HNN News
Alerte HNN People: Bal huppé sur Coruscant ! Comme toujours, le Moff von Rosenhart a su s'entourer du gratin de la haute société impériale mais qui est la mystérieuse beauté au bras de l'amiral Reige ?
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

4 résultats trouvés pour FEF86C

par Cordélia Traeda
le Mer 31 Jan - 11:54
 
Rechercher dans: Bastion
Sujet: Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]
Réponses: 5
Vues: 294

Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]


Tag fef86c sur Star Wars The Last Stand Banesc10
I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C - Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)


Lukan ne devait pas être habitué à ce qu’elle ait des échanges plus informels avec les membres de son escouade. Ils étaient bien plus sérieux en opération ou dans un contexte professionnel. Traeda n’était guère surprise de ne pas voir ses équipiers décliner l’offre d’un repas. Ils avaient pu manger à bord, mais la nourriture proposée en opération n’avait souvent rien à voir avec celle que l’on pouvait consommer une fois de retour à la maison. En outre, vu la désaffection que leur portait le capitaine du Scipion, ils avaient surtout consommé des repas peu nourrissants ou peu appétissants. Elle-même ne se sentait pas encline à refuser l’invitation, également séduite par la perspective de passer du temps avec des proches ainsi que de se changer les idées.

La présence de Sera avec eux limiterait l’inclination qu’ils auraient à parler du travail.


- Les probabilités que je prenne contact avec lui sont infinitésimales.  


Il y avait une différence entre le fait de savoir quelque chose et celui de réaliser quelque chose. En dépit du très bon accueil que lui avaient toujours réservé les membres de la maison Reige et leur domesticité, la métisse n’avait jamais vraiment oublié son premier contact avec une famille de la petite noblesse impériale, celle avec laquelle elle partageait à moitié son sang par son père. Elle était très jeune quand son père, alors capitaine de Marine, avait révélé son existence ainsi que sa ferme intention d’assumer sa paternité et de la reconnaître officiellement comme sa fille. Plus de vingt ans s’étaient écoulés depuis ce mémorable esclandre familial, mais celui-ci lui avait laissé une forte impression, plus qu’elle ne voudrait bien l’admettre et surtout à voix haute. Il n’en restait pas moins vrai qu’elle se sentait plus à son aise auprès des Reige que des Traeda, à la notoire exception de son père de sang dans ce dernier cas. La mention de Jan eût le mérite de laisser erreur un léger sourire affectueux sur les lèvres de la sang-mêlé humain et hapien. Elle ne nierait pas qu’elle considérait Jan comme son deuxième père, et la mention lui fit plaisir. Elle supposait que le père adoptif de Lukan et chef de famille, le Moff Valin Reige, espérait encore que son plus jeune frère consente à se poser et à trouver une dame respectable à marier. Hélas, il était un aussi irréductible célibataire endurci que le Commodore Traeda, et il ne serait guère aisé de lui faire changer ses habitudes sur ses fréquentes mais courtes liaisons féminines. Cordélia avait beaucoup de respect envers le Moff Reige, qu’elle avait connu en même temps qu’elle n’avait fait la connaissance de Galen, Sera et Lukan, par l’intermédiaire d’Oncle Jan.

La mention de son cousin, faite sur un ton complice par Lukan, eût le mérite de l’amuser. Elle ne savait que trop bien à quel cousin il faisait référence. Ses relations avec Léandre Traeda, le fils du Moff Elric Traeda – son oncle biologique, frère aîné de son père Wilhelm – étaient mauvaises et glaciales, et ce d’aussi loin qu’elle puisse se souvenir. Ils ne s’étaient pas revus depuis – Cordélia n’avait aucune intention de croiser le chemin du Lieutenant-Colonel Stormtrooper de sitôt –  et ce d’autant moins qu’ils servaient deux corps d’armée différents. Outre sa bâtardise et son métissage avec du sang Hapien, Léandre n’avait jamais accepté qu’elle ait été reçue dans la Marine et qu’il ait été recalé, avant de faire sa carrière dans l’Infanterie. Du peu qu’elle en savait – malgré elle – il était plutôt compétent à son office et au combat. Hélas, aussi longtemps que vivrait le Moff Traeda, elle doutait que leurs relations s’améliorent, si elles s’amélioraient un jour. Cordélia estimait, pour sa part, qu’il s’agirait d’une perte de temps. Elle avait fait son deuil sur la branche paternelle de sa famille il y a déjà des années.


- Ca ne me dérange pas en soi, je n’y étais juste pas préparée. Je n’ai pas l’habitude d’amener mes équipiers “à la maison”, comme tu sais. Effectivement, c’est quelque chose que je n’ébruite pas en général, considérant ton actuel niveau de responsabilités.


Reige avait bâti sa réputation non seulement pour son efficacité de commandement et pour ses stratégies redoutables, mais aussi par le respect qu’il portait à son personnel et à son équipage, et en particulier avec la gente féminine. Il leur laissait des possibilités de promotion égales et équitables avec les membres masculins de son personnel, militaire et civil, et restait intègre. Et la dernière mission « réquisition » lui avait souligné que même des gens intègres et honnêtes pouvaient voir leur réputation être salie malgré eux et elles pour servir les intérêts d’autrui. Elle laissa néanmoins sa gravité s’estomper et se muer peu à peu vers la légèreté et la familiarité.


- Je ne suis pas surprise, ça te ressemble bien. Je te remercie, je serai contente de les revoir, et ils n’ont pas leur pareil pour animer une tablée. Ce sera aussi l’occasion de tordre le cou à une rumeur qui est parvenue jusqu’aux oreilles de l’escouade.


Lukan n’aurait guère de difficulté à déduire quel genre de rumeur elle mentionnait, il connaissait assez bien ses deux figures paternelles ainsi que leur mode de vie assez atypique, résolument célibataires dans leur cinquantaine d’années, colocataires et proches amis de longue date. Si le Commodore Traeda était plus austère et réservé dans son attitude, surtout au travail, Oncle Jan était plus espiègle et se plaisait à rire gaiement de la situation et se montrer malicieux, au désespoir de son colocataire qui se damnait à clarifier les choses plutôt qu’à les embrouiller. Le sourire espiègle de Lukan, qu’il ne laissait jamais entrevoir en public, détendait l’atmosphère.

Disons qu’elle commençait à bien connaître les membres de la famille Reige, et que cela lui paraissait être une solide probabilité que la demande provienne du Moff Reige. Il n’y avait guère que Valin et Sera qui pourraient, sans doute, faire déroger à ses habitudes son ami. Cordélia l’écouta donc avec attention, sachant que ses équipiers discutaient de leur côté. Elle ressentit une certaine compassion concernant les formalités administratives. Á son grade militaire et à son rang social, elle en avait bien moins que lui à gérer et la quantité dont elle devait s’acquitter lui suffisait déjà amplement en tant, surtout, que cheffe d’escouade. Face à son murmure teinté d’ironie, Cordélia lui répondit à voix basse, un mince sourire compréhensif.


- On peut dire qu’elles ont chacune leur originalité toute particulière.


Cordélia n’insista pas davantage, il n’était pas de son caractère de se mêler de points relevant de la vie privée, et ce encore moins en dehors du cadre du boulot. Les secrets de Lukan étaient les siens, même si cela expliquait quelque part l’attitude du lieutenant Madera. Elle n’était pas hostile à la lieutenante, mais faisait toujours preuve d’une certaine prudence depuis le jour de son entretien avec Lukan. Ses propos ultérieurs l’avaient confortée dans cette décision.

Cordélia l’écouta avec attention, appréciant le timbre plus familier de leur discussion. La Grande Amirale Quizan, ni plus ni moins ! Ce n’était en soi pas si étonnant, en considérant le titre et les responsabilités de Lukan, mais cela n’en restait pas moins intéressant. Elle était un profil intéressant d’officier non-humain, à son instar, qui avait atteint les sphères les plus hautes de l’Empire malgré le racisme qui sévissait encore dans le régime. C’était une figure, disait-on, proche de l’Impératrice. Un adversaire habile à l’épée, sans doute autant qu’avec ses mots. Elle avait visiblement laissé une bonne impression à Reige, et la curiosité de Traeda s’aiguisa plus encore à la mention des améliorations potentielles que voudrait apporter Lukan à la Marine. Elle n’avait pas une très haute opinion des Chevaliers Impériaux, en tant qu’utilisateurs de la « sorcellerie », mais elle n’était pas fermée à revoir ses positions si on lui prouvait le contraire.


