianova et les prisonniers en sprintant. Je ne vais pas m’attarder plus longtemps. Pour un Républicain de base, tous les Mandaloriens se ressemblent et je n’ai pas particulièrement envie de me faire abattre. Et puis bon, le voyage de retour risque d’être éducatif. Je suis convaincue que mes captifs vont avoir beaucoup de choses à nous raconter une fois adéquatement motivés. Et après… L’honneur de mon clan sera lavé encore davantage de la perfidie du clan Lone. Au final, la journée aura été particulièrement imprévisible, ce qui en fait une excellente journée. Les Mandaloriens n’aiment pas forcément que la routine s’installe. Il faut toujours rester alerte si on ne veut pas voir ses réflexes s’atrophier. Je regarde une dernière fois derrière moi et je souhaite la meilleure des chances à l’amiral…

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