Les Diamants sont Eternels [PV : Arcanis] (Terminé)

Certaines choses étaient immuables, accompagnant l'exercice du pouvoir depuis que celui-ci existait. Même lorsque les civilisations n'étaient que tribu s'étalant dans la lisière d'une forêt, il était nécessaire d'organiser des événements rassemblant les personnalités du village, permettant au leader de pouvoir exposer ses vues, sonder ses semblables et prendre les bonnes décisions dans la poursuite de l'exercice du pouvoir. Les civilisations prétendaient s'améliorer en s'étendant, que la technologie les rendaient meilleures, la Démocratie se gargarisait d'incarner le pouvoir du peuple, donc de tout le monde, alors que le pouvoir réel était détenu par une poignée de « représentant » a la légitimité douteuse… Pourtant, Darth Ânkh savait elle que tout cela n'était que mensonge : en réalité, si la société s'était complexifiée depuis les chasseurs cueilleurs, gagnant des nouvelles strasses, elles restaient sensiblement identique : les armes avaient changer, les objectifs eux étaient toujours les mêmes : contrôler, dominer, conquérir, s'enrichir, les quatre nerfs de chaque civilisation expliquant les conflits inévitables avec les autres. Longtemps, la galaxie avait cru en la chimère de la guerre uniquement commerciale, mais même cela n'était qu'un mensonge : les conflits n'avaient jamais cesser, les grandes puissances s'étaient affronter au travers les conflits de basse intensité, attendant simplement que quelqu'un allume la mèche pour de nouveau embraser toute la galaxie…

Ce soir, comme a de nombreuses occasions, la Reine Éternelle était contrainte d'organiser l'une de ses réceptions particulière ou le gratin du Consortium se gargarisait de sa propre importance. Pour beaucoup, ses cérémonies étaient soit une bénédiction ou ils pouvaient briller en société, soit une malédiction ou ils devaient faire bonne figure sans réellement comprendre leurs importances, ressentant au fond d'eux sans jamais l'admettre qu'ils étaient tout simplement dominer par les premiers. Mais en tant que souveraine, Ânkh occupait une place a part dans cette tragi-comédie : a sa charge d'arbitrer les litiges, de placer quelqu'un dans la ligne de mire des autres, de manipuler, trahir, séduire et orienter ceux qui étaient présent sans jamais révéler ses véritables intentions. Elle s'y déplaçait comme un poisson dans l'eau depuis des siècles, même si certaines souveraines semblaient avoir plus de plaisir dans cet exercice que d'autre, encore un élément troublant la perception que les courtisans pouvaient nourrir envers la souveraine. Mais elle savait que cela faisait partie de ses devoirs de souveraine absolue et qu'elle ne pouvait s'y soustraire sous peine de menacer l'équilibre de son régime, ce qui n'était pas envisageable, ce dernier étant déjà assez précaire a cause de l'action des Seigneurs Sith.

De ce fait, après l'inauguration de sa dernière Forteresse Stellaire, Ânkh avait organiser une soirée réunissant Matriarche, membre du complexe militaro-industriel Hapien ainsi que militaires eux-mêmes au Palais Royal afin de pouvoir officiellement discuter « de la marche a suivre dans la conduite des affaires de l'état ». Aucun de ses personnages n'avaient idée de ce que préparait réellement la souveraine par l'intermédiaire de sa fidèle régente ISIS, mais tous avaient des idées bien arrêter sur la manière de poursuivre la guerre et les entendre avait son intérêt, parfois, des bonnes idées émergeaient de ce genre d'initiative. Il arrivait aussi qu'une soirée tourne mal, avec une tentative d'assassinat par exemple, pour Ânkh, cela faisait de la « distraction bienvenue », ce qui pouvait laisser entendre qu'elle n'aimait pas plus que cela se livrait a l'exercice de la réception mondaine. Mais en réalité, elle appréciait toujours pouvoir faire la démonstration de ses talents martiaux et son affrontement avec l'épée Jedi récemment avait ouvert son appétit de sang. Toutefois, ce ne serait sans doute pas ce soir qu'elle aurait sa dose de combat, d'autant plus que le Chume'doro avait mis les bouchées doubles pour assurer la sécurité et, chose excessivement rare, Arcanis elle-même était présente.

Longtemps, Ânkh s'était demander pourquoi sa suivante et la première de ses gardes du corps détestait tant ses soirées : les membres de son espèces s'intéressent presque naturellement a l'histoire et elle trouvait qu'un événement comme celui-ci représentait un très bon échantillon d'histoire sociale de la haute société. Mais toute personne a le droit a ses secrets et de plus, sa meilleure amie depuis l'enfance en tant que princesse était le genre de personnalité a préférer l'action aux intrigues, même si elle se débrouillait très bien dans ses dernières : une grande soirée, s'était des milliers de crédits dépenser pour peu de résultats, cela, la souveraine en avait conscience, mais l'argent devait aussi être dépenser pour des investissements pas toujours rentable du premier coup : dans cette assemblée d'invité, il y avait sans doute un ou deux génies qui méritaient d'être mis en avant. Restait que la mauvaise humeur de sa garde du corps restait palpable, quelque chose dans son comportement et son aura dans la Force qui, si elle n'avait rien de suspects pour les invités, était pour la reine particulièrement perceptible, le fait de vivre en sa compagnie depuis tant d'année et le lien les unissant renforçant naturellement la compréhension que la souveraine avait de sa voix au sein du Consortium de Hapès.

« Je sais très bien que c'est moins amusant que la traque des opposants… Mais nous devons faire honneur a l'aspect divin de notre pouvoir. Qui sait, peut-être aurons nous un peu de distraction. »

Trônant au centre de la pièce, ayant une vue idéale sur les invités se déplaçant entre les tables pour échanger avec d'autre et profiter du repas, Ânkh susurrait des paroles qui se voulait rassurante a son amie, mais elle savait bien que cela serait sans doute inutile. Elle avait jouer la « sobriété » pour une fois, coiffant sa longue chevelure noire en carré, une longue natte retenant les mèches qui n'avaient put former ce carré parfait, adoptant un maquillage toutefois plus ostentatoire soulignant ses traits fin. Une longue robe blanche moulante couvrait ses formes, laissant toutefois apparaître un décolleté plongeant, et des chaussures a talon aiguille de dix centimètre lui permettait d'apparaître encore plus majestueuse. Elle n'était toutefois pas sans armes, portant son amulette Sith, son gntelet ainsi que son sabre-laser a sa ceinture, l'épée Sith étant rester ranger, trop encombrante pour ce genre de soirée...

Elle n’était pas heureuse. Pas le moins du monde. Ce genre d’événements l’horripilait au plus haut point. Les occasions mondaines. Un cirque grotesque, vide de sens et servant uniquement à flatter des egos qui n’ont pas leur place ni leur raison d’être. Pire encore, une surveillance constante pour des conflits aussi petits que mesquins qui ne servent en rien les intérêts du trône. À ses yeux, si on lui avait donné le choix, elle aurait mis un implant dans la tête de tous ces personnages capable de se déclencher et d’exploser en cas de pensées séditieuses. Mais la reine mère insistait beaucoup pour laisser l’impression à ces comploteurs d’avoir le champ libre pour leurs guéguerres personnelles ou leurs ambitions mal avisées. En tant que son fidèle bras droit, elle se pliait à la volonté de sa souveraine malgré son intense frustration. Vive la reine.

Naturellement, elle s’était imposé cet enfer que d’assister à ce plus récent événement. Les événements récents forçaient un quelque peu sa main. La guerre en était à son prochain tournant majeur et les manigances allaient se multiplier comme des parasites. De penser qu’ils puissent faire d’une vision à court terme leur raison d’état… C’est bien là le drame des espèces à durée de vie très éphémère. Ils sont incapables d’accepter que leur œuvre puisse être inachevée et que la génération suivante reprendra le travail. Une purge. Voilà ce qu’il faudrait. Elle avait presque supplié la reine mère pour la laisser faire. Oui, il y aurait énormément de postes à combler… Mais c’était à cela que servait la régente du trône éternel. Ayant des ressources phénoménales à sa disposition et une flotte automatisée… Le Consortium Éternel ne serait pas en si mauvaise posture qu’on pourrait le croire.

En tout cas, pas selon ses projections. Naturellement le Major avait tendance à penser dans des extrêmes d’efficacité qui présupposaient une obéissance absolue et un rendement exemplaire. Choses qui n’étaient pas forcément de l’ordre du réel. Cela ne l’empêchait pas de l’exiger de la part de ses subordonnés. Pour sa part, dans sa gestion du personnel, elle était absolument impitoyable. De nombreux agents et commandos avaient perdu la vie pour ce que certains considèreraient comme des broutilles mais aux yeux du Major, quand on est le bras armé et le bouclier de la reine mère, on ne peut se permettre de donner moins que la perfection. Souvent, sa souveraine lui avait dit qu’elle n’avait pas à agir de la sorte si elle ne le voulait pas. Que son zèle bien qu’admirable ne devait pas mener au fanatisme. Mais elle refusait d’adopter le même point de vue. Ce serait de la complaisance.

Ce serait se doter d’une béquille, d’une excuse. Et ces excuses mèneraient à une facilité écœurante pour se décharger de ses responsabilités. Absolument hors de question. Alors elle était là. Pas forcément à souffrir mais… Clairement pas à son aise. Et pour clairement faire comprendre qu’elle n’était pas là pour le plaisir, elle était là avec ses armes et son uniforme pouvant également faire office de tenue de combat. Ceux qui essayaient de lui faire la conversation se faisaient accueillir par un regard glacial et aucune autre réaction. Elle n’était pas là pour faire la conversation. Elle était ici pour protéger la reine mère et le Consortium Éternel. C’était sa fonction. Son rôle. Ce pourquoi elle servait la couronne. Elle s’était attiré bien des regards hostiles ou courroucés mais elle s’en moquait. Qu’ils parlent dans son dos, elle l’apprendrait tôt ou tard. C’était aussi son travail, après tout.

Tout savoir sur tout. Une tâche titanesque à laquelle elle s’attelait sans jamais faiblir, sans jamais broncher. Ses agents lui communiquaient constamment ce qu’ils observaient, ce qu’ils détectaient d’inhabituel et la plus petite anomalie était traitée comme une urgence potentielle. Toutes les patrouilles étaient au minimum en paire. Aucun agent n’était laissé seul. Éliminer une personne, discrètement, est chose facile. Deux professionnels surentrainés? Il faudrait et de loin quelque chose de vraiment costaud. Elle avait plusieurs unités en attente d’intervention si jamais un problème majeur survenait. Et elle avait avisé ISIS de tenir une flotte prête à mettre la planète sous blocus en plus des vaisseaux habituels si nécessaire. Si quelqu’un en voulait à la reine mère, il ne ressortirait pas vivant si telle était la volonté royale. Quel que soit le rang ou le grade… Peu lui importait.