- Je me demande ce que tu as en tête, mais ça m’intrigue. Il est vrai que nous les voyons peu à bord. Je ne les connais pas assez pour me prononcer à leur encontre. Enfin, laissons le travail pour l’heure, Sera risque d’encore nous réprimander sinon.


Ou de dire qu’ils étaient décidément incorrigibles, c’était aussi une possibilité. Ils n’eurent cependant pas le loisir de poursuivre leur conversation pour l’heure, ils étaient invités à prendre place autour de la grande tablée. Cordélia s’installa à sa place habituelle, proche de Sera, et échangea quelques mots avec son amie et Cian, puis avec Auric et Jefferson. Elle temporisa ou esquiva les questions qu’elle jugeait trop indiscrètes ou personnelles, et leurs échanges cessèrent avec le retour de Lukan… qui n’était visiblement pas revenu les mains vides, à la surprise partagée des Commandos. Elle s’étonna tout autant du fait que Sera ne semblait pas en avoir, mais connaissant Lukan, elle supposait qu’elle ouvrirait le sien plus tard, en privé. Amusée, elle écouta l’histoire de Noël racontée par son ami d’enfance. Elle la connaissait déjà, le père adoptif de Lukan, messire Valin la leur avait contée quand ils étaient enfants. Elle ne comptait cependant pas en dévoiler la chute aux nouveaux auditeurs, chacun étant libre d’y porter du crédit ou non. L’imaginaire se mêlait à la réalité, plus encore en cette période de l’année. Il était bon parfois de se laisser un petit peu rêver, non, quand on en avait le luxe ? Elle ne se joignit pas aux chants de Noël, estimant qu’elle n’avait pas une voix assez juste pour cela, et se contenta de fredonner en de simples murmures les paroles qu’elle connaissait bien. C’était un chant populaire, bien connu dans la galaxie, et Cian comme Auric se prêtèrent au jeu. Malgré la précision de Lukan, Cordélia comptait bien lui offrir un présent en retour et prévoyait déjà de se rendre en ville pour le trouver. Ils avaient été tant occupés par leur profession qu’ils n’avaient guère eu le temps d’anticiper ces fêtes, et de là, d’acheter des présents à leurs proches. Il faudrait qu’elle en trouve aussi pour son père, Oncle Jan, le Moff Reige ainsi que Sera.

Une fois de plus, elle pût constater que Lukan connaissait bien son équipage et avait pris soin de se renseigner de son côté pour cerner les goûts de chacun. En tout cas, ici, il avait ciblé juste. Cian était enchantée par le présent qu’elle avait reçu, et Auric se proposait déjà de l’aider à le calibrer. Auric était satisfait aussi par le kit, pour lequel il trouverait un usage pratique au quotidien. Quant à l’alcool offert à Jeff, il fit mouche également et même le plus bourru de ses Commandos n’était clairement pas insensible à cette petite attention. Il se joignit aux remerciements de ses militaires, et Cordélia s’attendait déjà à une avalanche de questions.


Satisfaite et contentée par ces constats, Cordélia profita de la liesse environnante pour ouvrir le sien, tandis que l’attention des convives était encore détournée. De quoi pouvait-il s’agir ?

Intriguée, la cyborg déballa avec délicatesse l’emballage, un soin que lui permettait désormais sa bonne maîtrise de sa prothèse cybernétique remplaçant l’un de ses bras. Une arme blanche, élégante mais qui pourrait aussi tout à fait lui servir au quotidien dans le cadre de son travail… Lukan l’avait bien cernée, plutôt que de choisir un bijou ou une robe qu’elle n’aurait guère portés. Ignorant l’attention de ses Marines sur le présent, Cordélia inspecta avec attention la dague en la tenant avec soin : le métal était clair, léger et luminescent, et lui rappelait le songsteel dont était forgée sa vibroépée, et serait tout autant capable de résister à l’une des armes de ces infâmes sorciers présents au sein de la République et du Consortium d’Hapès. Elle nota également la présence, comme embellissement d’une arme déjà fort belle, de deux rubis, l’un à sa garde, et l’autre à son pommeau. S’il n’y avait guère de doute que ses équipiers, à commencer par Cian, la taquineraient sur un présent aussi raffiné, ils ne verraient guère la référence implicite que faisaient le choix de ce métal et de ces pierres précieuses précises. Outre la praticité de l’un et l’élégance des autres, elles faisaient surtout référence d’une part à sa chevelure particulière, et surtout de l’autre à la couleur de ses yeux naturels dont elle s’était départis au cours de sa formation à l’Académie de la Marine d’Anaxes. Ils étaient alors carmins, d’une même pourpre que celle de sa mère courtisane, et tout aussi affectés par la pénombre.

Le cadeau était ainsi bien plus personnel, et l’attention la touchait sincèrement.


- Merci, Lukan. J’en prendrai soin.


Son regard laissait néanmoins sous-entendre qu’elle escomptait bien lui rendre la pareille à la première occasion venue, quand ils seraient en privé. Ils n’eurent guère le temps de s’appesantir sur le sujet que les droïdes approchaient avec les mets d’entrée, en guise de mise en bouche.

L’humeur festive gagna bientôt les convives, alors que chacun et chacune répondaient avec entrain ou cordialité au toast initié par Lukan, Cordélia incluse. Le vin blanc, d’un très bon millésime, se mariait à merveille avec le foie gras et les petits toasts. Cela rappelait de bons souvenirs à Cordélia qui, plus le temps passait, appréciait à leur juste valeur cette convivialité.
par Cordélia Traeda
le Lun 18 Déc - 16:45
 
Rechercher dans: Bastion
Sujet: Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]
Réponses: 5
Vues: 294

Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]


Tag fef86c sur Star Wars The Last Stand Banesc10
I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C - Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)


Cordélia reconnût sans aucune difficulté les droïdes de service qui se présentèrent à eux à leur arrivée au portique du manoir des Reige. Après leurs salutations et leurs questionnements soigneusement intégrés dans leur programmation, les droïdes eurent tôt fait d’identifier Traeda. Elle n’était pas exactement un visage inconnu sur place, pour y avoir passé une grande partie de son enfance et de son adolescence quand elle n’était pas avec Oncle Jan et/ou son père à leur appartement, ou avec sa mère dans sa maison close. Alors que les droïdes relevaient également l’identité de ses trois commandos, Cordélia restait consciente de la curiosité croissante des plus jeunes, aussi évidente que Jefferson ne se faisait plus réservé, son regard ne trahissant que l’impression d’un constat qu’il se voyait confirmer ici. La métisse n’était pas habituée à ce que sa sphère privée coïncide, même temporairement, avec sa sphère professionnelle de relations. Il y avait une distance, bien que légère, qu’elle tenait à maintenir avec ses subordonnés, tout comme il y avait un visage, implacable, d’elle-même qu’elle ne voulait pas montrer à Sera et qu’elle espérait de tout cœur n’avoir jamais à lui révéler, de son vivant et par-delà la tombe.


Elle fût tirée hors de ses réflexions, alors qu’elle s’était détachée des discussions entre les trois autres Marines, par l’apparition prochaine de deux silhouettes depuis le parvis du manoir. Elle les reconnût sans aucun mal, puisqu’il s’agissait des deux héritiers Reige encore en vie, ou tout du moins encore légitimes. Lukan avait choisi de revêtir l’un de ses uniformes, ce qui confortait sa propre initiative de demander à ses commandos d’endosser le leur à la place de leur armure. Sera semblait bien se porter, soigneusement apprêtée et sobrement habillée sur son siège flottant qui remplaçait les jambes qui ne pouvaient pas la porter, ses yeux aussi vifs qu’à son habitude. L’habitude ayant le pied plus céleste que la pensée, des saluts militaires furent bientôt échangés, une scène qui devait surprendre Sera, très peu habituée à ce qu’ils se montrent aussi formels.


- Sergent, madame, messieurs, je vous remercie d’avoir fait le déplacement promptement. Je vous présente ma sœur, Sera Reige, qui travaille comme fonctionnaire impériale sur Bastion.

- Enchantée de faire votre connaissance, et bien sûr heureuse de te revoir, Cordélia.


Les yeux se tournèrent vers la jeune femme, qui avait près ou prou le même âge que Cordélia à quelques mois près, bien qu’elle parusse plus jeune que la militaire. Sans doute ses traits plus doux devaient y jouer, même si son regard ondin trahissait la maturité indue à la fonctionnaire impériale qui assistait le Moff de Bastion dans ses fonctions, et apprenait le métier à ses côtés. Auric était clairement sous le charme, et si cela ne semblait guère plaire à Cian, la cadette semblait d’autant plus motivée à faire la connaissance de Sera. Dans un monde militaire essentiellement masculin, il ne serait pas de mal à Cian d’avoir de la compagnie féminine, plus que ne le serait jamais Cordélia. La sergente adressa un sourire affectueux à Sera, qui laissait clairement transparaître l’entrain qu’elle ressentait à revoir celle qui était une sœur de cœur. Elle ne s’étendit cependant pas davantage pour l’heure, puisque Lukan reprenait la parole.


