Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Certains voient l’entrainement comme une façon de se perfectionner. Pour y arriver, ils utilisent des poids, font de la course, affrontent des droïdes conçus pour tester les capacités de tout un chacun ou tapent sur des mannequins. Tel est la perception classique d’un entrainement. Il y a toujours quelque part un cran de sûreté, un limiteur pour empêcher les blessures graves ou pire, la mort. Mais pas au sein du Chume’doro. Peut-être anciennement. Jamais sous Arcanis. Quiconque venait s’y entrainer, commando, agent ou les rares personnes de l’extérieur ayant le privilège de pénétrer dans ce bastion hautement sécurisé qu’est leur quartier général pouvait en ressortir sur une civière ou dans un cercueil. Nombreuses avaient été les matriarches à protester devant la Reine Mère face à de telles méthodes et chaque fois, la réponse était la même. Le major du Chume’doro est l’extension de la volonté royale. Fin de la discussion.

Critiquer Arcanis revenait à critiquer celle qui dirigeait le Consortium Éternel. Autrement dit, une initiative des plus dangereuses. Le Chume’doro se devant d’être l’élite de l’élite, on n’obtient pas de tels résultats en cajolant celles y œuvrant. Tous les entrainements ne se terminaient pas par des blessés graves ou des morts, non. Mais au strict minimum une blessure. Un bleu, une bosse, une coupure… Quelque chose à ramener avec soi pour se souvenir de ses faiblesses. De ses lacunes. Conséquemment, seuls les fous et les téméraires, dit-on, osaient s’aventurer là où règne celle qui commande au Chume’doro au nom de la Reine Mère. À cela il fallait compter deux exceptions et pas des moindres. La Reine Mère en personne, qui n’hésitait pas à venir s’entrainer avec son ancienne protectrice et garde du corps et bien sûr, l’actuelle princesse héritière du trône. Deux exceptions bien sûr que jamais Arcanis ne tuerait pendant un entrainement. Régicide, tout ça.

Mais blesser? Même gravement? Elle n’avait aucun scrupule à le faire. Quiconque dirige ou aspire à diriger et qui est incapable de se défendre adéquatement ne mérite pas son trône, avait dit un jour Arcanis de cette voix froide et déshumanisée. Rares étaient ceux à connaitre la réelle étendue de l’affection qu’elle portait pour la Reine Mère et la Princesse mais si pour les rendre plus forte elle devait les expédier toutes deux dans une cuve de bacta dans un état critique, elle le ferait. N’était-ce pas son rôle, justement, de les protéger contre les pires dangers? Et quel ennemi y a-t-il de plus insidieux que sa propre personne? Pensez-vous trop fort et c’est la chute assurée. Pas assez et vous ne serez jamais capable de faire quelque chose de grandiose. Bref. Aujourd’hui l’entrainement ne sera pas différent de toutes les autres fois et ce même si la princesse héritière est là pour une « inspection ». Les choses vont procéder comme à leur habitude.

Si la Reine Mère connait la véritable nature d’Arcanis, il n’en est pas de même pour la princesse héritière. Ce secret lui sera révélé en temps et en heure, plus vraisemblablement quand viendra le temps de monter sur le trône. Bien qu’un lien de profonde confiance unisse l’élève et la formatrice, il y a des choses qui se doivent de rester cachée. Autour d’Arcanis gisent une bonne dizaine des meilleurs agents et commandos du Chume’doro, toutes dans un piteux état d’ailleurs. Impassible, malgré un effort physique intense (l’élite de l’élite vendant chèrement sa peau), le major explique les faiblesses de chacune de ses adversaires vaincues. Pas une goutte de sueur, pas de respiration haletante, elle donne son exposé comme si elle était en salle de briefing devant ses troupes. Arcanis, l’être de glace, celle dont le silence terrifie plus que les paroles. Une fois qu’elle a terminée, elle se tourne vers sa prochaine… Partenaire? Victime? Allez savoir.

« Maintenant, princesse, nous allons voir si vous avez retenu mes enseignements. Comme d’habitude, vous n’aurez ni traitement de faveur ni pitié. Les Siths ne vous en donneront pas, vos ennemis politiques non plus. Et inévitablement, quand le Chume’doro, votre première et dernière ligne de défense tombera, il faudra mener le combat seule. Il est de mon devoir le plus sacré que de vous préparer à ce moment, comme j’ai préparé la Reine Mère avant vous. »

J’attendais sagement mon tour, assise en tailleur à l’autre bout du terrain. Je ne prêtais pas grande attention à mon environnement. Mais bon, il fallait bien avouer que celui se composait simplement de gardes se faisant rosser par Arcanis. Les quelques coups d’œil que je leurs jetaient me ramenaient plusieurs années en arrière quand j’étais à leur place et que c’est moi qui me prenais les coups de bâton. Maintenant, j’ai plutôt tendance à les rendre.

Mais je reconcentrais rapidement sur la lame posée sur mes genoux que je nettoyais à l’aide d’un chiffon, celle-ci prenant pas mal la poussière dernièrement, n’ayant pas bougé ces dernières semaines. Une fois suffisamment propre à mon goût, je me releva, et rengaina la lame dans son fourreau qui battait ma hanche gauche. Et il semblait que j’avais eu un timing parfait, car toutes les recrues étaient au sol, recroquevillés et se tenant différentes parties du corps selon où avait tapé Arcanis. Sachant mon tour arrivée, j’usa de la Force, appelant mon sabre qui pendait attacher à la droite de ma ceinture, pour l’appeler dans la main du même côté.

« Maintenant, princesse, nous allons voir si vous avez retenu mes enseignements. Comme d’habitude, vous n’aurez ni traitement de faveur ni pitié. Les Siths ne vous en donneront pas, vos ennemis politiques non plus. Et inévitablement, quand le Chume’doro, votre première et dernière ligne de défense tombera, il faudra mener le combat seule. Il est de mon devoir le plus sacré que de vous préparer à ce moment, comme j’ai préparé la Reine Mère avant vous. »

Je soupira à son discours que je connaissais bien et qu’elle m’avait servis un nombre de fois incalculable durant toute ma formation, s’en servant comme prétexte pour me pousser dans mes retranchements et me faire évoluer le plus rapidement possible. Mais il était inutile de ressasser le passé.

« Je sais Arcanis, je sais. Et j’y suis préparé. Ce n’est pas pour rien que je passe des journées à m’entrainer et à venir ici une fois par mois pour échanger des passes avec toi. »

J’alluma alors mon sabre, y envoyant une décharge de Force afin de déclencher le cristal et allumer la lame noire semblant aspirer toute lumière. Celle-ci contrastait alors avec ma tenue de combat aussi blanche que mes cheveux, créant alors une dichotomie parfaite. Je resserra alors ma prise sur le manche de mon arme, venant l’agripper de ma deuxième main, plaçant correctement mes jambes afin d’ancrer mon corps correctement et de garder mon équilibre.

« Bien, je suis à toi, passe à l’offensive dés que tu en as envie, je suis ta femme. »

Arcanis ne répond pas. Ce ne serait pas la première fois qu’elle entend une de ses protégées lui dire qu’elle leur a répété des dizaines et des dizaines de fois les mêmes choses. Pourtant, et l’entrainement d’aujourd’hui n’en est qu’une preuve supplémentaire, certains disent qu’ils savent sans réellement savoir. Ou qu’ils ont compris sans avoir réellement compris. Ce ne sont pas des recrues qui gisent autour d’elle mais certains de ses meilleurs éléments. Des guerrières et des agentes qui ont fait leurs preuves à plus d’une reprise sur le terrain. Plus qu’une fois d’ailleurs et avec un excellent taux de succès. Ceci dit, parfois, semblerait-il, certains éléments pourtant de base ne sont pas respectés. Toujours protéger le visage. Un agent désorienté ou assommé devient une proie vulnérable. Trois de ses « victimes » sont au tapis par coup d’arme contondante au visage.

Enfin. L’entrainement d’aujourd’hui va démontrer si oui ou non la leçon a bel et bien été retenue par la Princesse héritière. Remplaçant l’arme contondante qu’elle utilisait par un électrobâton dont la structure moléculaire permet de résister aux sabres laser, elle se met en garde avant de se mettre en action. Qui plus est, la douleur est une excellente enseignante et la décharge électrique sera considérablement plus souffrante qu’un simple coup. La Princesse est une redoutable combattante avec énormément de potentiel. Cependant, malgré son rang et sa puissance, l’expérience ne saurait être ignorée quand vient le temps défendre chèrement sa vie. Certains réflexes, certaines tactiques ne sauraient être simplement apprises de façon innée. Même dans la nature, les animaux développent des stratégies rudimentaires pour pouvoir se protéger efficacement. C’est là que tout se joue.

Certains seraient tentés de dire qu’Arcanis doit être complètement folle à lier si sa façon de montrer qu’elle tient à la Princesse est de tenter de l’expédier sans plus de cérémonie dans une cuve de bacta. Elle ne lui fait aucun cadeau, ne cèdera pas le moindre centimètre de terrain sans une résistance féroce et acharnée et elle frappe dans le but de neutraliser son adversaire. Elle ne joue pas avec son élève. Et c’est ainsi que la Princesse saura le mieux apprendre. Métal renforcé et lame de plasma s’entrechoquent et le crépitement électrique répond au vrombissement du sabre laser. Bien qu’elle dispose de pouvoirs dans la Force et la faculté de changer de forme, ce sont deux secrets que la Princesse n’a pas besoin de connaitre pour le moment, ce qui fait que techniquement le Major se bat avec un handicap. Et encore là, elle reste une formidable adversaire. Comme elle se doit de l’être, en fait.