« Si j’avais le pouvoir de le faire, je ferais une purge comme le Consortium Éternel non, la galaxie n’en a jamais vu. La guerre en est à un nouveau tournant et les traitres et les profiteurs pullulent comme la vermine. Ce n’est pas ma place de questionner vos décisions. Conséquemment, j’obéis sans broncher. Respectueusement, je ne saurais taire ce qui torture mon esprit d’où cette perturbation dans notre lien. »

La main posée sur la crosse de son arme, elle était prête à neutraliser quiconque s’approcherait de la façon le moindrement suspect. Et en plus d’elle, au moins deux tireurs embusqués avaient une ligne de mire directe pour abattre un agent ennemi ou une menace interne. La présence du Major en rendait plus d’un nerveux mais elle s’en moquait. Ceux voulant montrer leur importance soit lui lançaient un regard dédaigneux ou l’ignoraient complètement. Tous voulaient jouer de flagornerie pour accroitre leur propre importance. Des efforts inutiles. Comme si ces êtres bouffis de suffisance pouvaient prétendre comprendre la volonté d’une déesse. Même en tant que sa plus fidèle alliée, elle peinait à garder le fil, par moment, sur cet amalgament d’âmes dans un même corps… Elle ne se sentait à l’aise que lorsqu’elle percevait l’aura de son ancienne protégée.

Quelques heures, se disait-elle. Quelques heures et ce serait terminé. La vie reprendrait son cours, la guerre sa marche et les parasites retourneraient se cacher dans leurs nids. Des nids qu’elle rêverait de faire brûler mais… Elle n’oserait jamais défier la volonté royale. Jamais. Sa fonction était d’obéir. De questionner si on demandait son opinion. De prendre des initiatives en lien avec sa fonction. Mais jamais en oubliant qui dans l’absolu commandait, dirigeait. Ces personnages rassemblés auraient et de loin besoin de réaliser cette leçon. Cela n’arriverait pas, naturellement. Et c’était là son petit plaisir coupable. De leur rappeler cette réalité avant de prendre leur vie. Elle avait plus qu’un océan de sang sur les mains et elle n’était en rien incommodée par la chose. Si l’histoire voulait faire d’elle un monstre… Soit. L’opinion des autres ne l’avait jamais intéressé. Des futilités vides de sens.

Le premier incident de la soirée, la première distraction dans cet événement autrement d’un ennui presque mortel, arriva bien plus tôt que prévu. Un utilisateur du côté obscur un peu trop imbu de sa personne et de son affiliation laissa entendre que sans lui et les siens, le Consortium ne serait que ruines balayées par le vent de la guerre. Qu’il serait plus que temps de remplacer ces agents et commandos se prétendant des professionnels par de vrais assassins et maitres du complot. Le reste de sa tirade se mua en une longue plainte aigue. La reine mère avait été très claire. Ne pas sauter à la gorge des invités. Attraper l’impertinent par ce qui faisait de lui un homme ne figurait pas dans la liste des restrictions. Et la reine mère savait très bien que le Major avait une poigne de fer… Figurativement et littéralement. À la souveraine de juger des actes de son fidèle bras droit.

« Remettre la volonté de le reine éternelle est une offense punissable de mort. J’ai promis de ne pas sauter à la gorge de ceux qui auraient la folie de lui manquer de respect et j’obéis à la lettre à mes ordres. Une partie de mon rôle est de réduire au silence les éléments potentiellement séditieux. La question à se poser c’est encore si la leçon aura porté ses fruits ou si une option plus permanente sera nécessaire… »

« Les purges offrent des armistices, pas des paix durables. A chacune d'entre elle, nous nous offrons du répit, mais devons nous préparer a une riposte plus sanglante encore dans un avenir a moyen terme. Je ne dis pas qu'il ne s'agit pas d'une arme efficace, mais elle doit être manier avec précision et en étant certaine de pouvoir en assumer les conséquences. »

Voir sur un très long terme… Lorsque l'on avait l'éternité devant soit, ce n'était plus si difficile. D'une certaine façon, Ânkh comprenait la frustration de la première de ses protectrices, oui, tout ceci n'était qu'une comédie, une parodie de pouvoir exécuter par des insignifiants se gaussant de leur propre importance. Mais derrière cette médiocrité pouvait aussi se dissimuler le génie, la haute société générait toujours des personnalités prête a remettre en question le système, proposer des idées nouvelles et ainsi générer le progrès. Oui, ISIS était efficace, Ânkh était fière d'elle et elle veillait a ce qu'elle ne manque jamais de rien, elle avait même adopter son dernier plan, toutefois, l'efficacité froide de la machine pouvait aussi avoir ses limites, limites que l'espérance d'un être doté d'une longévité bien plus faible qu'une intelligence artificielle ou quelqu'un comme elle-même n'avaient pas. En entretenant l'espoir, l'on avait également la possibilité de soulever des montagnes et de défaire les plans les plus complexes. C'était la raison pour laquelle le Grand Plan n'avait pas réussi aussi bien que l'avait planifier la reine il y a maintenant trois cents ans : ses adversaires avaient su déjoué les plans les plus complexes pourtant établit sur plusieurs siècles et leur propres espérances leurs avaient donner la force de se redresser pour survivre.

Toutefois, l'une des questions essentielles était de savoir combien de temps encore l'intelligence humaine, la capacité d'entretenir l'espérance et de soulever des montagnes afin de pouvoir atteindre ses rêves pourraient surpasser les plans froids et méticuleux des intelligences artificielles. Darth Ânkh elle-même se gardait bien de fournir une réponse a cette question que certain posaient de manière détourner. Elle souhaitait maintenir le mystère afin de nourrir l'espérance de chacun et garder uni le Consortium, mais elle savait également que cela faisait douter certain, qui allaient jusqu'à penser qu'elle ne se prononçait pas parce qu'elle n'en avait pas la réponse… Ce qui n'était pas nécessairement faux, mais était passible de condamnation pour hérésie, car affirmer une telle chose serait remettre en cause le statut divin de la Reine, une notion avec laquelle l'on ne plaisantait pas au sein du Consortium Éternel. ISIS était sans doute la personne la plus proche de connaître la réalité de la pensée de la souveraine éternelle sur cette question, mais cette dernière continuait a entretenir le doute avec un plaisir non dissimuler, forçant chacun a rester prudent ou au contraire avancer ses pions au risque de lui déplaire et connaître une fin de carrière « prématuré ».

En parlant de fin de carrière, un Sith osa augmenter sa propre importance et argumenter contre le Chume'doro, ce qui entraîna une réaction immédiate d'Arcanis. Cet imbécile venait de lui fournir, sans s'en rendre compte, une distraction pour tuer la morosité étreignant son cœur a cause de cette soirée. Mais il y avait quelque chose de particulièrement drôle dans ses prétentions, qui prouvait que les Sith n'avaient pas renoncer a s'emparer de la totalité du pouvoir. Mais maintenir cet objectif faisait aussi partie des manœuvres de la Reine : elle les gardaient a son service ainsi sans leurs permettre d'atteindre cet objectif, car s'il venait a l'obtenir, ils se retournerait contre elle ce qui n'était pas acceptable. Tout n'était qu'une question d'équilibre, entretenir des organismes parallèles faisant la même chose, puis les mettre dans une concurrence féroce afin de créer des objectifs évitant de voir plus haut… De cette façon, l'on pouvait repérer encore plus facilement les êtres exceptionnels : il s'agissait de ceux dépassant le cadre de leurs petits intérêts particuliers pour au contraire mettre en avant ceux du Consortium dans son ensemble… Rien n'était laisser au hasard par Ânkh et même ce qu'elle semblait laisser au pur hasard n'était en réalité qu'un immense calcul visant a renforcer son contrôle tout en faisant émerger les cadres dont le régime avait besoin pour prospérer.

« La prétention des Sith est vraiment amusante : il y a vingt ans, ce sont bien eux qui se sont enfui la queue entre les jambes pendant que les Hapiennes se défendaient avec bravoure sur le champ de bataille. »

Ânkh commenta la situation de manière presque nonchalante, attirant a elle un verre de champagne lui étant destiné grâce a la Force. Il y avait une part de mensonge dans cette phrase, car c'était elle qui avait ordonner cette retraite désordonné, mais qui oserait dire une réalité en risquant de contrarier une divinité dans les étoiles ? Le mensonge faisait partie des armes des Sith et elle était la Darth Lady après tout, ce qui signifiait qu'elle le maniait mieux que personne. Buvant quelques gorgées après avoir eu le signal positif de son goutteur, elle fit un signe a Arcanis qui signifiait qu'elle se moquait pas mal du destin qu'elle comptait réserver a cet âme visiblement trop faible pour pouvoir défendre ses opinions par la force. Elle posa un regard sur la foule, observant des regards effrayés, d'autre franchement amusé tandis que certains étaient assez fasciner par la situation, puis pris la parole afin de lâcher la bride, sans le faire totalement toutefois, a sa garde du corps en chef.

« Agit a ta guise, tu est ma voix et ton jugement sera le mien. Mais évite de salir les convives ou la salle, il ne faudrait pas indisposer nos invités de bonne foi. »

Elle entend. Elle comprend. Mais elle n’est pas d’accord. Souvent, pour aider une forêt malade à guérir, purger par le feu pour que les cendres fertiles permettent à de nouveaux arbres de pousser est une option parfaitement viable. Évidemment elle ne le dit pas. Elle ne l’exprime pas. Elle reste de marbre. Mais très faiblement, une image mentale de cette métaphore est perceptible via le lien que la protégée et la protectrice partagent. Certains pourraient dire que les subordonnés ne sont pas payés pour penser. Qu’ils doivent se contenter de suivre les ordres. Mais ce n’est pas pour ça que le Major a été recruté. Jamais ce ne sera dans ses prérogatives non plus. Elle le sait. Et la Reine Mère le sait. S’il y a bien quelqu’un qui prend des risques, c’est elle. Et souvent, c’est cette opinion supplémentaire qui apporte un petit plus aux choses.