- S’il en était besoin, je vous confirme votre réaffectation immédiate sous mon commandement et celui de ma flotte. Je vous félicite d’être revenus en vie et en bonne santé, et je n’ai aucune inquiétude quant à votre conduite ici. J’espère juste que la prochaine fois que ce genre d’affectation vous tombe dessus, j’en serai dument informé par l’autorité à l’origine de cette réquisition… mais en tous les cas, quel que soit le déroulé de votre mission et son dénouement, je m’engage à ce que vous soyez protégés de toute répercussion administrative, légale ou judiciaire de quelque nature que ce soit, sur mon autorité.


Il était temps en effet d’adresser les formalités, afin de pouvoir s’en délester dès que possible tout en ayant l’esprit tranquille qu’elles aient été bien complétées. Une certaine tension semblait quitter les épaules des commandos lorsqu’ils reçurent la confirmation que leur transfert temporaire était bien terminé et qu’ils étaient réassignés à leur bâtiment habituel, auprès du personnel et des militaires auxquels ils étaient familiers, en particulier les deux plus jeunes. Cordélia nota la petite pique que leur supérieur glissa à travers ses propos concernant les circonstances inhabituelles de leur réaffectation temporaire – pour ne pas dire « réquisition » - effectuée sans son aval ni même sa connaissance, validée en son absence et celle de son adjointe. Ces quelques paroles de reconnaissance du travail effectuées furent néanmoins appréciées. Les garanties légales, administratives et judiciaires étaient également une bonne nouvelle, considérant la nature de la mission à laquelle ils avaient été affectés et des adversaires auxquels ils avaient été opposés par l’Intelligence Impériale. Ce gage de confiance était aussi apprécié. Cela rassura néanmoins Cordélia, qui savait que l’agent des renseignements impériaux qui les avaient réquisitionnés avait choisi leur escouade en partie parce que sa propre réputation la précédait concernant les… difficultés qu’elle avait rencontrées avec des officiers corrompus. De ce qu’elle avait compris à demi-mots, en outre, de la bouche de l’officier de l’ombre, c’était que les cibles du Bureau impérial du renseignement étaient très bien placées dans les chaînons impériaux, et qu’ils n’avaient eu affaire qu’à des sous-fifres au déjà fort potentiel de nuisibilité. Ses yeux azurés se déportèrent quelques instants, successivement, sur Lukan et Sera à cette pensée. Elle ne se serait jamais pardonnée qu’une erreur puisse gâcher leur avenir respectif, sans parler du père adoptif de Lukan, le Moff Reige, une figure plus exposée politiquement. Le pouvoir de l’information pouvait être terrifiant, employé à de mauvaises intentions, et briser bien des carrières mais aussi et surtout des foyers, et des vies d’honnêtes citoyens de l’Empire.


- À compter de cette minute, vous êtes officiellement en permission, ce qui signifie que le protocole militaire n’est plus nécessaire, Cordélia. Madame, messieurs, je ne me permettrais pas de vous appeler familièrement sans votre permission donc laissez-moi simplement vous réitérer que vous êtes les bienvenus chez nous, au même titre que votre sergent qui a arpenté ces couloirs depuis l’époque où elle était haute comme trois pommes. , glissa l’amiral avec un sourire.


Elle reçut, sans doute comme ses pairs, la notification de réception sur leur datapad respectif de leur instruction de permission, permettant de confirmer leur repos octroyé de quelques jours. La mention de son prénom par Lukan l’extirpa de ses réflexions et la ramena au temps présent. L’emphase mise sur la mention de permission indiquait aussi sans doute que Lukan ne souhaitait pas qu’ils parlent du travail pour le moment, et que donc son rapport pourrait attendre un peu. Elle l’avait déjà écrit à chaud, elle pourrait le relire sans doute à froid en soirée, avec plus de recul, pour voir ce qu’elle pourrait compléter, préciser et se remémorer les points saillants.


- Oh, vraiment ? « Vous vous connaissez bien » en effet, avec Cordélia.   Commenta Jefferson d’un ton bourru, à peine écorné par des yeux bleus-gris amusé.

- En effet, Lukan et moi « nous connaissons bien » Répliqua Cordélia d’un ton à la fois ferme et posé, haussant un sourcil à l’attention de son adjoint.

- Aussi bien que vous ne connaissez le coin, on dirait. Renchérit Auric, interrompu par une légère tape derrière la tête de Cian.

- En tout cas, je vous remercie pour votre accueil, monsieur Reige, et il me tarde de faire votre connaissance, Sera. Je suis Cian, et l’impertinent ici présent est Auric. Déclara Cian en remerciant leurs hôtes avec politesse, puis en se tournant vers Sera.


La perfection de ses manières tranchait avec l’absence de celles d’Auric, un manque compensé par sa spontanéité dès lors qu’on s’y fût habitué. Cordélia ne s’y attarda pas tandis que Sera s’approchait d’elle, le sourire aux lèvres. Se baissant juste assez pour être suffisamment à sa hauteur, la militaire accueillit bien volontiers son étreinte sororale, qu’elle lui retourna. Elle fût un peu plus prise de court par la double-bise sur ses joues, à laquelle elle aurait dû s’attendre connaissant Sera, mais elle la laissa faire et lui fit à son tour la bise à l’une de ses joues.


- Je suis contente de te voir, Sera. Tu as l’air en forme. Ça fait trop longtemps que je n’ai pas pu passer te voir et qu’on n’a pas pu passer un peu de temps ensemble.


Son ton était plus chaleureux qu’à son ordinaire, empreint d’un sincère regret. Le temps avait filé si vite entre les missions, la réquisition spéciale et les déplacements spatiaux que les jours s’étaient filés en mois depuis leur dernière étape sur Bastion. Certaines étapes étaient si courtes qu’elle n’avait pas eu le temps de passer au manoir Reige, et était restée au quartier général. Elle se redressait tandis que Lukan, qui avait entretemps serré la main de Jefferson puis celle d’Auric avant de saluer d’un baisemain cordial Cian, se tournait vers elle avant de s’approcher. L’habitude étant difficile à contredire ainsi en public, elle s’apprêtait à proposer une poignée de main à son vieil ami quand ce dernier la surprît en venant, sans hésiter, la prendre dans ses bras. Ce n’était pas dans le genre de Lukan de se montrer aussi démonstratif hors du cadre privé. La métisse se souvint alors qu’ils se trouvaient en permission, et donc que tout protocole était levé. Après quelques instants d’hésitation, elle lui retourna le geste, de manière pas moins chaleureuse, mais un peu plus réservée. Sa réserve, héritée de son père, revenait vite en public. Elle sentait les regards intrigués et/ou amusés de ses commandos en retour, mais Traeda décida de s’efforcer de ne pas en faire cas cette fois. Elle devait laisser le casque de Marine de côté.


- Si vous le permettez, les droïdes vont amener vos affaires dans les chambres qui ont été préparées à votre attention. Vous pouvez conserver vos armes et votre équipement, le manoir est aux dernières normes anti-feu. Je vous prierais cela dit de ne pas les utiliser en intérieur pour éviter tout incident. Le domaine dispose d’un stand de tir et d’un terrain d’entraînement que vous êtes libres d’utiliser à votre guide même si, je le répète, vous êtes en repos. Vous disposez chacun d’une chambre individuelle dotée d’un lit double et d’une salle de bain attenante avec toilettes. S’il y a des choses qui vous manquent, n’hésitez pas à vous adresser à n’importe quel droïde, ils ont été informés que vous étiez nos invités. Pour l’heure, j’imagine que vous devez être affamés donc je vous propose de déjeuner avec Sera et moi. Est-ce que cela vous convient ? Vous êtes libres de refuser si vous avez d'autres plans ou si vous souhaitez vous reposer.


Une fois leurs affaires prises par les droïdes pour être conduites dans leurs chambres assignées, l’offre de partager le déjeuner fût assez promptement acceptée par les commandos, Jefferson inclus. Cordélia ne doutait pas que le vieux Marine irait rendre visite à sa famille dans la soirée ou le lendemain, mais puisqu’ils se trouvaient éloignés de leur monde natal et de leurs familles, il n’en allait pas de même pour Cian et Auric. Elle apprécia la bonne volonté apparence de Jeff, qui faisait ici des efforts même s’il n’allait pas être aisé de le dérider. Peut-être qu’en présence d’autre militaires de la Marine, il arriverait à accepter de baisser un petit peu sa garde ? Constatant que Sera fût vite approchée par Cian, qui regorgeait de curiosité à son égard, et que Jefferson discutait avec Auric tout en leur emboîtant le pas, Cordélia gagna la hauteur de Lukan.


