Apprenons à nous connaître ! [PV Viviane Sombregloire]

Nous avions dut prendre une décisions rapidement… Un des Maîtres de l'Ordre était retourné à la Force. Trop tôt pour certains, avec le sourire pour les autres. Il était celui là même qui guidait Viviane depuis un moment déjà, et pour tout dire, je doutais encore de sa patience concernant cette dernière, elle n'était en rien la jeune fille motivée et calme qu'elle laissait paraître. Tout du moins, je ne la percevais nullement ainsi. Viviane faisait partie de ces Padawans qui avaient besoin d'apprendre à chaque instant, rester assise à méditer pendant des heures, attendant d'avoir l'épiphanie tant attendue par les Prophètes. A peine avais-je ouvert la bouche que l'on me fit comprendre que j'étais le plus à même de m'occuper d'elle. Pardon ? Depuis mon arrivée au poste de Grand Maître, je n'avais pas eu une minute à moi. La disparition de Lucius avait laissé un grand vide dans l'Ordre, et de nombreuses choses restées en suspend me tombèrent dessus. J'ignorais depuis combien de jours je n'avais pas vu la lumière du jour, perpétuellement enfermé dans la pièce principale où l'on m'obligeait à remplir une multitude de documents en attente… Sans compter de devoir régler les doléances de quelques Maîtres, régir les adoubements des Padawans devenus Chevaliers… Sortir du temple ne me ferait pas de mal.

Chose que je fis avec un certain soulagement, la caresse du vent caressant mes joues, soulevant mes cheveux ; tandis que je souriais, mes paupières se fermèrent au moment où mes pupilles devaient reprendre l'habitude de la lumière du jour. Passer mon temps dans les archives est une chose, le faire dans mon bureau… Une autre. Je prenais la direction des terrains d'entraînement. Là-bas, j'attendrais Viviane, elle était curieuse d'en apprendre de plus en plus sur le monde qui l'entoure ? Très bien. Même si, ironiquement, il y avait de nombreux Maîtres qui auraient pu s'occuper d'elle, et la former pour devenir une parfaite Prophète, tous s'étaient fait… Comment dire… Porter pâle ? Le courage de former une Padawan bien différente de ceux qui rejoignaient les rangs des Prophètes, devait être quelque chose qui n'allait pas de paire avec leurs envies… Marchant lentement, je prenais le temps de regarder autour de moi, des Jedi venaient à moi, me saluant avec respect, s'arrêtant même dans leurs entraînements pour le faire. Ce genre de réaction me mettait vraiment mal à l'aise, moi qui vivait le plus souvent dans mon coin, sans faire de bruit, je me retrouvais face aux attentes de nombreux Jedi, qui eux, voyaient en moi l'avenir et le visage de l'Ordre sur Tython. Peut-être même me considéraient-ils comme leur porte-parole… Rôle qui incombait à Arsenicia, et non à moi. Heureusement d'ailleurs. Je m'occupais des affaires internes à l'Ordre, pas aux règlements de comptes entre politiciens véreux et arrogants qui gangrenaient les hautes sphères de la République.

Je faisais enfin face à une immense plaine recouverte d'herbe verte, au loin, je percevais quelques oiseaux qui folâtraient, battant parfois des ailes, le paysage était magnifique, calme et serein. Un cadre parfait pour que Viviane découvre son nouveau Maître. Attachant mes cheveux en une queue de cheval, je les dissimulais sous ma capuche. Ma bure de Grand Maître, bien trop reconnaissable avec sa couleur immaculée et ses liserés dorés, fut troquée pour une autre bien plus classique. Brune, épaisse, particulièrement longue, et surtout, dissimulant mes sabres laser. Car oui, pour savoir si Viviane serait prête à continuer de suivre son entraînement, elle devrait le prouver. Son Maître avait rejoint la Force, c'est un fait. Toutefois, elle ne devait pourtant ne pas oublier sa promesse. Si elle avait rejoint l'Ordre, ce n'était pas pour rien, elle l'avait fait pour protéger la Paix dans la Galaxie…