Naturellement, cette ligne de pensée est de peu d’importance. Elle a plus important à régler en ce moment. Le cas de cet insolent aux propos séditieux. Elle réfléchit à ce que la souveraine a dit. Le sort de cet être est entre ses mains. Elle a carte blanche pour en disposer comme bon lui semble tant qu’elle ne salit pas les invités. Un univers de possibilités s’offre à elle. Tant de façons d’arriver à un exemple qui va faire comprendre à cette assemblée que personne ne peut parler ainsi en la présence de la reine. Si elle fait quelque chose de subtil, on pourrait l’accuser de manquer de volonté pour faire ce qui est nécessaire. Si elle utilise quelque chose de trop classique, le poison ou la désintégration lente, on l’accusera de manquer d’originalité. Elle réfléchit à la condition imposée… Et un plan commence à germer dans sa tête. S’il veut critiquer le Chme’doro…

Autant lui démontrer l’évidente supériorité de celles qui protègent et défendent la Reine Éternelle. Et quoi de mieux pour ce faire qu’un combat à mort? Ce sera divertissant à regarder et si jamais elle a surestimé ses propres capacités bien… La faiblesse se doit d’être éliminée au sein du Consortium Éternel donc ce sera une bonne chose de faite. Non pas qu’elle souhaite sa propre mort, loin de là. Mais faire honte à sa souveraine ne lui tente pas du tout mais alors là pas du tout. Et comment faire pour ne pas salir les invités? En déployant un bouclier portatif autour des combattants, tout simplement. Ainsi, aucun risque de débordement d’hémoglobine, si jamais la chose venait à se produire. Le Chume’doro a le matériel sous la main pour organiser une arène en une minuscule poignée de minutes. L’annonce est reçue à différents degrés. Forcément, en fait.

Une partie des invités est curieuse, elle se demande qui va l’emporter. Les Hapiens misent sur le Major, les Siths sur leur compatriote. Certains sont scandalisés. Quelle est cette démonstration de violence gratuite en une occasion si raffinée et si distinguée? D’autres n’attendaient que cela, une distraction dans la soirée. Ceci dit, si Arcanis est confiante en ses moyens, son adversaire ne semble pas avoir la même vision des choses. Il essaie de s’en sortir en disant qu’il n’est pas venu ici pour voir la suprématie sith remise en question par une celle qui prétend commander à l’élite. La Reine Éternelle étant Sith, les Siths devraient assurer sa protection car aucun non utilisateur de la Force ne saurait faire un travail aussi efficace. Sophisme mais certains sont vraiment dans leur petit monde à part. Même les cyborgs, demande Arcanis avec un sourire froid.

Elle sait pertinemment que pour plusieurs utilisateurs de la Force plus traditionnels, les cyborgs sont une abomination, ni plus ni moins. Le Chume’doro emploie tant des non sensitifs que des sensitifs ou des cyborgs et cette absence totale de favoritisme donne des crises d’urticaire à bien des traditionalistes et des conservateurs. Décidant d’utiliser une provocation qui va faire sortir l’impertinent de ses gonds, elle lui dit : si vous avez peur, soit. C’est une façon comme une autre de se rendre au côté obscur. Et elle lui cite le passage sur la peur menant à la colère sans une seconde d’hésitation. Comme anticipé, l’autre décide qu’il va se faire un plaisir de l’éviscérer et de la réduire au silence et sur un ordre muet, un technicien du Chume’doro installe le bouclier. Arcanis continue de provoquer. Plus il sera en colère, moins il sera lucide, plus prévisibles seront ses attaques.

Je vous laisse votre précieuse Force. Je m’en voudrais d’humilier une personne avec un handicap. Ce serait comme tirer sur une frégate médicale. Rappelons au passage que la tenue de combat d’Arcanis, tout du moins celle qu’elle porte en ce moment, n’a jamais été conçue pour résister à des attaques au sabre laser ou aux pouvoirs de la Force. Mentionnons aussi qu’elle n’est pas forcément équipée lourdement. Sans doute une bonne longueur de lame cachée dans une botte, son arme à la ceinture et ses aptitudes martiales. Rien de plus. Rien de moins. Cela ne semble pas l’inquiéter outre mesure. Elle est même la première à entrer dans l’arène. Des utilisateurs de la Force, elle en a affronté. Plusieurs. Et a triomphé de tout autant. Naturellement, ces détails ne sont pas connus du public. Pourquoi révéler des détails qui avantageraient vos ennemis, au juste?

C’est pour cette raison que plusieurs supposent, à tort, que celle qui commande au Chume’doro n’est pas adéquatement équipée pour défendre la Reine Éternelle. Cela fait partie d’un plan plus grand visant à masquer les ressources réelles au service de la souveraine. Quant au combat en tant que tel… Un chat jouant avec sa proie. Au vue de sa longue existence, Arcanis a appris de nombreuses techniques au corps à corps, certaines faisant appel à d’anciens textes parlant de chi, de points vitaux. De dire qu’elle ridiculise le Sith serait mentir. C’est une humiliation pure et dure. De dire qu’il n’a aucune chance c’est comme dire qu’on peut remplir le vide spatial avec un bol. Pour les « royalistes », c’est assurément divertissant. Voir un Sith se faire ainsi mis hors d’état de nuire a de quoi faire réfléchir. Pouvoirs de la Force et sabre laser sont inutiles si mal maniés.

Naturellement la finale est à la hauteur du spectacle. Une mise à mort en bonne et due forme pour montrer à ceux qui pourraient remettre l’autorité de la Reine en doute, un message qu’ils sont mieux d’assimiler rapidement. Le combat terminé, le Sith éliminé et « l’incident » réglé, Arcanis reprend sa place aux côtés de la reine sans rien dire. Seul un peu de cendre et quelques petites gouttes de sang pourraient indiquer à un observateur attentif qu’il s’est passé quelque chose. Au besoin, un de ses subordonnés pourra lui apporter un uniforme neuf. Enfin… Propre serait davantage le terme consacré. Elle aurait préféré ne pas avoir à faire une telle démonstration mais en même temps, ce qui sert Reine Mère ne la dérange en rien. Telle est sa fonction, après tout. Représenter les intérêts royaux en tant que protectrice de sa souveraine. Longue vie à la Reine.

« En espérant qu’il n’y aura pas d’autres interruptions. Bien que je déteste le protocole, un uniforme propre reste quand même le minimum pour avoir l’air présentable. Hum. Cela me rappelle la première fois que nous avons été à un événement mondain ensemble. Vous étiez princesse, à l’époque. Je me souviens que vous m’aviez accordé un danse, pour provoquer le reste de vos… Prétendants de la soirée dont une douzaine gisaient inconscients, gracieuseté de ma personne. »

Un mince sourire amusé se dessinent sur les lèvres de la Reine a l'image mentale. Elle comprend les priorités de sa garde du corps en chef, elle les approuvent même et ne prend guère ombrage au fait qu'elle exprime son désaccord. C'est un fonctionnement nécessaire dans une société ou un leader exercice finalement tous les pouvoirs : isolé, il pourrait prendre des mauvaises décisions s'il ne tient pas compte de tous les paramètres, c'est pour cette raison que ses conseillers doivent être capable de lui montrer les paramètres dont il ne tient pas compte. Et pour Ânkh, Arcanis est l'une de ses meilleures conseillères, elle prend garde a de nombreux domaines et connaît très bien celle qu'elle protège. Pourtant, cette dernière reste sur sa ligne : elle dispose d'un avantage considérable d'expérience en terme politique et sait qu'elle doit agir comme elle le fait : parce que le Consortium a besoin de génie, même si ceux-ci pourraient nourrir des ambitions néfaste. Une société d'automate soumis serait plus facile a contrôler, mais elle finirait par stagner dans la peur de déplaire a la souveraine et être dépassée par ses deux rivales… Si le Consortium avait maintenu son avantage technologique sur l'ensemble de ses rivaux, c'était parce qu'il avait toujours encourager le progrès par la concurrence et le risque, tel était la voie des Sith.

Mais, en même temps, Ânkh lui offrait une occasion en or pour se défouler. Lui laisser carte blanche, tout en imposant tout de même quelques restrictions, permettrait a sa première des gardes du corps de pouvoir exprimer sa frustration tout en faisant preuve d'un certain sens de la créativité comme elle savait si bien le faire. D'ailleurs, le Sith compris qu'il était tomber dans un piège mortel et tenta de s'en sortir en employant une rhétorique qui outragea une partie de l'assistance et fit ricaner la figure divine se trouvant sur son trône. Des Sith garde du corps ?!? C'était peut-être l'une des plaisanteries les plus amusante qu'elle avait entendu depuis des années. S'il y avait bien une fonction que les adeptes du Côté Obscur de la Force suivant le code Sith ne pouvait occuper d'aucune façon possible, c'était bien celle de garde du corps : la nature même d'un Sith étant de renforcer son pouvoir, il était impossible de lui faire confiance et d'obtenir de lui une loyauté totale. Toutefois, elle n'en fit guère le commentaire directement : il y avait déjà assez de commentaire de la noblesse outragée pour ajouter ceux moqueurs de la souveraine : laisser faire les ouailles étaient nécessaire pour un Monarque, une autre preuve de son pouvoir sur les autres.

Arcanis s'adapta a merveille aux conditions imposé par sa souveraine en choisissant de déployer une petite arène miniature grâce a un champ de force, permettant a chacun de pouvoir admirer le combat sans pour autant prendre le risque de se blesser ou de se salir. Dans certaines sociétés, ses combats étaient très populaire, même s'il s'agissait souvent d'organisation illégale, mais l'on avait rarement ce genre de spectacle sur Hapès, encore moins dans le palais royal. Änkh adopta une posture presque nonchalante, sa tête venant reposer sur son poing, alors que les convives eux semblaient soudainement fasciner par le spectacle. Le nom du vainqueur ne faisait aucun doute, ce Sith savait fanfaronner, mais était incapable d'assumer les conséquences de ses actes. Si Arcanis parvint finalement a l'énerver avec quelques répliques bien senti, il ne fut jamais capable de représenter un danger pour elle et fut rapidement neutralisé, pour le plaisir des uns, la frustration des autres, et le dégoûts des derniers… Mais personne ne fut indifférent a ce combat, qui capta l'attention de tous les convives. Le résultat fut a la hauteur des prévisions de la divine souveraine d'Hapès : rapide et expéditive, sa Voix parvint a défaire son adversaire sans aucune difficulté… Trop de Sith se reposaient sur leurs lauriers en comptant uniquement sur leur puissance dans la Force, mais les plus puissants savaient que seul l’entraînement et la discipline permettait d'atteindre les sommets de la hiérarchie des prédateurs.