- Je suis contente de vous revoir, Sera et toi, mais tu es sûr que cela ne dérangera pas ton père ? Je sais qu’il est souvent très occupé. J’espère qu’il se porte bien. Vraiment, merci de nous accorder cette parenthèse. Nous en avons tous besoin, je crois.


Elle marqua une courte pause, alors qu’ils cheminaient dans ces couloirs familiers qu’ils avaient foulés, en large et en travers, depuis de nombreuses années. Ses yeux artificiels ne pouvaient pas ne pas remarquer l’absence de certains tableaux et holoprojections d’une certaine personne, qui avaient été retirées quelques années plus tôt mais qu’elle n’avait jamais oublié, comme eux.


- Je te prie de les excuser, ils ont été curieux dès qu’ils ont vu Sera lors de ton appel. Ils n’ont pas l’habitude qu’on m’adresse la parole de manière aussi informelle. Á croire qu’on a très bien joué le jeu, en public ; peut-être un peu trop bien joué le jeu. Bon, Jeff s’en doutait un peu, mais il n’en a pas fait grand cas. J’ai réussi à contenir leur curiosité jusque-là, mais je ne suis pas sûre que cela va durer. Surtout si mon père et Oncle Jan viennent nous rendre visite. Je ne n’ai pas pu prendre de leurs nouvelles depuis un moment.


L’opération en coopération avec l’Intelligence impériale, « entourée de ténèbres », avait en effet imposé un silence radio pendant plusieurs semaines, tant leur vigilance devait rester élevée. Ils avaient été plongés en plein cœur d’un équipage litigieux, à deux pas d’une guerre civile entre son personnel et ses officiers dirigeants, ces derniers s’étant avérés séditieux et véreux.  


Ils étaient parvenus dans une grande salle à manger, où Cordélia se souvenait des nombreux repas qu’ils y avaient partagés, en plus ou moins grandes tablées. La décoration qui avait été apposée lui soutira un rare sourire attendri, et quelque peu mélancolique. Souvent le Moff Reige les avait invités, son père et elle, à passer du temps au manoir en journée comme en soirée. Elle avait de nombreux souvenirs de repas avec Lukan, Sera, le chef de famille Reige, son père Wilhelm et Oncle Jan… sans oublier, Galen et Elena, dont les fantômes, à leur manière respective, hantaient encore leur mémoire et semblaient imprégner, de leurs souvenirs, les lieux. Un généreux feu de cheminée illuminait, de sa lueur douce et de sa douce chaleur, la pièce.


- Je m’attendais à ce qu’on te rejoigne sur le Chimaera, j’imagine que ton père n’y est pas tout à fait étranger ? Il devait être heureux de te savoir dans les environs. Il en va de même avec ma mère, tu sais comment elle est. Si j’ai le malheur de m’arrêter sur Bastion sans passer la voir, nul doute qu’elle enverrait l’une de ses « Demoiselles » me chercher.


Un léger filet de rire échappa à ses lèvres austères, alors que le masque militaire tombait petit à petit. Les « Demoiselles » en question étaient des droïdes réplica-humains que sa mère avait à son service à la maison close, et qui aidaient à son bon fonctionnement aux côtés des courtisanes et du personnel. Elles remplissaient de nombreuses fonctions au besoin, qu’elles fussent protocolaires, de protection rapprochée pour quelques-unes d’entre elles ou de divers appétits. Jusque lors, Cordélia avait réussi à éviter que la tenancière de l’un des plus réputés établissements du quartier des plaisirs ne lui en assigne une, amicale joute de longue haleine.


- Comment tu te portes, toi ? Je n’étais pas inquiète vu que Walter veillait sur tes arrières et que tu es bien entouré, mais j’imagine que tu ne t’es pas ennuyé non plus.
par Cordélia Traeda
le Dim 8 Oct - 19:05
 
Rechercher dans: Bastion
Sujet: Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]
Réponses: 5
Vues: 294

Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]


Tag fef86c sur Star Wars The Last Stand Banesc10
I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C - Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)

Sous des conditions météorologiques de vol optimales, la corvette qui répondait à la désignation de Scipion amorçait sa procédure d’atterrissage sur l’un des quais du spatioport militaire de Bastion, cœur vibrant de l’Empire Galactique et quartier général des centres de pouvoir. Bien qu’elle n’en donnait pas l’air, la dame de fer avait connu un trajet assez tumultueux à son bord, ce qui justifiait l’animation qui prenait place sur le quai vers lequel elle se dirigeait en douceur. Un solide comité d’accueil avait été organisé sur place, composé de plusieurs escouades de dix commandos-marine équipés de leurs sombres armures et suffisamment armés pour se défendre. Ils avaient en effet été prévenus et appelés sur les lieux afin de réceptionner les prisonniers qui devraient être interrogés ainsi que leurs chefs, des officiers qui s’étaient révélés être des traîtres.

Pour une rare fois, ce n’étaient pas le pilote et le copilote qui étaient aux commandes de l’appareil, puisque l’un s’était rallié avec les séditieux et l’autre avait été légèrement blessé pendant le soulèvement des loyalistes à l’Empire. Cordélia l’avait relayé pour les dernières heures de pilotage, puisque les dernières portions du trajet relevaient de manœuvres simples. Bien que cela ne soit pas un sujet qu’elle évoquasse volontiers, la sergente-commando avait été formée au pilotage de vaisseaux militaires, afin de pouvoir agir en cas de situation de crise. Outre sa formation initiale à l’Académie d’Anaxes, elle avait entretenu ses connaissances et de maintenu ses accréditations de pilote en suivant, des modules de recyclage de la formation. Bien entendu, la métisse ne saurait effectuer des prouesses dignes des habituels pilotes de ces navires, mais elle pouvait relayer si la situation le requérait. En l’occurrence, ici, ça avait été le cas. Elle parvint à réaliser la manœuvre d’approche et d’atterrissage sans grande difficulté, s’étant déjà exercée sur des simulateurs de vol et des vols d’entraînement sur les pistes de Bastion. Cela ne voulait cependant pas dire que leur journée était terminée, bien loin s’en fallait. Plusieurs impératifs s’imposaient à l’Escouade Delta avant même que ses membres ne songent seulement au repos à venir : livrer les prisonniers aux escouades de commandos Marines qui les attendaient sur place et mèneraient les détenus vers une prison sécurisée de la Marine, dans l’attente de leurs interrogatoires et de leur jugement ; contacter l’Amiral Reige ou, s’il était indisponible, la Capitaine Kathis pour signaler leur retour à la base de Bastion ; faire leur débriefing en conséquence ; pour Cordélia, soumettre le rapport qui allait lui être demandé et répondre aux très probables questions de son mieux ; organiser une réunion avec ses commandos pour débriefer suite à cette opération ; connaître les ordres pour savoir s’ils devaient rejoindre dans les plus brefs délais le Chimaera, se rendre au quartier général militaire de Bastion ou s’ils avaient une permission et, auquel cas, où entreposer leur équipement. D’autres tâches les attendraient également de pied ferme, mais elles seraient moins prioritaires.

Ce fût avec appréciation qu’elle passa le relai aux escouades envoyées par le quartier-général de la Marine pour escorter les prisonniers vers le centre de détention militaire le plus sûr. La tâche était d’autant plus délicate qu’il fallait maîtriser deux groupes foncièrement hostiles les uns envers les autres, le temps que la colère redescende et que chacun soit entendu, les victimes incluses. Dans leur état psychologique actuel, il était impensable de les laisser rentrer chez eux. On lui garantit qu’ils seraient pris en charge et « gardés au frais » le temps que le conseil de l’Amirauté statue sur leur sort. Les blessés et les victimes, directes et indirectes, seraient acheminées vers un centre médical de l’armée pour rejoindre soit l’aile traumatologique soit psychiatrique selon les cas et selon leur état. Les corps des défunts seraient pris en charge par les fonctionnaires habilités à leur manipulation et conduits dans une morgue appropriée, pour identification et, éventuellement, restitution de l’enveloppe charnelle à leurs proches, avertis. Cependant, les dépouilles des infortunés qui avaient reçu la drogue et avaient été tués dans des circonstances troubles seraient minutieusement inspectées et documentées avant d’être rendues. Naturellement aussi, le Scipion gagnerait aussitôt les hangars d’entretien et de maintenance de la Marine impériale, afin de lui aussi subir une profonde inspection, de son intégrité physique comme de ses systèmes informatiques. C’était autant d’éléments qui appuieraient son rapport. Néanmoins, la situation était bien moins grave qu’elle n’aurait pu le devenir : ils avaient évité le pire, empêché une boucherie à bord, évité qu’un vaisseau de guerre ne soit ravi par l’ennemi. Il y avait des morts, il y avait des blessés, il y avait des traumatisés, certes, mais il aurait pu y en avoir bien plus. Froidement, elle en arrivait à ce constat en analysant ce qu’il s’était passé.