Sortant un masque totalement blanc, ne laissant apparaître que mes yeux à travers deux ouvertures, je le plaçais sur mon visage. Dissimulant ma véritable identité. C'en était amusant, ma future Padawan ne tarderait pas à devoir prouver sa valeur. Car oui, même un Prophète doit savoir être capable de manier un sabre. Surtout lorsque ce dernier semble aussi curieux qu'elle ne l'est… Je souriais, retenant un petit rire alors qu'un holocom s'alluma devant mon visage…

- Viviane Sombregloire… Vous êtes attendue au terrain d'entraînement… Ne traînez pas…

Elle... ne comprend pas. Peut être parce qu'elle ne veut pas ? Ou est ce qu'elle ne peut juste pas en fait ? Elle l'ignore, mais cela ne rend pas le situation moins blessante pour autant. Alors qu'elle observe l'étendue d'eau devant elle, elle ne peut que ressentir une horrible sensation de vide en elle. Même cette vision si familière et d'habitude, si douce ne l'aide pas. Pour la première fois, le lac semble incapable de l'aider à comprendre ce qu'elle ressent. Est ce que c'était prévisible ? Peut être... son maître n'était pas tout jeune après tout. Mais est ce que ça rend la situation moins douloureuse ? Absolument pas ! Alors que ses bras se resserrent autours de ses genoux, pressant un peu plus ces derniers contre sa poitrine, Viviane ne comprend tout simplement pas ce qu'elle ressent. Elle et son maître n'ont jamais vraiment été proches. Il n'y a jamais eue de vraie complicité entre eux. Oh, ils s'entendaient généralement bien et en dépit de sa sévérité, l'homme était généralement patient avec elle, mais...

****Je sais pas quoi penser... pourquoi ça fait si mal ?****

Son maître n'était jamais clair. Peu importe ce qu'elle demandait, il répondait toujours de manière détournée. Plus sa question était potentiellement "grise", plus il avait tendance à se fermer. Entre ça et ses sermons interminables, leur relation a toujours été compliquée... et pourtant... son coeur se contracte désagréablement. Six ans. Cela faisait six ans qu'elle était formée par cet homme. Et maintenant qu'elle y regarde plus attentivement... elle se rend tristement compte qu'une partie d'elle-même était tout simplement incapable de songer que ça pourrait changer un jour. Même avec son âge plus qu'avancé, son maître semblait toujours en pleine forme, en dépit de sa légère tendance à radoter. Une fois de plus, cette phrase qu'elle a haït plus que tout résonne en elle comme un souffle apporté par le vent :

****Il n'y a pas de mort, il n'y a que la force****

Ses doigts se crispent autours de ses avant-bras au point de provoquer une vague douleur à cette idée alors que son étreinte sur ses genoux se renforce un peu plus. C'est ce qu'on lui a dit... non sans lui avoir interdit de voir le corps jusqu'aux funérailles qui la trouble le plus : son maître souriait, apparemment. Etait-il si heureux avant de... la pensé est immédiatement chassée avant d'avoir pu s'imposer et elle soupire, essayant d'ignorer la froide morsure qu'elle ressent dans la poitrine. Pour la première fois depuis son noviciat... elle se sent horriblement seule. Même si elle comprend désormais plus ou moins ce que la dernière phrase du code Jedi signifie, cela ne l'empêche pas de sentir cette horrible solitude. On le lui a enfin expliqué, après tant de temps à haïr cette stupide phrase. Sa vraie signification, selon laquelle tous ceux qui meurent rejoignent juste la Force, devenant une partie du tout. Elle est d'ailleurs toujours surprise au sujet de l'un des holocrons que maître Garvan lui a donné. Enfin, deux, techniquement, mais ce qui lui trotte le plus dans la tête n'est pas le cinquième qui avait l'air clairement plus sombre que les autres, mais celui qui parlait vaguement de certaines applications de la Force... dont quelques mots au sujet de Jedi morts réapparaissant subitement pour guider d'autres personnes. Peu d'explications, juste une sur le fait qu'un "Jedi mort devient plus puissant que quiconque pourrait l'imaginer".

****Tant de questions... si peu de réponses... Bon sang maître, si seulement... J'ai encore tant à apprendre... Je... ne sais pas quoi faire maintenant...****

Avant même qu'elle ne puisse s'enfoncer d'avantage dans ses pensés lorsque son holocom s'active, une voix résonant près de son oreille. Une voix... étrangement familière, mais qu'elle n'arrive pas à reconnaître malgré tout.

- Viviane Sombregloire… Vous êtes attendue au terrain d'entraînement… Ne traînez pas…

Le... Terrain d'entraînement ? Elle ? Elle ne peut pas s'empêcher de se demander pourquoi, mais... Apparemment, c'est un ordre. Que quiconque la contacte ainsi est déjà rarissime en temps normal, sauf quand il s'agit de leçons importantes ou qu'elle tarde à revenir de ses promenades. Vu qu'elle est censée avoir quartier libre, elle ne s'attendait pas du tout à une convocation, mais... avec un léger soupir, elle saisit ses bottes puis se rechausse rapidement avant de se lever, jetant un dernier coup d'oeil à la calme étendue d'eau devant elle. Les terrains d'entraînement ne sont pas très loin, peut être à dix minutes si elle presse le pas... Si bien qu'elle quitte rapidement les lieux, essayant toujours de combler la sensation de vide qu'elle ressent toujours dans la poitrine. Le temps semble se mettre à voler alors que le paysage défile autours d'elle, mais elle n'y fait pas attention, plus préoccupée par ce qu'elle ressent et surtout, cette convocation. Un nouveau maître ? Non, enfin, elle ne pense pas : elle aurait probablement était appelée dans la salle du conseil ou éventuellement, dans l'une des salles de méditation si ça avait été le cas. En plus, tous les maîtres du Covenant ont leurs padawan, ce qui complique un peu plus sa situation d'ailleurs. Mais alors que le terrain vallonné et si familier lui apparaît enfin, elle commence à sentir une étrange tension. Comme... une pression. Le temps reste silencieux : elle n'entend pas ce vent rugissant qui se montre habituellement, ni ne sent cette pointe de glace familière qui vient se ficher dans son crâne habituellement. Non, en fait... on dirait presque que quelque chose lui souffle de rester attentive, mais qu'elle ne court aucun danger... ce qui ne l'empêche pas de crisper légèrement sa main gauche, prête à utiliser la préhension pour extraire de sa manche le sabre laser dont elle sent toujours la présence réconfortante contre son avant bras. Un bref moment passe... et elle voit un homme se tenant seul au milieu d'une des plaines. Assez grands et couvert des pieds à la tête d'une bure Jedi avec une capuche et surtout... un masque ? Cette vision la fait vaguement frissonner : elle a toujours eu du mal avec ceux qui cachent leur visage, sans jamais savoir réellement pourquoi. Mais à en juger par le regard qu'elle sent peser sur elle, c'est bien la personne qu'elle est censée rencontrer. Alors qu'elle s'arrête à distance respectable, sans pour autant être irrespectueuse, elle se contente de le regarder timidement, cachée sous sa propre capuche avant de demander doucement :

"Euh... B-bonjour ? C''est v-vous qui m'avez appelé ?"

Même si elle se sent mal à l'aise, elle a l'impression qu'elle connait cette personne, mais que la réponse la fuit. Elle sait qu'elle n'est pas en danger réel, mais elle ne peut pas s'empêcher d'être sur ses gardes, même avec le vide qui continue d'envahir son cœur. En fait, plus elle regarde, plus la corpulence générale qu'elle parvient à deviner, ainsi que la présence de l'homme lui rappelle quelque chose. Si bien qu'inconsciemment, comme toujours quand elle se sent curieuse, elle penche légèrement la tête sur la droite, essayant de se rappeler de qui il s'agit, bien que l'irritante impression de familiarité soit la seule chose qui lui arrive en tête.

Je ressentis la présence de Viviane se rapprocher petit à petit. Une fois de plus, elle semblait perturbée, je ne pouvais que comprendre cette réaction, elle n'était encore qu'une enfant, et d'une certaine manière son Maître avait aussi eu le rôle de père de substitution pour elle. Le Covenant n'était pas connu pour être les personnes les plus ouvertes au monde. Encore moins avec leurs Padawans. Non pas que je considère qu'ils ne soient pas apte à les former convenablement, mais plutôt que leurs manières de faire ne sont pas vraiment les plus adéquates pour une femme telle que Viviane. Elle avait besoin de temps pour apprendre les choses, et surtout, de patience. Son précédent Maître, retourné à la Force, n'était pas la personne en ayant le plus. Ce qui m'étonna, lorsque le Conseil me demanda si j'acceptais de devenir son Maître, ne fut pas la question en elle-même, mais plutôt, celle qui suivit. Avais-je assez de patiente pour m'occuper d'elle ? L'ironie était presque palpable. Cette dernière passait plus de temps dans les Archives, le nez plongé entre deux holocrons qu'au sein du Covenant à suivre les préceptes de cette branche de l'Ordre. Je supposais que, quelque part, j'étais celui qui se trouvait être le plus à même de m'occuper de sa formation.

Depuis qu'Aliana était devenue Chevalier, je n'avais guère eu le temps de reprendre un Padawan sous mon aile. Trop de choses à revoir depuis la disparition de Lucius, et surtout, beaucoup de soucis suite à la débâcle de Kashyyk… Nous devions reprendre les choses dans l'ordre et je me devais, tout du moins à mon niveau, gérer les soucis internes à l'Ordre. Pour le bien de tous, je devais prendre des décisions qui, si elles étaient mal perçues, se verraient refusées. Mais bon, le Conseil était composé de personnes sur qui je pouvais compter, même si certains n'étaient que des fortes têtes qui préféraient foncer dans le tas plutôt que de réfléchir avant d'agir. Ne faut-il pas de tout pour faire un monde ?

La voix de Viviane fini par résonner dans mes oreilles. Volontairement, j'avais utilisé un variateur pour modifier ma voix. Certes, pour une oreille attentive, les fluctuations de cette dernière, et surtout, l'accent typique de Coyn s'entendait assez facilement. Voilà pourquoi je faisais particulièrement attention à mes paroles, ainsi qu'à ma façon de parler. Mon regard se posa sur elle. On dirait qu'elle avait un peu grandit depuis notre dernière rencontre, à moins que ce ne soit qu'une impression. La perte d'un être cher nous fait vieillir prématurément parfois… Ma main l'invita à s'approcher. Sachant pertinemment qu'elle ne le ferait pas, je le fis à sa place. Dépassant largement la jeune Padawan de plus d'une tête et demi, mon regard se posa sur elle, froid, presque lugubre. Résonnant derrière mon masque, je m'adressais à elle.

- La Force a sa propre existence, tant que tu la considère comme un outil, elle ne sera rien de plus, l'Ordre, le Conseil, le Covenant, les Jedi même, ne sont que des pièces d'un jeu qui échappe à la compréhension.

Faisant léviter une pierre, je la fit s'approcher de ma main, flottant au dessus de mes doigts, je la brisais complètement, laissant la poussière restante retomber dans la paume de ma main. La retournant, j'égrenais ce restant, qui retombait en fine poussière.

- Un outil mal utilisé se brise. Telle est la réaction de la Force si tu la considère comme telle. La Vie est une chose, la Force en est une autre, toutefois, lorsque les deux se rencontrent, tu peux faire des choses merveilleuses.

Des éclairs émeraudes jaillirent alors de mes doigts, frappant le sol, l'ouvrant par endroit, dévoilant ainsi des milliers d'insectes qui s'empressèrent de trouver refuge dans une autre partie du sol.

- Qu'est la Force pour toi Viviane Sombregloire ? Un outil, ou un être vivant ?

Jamais encore je n'avais autant parlé. Mon cerveau ne manqua pas de me le faire ressentir. Je me devais de continuer dans le rôle que j'avais choisi d'incarner. Un Maître sage, mais parlant nettement plus que Dante Garvan… Pour le moment tout du moins, je devais en apprendre plus sur Viviane. Certes, je connaissais la Padawan curieuse et érudite, néanmoins ce que je souhaitais apprendre sur elle n'était ni plus ni moins que la manière dont elle percevait la Force, et surtout, le chemin qu'elle avait décider de prendre au sein de l'Ordre. Les Jedi s'étaient pendant bien trop longtemps enfermés dans des décisions qui ne donnèrent rien de bon… J'espérais beaucoup d'elle. Et le rôle que j'incarnais désormais, en tant que Grand Maître, m'ouvrait aussi des portes jusqu'à lors closes… Me permettant d'en apprendre un peu plus sur de nombreuses personnes. Ainsi, Viviane serait la suivante. J'apprendrais à la connaître, comme un Maître se doit de connaître sa Padawan.

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