« Voilà donc la question résolue... »

Ânkh se redressa croisant désormais ses mains sur ses genoux alors qu'elle avait croiser ses jambes afin de conserver une posture confortable tandis qu'Arcanis revint a côté d'elle et que le personnel venait nettoyer les déchets produits par l'incident. Sans les tâches sur l'uniforme de la commandante du Chumedoro, rien n'aurait put faire deviner ce qui venait de se passer a quelqu'un s'étant absenter un quart-d'heure, tant sa garde du corps reprenait naturellement sa posture droite et protectrice avec une perfection frisant le mécanique. Il était amusant de constater que parfois, Arcanis pouvait se montrer froide et mécanique là ou ISIS était capable d'imiter parfaitement les comportements humains, adoptant même des tics de comportements digne d'organique. Toutefois, lorsque sa fidèle garde du corps et amie repris la parole, ce fut pour évoquer un souvenir des plus amusants… Il était vrai qu'à l'époque, elle avait du fuir une petite armée de soupirants qui ne s'était pas découragé, même avec le rempart de la change-forme. Alors, autant pour s'en défaire que par défi envers certaines convenances, elle lui avait proposer de danser sur la piste afin de décourager les galants, aucun homme ne pouvant faire concurrence a une femme sur Hapès… Un très bon souvenir a ne pas en douter…

« Tu sait, on a toujours un orchestre a portée de main dans ce genre de soirée… Mais quel genre de danse voudrait-tu faire ? Rester classique, ou tous les épater avec une chorégraphie digne d'un concours de danse sportive assistée par la Force ? »

Un sourire presque enfantin venait de parcourir les lèvres de la reine. Cette dernière imaginait déjà les figures les plus complexe avec des portées a même d'effrayer plus d'une noble présente sur l'instant, les exploits suscitant toujours autant l'admiration que la crainte… Même après plusieurs siècles de règne, la reine avait toujours conserver une certaine âme d'enfant et s'amusait a confronter ses contemporains conservateurs en transgressant tous les codes et les interdits, après tout, si l'on ne pouvait pas faire ce que l'on désirait, a quoi servait donc le pouvoir absolu ? Restait a savoir si sa garde du corps était prête a l'accompagner dans une chorégraphie endiablé...

Malgré la froideur souvent intense d’Arcanis, cette dernière a toujours eu un faible pour sa protégée, une tiédeur qu’autrement on ne lui connait pas. Certains pensent que les ennemis politiques sont les plus dangereux qui puissent menacer une souveraine mais parfois, au contraire, de jeunes adultes dont les hormones sont bien trop présentes peuvent être encore pire. Elle se souvient parfaitement de cette soirée riche en émotions où elle a dû repousser avec violence un certain nombre de soupirants trop entreprenants. On ne tue pas la noblesse pour ce genre d’écart, avait dit la princesse, malgré la demande de plus en plus insistante de sa garde du corps, excédée par les tentatives infructueuses mais toujours croissante de ces jeunes gens. Mais comme dans toute chose, Arcanis obéit à la lettre. On ne tue pas, avait dit la princesse. Point de confusion ici.

Cependant, jamais elle n’avait dit qu’il lui était interdit d’envoyer à l’hôpital ceux qui étaient plus proche de la bête que de l’être civilisé. On sous-estime à tort l’application martiale des objets du quotidien et le plateau de service qu’elle avait ramassé pour tabasser « l’opposition » s’était avéré tout aussi efficace qu’un bon vieux bouclier, celui qui se porte au bras en tandem avec une épée. Oh certes, plusieurs familles de la noblesse avaient été mortifiées et outrées par la réponse brutale et expéditive d’Arcanis et plusieurs maisons avaient pétitionné pour qu’elle soit lourdement châtiée, certains parlant de la faire exiler ou de l’exécuter mais l’enquête de sa prédécesseur à la tête du Chume’doro avait prouvé hors de tout doute qu’en fait, Arcanis avait accompli son devoir de façon exemplaire. Comme d’habitude, avait dit la reine de l’époque non sans l’ombre d’un sourire.

La soirée avait été révélatrice à bien des niveaux. Parmi les péripéties de la soirée, la garde du corps s’était retrouvée en duel avec un trio d’impertinents bien décidé à se disputer la princesse. à l’épée, l’arme blanche antique, rien de sophistiqué comme une vibrolame ou un sabre laser. Blessée au biceps, Arcanis avait refusé obstinément d’abandonner le côté de la princesse, refusant toute aide médicale et tenant à distance quiconque prétendait simplement vouloir faire le bon samaritain, droïde médical inclus. Finalement, c’est sa protégée qui lui avait fait un bandage avec un morceau de nappe, la seule personne en dehors de la reine capable de lui faire entendre raison. Naturellement, pensant à tort que l’opposition était affaiblie par sa blessure, les plus entreprenants des soupirants étaient revenus à la charge… Avec le résultat plus que désastreux qu’on pouvait deviner.

Et blessure ou non, un poing reste un poing et il fonctionne admirablement bien pour assommer quelqu’un. Cette soirée, elle n’était pas prête de l’oublier, ça non. Arcanis avait toujours été ainsi. Un rempart, un monument immuable dont l’objectif resterait la défense de sa protectrice. On pourrait facilement l’accuser de manquer de vision, d’ambition mais elle était parfaitement satisfaite de son rôle et jamais elle ne s’en plaignait. La princesse, aujourd’hui devenue reine, avait bien compris la force de la loyauté d’Arcanis et certains postulaient même qu’il était impossible de la tuer tant qu’elle avait la confiance et les bonnes grâces de sa protégée tant sa loyauté était forte. Une théorie intéressante qu’elle n’était vraiment pas sur le point de tester. Et en même temps, parfois, la protégée devenait la protectrice. Car le pire ennemi d’Arcanis… C’était elle-même. Indubitablement.

Se jugeant toujours durement, éternellement insatisfaite de ses performances, elle se remettait constamment en question de façon aussi impitoyable qu’elle éliminait les ennemis du Consortium. Certains y verraient là une volonté masochiste mais il y avait bien une chose qu’Arcanis savait. Quand on se sent trop à son aise, trop en confiance, c’est là que les erreurs les plus fatales finissent par se déclarer. La décision de la princesse héritière de demander une danse à sa protectrice n’avait pas été seulement faite pour décourager ses soupirants. Il y avait quelque chose de bien plus subtil et de personnel dans le geste. Une façon de garder Arcanis sous contrôle avant qu’elle n’en vienne à des mesures plus drastiques (Je ne l’ai pas tué, altesse, mes ordres sont respectés. En revanche, il ne pourra plus jamais marcher, par exemple.) et d’exprimer sa gratitude pour sa loyauté sans faille.

Nombreux étaient ceux à s’interroger sur la relation entre la protégée et la protectrice et en de nombreuses fois, le sujet avait été plus ou moins discutée entre les deux. Quoi qu’il en soit, ce soir-là fut la première fois que la princesse réussissait à prendre par surprise, à déstabiliser Arcanis. Après la danse, prétextant un accès de fatigue soudain, la princesse avait amené sa garde du corps dans un minuscule jardin isolé, pratiquement oublié. Et sous les rayons d’un astre se faisant nocturne, les lèvres de la future reine avaient rencontrées celles de celle qui deviendrait le major des forces en charge de sa protection exclusive. Un souvenir que chérissait tout particulièrement Arcanis. Naturellement, jamais elle ne le dirait à moins que la reine ne le lui demande. Un doux retour à une époque tellement plus simple. Enfin. Le passé se doit de rester au passé pour mieux aller de l’avant. Toujours.

La proposition de la souveraine, de répéter le coup de la danse, arracha un sourire à Arcanis. Un sourire que personne ne pouvait voir sauf sa protégée, par ce lien spécial qu’elles partageaient. Rares étaient les situations capables de faire sourire celle qui n’était Hapienne que de forme. Pourquoi pas. Ce serait un moyen de montrer à tous cette vermine, ces charognards, ces parasites et ces vipères qu’elle était parfaitement capable de faire preuve d’étiquette pour ces affreuses occasions mondaines et qu’elle avait ce qu’il fallait pour être à la hauteur de n’importe quelle demande de la Reine Mère. Si danse il y avait, ce ne serait certainement pas quelque chose de classique. Ce serait quelque chose de haut vol. Qui resterait dans les mémoires pendant longtemps. Le seul détail à considérer, par contre, c’est qu’en théorie Arcanis ne maitrise pas la Force. Au sein du Chume’doro, c’est su.

Mais le reste du Consortium ne le sait pas et ses ennemis non plus. Arcanis dispose de tout ce qu’il faut pour dissimuler qu’elle maitrise la Force et bien que certains s’étonneraient qu’elle choisisse de se donner un handicap, c’est davantage une affaire de versatilité. Un avantage conservé le plus longtemps possible et utilisé de façon précise, minutieuse et chirurgicale est considérablement plus utile que d’en faire un usage au quotidien. En fait, elle utilise la Force au quotidien, ne serait-ce que pour maintenir son lien à la Reine. Mais elle sait le faire avec subtilité et avec tout le secret que cela requiert. Oui, elle accepte cette idée de danse à en mettre plein la vue. Mais elle rendra la chose spectaculaire par son propre mérite. Pas grâce à la Force. De toute façon, la reine en a plus qu’assez pour elles deux. Mais dans un uniforme taché… Cela enlèverait à la prestation… Assurément.

« Nous leur en mettrons plein la vue, votre éternelle majesté. Une demande par contre. Me laisser le temps de changer d’uniforme. Naturellement, je ne peux pas vous laisser seule. Permettez-moi donc l’audace de vous demander de m’accompagner. Et je vous laisse la charge de rendre les choses impressionnantes grâce à la Force pour des raisons évidentes de sécurité d’état. Vous en conviendrez comme moi, j’espère. »

Arcanis est pragmatique. Elle doit veiller sur la Reine Mère mais elle doit aussi se changer. Que sa souveraine la voit sans vêtements ne l’indispose en rien. Un corps, surtout pour une changeuse de formes, est uniquement un emballage pour attirer le regard. Et puis du reste, cela donnera lieu, encore une fois, à de croustillantes rumeurs qui ne vont que rebrasser encore les cartes dans les intrigues de la Cour. Un jeu auquel le Major participe souvent, la majeure partie du temps en tant que complice de sa protégée. Dans la théorie, ce qu’elle dit pourrait être contesté. Une garde plus importante d’agents et de commandos du Chume’doro seraient amplement suffisants pour palier à son absence. Ceci dit, c’est dans ce genre de moments qu’Arcanis donne un privilège unique à sa protégée : celui de la sculpter pour un usage spécifique. Pouvoir changer de physique apporte d’énormes avantages quand vient le temps d’épater la galerie…

« Certes, nous allons sacrifier a la sécurité de l'état une partie du spectacle… Dommage, mais je suis assez puissante pour rendre cela impressionnant tout de même. Je ne suis pas dans une tenue adaptée pour une danse de toute façon, allons donc nous changer ensemble dans ce cas. »

Darth Ânkh, la souveraine qui avait revisiter elle-même le protocole, imposer des nouvelles règles, fait évoluer de nombreuses fois la mode et l'art, se montrait toujours ennuyer lorsqu'elle ne pouvait pousser un concept jusqu'au bout. Ironiquement, alors qu'elle fut une grande souveraine du « hard power » et qu'elle n'abandonna jamais les principes de la sécurité de l'état, il restait qu'au fond d'elle-même, elle enverrais parfois bien tout balader juste pour le plaisir de faire ce qui lui plaisait. Le dogme Sith affirmait que le pouvoir briser les chaînes, mais il en construisait aussi des nouvelles ennuyeuses, comme celle empêchant Arcanis de pouvoir exploiter son plein potentiel. Cela l'ennuyait, c'était indéniable, mais elle savait qu'il ne serait pas raisonnable d'abandonner son secret pour un caprice personnel. Les nobles étaient certes important et il était nécessaire de les impressionner, mais ils ne méritaient pas a eux seuls le sacrifice du secret d'Arcanis, cela, c'était tout simplement hors de question. Alors soit, son spectacle serait un peu moins impressionnant, mais elle avait déjà quelques idées pour leurs en mettre plein la vue et s'assurer que personne n'oublierait cette soirée, même pas elle ou Arcanis elle-même. Elle se pencha vers l'un de ses domestiques, donna quelques instruction, l'homme affable hocha la tête, puis elle débuta sa mise en scène.