Dès qu’ils en eurent la possibilité et furent libérés de leur assignation, et qu’ils eurent salué et échangé quelques poignées de mains fermes avec l’escouade du Sergent-Commando Hosword, Cordélia fit signe à ses trois commandos de la suivre un peu plus à l’écart sur le quai et saisit son comlink, saisissant les caractères appropriés pour la fréquence de l’appel qu’il fallait passer. Elle activa également l’option permettant la captation vidéo en direct en vue holographique. Les traits de Reige eurent tôt fait d’apparaître face à eux, revêtu de son uniforme d’Amiral, à qui ils adressèrent la salutation militaire de respect et de rigueur alors qu’il prenait la parole.


« Sergent, madame, messieurs, je suis rassuré de voir vous sains et saufs. Mon datapad m’indique que vous vous trouvez sur Bastion, j’y suis également. »


Si Jefferson, Cian et Auric ne relevèrent aucun élément inhabituel quant au comportement de leur supérieur, cordial à leur encontre, Cordélia notait plusieurs points dans ce début d’échange. L’Amiral n’avait pas tardé à accepter l’appel et à activer l’holoprojection de son côté, et ne semblait pas vouloir dissimuler le sourire rassuré qui s’esquissait sur ses traits. Sa franchise avait quelque chose de rafraîchissant après les semaines qui s’étaient écoulées, à devoir côtoyer des officiers supérieurs tout à fait infâmes, qui les avaient fait naviguer dans des eaux troubles. Le timbre qu’il avait choisi d’utiliser pour leur adresser la parole était tout à fait professionnel, une approche qui convenait tout à fait à la sergente quand ils étaient amenés à deviser en public. Il se trouvait actuellement sur Bastion… voilà bien une information qui l’arrangeait afin de lui remettre et présenter son rapport. Cela voulait aussi dire qu’ils ne seraient pas appelés immédiatement sur le Chimaera, sans doute stationné au spatioport réservé aux militaires. Elle n’était pas étonnée qu’il sache où ils se trouvaient, en raison de l’interface neurale militaire. S’il se trouvait sur Bastion, il n’y avait pas trente-six mille localisations où il pouvait se trouver en temps de permission, le connaissant. Il lui apporta la réponse alors qu’il poursuivait.


« Il ne semble pas que l’autorité qui vous a réquisitionné ait prévu des accommodations pour votre séjour, ce pourquoi je vous propose de me rejoindre à la résidence Reige où je me trouve actuellement. Le sergent pourra ainsi me faire son rapport et vous aurez quartier libre les trois prochains jours avant que nous retournions ensemble auprès de la flotte à bord de mon vaisseau personnel.   »


La proposition de l’Amiral eût le mérite de surprendre ses commandos, qui s’attendaient moins à ce qu’il leur propose de les accueillir de la sorte que de leur proposer des options de logements temporaires du côté de la base militaire de la Marine locale. Cordélia nota les différentes réactions, dissimulant un sourire amusé face à la manière dont Reige déconcertait ses plus récents membres du personnel. Sans grande surprise, Cian et Auric avaient l’air très étonnés et enthousiasmés par la proposition, l’entrain de son comparse étant peut-être quelque peu modéré par la réserve et la perplexité de la jeune femme. Jefferson était surpris, certes, mais derrière son attitude soigneusement maintenue, il lui semblait déceler aussi un zeste de méfiance. Cela n’était guère surprenant lorsque l’on connaissait la personnalité et le parcours de son adjoint, mais Cordélia estima qu’il ne ferait pas de mal que de leurs apporter quelques précisions. Elle connaissait bien l’adresse du domaine des Reige, pour s’y être souvent rendue depuis son enfance, dès l’époque où son père l’avait officiellement reconnue, en compagnie d’Oncle Jan, et plusieurs itinéraires qui pouvaient y mener. Elle aurait pu recourir à sa propre navette, l’Antarès, mais celle-ci se trouvait à bord du Chimaera actuellement. Cela laissait donc la contrainte, dans ces circonstances, de trouver un espace de stockage à la base pour leur matériel et armures, et de venir les récupérer là-bas par la suite, quand ils retourneraient sur leur navire. Quoiqu’il en soit, la perspective d’une permission de quelques jours était favorablement reçue par l’ensemble de l’Escouade Delta, et Cordélia l’approuvait volontiers. Cian et Auric avaient clairement besoin de se changer les idées après les faits survenus à bord du Scipion, en particulier son dénouement quelque peu complexe, et Jeff apprécierait sans aucun doute la perspective de pouvoir rentrer chez lui et passer un peu de temps avec son épouse et ses enfants. En ce qui la concernait, Cordélia n’était pas fâchée de pouvoir rentrer un peu sur Bastion. Elle n’était pas sûre de la présence de son père et de son parrain sur place, leurs permissions tendaient à rarement coïncider avec les leurs, mais elle prendrait un peu de temps pour visiter sa mère, saluer le Moff Reige et partager la compagnie de Sera, sa meilleure amie, et de Lukan. Sur un plan plus professionnel, il lui tardait surtout de soumettre à Reige son rapport et de lui rapporter, autant que son obligation de discrétion le lui permettrait, ce qu’ils avaient découverts.


« En d’autres termes, vous êtes mes invités. Un transport va venir vous chercher. Encore une fois, je suis heureux de vous revoir et je vous attends avec hâte. »

« Moi aussi, je suis contente que tu ailles bien, Cordélia », glissa Sera en apparaissant dans le champ d’holoprojection à côté de Lukan.


Impeccablement vêtue d’une tenue digne d’une fonctionnaire aux côtés du Moff de Bastion, le visage rayonnant de Sera apparu aux côtés de son frère. Une ombre de sourire vint éclairer les traits austères de la sergente, qui répondit d’une voix cordiale, au sérieux imperturbable.


- Amiral Reige. Je vous confirme que la question des accommodations à notre retour ne faisait pas partie de l’ordre de mission remis par l’autorité requérante. L’escouade vous remercie pour ces aménagements et pour votre accueil. Nous allons rejoindre le transport que vous avez indiqué dès que cette conversation sera terminée, afin de rallier la résidence Reige dans les meilleurs délais. J’ai complété la rédaction du rapport, je pourrais vous le remettre et vous le présenter à notre arrivée, au moment qui vous conviendra.  


Elle estimait que le document était, même dépourvu de ses éléments les plus délicats, trop sensible pour être télétransmis par quelque réseau informatique que ce soit. La sergente tourna brièvement son regard vers l’holoprojection de Sera et lui déclara, d’un ton plus chaleureux.


- Je suis ravie de voir que vous vous portez bien, Sera, et je me réjouis de vous revoir en personne très bientôt. Nous ne tardons pas, Amiral. Traeda, terminé.


Coupant court à la communication, Cordélia se tourna vers ses commandos et les observa. Là où les traits sévères et bourrus de Jefferson étaient quelque peu écornés par un zeste d’amusement, Cian et Auric étaient clairement curieux, pour des motifs bien différents. Traeda temporisa leurs questions en leur indiquant de la suivre et qu’ils devaient rejoindre le transport. Renseignements pris et douane militaire franchie, la sergente donna la consigne de transférer leur matériel sur le transport mandaté par l’Amiral Reige, dont on lui indiqua la voie de départ. L’Escouade Delta se rendit jusqu’au quai souhaité, où une navette de classe Alpha était amarrée et sur laquelle les caissons de leur matériel non transportable aisément – explosifs, armes lourdes, produits médicaux, son drone EPSI en recharge et son droïde astromec, etc. – était chargé. Se faisant connaître et identifier auprès du pilote du transporteur, les commandos Marine montèrent à son bord et, une fois le décollage effectué, Cordélia leur laissa un temps de repos pour se délester de leurs plaques d’armure et pour revêtir leurs uniformes militaires. Quand Auric s’en étonna, Cian lui répondit avant que Cordélia ne le fasse en lui expliquant que le chef de la famille, Valin Reige, était aussi le Moff de Bastion et pouvait recevoir des invités politiques et haut gradés sur place, aussi une tenue formelle était préférable dans le doute. Cordélia approuva de la tête : elle n’avait apporté que peu d’importance à la parenté plus éloignée de Cian à la famille Teradoc, à la célébrité très ambivalente, mais elle était instruite. Une fois ce court repos effectué et leurs uniformes endossés, Cordélia les avait réunis pour une petite séance de débriefing de l’opération, et recueilli leurs propres rapports afin de les étudier par la suite. Ils se reposaient quelque peu dans le sas de débarquement, attendant patiemment leur arrivée au domaine des Reige, quand Auric décida de rompre le silence en demandant.