Quelle que soit la situation, elle se doit d’être la meilleure, d’exceller. Et toujours, toujours, ce visage froid et impassible qui semble incapable de la moindre expression. Contrairement aux utilisateurs du côté obscur qui puisent dans leurs émotions, Arcanis en fait complètement abstraction. Et comme elle n’exprime rien, elle devient excessivement difficile à lire. Prévoir une riposte sera tout un défi mais en même temps, l’héritière du trône ne serait pas dans cette position que plusieurs envie, cet aller simple pour l’immortalité, si elle était faible ou sans talent. Enchainant plusieurs attaques rapides faites pour déstabiliser l’adversaire en lui causant de l’irritation voire de la frustration (la plupart des adversaires détestant se trouver face à pus agile qu’eux), elle termine cette séquence spécifique avec une puissante attaque qui, si elle porte ses fruits, va atteindre l’héritière du trône en plein torse. Une bonne décharge, donc…

Arcanis n’attendit pas et se lança à l’assaut, les armes s’entrechoquant et provoquant des étincelles au contact l’une de l’autre. Elle enchaina alors les attaques rapide et ample, me forçant rapidement à reculer sur mes positions et à me concentre sur la défense, ce qui était loin d’être mon point fort. Malheureusement pour elle, elle n’avait jamais progressé plus loin que le Shii-Cho, la rendant ainsi extrêmement prévisible, ce qui me permettait de toujours voir venir ses offensives et ainsi de bloquer ses coups. Et ce n’était pas sa dernière attaque, plus lourde, qui me contredirait.

Maniant le Djem-SO à la perfection, les attaques puissantes sont clairement mon domaine. Je ne souffre ainsi d’aucuns soucis à parer son attaque, ma lame déviant son arme vers le bas tandis que je tourne sur moi-même pour passer dans son dos, la faisant chanceler vers l’avant d’un coup de coude. Et une passe pour moi.

Je me remets alors en position, la laissant faire tout comme moi afin de nous préparer au deuxième round, un sourire s’étirant sur mes lèvres. Non pas que je prenais trop d’assurance et que j’étais trop sûre de moi, mais pour m’être battu contre Arcanis pendant plusieurs années, je commençais à bien la cerner et si sa maitrise du sabre était bonne, elle était également loin d’être incroyable. Suffisamment pour tenir tête à un Sith ou un Jedi, il n’y avait pas de doutes, mais contre quelqu’un qui avait poussé sa maitrise d’une forme et d’une arme à son maximum, c’était beaucoup plus complexe.

Mais assez tergiverser, il était temps de reprendre l’entrainement. Nous reprîmes alors toutes deux positions, avec pour seul bruit dans la pièce le vrombissement des armes jusqu'à ce que je me lance à l’assaut, le crissement des lames énergétiques s’ajoutant par-dessus. Je lança alors un assaut rapide, noyant Arcanis sous un flot d’attaque afin d’empêcher toute contre-attaque et de lui faire perdre le rythme. Le Djem So étant avant tout de l’offensive pure, il n’était pas question de lui laisser la moindre ouverture. Cette fois, c’était donc elle qui devait reculer sous mes attaques répétées. Et si j’étais assez confiante dans le fait de la malmener et la mettre dans les cordes, elle avait au moins le mérite d’encaisser les différents coups que je portais. Si j’avais l’énergie et la maitrise de mon côté, elle avait l’expérience du combat et cela se voyait malgré tout ce que je donnais sans que sa défense ne se brise.

Contrairement à sa protégée, Arcanis n’utilisait ni sabre laser ni technique s’y apparentant. Pour rappel, son arme, un électrobâton, avait été pendant une période de l’histoire de la galaxie l’arme iconique de la garde personnelle du général Grievous. À maintes reprises, le major du Chume’doro avait répété à la princesse héritière que le choix d’une arme par un individu en révèle beaucoup sur le type d’adversaire que l’on affrontera. L’électrobâton offrant une plus grande allonge, il indiquerait alors un style plus défensif, fait pour garder son adversaire à distance. Et pendant une partie des échanges initiaux, c’est bien la stratégie employée par Arcanis. Le but actuel n’est pas de mettre au tapis le plus rapidement possible la princesse héritière, non. C’est surtout de jauger ses progrès et sa maitrise d’elle-même. Très important.

Et si la première passe a été à sa protégée, par talent réel ou par courtoisie, de cela la protectrice royale ne le révélera jamais, la seconde est à elle. Si la chume’da a fait usage d’un mouvement acrobatique pour sa première passe, Arcanis utilise la précision pour un douloureux rappel précédemment mentionné. Toujours protéger son visage. Le nez de l’héritière du trône ne devrait pas être cassé mais le bris soudain du tempo offensif de sa protégée a été un élément de surprise suffisant pour la laisser vulnérable pendant une fraction de seconde. Qui aurait pu croire qu’on pouvait avoir pareille dextérité avec une arme de cet acabit? Et c’est d’autant plus intrigant ou insultant de constater que le major a pris la peine de désactiver son arme pour ne pas en plus électrocuter la princesse. Pourquoi avoir dévié de ce qui est attendu d’elle? Jamais Arcanis auparavant n’a fait ça.

Elle ne donne pas de chance. Pas de répit. Pour preuve, la danse du combat reprend aussitôt, sans plus d’interruption. Quelle leçon y aurait-il à tirer de pareil acte? Certainement pas de la faiblesse. Si Arcanis avait vraiment voulu laisser une chance à la Chume’da, elle n’aurait simplement pas brisé de cette façon son offensive. Et pourtant elle l’a fait. Si c’est par provocation, ce qui est une hypothèse logique, peut-être cherche-t-elle à faire sortir la princesse de ses gonds, la faire céder aux pulsions du côté obscur et voir si elle parvient à rester pleinement efficace là où bien des Siths se retrouvent piégés. Si la Chume’da a eu l’occasion d’observer Arcanis et de s’habituer à son style, l’inverse est aussi vrai. Son objectif n’a pas changé. Faire de la princesse héritière une formidable combattante capable de faire face à n’importe quel ennemi. Et ils seront nombreux.

Pour le moment, par contre, seul le regard froid et sans expression du major est perceptible. Elle ne semble montrer aucun signe de fatigue et n’a pas l’air d’être sur le point de flancher non plus. Il y a plusieurs types d’entrainement avec Arcanis. Rapidité. Précision. Agilité. Puissance. Et aujourd’hui, vraisemblablement, endurance. En général, un combat se doit d’être rapide. Chaque seconde compte et une seule d’entre elle peut faire la différence entre victoire et défaite. Des renforts ennemis qui arrivent, par exemple. Arcanis veut s’assurer que sa protégée soit capable de faire face à tous les scénarios possibles. Comme la reine avant elle. Et l’avantage de maitriser la Force ainsi que le changement de forme, c’est encore de disposer de ressources additionnelles pour rester le rempart inflexible qui protège la famille royale. La Chume’da est mieux d’avoir de solides réserves car le major compte bien la mener à l’épuisement…

Malgré mes assauts répétés, elle ne lâchait rien. Et pourtant, j’y mettais les moyens. Mais l’on se connaissait très bien toute les deux. Elle connaissait parfaitement ma façon de me battre et arrivait ainsi à parer tout mes assauts, et même à passer au travers, l’allonge de son bâton venant percuter mon nez. Cela me distraya a peine l’espace d’une seconde, mais c’était suffisant pour qu’elle relance aussitôt l’assaut, le rapport de force s’inversant. Elle prit l’avantage en menait à nouveau l’assaut et me forçant à la défense. C’était bien là mon seul problème. A m’être perfectionné dans l’attaque, j’avais souvent du mal à défendre. Surtout quand mon adversaire avait une allonge lui permettant de me garder à une distance où je ne pouvais infliger la moindre blessure.

Mais je ne perdis pas pied, repoussant les attaques tant bien que mal, même si je devais céder du terrain. J’avais cependant l’avantage de la vitesse en ce qui concernait l’exécution des mouvements, mon sabre étant bien plus léger et maniable que son bâton. Et c’était ma chance de revenir dans ce duel. Lors d’un assaut vers mes cotes, ma lame vint intercepter le coup que je repoussa de toute mes forces, tenant le manche de mon arme à deux mains pour donner une bonne impulsion. Son arme repartit alors, déséquilibrant Arcanis. Je remis alors mon arme correctement et porta un coup d’estoc aussi rapidement que possible. Connaissant mon ancien instructeur, il ne lui faudrait que deux à trois secondes pour se remettre en position de combat, mais cette fois-ci, à part esquiver, elle ne pouvait rien faire et le déséquilibre l’empêcheraient de faire comme elle veut.

Je pris alors une grande impulsion et me propulsa vers l’avant, « pointe » de la lame vers ma cible, bien décider à porter un sérieux coup à Arcanis. Mon sabre plongea alors vers son épaule gauche, le transperçant partiellement alors qu’elle se décalait malgré sa perte d’équilibre récente. Emporté par mon élan, je continua ma route sur quelques mètres, mais je me repris et me retourna pour faire face à mon adversaire, chargeant à nouveau pour imposer mon rythme. Hors de question de lui laisser la victoire. Il était temps que je lui prouve de quoi j’étais capable. Et maintenant qu’elle aurait du mal à utiliser ses deux bras, la victoire me tendait les bras. Mais je devais rester prudente. Je n’étais pas à l’abri dans un autre coup fallacieux de sa part qui pourrait me faire à nouveau perdre ma concentration et ainsi être à nouveaux en danger.