Se levant, elle tendit la main a sa garde du corps, une invitation a la suivre dans les couloirs du palais des plus démonstratives et de ce fait, impossible a manquer. Face aux interrogations des autres convives, le domestique annonça que la souveraine s’abstenait pour quelques instants, mais qu'elle serait rapidement de retour. Dès qu'Arcanis eue saisit sa main, elle l’entraîna derrière elle d'une démarche gracieuse, quittant la pièce la tête haute alors que toutes les personnes sur son chemin s'écartait en s'inclinant depuis la puissance de leur divinité absolue. Darth Ânkh connaissait par cœur les couloirs de son palais, étant donner qu'elle avait superviser plusieurs rénovations et changement de style de celui-ci. Elle fit des détours, car elle ne menait pas sa garde du corps jusqu'à ses appartements ou elle aurait put changer d'uniforme, mais vers ses propres appartements personnels, ou elle pouvait ainsi se changer elle-même tout en proposant a sa garde du corps quelques éléments de son imposante garde robe. Elle était convaincue qu'Arcanis n'apprécierait pas son idée, mais cette fois, elle devrait céder a son caprice, parce que sinon, la danse ne serait pas assez impressionnante a son goût. Déjà qu'elle abandonnait une partie de son spectaculaire… Hors de question de renoncer a celle-ci.

Une fois dans son immense salle réservé a sa garde robe toutefois, la souveraine se retourna vers sa Voix et l'observa, son uniforme moulant tâcher de sang… Cette vision la fit sourire, et elle la trouva ironiquement particulièrement érotique… Comme il était rare qu'elles disposent de quelques instants rien que pour elle deux, elle décida d'en profiter et par surprise, plaqua le corps d'Arcanis contre le mur et vint l'embrasser avec une fougue rare, même chez elle. Depuis des années, elle avait envie d'elle, mais l'absence de réciproque l'avait simplement pousser a repousser sans cesse le mouvement sans savoir si elle obtiendrait un jour ce qu'elle voulait. Ce ne serait pas pour tout de suite non plus, mais si elle pouvait savourer un baiser… Ses mains s'étaient dangereusement aventurer sur le corps de celle qui était charger de garder le sien d'ailleurs, commençant a la débarrasser de son uniforme moulant, pourtant, au bout d'un moment, elle abandonna le baiser, a regret, pour prendre du recul et l'admirer en affichant un sourire des plus amusée. Croisant les bras sous sa poitrine, elle pris la parole afin d'enfin exprimer son idée, en sachant qu'elle allait sans doute la mettre en colère.

« La danse répond a un protocole très particulier, si je doit conduire l'échange a cause de ton secret, il nous faut inverser nos codes vestimentaire… Depuis des siècles, j'accumule cette immense garde robe dont nombre de modèle n'ont servit qu'à une seule occasion. Choisit une belle robe, qui mettra en valeur ta silhouette et fera rougir toutes nos Matriarches, pendant que j'enfile l'un de mes uniformes de parades. Nous allons leurs offrir un spectacle qu'ils n'oublierons jamais ! »

Sachant très bien qu'Arcanis protesterait sans doute en affirmant qu'une robe risquait d'altérer sa liberté de mouvement et la rendre moins efficace, Ânkh avait volontairement choisit une formulation qui ne laissait aucune place a la contestation, elle exprimait son souhait et attendait que celui-ci soit accompli. Elle faisait rarement ceci, mais elle voulait montrer de cette façon qu'elle ne reculerait pas sur ce point, qu'importe ce qu'Arcanis avancerait comme argument de type « sécurité ». Cette fois, il s'agissait de pouvoir s'amuser en joignant l'utile, et elle restait une souveraine au pouvoir absolu, la Dame Noire des Sith… Rien ni personne ne pouvait l'atteindre, encore moins avec Arcanis, même dans une robe sophistiquée et hors de prix. Abandonnant ses propres vêtements, guère déranger par sa propre nudité, Darth Änkh se tourna vers ses uniformes de parades, en observant plusieurs afin de choisir celui qui serait le plus adapté. Elle aurait une allure plus noble, plus martiale, même si ses formes généreuses ne sauraient être lissée par le port d'un uniforme. Mais a vrai dire, elle était davantage intéresser par le fait de découvrir la robe que sa garde du corps choisirait pour la danse et le reste de la soirée...

Elle avait suivi car tel était son rôle. Obéir aux ordres et utiliser toute latitude qu’elle avait pour mieux accomplir son devoir. Certains pourraient dire que ce n’est pas une vie, de toujours être sur aux aguets pour protéger quelqu’un mais il ne fallait pas oublier que la changeforme pluri centenaire avait elle-même choisit cette vie. Personne ne l’avait forcé et aussi puissante puisse être la souveraine éternelle, elle n’aurait pas été en mesure de la forcer si elle n’avait pas voulu de ce rôle, de cet avenir. Et même si elle était une subordonnée dévouée et obéissante, ni une ni l’autre n’oubliait que derrière cette loyauté se cachait un esprit malgré tout libre qui avait défié plus d’une fois la volonté royale. Le lien du sang. Ces nuits de passion interrompues par une mire laser, sur la poitrine de la conquête du moment de la souveraine éternelle… Ah oui.

Arcanis avait décidé de suivre celle qui commandait au Consortium Éternel car elle demeurait convaincue que cette dernière pouvait amener une cassure nette avec ce cycle sans fin de ténèbres et de lumières, de bien et de mal, de conflit entre deux géants sans jamais en vérité qu’il n’en émerge un vainqueur. Trois factions distinctes, voilà qui avait de quoi réécrire l’histoire galactique de plus d’une façon. Et Arcanis comptait bien assister à l’écriture du nouveau chapitre, y ajoutant ses notes en bas de page. Pourquoi la souveraine éternelle acceptait-elle cette étrange contraste entre loyauté sans faille et indépendance obstinée… Nombreux était ceux qui acceptaient simplement de succomber à Darth Ankh, son charisme, son charme ou son pouvoir mais pas Arcanis. Elle était on ne peut plus loyale mais malgré toutes les tentatives de la souveraine pour… Bien…

La faire craquer, faute de meilleur terme, Arcanis restait résolument stoïque, refusant de céder. Se refusant de céder, en fait. Non pas qu’elle était absolument insensible aux tentatives de plus en plus osées et risquées de sa protégée. Non, elle avait un intérêt autre que professionnel pour la princesse devenue reine. Céder aurait été trop facile. Autant d’une part, son sens du devoir l’empêchait de faire ce petit pas de plus vers l’abime, autant une autre part d’elle prenait un plaisir vicieux à priver celle qui pouvait tout avoir de son prix, d’une autre part, il avait une pointe de crainte, la peur de décevoir et bien sûr… Quelque chose d’infiniment plus égoïste. Chose certaine, le baiser ne la laissa pas indifférente, prise par surprise par la fougue inhabituelle de la souveraine. Cette fougue en particulier, précisons-le. Tentation, tentation, ô fruit dangereux et défendu…

La reine dû s’en rendre compte et profita de la brèche dans l’armure comme seule la prédatrice qu’elle était savait le faire. Elle n’en attendait pas moins. Ceci dit, on ne pouvait pas dire que la réaction d’Arcanis aux paroles de la reine éternelle n’étaient pas à la hauteur des attentes de cette dernière. Une robe? Elle? Mais… La perte de mobilité, la réduction de son efficacité, c’eut été profondément peu sage de… Et elle comprit de suite le piège dans lequel elle était tombée en mettant une fois de plus la raison d’état avant toute chose. Darth Ankh aimait faire dans le grandiose, dans l’inoubliable. L’on avait qu’à regarder les forteresses stellaires du Consortium Éternel pour s’en rendre compte. Arcanis, comme d’habitude, avait mis la raison et le pragmatisme en négligeant une fois de plus les envies et les caprices de sa protégée. Pour Darth Ankh, c’était pour dire…

Prévisible. Elle connaissait sa protectrice depuis de nombreuses années, après tout. Savait comment elle pensait, comment elle mettrait de côté toute émotion ou envie personnelle pour accomplir son devoir. Et Arcanis était peut-être résolument hostile au protocole, préférant les résultats aux courbettes mais pour en avoir exécuté plus d’un pour avoir déplu à la reine, elle savait qu’on ne la décevait pas deux fois de suite, même si c’était pour la plus insignifiante des broutilles. Elle avait fait valoir son point vis-à-vis d’un atout stratégique à long terme : une légère perte de mobilité serait vu comme une remise en question de son efficacité globale si c’était un prétexte pour ne pas se plier à la volonté royale. Ainsi, ce qu’elle allait dire ne quitta jamais sa gorge. Hors de question de concéder quelque défaite que ce soit, de mettre le genou à terre, de capituler.

« Bien joué, majesté, bien joué. Utiliser mon sens du devoir contre moi. Déplaire à la Reine Éternelle deux fois de suite… Même son plus loyal et fidèle élément ne saurait y survivre, n’est-ce pas? Soit. Je porterai une robe sans fournir les objections que vous attendiez assurément de ma part. Touché, ma protégée. Touché. Je reconnais bien là la jeune prodige que j’ai jadis formé quand elle était une princesse. »

Naturellement, pareil raisonnement n’était pas typique d’Arcanis qui autrement était d’une rare rigidité quand il s’agissait de sécurité d’état. Pendant que la souveraine se changeait de son côté, elle décida de faire de même du sien. Oh elle se conformerait à la lettre aux ordres qu’on lui avait donnés. Elle porterait une robe. Qu’on ne s’inquiète pas. Mais elle le ferait à sa façon. Deux pouvaient jouer à ce petit jeu. Nulle part la reine mère n’avait dit qu’elle ne pouvait pas faire d’altération à ce qu’elle porterait. Le protocole dirait sans l’ombre d’un doute que c’était un manque épouvantable à l’étiquette. Cependant, on ne comptait plus le nombre de fois où Arcanis en avait fait fi. Cette ravissante robe noire moulante à décolleté plongeant devint, après avoir rencontré la lame d’Arcanis, une ravissante robe noire moulante à décolleté plongeant fendue.