- Elle était plutôt mignonne, cette « Sera ». C’est l’épouse du boss ?

- Auric ! Elle est bien plus jeune que lui, et si tu avais fait un peu attention, tu aurais remarqué que ses traits ressemblent assez à ceux du Moff Reige. Et puis si cela avait été le cas, ça se serait su. Le mariage d’un officier supérieur, plus encore d’un amiral, ça ne passe pas vraiment inaperçu. Il s’agit de la fille du Moff, Sera Reige. Répliqua Cian.

- La fille du Moff, hein… et puis, comment tu le sais, toi ?

- Parce que je m’informe, moi ! Je prends la peine de me renseigner sur les grandes figures de la société impériale. Tu aurais su qu’elle travaille aux côtés de son père.  Je n’en reviens pas que je dis ça à notre expert de l’information. Rétorqua Cian, piquée.

- Ce n’est pas le genre de données qui m’intéressent d’ordinaire, c’est tout Grommela Auric avant de se tourner vers Traeda - Parlant de ça, elle vous a appelé par votre prénom et elle vous a tutoyée. Vous vous connaissez ?

- En effet. Nous nous connaissons bien. Répondit succinctement Cordélia, écartant la main qu’elle avait posée sur son visage par lassitude entremêlée de fatigue.

- Elles se connaissent depuis qu’elles sont gamines, oui. Commenta Jeff, ajoutant en sentant le perçant regard bleu artificiel de Traeda se poser dans le sien, Ce n’est pas difficile à déduire, je sais me servir de ma tête et j’ai servi sur plusieurs bâtiments. Ce n’est pas la première fois dans la Marine qu’un Traeda travaille avec un Reige.

- Les seuls autres Reige et Traeda qui me viennent à l’esprit, c’est un Amiral, Jan Reige, et un Commodore, Wilhelm Traeda. J’avais vu leurs noms dans un organigramme. Déclara Cian, hésitant un peu avant de compléter avec gêne, Et j’ai entendu des rumeurs, aussi. Certains les appellent les « Inséparables ». Certains bruits laissent entendre d’ailleurs qu’ils sont, je veux dire…  

- Colocataires Compléta Cordélia, Ils habitent conjointement un logement, et ils sont issus de la même promotion de l’Académie d’Anaxes. Quoi que vous ayez pu entendre, ce sont des amis de longue date, rien de plus.

- Darklighter les a déjà croisés en ville, dans un lieu des plus intéressants. Renchérit Jefferson, avec un rare soupçon d’espièglerie dans son sourire bourru en coin.

- Je ne dis pas le contraire. Ils sont colocataires et amis. Insista Cordélia avec fermeté - Je le sais d’autant plus qu’ils m’ont éduquée.  


Cordélia ne baissa pas les yeux, ses sourcils légèrement froncés pour appuyer son point. Cian n’avait pas l’air très convaincue, même si la jeune femme faisait des efforts pour le paraître, et Auric avait un sourire courant jusqu’aux lèvres avant qu’il ne demande, plus sérieux et perplexe.


- Du coup, si ce n’est pas indiscret, sergente. Comment vous êtes arrivée là ? Je veux dire, chez les commandos ? Avec de tels appuis, vous auriez pu aller plus haut.

- Parce que j’en ai décidé ainsi, et j’avais les prérequis. Je suis arrivée là où j’en suis de ma propre volonté. Je suis ici parce que c’est là que je veux être.  


Cordélia était transparente sur ce fait. Elle avait souhaité mener sa propre carrière, ne pas être dans l’ombre de son père et de sa figure paternelle adoptive, ne pas se contenter de suivre leur pas mais définir son propre chemin et marcher à leurs côtés, à son rythme et par sa propre voie. Elle avait certes été influencée par ce qu’ils lui avaient appris, mais elle avait décidé elle-même et elle ne le regrettait pas. Hors de leur giron, bien que bienveillant et compétent, elle avait pu apprendre et expérimenter beaucoup de choses, apprendre auprès de nombreux vétérans. Elle savait que, dans une certaine mesure, il en allait aussi de même pour Reige… pour Lukan. C’était aussi, désormais, la meilleure manière de veiller sur lui et de contribuer au combat.


- Je ne nie pas connaître les Reige. Je ne l’ai jamais nié. Ces liens ne me définissent pas, cependant, pas plus que je ne m’en gargarise ou que je ne l’ébruite. Je les respecte, je les apprécie, mais je n’ai pas besoin de cela pour prouver ma propre valeur.
- Les actes ont plus de poids que le sang. Tu as fait tes preuves.   Conclut Jefferson en se tournant vers elle, un sourire bourru et empli d’aplomb aux lèvres.


Cordélia laissa comprendre à ses commandos, par son ton ferme, qu’elle ne souhaitait pas s’appesantir sur la question car elle estimait l’avoir bien suffisamment abordée. Elle voulait maintenir une ligne de démarcation claire entre sa sphère professionnelle et sphère personnelle. Elle partageait la philosophie de son père et d’Oncle Jan concernant l’importance du mérite. Cian s’hasarda à une dernière question, qui eut le mérite de la prendre un peu de court.


- Si vous me le permettez, sergente. J’ai eu vent de rumeurs aussi, concernant Monsieur Reige… enfin, le « jeune Reige » et vous ! Je sais que vous affectez tous deux une certaine distance, et c’est une bonne chose, je me doute que vous ne vous y adonneriez pas, après ce qu’il s’est passé sur l’Espadon. Mais quand même… des connaissances m’ont dit qu’elles vous avaient vu, le Reek et vous, ensemble, à un bal organisé sur Coruscant.  


Un silence ponctua ses propos, alors que Traeda se trouvait à court de mots. Oh, elle savait très bien à quoi la cadette de l’escouade faisait référence. Elle se souvenait très clairement de l’événement de mondanité en question, l’un des rares auquel elle n’avait pas pu déroger. Son père l’avait vivement encouragée à y participer, car des sujets et des personnes d’intérêt sur des questions militaires s’y trouveraient. Il s’était avéré que Lukan y était aussi invité et que, tout comme elle, il rechignait à s’y rendre malgré une vive incitation du Moff Reige à y assister. Célibataires et trop méfiants pour se méfier respectivement à tout cavalier et toute cavalière, ils avaient choisi de se rendre service en s’y rendant ensemble et faire face à deux à ces mondanités. Ainsi, ils se protégeaient mutuellement de toute sollicitation non-désirée issue du sexe opposé. S’il n’en avait tenu qu’à elle, elle serait venue en uniforme militaire ou mieux, elle se serait fait passer pour une garde du corps. Malheureusement, ses figures paternelles avaient été formelles : la tenue de soirée était obligatoire dans le code vestimentaire du bal du haut gratin impérial. Elle avait espéré qu’ainsi embellie, maquillée et coiffée par les soins minutieux de sa mère, avec une robe de soirée élégante, et en restant discrète, on ne l’aurait pas aisément reconnue. Comment pouvait-elle lever ce malentendu sans écorner quelque peu sa sempiternelle dignité ? Reconnaissant les alentours de la résidence Reige, Cordélia préféra changer net de sujet :


- Nous arrivons, alors préparez-vous. Je le rappelle, tenez-vous bien sur place. L’Amiral Reige a la bienveillance de nous accueillir, respectons son hospitalité. En tant qu’escouade du Chimaera, nous devons donner l’exemple et faire honneur aux Marines.


Aux réactions de son escouade, elle se doutait que le sujet n’était pas tout à fait clos, mais ils acceptèrent de suivre ses ordres et ils reprirent leur professionnalisme après cette parenthèse.