Probablement qu’elle ne le dirait jamais verbalement. Encourager n’était pas dans la nature d’Arcanis. Quand vous faites quelque chose de bien, vous le savez instantanément, dans la façon dont elle vous regarde. Le confirmer vocalement serait un gaspillage de salive. Plus encore, encourager mène souvent à l’orgueil chez la personne félicitée et c’est le genre de chose pouvant vous mener à la tombe. Combien de coqs et de paons ont fini leur existence prématurément par excès de confiance? Les cimetières en sont remplis. Hors de question que sa protégée connaisse le même sort si elle peut le lui éviter. De toute façon, elle n’a pas encore gagné. Elle n’a pas encore perdu non plus, remarquez. L’assaut reprend avec la Princesse Héritière sur la défensive mais elle n’est pas dupe. Cela ne durera pas. Bien sûr que non. Elle est douée, après tout.

Arcanis sait que la Chume’da est moins à l’aise sur la défensive donc il faut s’attendre à ce qu’elle tente de renverser la situation. Elle décevrait cruellement le major si elle ne le faisait pas. L’échange continue et comme il fallait s’y attendre, sa protégée fait preuve d’audace, fonçant vers sa protectrice après l’avoir déstabilisé. Excellente stratégie qui porte ses fruits. Blesser son adversaire pour rendre sa prise sur son arme moins solide donc conférer un avantage à son adversaire. Ou pas. La Princesse a fait usage d’une tactique impeccable. D’une stratégie en tout point conforme à ce qu’on attendrait d’une Sith. Mettre son opposant dans une position de faiblesse. Le seul problème c’est quand la personne en face de vous est capable d’ignorer la douleur et de pousser son corps au-delà des limites conventionnelles. S’il fallait que la douleur arrête Arcanis… Bien…

Elle serait probablement la pire garde du corps qui soit. Non pas probablement. Certainement. Or, Arcanis est la meilleure dans ce qu’elle fait. La douleur ne la ralenti pas. Même la perte d’un membre est plus un inconvénient pour elle que quelque chose de vraiment traumatisant. La chose s’est déjà produite par le passé. Peu peuvent se vanter de survivre à l’explosion d’un détonateur thermique et de s’en remettre comme si de rien n’était. La Princesse s’attend à une réaction, à une baisse de performance. Le meilleur moyen de l’emporter est souvent de se jouer des attentes de son adversaires. Elle n’exprime aucune douleur, ce qui est attendu d’elle et volontairement, elle offre une résistance moindre, pour faire croire que sa blessure l’handicape, ne serait-ce que légèrement. En vérité, il n’en est rien. Et quand viendra le temps de frapper…

Comme maintenant… Voilà une riposte que son état « affaibli » ne laissait pas supposer. Difficile de dire si c’est par inexpérience, peu probable, ou par excès de confiance, davantage probable mais techniquement, Arcanis n’aurait jamais dû être en mesure de frapper en plein torse son adversaire. Déjà, la Chume’da aurait parié le coup ou l’aurait esquivé mais… Malgré tout son talent, et elle en a pour une armée, elle n’est pas encore au niveau de sa mentor. Et c’est normal. L’élève surpasse ou ne surpasse pas le maitre, éventuellement. Si sa protégée lui a transpercé partiellement l’épaule, en guise de représailles, la décharge électrique en plein torse ne la tuera pas, évidemment et ne la blessera pas gravement. En revanche, une sorte de paralysie musculaire… Cela est bien possible. Victoire d’Arcanis ou victoire de la Chume’da? Et si oui, comment?

« Il suffit. La démonstration est concluante. Vous toutes. Laissez nous. Princesse, vous avez fait des progrès acceptables. Excellente maitrise. Excellente reprise. La plupart de vos adversaires n’auraient su riposter efficacement avec la blessure que vous m’avez infligée. Quelques minutes de combat de plus et il est raisonnable de penser que mon épaule aurait été inutilisable sans soins médicaux. Ceci dit…

Je ne suis pas la plupart de vos adversaires. Et je compte bien ne jamais le devenir. Je ferai mon rapport à la Reine Mère de vos progrès. Naturellement, votre passage ici n’est pas terminé pour aujourd’hui. Tant à faire. Si peu de temps. Officieusement, considère moi satisfaite de ta performance. Officiellement, il y a encore beaucoup à faire. Tendre vers la perfection. C’est le travail d’une Princesse Héritière. Et ce travail ne se termine jamais. »

Je restais au sol, allongée sur le dos et regardant la lueur blafarde des néons incrusté dans le plafond, réfléchissant à quel moment, elle avait pus placer son coup dans la folie et la vitesse de mes assauts. Mais peut-être sa blessure m’avait fait diminuer le rythme inconsciemment persuadé de ma victoire. Je soupira, coupant alors ma connexion à la Force, ce qui eut pour effet de désactiver mon sabre, la lame noire disparaissant comme par magie. Je le remis alors à son attache à ma ceinture avant de me remettre debout. On aurait pus continuer le combat, mais elle avait raison de le stopper. Autant s’arrêter la pour cette fois. Ça me suffisait comme humiliation et je percevais déjà un peu mieux mon problème. Les autres combattantes nous laissèrent alors toute seule sur ordre d’Arcanis, pendant que j’allais récupérer une serviette, épongeant les quelques gouttes de sueur coulant sur ma peau suite à l’effort accomplis.

J’écouta ensuite mon mentor sans rien dire, assimilant ses paroles. Et je ne savais qu’en penser, même si elle disait vrai dans les grandes lignes.

« Je suis loin d’être encore au point, je le sais. C’est pour ça que je viens ici. Si je n’avais plus rien à apprendre, les seuls moments où on se verraient seraient les réunions au palais ou le champ de bataille. Par contre, la prochaine, fais partir les autres avant de m’infliger une correction. Je ne suis pas sûr que me voir me faire battre par toi soit une bonne chose. J’aimerais garder cette image de princesse au-dessus des autres. »

Cette demande ne lui plairait surement pas, mais pour moi c’était important. Si on donnait cette image d’une princesse se disant guerrière incapable de battre un « simple chef d’armée », - mais quiconque connaissait Arcanis savait qu’elle était plus que ça – ma réputation en prendrait un sacré coup et certains pourrait ainsi se demander si j’étais vraiment apte à pourvoir ce rôle d’héritière.

« Je préfère protéger cette fausse image afin de leur inspirer respect et confiance plutôt qu’ils aient des doutes. »

Là aussi on pouvait trouver à redire, mais je considérais cela comme nécessaire. Il vaut mieux parfois mentir pour inspirer de l’espoir plutôt que montrer une vérité dérangeante.

« Nous vous ai-je jamais rien appris, Princesse? Le Chume’doro vit et meurt pour sa souveraine. Laissez au commun des mortels cette histoire d’image. Toutes ces guerrières vous ont vu vous battre avec la volonté de gagner et l’humilité d’apprendre. Au contraire, voir que vous aspirez à la perfection ne fait que les pousser à se donner encore plus à fond. Si la Princesse peut devenir encore meilleure, elles aussi. »

Le ton d’Arcanis s’est fait plus dur, comme à chaque fois que la Princesse semble tendre vers le caprice ou la plainte… Ou alors répéter une leçon déjà enseignée. Le Chume’doro se démarque par son efficacité. Son zèle. Son excellence. Il se moque bien que la Reine Mère ou la Princesse Héritière veulent se draper d’un voile supposé de perfection. Ce qui fait que le Chume’doro est loyal, c’est la valeur de celles qu’il protège. Les protégées d’Arcanis ont toujours eu une chose en commun : une tête solidement ancrée sur les épaules et une capacité très pointue d’introspection. Autrement dit, des personnes capables de chercher le problème en elle avant de blâmer la galaxie toute entière. Et ce n’est pas pour rien que le zèle féroce voire fanatique d’Arcanis est extrêmement marqué sous l’actuel règne au sein d’Hapès et du Consortium Éternel. Une bonne chose d’ailleurs.

Indiquant à la Princesse d’aller s’asseoir sur un siège non loin, le major commence à inspecter sa protégée à la recherche de blessures qui auraient résulté d’un effet imprévu d’un entrainement rigoureux. Naturellement, elle ne se fie pas qu’à la technologie mais aussi à ses sens. Évidemment, n’importe qui ne pourrait pas s’approcher ainsi voire poser la main sur la royale héritière mais Arcanis n’est pas n’importe qui. C’est son travail de s’assurer que celles sous sa responsabilité soient toujours au meilleur de leur forme. Et là, maintenant, tout de suite, quelque chose dans la tension qu’elle détecte via certains nerfs lui indique que tout ne va pas bien. C’est un soulagement, en un sens. C’est quand tout a l’air trop parfait que trop souvent les troubles les plus insidieux surviennent. La perfection est une illusion. Sans doute une des plus pernicieuses et néfastes qui soit en cette galaxie.

C’est justement en étant conscient de ses forces et de ses faiblesses que l’on finit par se surpasser. La Princesse Héritière est encore jeune. A encore à apprendre. Mais elle reste malgré tout considérablement plus mature que bien des personnes plus âgées qu’elle, un point qui fait la fierté du Major. C’est une sage décision de s’entourer de conseillers. C’en est une encore plus prononcée que de savoir se montrer plus malins qu’eux pour que les décisions restent à jamais celle de l’héritière du trône et non d’une cabale d’individus pensant pouvoir manipuler celle qui dicte sa volonté à une superpuissance. Une leçon que certains auraient plus qu’intérêt à apprendre… Mais que leur ego aveugle à l’évidence. S’accroupissant devant sa protégée, Arcanis la regarde droit dans les yeux, sans ciller, cherchant ce qui tracasse la Princesse Héritière. C’est son travail, après tout.

« Quelque chose vous tracasse. Je savais que vous n’étiez pas venue ici que pour un entrainement. Vous pouvez parler librement. Pas même Isis ne peut vous entendre en ces lieux. Un des avantages d’être la première et la dernière ligne de défense du trône. Vous pouvez tout me dire, ma Princesse. Si c’est en mon pouvoir, je me chargerai personnellement de régler ce qui vous ronge. Ma vie pour le trône. »

C’est dans ce genre de moment où elle devient une confidente attentive qu’Arcanis semble connaitre une métamorphose. L’impitoyable et froide guerrière se mue en… Pas forcément quelqu’un empli de chaleur humaine mais la Princesse Héritière sait alors que ce lien qui uni le Major à la famille régnante se manifeste. Arcanis ne sera jamais rien de moins que l’extension de la volonté royale, capable des pires atrocités pour accomplir sa mission mais un feu peut être aussi dévastateur qu’il peut apporter le réconfort dans le froid, les ténèbres et la solitude. Et la solitude, quand on est au sommet, on ne connait que cela. Sa protégée a toute son attention et ce tant et aussi longtemps qu’elle en aura besoin. Et malheur à la subordonnée qui viendrait la déranger. Si sa Princesse a besoin d’elle, ce n’est certainement pas Arcanis qui va rechnigner à faire son travail!

J’écoutais sa réponse, trouvant que son point de vue se défendait. En effet, montrer que je me donnais à fond pouvait être une source d’inspiration incroyable pour les autres, et il ne fallait pas le sous-estimer. Mais comme je le disais, ça pouvait être à double tranchant. Voir celle qui deviendra la future reine du Consortium tout donner mais quand même échouer pouvait faire faillir cette inspiration. Et si effectivement, l’image que je renvoyais concernaient avant tout le peuple, celle que l’armée recevait était tout aussi importante. Comment connaitre les réactions vis-à-vis de moi s’ils ne me considèrent pas aptes à diriger ? Et rien qu’en ayant ce cheminement de pensée, je n’étais effectivement pas apte à monter sut le trône. Peu importe la reine qu’il y avait eu, le Chume’Doro était restée fidèle envers et contre-tout. Remettre cette loyauté en cause pour une simple image était d’un puérile et démontrait non seulement d’un manque de maturité, mais aussi de confiance et de clairvoyance. Au moins, maintenant, je savais à quoi m’en tenir à propos de tout cela.

Suite à cette petite réflexion, j’obéis à Arcanis, allant m’asseoir pour qu’elle puisse m’ausculter tranquillement. Je la regardais alors tâter mon corps afin de vérifier que je n’avais aucune blessure. Mais elle ne risquait pas de trouver grand-chose à part un nez légèrement tordu suite au coup de bâton qu’elle m’avait infligé. Mais bon, un léger tour dans une cuve pendant quelques minutes et cela serait réglé. En ce qui concerne le reste du corps, étant toujours soignée par l’élite de nos médecins après chaque affrontement, je ne risquais pas de me retrouver avec des bleus, des fractures ou des ecchymoses. Par contre, elle ferait mieux de s’occuper du trou dans son épaule rapidement, sinon, elle allait se retrouver avec un handicap ces prochains jours, mais je préférais me taire.

Finalement, elle me surprit en me demandant ce qui se passait et que nous n’étions qu’entre nous, je pouvais lâcher ce que j’avais sur le cœur. Je me leva alors et fis quelques pas.

« Rien qui ne change de d’habitude. Toujours des doutes quant à l’avenir et sur la concrétisation de ce que j’ai en tête. Tu n’as pas à t’en faire pour ça, je te l’assure. »

S’il y avait bien quelque chose qui me rongeait intérieurement, c’était mon rêve et l’espoir que j’avais de le voir s’accomplir de mon vivant. Ce qui me faisait peur était qu’une fois au pouvoir, la futur Chume’Da ne veuille suivre un autre chemin complètement opposé au miens. Et comme je savais que le futur que je rêvais de voir arriver serait presque impossible de mon vivant, cela pourrait signifier la fin de mon rêve. Et je sais qu’il y avait beaucoup de subjectivité là-dedans, mais intérieurement, je sentais mon âme hurler que ma vision des choses était la meilleur des choses qui pourraient arriver au Consortium sur le long terme.

Se remettre en question est le fondement même de l’introspection et du pavage de la voie vers l’amélioration. Quelqu’un qui pense pouvoir tout faire et tout savoir se condamne lui-même à la chute, cette dernière pouvant potentiellement être mortelle. Le major elle-même se remettait souvent en question. Comment faire plus, comment perfectionner davantage ce qu’elle savait déjà faire avec brio. Comment développer de nouvelles techniques et stratégies pour faire son travail de manière plus efficace. C’était une quête de tous les instants. Il était normal que la Reine Mère et la Prince Héritière se posent également des questions. L’absence de questionnement intérieur, surtout au sein d’une société comme celle du Consortium Éternel, était signer son arrêt de mort. Au nombre de menaces qui conspirent pour vous éliminer et usurper votre pouvoir…

C’était son devoir, en tant que protectrice royale, de pousser ses protégées à se remettre en question ainsi que d’exprimer à voix haute ce qui les tracassaient. Et elle ne lâchait pas le morceau. Jamais. Ce qu’on garde en soi, quelle que soit la raison, peut devenir un poison. Le poison tue ou affaiblit. Elle avait répété et répété et encore répété cette affirmation tant à l’actuelle reine qu’à la princesse. Et pourtant, encore à ce jour, parfois, il fallait qu’elle se montre plus ferme dans ses interactions avec ses protégées pour les pousser à crever l’abcès et se vider le cœur. Le poids du pouvoir est écrasant et même dans une ombre relative, elle en subissait souvent les contrecoups. Encore une fois, visiblement, elle devrait insister et ce pour le bien du trône et du Consortium Éternel. Ce n’était pas étonnant qu’elle soit détestée par plusieurs. Elle ne se gênait jamais pour faire le sale travail.

« Alors comme je l’ai répété à de trop nombreuses reprises, videz-vous le cœur, Princesse. Si vous devez crier, criez. Si vous devez pleurer, pleurez. Si passer vos nerfs sur moi vous aide à crever l’abcès, faites-le. Vous me connaissez, altesse. Vous ne sortirez pas d’ici tant que vous ne vous serez pas soulagé, ne serait-ce que temporairement, de ce poids. Et ce n’est pas une épaule blessée qui va m’en empêcher. Loin de là.

Peut-être que cela vous aidera si je suis la première à me confier. Je vous vois grandir, évoluer, suivre la voie qui fera un jour de vous une excellente reine. Et je me remets en question. La valeur de ma propre utilité. Nombreuses sont les nuits d’insomnies à préparer une liste de remplaçantes digne de ce nom. Contrairement à vous, l’immortalité ne me tend pas les bras. Il viendra un temps où inévitablement, l’échec se manifestera. »

Comme il a souvent été mentionné, Arcanis était tout sauf expressive. Le lien qu’elle partageait avec la Reine Mère faisait en sorte qu’elle pouvait savoir pratiquement à la perfection ce que sa protectrice ressentait. La Princesse Héritière ne disposant pas de ce genre de connexion, elle devait se fier à ses sens et à ses propres aptitudes pour percer l’armure émotionnelle du major du Chume’doro. Enfin. En général. Là, maintenant, tout de suite, elle pouvait très bien ressentir chacune des émotions d’Arcanis. La peur d’échouer. De la colère et du ressentiment face à sa propre mortalité. De la haine, dirigée contre sa propre personne. Derrière le masque, Arcanis était quelqu’un de bien plus blessée et usée par ses longues années de service qu’elle ne le laissait paraitre. Et au cœur de toutes ces émotions négatives, de la fierté. Énormément de fierté.

Pour la Princesse, qui faisait d’excellents progrès. Pour la Reine qui continuait de tenir le poids de la galaxie sur ses épaules sans faiblir. Arcanis était la gardienne de bien des secrets dont les siens. Naturellement, la Chume’da avait pu, au fil de leurs échanges, percevoir de temps à autres des fragments d’émotions chez sa protectrice. Jamais, par contre, quelque chose d’aussi complet et complexe. Quelque chose avait donc changé dans leur « relation ». Quoi? À la Chume’da de poser des questions, de saisir sa chance ou non quant à tenter d’en savoir plus sur sa protectrice. L’énigmatique Arcanis qui jamais ne parlait d’elle, chaque moment de son existence semblant passé à la défense du trône et de celles destinées à s’asseoir dessus. Qui pouvait prédire quand une pareille chance se présenterait à nouveau… Si elle se présentait un jour à nouveau? Probablement personne…

Les mains dans le dos, je fixais le mur, toujours plongée au plus profond de moi-même. Finalement, ma main gauche se posa sur le pommeau de mon épée et se resserra dessus, sentant les runes gravées dessus passer sur ma main. Je dégaina alors, la prenant de la main droite, et y injectant de la Force. Une lueur rouge sombre enveloppa alors la lame noire comme la nuit, les runes se révélant alors. L’épée face à moi, je vins poser mon front dessus, les yeux toujours fermés. Cela m’arrivait parfois quand je doutais de certaines choses car ça me rappelait alors deux choses. Premièrement, j’étais une Sith, une guerrière de la Force. Je me battais pour obtenir ce que je voulais et ne pas me retrouver « enchainée ». Je tranchais ceux qui me barraient la route, ne laissant personne me dicter ce que j’avais à faire.

La seconde chose était mon parcours. J’avais obtenu cette épée il y a six ans que j’avais achevé ma formation au sabre. Elle symbolisait alors ma réussite malgré les diverses embauches que j’ai rencontré sur mon chemin. Elle était la preuve de mon talent, de ma progression ainsi que de ma ténacité. Un sourire apparut alors sur mon visage alors que je me tourna vers Arcanis, baissant ma lame.

« Ne t’en fais pas, je me débrouillerais comme je le fais toujours. Comme tu l’as dit, tu as assisté à mon évolution de près, et tu y as même contribué. Je vaincrais ces doutes comme je le fais pour mes ennemis. Je les terrasserais sans leur laisser la moindre chance et en me donnant à fond malgré la résistance que je trouverais en face de moi. »

Je remis alors mon arme dans son fourreau, la Force la quittant et la lueur disparaissant.

Ce qu’elle pouvait lui rappeler la Reine Mère, quand cette dernière était encore une princesse. Toujours à vouloir tout régler soi-même. Ce n’était pas en soi une mauvaise chose, au sens où toujours tout confier à autrui revient à ne rien faire donc s’affaiblir mais en même temps, tout garder pour soi peut aussi avoir un effet néfaste. L’équivalent d’aller nager avec une demi tonne d’un métal lourd et dense aux pieds. En même temps, que pouvait faire Arcanis, torturer sa protégée jusqu’à ce qu’elle parle? Ce serait d’un rare mauvais goût. Non. Si cette dernière ne voulait pas se confier, il fallait qu’elle respecte sa volonté même si une forme d’instinct maternel lui hurlait de creuser davantage la question. C’était plus que simplement un travail. Elle s’inquiétait sincèrement pour la Chume’da. Comme elle s’inquiétait pour sa souveraine, d’ailleurs.

Jamais elle ne voudrait qu’il lui arrive quelque chose de mal. Qu’il leur arrive quelque chose de mal, en fait. Après avoir gardé le silence pendant un long moment, Arcanis laisse entendre le plus imperceptible des rires. Chose étonnante car en général le major est un monolithe inexpressif qui se dresse tel un indestructible rempart entre ses protégées et le danger. Mais ce court rire est bien réel. Quelque chose qu’a dit ou fait la princesse a réussi à l’amuser. Tant mieux dans ce cas et qu’elle en profite. Il est si rare qu’Arcanis abaisse sa garde… Même avec ses protégées. Toujours anticiper que le pire peut arriver et ainsi toujours avoir une mesure d’avance sur ses ennemis ou les ennemis de ceux dont vous avez la responsabilité. Entre le reste des Hapiennes et Siths, sans même considérer les menaces externes, il y avait plus d’une possibilité de tentative d’assassinat.

« C’est fou comme il y a des similitudes entre vous et son éternelle majesté. Je comprends mieux pourquoi vous avez été choisie. Elle aussi a jadis cherché à prendre le poids du monde sur ses épaules plutôt que de m’en confier une partie ou de se confier. À votre guise. C’est à moi d’accepter que vous puissiez ne pas vouloir partager vos tracas avec votre zélée protectrice. Maintenant, peut-être pourriez-vous m’aider avec le soin de cette épaule? Je ne fais pas confiance aux droïdes médicaux. »

Il s’agit naturellement d’un prétexte. Oui, Arcanis ne fait pas confiance aux droïdes médicaux mais l’une de ses subordonnées aurait pu parfaitement s’occuper d’elle ultérieurement. Le but est de prolonger cette visite de sa protégée et de tenter de déterminer comment l’aider au mieux et en même temps voir s’il est temps de lui révéler certaines choses à son sujet. D’un commun accord avec la Reine Mère, il a été décidé que la Chume’da ne saurait pas tout d’Arcanis. Sa nature véritable. Son lien dans la Force. Ce qui en fait un être unique bien plus qualifié pour son poste que ce que le reste du Consortium Éternel est autorisé à savoir. D’un geste du menton, elle désigne une installation murale disposant de tout le matériel médical pour traiter la plupart des blessures inhérentes à un combat. Ce qui est léger à modéré, pour être exact.

Et pendant que la Princesse Héritière s’exécute, Arcanis en profite pour échanger un peu avec elle. Son analyse des progrès de sa protégée. Ce sur quoi elle compte se concentrer la prochaine fois. De par son expérience, souvent les gens se sentent plus en confiance avec des gens proches quand ces derniers prennent le contrôle de la conversation. Cela force à la concentration et laisse bien moins de place à un esprit qui autrement pourrait vouloir se poser des questions sur des dilemmes intérieurs bien plus sérieux. La Chume’da ne veut pas se confier, soit, autant amener son esprit vers un terrain plus neutre et pragmatique. Comme dans toute chose, ce que fait Arcanis, elle le fait pour ses protégées, ne se plaçant que très loin dans la liste de ses priorités. Ainsi, elle peut toujours garder le focus sur ce qui est vraiment important soit l’avenir du Consortium Éternel.

La réflexion d’Arcanis ne m’étonna pas vraiment. Il était vrai que j’avais du mal à me reposer sur les autres. Bien sûr, j’avais mon cercle de confiance a qui je confiais certaine tache que je ne pouvais faire, n’ayant pas les compétences pour effectuer ces travaux. La présence d’Itha de l’autre cote de la porte prouvait bien que j’avais besoin d’aide ne serait-ce que pour ma protection. En réalité, le problème était plutôt qu’avec le temps, j’avais du mal à me confier et à discuter avec les autres de ce qui entourait mon statut de princesse. Si les avis annexes sont intéressants et importants, permettant d’avoir une vision neuve d’un problème, certaines fois c’est trop profond et personnel pour les partager. Et même si dans ce cas Arcanis pouvait m’aider au vu de son passé avec la Reine, ce coup-ci elle ne pouvait rien faire. Et que pouvais-je dire ? Que j’avais peur que mes idées ne me survivent pas ? Quels conseils pour parer ça ? Que dire pour rassurer ? La seule chose que je pouvais faire, c’était trouver une future Chume’da ou une régente en accord avec moi et tenter de convaincre le peuple que c’était la meilleure des voies a prendre pour notre avenir. Là par contre, Arcanis pouvait effectivement m’aider sur la marche à suivre.

Je vins alors l’aider avec sa blessure, malgré mon manque de connaissance en médecine, répondant à ses questions et discutant avec elle au sujet de l’entrainement ainsi que de mes progrès dans les différents domaines. Finalement, une fois le tour fait, je me lanca.

« Comment tu convaincrais le plus grand monde que ton idée est la meilleure afin que les générations futures puissent la perpétuer. Tu sais que je ne cache pas mon léger dégout pour le système en place et que j’aimerais modifier pas mal de chose dans la base du système. Le problème, c’est que ça risque de prendre trop de temps, et donc que je ne vois pas ça de mon vivant. Du coup, comment tu ferais pour inspirer les générations futures à poursuivre ton œuvre ? »

J’espérais juste avoir été assez clair dans mon questionnement, mais surtout qu’elle puisse m’offrir une réponse satisfaisante pouvant m’aider afin de mieux me préparer avant la succession. Mais du coup, un autre détail m’interpella. Lorsque je mourrais, la Chume’da héritera de l’esprit de la reine qui comportera donc aussi le mien. Du coup, recevra-t-elle aussi mes idéaux ? Ma vision de la galaxie ? Voila aussi un terrain à explorer.

La question de la Princesse Héritière la laissa perplexe. Quand elle deviendrait reine, automatiquement, sa volonté deviendrait celle du Consortium Éternel, qu’on soit d’accord ou non. Les ordres de la reine étant absolus, ceux qui s’y opposaient ne vivaient jamais très vieux. Dans un régime monarchique, l’état, c’est son monarque. Une partie du Consortium pourrait protester, certes, mais de là à craindre une guerre civile ou un désordre majeur… Le Major peinait à suivre le raisonnement de sa protégée. N’en avait-il pas toujours été ainsi au sein du régime? Même sous l’Amas avant cela… Mais bon. La princesse avait posé une question, c’était à elle d’y répondre. En bonne exécutante de la volonté royale, elle n’aurait su se soustraire à cette obligation, ça jamais. Réfléchissant un moment, elle structura sa pensée pour laisser entendre sa façon de penser.

« Je pense que vous vous inquiétez inutilement, majesté. D’une part, quand vous deviendrez reine, votre volonté s’ajoutera à celle de celles qui vous ont précédé. Si vous pensez ne pas avoir assez d’une vie, l’éternité vous tend les bras. C’est ce que je comprends du processus, comme l’actuelle souveraine me l’a expliqué. Sur ce point, vos idéaux ne seront pas perdus tant qu’une Reine siégera sur le trône du Consortium.

Ensuite, toujours dans l’optique où vous serez Reine, votre volonté sera absolue. Que vos sujets soient d’accord ou non, ils ont obligation de se plier à vos désirs. En cas de désordre civil, le Chume’doro n’aura aucun problème à intervenir pour rétablir l’ordre. Je vois les choses d’un œil militaire, altesse. Tant que les forces armées du Consortium sont sous votre contrôle, vos détracteurs pourront se plaindre… Et c’est à peu près tout. »

Est-ce la réponse attendue par la Princesse Héritière? Très probablement que non. L’approche d’Arcanis est pragmatique. Froide. Indubitablement militaire. Elle voit un problème. Elle s’y attaque comme on prendrait d’assaut une forteresse ou un vaisseau ennemi. C’est son rôle que de s’assurer que la volonté royale soit appliquée. C’est le rôle de l’organisation qu’elle dirige. La loyauté du Chume’doro est inattaquable. Toutes les réformes ne sont pas accueillies avec joie. Par contre, quand les résultats positifs apparaissent, le peuple oublie ses griefs. Il est fort possible, en effet, que les idées de la Chume’da ne soient pas reçues avec joie. Tout dépendra du comment la chose sera amenée. Chose certaine, elle n’est pas la référence pour tout ce qui est discours et relations publiques. Alors là, vraiment pas. Mais la Princesse a des conseillères pour cela.

Pour plusieurs, Arcanis a plus des airs de dictatrice, prête à toutes les stratégies pour imposer la volonté de sa souveraine. En vérité, c’est une protectrice dévouée qui voudrait voir davantage d’ordre dans leur société en proie à de nombreux conflits internes. L’ordre n’est pas optionnel quand il s’agit d’amener la stabilité au sein du Consortium Éternel. Si pour ce faire elle doit donner sa vie, cela ne la dérange en rien. Chacun a son rôle à jouer. Repensant à ce qu’elle vient de dire, le Major se dit qu’elle devrait rajouter un quelque chose de… Différent… De sa pensée habituelle. Peut-être pourrait-elle formuler un autre type d’idée. Si elle réussit, tant mieux. Si elle échoue, peut-être fera-t-elle rire la Princesse. Au moins elle aura tenté quelque chose. Cela devrait lui faire plaisir. C’est aussi son rôle, s’assurer de la bonne santé physique et psychologique de ses protégées.

« Ceci dit… Pour convaincre les gens que votre idée est la meilleure, c’est d’abord d’y croire vous-même. L’absence de doute est aussi perceptible que la peur, par exemple. Quand le peuple vous verra, déterminée et pleine d’assurance, ils se rallieront derrière vous. Quand les critiques fuseront, c’est leur rhétorique qui sera frêle et fragile. Et alors, comme vous avez triomphé du doute et de la peur, vous triompherez aussi de leur réticence. »

Offrant un sourire encourageant à sa protégée, elle posa une main réconfortante sur sa joue, la regardant dans les yeux, fière de ce qu’elle avait accompli jusqu’ici. Encore une fois, le dire serait inciter à l’orgueil, ce qui était à déconseiller mais la petite princesse devenait grande et avait déjà des plans pour le futur. Une excellente chose d’ailleurs. Toujours planifier d’avance. Peut-être que sa suggestion n’était pas applicable. Ce qu’elle savait par contre c’était que c’était ainsi qu’elle avait assit son autorité sur le Chume’doro. Un leader qui n’hésite pas, qui sait ce qu’il fait, rassure. Par son charisme, par ses convictions, par ce qu’il représente. Et la Princesse Héritière pouvait être toutes ces choses. Le major en avait la conviction profonde. Et si elle se trompait? Il y aurait toujours de la place pour l’amélioration. Tout part d’une affaire de volonté...

Sa réponse était loin d’être satisfaite. Tout d’abord car tout comme moi, elle évoqua l’idée de l’esprit de la reine que je trouvais pour ma part trop obscure pour l’instant pour être envisagée comme une vraie solution. Il me fallait plus d’informations avant d’y songer sérieusement car je ne pouvais compter sur une assimilation complète de ma personne par l’âme de la reine. Sinon, nous recevrions le savoir des anciennes reines, ce qui n’est pas le cas. La deuxième chose qui m’ennuyait, c’était son avis militaire sur la question. Oui, mes décisions font loi et quiconque les brises s’exposent à un châtiment des plus cruels de la part de l’autorité. Je n’allais pas changer ça, et j’allais même m’y investir plus. Celui qui prononce la sentence applique la sentence. C’est à ça qu’on reconnait un bon chef. D’autant plus que si je voulais mater les matriarches un peu trop présomptueuses, j’aurais besoin d’aide et le Chume’doro me seraient indispensable pour cela. Seulement, il ne fallait pas partir dans l’excès non plus et ne régner que par la terreur. A partir du moment où tu instaures une dictature, il y a aura toujours des groupes qui se rebêleront. Et on n’a clairement pas besoin d’une guerre civil. Il fallait donc trouver un juste équilibre entre terreur et respect.

Par contre, la suite de sa réponse était plus engageante, bien que très simpliste. Je croyais dur comme fer en mon idée. Je savais que j’avais raison et que c’était la chose à faire. De ce côté-là, il n’y avait pas de soucis. C’était faire comprendre au peuple que j’avais raison qui était plus complexe. Comment faire accepter facilement à des gens qu’ils doivent changer des habitudes vieilles d’on ne sait combien de générations ? Voila une question qui méritait qu’on s’y attarde.

Finalement, elle me surprit en venant caresser ma jouer. Je souris alors, posant ma main sur la sienne avant de me relever.

« Merci Arcanis. Ce n’est pas forcement ce que j’attendais ou voulais comme réponse, mais ça m’aide déjà à orienter mes réflexions. Quand a ta blessure, d’ici quelques jours, ce sera guéri. A moins que tu ailles directement dans une cuve de bacta. »

Si sa protégée avait réussi à trouver une mesure de réconfort dans ses paroles, tant mieux. Elle savait que sa réponse, ses réponses, en fait, étaient loin d’être parfaites. Cependant, jamais Arcanis n’avait été envisagée, en tant que personnage joué par une entité métamorphe, comme une conseillère de cet acabit. Sa fonction était de défendre. De protéger. Elle pouvait donner son avis sur un nombre impressionnant de sujets… Mais il y avait des zones où elle préférait ne pas s’aventurer. Elle le pourrait mais ce serait s’éloigner de ses fonctions principales. Autant son geste avait été fait pour apporter du réconfort à sa protégée, autant son geste en retour apporta une mesure de tranquillité au major. L’observation de la Princesse Héritière lui arracha l’ombre d’un sourire. Si seulement elle savait… En fait… Était-elle autorisée à le révéler? Quoi, spécifiquement?

D’un commun accord, la Reine Mère et le Major avaient décidé de ne pas tout dire d’entrée de jeu à la Princesse Héritière. La raison était fort simple : tout donner d’un coup peut amener à une forme d’apathie qui tue l’émerveillement et la découverte. D’en apprendre davantage sur ceux qui partagent une partie de votre vie, de votre évolution, est quelque chose de gratifiant. Usant de son lien avec sa souveraine, elle demanda à cette dernière si elle était autorisée à révéler à la Princesse Héritière sa vraie nature. Pas l’étendue de ses capacités, cela viendrait ultérieurement, mais au moins qui était fondamentalement celle chargée de sa protection. Ce serait une intéressante révélation, tout dépendant de la réaction qui serait vécue par sa protégée. Rien n’indiquait qu’elle serait… Compréhensive.

Ayant reçu la permission de la Reine Mère, elle fit savoir à sa protégée que sa guérison ne serait pas un problème. Retirant le bandage qu’elle venait de se faire poser, elle invita la Princesse Héritière à regarder attentivement. La zone blessée commença à se déplacer, de l’épaule vers l’omoplate puis le dos. Évidemment, tout le déplacement ne fut pas visible à cause de ce que portait Arcanis mais il était plus qu’évident qu’aucun être humain normalement constitué ou Hapien ou humanoïde n’avait cette faculté. La blessure demeurait mais Arcanis pouvant changer de forme, elle pouvait aussi changer l’emplacement d’une zone atteinte. Du coup, en la déplaçant vers une zone moins « handicapante », elle conservait de ce fait sa pleine efficacité. Elle n’était pas la meilleure protectrice à avoir servi la royauté hapienne pour rien, après tout… Ça non!

« Majesté, je pense qu’il est temps de vous révéler un certain nombre d’informations à mon sujet. Cette blessure d’entrainement est un prétexte comme un autre pour ce faire. Je suppose que vous avez déjà eu la curiosité de consulter mon dossier. Vous aurez par conséquent remarqué qu’il est extrêmement pauvre en détails indiquant autre chose qu’un élément d’élite du Consortium Éternel. C’est un choix stratégique.

Je suis une changeforme. Arcanis, en fait, n’existe pas vraiment. C’est un personnage créé de toute pièce pour remplir une fonction, un but précis. Soyez assuré d’une chose, cependant. Si la forme est plus ou moins mensongère, vous restez une de mes priorités et ma loyauté vous est toute acquise. Vous êtes ma protégée. Son Éternelle Majesté m’a donné la permission de vous en dire un peu plus… Et je me soumets donc à tout questionnement de votre part. »

Puisque la Princesse Héritière semblait vouloir développer davantage son agenda politique, nécessairement, Arcanis devrait apporter des altérations à son rôle. Possiblement, même, créer un nouveau personnage pour servir plus spécifiquement la Princesse. Arcanis continuerait d’exister mais en parallèle, toujours dans l’objectif d’être l’instrument parfait du trône, elle se doit de prendre toutes les mesures nécessaires pour être à la hauteur de ses fonctions. Ainsi, tout dépendant de ce que demandera la Princesse, elle saura lui être d’une plus grande utilité. Ainsi est celle qui se tient derrière le masque d’Arcanis, celle qui a décidé de mettre volontairement sa liberté au service d’une cause plus grande qu’elle. Un dévouement zélé voire fanatique dont peu peuvent se vanter au sein du Consortium Éternel. Un point de très grande fierté pour elle, d’ailleurs.

Alors que je lui conseillais de rester tranquille, voila qu’Arcanis se mit à retirer le bandage que je viens juste de lui faire et avant que j’aie pu dire quoi que ce soit, la blessure se mit à bouger pour disparaître dans son dos. Automatiquement, je recula d’un pas, main sur le pommeau de mon épée, prête a dégainer quand elle commença à s’expliquer. Explications qui ne me plaisaient pas. Effectivement, je connaissais son dossier et je prenais le manque d’informations flagrante simplement pour un procédé stratégique afin d’éviter que ses faiblesses puissent fuiter. Etant la cheffe du Chume’Doro, ce n’était pas si étrange que ça et seule la princesse, la reine et la régente était au courant des choses les plus sensibles. Mais là, une changeforme, c’était trop pour moi. La main sur le pommeau de mon arme tremblait

« Et vous ne vous êtes pas dis que ce serait une bonne idée de me mettre au courant plus tôt ? ça fait maintenant presque cinq ans que je suis réellement la princesse héritière du trône. Ça aurait été bien de me donner ce genre d’informations à ce moment-là non ? Et quelle autre identité avait tu ? tu t’es déjà fait passer pour un de mes proches ? Utilise-tu cette capacité pour me surveiller à mon insu ? Mais la question que je me pose surtout est de savoir si je peux te faire confiance. Est-ce que tu me dis vraiment toute la vérité ? Tu ne gardes plus rien pour toi ? Pas de secret en plus que tu juges bon de me dévoiler ? »

Je me contenais pour l’instant, voulant tout envoyer valser, voulant absolument savoir. Pourquoi attendre aussi longtemps pour me donner ce genre d’informations ? N’étais-je donc pas digne de confiance selon elles ? Mais surtout, ma confiance en Arcanis s’était ébranlée. La personne que je connaissais et admirais n’était qu’une mascarade. Un simple trompe-l’œil pour la personne devant moi qui pouvait changer de personnalité comme de vêtements. Comment être-sur de qui m’entoureraient maintenant ? C’était juste bon à réveiller la paranoïa des gens. Cependant, je finis par lâcher mon arme, constatant que celle-ci commençait à s’illuminer suite à ma colère. Je me tourna donc vers la dénommée « Arcanis », plongeant mon regard froid dans le sien.

« Vous comprenez mal la situation et mon rôle, ma Princesse. C’est la Reine Mère qui a ordonné cette façon de procéder. Permettez-moi de vous instruire davantage sur la question. Quand j’ai commencé à servir la Princesse Héritière de l’époque, j’avais bien compris que pour ce faire, je devrais renoncer entièrement à qui j’étais. J’ai suffisamment vécu pour savoir que nous sommes à un moment clé de l’Histoire.

J’ai choisi mes chaines. J’ai choisi de me mettre entièrement au service du trône. En échange de quoi, son Éternelle Majesté a cherché à garder le plus possible de secrets sur qui je suis. Ce que je suis. Il y a des choses que je ne suis pas autorisée à vous dire de ma propre initiative. La raison est simple. Votre protection. Tout avantage dans votre manche est un avantage contre vos ennemis. Je comprends votre réaction. Elle était prévue.

Ceci est un test. Comme dans toute chose, comme tout ce que j’ai cherché à vous enseigner. Un test nécessaire sur la confiance. Vous pouvez procéder de la façon dont il vous plaira. J’affirme sans l’ombre d’une hésitation que je vous suis entièrement loyale. Que je ne vous ai jamais menti. Et je peux le prouver sans mal. Sondez mon esprit. Ordonnez-moi de vous le dire. Ou alors, vous pouvez demander à son Éternelle Majesté de me l’ordonner.

Je suis Arcanis. Votre protectrice. Votre mentor et votre confidente. Non, je ne vous ai jamais espionné sous d’autres traits que les miens. Ce serait trahir mon serment et votre confiance. Oui, j’ai des secrets, ordonnés par la Reine Éternelle. Et vous êtes ma protégée. Jamais je ne vous trahirai. Je prendrai ma vie avant de faire une telle chose. La révélation d’aujourd’hui vous permet de définir comment notre lien va évoluer. »

Elle s’attendait à cette réaction pour plusieurs raisons, à commencer par l’emprise du côté obscur qui semble exacerber, souvent, les émotions. Ensuite, elle savait qu’un lien de confiance peut être solidement ébranlée et à l’époque, ce test avait été mis au point par Arcanis et autorisé par la Reine Mère. À de nombreuses reprises, le Major avait répété que le précédent dispositif de sécurité visant à protéger la famille royale était insuffisant. Il encourageait à la complaisance. L’absence de questionnement sur la loyauté du Chume’doro, d’imputabilité de ce dernier et de contrôle par le trône l’avait profondément dégoûté. La confiance se gagne, avait martelé Arcanis. Elle doit toujours être remise en question. Renforcée. Testée. Renforcée à nouveau. Encore et encore et encore. La Reine Mère avait une confiance aveugle en Arcanis. C’était parfaitement vrai.

Mais des mesures avaient été mises en place pour justifier cette confiance. Le lien du sang qui avait pris une forme altérée, permettant à la Reine Mère de ressentir ce qui sommeillait en Arcanis. Des années à travailler ensemble. Des dizaines d’événements qui les avait rapprochées. Le Major n’aimait pas spécialement devoir faire du mal à la Princesse Héritière. C’est souvent une expérience désagréable que de voir ses certitudes s’effondrer. Mais elle se répétait sans cesse que c’était nécessaire. Que c’était son devoir de la préparer au mieux à assumer le trône. Qu’elle devait tout faire pour l’amener à vraiment s’approprier les outils à sa disposition. Car c’est ainsi que se considérait Arcanis. La valeur de sa vie était négligeable face à ce qu’elle défendait. Pas que des idéaux ou des personnes, non. Le futur de la galaxie toute entière reposait sur les épaules de ces deux femmes.

Des choix. Des choix. Encore des choix. Et des sacrifices. Arcanis n’avait jamais eu de difficulté à en faire car elle avait un objectif duquel elle ne s’écartait jamais. En conséquence de quoi, elle était pratiquement imperméable à ce genre de détresse mentale que pouvait être en train de vivre sa protégée. Arcanis était un bloc de glace, un monolithe qui punissait de mort l’échec mais qui jamais ne se fâchait. Ou en apparence, elle ne se fâchait jamais. Elle savait que seule une maitrise totale de ses émotions lui donnait la clarté nécessaire pour accomplir son devoir sans jamais faillir, sans jamais céder. Les choix de la tête doivent plus souvent qu’autrement supplanter ceux du cœur. Mais malgré toute sa glace, es deux faiblesses étaient la Reine et la Princesse. Et à moins d’être aveugle dans la Force, la Chume’da ne pouvait que le ressentir, surtout en ce moment où Arcanis avait dû blesser, inolontairement, sa protégée.

Elle espérait que sa protégée saurait faire usage de ce qu’elle lui avait enseigné. De toujours s’en tenir aux faits. De savoir être le plus clinique possible. De ne pas succomber à ses propres émotions. Si vous voulez utiliser vos pouvoirs, oui, vous en aurez besoin. Mais pas pour affronter les vrais problèmes. Ça aussi, c’était une partie du test. Voir ce que la Princesse Héritière avait retenu de ses enseignements. Si la Chume’da se référait à ce qu’Arcanis lui avait inculqué, elle comprendrait. Si elle laissait cours à sa colère, à sa déception, à sa peine, alors malheureusement, elle avait échoué à l’amener là où elle le désirait. Les faits et la logique indiquaient clairement que malgré une dose de secrets, Arcanis avait toujours été d’une loyauté irréprochable. Le ressentiment n’a pas sa place dans une décision éclairée. Un entrainement digne de ce nom, après tout, n’est pas que physique.

Il est aussi mental…

« Celui qui veut apprendre doit souffrir. Ce sont les tout premiers mots que tu m’as dit lors de notre première rencontre. Un message pour me préparer à tous les coups que j’allais encaisser ainsi qu’a toutes les blessures que j’allais subir. Et je viens de souffrir à l’instant même en découvrant ce secret caché. Alors, quel est la leçon ? Toujours mettre la parole en doute des gens, même s’ils nous sont fidèles depuis le début ? Je n’ai jamais eu à douter de toi. Tu es surement la personne avec qui je pouvais être la plus sincère. Tu as su être un maître d’armes, un mentor spirituel et une épaule a certaine occasion. C’est quelque chose que je ne pourrais jamais nier et que je ne chercherais jamais à faire car indubitablement, sans toi, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. Mais ça, c’est ce qui me fait poser la question de la confiance. Et non pas si je peux te faire confiance car je sais que c’est le cas. Tu as toujours été fidèle à ta mission et tu le resteras jusqu'à ta mort. Mais est-ce que toi tu me fais confiance uniquement maintenant pour me montrer cela ? Malgré tout ce que j’ai fait, suis-je si peu fiable ? »

Finalement, ce n’était pas ma confiance en elle qui s’ébranlait, mais ma confiance en moi. J’avais toujours eu du mal à concevoir que je puisse devenir la prochaine reine. Je m’étais alors toujours donné à fond, me perdant dans ma formation afin de laisser sortir le meilleur de moi-même. Je ne vivais que pour ça, montrer que j’étais digne de ce titre, et il y a cinq ans, lors de ma dix-huitième année, avec la construction de mon sabre et la création de mon épée, il me semblait clair que j’avais fait mes preuves. A mes yeux, ils représentaient tout deux le symbole de mon passage de potentielle a confirmée. Pourtant, il semblait y avoir encore des doutes pour certain. Malgré tout mes efforts pour me montrer digne et montrer que j’étais méritante, on me cachait encore des choses. Je baissa alors la tête, mon corps tremblant tout comme ma voix.

« Est-ce que tu as la moindre idée de ce que cette révélation symbolise pour moi ? Je me sens trahie et trompée comme si tout ce que j’avais fait ne valait rien a vos yeux. Et alors que je pensais avoir mérité votre confiance depuis longtemps, finalement, je me rends compte que ce n’était qu’une façade et que j’ai encore tout a prouvée. Je viens de voir mes certitudes s’écrouler en une seconde. Tu veux que je te dise, j’aurai encore préféré ne jamais savoir et me séparer d’un atout dont je n’avais connaissance pour user du meilleur que le Consortium possède. »

Arcanis était capable d’un grand nombre de choses. D’une grande froideur, d’un zèle quasiment fanatique, des plus grands sacrifices et même si la situation le demandait, de mourir avec le nom de la Reine Mère et de la Chume’da à la bouche. Elle était l’incarnation vivante de la loyauté. Jamais au grand jamais elle n’aurait volontairement fait du mal à Darth Ankh ou à Alamia, en dehors d’un entrainement, il va de soi. De voir la détresse de sa protégée manqua de faire éclater en morceaux cette armure émotionnelle dans laquelle elle était engoncée pour toujours se concentrer sur son travail. En un instant, elle se retrouva au contact de la Chume’da, la prenant dans ses bras et la serrant contre elle avec une douceur et une tendresse que jamais personne ne lui aurait suspecté. Au sein du Consortium Éternel, personne n’aurait un jour pensé dire…

Penser dire qu’Arcanis puisse être si maternelle. Elle serrait contre elle la Princesse Héritière dans une douce étreinte comme l’aurait fait une mère avec son enfant. Jamais elle n’aurait pensé qu’une telle révélation aurait ainsi chamboulé sa protégée. Au contraire, découvrir qu’un nouvel univers de possibilités s’offre à vous lui sembla pourtant une excellente nouvelle. Une occasion de se réjouir, même. De se rapprocher encore davantage. Mais Arcanis pouvait se préparer à n’importe quel scénario catastrophe…Et pourtant échouer à comprendre par moments une vérité inéluctable. Tous n’ont pas sa froide logique, en conséquence de quoi, les émotions amènent à des réactions hors du cadre d’une réaction rationnelle. Intérieurement, elle débattait à savoir si elle devait dévoiler le reste du secret tout de suite ou risquer à nouveau de blesser sa protégée.