Plus de problème de mobilité, donc, et c’était sa solution à la condition imposée par sa protégée. Pour une rare fois, elle s’autorisa un sourire en coin que peu pouvaient se vanter d’avoir vu. Sa façon de savourer une victoire. À ce petit jeu, Darth Ankh était une championne mais c’était sans compter sur les coups de génie de sa protectrice. Et puis bon, quand on est changeforme, on peut porter n’importe quoi et toujours faire en sorte que cela vous aille à ravir. Et si l’ex princesse avait voulu jouer la carte de la provocation… Pourquoi, exceptionnellement, ne pas user des mêmes armes pour sa riposte? Autour de la reine mère de se retrouvée plaquée contre le mur, à la « merci » d’Arcanis. Plutôt que d’y aller avec un baiser, elle décida d’utiliser son arme la plus redoutable. Son don d’observation pour trouver les faiblesses des gens. Redoutable.

Elle savait où y aller d’une douce caresse pour faire frissonner la souveraine, comment titiller, exciter, émoustiller, tout en restant chaste dans ses gestes. Juste assez pour donner envie, loin d’être suffisant pour satisfaire. Après tout, en tant que Major du Chume’doro, la torture faisait partie de son arsenal. C’était sa façon de se « rebeller » contre l’autorité royale. Rendre coup pour coup quand sa protégée se montrait déraisonnable. Mais en même temps, froide logique contre dogmes hapiens ET siths… Ce n’était pas comme si c’était un combat loyal pour commencer. Néanmoins, Arcanis avait toujours été pleine de ressources et cette partie d’elle qui cherchait à faire craquer sa protégée semblait pour le moment mener la danse. Après tout, les pratiquants du côté obscur ne sont-ils pas endoctrinés à n’accepter aucun refus, aucune opposition? Se mettre entre la reine éternelle et ses envies…

« Vous remarquerez, ô ma protégée, que je me suis conformée en tout point à vos directives. Je porte une robe. L’on ne pourra pas m’accuser de ne pas me plier à la volonté royale. Rien, cependant, ne m’empêchait d’apporter ma touche personnelle, dans les ordres qui me furent donnés. Maintenant, ô souveraine du Consortium, y aurait-il quelque chose d’autre que votre humble changeforme puisse faire pour vous être plus agréable? »

Un léger sourire en coin se dessina sur les lèvres d'Ânkh alors qu'elle était penchée sur ses nombreux uniformes de parade. Elle venait de marquer un point, même si elle savait bien qu'Arcanis saurait faire preuve de ressource, elle ne prononça pas les mots que la souveraine ne voulait pas entendre. Personne ne gâcherait sa mise en scène, ni même le plaisir de pouvoir danser de manière spectaculaire. Lorsque vous vivez aussi longtemps, vous devez être capable de savoir jouir des plaisirs simples de la vie, sinon cette dernière devient ennuyeuse et monotone, mais heureusement, jusqu'ici, la souveraine du Consortium avait toujours été capable de trouver de quoi renouveler ses plaisirs et croquer la vie a pleine dent. Ses adversaires ne pouvaient pas compter sur le fait qu'elle se lasse de vivre, elle était très forte pour savourer a chaque instant le fait de vivre et de jouir des milles et un plaisirs que pouvait lui offrir la société Hapienne. Ceci dit, au-delà du jeu de séduction avec la première de ses protectrices, Änkh devait tout de même choisir une grande tenue pour être a la hauteur de son aura divine et autant dire que vu le nombre d'uniforme de parade dont elle disposait, la tâche était titanesque !

Son regard se posa toutefois sur un uniforme blanc décoré de liseré dorée, avec un col et des bordures sur les manches des plus tapageur. Il fut brodé il y a plus de trois cent ans dans l'espoir de pouvoir célébrer une victoire rapide sur l'Alliance Galactique et de ce fait, au vu de l'évolution de la situation militaire, la Reine ne l'avait jamais porter… Mais elle l'avait conserver car elle ne se sépare jamais d'une de ses tenues. D'un geste, elle attira l'ensemble avec la Force et sépara la casquette du reste : cette dernière ne pourrait rester sur sa tête pour ce qu'elle prévoyait de toute façon. Préférant se servir de sa fidèle alliées plutôt que de faire trop de mouvement, elle fit glisser les vêtements sur son corps afin de pouvoir se vêtir, se contentant de lever lascivement les jambes et les bras afin de pouvoir enfiler son uniforme, une façon également de provoquer Arcanis qui l'avait toujours a l’œil quelque soit la situation. Toutefois, elle n'allait pas obtenir tout a fait le résultat qu'elle escomptait, même si dans le fond, elle ne s'attendait pas, après des années de résistance, a voir la change-forme baisser sa garde aussi facilement.

Bientôt, la reine se retrouva a son tour plaquée contre le mur alors qu'elle venait a peine d'ajuster les boutons de la manche de la vareuse de son uniforme, sa garde du corps laissant ses mains se balader d'une façon trop chaste a son goût sur son corps. Toutefois, l'attention de la souveraine fut avant tout retenue par la robe qu'avait choisit sa garde du corps. Pour une fois, il s'agissait sans doute d'un détail qu'elle ignorait, mais cette robe fut taillé et conçu a l'occasion d'un enterrement officiel avant même le déclenchement du conflit actuel. Comme toutes ses tenues, Ânkh l'avait conservée, mais la voir porter ainsi, la jupe fendue afin de ne pas sacrifier sa sacro-sainte mobilité, laissa une expression a mi-chemin entre la tristesse et le profond amusement. Lunatique, la souveraine éternelle était parfois changeante et il était certain qu'une partie de l'esprit de la souveraine ayant porter cette robe était chagriné de la voir ainsi couper pour satisfaire de vulgaire question de sécurité, une autre partie de l'esprit de la souveraine trouvait particulièrement amusant d'avoir choisit une robe de deuil pour faire quelque chose qu'elle n'appréciait sans doute guère, se donner en spectacle devant la noblesse Hapienne… Restait toutefois que la robe lui allait très bien et mettait en valeur sa plastique parfaite.

« Il reste amusant que de toute les robes présente dans cette salle, tu ai choisit l'une de celle taillée a l'origine pour une cérémonie funéraire… Mais je dois admettre qu'elle te va a ravir. Maintenant, il ne te reste plus qu'à me suivre dans un pas cadencée jusqu'à la salle de réception afin que nous puissions rejoindre la piste de danse. »

D'un geste élégant, elle l'invite donc a desserrer son étreinte afin de pouvoir reprendre sa main et la conduire dans le sens inverse vers la piste de danse. Même dans un uniforme, dont la fonction même est d'unir des milliers d'individus afin de les transformer une seule entité cohérente, Ânkh restait unique par les formes de son corps que la tenue ne pouvait qu'épouser sans réellement les effacer, mais aussi une allure noble qui la faisait sortir naturellement du lot. Sa longue chevelure noire n'était guère coiffée pour être retenue en chignon, comme le ferait de nombreuses femmes soldats, mais au contraire détaché afin de pouvoir se déplacer librement, offrant a sa silhouette un effet supplémentaire qui donnait incontestablement plus de charisme a la souveraine. Si l'on ajoutait son aura naturelle de puissance et sa majesté dans la maîtrise parfaite de ses gestes, elle ne pouvait que briller de mille feu et se faire remarquer de tout ceux qui se retournait sur elle, même dans une tenue couvrant de manière étonnante son corps, elle qui était d'habitude davantage habituer a dévoiler la plupart de son anatomie, se sentait bien plus a l'aise dans la nudité que dans les habits. Le goût de la provocation, la rupture des codes de la société, mais aussi la mise en scène de sa chorégraphie, l'avait pousser a abandonner les sentiers battu, pour le plaisir du jeu et de se rendre encore plus illisible.

Lorsque le chambellan de la soirée annonça finalement son retour, tout le monde se retourna sur le couple et fut surpris de découvrir une inversion claire des rôles, Ânkh dans son uniforme blanc d'apparat, ses grande bottes noires montant jusqu'à ses genou contrastant avec une Arcanis en robe noire fendu. Certaines personnalités reconnurent la robe de la Reine, celle doté d'une solide connaissance en histoire et déplorèrent le manque de respect de la garde du corps pour l'histoire même de la royauté, mais a voix basse seulement… La salle se partagea entre l'amusement, l'admiration, la surprise et au contraire, la désapprobation, mais qui pouvait s'opposer, même au nom des convenances, a la volonté de la Reine et de sa Voix ? Personne, ce qui fut symboliser par le fait que tout le monde s'écarta afin de laisser la souveraine danser. Cette dernière s'installa au centre, adoptant une posture d'invitation pour sa garde du corps, une manière de signaler a l'orchestre qu'il était temps de lancer la musique et cette démarra, forcément grandiose, évoquant la grandeur et le faste, sa puissance représentait le raffinement de la civilisation Hapienne dominant toute les autres par son rayonnement absolu, et donc celui de sa divinité.

Attirant Arcanis a elle, Ânkh fit preuve d'une grande maîtrise de la danse, conduisant l'échange d'un geste gracieux et assuré. S'aidant de la Force, elle réalisa plusieurs portée ambitieux amplifié par la maîtrise de l'énergie mystique de l'univers, permettant ainsi de réaliser des figures plus singulière, voir même de danser sans poser le pied au sol pendant plusieurs secondes. Les deux corps virevolter dans une danse gracieuse qui incarnait autant la grandeur que la sensualité, deux valeurs indissociable de l'esprit Hapien. La Reine dansait de la même manière qu'elle combattait, sans oublier d'entretenir son style, d'être divine, imprévisible et gracieuse, ce qui rendait l'ensemble fatiguant, mais admirable. Il fallait dire qu'elle avait de l'énergie a revendre et ne craignait donc pas de se fatiguer et connaissant l’entraînement draconien de sa première garde du corps, ne craignait pas non plus de voir cette dernière se fatiguer...

Arcanis avait appris depuis longtemps que tout peut être convertit à une pensée toute militaire. La danse, comme n’importe quoi d’autre, obéissait à des règles. Des codes. En appliquant cette logique à ce qu’elle faisait, elle pourrait s’imprégner de son objectif coutumier : offrir la victoire à sa souveraine. Comment peut-on arriver à un tel résultat quand il n’y a, techniquement, aucun ennemi à abattre ou à déjouer? Il suffit de s’en créer un, tout simplement. La mission était simple : en mettre plein la vue. L’obstacle : l’opinion des autres. On pourrait déplorer le fait de tout ramener à une pensée aussi… Simple, en un sens mais jamais l’efficacité de la première protectrice de la reine n’avait souffert de cette vision manichéenne. Elle n’avait pas pu choisir ses armes ou son équipement mais… Nombreuses avaient été les opérations où elle avait dû improviser.

L’historique de la robe qu’elle était forcée de porter la laissait complètement de marbre. Pour elle, un vêtement est un objet comme un autre. Dans ses longues années de vie, Arcanis n’avait jamais vraiment conservé de souvenirs. À force d’incarner des personnages différents, chaque fois qu’elle changeait de « rôle », elle abandonnait son ancienne vie derrière elle. Les souvenirs, elle les avait dans sa tête. Elle n’avait pas besoin d’une babiole pour se le remémorer. Cette absence d’empathie dans ce que la reine lui confia et dans la réaction de la noblesse était typique du Major du Chume’doro. Toujours tout refouler, toujours garder ses défenses relevées, ne jamais rien laisser filtrer. Peut-être aurait-elle dû avoir une pointe de culpabilité. Cependant, son esprit pragmatique lui soufflait qu’elle avait simplement obéit aux ordres. Comme il était attendu d’elle, en somme. Pour la reine.

Mais manquer d’empathie sur cette question ne veut pas dire ne pas en avoir. Férocement loyale à sa souveraine, Arcanis s’était toujours infligée les pires tourments pour être ce qu’elle devait être. Une épée, un bouclier, une armure s’il le fallait. Cela ne voulait pas dire qu’elle ne souffrait pas de voir sa protégée dans les bras de tant d’autres mais jamais dans les siens. Et puisqu’il fallait danser, puisqu’il fallait en mettre plein la vue… Elle comptait bien déchainer ce qu’elle gardait en elle depuis tout ce temps pour donner encore plus à cette performance. Finalement, l’historique de cette robe allait, ironiquement, merveilleusement bien avec la démonstration qu’elle comptait faire. La mort d’un espoir longuement entretenu pour se donner corps et â à un seul but et un seul objectif. Assurément, cela allait prendre tout le monde par surprise… Y compris sa protégée qui, à moins d’être soudainement frappée de débilité et de devenir aveugle, bien…

Ne pourrait faire autrement que de comprendre le message. Et elle serait bien la seule d’ailleurs. Un message caché dont une seule personne avait la clé. N’était-ce pas là parfaitement typique d’Arcanis? Plus qu’on pourrait le penser. Et si elle ne pouvait utiliser la Force, trop facile à être détectée en ces lieux, elle pouvait utiliser ses capacités naturelles de changeforme pour obtenir des résultats. Cette robe, par exemple. Elle épousait ses formes à merveille et malgré sa plastique bien à elle, elle n’avait pas la « perfection » de la reine et pourtant… Changer sa structure musculaire, subtilement, pour pouvoir faire de meilleures acrobaties n’était pas tricher à proprement parler, après tout. Dans sa tête, elle est en mission. Dans son corps, les gestes se font comme si elle les avait faits toute sa vie. Pourtant, Arcanis n’est clairement pas connue pour les arts et la danse. Loin de là.

L’émotion, prétend-on, est nécessaire pour tout ce qui est art. C’est pour cette raison que les machines en sont incapables car elles n’ont pas la sensibilité nécessaire pour ce faire. Arcanis n’est pas une machine et dans son esprit, tous ces moments où elle aurait voulu dire ou faire quelque chose, répondre aux avances de sa protégée… De la douleur, des regrets, de la souffrance, de la colère et de la peine… Mais en même temps cette volonté inflexible, ce dévouement extrême et ce courage qui jamais ne faiblissait… Oui, cette robe qui avait servi jadis à un enterrement était sans conteste le meilleur choix inconscient qu’elle aurait pu faire. Et de loin d’ailleurs. Elle cache le tout dans la Force, oui. Mais pas dans leur lien. Arcanis ne croit pas au destin, bien entendu. Ni à la chance. Malheur à quiconque au sein du Chume’doro qui oserait se fier à ces notions en sa présence.

Mais c’est quand même une opportunité intéressante. La dernière fois, la protégée était princesse et la situation radicalement différente. Mais maintenant, la princesse était devenue reine, au sommet de la chaine alimentaire, l’apogée trônant au sommet du Consortium Éternel. Alors oui, elle pouvait se permettre cette… Expression artistique. Plusieurs pourraient considérer la chose comme une démonstration de faiblesse. Ceux-là ne connaissent pas la relation toute particulière entre Darth ankh et Arcanis. Ce serait probablement la seule occasion qu’elle aurait avant au moins une décennie. Elle ne comptait pas la manquer. Quel spectacle, en tout cas. De cela il n’y avait pas le moindre doute. Elle se donnait à fond dans cette mission qu’on lui avait confiée, même si ce n’était pas réellement une mission. Ainsi était la première protectrice de la Reine Éternelle.

Les secondes devinrent des minutes mais jamais le Major du Chume’doro ne montra le moindre signe de faiblesse ou d’essoufflement. Cette détermination inflexible demeurait constamment en elle et elle préférait et de loin mourir que d’embarrasser sa souveraine. La danse prendrait fin quand Darth Ankh en déciderait. Pas avant. Et donc, elle continuait de danser, de pirouetter, de virevolter, plus souvent qu’autrement dû à ses propres prouesses physiques qu’aux talents dans la Force de sa protégée. Jamais elle ne voudrait être un poids et elle devait prouver à tous qu’elle ne devait son succès qu’à elle-même et non pas à une démonstration de favoritisme. Oui, malgré des années et des années de loyaux services, c’était encore une pensée répandue. Et même pendant la danse, certains, opportunistes, sont assez fous pour tenter un assassinat. Une énième tentative vouée à l’échec.

Ce sera donc l’occasion d’envoyer un autre message. Du coin de l’œil, elle repère l’assassin. Naturellement, ses agents aussi l’ont détecté. Le Chume’doro veille au grain. Mais elle leur ordonne par comlink de ne rien faire un ordre qui n’est pas plus qu’un murmure et après une acrobatie particulièrement osée qui dû laisser voir ce qu’elle portait sous la robe (d’où le pourquoi son uniforme lui manquait), elle projeta vers l’assassin une sorte de petit disque dentelé sortit d’on ne sait ou qui manqua malgré tout de décapiter entièrement sa victime. Le message était on ne peut plus clair. Même en robe et en dansant, jamais on ne pourrait attenter avec succès à la Reine Éternelle sous sa supervision. Elle reprit ensuite la danse dans un mouvement fluide qui laissa l’assistance sans voix. L’objectif de base restait le même : en mettre plein la vue, non? Bien sûr que si.

« Que sa majesté excuse ce léger intermède mais la raison d’état passe avant le spectacle. Préférablement j’essaie de suivre vos ordres à la lettre, de concilier le plus possible. Le message sera clair. Même mort, nous trouverons un moyen de découvrir le commanditaire. Hum. Peut-être qu’ultimement, dans un pourcentage marginal, les occasions mondaines ne sont pas aussi désespérément futiles que je ne le pensais… »

L'ensemble était tout simplement un chef d’œuvre. La société Hapienne exigeait la perfection en toute chose, lorsque vous vous lanciez dans une entreprise, il fallait être capable de l'accomplir jusqu’au bout et sans aucune fausse note, peu importe ce que vous entreprenez. Pour la Reine, c'était d'autant plus important qu'étant au sommet de la chaîne alimentaire des Sith et a la tête de la culture rayonnante du Consortium, elle ne manquait pas de rivaux convoitant sa place. Toutefois, cette danse prouvait a quel point Darth Ânkh restait sans cesse la maîtresse de tout ce qu'elle entreprenait. Certes, cette perfection n'était qu'une image savamment entretenu par la culture, la religion et la propagande. Il fallait également y ajouter l'exceptionnel inspiration politique de la souveraine qui savait retourner une situation semblant désespéré a son avantage, mais il restait que dans certain domaine, particulièrement dans l'art et son expression, la souveraine veillait toujours a se montrer brillante et capable de prouesse des plus impressionnantes. Ce n'était pas au goût de tout le monde : les plus martiaux considéraient qu'en période de guerre, tout ceci n'était rien d'autre qu'une perte de temps utile que la souveraine aurait put investir plus utilement, toutefois, Ânkh ne les avaient jamais écouter, dans aucune de ses incarnations, même si elle ne s'était pas toujours intéresser aux mêmes arts, préférant développer des nouvelles compétences a chaque cycle de sa vie éternelle.

Mais la brune était une danseuse d'exception et appréciait toujours de pouvoir en faire la démonstration. Elle avait certes entraîner malgré elle sa première garde du corps dans cet exercice, mais cette dernière s'en sortait bien, prouvant ses talents d'observations et sa capacité a apprendre et s'adapter rapidement, des qualités indéniables pour sa fonction. Techniquement, la prestation était pratiquement sans fausse note. Ce n'était pas tout a fait parfait, mais reprocher certains détails mineurs reviendrait dans cette situation a chipoter, d'autant plus que le public présent pour les admirer était sans aucun doute incapable de les percevoir. Mais la danse n'était pas que quelque chose de mécanique, ce n'était pas une simple technique que l'on reproduisait : il s'agissait d'un art, et tout ce qui touchait a l'artistique devait provenir du cœur. La danse se nourrissait des passions les plus profondes d'un individu, et ceux qui savaient décoder son langage était capable de comprendre quelqu'un rien qu'en observant ses pas. Les Echani, qui avait ériger leur culture dans un art martial se rapprochant de la danse, était le peuple galactique ayant le mieux compris le fonctionnement de cet art et pour cela, la souveraine éternelle leur accordait un certain respects, même s'ils combattaient en grande majorité pour une puissance rivale, a savoir l'Empire Galactique.

Bien entendu, la souveraine comprenait très bien ce que la danse de sa garde du corps exprimait : les souffrances, les renoncements, mais aussi la détermination a accomplir son devoir, a être ce qu'elle devait être en permanence sans jamais faiblir. Deux sentiments contradictoire en apparence, mais qui donnait a sa danse quelque chose de sincère, de passionné, de charnel, tel qu'Hapès appréciait l'expression de cet art. Pour Darth Ânkh, c'était aussi inattendu que galvanisant, elle qui avait souvent penser que sa première des gardes du corps n'avait tout simplement aucun intérêt pour l'acte charnel. Elle aurait voulu plus, quelque chose que la souveraine ne pouvait pas lui offrir totalement. Certes, elle avait déjà aimer avec passion et elle aimerait encore, mais il lui était impossible de se montrer exclusive : la monogamie ne faisait pas partie du mode de vie Hapien, et elle était trop volage pour se contenter d'une seule personne, même si cette dernière était capable de prendre l'apparence d'autrui. Ce n'était pas qu'elle ne ressentait aucune attirance, ou même passion pour Arcanis, elle la trouvait fascinante et lui vouait une confiance absolue et aveugle, mais elle était simplement incapable d'offrir cette passion a une seule personne, il lui fallait toujours plus, une boulimie bien naturelle pour un être de sa nature, mais qui n'était sans doute guère simple a vivre pour sa garde du corps.

Toutefois, une nouvelle tentative d'assassinat, toujours aussi vaine, vint interrompre momentanément cette danse d'une rare intensité. La Reine aussi l'avait perçu, mais elle laissa ses gardes du corps régler ce problème, ce n'était pas une occasion pour faire elle-même la démonstration de ses talents. Le fait qu'Arcanis souhaite régler elle-même ce problème ne la surpris guère, mais elle ne savait pas vraiment comment se positionner par rapport a cela : elle comprenait sa volonté de vouloir tout assumer, mais un bon chef devait aussi savoir mettre en valeur ses subordonnées et ses filles auraient put intercepter le tueur sans interrompre la danse pour autant, permettant de l'appréhender plus facilement et d'avoir une chance de le faire parler… Mais au final, un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la souveraine éternelle : la voir reconnaître qu'une soirée mondaine pouvait être utile avait quelque chose d'amusant. De fait, Ânkh n'avait de toute façon jamais soutenu qu'il s'agissait d'un moment agréable, mais simplement d'un moment nécessaire et utile : le pouvoir devait s'habiller de grandeur, il devait disposer de courtisan de qualité, capable de faire marcher la galaxie dans la direction déterminer par la monarque absolue, mais ses occasions offraient aussi des occasions pour découvrir des oppositions et les tuer dans l’œuf.

« Parler de ton perfectionnisme ne serait-il pas plus honnête que la raison d'état dans cette situation ? Mais peu importe, tu entrevoit enfin une petite utilité a ce genre de rendez-vous, c'est déjà un grand progrès. Au moins, cette danse nous permet de joindre l'utile a l'agréable ! »

Toutefois, la souveraine ne pouvait pas faire durer cela trop longtemps : elle pris le parti de conclure par un porté des plus impressionnant assister par la Force afin de permettre a sa garde du corps de pouvoir survoler a peu près toute la piste de danse et de la rattraper sans aucun accrocs. Elle rayonnait de bonheur, de plaisir et de fierté face aux nobles impressionnaient qui applaudissaient tout rompre, certains sincères, d'autre sans doute contraint, mais la Force lui susurrait que la plupart était sincère. Toutefois, elle estima qu'elle en avait fait assez pour cette soirée. Se rapprochant d'un serviteur, elle indiqua qu'elle se retirait pour la soirée et laissait la fête se poursuivre a ses frais pour remercier ses fidèles, puis se retira, faisant signe a Arcanis de la suivre. Tête haute, démarche fière claquant du talon, elle quitta la piste de danse pour retourner vers ses appartements, mais ce stoppa devant la porte avant de se retourner et croiser les bras sous sa poitrine.

« Bravo pour cette danse, tu l'a fait avec précision et technique, mais aussi avec le cœur. Ils n'y ont vu que du feu, mais moi je sais bien ce qu'elle signifiait… Je sais bien que tu ne fait que rechercher ma sécurité, mais si, au moins pour cette nuit, tu abandonnait enfin tes inhibitions pour être juste toi-même ? Je crois que tes subordonnées sont assez qualifiés pour assurer notre sécurité a toutes les deux pendant quelques heures tu ne crois pas ? »

Il y avait eu quelqu’un avant Arcanis. Car quoi qu’on puisse en dire, c’était un simple personnage de plus dans une longue liste de rôles joués parfois sur de nombreuses décennies. Elle était née quelque part, avait eu une famille, avait grandi, les étapes en un sens inévitables de l’existence. Avant de devenir l’instrument de la volonté royale, des chaines qu’elle avait choisie volontairement, sans contrainte et en ayant toute sa tête, elle avait eu sa pleine liberté. Elle savait très bien qui elle avait été et qui elle était désormais. Ceci dit, celle qui était l’extension de la volonté royale n’en parlait jamais. N’y faisait jamais même allusion. Ce serait faux de dire qu’elle était morte. « L’avant Arcanis » existait toujours quelque part dans son esprit. En dormance ou en exil dans sa propre tête, difficile à dire et ce n’était pas la principale concernée qui irait commenter sur le sujet.

Ce qu’il fallait retenir, en un sens, c’est que malgré le fait que le major du Chume’doro était absolument impitoyable envers sa propre personne, elle n’était pas dénuée d’émotions et elle se détestait grandement pour ce qu’elle considérait comme une faiblesse. Ironique quand on considérait qu’elle savait manier le côté obscur, une forme de manifestation de pouvoir demandant, justement, les émotions les plus brutes et les moins diluées possibles mais une des rares, très rares fois où sa protégée, la Reine Mère, avait manifesté de la colère à son égard avait tourné, justement, autour de cette notion. Non. Colère ne serait que partiel dans ce qui s’était passé. Ajoutez-y une très grande inquiétude et de la peur. La peur de perdre quelqu’un. La peur de perdre Arcanis. On ne le penserait pas en regardant celle que plusieurs considéraient comme une déesse mais… La protectrice s’en souvenait.

Le fait qu’Arcanis se confie davantage, exprime davantage le fond de sa pensée, était un développement relativement récent. Avant, elle utilisait ses pouvoirs pour occulter ce qu’elle pensait même par le lien qu’elle partageait avec la Reine Mère. Une forme de duplicité née du fait qu’elle ne voulait pas inquiéter celle qui commandait à des millions et des millions d’êtres dans la galaxie. La finalité de cette initiative aurait pu être catastrophique car cela avait poussé le major à une conclusion : si elle ne pouvait venir à bout de sa faiblesse, elle n’était donc que d’une utilité limitée à sa souveraine. Par conséquent, il fallait lui fournir davantage de choix, préparer sa succession et terminer le tout par un dernier sacrifice pour la gloire de la Reine Mère. Arcanis était partit seule en guerre contre ce qu’on appelait alors « la vieille garde ». Un peu de contexte est de mise.

Quand Arcanis avait succédé à celle qui occupait le poste avant elle, cela s’était finit par la mort de l’autre. Le Chume’doro de l’époque, alors en pleine transformation, était dramatiquement divisé en deux : la nouvelle garde, recrutée sous le mandat d’Arcanis et visant à spécialiser davantage le Chume’doro et l’ancienne garde, fanatiquement loyale à celle qui était morte de la main du nouveau major. Les choses avaient pris une telle ampleur que les « réactionnaires » avaient nommé leur propre major et refusaient de reconnaitre l’autorité d’Arcanis qui avait commis ce qu’elles percevaient comme l’assassinat injustifiée de feu leur cheffe. Naturellement, l’affaire était restée secrète, cachée du grand public. Mais la situation avait été bien réelle. Trop réelle, même. Très problématique. Le Chume’doro est supposé être une machine bien huilée où toutes les pièces coopèrent.

Après plusieurs jours à tenter d’éradiquer le problème, Arcanis était venue voir Darth Ankh pour lui faire part d’un nouveau plan d’action. La souveraine avait alors dit quelque chose qu’elle allait possiblement regretter. Au constat d’Arcanis comme quoi il était impensable qu’une telle insurrection puisse être, la Reine avait répondu qu’elle n’avait pas besoin de l’amour ou du respect d’individus aussi faibles et que leur seule utilité serait de mourir pour sa gloire. Arcanis étant Arcanis, elle s’était sentie immédiatement visée par ce commentaire qui ne lui était pas destiné, avait terminé la réunion stratégique, préparé un message très détaillé de ce qu’elle allait faire pour la Reine dont une liste de candidates pour la remplacer et elle avait fait ce que la Reine avait dit de faire. Mourir pour sa gloire. Elle était partie seule à l’assaut du QG des renégates. Et elle les avait toutes massacrées.

Naturellement, malgré tout le talent du monde, elle avait été blessée à plusieurs reprises. Cyborgs, utilisatrices de la Force ou professionnelles de grand talent, il était clair que ce ne serait pas une promenade de santé. Mais pour la gloire de sa souveraine, Arcanis avait tout donné, puisé dans tous ses pouvoirs dont le côté obscur et après avoir redonné le contrôle du bunker à Isis, s’était assise contre le mur, se disant qu’elle mourrait pour une bonne cause, la seule cause digne de ce nom. Trop affaiblie pour ressentir la détresse de sa souveraine par leur lien, à l’idée de perdre Arcanis, elle avait utilisé ce qui lui restait de forces pour murmurer une mélopée, ses dernières énergies dédiées à celle à qui elle donnait sa vie. Darth Ankh l’avait trouvé à l’article de la mort et l’avait arraché à son étreinte. Quand Arcanis avait repris des forces, elle avait dû affronter la colère de sa souveraine.

Elle avait alors compris un certain nombre de choses. Que même si la Reine partageait sa couche avec plusieurs personnes, Arcanis était spéciale à ses yeux. Unique. À part. Que même si le Chume’doro était l’extension de sa volonté, ses épées et son bouclier, que jamais elle ne voulait plus qu’Arcanis fasse une telle chose, de valider avec elle si elle avait un doute et surtout, de se confier au lieu de s’empoisonner l’esprit ainsi au point de décider qu’une charge définitivement suicidaire était la solution à un problème donné. Il y avait eu des éclats de voix. Des larmes. Mais aussi du soulagement et de la tendresse. Quelque part, celle qui avait été Arcanis existait encore. Mais tant qu’elle en aurait besoin, la Reine aurait à ses côtés son major et elle ne serait plus jusqu’alors personne d’autre. Ce qui ultimement ramène à ce soir, devant la porte de cette chambre et à un dilemme des plus complexes.

Comme dans de nombreuses situations, la Reine ne lui ordonnait pas. La réaction normale d’Arcanis aurait été de refuser catégoriquement d’abandonner son poste et son rôle, ne serait-ce qu’une minute. Mais ce soir… Peut-être était-ce le coup de la robe ou ce qu’elles avaient commencé sur la piste de danse mais… Même si elle savait que jamais elle ne pourrait avoir Darth Ankh pour elle seule… Cela ne voulait pas dire qu’elle la partageait pour autant. La Reine Éternelle était un amalgame d’âmes et de consciences. Il y en avait une parmi toutes celles présentes qui était là uniquement pour elle. Après des années à refouler ce qu’elle pensait, presque par accident, la réponse s’offrait enfin à elle. Soit. Elle s’offrirait un luxe impensable. L’espace d’une nuit, et potentiellement d’une matinée… Elle serait enfin elle-même. Pour elle. Pour sa protégée. Et enfin, pour elles deux…

« Soit mais à une condition. Oui, j’ose dicter mes termes. Je ne pourrai jamais vous avoir pour moi seule, majesté. Toute mon admiration, mon respect, voire plus, je suis condamnée à être une parmi une multitude. J’ai compris cette réalité il y a des années et j’en ai souffert en silence. Dans cette gestalt qui font de vous notre souveraine éternelle, ma protégée, ma princesse, existe encore. Cette partie de vous… Je peux l’avoir. »

Arcanis ne sait pas ce qu’elle s’attend à trouver en passant cette porte. Chose certaine par contre, jamais le major ne recule devant un défi…

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