Une fois dehors, Cordélia devançait légèrement ses commandos, aisément identifiable avec ses longs cheveux blancs qu’elle avait détachés, sa grande taille, sa carrure à la fois svelte et assez charpentée, ses traits altiers et un peu plus fins que les Impériales. Elle portait l’un de ses uniformes les plus courants, un sobre uniforme noir liserée d’argenté, avec un col en argent qui protège son cou, des épaulières et un heaume qui sont renforcés par des plaques d’armure. Une longue et épaisse jupe noire recouvre ses jambes, juste assez fendue à mi-cuisse pour lui permettre de se mouvoir et de se battre sans difficulté. De hautes et solides bottes noires complètent l’ensemble, de ses genoux jusqu’à ses pieds, avec un léger talon compensé.  Bien qu’elle ait laissé la majorité de ses armes avec le reste de leur matériel, sa vibroépée offerte par son père et Oncle Jan reposait, ceinte dans son fourreau à sa taille, avec un pistolet-blaster et, dans l’une de ses bottes, une petite dague dissimulée. Elle préférait toujours être un peu armée, et elle savait que ses commandos avaient observé une prudence assez similaire par habitude.


Tag fef86c sur Star Wars The Last Stand Cordyr10


Avisant Reige et Sera, ils s’arrêtèrent à une petite distance respectueuse d’eux. Cordélia s’avança devant ses commandos, alors qu’ils saluaient tous leur supérieur d’un salut militaire.


- Amiral, Madame. L’Escouade Delta vous salue. Nous sommes arrivés au plus tôt, comme convenu. Notre affectation temporaire exceptionnelle est terminée. Aucun d’entre nous n’a été blessé lors de la mission, aussi sommes-nous opérationnels. Nous vous remercions cependant pour votre hospitalité, et nous engageons à ne pas la déshonorer.  


Même si elle ne l’admettrait pas à voix haute, par souci de discipline, il lui semblait étrange de respecter le protocole militaire en étant à la résidence Reige, un lieu qui lui était bien plus associé à la sphère personnelle que professionnelle. Néanmoins, il y avait un protocole à observer et ils le respecteraient, jusqu’à ce que l’Amiral Reige n’y mette fin de lui-même. Derrière ses traits maîtrisés et ses yeux artificiels, elle était ravie de revoir Lukan et Sera, et voyait aussi une belle opportunité pour ses commandos : Jefferson pourrait peut-être mettre plus d’eau dans son vin concernant son extrême méfiance et très relative appréciation des familles nobles en général, Auric pourrait en prendre de la graine et Cian se sentirait plus en confiance avec une consoeur, et elle ne doutait pas qu’elle pourrait bien s’entendre avec Sera.
par Cordélia Traeda
le Ven 29 Sep - 11:02
 
Rechercher dans: Autres Planètes
Sujet: [Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]
Réponses: 25
Vues: 1000

[Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]


Tag fef86c sur Star Wars The Last Stand Banesc10
I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C) - Escouade Delta :Jefferson Palin (adjoint, en gold),
Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)

Cordélia n’attendait pas nécessairement de réponse immédiate de la part de leur énigmatique commanditaire, drapé dans les ombres qu’il était. S’il faisait bien partie du corps militaire très particulier auquel elle pensait… il n’y avait aucune assurance, mais cela pourrait expliquer bien des points, bien des petits, infimes détails qu’elle avait pu observer. L’attitude de la jeune enseigne qui secondait ce mystérieux officier dont elle n’avait pas vu les traits, extrêmement bien travaillée par ailleurs, qui alliait l’énergie des jeunes militaires à des réflexes bien ancrés de soldats expérimentés. On pouvait contrôler beaucoup de choses à vrai dire, mais très difficilement des réflexes, des instincts ancrés de longue date. Quand elle pensait aux images captées par EPSI, la silhouette de leur mystérieux soldat qui leur avait prêté main-forte pouvait correspondre, en carrure, à cette enseigne. Or, elle avait fait preuve d’aptitudes au combat que l’on ne retrouvait pas au sein des officiers de la Marine, dignes d’un membre de l’infanterie, d’un sous-officier ou d’un commando de la Marine. Et Cordélia n’accordait pas facilement de tels compliments, elle basait son jugement sur ses observations. La commando finissait d’entraver l’officier séditieux en chef lorsqu’elle vit une notification d’ALIX apparaître dans un coin de sa visière, l’avisant qu’elle avait reçu une réponse sur le canal privé. Sans mot dire et tout en aidant les commandos à menotter les officiers encore en vie, elle le parcourut.


« La présence de la sergente Traeda est requise, seule, dans la cabine de l’officier. »


Sa présence était demandée, ainsi… une convocation dans les règles de l’art et entre les lignes, la sergente comprit que cette sommation ne pouvait attendre qu’elle en ait terminé ici. La façon dont elle avait été formulée, les mots qui avaient été choisis, laissaient entendre qu’elle était prioritaire. Nul doute pour elle qu’il s’agissait de leur commanditaire qu’elle avait été la seule de l’Escouade Delta à rencontrer. Le message était factuel, et ressemblait moins à une menace, mais à une invitation, une forte sollicitation. Cordélia se contenta de confirmer la bonne réception du message et sa venue, avant de se redresser, délaissant l’officier solidement entravé et se focalisant sur son devoir plutôt que la rancœur qu’elle lui vouait. Elle n’avait pas de temps à perdre avec ce sombre et lâche imbécile, et elle avait deux personnes à ses côtés tout à fait aptes à prendre le relai pour finir de gérer la situation.


- Sergent Hosword, je vous délègue la finalisation de la reprise de contrôle. Le Commando Palin vous aidera, je réponds de lui. Jefferson, prends la tête de l’Escouade en mon absence. On requiert ma présence expresse, je ne peux pas faire attendre mon interlocuteur.

- C’est soudain et ça ne vous ressemble pas, sergente. Cela qui vous convoque ne peut pas attendre deux minutes que nous ayons fini ce que nous avons à faire ici ?

- Il ne peut pas attendre, et ce n’est pas quelqu’un à qui je peux dire « non ».


Son homologue semblait prudent et n’appréciait guère ce manque de précisions, mais contrairement aux plus jeunes des commandos, il sembla comprendre assez le non-dit pour ne pas insister. Il y avait des choses qu’il valait mieux ne pas chercher à savoir, et savoir se contenter de ce que l’on sait. C’était aussi à ça qu’on reconnaissait un commando qui avait un peu de bouteille. Si beaucoup de choses pouvaient les étonner, les émerveiller et les outrer quand ils étaient encore des bleus dans la Marine, avec le temps, ils apprenaient à moins s’étonner, à comprendre davantage le non-dit et à connaître les lignes à ne pas dépasser, et à les distinguer de celles que l’on pouvait repousser, et comment le faire. Outre l’obligation militaire d’honorer cet entretien, Traeda y voyait aussi le moyen d’obtenir des éléments d’information qui leur manquait autour du contexte de leur assignation temporaire. Elle voulait comprendre, tant pour elle-même et son équipe, que savoir comment préparer en amont le rapport qu’elle devrait faire à ses supérieurs, une fois qu’ils seraient de retour sur terre ferme impériale. La partie allait sûrement être serrée, s’ils étaient bien qui elle envisageait qu’ils puissent être, mais c’était l’occasion d’essayer de glaner des réponses, et de savoir ce qui pourrait figurer sur son rapport. Jefferson ne lui posa pas de questions, et se contenta de lui répondre de son habituel ton bourru.


- Compris. Si tu mets trop de temps à revenir, je viendrai te chercher.


Il garderait un œil sur Auric et Cian en son absence, Traeda le comprit aisément entre les lignes, et en fût reconnaissante. La sergente échangea un regard avec son droïde astromécanicien, R9, qui lui emboîta le pas alors qu’elle s’engageait dans des couloirs qui lui étaient devenus plus familiers. Le petit astromech s’immobilisa à côté de la pièce où elle devait se rendre, sifflotant avec entrain, puis avec surprise en constatant la présence d’une autre personne, ses bips se faisant ensuite plus curieux alors qu’il analysait l’individu. Pour sa part, Cordélia la reconnût immédiatement, visage révélé. Celle qui se voulait être une simple Enseigne n’en était bel et bien pas une, comme la métisse l’avait suspectée, à en croire son équipement et surtout sa posture. La sergente retira également son casque en signe de respect, révélant son visage à la fois fin et altier, au menton quelque peu pointu, mais aussi légèrement accentué de traits plus secs et plus carrés, témoignant de son double-héritage. Ses cheveux blancs étaient pour l’heure noués en un chignon militaire, tandis que ses yeux artificiels dévisageaient avec attention son interlocutrice, qu’elle salua d’un signe de tête, précisant à voix basse.


- Je vous remercie pour votre appui, commando Adrastia.