En des circonstances normales, elle aurait demandé conseil à la Reine Mère. Cependant, la détresse de la Chume’da était réelle et présente et se passait maintenant. Elle n’avait donc pas le temps d’en débattre avec sa souveraine, ce qui inévitablement la forcerait à faire quelque chose qu’elle détestait par-dessus tout : devoir prendre une décision par elle-même qui pourrait avoir un impact majeur sur la raison d’état. La peur de décevoir Darth Ankh était quelque chose de récurrent et qui semblait à chaque fois vouloir consumer son esprit. Elle finit par se décider sur une forme de compromis. Voir si elle parvenait à rassurer sa protégée, juger si la Princesse Héritière était encore en état d’entendre davantage de révélations et d’agir en conséquence. Mais pour l’instant, la vérité. Sa vérité. Elle ne pouvait parler au nom de la Reine Mère mais…

« Alamia, ma protégée, écoutes moi. Je n’ai jamais douté de toi. Pas par simple loyauté au trône. Parce que je crois sincèrement en toi. Je t’ai vu grandir comme je l’ai vu grandir Elle avant toi. Quand je te regarde, je ne peux qu’éprouver de la fierté. Tu t’es depuis longtemps prouvée à moi et tu as et auras toujours toute ma confiance. Ce que je t’ai révélé, c’était à mes yeux simplement l’opportunité d’avoir… Plus.

Ce n’est pas une affaire de confiance et ce n’en sera jamais une. C’est… Moi. Je ne voulais pas devenir une béquille pour toi. Pire. Un handicap. Que tu te reposes trop sur moi en sachant de quoi je suis réellement capable. C’est parce que cela ne risque pas d’arriver que je peux t’en dire plus. Je deviens simplement un meilleur outil pour toi. Jamais on ne pourra t’enlever ce que tu as fait. Je suis tellement désolée… »

Pour qu’Arcanis se risque, ose, tutoyer la Princesse Héritière, c’était qu’elle était plus que sincère dans ses propos. Continuant de serrer la Chume’da contre elle, Arcanis menait un dur combat contre elle-même. Elle devait rester forte, une ancre pour Alamia alors que tout ce qu’elle aurait voulu, c’était de pouvoir laisser sortir sa douleur, l’agonie d’avoir trahi sans le vouloir sa protégée. Mais comme à son habitude, elle gardait tout en elle. C’était extrêmement souffrant et douloureux mais elle ne pouvait pas avoir l’air faible devant sa protégée. Elle devait être l’éternel rempart, inflexible et indestructible, un bouclier derrière lequel pouvait se réfugier la Chume’da. Elle espérait qu’elle comprendrait. Elle en avait la force. La capacité. La résilience. De cela, le Major en était absolument certaine. Convaincue, même. Elle l’avait prouvé à maintes reprises…

A l’instant même où je finis ma phrase, une chose que je pensais impossible arriva. Arcanis se révéla au grand jour et abaissa ses défenses pour se relever d’un coup et me prendre dans ses bras. Pour elle qui avait toujours été un bloc de glace émotionnelle et qui peut importe les circonstances ne montraient jamais rien, rendant impossible le fait de pouvoir lire en elle. Et la voila qui pour la première fois abandonner toute protection pour laisser éclater ses ressentis. Je devais bien avouer que j’étais perdue et étonnée. Inconsciemment, je referme mes bras sur elle, l’enlaçant également ayant besoin d’une bonne dose de réconfort.

J’écouta alors ses paroles, les buvant et les assimilant, me rendant compte peu a peu de mon erreur et de mon erreur de jugement. J’avais pris le truc dans le mauvais sens. Me révéler cela maintenant n’avait pas pour but de me dire que je devenais seulement digne de confiance. C’était pour me dire que désormais il me fallait voir plus loin. Que j’avais à ma disposition plus que ce que je pensais. Et c’est vrai que malgré ma tendance à vouloir absolument me dépasser et donner le meilleur de moi-même, j’en oubliais le monde autour de moi et ce que les autres pouvaient faire pour moi. Je me dégageai alors de l’étreinte d’Arcanis.

« Merci et désolé. J’ai l’impression d’avoir mal interprétée tes paroles. Cependant, je vais avoir besoin de temps pour assimiler cela. Je te dis donc à dans un mois pour la suite de notre entrainement. »

Je lui tapotai alors l’épaule avec un sourire sincère avant de me retourner pour quitter la salle d’entrainement. Une fois sortie, je poussai alors un long soupir en souriant. Sacré Arcanis, cacher une telle carte. Ça lui ressemblait bien à elle et à Darth Ankh. Mais effectivement, cela faisait un atout puissant en plus. Il me fallait juste réfléchir à la meilleure utilisation que je pouvais en faire. Je me dirigeai donc vers le toit, allant récupérer une de mes Wyvernes avec la sensation que cet entrainement aura son importance à l’avenir. Celui qui veut apprendre doit souffrir. Je n’ai jamais rien entendu d’aussi vrai.

Arcanis est soulagée. Voire la souffrance de sa protégée l’a considérablement plus ébranlée qu’elle ne l’aurait cru possible, ce qui l’inquiète immédiatement. Elle se doit d’être une source d’inspiration, une force immuable qui jamais ne faiblit et pourtant, cette démonstration émotionnelle, bien que faite pour enlever au tourment de la Princesse Héritière, est techniquement indigne de sa position. Elle n’en laisse rien paraitre et n’en dira rien tant que la Chume’da sera en sa présence mais dans sa tête, sa décision est prise. Elle doit impérativement aller voir la Reine Mère à propos de cet… Incident. Seules des décennies de maitrise de soi l’empêchent de flancher. Elle doit tenir le coup car telle est sa fonction. Cet événement va laisser des cicatrices, indubitablement. Peut-être pas pour sa protégée mais assurément pour elle.

Elle se concentre sur Alamia, s’excusant pour son manquement au protocole bien qu’il soit notoirement connu que le Major ne s’en formalise presque jamais. Intérieurement, elle espère que la Princesse Héritière ne fera pas de commentaires sur la question ou ne le remarquera pas. Elle n’est clairement pas en état de se lancer dans une longue discussion et c’est presque une bénédiction quand la Chume’da lui annonce qu’elle va se retirer et qu’elles vont se revoir dans un mois, un délai suffisant pour que la Princesse Héritière puisse assimiler ces nouvelles informations. Retrouvant son attitude professionnelle, Arcanis lui assure qu’elle sera toujours la bienvenue en ces lieux, si jamais elle juge vouloir revenir plus tôt. Chose certaine, le Major aura besoin de temps pour se remettre de ce qui s’est passé quelques instants auparavant. L’expérience fut loin d’être présente.

Après avoir salué sa protégée, Arcanis attend que cette dernière s’en aille avant d’ordonner qu’on prépare sa navette et elle fait savoir à ses subordonnées qu’elle sera avec la Reine Mère pour quelques heures et qu’elles ont intérêt à avoir une excellente raison pour la déranger. Devant ses troupes, elle reste inflexible et inébranlable mais une fois en vol, loin des regards, elle laisse entendre un long soupir. Doit-elle démissionner de son poste? Est-elle… Défectueuse, brisée, en quelque part? Trop en train de s’attacher à la Chume’da? Il est évident qu’elle se doit d’avoir de l’affection pour celles qu’elle protège, ce qui facilite la coopération et l’efficacité globale de son travail. Mais jamais elle ne se serait crue capable d’une telle réaction. Elle aurait dû comme à l’accoutumé utiliser une approche logique pour expliquer à la Princesse Héritière. Pas… Ça…

Une fois sa navette atterrie, Arcanis se dirige d’un pas vif vers les quartiers de la Reine Mère à qui elle a annoncé son arrivée pour une affaire d’une extrême importance. Et quand on connait le style d’Arcanis qui jamais ne dit un mot plus haut que l’autre, si jamais elle emploie un terme aussi fort, c’est qu’il y a une raison de s’inquiéter. Chemin faisant dans les corridors, elle entend les échos de matriarches en colère. La Reine les a congédiés pratiquement sans aucune justification, prétextant une affaire urgente. Le Major leur fait savoir d’un ton glacial que si elles veulent remettre les décisions de la Reine Éternelle en doute, elle se fera un plaisir de régler le cas personnellement. Soudainement, toute démonstration de mauvaise humeur cesse et Arcanis continue sa route avant d’entrer dans la salle du trône et de prendre la parole.

« Votre éternelle majesté, vous connaissez un de mes enseignements les plus réputés. Celui qui veut apprendre doit souffrir. J’ai dû apprendre énormément dans la dernière demi-heure. Altesse, nous devons réviser un certain nombre de choses, à commencer par ce que la Chume’da a le droit de savoir et surtout de s’assurer que je suis encore digne d’assurer mes fonctions. Il semblerait qu’il y ait une faille dans mon armure émotionnelle… »

Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]

Re: Celui qui veut apprendre doit souffrir. (Alamia Ozanhea) [Terminé]