Elle ne connaissait pas son nom, après tout, et n’avait pas nécessairement à le savoir si l’interlocutrice ne souhaitait pas le préciser. Le choix du qualificatif de « Commando » évoquait moins le rang que l’appartenance à un corps similaire à celui qu’elle représentait, celui des Commandos Marine, et lui paraissait être le terme le plus adéquat envers une homologue dont elle ignorait tout de l’identité, la véritable identité. Le ton de voix qu’elle avait choisi était certes maîtrisé, mais respectueux et cordial. Suivant son invitation de la main, Traeda pénétra dans la cabine pour rencontrer leur commanditaire. Á peine avait-elle passé l’entrée que Cordélia releva que tous ses outils de communication et de captation dysfonctionnèrent aussitôt, ce qui incluait pour une rare fois son IA embarquée, ALIX, qui semblait réduite au silence. Une tranquillité d’esprit à laquelle n’était guère plus habituée l’officier, et qui ne faisait que renforcer son sentiment d’avoir travaillé avec un service confidentiel de l’Empire. Ses yeux célestes se posèrent sur la personne qui se tenait face à elle, bien différente de l’officier malade qu’elle avait pu entendre. Au lieu de l’homme âgé, se trouvait une officier Chiss à la carnation azurée et aux yeux carmins. Face au sourire amusé de sa nouvelle interlocutrice, Cordélia maintint des traits maîtrisés, son expression quelque peu austère et détachée, mais dénuée d’hostilité. La sergente ne pouvait pas dire qu’elle partageait son amusement, ressentant plutôt le sentiment aigre-doux du devoir accompli, bien que dans des circonstances regrettables, face à des officiers véreux.


- C’est de l’excellent travail que vous avez fait. Que les traitres vivent ou meurent est sans importance pour moi. J’ai ce que je voulais et le gibier que je sache a commis une erreur qui va lui coûter cher. Vous l’aurez compris, ici à bord, il n’y avait que du menu fretin. Un moyen d’arriver à une fin. Mais je manque à mes manières… Silenda. Commandant de l’Imperial Intelligence. Ravie de faire votre connaissance, sergente.


Au moins, elle avait eu une réponse claire, qui lui laissait autant les coudées franches pour le sort des séditieux que son lot de complications quant à leur gestion jusqu’à destination. Il faudrait gérer la soif de sang de ceux et celles qu’ils avaient lésés, s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres éléments séditieux essaimés en leur sein pour souffler sur les braises encore brûlantes du complot qu’ils avaient déjoué et si la situation l’exigeait, éliminer tout ce qui représenterait une menace envers l’Empire galactique. Á ses propos, Cordélia comprit qu’elle avait affaire à celle qui se faisait passer pour l’officier malade, ce qui apportait quelques pièces de compréhension sur ce mystérieux officier alité dans une pièce, et sur l’identité de la personne qui les avaient aidés dans l’ombre avec le curieux bloc de données. Ces séditieux avaient préféré la mort plutôt que la honte de faire face au tribunal impérial, elle ne leur accorderait donc pas ce plaisir si elle pouvait s’en passer. Ils en avaient perdu au cours de la contre-offensive, mais elle jugea qu’elle devait en contraindre au moins deux ou trois à rester en vie pour qu’ils puissent répondre de leurs crimes. Leurs cas intéresseraient sans doute l’Amirauté de la Marine.


- Une tasse de thé? Je vous promets que je n’ai rien mis de dangereux ou anormal dedans. Nous sommes entre loyalistes de l’Empire Galactique, ce ne serait pas très convenable de vous empoisonner. J’imagine que vous avez des questions et aucune discussion ne saurait être complète sans une tasse de thé. Si j’avais un vice, ce serait mon amour pour cette boisson… Je vous écoute, sergente. Ou préférez-vous Cordélia?


Puisqu’elle ne pourrait compter que sur sa propre mémoire, qui heureusement était bonne, Cordélia se concentra sur les éléments pertinents des informations essaimées par son interlocutrice. Son identité, en tout cas professionnellement parlant : Silenda, individu féminin, Chiss, Commandant de l’Imperial Intelligence, sous couverture d’un officier supérieur de la Marine. Assistée par un commando de l’Imperial Intelligence, humaine, Adrastia. Elle s’efforça de se focaliser en phases courtes et en mots-clés bien choisis pour stimuler sa mémoire plutôt que de chercher à tout retenir et à ne rien se rappeler, une petite technique que lui avaient enseignée son père et son parrain pour favoriser la mémorisation. Les détails, comme sa politesse et sa grâce en tant qu’hôtesse, étaient d’une importance secondaire. Elle appréciait la cordialité et les manières dont faisait preuve la maître-espionne face à elle, mais elle ne départit pas de son austère réserve dans un cadre professionnel. Aussi, la voix de la sergente-commando se révéla être à la fois assurée et cordiale, mais formelle.


- J’accepte volontiers. « Sergente » me convient tout à fait. Par réciprocité, préférez-vous que je m’adresse à vous par « commandante » ou par « Silenda » ? En ce qui concerne les traîtres qui ont survécu, nous allons les garder au frais et les remettre aux autorités militaires dès notre arrivée. Je vais prévenir la base militaire locale pour qu’ils soient écroués le temps de leur transfert jusqu’à une prison sécurisée de Bastion. Mon devoir s’arrêtera là, je laisse la cour martiale décider de leur sort. Je ne suis pas habilitée à déterminer quel jugement devrait leur être passé.


Et elle n’avait pas assez de recul non plus sur la question. Elle avait déjà subi des supérieurs aussi corrompus par le passé, son opinion n’était donc guère plus objective que celle de ses commandos à cet égard. C’était le rôle des officiers de statuer sur ces questions-là, pas celui des sous-officiers. Sa seule responsabilité concernait ses commandos de l’Escouade Delta, celle qu’elle supervisait. Traeda ne comptait pas outrepasser ses prérogatives quand la situation, ici exceptionnelle, ne l’exigeait pas. Ce qu’il s’était passé à bord du Scipion était un cas exceptionnel, et qui devait absolument le rester. Il était important, à ses yeux, de respecter le cadre de l’autorité militaire pour éviter le risque de chaos, d’anarchie et de déraison dans le processus de prise de décisions, afin qu’elles puissent rester éclairées.


- Les éléments nuisibles sont désormais muselés et confinés, le Scipion est de nouveau sous contrôle, nous aiderons à ce qu’il en reste ainsi jusqu’à notre arrivée. Je présume que notre mission prendra fin lorsque nous atterrirons, comme indiqué sur l’ordre de mission ? En outre, considérant les circonstances, disons, inhabituelles de notre réquisition et les attentes de l’Amiral responsable de notre bâtiment d’affectation, je serai dans l’obligation de lui dresser un rapport de cette mission. Je gage que vous en entendrez les raisons, opérationnelles et procédurières.


De ce qu’elle connaissait de l’homme, il n’avait certainement pas dû apprécier ce tour-de-force procédurier et administratif nonobstant son approbation, et encore moins de ne pas avoir été à minima consulté ou prévenu en amont. Elle évaluait qu’il n’aurait, au besoin, pas été trop sourcilleux concernant les détails de la mission envisagée, mais son adjointe le capitaine Khatis et lui auraient très certainement voulu avoir leur mot à dire. Connaître la durée exacte et les raisons de leur réaffectation temporaire, évaluer l’équipement et le personnel en renfort dont ils pourraient nécessiter pour réaliser cette mission dans des conditions adéquates ; Reige était quelqu’un d’organisé et qui était autant connu pour avoir le nez creux pour débusquer les talents à intégrer dans ses équipes que parce qu'il traitait bien et justement son personnel, ce qui lui avait valu leur loyauté et leur respect. Elle ne se mêlerait pas des échanges qui s’ensuivraient entre les deux corps de l’armée impériale, cela outrepassait ses fonctions, mais elle préférait aviser son interlocutrice de ce rapport inéluctable.


- J’escompte rendre un rapport aussi précis et juste qu’il est attendu de la part d’une responsable d’escouade de commandos. Je ne saurais accepter de contrefaire les faits et les éléments que mon équipe et moi avons été amenés à relever. Cependant, en raison de la nature très « sensible » que semble revêtir ce dossier à en croire le scellé que vous avez appliqué sur cette fiole, je déduis qu’il y aura des éléments de nature trop confidentielle pour y figurer. Est-ce exact ?


Cordélia préférait mettre les choses au clair, alors qu’elle sortait la petite fiole scellée contenant le produit qu’on avait voulu leur injecter pour le lui révéler. Ce serait un aspect épineux parmi les points à déterminer, car sa conscience refusait de fermer les yeux sur certains actes aussi nuisibles que dangereux pour la vie de membres du personnel de la Marine, et notamment d’autres commandos, incluant Jefferson, Cian, Auric et elle-même. Une discussion s’imposait donc pour s’accorder.

Sauter vers: