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par Cordélia Traeda
le Mer 31 Jan - 11:54
 
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Sujet: Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]
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Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]


Tag ed0000 sur Star Wars The Last Stand Banesc10
I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C - Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)


Lukan ne devait pas être habitué à ce qu’elle ait des échanges plus informels avec les membres de son escouade. Ils étaient bien plus sérieux en opération ou dans un contexte professionnel. Traeda n’était guère surprise de ne pas voir ses équipiers décliner l’offre d’un repas. Ils avaient pu manger à bord, mais la nourriture proposée en opération n’avait souvent rien à voir avec celle que l’on pouvait consommer une fois de retour à la maison. En outre, vu la désaffection que leur portait le capitaine du Scipion, ils avaient surtout consommé des repas peu nourrissants ou peu appétissants. Elle-même ne se sentait pas encline à refuser l’invitation, également séduite par la perspective de passer du temps avec des proches ainsi que de se changer les idées.

La présence de Sera avec eux limiterait l’inclination qu’ils auraient à parler du travail.


- Les probabilités que je prenne contact avec lui sont infinitésimales.  


Il y avait une différence entre le fait de savoir quelque chose et celui de réaliser quelque chose. En dépit du très bon accueil que lui avaient toujours réservé les membres de la maison Reige et leur domesticité, la métisse n’avait jamais vraiment oublié son premier contact avec une famille de la petite noblesse impériale, celle avec laquelle elle partageait à moitié son sang par son père. Elle était très jeune quand son père, alors capitaine de Marine, avait révélé son existence ainsi que sa ferme intention d’assumer sa paternité et de la reconnaître officiellement comme sa fille. Plus de vingt ans s’étaient écoulés depuis ce mémorable esclandre familial, mais celui-ci lui avait laissé une forte impression, plus qu’elle ne voudrait bien l’admettre et surtout à voix haute. Il n’en restait pas moins vrai qu’elle se sentait plus à son aise auprès des Reige que des Traeda, à la notoire exception de son père de sang dans ce dernier cas. La mention de Jan eût le mérite de laisser erreur un léger sourire affectueux sur les lèvres de la sang-mêlé humain et hapien. Elle ne nierait pas qu’elle considérait Jan comme son deuxième père, et la mention lui fit plaisir. Elle supposait que le père adoptif de Lukan et chef de famille, le Moff Valin Reige, espérait encore que son plus jeune frère consente à se poser et à trouver une dame respectable à marier. Hélas, il était un aussi irréductible célibataire endurci que le Commodore Traeda, et il ne serait guère aisé de lui faire changer ses habitudes sur ses fréquentes mais courtes liaisons féminines. Cordélia avait beaucoup de respect envers le Moff Reige, qu’elle avait connu en même temps qu’elle n’avait fait la connaissance de Galen, Sera et Lukan, par l’intermédiaire d’Oncle Jan.

La mention de son cousin, faite sur un ton complice par Lukan, eût le mérite de l’amuser. Elle ne savait que trop bien à quel cousin il faisait référence. Ses relations avec Léandre Traeda, le fils du Moff Elric Traeda – son oncle biologique, frère aîné de son père Wilhelm – étaient mauvaises et glaciales, et ce d’aussi loin qu’elle puisse se souvenir. Ils ne s’étaient pas revus depuis – Cordélia n’avait aucune intention de croiser le chemin du Lieutenant-Colonel Stormtrooper de sitôt –  et ce d’autant moins qu’ils servaient deux corps d’armée différents. Outre sa bâtardise et son métissage avec du sang Hapien, Léandre n’avait jamais accepté qu’elle ait été reçue dans la Marine et qu’il ait été recalé, avant de faire sa carrière dans l’Infanterie. Du peu qu’elle en savait – malgré elle – il était plutôt compétent à son office et au combat. Hélas, aussi longtemps que vivrait le Moff Traeda, elle doutait que leurs relations s’améliorent, si elles s’amélioraient un jour. Cordélia estimait, pour sa part, qu’il s’agirait d’une perte de temps. Elle avait fait son deuil sur la branche paternelle de sa famille il y a déjà des années.


- Ca ne me dérange pas en soi, je n’y étais juste pas préparée. Je n’ai pas l’habitude d’amener mes équipiers “à la maison”, comme tu sais. Effectivement, c’est quelque chose que je n’ébruite pas en général, considérant ton actuel niveau de responsabilités.


Reige avait bâti sa réputation non seulement pour son efficacité de commandement et pour ses stratégies redoutables, mais aussi par le respect qu’il portait à son personnel et à son équipage, et en particulier avec la gente féminine. Il leur laissait des possibilités de promotion égales et équitables avec les membres masculins de son personnel, militaire et civil, et restait intègre. Et la dernière mission « réquisition » lui avait souligné que même des gens intègres et honnêtes pouvaient voir leur réputation être salie malgré eux et elles pour servir les intérêts d’autrui. Elle laissa néanmoins sa gravité s’estomper et se muer peu à peu vers la légèreté et la familiarité.


- Je ne suis pas surprise, ça te ressemble bien. Je te remercie, je serai contente de les revoir, et ils n’ont pas leur pareil pour animer une tablée. Ce sera aussi l’occasion de tordre le cou à une rumeur qui est parvenue jusqu’aux oreilles de l’escouade.


Lukan n’aurait guère de difficulté à déduire quel genre de rumeur elle mentionnait, il connaissait assez bien ses deux figures paternelles ainsi que leur mode de vie assez atypique, résolument célibataires dans leur cinquantaine d’années, colocataires et proches amis de longue date. Si le Commodore Traeda était plus austère et réservé dans son attitude, surtout au travail, Oncle Jan était plus espiègle et se plaisait à rire gaiement de la situation et se montrer malicieux, au désespoir de son colocataire qui se damnait à clarifier les choses plutôt qu’à les embrouiller. Le sourire espiègle de Lukan, qu’il ne laissait jamais entrevoir en public, détendait l’atmosphère.

Disons qu’elle commençait à bien connaître les membres de la famille Reige, et que cela lui paraissait être une solide probabilité que la demande provienne du Moff Reige. Il n’y avait guère que Valin et Sera qui pourraient, sans doute, faire déroger à ses habitudes son ami. Cordélia l’écouta donc avec attention, sachant que ses équipiers discutaient de leur côté. Elle ressentit une certaine compassion concernant les formalités administratives. Á son grade militaire et à son rang social, elle en avait bien moins que lui à gérer et la quantité dont elle devait s’acquitter lui suffisait déjà amplement en tant, surtout, que cheffe d’escouade. Face à son murmure teinté d’ironie, Cordélia lui répondit à voix basse, un mince sourire compréhensif.


- On peut dire qu’elles ont chacune leur originalité toute particulière.


Cordélia n’insista pas davantage, il n’était pas de son caractère de se mêler de points relevant de la vie privée, et ce encore moins en dehors du cadre du boulot. Les secrets de Lukan étaient les siens, même si cela expliquait quelque part l’attitude du lieutenant Madera. Elle n’était pas hostile à la lieutenante, mais faisait toujours preuve d’une certaine prudence depuis le jour de son entretien avec Lukan. Ses propos ultérieurs l’avaient confortée dans cette décision.

Cordélia l’écouta avec attention, appréciant le timbre plus familier de leur discussion. La Grande Amirale Quizan, ni plus ni moins ! Ce n’était en soi pas si étonnant, en considérant le titre et les responsabilités de Lukan, mais cela n’en restait pas moins intéressant. Elle était un profil intéressant d’officier non-humain, à son instar, qui avait atteint les sphères les plus hautes de l’Empire malgré le racisme qui sévissait encore dans le régime. C’était une figure, disait-on, proche de l’Impératrice. Un adversaire habile à l’épée, sans doute autant qu’avec ses mots. Elle avait visiblement laissé une bonne impression à Reige, et la curiosité de Traeda s’aiguisa plus encore à la mention des améliorations potentielles que voudrait apporter Lukan à la Marine. Elle n’avait pas une très haute opinion des Chevaliers Impériaux, en tant qu’utilisateurs de la « sorcellerie », mais elle n’était pas fermée à revoir ses positions si on lui prouvait le contraire.


- Je me demande ce que tu as en tête, mais ça m’intrigue. Il est vrai que nous les voyons peu à bord. Je ne les connais pas assez pour me prononcer à leur encontre. Enfin, laissons le travail pour l’heure, Sera risque d’encore nous réprimander sinon.


Ou de dire qu’ils étaient décidément incorrigibles, c’était aussi une possibilité. Ils n’eurent cependant pas le loisir de poursuivre leur conversation pour l’heure, ils étaient invités à prendre place autour de la grande tablée. Cordélia s’installa à sa place habituelle, proche de Sera, et échangea quelques mots avec son amie et Cian, puis avec Auric et Jefferson. Elle temporisa ou esquiva les questions qu’elle jugeait trop indiscrètes ou personnelles, et leurs échanges cessèrent avec le retour de Lukan… qui n’était visiblement pas revenu les mains vides, à la surprise partagée des Commandos. Elle s’étonna tout autant du fait que Sera ne semblait pas en avoir, mais connaissant Lukan, elle supposait qu’elle ouvrirait le sien plus tard, en privé. Amusée, elle écouta l’histoire de Noël racontée par son ami d’enfance. Elle la connaissait déjà, le père adoptif de Lukan, messire Valin la leur avait contée quand ils étaient enfants. Elle ne comptait cependant pas en dévoiler la chute aux nouveaux auditeurs, chacun étant libre d’y porter du crédit ou non. L’imaginaire se mêlait à la réalité, plus encore en cette période de l’année. Il était bon parfois de se laisser un petit peu rêver, non, quand on en avait le luxe ? Elle ne se joignit pas aux chants de Noël, estimant qu’elle n’avait pas une voix assez juste pour cela, et se contenta de fredonner en de simples murmures les paroles qu’elle connaissait bien. C’était un chant populaire, bien connu dans la galaxie, et Cian comme Auric se prêtèrent au jeu. Malgré la précision de Lukan, Cordélia comptait bien lui offrir un présent en retour et prévoyait déjà de se rendre en ville pour le trouver. Ils avaient été tant occupés par leur profession qu’ils n’avaient guère eu le temps d’anticiper ces fêtes, et de là, d’acheter des présents à leurs proches. Il faudrait qu’elle en trouve aussi pour son père, Oncle Jan, le Moff Reige ainsi que Sera.

Une fois de plus, elle pût constater que Lukan connaissait bien son équipage et avait pris soin de se renseigner de son côté pour cerner les goûts de chacun. En tout cas, ici, il avait ciblé juste. Cian était enchantée par le présent qu’elle avait reçu, et Auric se proposait déjà de l’aider à le calibrer. Auric était satisfait aussi par le kit, pour lequel il trouverait un usage pratique au quotidien. Quant à l’alcool offert à Jeff, il fit mouche également et même le plus bourru de ses Commandos n’était clairement pas insensible à cette petite attention. Il se joignit aux remerciements de ses militaires, et Cordélia s’attendait déjà à une avalanche de questions.


Satisfaite et contentée par ces constats, Cordélia profita de la liesse environnante pour ouvrir le sien, tandis que l’attention des convives était encore détournée. De quoi pouvait-il s’agir ?

Intriguée, la cyborg déballa avec délicatesse l’emballage, un soin que lui permettait désormais sa bonne maîtrise de sa prothèse cybernétique remplaçant l’un de ses bras. Une arme blanche, élégante mais qui pourrait aussi tout à fait lui servir au quotidien dans le cadre de son travail… Lukan l’avait bien cernée, plutôt que de choisir un bijou ou une robe qu’elle n’aurait guère portés. Ignorant l’attention de ses Marines sur le présent, Cordélia inspecta avec attention la dague en la tenant avec soin : le métal était clair, léger et luminescent, et lui rappelait le songsteel dont était forgée sa vibroépée, et serait tout autant capable de résister à l’une des armes de ces infâmes sorciers présents au sein de la République et du Consortium d’Hapès. Elle nota également la présence, comme embellissement d’une arme déjà fort belle, de deux rubis, l’un à sa garde, et l’autre à son pommeau. S’il n’y avait guère de doute que ses équipiers, à commencer par Cian, la taquineraient sur un présent aussi raffiné, ils ne verraient guère la référence implicite que faisaient le choix de ce métal et de ces pierres précieuses précises. Outre la praticité de l’un et l’élégance des autres, elles faisaient surtout référence d’une part à sa chevelure particulière, et surtout de l’autre à la couleur de ses yeux naturels dont elle s’était départis au cours de sa formation à l’Académie de la Marine d’Anaxes. Ils étaient alors carmins, d’une même pourpre que celle de sa mère courtisane, et tout aussi affectés par la pénombre.

Le cadeau était ainsi bien plus personnel, et l’attention la touchait sincèrement.


- Merci, Lukan. J’en prendrai soin.


Son regard laissait néanmoins sous-entendre qu’elle escomptait bien lui rendre la pareille à la première occasion venue, quand ils seraient en privé. Ils n’eurent guère le temps de s’appesantir sur le sujet que les droïdes approchaient avec les mets d’entrée, en guise de mise en bouche.

L’humeur festive gagna bientôt les convives, alors que chacun et chacune répondaient avec entrain ou cordialité au toast initié par Lukan, Cordélia incluse. Le vin blanc, d’un très bon millésime, se mariait à merveille avec le foie gras et les petits toasts. Cela rappelait de bons souvenirs à Cordélia qui, plus le temps passait, appréciait à leur juste valeur cette convivialité.
par Cordélia Traeda
le Lun 18 Déc - 16:45
 
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Sujet: Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]
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Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]


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I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C - Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)


Cordélia reconnût sans aucune difficulté les droïdes de service qui se présentèrent à eux à leur arrivée au portique du manoir des Reige. Après leurs salutations et leurs questionnements soigneusement intégrés dans leur programmation, les droïdes eurent tôt fait d’identifier Traeda. Elle n’était pas exactement un visage inconnu sur place, pour y avoir passé une grande partie de son enfance et de son adolescence quand elle n’était pas avec Oncle Jan et/ou son père à leur appartement, ou avec sa mère dans sa maison close. Alors que les droïdes relevaient également l’identité de ses trois commandos, Cordélia restait consciente de la curiosité croissante des plus jeunes, aussi évidente que Jefferson ne se faisait plus réservé, son regard ne trahissant que l’impression d’un constat qu’il se voyait confirmer ici. La métisse n’était pas habituée à ce que sa sphère privée coïncide, même temporairement, avec sa sphère professionnelle de relations. Il y avait une distance, bien que légère, qu’elle tenait à maintenir avec ses subordonnés, tout comme il y avait un visage, implacable, d’elle-même qu’elle ne voulait pas montrer à Sera et qu’elle espérait de tout cœur n’avoir jamais à lui révéler, de son vivant et par-delà la tombe.


Elle fût tirée hors de ses réflexions, alors qu’elle s’était détachée des discussions entre les trois autres Marines, par l’apparition prochaine de deux silhouettes depuis le parvis du manoir. Elle les reconnût sans aucun mal, puisqu’il s’agissait des deux héritiers Reige encore en vie, ou tout du moins encore légitimes. Lukan avait choisi de revêtir l’un de ses uniformes, ce qui confortait sa propre initiative de demander à ses commandos d’endosser le leur à la place de leur armure. Sera semblait bien se porter, soigneusement apprêtée et sobrement habillée sur son siège flottant qui remplaçait les jambes qui ne pouvaient pas la porter, ses yeux aussi vifs qu’à son habitude. L’habitude ayant le pied plus céleste que la pensée, des saluts militaires furent bientôt échangés, une scène qui devait surprendre Sera, très peu habituée à ce qu’ils se montrent aussi formels.


- Sergent, madame, messieurs, je vous remercie d’avoir fait le déplacement promptement. Je vous présente ma sœur, Sera Reige, qui travaille comme fonctionnaire impériale sur Bastion.

- Enchantée de faire votre connaissance, et bien sûr heureuse de te revoir, Cordélia.


Les yeux se tournèrent vers la jeune femme, qui avait près ou prou le même âge que Cordélia à quelques mois près, bien qu’elle parusse plus jeune que la militaire. Sans doute ses traits plus doux devaient y jouer, même si son regard ondin trahissait la maturité indue à la fonctionnaire impériale qui assistait le Moff de Bastion dans ses fonctions, et apprenait le métier à ses côtés. Auric était clairement sous le charme, et si cela ne semblait guère plaire à Cian, la cadette semblait d’autant plus motivée à faire la connaissance de Sera. Dans un monde militaire essentiellement masculin, il ne serait pas de mal à Cian d’avoir de la compagnie féminine, plus que ne le serait jamais Cordélia. La sergente adressa un sourire affectueux à Sera, qui laissait clairement transparaître l’entrain qu’elle ressentait à revoir celle qui était une sœur de cœur. Elle ne s’étendit cependant pas davantage pour l’heure, puisque Lukan reprenait la parole.


- S’il en était besoin, je vous confirme votre réaffectation immédiate sous mon commandement et celui de ma flotte. Je vous félicite d’être revenus en vie et en bonne santé, et je n’ai aucune inquiétude quant à votre conduite ici. J’espère juste que la prochaine fois que ce genre d’affectation vous tombe dessus, j’en serai dument informé par l’autorité à l’origine de cette réquisition… mais en tous les cas, quel que soit le déroulé de votre mission et son dénouement, je m’engage à ce que vous soyez protégés de toute répercussion administrative, légale ou judiciaire de quelque nature que ce soit, sur mon autorité.


Il était temps en effet d’adresser les formalités, afin de pouvoir s’en délester dès que possible tout en ayant l’esprit tranquille qu’elles aient été bien complétées. Une certaine tension semblait quitter les épaules des commandos lorsqu’ils reçurent la confirmation que leur transfert temporaire était bien terminé et qu’ils étaient réassignés à leur bâtiment habituel, auprès du personnel et des militaires auxquels ils étaient familiers, en particulier les deux plus jeunes. Cordélia nota la petite pique que leur supérieur glissa à travers ses propos concernant les circonstances inhabituelles de leur réaffectation temporaire – pour ne pas dire « réquisition » - effectuée sans son aval ni même sa connaissance, validée en son absence et celle de son adjointe. Ces quelques paroles de reconnaissance du travail effectuées furent néanmoins appréciées. Les garanties légales, administratives et judiciaires étaient également une bonne nouvelle, considérant la nature de la mission à laquelle ils avaient été affectés et des adversaires auxquels ils avaient été opposés par l’Intelligence Impériale. Ce gage de confiance était aussi apprécié. Cela rassura néanmoins Cordélia, qui savait que l’agent des renseignements impériaux qui les avaient réquisitionnés avait choisi leur escouade en partie parce que sa propre réputation la précédait concernant les… difficultés qu’elle avait rencontrées avec des officiers corrompus. De ce qu’elle avait compris à demi-mots, en outre, de la bouche de l’officier de l’ombre, c’était que les cibles du Bureau impérial du renseignement étaient très bien placées dans les chaînons impériaux, et qu’ils n’avaient eu affaire qu’à des sous-fifres au déjà fort potentiel de nuisibilité. Ses yeux azurés se déportèrent quelques instants, successivement, sur Lukan et Sera à cette pensée. Elle ne se serait jamais pardonnée qu’une erreur puisse gâcher leur avenir respectif, sans parler du père adoptif de Lukan, le Moff Reige, une figure plus exposée politiquement. Le pouvoir de l’information pouvait être terrifiant, employé à de mauvaises intentions, et briser bien des carrières mais aussi et surtout des foyers, et des vies d’honnêtes citoyens de l’Empire.


- À compter de cette minute, vous êtes officiellement en permission, ce qui signifie que le protocole militaire n’est plus nécessaire, Cordélia. Madame, messieurs, je ne me permettrais pas de vous appeler familièrement sans votre permission donc laissez-moi simplement vous réitérer que vous êtes les bienvenus chez nous, au même titre que votre sergent qui a arpenté ces couloirs depuis l’époque où elle était haute comme trois pommes. , glissa l’amiral avec un sourire.


Elle reçut, sans doute comme ses pairs, la notification de réception sur leur datapad respectif de leur instruction de permission, permettant de confirmer leur repos octroyé de quelques jours. La mention de son prénom par Lukan l’extirpa de ses réflexions et la ramena au temps présent. L’emphase mise sur la mention de permission indiquait aussi sans doute que Lukan ne souhaitait pas qu’ils parlent du travail pour le moment, et que donc son rapport pourrait attendre un peu. Elle l’avait déjà écrit à chaud, elle pourrait le relire sans doute à froid en soirée, avec plus de recul, pour voir ce qu’elle pourrait compléter, préciser et se remémorer les points saillants.


- Oh, vraiment ? « Vous vous connaissez bien » en effet, avec Cordélia.   Commenta Jefferson d’un ton bourru, à peine écorné par des yeux bleus-gris amusé.

- En effet, Lukan et moi « nous connaissons bien » Répliqua Cordélia d’un ton à la fois ferme et posé, haussant un sourcil à l’attention de son adjoint.

- Aussi bien que vous ne connaissez le coin, on dirait. Renchérit Auric, interrompu par une légère tape derrière la tête de Cian.

- En tout cas, je vous remercie pour votre accueil, monsieur Reige, et il me tarde de faire votre connaissance, Sera. Je suis Cian, et l’impertinent ici présent est Auric. Déclara Cian en remerciant leurs hôtes avec politesse, puis en se tournant vers Sera.


La perfection de ses manières tranchait avec l’absence de celles d’Auric, un manque compensé par sa spontanéité dès lors qu’on s’y fût habitué. Cordélia ne s’y attarda pas tandis que Sera s’approchait d’elle, le sourire aux lèvres. Se baissant juste assez pour être suffisamment à sa hauteur, la militaire accueillit bien volontiers son étreinte sororale, qu’elle lui retourna. Elle fût un peu plus prise de court par la double-bise sur ses joues, à laquelle elle aurait dû s’attendre connaissant Sera, mais elle la laissa faire et lui fit à son tour la bise à l’une de ses joues.


- Je suis contente de te voir, Sera. Tu as l’air en forme. Ça fait trop longtemps que je n’ai pas pu passer te voir et qu’on n’a pas pu passer un peu de temps ensemble.


Son ton était plus chaleureux qu’à son ordinaire, empreint d’un sincère regret. Le temps avait filé si vite entre les missions, la réquisition spéciale et les déplacements spatiaux que les jours s’étaient filés en mois depuis leur dernière étape sur Bastion. Certaines étapes étaient si courtes qu’elle n’avait pas eu le temps de passer au manoir Reige, et était restée au quartier général. Elle se redressait tandis que Lukan, qui avait entretemps serré la main de Jefferson puis celle d’Auric avant de saluer d’un baisemain cordial Cian, se tournait vers elle avant de s’approcher. L’habitude étant difficile à contredire ainsi en public, elle s’apprêtait à proposer une poignée de main à son vieil ami quand ce dernier la surprît en venant, sans hésiter, la prendre dans ses bras. Ce n’était pas dans le genre de Lukan de se montrer aussi démonstratif hors du cadre privé. La métisse se souvint alors qu’ils se trouvaient en permission, et donc que tout protocole était levé. Après quelques instants d’hésitation, elle lui retourna le geste, de manière pas moins chaleureuse, mais un peu plus réservée. Sa réserve, héritée de son père, revenait vite en public. Elle sentait les regards intrigués et/ou amusés de ses commandos en retour, mais Traeda décida de s’efforcer de ne pas en faire cas cette fois. Elle devait laisser le casque de Marine de côté.


- Si vous le permettez, les droïdes vont amener vos affaires dans les chambres qui ont été préparées à votre attention. Vous pouvez conserver vos armes et votre équipement, le manoir est aux dernières normes anti-feu. Je vous prierais cela dit de ne pas les utiliser en intérieur pour éviter tout incident. Le domaine dispose d’un stand de tir et d’un terrain d’entraînement que vous êtes libres d’utiliser à votre guide même si, je le répète, vous êtes en repos. Vous disposez chacun d’une chambre individuelle dotée d’un lit double et d’une salle de bain attenante avec toilettes. S’il y a des choses qui vous manquent, n’hésitez pas à vous adresser à n’importe quel droïde, ils ont été informés que vous étiez nos invités. Pour l’heure, j’imagine que vous devez être affamés donc je vous propose de déjeuner avec Sera et moi. Est-ce que cela vous convient ? Vous êtes libres de refuser si vous avez d'autres plans ou si vous souhaitez vous reposer.


Une fois leurs affaires prises par les droïdes pour être conduites dans leurs chambres assignées, l’offre de partager le déjeuner fût assez promptement acceptée par les commandos, Jefferson inclus. Cordélia ne doutait pas que le vieux Marine irait rendre visite à sa famille dans la soirée ou le lendemain, mais puisqu’ils se trouvaient éloignés de leur monde natal et de leurs familles, il n’en allait pas de même pour Cian et Auric. Elle apprécia la bonne volonté apparence de Jeff, qui faisait ici des efforts même s’il n’allait pas être aisé de le dérider. Peut-être qu’en présence d’autre militaires de la Marine, il arriverait à accepter de baisser un petit peu sa garde ? Constatant que Sera fût vite approchée par Cian, qui regorgeait de curiosité à son égard, et que Jefferson discutait avec Auric tout en leur emboîtant le pas, Cordélia gagna la hauteur de Lukan.


- Je suis contente de vous revoir, Sera et toi, mais tu es sûr que cela ne dérangera pas ton père ? Je sais qu’il est souvent très occupé. J’espère qu’il se porte bien. Vraiment, merci de nous accorder cette parenthèse. Nous en avons tous besoin, je crois.


Elle marqua une courte pause, alors qu’ils cheminaient dans ces couloirs familiers qu’ils avaient foulés, en large et en travers, depuis de nombreuses années. Ses yeux artificiels ne pouvaient pas ne pas remarquer l’absence de certains tableaux et holoprojections d’une certaine personne, qui avaient été retirées quelques années plus tôt mais qu’elle n’avait jamais oublié, comme eux.


- Je te prie de les excuser, ils ont été curieux dès qu’ils ont vu Sera lors de ton appel. Ils n’ont pas l’habitude qu’on m’adresse la parole de manière aussi informelle. Á croire qu’on a très bien joué le jeu, en public ; peut-être un peu trop bien joué le jeu. Bon, Jeff s’en doutait un peu, mais il n’en a pas fait grand cas. J’ai réussi à contenir leur curiosité jusque-là, mais je ne suis pas sûre que cela va durer. Surtout si mon père et Oncle Jan viennent nous rendre visite. Je ne n’ai pas pu prendre de leurs nouvelles depuis un moment.


L’opération en coopération avec l’Intelligence impériale, « entourée de ténèbres », avait en effet imposé un silence radio pendant plusieurs semaines, tant leur vigilance devait rester élevée. Ils avaient été plongés en plein cœur d’un équipage litigieux, à deux pas d’une guerre civile entre son personnel et ses officiers dirigeants, ces derniers s’étant avérés séditieux et véreux.  


Ils étaient parvenus dans une grande salle à manger, où Cordélia se souvenait des nombreux repas qu’ils y avaient partagés, en plus ou moins grandes tablées. La décoration qui avait été apposée lui soutira un rare sourire attendri, et quelque peu mélancolique. Souvent le Moff Reige les avait invités, son père et elle, à passer du temps au manoir en journée comme en soirée. Elle avait de nombreux souvenirs de repas avec Lukan, Sera, le chef de famille Reige, son père Wilhelm et Oncle Jan… sans oublier, Galen et Elena, dont les fantômes, à leur manière respective, hantaient encore leur mémoire et semblaient imprégner, de leurs souvenirs, les lieux. Un généreux feu de cheminée illuminait, de sa lueur douce et de sa douce chaleur, la pièce.


- Je m’attendais à ce qu’on te rejoigne sur le Chimaera, j’imagine que ton père n’y est pas tout à fait étranger ? Il devait être heureux de te savoir dans les environs. Il en va de même avec ma mère, tu sais comment elle est. Si j’ai le malheur de m’arrêter sur Bastion sans passer la voir, nul doute qu’elle enverrait l’une de ses « Demoiselles » me chercher.


Un léger filet de rire échappa à ses lèvres austères, alors que le masque militaire tombait petit à petit. Les « Demoiselles » en question étaient des droïdes réplica-humains que sa mère avait à son service à la maison close, et qui aidaient à son bon fonctionnement aux côtés des courtisanes et du personnel. Elles remplissaient de nombreuses fonctions au besoin, qu’elles fussent protocolaires, de protection rapprochée pour quelques-unes d’entre elles ou de divers appétits. Jusque lors, Cordélia avait réussi à éviter que la tenancière de l’un des plus réputés établissements du quartier des plaisirs ne lui en assigne une, amicale joute de longue haleine.


- Comment tu te portes, toi ? Je n’étais pas inquiète vu que Walter veillait sur tes arrières et que tu es bien entouré, mais j’imagine que tu ne t’es pas ennuyé non plus.
par Cordélia Traeda
le Dim 8 Oct - 19:05
 
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Sujet: Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]
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Débriefing au milieu des souvenirs [PV Cordélia Traeda]


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I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C - Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)

Sous des conditions météorologiques de vol optimales, la corvette qui répondait à la désignation de Scipion amorçait sa procédure d’atterrissage sur l’un des quais du spatioport militaire de Bastion, cœur vibrant de l’Empire Galactique et quartier général des centres de pouvoir. Bien qu’elle n’en donnait pas l’air, la dame de fer avait connu un trajet assez tumultueux à son bord, ce qui justifiait l’animation qui prenait place sur le quai vers lequel elle se dirigeait en douceur. Un solide comité d’accueil avait été organisé sur place, composé de plusieurs escouades de dix commandos-marine équipés de leurs sombres armures et suffisamment armés pour se défendre. Ils avaient en effet été prévenus et appelés sur les lieux afin de réceptionner les prisonniers qui devraient être interrogés ainsi que leurs chefs, des officiers qui s’étaient révélés être des traîtres.

Pour une rare fois, ce n’étaient pas le pilote et le copilote qui étaient aux commandes de l’appareil, puisque l’un s’était rallié avec les séditieux et l’autre avait été légèrement blessé pendant le soulèvement des loyalistes à l’Empire. Cordélia l’avait relayé pour les dernières heures de pilotage, puisque les dernières portions du trajet relevaient de manœuvres simples. Bien que cela ne soit pas un sujet qu’elle évoquasse volontiers, la sergente-commando avait été formée au pilotage de vaisseaux militaires, afin de pouvoir agir en cas de situation de crise. Outre sa formation initiale à l’Académie d’Anaxes, elle avait entretenu ses connaissances et de maintenu ses accréditations de pilote en suivant, des modules de recyclage de la formation. Bien entendu, la métisse ne saurait effectuer des prouesses dignes des habituels pilotes de ces navires, mais elle pouvait relayer si la situation le requérait. En l’occurrence, ici, ça avait été le cas. Elle parvint à réaliser la manœuvre d’approche et d’atterrissage sans grande difficulté, s’étant déjà exercée sur des simulateurs de vol et des vols d’entraînement sur les pistes de Bastion. Cela ne voulait cependant pas dire que leur journée était terminée, bien loin s’en fallait. Plusieurs impératifs s’imposaient à l’Escouade Delta avant même que ses membres ne songent seulement au repos à venir : livrer les prisonniers aux escouades de commandos Marines qui les attendaient sur place et mèneraient les détenus vers une prison sécurisée de la Marine, dans l’attente de leurs interrogatoires et de leur jugement ; contacter l’Amiral Reige ou, s’il était indisponible, la Capitaine Kathis pour signaler leur retour à la base de Bastion ; faire leur débriefing en conséquence ; pour Cordélia, soumettre le rapport qui allait lui être demandé et répondre aux très probables questions de son mieux ; organiser une réunion avec ses commandos pour débriefer suite à cette opération ; connaître les ordres pour savoir s’ils devaient rejoindre dans les plus brefs délais le Chimaera, se rendre au quartier général militaire de Bastion ou s’ils avaient une permission et, auquel cas, où entreposer leur équipement. D’autres tâches les attendraient également de pied ferme, mais elles seraient moins prioritaires.

Ce fût avec appréciation qu’elle passa le relai aux escouades envoyées par le quartier-général de la Marine pour escorter les prisonniers vers le centre de détention militaire le plus sûr. La tâche était d’autant plus délicate qu’il fallait maîtriser deux groupes foncièrement hostiles les uns envers les autres, le temps que la colère redescende et que chacun soit entendu, les victimes incluses. Dans leur état psychologique actuel, il était impensable de les laisser rentrer chez eux. On lui garantit qu’ils seraient pris en charge et « gardés au frais » le temps que le conseil de l’Amirauté statue sur leur sort. Les blessés et les victimes, directes et indirectes, seraient acheminées vers un centre médical de l’armée pour rejoindre soit l’aile traumatologique soit psychiatrique selon les cas et selon leur état. Les corps des défunts seraient pris en charge par les fonctionnaires habilités à leur manipulation et conduits dans une morgue appropriée, pour identification et, éventuellement, restitution de l’enveloppe charnelle à leurs proches, avertis. Cependant, les dépouilles des infortunés qui avaient reçu la drogue et avaient été tués dans des circonstances troubles seraient minutieusement inspectées et documentées avant d’être rendues. Naturellement aussi, le Scipion gagnerait aussitôt les hangars d’entretien et de maintenance de la Marine impériale, afin de lui aussi subir une profonde inspection, de son intégrité physique comme de ses systèmes informatiques. C’était autant d’éléments qui appuieraient son rapport. Néanmoins, la situation était bien moins grave qu’elle n’aurait pu le devenir : ils avaient évité le pire, empêché une boucherie à bord, évité qu’un vaisseau de guerre ne soit ravi par l’ennemi. Il y avait des morts, il y avait des blessés, il y avait des traumatisés, certes, mais il aurait pu y en avoir bien plus. Froidement, elle en arrivait à ce constat en analysant ce qu’il s’était passé.

Dès qu’ils en eurent la possibilité et furent libérés de leur assignation, et qu’ils eurent salué et échangé quelques poignées de mains fermes avec l’escouade du Sergent-Commando Hosword, Cordélia fit signe à ses trois commandos de la suivre un peu plus à l’écart sur le quai et saisit son comlink, saisissant les caractères appropriés pour la fréquence de l’appel qu’il fallait passer. Elle activa également l’option permettant la captation vidéo en direct en vue holographique. Les traits de Reige eurent tôt fait d’apparaître face à eux, revêtu de son uniforme d’Amiral, à qui ils adressèrent la salutation militaire de respect et de rigueur alors qu’il prenait la parole.


« Sergent, madame, messieurs, je suis rassuré de voir vous sains et saufs. Mon datapad m’indique que vous vous trouvez sur Bastion, j’y suis également. »


Si Jefferson, Cian et Auric ne relevèrent aucun élément inhabituel quant au comportement de leur supérieur, cordial à leur encontre, Cordélia notait plusieurs points dans ce début d’échange. L’Amiral n’avait pas tardé à accepter l’appel et à activer l’holoprojection de son côté, et ne semblait pas vouloir dissimuler le sourire rassuré qui s’esquissait sur ses traits. Sa franchise avait quelque chose de rafraîchissant après les semaines qui s’étaient écoulées, à devoir côtoyer des officiers supérieurs tout à fait infâmes, qui les avaient fait naviguer dans des eaux troubles. Le timbre qu’il avait choisi d’utiliser pour leur adresser la parole était tout à fait professionnel, une approche qui convenait tout à fait à la sergente quand ils étaient amenés à deviser en public. Il se trouvait actuellement sur Bastion… voilà bien une information qui l’arrangeait afin de lui remettre et présenter son rapport. Cela voulait aussi dire qu’ils ne seraient pas appelés immédiatement sur le Chimaera, sans doute stationné au spatioport réservé aux militaires. Elle n’était pas étonnée qu’il sache où ils se trouvaient, en raison de l’interface neurale militaire. S’il se trouvait sur Bastion, il n’y avait pas trente-six mille localisations où il pouvait se trouver en temps de permission, le connaissant. Il lui apporta la réponse alors qu’il poursuivait.


« Il ne semble pas que l’autorité qui vous a réquisitionné ait prévu des accommodations pour votre séjour, ce pourquoi je vous propose de me rejoindre à la résidence Reige où je me trouve actuellement. Le sergent pourra ainsi me faire son rapport et vous aurez quartier libre les trois prochains jours avant que nous retournions ensemble auprès de la flotte à bord de mon vaisseau personnel.   »


La proposition de l’Amiral eût le mérite de surprendre ses commandos, qui s’attendaient moins à ce qu’il leur propose de les accueillir de la sorte que de leur proposer des options de logements temporaires du côté de la base militaire de la Marine locale. Cordélia nota les différentes réactions, dissimulant un sourire amusé face à la manière dont Reige déconcertait ses plus récents membres du personnel. Sans grande surprise, Cian et Auric avaient l’air très étonnés et enthousiasmés par la proposition, l’entrain de son comparse étant peut-être quelque peu modéré par la réserve et la perplexité de la jeune femme. Jefferson était surpris, certes, mais derrière son attitude soigneusement maintenue, il lui semblait déceler aussi un zeste de méfiance. Cela n’était guère surprenant lorsque l’on connaissait la personnalité et le parcours de son adjoint, mais Cordélia estima qu’il ne ferait pas de mal que de leurs apporter quelques précisions. Elle connaissait bien l’adresse du domaine des Reige, pour s’y être souvent rendue depuis son enfance, dès l’époque où son père l’avait officiellement reconnue, en compagnie d’Oncle Jan, et plusieurs itinéraires qui pouvaient y mener. Elle aurait pu recourir à sa propre navette, l’Antarès, mais celle-ci se trouvait à bord du Chimaera actuellement. Cela laissait donc la contrainte, dans ces circonstances, de trouver un espace de stockage à la base pour leur matériel et armures, et de venir les récupérer là-bas par la suite, quand ils retourneraient sur leur navire. Quoiqu’il en soit, la perspective d’une permission de quelques jours était favorablement reçue par l’ensemble de l’Escouade Delta, et Cordélia l’approuvait volontiers. Cian et Auric avaient clairement besoin de se changer les idées après les faits survenus à bord du Scipion, en particulier son dénouement quelque peu complexe, et Jeff apprécierait sans aucun doute la perspective de pouvoir rentrer chez lui et passer un peu de temps avec son épouse et ses enfants. En ce qui la concernait, Cordélia n’était pas fâchée de pouvoir rentrer un peu sur Bastion. Elle n’était pas sûre de la présence de son père et de son parrain sur place, leurs permissions tendaient à rarement coïncider avec les leurs, mais elle prendrait un peu de temps pour visiter sa mère, saluer le Moff Reige et partager la compagnie de Sera, sa meilleure amie, et de Lukan. Sur un plan plus professionnel, il lui tardait surtout de soumettre à Reige son rapport et de lui rapporter, autant que son obligation de discrétion le lui permettrait, ce qu’ils avaient découverts.


« En d’autres termes, vous êtes mes invités. Un transport va venir vous chercher. Encore une fois, je suis heureux de vous revoir et je vous attends avec hâte. »

« Moi aussi, je suis contente que tu ailles bien, Cordélia », glissa Sera en apparaissant dans le champ d’holoprojection à côté de Lukan.


Impeccablement vêtue d’une tenue digne d’une fonctionnaire aux côtés du Moff de Bastion, le visage rayonnant de Sera apparu aux côtés de son frère. Une ombre de sourire vint éclairer les traits austères de la sergente, qui répondit d’une voix cordiale, au sérieux imperturbable.


- Amiral Reige. Je vous confirme que la question des accommodations à notre retour ne faisait pas partie de l’ordre de mission remis par l’autorité requérante. L’escouade vous remercie pour ces aménagements et pour votre accueil. Nous allons rejoindre le transport que vous avez indiqué dès que cette conversation sera terminée, afin de rallier la résidence Reige dans les meilleurs délais. J’ai complété la rédaction du rapport, je pourrais vous le remettre et vous le présenter à notre arrivée, au moment qui vous conviendra.  


Elle estimait que le document était, même dépourvu de ses éléments les plus délicats, trop sensible pour être télétransmis par quelque réseau informatique que ce soit. La sergente tourna brièvement son regard vers l’holoprojection de Sera et lui déclara, d’un ton plus chaleureux.


- Je suis ravie de voir que vous vous portez bien, Sera, et je me réjouis de vous revoir en personne très bientôt. Nous ne tardons pas, Amiral. Traeda, terminé.


Coupant court à la communication, Cordélia se tourna vers ses commandos et les observa. Là où les traits sévères et bourrus de Jefferson étaient quelque peu écornés par un zeste d’amusement, Cian et Auric étaient clairement curieux, pour des motifs bien différents. Traeda temporisa leurs questions en leur indiquant de la suivre et qu’ils devaient rejoindre le transport. Renseignements pris et douane militaire franchie, la sergente donna la consigne de transférer leur matériel sur le transport mandaté par l’Amiral Reige, dont on lui indiqua la voie de départ. L’Escouade Delta se rendit jusqu’au quai souhaité, où une navette de classe Alpha était amarrée et sur laquelle les caissons de leur matériel non transportable aisément – explosifs, armes lourdes, produits médicaux, son drone EPSI en recharge et son droïde astromec, etc. – était chargé. Se faisant connaître et identifier auprès du pilote du transporteur, les commandos Marine montèrent à son bord et, une fois le décollage effectué, Cordélia leur laissa un temps de repos pour se délester de leurs plaques d’armure et pour revêtir leurs uniformes militaires. Quand Auric s’en étonna, Cian lui répondit avant que Cordélia ne le fasse en lui expliquant que le chef de la famille, Valin Reige, était aussi le Moff de Bastion et pouvait recevoir des invités politiques et haut gradés sur place, aussi une tenue formelle était préférable dans le doute. Cordélia approuva de la tête : elle n’avait apporté que peu d’importance à la parenté plus éloignée de Cian à la famille Teradoc, à la célébrité très ambivalente, mais elle était instruite. Une fois ce court repos effectué et leurs uniformes endossés, Cordélia les avait réunis pour une petite séance de débriefing de l’opération, et recueilli leurs propres rapports afin de les étudier par la suite. Ils se reposaient quelque peu dans le sas de débarquement, attendant patiemment leur arrivée au domaine des Reige, quand Auric décida de rompre le silence en demandant.


- Elle était plutôt mignonne, cette « Sera ». C’est l’épouse du boss ?

- Auric ! Elle est bien plus jeune que lui, et si tu avais fait un peu attention, tu aurais remarqué que ses traits ressemblent assez à ceux du Moff Reige. Et puis si cela avait été le cas, ça se serait su. Le mariage d’un officier supérieur, plus encore d’un amiral, ça ne passe pas vraiment inaperçu. Il s’agit de la fille du Moff, Sera Reige. Répliqua Cian.

- La fille du Moff, hein… et puis, comment tu le sais, toi ?

- Parce que je m’informe, moi ! Je prends la peine de me renseigner sur les grandes figures de la société impériale. Tu aurais su qu’elle travaille aux côtés de son père.  Je n’en reviens pas que je dis ça à notre expert de l’information. Rétorqua Cian, piquée.

- Ce n’est pas le genre de données qui m’intéressent d’ordinaire, c’est tout Grommela Auric avant de se tourner vers Traeda - Parlant de ça, elle vous a appelé par votre prénom et elle vous a tutoyée. Vous vous connaissez ?

- En effet. Nous nous connaissons bien. Répondit succinctement Cordélia, écartant la main qu’elle avait posée sur son visage par lassitude entremêlée de fatigue.

- Elles se connaissent depuis qu’elles sont gamines, oui. Commenta Jeff, ajoutant en sentant le perçant regard bleu artificiel de Traeda se poser dans le sien, Ce n’est pas difficile à déduire, je sais me servir de ma tête et j’ai servi sur plusieurs bâtiments. Ce n’est pas la première fois dans la Marine qu’un Traeda travaille avec un Reige.

- Les seuls autres Reige et Traeda qui me viennent à l’esprit, c’est un Amiral, Jan Reige, et un Commodore, Wilhelm Traeda. J’avais vu leurs noms dans un organigramme. Déclara Cian, hésitant un peu avant de compléter avec gêne, Et j’ai entendu des rumeurs, aussi. Certains les appellent les « Inséparables ». Certains bruits laissent entendre d’ailleurs qu’ils sont, je veux dire…  

- Colocataires Compléta Cordélia, Ils habitent conjointement un logement, et ils sont issus de la même promotion de l’Académie d’Anaxes. Quoi que vous ayez pu entendre, ce sont des amis de longue date, rien de plus.

- Darklighter les a déjà croisés en ville, dans un lieu des plus intéressants. Renchérit Jefferson, avec un rare soupçon d’espièglerie dans son sourire bourru en coin.

- Je ne dis pas le contraire. Ils sont colocataires et amis. Insista Cordélia avec fermeté - Je le sais d’autant plus qu’ils m’ont éduquée.  


Cordélia ne baissa pas les yeux, ses sourcils légèrement froncés pour appuyer son point. Cian n’avait pas l’air très convaincue, même si la jeune femme faisait des efforts pour le paraître, et Auric avait un sourire courant jusqu’aux lèvres avant qu’il ne demande, plus sérieux et perplexe.


- Du coup, si ce n’est pas indiscret, sergente. Comment vous êtes arrivée là ? Je veux dire, chez les commandos ? Avec de tels appuis, vous auriez pu aller plus haut.

- Parce que j’en ai décidé ainsi, et j’avais les prérequis. Je suis arrivée là où j’en suis de ma propre volonté. Je suis ici parce que c’est là que je veux être.  


Cordélia était transparente sur ce fait. Elle avait souhaité mener sa propre carrière, ne pas être dans l’ombre de son père et de sa figure paternelle adoptive, ne pas se contenter de suivre leur pas mais définir son propre chemin et marcher à leurs côtés, à son rythme et par sa propre voie. Elle avait certes été influencée par ce qu’ils lui avaient appris, mais elle avait décidé elle-même et elle ne le regrettait pas. Hors de leur giron, bien que bienveillant et compétent, elle avait pu apprendre et expérimenter beaucoup de choses, apprendre auprès de nombreux vétérans. Elle savait que, dans une certaine mesure, il en allait aussi de même pour Reige… pour Lukan. C’était aussi, désormais, la meilleure manière de veiller sur lui et de contribuer au combat.


- Je ne nie pas connaître les Reige. Je ne l’ai jamais nié. Ces liens ne me définissent pas, cependant, pas plus que je ne m’en gargarise ou que je ne l’ébruite. Je les respecte, je les apprécie, mais je n’ai pas besoin de cela pour prouver ma propre valeur.
- Les actes ont plus de poids que le sang. Tu as fait tes preuves.   Conclut Jefferson en se tournant vers elle, un sourire bourru et empli d’aplomb aux lèvres.


Cordélia laissa comprendre à ses commandos, par son ton ferme, qu’elle ne souhaitait pas s’appesantir sur la question car elle estimait l’avoir bien suffisamment abordée. Elle voulait maintenir une ligne de démarcation claire entre sa sphère professionnelle et sphère personnelle. Elle partageait la philosophie de son père et d’Oncle Jan concernant l’importance du mérite. Cian s’hasarda à une dernière question, qui eut le mérite de la prendre un peu de court.


- Si vous me le permettez, sergente. J’ai eu vent de rumeurs aussi, concernant Monsieur Reige… enfin, le « jeune Reige » et vous ! Je sais que vous affectez tous deux une certaine distance, et c’est une bonne chose, je me doute que vous ne vous y adonneriez pas, après ce qu’il s’est passé sur l’Espadon. Mais quand même… des connaissances m’ont dit qu’elles vous avaient vu, le Reek et vous, ensemble, à un bal organisé sur Coruscant.  


Un silence ponctua ses propos, alors que Traeda se trouvait à court de mots. Oh, elle savait très bien à quoi la cadette de l’escouade faisait référence. Elle se souvenait très clairement de l’événement de mondanité en question, l’un des rares auquel elle n’avait pas pu déroger. Son père l’avait vivement encouragée à y participer, car des sujets et des personnes d’intérêt sur des questions militaires s’y trouveraient. Il s’était avéré que Lukan y était aussi invité et que, tout comme elle, il rechignait à s’y rendre malgré une vive incitation du Moff Reige à y assister. Célibataires et trop méfiants pour se méfier respectivement à tout cavalier et toute cavalière, ils avaient choisi de se rendre service en s’y rendant ensemble et faire face à deux à ces mondanités. Ainsi, ils se protégeaient mutuellement de toute sollicitation non-désirée issue du sexe opposé. S’il n’en avait tenu qu’à elle, elle serait venue en uniforme militaire ou mieux, elle se serait fait passer pour une garde du corps. Malheureusement, ses figures paternelles avaient été formelles : la tenue de soirée était obligatoire dans le code vestimentaire du bal du haut gratin impérial. Elle avait espéré qu’ainsi embellie, maquillée et coiffée par les soins minutieux de sa mère, avec une robe de soirée élégante, et en restant discrète, on ne l’aurait pas aisément reconnue. Comment pouvait-elle lever ce malentendu sans écorner quelque peu sa sempiternelle dignité ? Reconnaissant les alentours de la résidence Reige, Cordélia préféra changer net de sujet :


- Nous arrivons, alors préparez-vous. Je le rappelle, tenez-vous bien sur place. L’Amiral Reige a la bienveillance de nous accueillir, respectons son hospitalité. En tant qu’escouade du Chimaera, nous devons donner l’exemple et faire honneur aux Marines.


Aux réactions de son escouade, elle se doutait que le sujet n’était pas tout à fait clos, mais ils acceptèrent de suivre ses ordres et ils reprirent leur professionnalisme après cette parenthèse.

Une fois dehors, Cordélia devançait légèrement ses commandos, aisément identifiable avec ses longs cheveux blancs qu’elle avait détachés, sa grande taille, sa carrure à la fois svelte et assez charpentée, ses traits altiers et un peu plus fins que les Impériales. Elle portait l’un de ses uniformes les plus courants, un sobre uniforme noir liserée d’argenté, avec un col en argent qui protège son cou, des épaulières et un heaume qui sont renforcés par des plaques d’armure. Une longue et épaisse jupe noire recouvre ses jambes, juste assez fendue à mi-cuisse pour lui permettre de se mouvoir et de se battre sans difficulté. De hautes et solides bottes noires complètent l’ensemble, de ses genoux jusqu’à ses pieds, avec un léger talon compensé.  Bien qu’elle ait laissé la majorité de ses armes avec le reste de leur matériel, sa vibroépée offerte par son père et Oncle Jan reposait, ceinte dans son fourreau à sa taille, avec un pistolet-blaster et, dans l’une de ses bottes, une petite dague dissimulée. Elle préférait toujours être un peu armée, et elle savait que ses commandos avaient observé une prudence assez similaire par habitude.


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Avisant Reige et Sera, ils s’arrêtèrent à une petite distance respectueuse d’eux. Cordélia s’avança devant ses commandos, alors qu’ils saluaient tous leur supérieur d’un salut militaire.


- Amiral, Madame. L’Escouade Delta vous salue. Nous sommes arrivés au plus tôt, comme convenu. Notre affectation temporaire exceptionnelle est terminée. Aucun d’entre nous n’a été blessé lors de la mission, aussi sommes-nous opérationnels. Nous vous remercions cependant pour votre hospitalité, et nous engageons à ne pas la déshonorer.  


Même si elle ne l’admettrait pas à voix haute, par souci de discipline, il lui semblait étrange de respecter le protocole militaire en étant à la résidence Reige, un lieu qui lui était bien plus associé à la sphère personnelle que professionnelle. Néanmoins, il y avait un protocole à observer et ils le respecteraient, jusqu’à ce que l’Amiral Reige n’y mette fin de lui-même. Derrière ses traits maîtrisés et ses yeux artificiels, elle était ravie de revoir Lukan et Sera, et voyait aussi une belle opportunité pour ses commandos : Jefferson pourrait peut-être mettre plus d’eau dans son vin concernant son extrême méfiance et très relative appréciation des familles nobles en général, Auric pourrait en prendre de la graine et Cian se sentirait plus en confiance avec une consoeur, et elle ne doutait pas qu’elle pourrait bien s’entendre avec Sera.
par Cordélia Traeda
le Mer 4 Oct - 23:35
 
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Sujet: [Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]
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[Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]


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I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C]) - Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)

C’était la première fois que Cordélia avait affaire, à sa connaissance, à un membre de l’Intelligence Service, qui plus est gradé. Elle ne savait donc pas à quoi s’attendre, ne pouvant se reposer que sur les minces connaissances qu’on leur fournissait à l’Académie militaire d’Anaxes et dans la pratique de leur profession. Le commando n’affectait pas d’une attitude différenciée pour l’officier Chiss qui lui faisait face, ne partageant pas l’esprit de racisme qui imprégnait une partie de la culture impériale en raison de la prédominance des humains, même envers des espèces proches-humanoïdes. Elle se reconnaissait d’autant moins dans cette posture que son sang entremêlait celui d’une Hapienne et celui d’un Humain. Elle préférait juger ses interlocuteurs par rapport à leurs faits, dires et attitudes. La formalité et une certaine impassibilité convenaient tout à fait à la sergente, pour le moment.

Silenda, c’était bien noté. Traeda s’en accommoderait, avec son austérité habituelle. Elle n’affecta pas de réaction particulière, ce qui lui prêtait une attitude assez distante voire un peu froide, mais professionnelle. Elle prenait en considération l’appui technique que son interlocutrice, tout comme elle n’oubliait pas le rôle de cible qu’on leur avait prêté au cours de cette opération dont ils avaient appris les tenants et les aboutissants au fil de l’eau. Elle aurait aimé en apprendre davantage en amont afin de bénéficier de plus de temps de préparation et d’adaptation de leur équipement en conséquence. La soldate apprécia néanmoins le respect dont faisait preuve l’officier supérieur des renseignements impériaux à son encontre, aussi faisait-elle l’effort d’en faire de même à son égard en retour. Si Traeda s’efforçait de rester attentive à l’attitude et aux propos de son interlocutrice, elle restait consciente tant de la méfiance innée qu’il fallait démontrer face aux agents de cette sphère militaire que des risques de double-sens, de sous-entendus, de flatteries et de manipulations diverses et variées. Peut-être passerait-elle pour quelqu’un de simple, mais elle préférait cela, pour un échange constructif.

Pourtant, bien des questions secondaires traversaient son esprit : pourquoi leur escouade avait été spécifiquement sélectionnée parmi toutes les escouades très compétentes de Marines impériaux ; pourquoi l’Imperial Intelligence ne semblait pas vouloir revendiquer une partie du mérite de l’opération, cela cachait-il quelque cadeau empoisonné dont elle n’aurait pas encore connaissance ; pourquoi n’avaient-ils pas adressé un ordre de mission plus précis, même sous alias, à leurs chefs ; qu’était cette drogue inconnue aux effets dévastateurs, comment était-elle entrée en territoire impérial ; quelles étaient les ambitions exactes des séditieux, quelle menace représentaient-ils pour l’Empire ; depuis quand le Bureau des Renseignements était-il informé du comportement inadéquat du Scipion. Dans tous les cas, les Services étaient un monde dont la vraie nature échappait totalement à Cordélia. Pour le reste, Traeda était consciente des avantages que cette opération inhabituelle apporterait à l’Escouade Delta, en termes de notoriété dans leurs faits d’armes, mais elle aimait aussi comprendre. Sans être aussi douée que Lukan et Galen à ces arts, elle a toujours détesté les puzzles incomplets.

Elle n’était pas idiote pour autant. Ce qu’elle avait pu observer et déduire des informations qu’ils avaient obtenues par leurs propres canaux et par les données transmises par leur « soutien invisible », c’est que ces officiers n’étaient pas un cas isolé et faisait partie d’un ensemble bien plus vaste, crapuleux et dont elle ignorait tout à fait la portée des actions. Une organisation, qui était assez subtile pour échapper aux radars et être considérée comme cible par le Bureau, et en mesure de se procurer en toute illégalité et furtivité une puissance drogue très probablement interdite sur tous les marchés. Quelqu’un devait, forcément, les financer, les aider ou au minimum, être assez bien placé pour les couvrir. Cordélia n’avait pas envie de laisser s’échapper des traîtres dont les intentions exposées lui rappelaient un peu trop bien les récits d’Oncle Jan et de son père Wilhelm sur les Seigneurs de Guerre.

Cependant, malgré ses talents d’observatrice plutôt affûtés, la femme qui lui faisait face était une énigme à la surface polie, qui ne laissait rien entrevoir et dont les manières raffinées ne laissait rien échapper de ses pensées. Quelque part, sans qu’elle ne sache bien pourquoi, l’officier Chiss lui évoquait un peu le comportement très maîtrisé et insaisissable de sa propre mère sur certains sujets.

Un léger tintement lui rappelle la tasse de thé fumante que la dénommée Silenda pose devant elle, avant de poser une tasse similaire face à elle-même. Cordélia, par habitude acquise avec le temps et surtout son instruction civile impériale, ne se précipita pas sur le thé. Elle le saisit avec le plus délicatesse que possible d’une main gantée, et prit le temps d’observer sa texture et sa teinte, avant de sentir discrètement ses arômes. Un thé noir, d’un excellent cru… peut-être était-ce un Ceylan ? Son père affectionnait assez le thé quand il n’était pas au travail, et plus encore en compagnie de Danaé. De son propre aveu, il ne savait pas le préparer correctement entre le réglage de la température selon le type de thé – noir, vert, rouge, bleu, blanc – le temps d’infusion, la méthode d’infusion, la vaisselle utilisée pour le faire… autant de détails, à ses dires, qui lui échappaient et sur lesquels, à contrario, sa mère courtisanne était très attachée. Dans sa jeunesse, c’est avec peine qu’il avait appris à faire un chocolat-chaud décent, au prix de nombreux essais ratés et, pourtant, réguliers. Aussi Danaé avait-elle insisté pour instruire sa fille unique dans l’art du thé, auquel elle avait été assez réceptive. Une chose était sûre, c’étaient des feuilles de thé d’une excellente facture qui avaient été utilisées, et elle ne sentait pas d’odeur suspecte, ni ne distinguait de consistance inhabituelle dans le breuvage. C’était un signe de respect et de relative courtoisie en tant qu’hôte, que de partager une tasse de thé. Un commentaire de son père lui revint à l’esprit, alors que l’attitude du commandeur des renseignements lui évoquait une célèbre figure chiss dans l’histoire de la Marine de l’Empire. Le Grand Amiral Thrawn, un mythe entre les mythes… la similitude était-elle voulue ou accidentelle ? Cordélia estima que cette interrogation intriguée pouvait attendre, moins prioritaire que le reste. La sergente choisit de maintenir le silence pour le moment, attendant que Silenda lui apporte une réponse.

Cordélia posa ses yeux artificiels droit dans la pourpre du regard de son interlocutrice, ses traits égaux. C’était une ouverture pour le moins… intéressante. Un choix d’accroche saisissant, qui allait à l’encontre de celle qui était la plus attendue. Ce n’était pas quelque chose de tout à fait innocent, comme façon de procéder. Passer du temps en compagnie de la famille Reige et entendre les conseils d’Oncle Jan et de son père sur le sujet avaient au moins eu le mérite d’éveiller son attention à ces détails. La fiole serait donc le sujet et l’objet des négociations, cela expliquait l’apposition du scellé. Avant même que la question ne se pose, la Chiss anéantissait toute illusion de choix entre le fait de rendre la fiole et celui de refuser d’obtempérer et la remettre à des services de la Marine pour analyse. Les arguments en faveur de la première option étaient plutôt pertinents : si elle acceptait de céder cette fiole et de ne pas chercher à en savoir plus que de raison, la maître-espionne consentait à lui donner de la matière et à lui laisser la possibilité de remettre un rapport exhaustif à son supérieur. En outre, elles poursuivaient sensiblement le même objectif final : mettre hors d’état de nuire les ennemis de l’Empire, et garantir la sécurité de Sa Majesté Impériale. Traeda prit le temps de peser ses propos.

Évidemment… cette conversation devait rester sous le scellé du secret, en particulier ce qui concernant l’implication de l’Imperial Intelligence. Cela s’entendait, logiquement, qu’un Service des ombres veuille rester entouré de ténèbres. Cordélia prit le temps de mesurer le pour et le contre de ce point, avant d’estimer qu’elle pouvait consentir à le concéder. Lukan n’était pas un imbécile, et sans qu’elle n’ait à le lui dire, il pourrait faire ses propres conclusions sur ce point. Resterait à voir comment anonymiser leur implication, et clarifier en ce cas quel serait leur commanditaire officiel. En retour, elle obtiendrait aussi des informations complémentaires de leur part, l’Intelligence ayant tout intérêt à ce qu’elle ébruite via son rapport les exactions des officiers explicitement véreux. Traeda, gardant le dos droit et posant avec le plus de manière possible sa tasse, prit à son tour la parole.  

- Je vois. Nos méthodes, nos missions et notre portée d’action diffèrent, mais notre objectif final n’en reste pas moins assez proche, en ce qu’il se porte sur la sécurité de l’Empire. Un rapport complet, riche et documenté d’un groupe d’intervention relativement neutre peut servir d’appui solide pour désamorcer la nuisance que représentent ces officiers, ainsi que pour faire réagir vos véritables cibles, les mettre subtilement sous pression pour qu’ils commettent une erreur.  


Cordélia s’efforçait de mettre en application ce qu’elle avait appris, et d’obtenir les éléments qui lui semblaient indispensables à son rapport. Après une courte gorgée de thé, le commando poursuivit.


- Mon objectif est de constituer un rapport exhaustif pour qu’il retienne l’attention de la hiérarchie, afin qu’ils puissent appliquer la sanction la plus adaptée pour ces traîtres issus de nos propres rangs, et arracher à leur férule un bâtiment et son personnel. Je n’ai aucun scrupule à abattre des ennemis de l’Empire, mais je préfère limiter les victimes collatérales. Vous savez comme moi, et voire mieux que moi, à quel point notre administration peut être sourcilleuse dans ces cas de figure qui sortent du cadre habituel, et ce d’autant plus quand cela concerne des officiers supérieurs.  


Elle préférait être limpide sur ses intentions, n’ayant rien à dissimuler aux yeux de l’Intelligence. De ce qu’elle déduisait jusque lors, il était plus productif de travailler en bonne intelligence avec eux. Bien sûr, cela la frustrait quelque peu de savoir que certains éléments devraient être occultés ou omis, mais elle s’y était attendu dès lors qu’elle eût appris que son interlocutrice faisait partie du Bureau et le pressentait de plus en plus au cours de l’opération. Traeda tenait, dans sa main libre, la fiole scellée.


- En ce qui concerne cette fiole et surtout la drogue qu’elle contient, j’entends que vous ayez besoin de la récupérer pour vos propres prérogatives. Il s’agit, à ma connaissance, du seul exemplaire intact restant du stock présent à bord du Scipion suite à la destruction malencontreuse de l’inventaire à bord. Il vous est nécessaire pour poursuivre votre propre opération. Pour ma part, tant que je dispose d’informations très précises à indiquer dans mon rapport la concernant, je suis encline à vous la remettre. Ce n’est pas que par attachement à la précision, mais aussi pour défendre le personnel et les commandos qui en ont été victimes ou qui devait l’être, morts ou encore vifs.


Honorer les morts, préserver leur mémoire et protéger les vivants… ce serait son objectif, eux qui agissaient en pleine lumière, à contrario de leurs homologues des Services qui agissaient dans l’ombre. Ils étaient les deux faces d’une même pièce, rationnellement. Elle compléta ainsi ses propos, calme.


- En échange d’informations je m’engage à vous céder la fiole et à produire un rapport complet de cette opération, que je soumettrai à l’Amiral Reige, tout en occultant l’implication de l’Intelligence Service et la conversation que nous avons eue dans cette pièce. Vous aurez la discrétion et l’élément dont vous avez besoin pour votre enquête, j’aurai les éléments dont j’ai besoin pour faire remonter ces crimes et ces traîtres à la hiérarchie de la Marine. Pour ce faire, pourriez-vous m’indiquer par quelle identité je dois désigner notre commanditaire dans notre rapport et quelles pièces, outre la fiole que je vous remets, je peux disposer pour l’illustrer. Il me faudra en effet contribuer à l’organisation à bord jusqu’à notre arrivée à la destination prévue, débriefer avec mes commandos et rédiger sa première version pour mon supérieur au cours des quelques heures qu’il nous reste avant d’arriver à Bastion. J’imagine que vous avez fort à faire aussi de votre côté.  
par Cordélia Traeda
le Ven 29 Sep - 11:02
 
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[Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]


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I.A. ALIX (en jaune mimosa : #FEF86C) - Escouade Delta :Jefferson Palin (adjoint, en gold),
Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)

Cordélia n’attendait pas nécessairement de réponse immédiate de la part de leur énigmatique commanditaire, drapé dans les ombres qu’il était. S’il faisait bien partie du corps militaire très particulier auquel elle pensait… il n’y avait aucune assurance, mais cela pourrait expliquer bien des points, bien des petits, infimes détails qu’elle avait pu observer. L’attitude de la jeune enseigne qui secondait ce mystérieux officier dont elle n’avait pas vu les traits, extrêmement bien travaillée par ailleurs, qui alliait l’énergie des jeunes militaires à des réflexes bien ancrés de soldats expérimentés. On pouvait contrôler beaucoup de choses à vrai dire, mais très difficilement des réflexes, des instincts ancrés de longue date. Quand elle pensait aux images captées par EPSI, la silhouette de leur mystérieux soldat qui leur avait prêté main-forte pouvait correspondre, en carrure, à cette enseigne. Or, elle avait fait preuve d’aptitudes au combat que l’on ne retrouvait pas au sein des officiers de la Marine, dignes d’un membre de l’infanterie, d’un sous-officier ou d’un commando de la Marine. Et Cordélia n’accordait pas facilement de tels compliments, elle basait son jugement sur ses observations. La commando finissait d’entraver l’officier séditieux en chef lorsqu’elle vit une notification d’ALIX apparaître dans un coin de sa visière, l’avisant qu’elle avait reçu une réponse sur le canal privé. Sans mot dire et tout en aidant les commandos à menotter les officiers encore en vie, elle le parcourut.


« La présence de la sergente Traeda est requise, seule, dans la cabine de l’officier. »


Sa présence était demandée, ainsi… une convocation dans les règles de l’art et entre les lignes, la sergente comprit que cette sommation ne pouvait attendre qu’elle en ait terminé ici. La façon dont elle avait été formulée, les mots qui avaient été choisis, laissaient entendre qu’elle était prioritaire. Nul doute pour elle qu’il s’agissait de leur commanditaire qu’elle avait été la seule de l’Escouade Delta à rencontrer. Le message était factuel, et ressemblait moins à une menace, mais à une invitation, une forte sollicitation. Cordélia se contenta de confirmer la bonne réception du message et sa venue, avant de se redresser, délaissant l’officier solidement entravé et se focalisant sur son devoir plutôt que la rancœur qu’elle lui vouait. Elle n’avait pas de temps à perdre avec ce sombre et lâche imbécile, et elle avait deux personnes à ses côtés tout à fait aptes à prendre le relai pour finir de gérer la situation.


- Sergent Hosword, je vous délègue la finalisation de la reprise de contrôle. Le Commando Palin vous aidera, je réponds de lui. Jefferson, prends la tête de l’Escouade en mon absence. On requiert ma présence expresse, je ne peux pas faire attendre mon interlocuteur.

- C’est soudain et ça ne vous ressemble pas, sergente. Cela qui vous convoque ne peut pas attendre deux minutes que nous ayons fini ce que nous avons à faire ici ?

- Il ne peut pas attendre, et ce n’est pas quelqu’un à qui je peux dire « non ».


Son homologue semblait prudent et n’appréciait guère ce manque de précisions, mais contrairement aux plus jeunes des commandos, il sembla comprendre assez le non-dit pour ne pas insister. Il y avait des choses qu’il valait mieux ne pas chercher à savoir, et savoir se contenter de ce que l’on sait. C’était aussi à ça qu’on reconnaissait un commando qui avait un peu de bouteille. Si beaucoup de choses pouvaient les étonner, les émerveiller et les outrer quand ils étaient encore des bleus dans la Marine, avec le temps, ils apprenaient à moins s’étonner, à comprendre davantage le non-dit et à connaître les lignes à ne pas dépasser, et à les distinguer de celles que l’on pouvait repousser, et comment le faire. Outre l’obligation militaire d’honorer cet entretien, Traeda y voyait aussi le moyen d’obtenir des éléments d’information qui leur manquait autour du contexte de leur assignation temporaire. Elle voulait comprendre, tant pour elle-même et son équipe, que savoir comment préparer en amont le rapport qu’elle devrait faire à ses supérieurs, une fois qu’ils seraient de retour sur terre ferme impériale. La partie allait sûrement être serrée, s’ils étaient bien qui elle envisageait qu’ils puissent être, mais c’était l’occasion d’essayer de glaner des réponses, et de savoir ce qui pourrait figurer sur son rapport. Jefferson ne lui posa pas de questions, et se contenta de lui répondre de son habituel ton bourru.


- Compris. Si tu mets trop de temps à revenir, je viendrai te chercher.


Il garderait un œil sur Auric et Cian en son absence, Traeda le comprit aisément entre les lignes, et en fût reconnaissante. La sergente échangea un regard avec son droïde astromécanicien, R9, qui lui emboîta le pas alors qu’elle s’engageait dans des couloirs qui lui étaient devenus plus familiers. Le petit astromech s’immobilisa à côté de la pièce où elle devait se rendre, sifflotant avec entrain, puis avec surprise en constatant la présence d’une autre personne, ses bips se faisant ensuite plus curieux alors qu’il analysait l’individu. Pour sa part, Cordélia la reconnût immédiatement, visage révélé. Celle qui se voulait être une simple Enseigne n’en était bel et bien pas une, comme la métisse l’avait suspectée, à en croire son équipement et surtout sa posture. La sergente retira également son casque en signe de respect, révélant son visage à la fois fin et altier, au menton quelque peu pointu, mais aussi légèrement accentué de traits plus secs et plus carrés, témoignant de son double-héritage. Ses cheveux blancs étaient pour l’heure noués en un chignon militaire, tandis que ses yeux artificiels dévisageaient avec attention son interlocutrice, qu’elle salua d’un signe de tête, précisant à voix basse.


- Je vous remercie pour votre appui, commando Adrastia.


Elle ne connaissait pas son nom, après tout, et n’avait pas nécessairement à le savoir si l’interlocutrice ne souhaitait pas le préciser. Le choix du qualificatif de « Commando » évoquait moins le rang que l’appartenance à un corps similaire à celui qu’elle représentait, celui des Commandos Marine, et lui paraissait être le terme le plus adéquat envers une homologue dont elle ignorait tout de l’identité, la véritable identité. Le ton de voix qu’elle avait choisi était certes maîtrisé, mais respectueux et cordial. Suivant son invitation de la main, Traeda pénétra dans la cabine pour rencontrer leur commanditaire. Á peine avait-elle passé l’entrée que Cordélia releva que tous ses outils de communication et de captation dysfonctionnèrent aussitôt, ce qui incluait pour une rare fois son IA embarquée, ALIX, qui semblait réduite au silence. Une tranquillité d’esprit à laquelle n’était guère plus habituée l’officier, et qui ne faisait que renforcer son sentiment d’avoir travaillé avec un service confidentiel de l’Empire. Ses yeux célestes se posèrent sur la personne qui se tenait face à elle, bien différente de l’officier malade qu’elle avait pu entendre. Au lieu de l’homme âgé, se trouvait une officier Chiss à la carnation azurée et aux yeux carmins. Face au sourire amusé de sa nouvelle interlocutrice, Cordélia maintint des traits maîtrisés, son expression quelque peu austère et détachée, mais dénuée d’hostilité. La sergente ne pouvait pas dire qu’elle partageait son amusement, ressentant plutôt le sentiment aigre-doux du devoir accompli, bien que dans des circonstances regrettables, face à des officiers véreux.


- C’est de l’excellent travail que vous avez fait. Que les traitres vivent ou meurent est sans importance pour moi. J’ai ce que je voulais et le gibier que je sache a commis une erreur qui va lui coûter cher. Vous l’aurez compris, ici à bord, il n’y avait que du menu fretin. Un moyen d’arriver à une fin. Mais je manque à mes manières… Silenda. Commandant de l’Imperial Intelligence. Ravie de faire votre connaissance, sergente.


Au moins, elle avait eu une réponse claire, qui lui laissait autant les coudées franches pour le sort des séditieux que son lot de complications quant à leur gestion jusqu’à destination. Il faudrait gérer la soif de sang de ceux et celles qu’ils avaient lésés, s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres éléments séditieux essaimés en leur sein pour souffler sur les braises encore brûlantes du complot qu’ils avaient déjoué et si la situation l’exigeait, éliminer tout ce qui représenterait une menace envers l’Empire galactique. Á ses propos, Cordélia comprit qu’elle avait affaire à celle qui se faisait passer pour l’officier malade, ce qui apportait quelques pièces de compréhension sur ce mystérieux officier alité dans une pièce, et sur l’identité de la personne qui les avaient aidés dans l’ombre avec le curieux bloc de données. Ces séditieux avaient préféré la mort plutôt que la honte de faire face au tribunal impérial, elle ne leur accorderait donc pas ce plaisir si elle pouvait s’en passer. Ils en avaient perdu au cours de la contre-offensive, mais elle jugea qu’elle devait en contraindre au moins deux ou trois à rester en vie pour qu’ils puissent répondre de leurs crimes. Leurs cas intéresseraient sans doute l’Amirauté de la Marine.


- Une tasse de thé? Je vous promets que je n’ai rien mis de dangereux ou anormal dedans. Nous sommes entre loyalistes de l’Empire Galactique, ce ne serait pas très convenable de vous empoisonner. J’imagine que vous avez des questions et aucune discussion ne saurait être complète sans une tasse de thé. Si j’avais un vice, ce serait mon amour pour cette boisson… Je vous écoute, sergente. Ou préférez-vous Cordélia?


Puisqu’elle ne pourrait compter que sur sa propre mémoire, qui heureusement était bonne, Cordélia se concentra sur les éléments pertinents des informations essaimées par son interlocutrice. Son identité, en tout cas professionnellement parlant : Silenda, individu féminin, Chiss, Commandant de l’Imperial Intelligence, sous couverture d’un officier supérieur de la Marine. Assistée par un commando de l’Imperial Intelligence, humaine, Adrastia. Elle s’efforça de se focaliser en phases courtes et en mots-clés bien choisis pour stimuler sa mémoire plutôt que de chercher à tout retenir et à ne rien se rappeler, une petite technique que lui avaient enseignée son père et son parrain pour favoriser la mémorisation. Les détails, comme sa politesse et sa grâce en tant qu’hôtesse, étaient d’une importance secondaire. Elle appréciait la cordialité et les manières dont faisait preuve la maître-espionne face à elle, mais elle ne départit pas de son austère réserve dans un cadre professionnel. Aussi, la voix de la sergente-commando se révéla être à la fois assurée et cordiale, mais formelle.


- J’accepte volontiers. « Sergente » me convient tout à fait. Par réciprocité, préférez-vous que je m’adresse à vous par « commandante » ou par « Silenda » ? En ce qui concerne les traîtres qui ont survécu, nous allons les garder au frais et les remettre aux autorités militaires dès notre arrivée. Je vais prévenir la base militaire locale pour qu’ils soient écroués le temps de leur transfert jusqu’à une prison sécurisée de Bastion. Mon devoir s’arrêtera là, je laisse la cour martiale décider de leur sort. Je ne suis pas habilitée à déterminer quel jugement devrait leur être passé.


Et elle n’avait pas assez de recul non plus sur la question. Elle avait déjà subi des supérieurs aussi corrompus par le passé, son opinion n’était donc guère plus objective que celle de ses commandos à cet égard. C’était le rôle des officiers de statuer sur ces questions-là, pas celui des sous-officiers. Sa seule responsabilité concernait ses commandos de l’Escouade Delta, celle qu’elle supervisait. Traeda ne comptait pas outrepasser ses prérogatives quand la situation, ici exceptionnelle, ne l’exigeait pas. Ce qu’il s’était passé à bord du Scipion était un cas exceptionnel, et qui devait absolument le rester. Il était important, à ses yeux, de respecter le cadre de l’autorité militaire pour éviter le risque de chaos, d’anarchie et de déraison dans le processus de prise de décisions, afin qu’elles puissent rester éclairées.


- Les éléments nuisibles sont désormais muselés et confinés, le Scipion est de nouveau sous contrôle, nous aiderons à ce qu’il en reste ainsi jusqu’à notre arrivée. Je présume que notre mission prendra fin lorsque nous atterrirons, comme indiqué sur l’ordre de mission ? En outre, considérant les circonstances, disons, inhabituelles de notre réquisition et les attentes de l’Amiral responsable de notre bâtiment d’affectation, je serai dans l’obligation de lui dresser un rapport de cette mission. Je gage que vous en entendrez les raisons, opérationnelles et procédurières.


De ce qu’elle connaissait de l’homme, il n’avait certainement pas dû apprécier ce tour-de-force procédurier et administratif nonobstant son approbation, et encore moins de ne pas avoir été à minima consulté ou prévenu en amont. Elle évaluait qu’il n’aurait, au besoin, pas été trop sourcilleux concernant les détails de la mission envisagée, mais son adjointe le capitaine Khatis et lui auraient très certainement voulu avoir leur mot à dire. Connaître la durée exacte et les raisons de leur réaffectation temporaire, évaluer l’équipement et le personnel en renfort dont ils pourraient nécessiter pour réaliser cette mission dans des conditions adéquates ; Reige était quelqu’un d’organisé et qui était autant connu pour avoir le nez creux pour débusquer les talents à intégrer dans ses équipes que parce qu'il traitait bien et justement son personnel, ce qui lui avait valu leur loyauté et leur respect. Elle ne se mêlerait pas des échanges qui s’ensuivraient entre les deux corps de l’armée impériale, cela outrepassait ses fonctions, mais elle préférait aviser son interlocutrice de ce rapport inéluctable.


- J’escompte rendre un rapport aussi précis et juste qu’il est attendu de la part d’une responsable d’escouade de commandos. Je ne saurais accepter de contrefaire les faits et les éléments que mon équipe et moi avons été amenés à relever. Cependant, en raison de la nature très « sensible » que semble revêtir ce dossier à en croire le scellé que vous avez appliqué sur cette fiole, je déduis qu’il y aura des éléments de nature trop confidentielle pour y figurer. Est-ce exact ?


Cordélia préférait mettre les choses au clair, alors qu’elle sortait la petite fiole scellée contenant le produit qu’on avait voulu leur injecter pour le lui révéler. Ce serait un aspect épineux parmi les points à déterminer, car sa conscience refusait de fermer les yeux sur certains actes aussi nuisibles que dangereux pour la vie de membres du personnel de la Marine, et notamment d’autres commandos, incluant Jefferson, Cian, Auric et elle-même. Une discussion s’imposait donc pour s’accorder.
par Cordélia Traeda
le Dim 24 Sep - 15:32
 
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Sujet: [Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]
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[Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]


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Une illusion de contrôle qu’il était capital d’entretenir jusqu’au bout, pourvu que la tierce partie qui les avaient jetés dans cette histoire veuille bien y donner du sien dans ce final des plus décisifs. Les secondes puis les minutes s’écoulaient avec une lenteur abominable pour les nerfs du personnel et des commandos loyalistes, dont le sang bouillait déjà et dont ils tâchaient de contenir la soif de sang. Avec appréciation, Cordélia avait constaté qu’Auric se tenait à carreau malgré une tension tangible et une frustration évidente, et cela était sans doute dû à Jefferson à en croire aux regards que leur spécialiste des arts martiaux et de l’informatique jetait de temps à autres à son adjoint et second de l’escouade. Une fois de plus, elle se demandait pourquoi le vétéran avait refusé toute promotion qui lui avait été faite de passer au grade de sergent-commando et une fois encore, indiciblement, elle était contente de pouvoir compter sur lui pour l’aider dans la gestion de l’escouade dans ces moments-là. Le vieux commando s’obstinait à décliner toute offre de promotion, malgré le fait qu’elle appuierait toute candidature de sa part, et insistait avec fermeté et un ton bourru pour se cantonner au rôle d’adjoint. Il n’était pas jeune, à ses propres dires, et n’avait pas envie de s’emmerder avec tout ça. Cian était moins loquace, mais Traeda pouvait déceler autant par observation que par l’évolution des constantes de la jeune femme affichées, aux côtés de celles de son équipe, sur son implant neural, que la jeune femme était assez troublée par la situation inédite qu’ils traversaient. Les deux cadets n’avaient pas encore été habitués à des cas aussi complexes, voire tordus, depuis leurs débuts dans la Marine. Ce n’était jamais des moments agréables à passer, mais ils devaient s’en accommoder. Cela faisait partie des facettes moins reluisantes de la fonction, tout comme l’avait été Viis pour Jeff et elle. Elle devrait impérativement mettre en place une séance longue de débrief avec son équipe, mais les conditions n’étaient pas réunies pour le moment. Ils devaient déjà désamorcer le danger imminent.

La situation n’était pas évidente non-plus pour la sergente, qui se retrouvait à devoir des lignes grises qu’elle n’affectionnait guère et qui écornaient un peu son code d’honneur personnel, pour le bien de l’Empire. Néanmoins, le sang Traeda qui coulait dans ses veines lui dictait de faire ce qu’il fallait pour assurer la sécurité de la nation impériale, en respectant autant qu’elle le puisse le code d’honneur, mais sans le suivre aveuglément et sans réfléchir. Cela avait fait partie des leçons de son père. Il y aurait toujours des situations inédites qui obligeraient à penser au-delà des règles de l’honneur et des indications strictes du code militaire. Il faudrait alors, lui avait-il conseillé, se montrer pragmatique. Et c’était dans ces moments-là, délicats, cruciaux, que Cordélia regrettait de ne pas pouvoir bénéficier des conseils de ses proches, et qu’elle en appelait à sa raison pour détricoter de son mieux le nœud.


« Vous ne pouvez rien contre nous, nous avons de quoi faire chanter des gens très influents dans l’Empire !   »


Elle pesta sous le silence de son micro en entendant cette orgueilleuse déclaration dans les systèmes auditifs de son casque. L’assistance d’ALIX lui indiqua que son interlocuteur était le fameux capitaine en question, l’épitome de leurs problèmes, en lui confirmant son identité via reconnaissance vocale. Cela confirmait l’un de ses pires scénarii possibles. Elle avait affaire à une sacrée raclure d’officier, qui était prête non seulement à salir le drapeau impérial mais aussi à menacer l’Empire dans son intégrité pour sauver sa misérable existence. C’était donc leur plan, être des maîtres chanteurs pour sauver leur pitoyable peau. Plusieurs types de cibles potentielles lui vinrent à l’esprit : des généraux, des amiraux, des Moffs ou autres personnages importants de l’Empire, dont la salissure de l’image et le remplacement précipité créeraient un immense vecteur d’instabilité et de désordre, ce dont le régime impérial n’avait nullement besoin présentement. La menace était d’autant plus réelle que le type d’informations sensibles utilisées pouvaient autant être du fait conscient de la victime qu’un coup monté de toutes pièces pour la faire descendre, c’étaient des pratiques en vigueur malheureusement aussi chez eux, et pas uniquement au sein de la chaotique République galactique. Et remplacer ces personnes, pour certaines loyales et intègres, présentait aussi le risque de mettre en position de force des individus aux intentions crapuleuses, délétères pour la cause impériale. Elle n’avait que déjà trop bien vu les ravages, à moindre échelle, que cela pouvait causer chez les victimes. La carrière de son père, par exemple, avait été fortement ralentie malgré son talent et son expérience quand des ennemis avaient ébruité le fait qu’il ait eu un enfant hors union maritale, bâtarde, au sang en partie souillé par sa mère Hapienne, dont la profession de courtisane la faisait passer aux yeux des puristes comme impure, traîtresse et parfaite représentation d’une vile prostituée. Son père avait eu le courage de faire face, quitte à se couper de ses appuis familiaux, et d’accepter sa paternité envers elle, de la reconnaître comme sa fille. Son grade de commodore, il aurait pu l’obtenir bien plus tôt sans cette tâche sur sa carrière. Il ne le lui avait jamais reproché, et avait bien insisté sur le fait qu’il ne regrettait pas sa décision, mais Cordélia n’avait jamais pu oublier les ombres de cette vérité. Or, toutes les personnes d’influence impériales ne pouvaient pas se targuer d’avoir la force de caractère et le courage du Commodore Traeda, ou comme diraient les plus méprisants, sa folie et sa bêtise. Elle ne voulait pas imaginer les répercussions que cela pourrait avoir sur ces rôles essentiels dans l’Empire, et ne pût s’empêcher, quelques instants, d’avoir une pensée pour le Moff Reige, Jan et Lukan, qui les avaient tant aidés, son père et elle. Ces types, ces vermines sur le pont étaient de réels nuisibles et serait-elle moins maîtresse d’elle-même, elle ne se serait pas privée d’aller les exterminer en personne.

Détruire des réputations, annihiler des carrières, briser des vies… ils représentaient la lie de l’Empire. Ils incarnaient précisément tout ce qu’elle avait juré de combattre, en tout cas à son échelle. Elle comprenait mieux maintenant leur choix stratégique, aussi lâche et désespéré, futile, fût-il. Évidemment. Le pont de commandement était aussi l’un des centres clés des communications. Pour des lâches rats comme eux qui essayaient de quitter le navire, c’était l’endroit rêvé pour leurs méfaits. Puisant dans toutes les ressources de son sang-froid, notamment pour ne pas embraser la colère sanglante qui se trouvait derrière elle, elle se rappela à l’ordre en se remémorant en pensée son objectif. Elle devait mettre hors d’état de nuire ces officiers corrompus, gorgés d’arrogance et de suffisance. Elle devrait briser, de sa propre main, leur délire d’impunité, et les placer face à l’implacable justice. Elle se souvint qu’ils n’étaient pas la seule autorité à intervenir sur cette affaire. Si la Marine était limitée dans son autorité face à eux, s’ils comptaient railler la justice impériale, il y avait un troisième pouvoir qui rôdait dans les ombres du vaisseau. Un acteur qui pouvait aider à la dératisation, car il avait plus de moyens et de plus de liberté qu’eux. Cette tierce partie pouvait contourner le problème, pourvu qu’elle daigne se montrer coopérative et saisir le bâton qu’elle leur tendait. Elle répugnait à devoir s’appuyer de la sorte sur eux, mais son pragmatisme lui dictait que c’était un mal nécessaire.


« J’ai reçu une captation vidéo, via le canal de communication privé avec le pont de commandement. Elle ne contient aucun virus ou malware. Souhaites-tu l’ouvrir ? »

« Affirmatif, ALIX. » répondit succinctement la sergente à son IA.


ALIX n’attendit pas une nanoseconde de plus et obtempéra. La vidéo était labellisée en métadonnée comme « cas léger », et illustrait des preuves d’une liaison extraconjugale de l’épouse d’un Moff important, pendant près d’une trentaine d’années, et dont l’enfant n’était en réalité pas le fils du Moff. Le Moff concerné était parfaitement ignorant de ce fait, et avait instruit ledit fils comme son héritier.


« Réfléchis-bien, femme. Le Moff n’est plus tout jeune, il a plus de soixante ans. L’enfant s’approche de ses trente ans. Imagine si cette vidéo arrive dans l’Holonet suite à une décision hâtive de ta part, et que la vérité éclate au grand jour. Ce Moff ne supportera le choc et la honte, et nul doute qu’une crise cardiaque le terrassera à son âge. Ce scandale détruirait sa réputation, celle de sa femme et celle de son fils. Et son fils, enfin celui qui croit être son fils, pensez à lui. Tu es une femme, ça te parlera sans doute plus. Pense à ce gamin, qui apprendrait du jour au lendemain que sa vie n’a été bâtie que sur des mensonges et de la poudre aux yeux. Il sera détruit. Réfléchissez bien, Hapienne. Tu as trois vies entre tes mains, nous avons des dossiers encore bien pires, bien plus compromettants. Tu as cinq minutes pour cesser cet assaut insensé, baisser les armes et te soumettre à nous. Sinon, tout sera balancé sur l’Holonet. Cinq minutes, et pas une de plus.   »


Les raclures, les chiens, les rats ! Cordélia était contente que le casque de son armure intégrale d’un noir de jais masque ses traits, autant à ses « interlocuteurs » qu’à son entourage. Elle bouillonnait de colère, et son visage était déformé par un rictus d’une profonde colère et haine. Ce n’était pas quelque chose qu’elle voulait montrer en public, et encore moins à ses commandos, plus encore à ses cadets. Cinq minutes. Cela trop peu de temps pour qu’ils puissent envoyer quelqu’un sectionner les câbles d’alimentation du pont de commandement, le temps d’expliquer, de donner l’ordre et de trouver. Cordélia garda le silence, aussi longtemps que possible, ses mains crispées en poings de colère glaciale tout en vociférant en son for intérieur pour que la tierce partie fasse enfin son travail. Elle avait gagné autant de temps qu’elle le pouvait, c’était à ce troisième acteur de faire sa part des choses. Il ne restait plus que deux minutes et Cordélia allait se résigner à donner l’ordre de se forcer un chemin jusqu’au pont coûte que coûte avant qu’elle n’entende des exclamations de surprise et d’honneur.


« Comment ça, il n’y a plus rien ? Bande d’imbéciles ! Tout a été effacé, et copié ? Nous n’avons plus rien et eux, ils ont tout pris. Je ne suis entouré que par des incapables ! »


La haine et colère redescendirent d’un cran chez la commando, qui parvint à recouvrer son sang-froid et sa discipline. Enfin, leur mystérieux commanditaire avait décidé de se joindre à la partie. Une fois de plus, l’expertise ne laissait aucun doute dans son esprit : c’était quelqu’un des renseignements. Quelqu’un d’extrêmement discret, d’incroyablement talentueux et clairement, retors à souhait. Le Bureau était réputé comme obscur et sournois, comme des ombres qui s’abattaient sur les ennemis de l’Empire, mais on ne pouvait leur retirer qu’ils étaient doués dans ce qu’ils faisaient, et implacables. Traeda n’approuverait jamais leurs méthodes, mais elle était encline à ravaler sa fierté de Marine pour une fois, si cela permettait de s’assurer que l’Empire et des citoyens impériaux resteraient indemnes. Elle entendit ensuite des tirs, qui l’amenèrent à laisser la communication en sourdine et à ordonner.


- Auric, ouvre-moi ces portes ! Ne discute pas, fais-le !


Le cadet dût sentir l’urgence et le tranchant de sa voix car elle le vit obtempérer sans protester. Elle utilisait rarement ce ton-là avec ses commandos, qui savaient que cela signifiait une urgence absolue et que toute contestation devrait attendre plus tard. Elle constata que deux autres commandos s’étaient rués vers les consoles les plus proches pour l’assister sur cette tâche. Sans tourner sa tête, réglant son blaster lourd en mode paralysant, elle commanda à l’attention de son homologue et de Jefferson.


- Sergent Hosword, Jefferson, nous allons maîtriser nos cibles dès que c’est ouvert ! Sergent, laissez suffisamment des commandos pour tenir en respect les troupes. Ils ne doivent pas céder, c’est une priorité absolue. Personne d’instable ne doit mettre un pied ici !

- Entendu. Vous m’expliquerez une fois la situation sous contrôle. Déclara le sergent-commando, qui clairement voudrait des explications mais comprenait l’urgence.


Ils ne perdirent pas de temps, et leurs efforts payèrent au bout d’insupportables secondes. Sans s’appesantir, blasters au poing et casque réglé en mode filtration d’air et de gaz comme les deux autres Marines, geste qu’imitèrent les autres commandos Marine qui faisaient partie de leurs troupes.


- Écoutez-moi ! On va envoyer du gaz soporifique pour les empêcher de saboter les contrôles du vaisseau et nous laisser crever au beau milieu de l’espace. On n’a pas assez de masques à gaz pour équiper tout le monde, donc restez en arrière. On ne pourra pas garantir la sécurité de ceux qui voudraient franchir le cordon de sécurité et contrairement à nous, les gens là-dedans tirent pour tuer. Commandos, je veux que vos armes soient réglées sur le mode paralysant ! Que ceux et celles qui ont des grenades somnifères les tiennent prêtes à lancer une fois les portes ouvertes.  


Elle se tourna ensuite vers les soldats qui avaient défendu les officiers véreux et s'adressa à eux d'un ton à la fois ferme et direct :

- Et vous, écartez-vous si vous ne voulez pas être pris entre deux feux, entre les grenades et les tirs ! Votre coopération sera prise en compte si vous vous écartez maintenant !


Cordélia prit le ton le plus autoritaire et ferme dont elle était capable, un ton d’autorité de sergente-commando qu’elle employait avec minutie quand la situation exigeait d’utiliser une poigne de fer. Sans doute elle outrepassait ses fonctions, mais il n’y avait personne d’autre en position de commandement ou qui soit prêt à prendre la responsabilité. Elle appliquait donc un protocole réservé aux cas d’urgence, où le commandement en charge n’était plus en état de remplir ses fonctions et où il était impossible de communiquer, ou à temps, à un commandant d’un rang suffisant. Dans ces cas de figure là, c’était à l’officier au rang le plus élevé de prendre la direction des opérations. Le sergent et elle-même étaient les deux officiers les plus gradés en fonction, bien que sous-officiers, et il préférait clairement lui laisser cette responsabilité. Elle le ferait, pour limiter le carnage et surtout avoir des oiseaux qui puissent chanter et babiller tout ce qu’ils savaient sur ces conspirations. Heureusement, les troupes adverses, lâchées par leurs chefs, semblèrent comprendre où se trouvaient leurs intérêts. Leurs postures se relâchèrent, et le sous-officier en face donna l’ordre qui s’imposait. Celui-ci fut en tout cas assez suivi pour que les portes soient ouvertes. Sans qu’elle n’ait de consignes plus précises à donner, Jefferson et plusieurs commandos projetèrent peu à peu, au fil de leur avancée, toutes les grenades somnifères en leur possession, qui libéraient du gaz plutôt que des explosifs. Comme son nom l’indiquait, les gaz faisaient perdre connaissance à leurs cibles dès que celles-ci en ont respiré quelques secondes. Il fallait laisser le moins de poche d’air « pur » possible sur le pont. Certains officiers mettaient plus de temps à perdre connaissance, et cherchèrent à s’enfuir de la salle. C’est là que Cordélia et d’autres commandos les immobilisaient avec des tirs paralysants, protégés des tirs de leurs pistolets-blaster par leurs armures et gardés du gaz à l’aide de casque avec filtration. Ils laissèrent le gaz somnifère agir pendant les quelques secondes réglementaires, avant de s’avancer prudemment dans la pièce, armes en main et vision infrarouge activée dans leur visière. La fonction « filtration » maintenue le temps que le gaz se disperse, blasters en mode paralysant aux poings, ils avancèrent prudemment pour attester de la mise hors d’état de nuire des officiers, tant qu’ils pouvaient encore les sécuriser. Ils devaient agir avant que le gaz faisait effet pour les entraver avec des menottes adaptées, et avant surtout que les éléments instables de leur propre troupe ne perdent patience.

Toujours connectée sur la communication privée avec le pont, convaincue que la tierce partie pouvait encore l’entendre puisqu’elle en parasitait la ligne, Cordélia déclara sur ce canal strictement privé.


« Ici la sergente-commando Cordélia Traeda. Je ne sais pas qui vous êtes. Je n’ai pas à le savoir. Tout ce qui m’importe, c’est de savoir ce que vous voulez pour ces types. Si vous les voulez vivants, ou au moins certains d’entre eux, je recommanderais que vous veniez les récupérer dans les meilleurs délais. »


Maintenant, une rude étape restait à faire : confirmer la reprise de contrôle de la situation et du vaisseau, garder ces rats en laisse et en vie pour décider de leur sort avec leur mystérieux commanditaire. Une fois débarrassés de ces chiens, le retour au calme ne serait pas aussi impossible. Il faudrait séparer les soldats séditieux du reste de l’équipage, mais ce n’était pas chose impossible. Il faudrait ramener le Scipion jusqu’à sa destination initiale prévue, qu’il s’agisse d’Anaxes ou de Bastion, et de s’assurer de celle-ci en consultant les cartes de navigation et l’itinéraire prévu. De leur côtés, les commandos-marine et elle feraient leur possible pour maintenir au mieux le contrôle.
par Cordélia Traeda
le Sam 23 Sep - 20:52
 
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Lorsque Jefferson et Cordélia parvinrent au seuil de l’armurerie, ils ne rencontrèrent aucune réelle opposition. Il ne fut guère difficile de maîtriser le point chaud identifié à cet endroit, ce qui surprit assez la sergente. Elle reçut des échos similaires de Cian et d’Auric, qui attirent sans difficulté respectivement la salle des machines puis le terminal des communications. Ils avaient pu tous deux obtenir même de l’aide d’alliés inattendus au sein des loyalistes à bord. Aussi le Scipion se figea tout à coup, alors que ses moteurs et son hyperdrive furent mis de force à l’arrêt par sa jeune sniper et médecin. Auric s’assura manuellement un accès à distance au réseau du bâtiment depuis une bague d’or installée dans le terminal auquel il avait eu accès, afin que ses augmentations lui permettent d’y accéder à distance, à l’aide de ses propres aptitudes de pirate informatique et de l’appui technique du droïde astromécanicien modifié de la sergente Traeda. Il l’informa ainsi qu’il pouvait se libérer de son objectif initial, et qu’il se mettait en chemin avec Cian et R9 vers le pont de commandement.

La voie était donc aussi dégagée de leur côté, et tous se dirigèrent vers le dernier point chaud à contrôler, et sans doute celui qui serait le plus épineux de tous et le plus crucial : le commandement.

Cordélia n’avait pas oublié le mystérieux soldat inconnu qui leur avait brièvement prêté assistance, pas plus que leur énigmatique commanditaire avec lequel elle avait échangé quelques mots. Elle assignait simplement un ordre de priorité dans les différentes tâches qui étaient les leurs, et la reprise de contrôle du vaisseau lui semblait être la plus prioritaire à l’heure actuelle. Cela ne veut pas dire que l’officier Traeda avait abandonné tout souhait d’avoir au moins quelques décentes explications quant à leur réquisition forcée sans même que leur supérieure et leur amiral aient été consultés. La métisse préféra cependant se concentrer sur sa priorité immédiate, la situation n’était pas encore résolue et leur contrôle du vaisseau ne serait complet qu’une fois le commandement saisi et entravé.


- Sergente Traeda. Quelle est la situation ? Demanda Cordélia, sans plus s’appesantir.

- Sergent Hosword. La majorité du bâtiment est sous contrôle, mais ici, c’est bloqué. Ils se sont retranchés là-dedans et y ont rassemblés leurs forces pour défendre le pont.

- Ce n’est pas malin. Ils se sont coupés de toute voie de sortie et de tout accès aux pods d’évacuation. C’est le seul accès au pont de commandement, je présume ?

- C’est le cas. J’ai servi assez longtemps sur le Scipion pour être certain. Tout ce qu’ils peuvent gagner à agir ainsi, c’est de gagner du temps.

- Ils n’ont pas de renforts qui pourraient survenir, dans le coin ? Demanda Jeff.

- Pas à ma connaissance, mais je ne suis pas dans les petits papiers du chef, rétorqua le sergent commando de la seule escouade qui avait été prête dès le départ à les rallier.

- Ils n’ont pas pensé à prendre des otages, pour servir de monnaie d’échange ?

- Non, nous avons vérifié. Personne ne manque à l’appel, de notre côté.


Que manigançaient-ils, ces soi-disant commandants. Autant d’erreurs de débutants en apparence… comment étaient-ils arrivés à leur niveau d’autorité ? Cela ne faisait pas sens. Traeda recommanda à son homologue d’envoyer des gens vérifier qu’il n’y avait pas de bombe ou quelque forme de sabotage sur le Scipion, afin d’écarter cette piste et de limiter tout risque engendré par un penchant suicidaire de rats acculés contre un mur. Le sergent, qui avait songé à la possibilité, accepta. L’homme qui était leur cible n’avait même pas pris la peine de mener quelques recherches sur eux pour déceler des failles qu’il aurait pu exploiter dans leur code moral militaire, tel qu’éviter de prendre des vies impériales inutilement. Cordélia n’allait pas s’en plaindre cependant, ils gagneraient du temps ainsi. Elle ne souhaitait cependant pas pécher par empressement, alors qu’ils se trouvaient près du but.


- Je ne saurai trop vous recommander de prendre bientôt une décision. Je me suis occupée des blessés légers comme j’ai pu, et j’ai pu constater qu’ils sont très instables, très agités. Beaucoup d’entre eux ont perdu un ami, voire un proche, ils n’ont pas tous les idées claires et je crains qu’ils ne veuillent se venger. Le moindre faux-pas risque de virer en bain de sang. Commenta Cian, qui s’était approchée d’eux après une courte et respectueuse salutation envers l’autre sergent.

- Je ne pige pas. C’est évident qu’ils ne pourront pas tenir longtemps la position, rien qu’à voir la différence de nombre et d’armement ! Ils n’ont presque rien pour se défendre. Ils vont subir des pertes s’ils s’acharnent, et pas des pertes légères. Ils… ! Renchérit Auric, agacé.


Cordélia se tourna vers le jeune commando marine et posa une main ferme sur son épaule, l’invitant à ne pas poursuivre son propos pour l’instant. Relevant sa frustration, elle ouvrit un canal privé de communication avec lui et commenta ainsi sans que leur entourage ne puisse entendre ses propos.


« Ils en sont aussi conscients que nous. Il n’y a pas besoin de retourner le couteau dans la plaie. Nous savons que ces officiers d’apparat qui sont terrés là-bas sont irrécupérables, et nous partageons ta frustration. Nous allons faire ce que nous pouvons pour limiter les pertes et ne pas les laisser nuire davantage. Regarde autour de toi, le personnel et les commandos sont à bout de nerfs. Ne leur échauffons pas plus le sang. Ces officiers seront jugés, alors garde la tête froide. »


Elle avait préféré faire ce petit sermon en privé pour le moment, un simple rappel à l’ordre. Elle pensait ce qu’elle disait, et tâchait de le faire comprendre à l’un des cadets de son escouade. Il fallait qu’il étende un peu son regard et ne pense pas qu’à ce que la situation lui faisait ressentir, lui. Une fois qu’elle fût certaine qu’il avait recouvré son sang-froid et qu’il respecterait ses ordres, elle le libéra. Elle comprenait ce qu’il ressentait, elle avait ressenti une frustration similaire par le passé, lors de son service auprès de l’officier Motti. Elle devait se montrer responsable, au vu de ses responsabilités. Elle jeta un bref regard autour d’elle. Tous et toutes attendaient un ordre de sa part, malgré la présence d’officiers homologues en leur sein. Ils semblaient vouloir lui confier cette difficile décision à faire.

Cordélia prit une longue inspiration et s’accorda quelques minutes de réflexion, chassant toute frustration de son esprit pour être en mesure de réfléchir aussi posément et méthodiquement que possible afin de les retranscrire en termes d’objectifs, de moyens humains, et de manœuvres. La solution de facilité serait sans aucun doute de tirer dans le tas, et laisser la bête assoiffée de sang que représentaient leur entourage se déchaîner sur ses oppresseurs. Cela demanderait le moins de technique, d’encadrement et de logistique. Pourtant, Cordélia la trouvait insatisfaisante à plusieurs niveaux. Il y aurait des débordements, il y aurait un nombre conséquent de victimes dans leurs propres rangs, des impériaux qui avaient été victimes des exactions et de la manipulation des officiers, et cela nuirait définitivement leurs carrières. Était-ce la décision souhaitée par leurs mystérieux commanditaires, ceux qu’elle soupçonnait être liés au Bureau des Renseignements Impériaux ? Faire disparaître toute trace et toute preuve, toute menace, faire table-rase et les dissimuler sous le tapis ? Elle n’avait aucun moyen de le savoir, et de toute manière, elle refusait de suivre une telle directive, ne serait-ce que par respect envers les autres commandos présents à bord et envers le personnel. Le seul sang qu’elle serait prête à verser serait celui de ceux et celles qui refuseraient de se plier à l’autorité de l’Impératrice et à la justice impériale. Ce serait trop facile, et sans doute la solution désirée par leurs opposants. Elle ne voulait pas leur donner ce plaisir, ce dernier baroud d’honneur.

L’instabilité mentale du personnel et des troupes associés à eux restait un problème qui devrait être adressé, mais Cordélia voulait au moins sécuriser un ou plusieurs officiers en vie pour qu’ils puissent chanter dans leurs cages entourées de ténèbres sous le voile du BRI. S’ils attendaient trop, ils risquaient de se retrouver à la fois face à des corps et des esprits assoiffés de sang, et les cadavres ne pouvaient guère parler dans leur rigidité de pierre, outre l’inconvénient d’être présentés en martyres. Ces satyres avares de pouvoir ne se rendraient pas d’eux-mêmes. Elle devait les inciter à le faire pourtant, quitte à les piéger pour se faire, même si cela ne faisait guère partie de ses points forts.


- Auric, ouvres-moi une ligne de communication privée directe avec le pont.

- Pardon ? Vous allez vraiment discuter avec ces moins que rien ! S’exclama Auric, sa mâchoire tendue alors qu’il lui jetait un regard incrédule.

-  Une sommation ? L’interrompit Jefferson avec une tape derrière la tête d’Auric.

- C’est dans les règles, je suppose, mais vont-ils écouter ? Demanda Cian.

- Auric, cette ligne de communication privée, maintenant. Sergent, commandos, assurez-vous que tout le monde se tienne au repos jusqu’à mon signal.


La voix de Cordélia ne laissait aucune place au doute et à la contestation, aussi le jeune commando dût se raviser et obtempéra de mauvaise grâce. Il lui en voudrait pour l’heure, elle lui expliquerait pourquoi ensuite, mais chaque minute de perdue les rapprochait d’un bain de sang encore évitable. Sous l’apparence d’une négociation, elle allait surtout chercher à les piéger et à les amener à se rendre compte de l’inéluctable, à se rendre s’ils voulaient éviter de devenir des cibles de chair et de sang. Elle les honnissait de toute son âme, elle brûlait de les passer au fil de l’épée ou de les atomiser, mais ces insultes au sang impérial ne méritaient pas une sanction aussi rapide et aussi clémente. Elle voulait les traîner devant la justice impériale, voire devant la cour martiale. Les traîtres devaient payer leurs crimes, face contre terre, et être sanctionnés par la justice décrétée par Sa Majesté Impériale. Elle tâcha de se rappeler de certains de ses échanges avec son père, avec sa mère, avec Oncle Jan et Reige. Elle devait les faire céder psychologiquement, et alors ils pourraient se diriger vers une victoire totale.Elle ordonna à ALIX de s'assurer que personne n'entendrait ce qu'elle dirait en insonorisant son casque, y compris ses commandos dont Auric, et prit la parole sous le secret de son casque.


« Commandement du Scipion, ici la sergente-commando Traeda. »


Elle les haïssait de toute son âme, ces engeances qui salissaient le nom et le drapeau impérial, et faisait beaucoup d’efforts pour ne pas laisser transparaître ce venin dans sa voix froide et distante.


« Je ne vais pas vous faire l’insulte de croire que vous n’en êtes pas vous-même conscients. Votre temps ici est compté. Plusieurs options s’offrent à vous, aussi décidez-vous. Vous pouvez baisser les bras, et achever votre misérable vie ici et maintenant de vos propres mains. Une mort rapide, et lâche. Ce serait le choix du faible et du couard. Vous pouvez résister jusqu’à votre dernier souffle, et faire face à votre mort. Une mort lente, et très douloureuse. Ce serait le choix du téméraire et de l’imbécile. »


Ce serait bien une décision typique d’un idiot de Républicain, songea en son for intérieur la commando-marine. Elle tâchait de lui montrer ses différentes options avec le plus de détachement possible, et de laisser transparaître le moins d’affect qu’elle puisse. Elle devait tenter de le persuader que son intérêt ne se trouvait pas dans l’état de cadavre, et lui faire miroiter un potentiel rebond. Sans mentir, elle devait jouer sur les mots et choisir avec soin ses propos, telle la négociatrice qu’elle n’était que peu talentueuse à être, en laissant parler son pragmatisme pour tâcher d’y pallier en poursuivant.


« Cela implique de reconnaître que vous avez été battu par une femme, une métisse qui plus est. Cette humiliation souillera alors votre nom à jamais auprès de vos associés, comme un faible qui a baissé l’échine face au « sexe faible » comme vous le clamez si haut et si bien.  Et puisque vous serez mort, qui pourra affirmer le contraire ? Qui défendra votre mémoire ? Personne. »


Cordélia tâchait d’adapter ses termes à ce qu’elle aurait pu adresser à l’ancien amiral Motti dans le cas présent, et à ce qu’elle savait de l’officier en face d’elle, derrière ces épaisses portes closes. C’était un combat psychologique qu’elle menait ici, essayant d’utiliser à son avantage de vieilles leçons qu’elle avait apprises en théorie à l’Académie d’Anaxes, puis plus pragmatiques, avec son ancien sergent-commando Nathan Darklighter, ou certaines leçons écoutées auprès de sa propre mère.


« Si tel est votre choix, vous ne finirez pas comme un martyre. Non, tout ce que l’Histoire se souviendra de vous, c’est d’un faible qui, dans la difficulté, a baissé les bras et s’est laissé mourir. Si vous pensez votre cause juste, et qu’une majorité la soutiendra, alors ayez le courage de la porter en personne face à la cour de justice impériale. Il vous suffit de lâcher vos armes, de donner l’ordre à vos fidèles de cesser le combat et de vous rendre. J’attends votre réponse. »


Laissant la ligne de communication active, sous la surveillance d’ALIX, elle activa simplement la fonction de micro muet afin de s’adresser à ses accompagnateurs et accompagnatrices :


- J’ai fait la sommation. Attendons leur réponse et agissons en conséquence.


La dernière sommation les couvrirait en cas de recours à la méthode musclée. Cordélia n’avait cure des volontés du BRI en la matière, elle voulait que justice soit rendue et soit faite de manière aussi propre que possible, dans les règles. Restait à voir ce que ferait la tierce partie qui, avec ses moyens, avait certainement été capable d’entendre sa communication privée avec le pont de commandement et s’ils étaient rusés, comprendre sa véritable stratégie en bernant, sans mentir, l’ennemi et en limitant les effusions de sang. Il était tout dans l’intérêt du BRI et de leurs ennemis qu’ils se rendent sans tarder, s’ils voulaient ressortir vivants du Scipion, en tout cas avoir une illusion de contrôle.
par Cordélia Traeda
le Mer 20 Sep - 11:35
 
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Visiblement, ses estimations avaient été assez justes. L’effet boule-de-neige qu’elle avait souhaité, ou effet dominos, s’était enclenché et se révélait pour le moment être à la hauteur de ses attentes. Cordélia n’était pas particulièrement ravie de monter des Impériaux contre des Impériaux pâtissant des piètres décisions de leur commandement, mais il n’y avait pas d’autres options. Ils avaient abattu leurs cartes sur la table, et très vite, il serait clair de qui avait vendu son âme au diable et qui était encore loyal. Traeda était pragmatique. C’était une hypothèse qui aurait pu se produire, tôt ou tard, sans leur intervention. Ils l’avaient déclenchée plus tôt, et dans des conditions sous contrôle pour le moment.


La réaction des commandos était prévisible. Face à la foule menaçante, ils avaient tiré dans le tas. Il ne fallait jamais sous-estimer le nombre, surtout quand le rapport n’était pas en votre faveur. La furie populaire avait fait bien des ravages dans l’Histoire galactique, il y avait eu des précédents. Comment aurait-elle réagi, à leur place ? Sans doute aurait été cherché à adopter une stratégie de dissuasion et de désencerclement, par exemple en recourant à des explosifs non létaux et non destructifs : des bombes fumigènes, lacrymogènes auraient pu arrêter les membres d’équipage non ou insuffisamment équipés, par exemple sans casque pourvu de filtre à air. Cela leur aurait octroyé de précieuses secondes pour immobiliser un maximum d’individus, que ce soit par la force ou des tirs paralysants. Elle avait déjà entendu un formateur dire que, dans ce cas de figure de mutinerie, avoir à tirer avec des tirs réels était quelque part un aveu de faiblesse psychologique. C’était un signe que vous n’avez pas réussi à assurer la désescalade du conflit, et encore moins le retour à l’ordre et au calme. Le tir létal ne devait, jamais, dans ces cas de figure être la première réponse. Il y avait d’autres outils de première intention. Une fois cette sommation inutilisable, alors là seulement il fallait user de la violence, mais avec méthode. Le premier tir porté, le premier opposant blessé, et la mutinerie s’enflammait de plus belle en un incendie dévastateur. L’étincelle qui embraserait les flammes de la colère depuis leurs cendres avait été initiée. Il ne leur restait plus qu’à exploiter ce flamboiement.


« … travailleurs manuels dans notre futur fief […] personnes en charge de nombreuses faveurs de nature sexuelle »


Cordélia jeta un coup d’œil vers Auric, mais leur jeune hacker et expert martial secoua la tête et sa voix retentit bientôt dans leur canal privé et crypté.


« Ce n’est pas de mon fait, sergente ! Même si c’est le genre d’info juteuse sur laquelle j’aurais aimé dénicher. Je ne suis pas tombé sur cette pépite en pur aurodium. »


Traeda ne commenta pas, gardant un silence et un immobilisme absolu, comme s’ils étaient ciselés dans la plus pure des indifférences. En vérité, le deuxième point triturait de vieilles cicatrices dans sa fierté, mais elle corseta celles-ci avec l’étau du devoir. Sa voix, maîtrisée, commanda succinctement.


« Début de l’opération. »


Ses commandos étaient comme elle, en armure intégrale et équipés pour l’intervention à venir. La standardisation des armures avait ceci de bénéfique qu’elle apportait un relatif anonymat à leurs porteurs, à moins de savoir où chercher l’information et de bien connaître les distinctions selon les grades. Cordélia serait plus reconnaissable en raison de la personnalisation de son armure, à l’instar d’Auric, mais Cian et Jefferson pouvaient, au besoin, se mêler plus aisément à la foule de Marines.


« Voici les points chauds que j’ai localisé à l’aide de leur réseau. Je vous indique leur position estimée sur les plans de l’engin. Ça peut et ça risque de bouger, hein. Je vous dirais si je constate des évolutions, quand je pourrais. »

« Ça donne une idée, c’est déjà ça. Par contre, y a de la compagnie qui rapplique. »


Cordélia prêta attention aux informations apportées par les systèmes de sa propre armure et de son casque, ayant reçu la même alerte de son I.A embarquée ALIX. Dix marqueurs étaient en effet apparus dans leur environnement proche et se rapprochaient, peu à peu, de leur position. Ils étaient encore assez éloignés, aussi la sergente prit-elle le temps de sommer son Intelligence Embarquée :


« ALIX, envoie EPSI surveiller le corridor. Assure-moi une connexion avec ses systèmes visuels et audios. »

« Bien reçu, Cordy ! Drone EPS1-3MI activé, déploiement dans le corridor. Initialisation de la connexion avec l’unité… terminé ! C’est bon, tu es connectée ! Actives-tu protocole de gestion des communications internes ? »

« Négatif, j’ai besoin de toi en support de combat jusqu’à nouvel ordre. »

« Compris, je passe en mode ‘soutien’ dans ce cas. »


Avant qu’ils ne puissent se déployer comme les plans A et B le prévoyaient, il fallait tout d’abord qu’ils se débarrassent de ces obstacles sur leur chemin. L’affrontement semblait inévitable. Cordélia informa Auric qu’il pourrait commencer sa tâche spécifique avec R9 dès qu’ils se seraient occupés des assaillants immédiats. C’est alors qu’elle reçut un rapport d’EPSI, qui confirmait l’approche rapide de dix assaillants vers le corridor où se trouvaient leurs cabines. Un rapport de 10 contre 4, ce n’était pas une catastrophe, mais cela ne leur faciliterait pas la tâche. Elle mit en stand-by la fonctionnalité de « bouclier cinétique » de son armure, afin qu’il puisse être déployé dès qu’elle en demanderait l’activation.  L’appui d’ALIX ne serait pas trop dans ce cas-là. Sans qu’elle n’ait eu à lui donner de consigne, Jefferson, armé de son fusil-blaster d’assaut, s’était rapproché de Cian, une paire de pistolets-blaster militaire en mains pour sa part, et tous deux s’éloignaient pour prendre l’ennemi à revers, dans une manœuvre de pince. Quant à Auric, il tenait en main le sabre-laser artificiel à une lame qu’il utilisait au cours des mêlées sérieuses, qu’il était en mesure de manipuler à l’aide des augmentations cybernétiques reproduisant des arts Jedi. En raison de son jeune âge et de sa cybernétisation relativement récente, il n’était pas encore un expert de ces formes, mais il les connaissait assez bien pour en faire un élément de surprise au combat.

Elle reçut une nouvelle notification d’activité et de présence d’EPSI, qui avait détecté un nouvel individu qui avait assailli le groupe qu’ils voulaient prendre en embuscade. Un combattant en armure noire, dont l’identité n’était pas connue des systèmes, et dont l’équipement à première vue paraissait standard. C’était un imprévu, mais qui leur était bénéfique puisque leurs dix opposants se méfieraient du couloir nord qui se trouvait dans leur dos. Cela les laissai moins vigilants sur les couloirs ouest, par où allaient les surprendre Cian et Jeff, et sur le couloir sud où elle se trouvait avec Auric.


« On poursuit le nouvel arrivant ? » Demanda alors Jefferson via leur canal.

« Négatif, on maintient la tactique prévue. On s’occupe d’abord de ceux-là, puis nous irons vers les objectifs déjà identifiés. Nous ne devons pas les laisser se ressaisir, ni se disperser. » répondit Cordélia avant de sommer à son IA en parallèle, « ALIX, garde un œil sur cet individu et préviens-moi s’il vient à vouloir nous prendre de revers. »

« Entendu, je consacre une partie de mes ressources à sa surveillance. » Lui répondit instantanément la persona numérique de l’Intelligence Artificielle embarquée.


Sept marqueurs, oui, c’était dans leurs cordes. Ils feraient face à des commandos marine, certes, mais ces derniers étaient tendus et victimes d’une potentielle tactique d’harcèlement par une tierce partie. Cela leur faisait une personne et demi par commando désormais, rien qu’ils ne puissent gérer en conditions normales. Ils se tinrent prêts, couverts en partie par les murs des coursives organisées sous forme de fer-à-cheval. L’Escouade Delta patienta juste assez pour que leurs opposants arrivent directement en visuel, deux de ces derniers accaparés à garder un œil sur leur mystérieux assaillant. La tactique était simple : prendre par surprise le groupe qui voulait les attaquer, frapper vite et frapper fort de deux angles différents, de façon à les prendre en étau et à les forcer à diviser leur frappe de tir. Cordélia se révéla, bouclier cinétique activé dans une main et blaster dans l’autre, attirant leur attention tout en protégeant son binôme qui bondissait sur leurs opposants avec sa lame d’énergie, utilisant ses prothèses pour accroître sa vitesse. Quand leurs opposants, rendus nerveux par la précédente attaque d’une tierce partie, eurent leur attention focalisée sur eux, Jefferson et Cian les prirent à revers, chacun avec leur arme de prédilection. Dès qu’elle eut le champ libre, connaissant assez bien la compétence des commandos-marine pour ne pas prendre de risque en leur laissant le temps de se ressaisir et de se réorganiser pour contre-attaquer, elle désactiva son bouclier juste avant que ce dernier ne soit à court d’énergie et passa au combat rapproché, saisissant son vibroépée en songsteel et assaillant sans hésiter ses ennemis proches. La lame, plus longue que celle des vibrolames habituelles, pourfendit sans difficulté les plaques d’armure de ses adversaires, et défit deux de ses ennemis, qui tombèrent à terre. Ses coups étaient précis, nets avec la maîtrise d’une escrimeuse.  De ce qu’elle pouvait constater, Auric était aussi parvenu à en mettre deux à terre avant de devoir reculer afin de protéger Cian des tirs ennemis avec sa lame d’énergie, de gestes très simples et rapides. Jefferson prit aussitôt le relai et s’occupa pour sa part de trois ennemis, dont deux à distance. Cian, pour sa part, s’était occupée de harceler les adversaires à moyenne distance avec ses pistolets-blaster, quand elle n’exploitait pas tout angle de tir profitable quand l’attention de l’opposant était détournée. Elle pût abattre un ennemi peu vigilant, et son œil alerte remarquant le dernier adversaire qui essayait de s’enfuir, fit preuve de sa précision redoutée en parvenant à l’atteindre aux jambes, puis aux épaules.

L’attaque les avaient ralentis dans l’exécution de leur plan mais normalement, si le compte était bon, ils n’auraient plus de mauvaises surprises à craindre, même s’ils allaient demeurer vigilants. Après tout, ils n’avaient pas eu affaire à des débutants mais à d’autres Marines, hélas bien trop zélés. Ils n’avaient aucune colère envers eux, ils appliquaient, tout comme eux, simplement leurs ordres.


« Cian et Auric, la salle des machines et les communications avec R9. Jeff, avec moi à l’armurerie pour coordonner la mutinerie. Rendez-vous au pont de commandement ! »


Elle n’avait pas besoin de le leur rappeler, mais la communication restait la règle s’ils voulaient être bien coordonnés. Traeda n’était pas ravie d’avoir été contrainte de mettre hors d’état de nuire des confrères commandos-marine, mais le devoir primait… sauf peut-être sur l’honneur, mais cela dépendrait autant des circonstances que de l’appréciation et du jugement personnel de chacun. Elle n’avait en tout cas pas le temps de tergiverser sur la question, la priorité était la reconquête du bâtiment et surtout la mise hors d’état de nuire du commandement traître à l’Impératrice et surtout à l’Empire. Plusieurs scénarios se dessinaient dans son esprit, comme autant de possibilités et d’actions à privilégier en conséquence : le meilleur d’entre eux serait qu’ils parviennent à rallier les escouades de commandos encore en état de se battre, le passable serait qu’au moins ou deux d’entre elles les rejoignent, et le moins bon serait qu’ils doivent faire face à leur opposition. Cordélia ne se faisait pas d’illusion : cette escouade avait été prise par surprise, et qui plus est victime d’une tactique tierce. Défaire les autres ne serait alors pas aussi aisé. En outre, il restait ce facteur inconnu du soldat non-identifié qui était intervenu : réitèrerait-il son action ? Quelle forme prendrait son éventuelle action ? Quels étaient les risques qu’ils soient affectés par ses actions éventuelles ? Elle n’avait pas de moyen de l’anticiper pour le moment. L’individu avait été aussi fugace que discret, ombre captée par EPSI.

Envoyant le drone en amont afin de servir d’éclaireur, l’escouade se préparait déjà au combat à suivre. Ils ne seraient tout à fait satisfaits qu’une fois le pont de commandement atteint, les dirigeants véreux arrêtés et mis hors d’état de nuire, le contrôle du Scipion récupéré et leur commanditaire se révéler. Si le Bureau du Renseignement Impérial était bel et bien impliqué dans cette opération, Cordélia pressentait qu’ils n’auraient pas toutes les réponses à leurs questions. Traeda tenait seulement à en avoir assez pour trouver des explications à la réquisition de son équipe et pourquoi on voulait leur laisser tout le crédit de l’intervention. Cela devrait cependant attendre qu’ils en aient terminé ici.
par Cordélia Traeda
le Mer 19 Juil - 17:05
 
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Sous le voile de la nuit et de la pénombre des couloirs de la corvette, sous la maigre lueur des éclairages de secours et essentiels, deux ombres s’étaient glissées entre les portes de l’armurerie, avec l’œil complice de la sentinelle en poste. Les deux armures sombres de commandos marine n’avaient pas perdu de temps avant de s’affairer à leur œuvre, toute minute de gâchée pourrait se retourner contre eux. Briefée par Jefferson avant le lancement de leur opératoire nocturne sur les aspects techniques du démantèlement et du sabotage des armes et de l’équipement, Cordélia s’était occupée tout d’abord de faire le guet, s’assurant qu’aucune patrouille trop scrupuleuse viendrait les déranger. Une fois assurée de la tranquillité et consciente de l’ampleur de la tâche, la sergente était venue assister son expert d’explosifs et d’armement dans le sabotage des armes de l’équipage séditieux. Comme convenu, ils avaient repéré en chemin des caches d’intérêt où dissimuler judicieusement quelques armes non sabotées, afin d’armer les commandos prêts à se soulever contre la commanderie tout en laissant une petite marge supplémentaire dans la quantité des armes, pour pouvoir à un maximum de possibilités. Traeda, concentrée sur cette tâche moins familière, avait laissé son Intelligence Artificielle embarquée gérer les échanges de communications pour être plus focalisée. ALIX triait donc, selon ses consignes, les communications qui pouvaient lui venir d’Auric et de Cian. Elle avait aussi missionné la petite IA de garder un œil sur les senseurs des systèmes de son armure cybernétique, et de la prévenir de toute évolution de la situation de leur environnement. Sur leur canal de communication crypté, elle entendit une question de Jefferson lui parvenir dans son casque.



« Tu n’as rien remarqué ? »

« Cela se passe très bien, presque trop bien pour être vrai. »

« Toi aussi, ça t’a interpellée. Un piège ? »



C’était l’expérience qui parlait. Souvent, les choses ne se passaient jamais tout à fait comme prévu. Il y avait systématiquement des facteurs inconnus et des imprévus, malgré la meilleure préparation possible. Cela faisait partie de la réalité du métier, et, comme diraient certains, cela faisait le « sel » de ces interventions. Il y avait, normalement, toujours des imprévus, des interférences, des complications diverses et variées. Les deux vétérans de la Marine impériale le savaient fort bien. La suggestion de Jefferson était assez plausible, elle l’avait considérée elle aussi, mais peu probable. Cette perfection si peu naturelle que l’on pouvait appeler cela du perfectionnisme ou du pointillisme… cela lui faisait immédiatement penser à la réputation de l’Intelligence Service. Ils auraient déjà été éliminés d’une manière ou d’une autre, si ça avait été le cas, aussi lui répondit-elle.




« Non, on le saurait déjà sinon. Il n’y a pas que de la chance, cela dit. »

« Tu donnes du crédit à la providence, toi ? » Commenta Jeff, amusé.

« Á ses apôtres, peut-être. »



Le court ricanement du vétéran arracha une ombre de sourire à la sergente. Son adjoint n’avait pas besoin qu’elle lui donne plus de précisions pour savoir ce à quoi elle faisait référence de cette façon. Ils s’entendaient. D’un autre côté, l’absence de contretemps leur laissèrent assez de latitude pour mener à bien leur propre tâche, sans qu’aucune patrouille ni aucun traître en quête de petit profit ou désireux de voler une arme ne viennent les interrompre. Ils purent ainsi terminer leur affaire et se rendre, prudemment et discrètement, jusqu’à leur cabine partagée tout en échappant à la surveillance. Cian et Auric les attendaient, visiblement, la jeune femme avait eu le temps de remplir sa mission sans encombres puisque les deux droïdes que Cordélia lui avaient assignée étaient eux aussi de retour, et sans accrocs notoires. Ils ne perdirent pas de temps avant de débriefer. Auric n’avait rien constaté de particulier, il n’y avait eu aucun contrôle, tout avait été routinier. Cian confirma qu’elle avait pu avoir accès à l’infirmerie et rencontrer leur interlocuteur, mais pas sans quelques imprévus sur place.



- Un patient violent aurait résisté lors de l’injection du produit et fait beaucoup de dégâts sur place, si bien que le stock de drogues du vaisseau a été entièrement détruit. Notre contact a pu néanmoins me remettre la fiole que voici.


Lorsque la jeune militaire lui présenta l’échantillon, Cordélia le saisit avec prudence et l’examina avec grande précaution. Un dispositif de sécurité avait été appliqué sur la fiole, et ne pouvait clairement pas être désactivé sans une clé de décryptage détenue, très certainement, par une tierce personne. Cordélia garda le silence, songeant aux implications de la présence du verrouillage. Elle acquiesça quand Auric indiqua que le système de sécurité avait été ajouté a posteriori de la fiole, et confirmait son hypothèse du besoin impératif de la bonne clé de décryptage. Considérant le faible degré de préoccupation sur la sécurité de leur armement et de leurs données, Traeda estima possible que le commandement n’ait pas pris la précaution d’assigner à toutes ses fioles – détruites désormais – une sécurité similaire. Il n’aurait pas eu le temps de commander l’équipement nécessaire une fois en vol dans l’espace. Cela supposait donc qu’une tierce personne l’avait ajouté, contre leur grès et pour des raisons encore difficiles à cerner. Était-ce pour forcer une sorte de négociations par la suite ? Possible, mais la sergente considérait aussi une autre approche : si l’agence du renseignement impérial était fidèle au peu qu’on lui avait enseigné à l’académie militaire d’Anaxes, cela pouvait aussi être une mise en garde silencieuse de ne pas fouiller trop loin autour de ce mystère comploteur.


- Bon, on fait quoi ? Maintenant qu’ils n’ont plus leur remède miracle pour asservir tout l’équipage, ils vont pas en rester là. Ils vont passer à l’acte, et plus tôt que tard. Souleva Auric avec aplomb, perspective qui ne semblait pas lui déplaire d’ailleurs à en croire sa posture.

- Pas de précipitation. Ce serait tomber dans leur piège, justement. Ils n’attendent qu’une chose ces abrutis, qu’on trébuche et qu’ils aient une raison toute trouvée de nous éliminer. Recommanda Jefferson avec aplomb et sang-froid.

– Je comprends, Jefferson. Je rejoins cependant Auric sur le fait de ne pas trop tarder à agir, ils vont tenter de se débarrasser de nous, et vraisemblablement sous peu.   Commenta Cian, quelque peu inquiète.


Cela leur laissait néanmoins un avantage sur leurs adversaires, et pas des moindres : la possibilité de planifier et, paradoxalement, d’improviser. Au vu des éléments comportementaux et hiérarchiques qu’ils détenaient sur l’équipage, Cordélia estima que la tentative des séditieux serait aussi violente que maladroite, et donc prévisible. L’avantage majeur de leurs opposants reposaient sur la loyauté militaire des commandos à bord. Cependant, au moins une escouade sur les quatre était prête à intervenir, lors des premières heures de vol. Leur escouade était globalement bien perçue par les commandos marines, l’esprit de respect interne et de fraternité était un sentiment fort dans la Marine. Cela restait une carte qu’ils pouvaient abattre, ainsi que jouer sur la même fierté qu’eux ressentaient.


– Profitez des heures qu’il reste pour prendre du repos, on va se relayer en quarts. Je commence le guet, avec Auric. Cian, Jeff, récupérez autant que vous le pouvez jusqu’à deux heures avant la levée du couvre-feu. Ça risque d’être mouvementé à partir de maintenant, il va nous falloir être sur nos gardes.


Agir vite et bien était importait, mais être aussi assez en forme pour être totalement opérationnel était tout aussi crucial, surtout dans de petites escouades comme la leur. Cordélia songeait d’ailleurs à étudier d’éventuels dossiers pour agrandir leur groupe et recruter d’autres commandos pour la renforcer, s’ils parvenaient à se sortir vivants de ce guêpier de métal naviguant dans l’espace.


– Gardez vos armures et ayez vos armes à portée de main. Nous commencerons l’opération dès que la mutinerie débutera. Nous agirons groupés dans le cas optimal, et en binômes si nous venons à être séparés.  Nous allons tenter de diviser les forces adverses en suscitant des agitations multiples et agir par la vitesse. Si les conditions le permettent, l’une de nos priorités sera d’immobiliser la corvette en neutralisant temporairement l’hyperdrive dans la salle des machines. Cian, tu t’en chargeras. Quelqu’un devra brouiller les systèmes de communications du commandement, pour compliquer leur réorganisation. Auric, tu t’en chargeras avec R9 et épauleras Cian. Il sera nécessaire de repérer nos alliés au sein de la mutinerie et sécuriser l’armurerie. Je m’en occuperai avec Jeff, on prendra EPSI avec nous pour faciliter la coordination. Une fois nos alliés de circonstances réunis, nous pourrons rejoindre par nos couloirs respectifs le pont pour le conquérir et arrêter les officiers séditieux. Le nombre a joué en notre défaveur jusque lors, mais nous allons retourner cette tendance contre eux.  


S’efforçant de rester bien éveillée tandis que leurs deux camarades se reposaient, Cordélia resta debout, une main proche de l’un de ses blasters, se plaçant de telle manière qu’on ne pourrait pas lui tirer dessus tout de suite si quelqu’un tentait de les assaillir dans le dortoir. Auric prit alors la parole.


– Semer le chaos en divisant pour mieux régner… j’aime assez cette idée. Comment vous voulez qu’on s’y prenne ?  

– Tu vas ouvrir le bal. Infiltre les systèmes de communications anonymement et prépare une fuite de données, pour qu’elle soit effective d’ici quelques heures, le temps que nous puissions récupérer jusqu’à la levée du couvre-feu. Je veux que tous les commandos et l’équipage aient accès aux données que nous avons obtenues sur la drogue et la campagne d’injection obligatoire. Surtout les effets secondaires et l’état de servilité dans laquelle elle plonge ceux qui la reçoivent. Adjoins-y aussi la liste de ceux qui ont déjà reçus le vaccin. Ils ne sont pas idiots, ils feront le lien. Nous verrons combien accepteront de suivre les ordres du commandement ensuite. Assures-toi de couvrir tes arrières et de ne laisser aucun élément traçable derrière toi. Lui indiqua à voix basse Cordélia.


Après, ils devraient attendre et observer les effets de cette petite bombe, qui serait bien trop renseignée pour n’être qu’une petite rumeur qu’on écarterait du revers de la main. Elle miserait sur le sentiment d’honneur militaire des Commandos et sur la fierté de l’équipage en général. Qui resterait totalement indifférent lorsque vos supérieurs cherchaient à piétiner sur votre libre-arbitre et vous réduire littéralement en légume et mouton bien docile, modelé à se plier à toutes leurs volontés personnelles ?
par Cordélia Traeda
le Sam 17 Juin - 17:10
 
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[Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]


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La phase 1 de la mission allait devoir bientôt prendre fin. Tel était le sentiment de l’officier de Marine alors qu’elle écoutait avec attention le compte-rendu respectif de ses trois commandos. La bonne nouvelle, c’était que leur opération avançait. La mauvaise nouvelle, c’est que le timing se resserrait.

Moins de 100 heures, c’était la marge de manœuvre qu’il leur restait avant qu’on ne leur inocule de force une substance néfaste, une drogue de contrôle mental qui amenuisait fortement leur capacité à contester les ordres du capitaine. Cian avait été formelle quand Auric leur avait présenté les résultats issus du bloc de données ; c’était une drogue plutôt puissante, bien entendu illégale, qui rend le sujet injecté beaucoup plus docile et vulnérable à la manipulation en bousillant les hormones et le cerveau. Il faut creuser la piste de celui ou celle qui a fourni au capitaine véreux un poison aussi commode. Le problème n’en restait pas moins qu’ils manquaient autant de temps que d’éléments à exploiter. Sans doute serait-ce une piste qu’ils pourraient remonter ou faire remonter une fois la situation résolue. Ils avaient suffisamment d’éléments compromettants pour monter un dossier contre la capitainerie. Le temps leur manquait pour le moment d’enquêter sur le fournisseur de la drogue, quelqu’un qui « comprend la volonté de vrais patriotes de se séparer de la perversion écœurante de l’impératrice » … en quelques mots, des traîtres à l’Impératrice, et de fait des ennemis.

Sans nul doute, le décryptage du code et l’exploration du bloc de données avaient été une étape décisive, qui leur apportait de nombreux éléments probants. Cela étant dit, rien ne garantissait que cette fenêtre d’informations resterait encore bien longtemps ouverte, si un informaticien passait par là. D’un autre côté, personne n’avait visiblement jugé bon de l’enjoindre à renforcer sa sécurité informatique en veillant à ce qu’il fasse ou fasse faire les mises à jour de sécurité sur ses systèmes. Toutefois, la richesse d’informations présentes sur le fichier interpellait Cordélia : cette porte dérobée, cette « bague d’or » comme disaient les informaticiens dans leur jargon si particulier, était redoutablement efficace et subtile, très élaborée. Á la connaissance de la sergente et au constat de leur expert Auric, ce genre d’excellence surclassait les compétences pourtant aiguës de leurs spécialistes dans la Marine, ce qui n’était pas un mince exploit. Traeda faisait preuve de plus de mesure que le jeune commando, ses yeux semblaient plus prudents. Elle ne creusa pas le point : c’était trop professionnel. La personne ayant façonné le contenu de ce bloc de données appartenait à une organisation militaire au-delà de leur juridiction, et Cordélia soupçonnait en silence que ce mystérieux individu appartenait aux services de renseignement, l’Impérial Intelligence. Il n’était jamais bon de chercher à trop creuser avec le personnel appartenant à cette sphère-là de l’armée impériale.  Cordélia n’avait jamais eu affaire directement aux services de renseignement de l’Empire, l’Impératrice soit louée, même si elle s’était demandée à plusieurs reprises pourquoi des charognes étaient laissées libres de faire ce que bon leur plaisait dans la capitainerie et le commandement de la Marine, quelque chose qui lui semblait absurde voire contre-productif à l’effort de guerre impérial. La jeune femme s’était bien gardée d’en faire part à voix haute, ayant appris sur Kuat les bienfaits de la prudence.

Non, ce qui convainquait la Sergente que le moment était venu de mettre en branle la phase 1 du plan était autant la menace pressante de la médication suspecte que les nouvelles que lui apporta Jefferson au cours de son rapport concernant l’accès à l’armurerie. Ils avaient désormais enfin une fenêtre d’opportunité avec cette dernière sentinelle, que Jeff avait aussi réussi à convaincre de ne pas faire l’imbécile en agissant trop promptement. Ce développement était bienvenu dans le contexte actuel. L’avantage de sa tranche horaire était la réduction des équipes de patrouilles, plus petites. Ce dernier quart, le plus infâme de tous, était souvent celui qui était réservé aux néophytes et aux dissidents. En outre, une action de nuit présentait de nombreux avantages en termes de discrétion et de possibilités.


– Jeff, on ira tous les deux à l’armurerie pour mettre hors d’état de nuire le matériel. Je compte sur ton expertise pour savoir ce qu’il est préférable de faire comme sabotage. Appliquer une sécurité d’inactivation à distance, les endommager pour que ça passe pour un défaut de fabrication matérielle non décelée. Je veux que ce soit un bidouillage assez discret.


Opérer en binôme leur offrirait une discrétion maximale. Jefferson était leur spécialiste de l’armement, sa participation à cette partie de la mission était essentielle. Cordélia était plus polyvalente, mais son expertise en combat rapproché et ses connaissances d’éclaireuse pourraient leur être utiles selon la manière dont se déroulerait la sortie. En outre, Jeff était celui qui avait établi le contact avec la sentinelle, cela faciliterait leur intervention. Il aurait besoin d’appui pour saboter les armes, puisque les imbéciles avaient eu l’excellente idée de toutes les réunir au même endroit. Cordélia envisageait d’en isoler quelques-unes à dissimuler autre part sur le vaisseau, assez pour armer leurs appuis éventuels au sein des commandos marine du Scipion et pour se ravitailler si la situation l’exigeait.


– Auric, tu resteras dans notre cabine. Tu agiras en tant que support ; tu garderas un œil sur nos mouvements et ceux des patrouilleurs via le système de caméras et de communications du vaisseau. Avant le début de cette opération, je veux que tu mettes en place un programme de brouillage des systèmes de surveillance pour qu’ils puissent plus difficilement détecter notre sortie. Assure-toi de leur faire croire aussi longtemps que tu puisses que nous sommes restés à la cabine. S’ils ont réussi à trafiquer de la sorte leur salle d’armurerie, ça doit être dans tes cordes.  


Détourner le propre programme qu’ils ont utilisé, l’améliorer et le retourner contre eux… Traeda n’avait aucun doute que leur petit génie de l’escouade pourrait leur bricoler un programme de cet acabit. Garder Auric en support avait ses avantages : il pourrait couvrir leur sortie, les appuyer si l’un ou l’autre des groupes avait besoin de renfort. Cette mission lui ferait travailler en outre sa patience.


– Cian, je te confies R9 et EPSI. Je vais convenir avec le contact qu’il te sécurise une fiole du soi-disant vaccin qu’ils veulent inoculer et qu’il te le dépose dans un lieu spécifique. Cela nous aiderait d’avoir une preuve en appui avant que nous n’entamions la phase 2. Cette mission remplie, tu reviendras en cabine comme support. Ne prends pas de risques excessifs.


Bien entendu, Cordélia maintiendrait une ligne de communication et de connexion avec les deux droïde, avec l’aide de ses améliorations cybernétiques de contrôle à distance s’il le fallait. EPSI remplirait le rôle d’éclaireur pour assurer la progression de sa commando marine, sniper et experte médicale. R9, quant à lui, serait autant un assistant qu’un garde rapproché. Il était capable d’agir en autonomie, sa programmation personnalisée le permettait, et il pourrait autant la défendre avec ses propres améliorations que dissimuler le produit dans une cache sécurisée de sa carcasse. En outre, son apparence de droïde astromécanicien standard l’aiderait à se fondre parmi le décor du vaisseau.

En espérant que ledit contact soit en mesure d’obtenir cette preuve dont ils avaient besoin pour analyse ultérieure, avant qu’elle ne soit détruite par l’ennemi pour couvrir leurs traces ou au cours de l’assaut. Après, ils avaient affaire à un ancien membre de l’Impérial Intelligence, dont s’il était vraiment la moitié de ce qu’il disait être, il y avait de bonnes chances qu’il puisse mettre la main dessus.

Si l’Impérial Intelligence était bien mêlée à cette histoire et leur avait remis la patate chaude entre les mains pour régler le côté pratique de la situation, Cordélia escomptait bien maintenir cette coopération de leur part tout le long de la mission. Il était un préparateur, un assistant en ce sens, plus en retrait mais pas moins utile pour la réussite de la délicate opération. Il avait néanmoins indiqué qu’il n’était pas le créateur du mystérieux code. Ils avaient affaire à deux personnes distinctes… et ce n’était pas tout. Le constat que l’Intelligence voulait qu’ils aient, visiblement, le succès ou l’échec de cette affaire n’augurait pas forcément quelque chose de bon. Cordélia ne connaissait pas assez bien le fonctionnement de ces Services de l’ombre, mais le peu qu’elle en avait appris l’amenait à s’interroger en pensée : que voulait le Bureau ? Un échange de bons procédés, une dette à payer par la suite ?

Pourquoi cette largesse apparente ? Cela ne leur ressemblait pas, du peu qu’elle en savait. Son instinct lui soufflait qu’il dût forcément y avoir une raison à cela. Il y avait anguille sous roche, quelque chose de plus gros et de plus important en jeu que la simple mise hors d’état de nuire d’un officier véreux. Après tout, ils en laissaient bien certains agir tant qu’ils n’étaient pas trop nuisibles à l’Empire. Elle ne pouvait pas fermer les yeux sur la possible existence d’une faction séditieuse mettant en danger l’Impératrice. Lukan voudrait qu’elle le lui reporte, sans aucun doute, surtout en ce qui concerne la Marine Impériale. Il était de son devoir, tant de Marine que de citoyenne de l’Empire, de faire remonter cette information et de la documenter autant que possible, le cas échéant. Le problème résidait dans l’imprévisibilité de l’Intelligence en termes de réaction à leur encontre. Il n’était pas souhaitable que son équipe attire à l’excès l’attention de l’Intelligence Impériale, ce n’était pas le genre d’attention qui était vraiment souhaitée et souhaitable s’ils tenaient à leurs carrières.

Les yeux cybernétisés de Cordélia glissèrent de l’un de ses commandos à un autre, tandis que ses traits restaient maîtrisés, ses bras croisés sur la plaque d’armure de son torse. Ils lui faisaient confiance, ils se fieraient à son jugement. Elle ne les abandonnerait pas. Elle assumerait la responsabilité, et elle-même désirait avoir un maximum les pièces de ce casse-tête dans lequel on les avait jetés sans l’avis de leurs supérieurs. Elle aviserait selon ce qu’ils apprendraient, déterminerait s’ils devraient s’arrêter là ou s’ils pouvaient creuser encore. Comprendre dans quel bousier ils étaient. D’un signe de tête, elle leur indiqua de se préparer et enfila son casque, ses traits s’effaçant sous sa visière.


Il était temps désormais de passer à l’action et d’ôter au tigre ses griffes et ses crocs.
par Cordélia Traeda
le Dim 16 Avr - 18:31
 
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Quoiqu’il advienne, la situation semblait toujours très délicate aux yeux de Cordélia, alors que l’officier repassait dans son esprit les différentes découvertes que son escouade avait faites tout en se dirigeant vers la cabine commune qui leur avait été assignée. L’exposé de Cian sur les armes présentes à bord n’était pas sans lui évoquer des échos avec ce qu’ils avaient connu à bord de l’Espadon. Ils avaient eux-mêmes recourus aux services d’alliés contrebandiers pour garder en état de marche la vieille frégate et la remettre au goût du jour niveau armement, matériel et équipement. Il ne lui semblait donc pas impossible que le personnel du Scipion ait pu en faire de même de leur côté. Cela n’en restait pas moins inquiétant, car si un « petit » navire y était parvenu, qu’en serait-il pour un plus gros bâtiment ? Ils ne pouvaient pas l’ignorer, si cela présageait l’émergence d’une menace intérieure. Ils n’avaient pas besoin de revivre l’époque des Seigneurs de Guerre de l’Ancien Empire, comme ceux des histoires que lui avaient raconté son père, oncle Jan et le Moff Reige dans leur enfance. Dans tous les cas, la sergente détermina que les Amiraux Reige, jeune et vieil, voudraient en être informés. La Maison Reige ne portait aucune affection pour les traîtres et les menaces envers l’Impératrice.

Cela serait donc un objectif annexe qu’elle ajouta à sa liste d’objectifs pour cette mission inhabituelle. Il faudrait, si elle ne peut pas s’en occuper elle-même, qu’elle assigne l’un de ses commandos dessus. Les deux candidats qui lui venaient à l’esprit étaient Cian et Jefferson, l’une pour sa rigueur et sa diplomatie et l’autre pour sa longue expérience de différents commandements et son aplomb. Pour l’heure, rien ne lui permettait de les départager, aussi garda-t-elle les deux possibilités à l’esprit.  

Le code qu’elle avait eu entre les mains était pour sa part fort intéressant à étudier. Elle n’était pas une experte comme Auric en informatique, mais cela ne voulait pas dire qu’elle était inepte à comprendre des codes. Celui-ci était d’ailleurs brillamment réalisé et lui avait demandé pas mal de temps avant qu’elle n’en comprenne la structure et, de là, le message qui leur avait été laissé. Le code, dans sa nature-même, posait encore plus de questions à propos de son mystérieux créateur. Il était très élaboré, trop d’ailleurs pour être le fruit de quelqu’un qui se serait arrêté en cours de route s’il avait été piégé. Elle en avait l’intuition. Le code les guidait, sans pourtant leur donner leur réponse, comme il l’avait menée jusqu’à un mystérieux bloc de données qu’il lui faudrait élucider désormais. Connaître le créateur de ce code aurait sans doute été une aide précieuse, mais le temps courrait contre eux et il fallait donc établir un ordre de priorité. S’ils pouvaient gagner un accès qui permettrait de contourner sans laisser de traces à des systèmes qui leur étaient jusque lors interdits… ce serait une avancée non-négligeable dans leur enquête. Auric pourrait prendre son relai avec cette porte dérobée, il serait enchanté d’avoir quelque chose qui puisse défier ses compétences avancées d’informaticien. Nul doute qu’il voudrait analyser le fameux programme à la clé et le tester lui-même une fois obtenu. Cordélia songeait à la technicité du code et du bloc de données. Elle n’était pas une experte mais elle avait assez fréquenté Lukan et Galen – avant que ce dernier les trahisse pour la République – qui étaient férus de ce genre de petits casse-têtes pour savoir qu’elle avait une œuvre d’art entre les mains. Sans implant, sans IA, sans droïde, cela laissait pressentir l’intervention d’un réel expert en la matière. Elle estimait avoir assez d’éléments pour écarter le risque de piège au profit de l’atout. Auric ou elle s’en occuperaient, le jeune homme prendrait son relai si un imprévu l’obligeait à revoir ses plans. Cela resterait son objectif principal. Déchiffrer ce code et le bloc de fichiers cryptés était une priorité.

Auric, Cian et Jeff étaient déjà arrivés lorsque Cordélia entra dans leur cabine. Leurs mines n’étaient pas foncièrement réjouies, mais ils ne semblaient pas non plus découragés. Traeda dirait même que leurs regards n’en étaient que plus résolus face aux épreuves qu’on leur opposait. C’étaient des têtes de mules, et elle n’était pas mieux qu’eux sur ce point. Ils restaient des Marines. Tous trois la saluèrent d’une brève salutation militaire, interrompant leur discussion et se tournant vers la sergente :


– Cordélia. On n’attendait plus que toi pour faire le debrief. Déclara Jefferson avec son ton bourru habituel.

– Bonsoir, Sergente. J’ai des nouvelles à communiquer, même si elles ne sont pas celles que j’aurais voulu avoir. Ajouta Cian avec une grimace qu’elle s’efforçait de masquer.

– Salut, cheffe. T’inquiètes, Cian. Qu’ils se réjouissent tant qu’ils le peuvent encore. Commenta Auric d’un ton rassurant puis plus sec sur ses derniers mots.

– On va faire le point sans plus attendre. Commence, Cian. Invita Cordélia d’un ton posé et cordial tout en prenant appui contre l’un des murs libres.


ALIX lui faisait en attendant son propre rapport, finissant de déchiffrer et d’éplucher les données récoltées par EPSI. La cadette de l’escouade Delta initia son rapport avec professionnalisme.


– La situation est bloquée à l’infirmerie. Quand je suis arrivée, le médecin de bord a été remplacé, sous le motif d’un « malaise suscité par une charge de travail trop grande », je cite. Pour ne pas arranger les choses, j’ai découvert l’existence d’une liste d’une opération de vaccination obligatoire en cours à bord du Scipion. J’ai parcouru la documentation où se trouvait la liste, mais la nature du vaccin n’a pas été indiquée. Si ce n’était pas déjà préoccupant, je me suis aperçue que nous avons été ajoutés à cette liste. Nous sommes tout à la fin des appelés, mais cela ne me rassure guère comme je ne sais pas ce qu’ils veulent nous inoculer comme substance. Surtout que j’ai constaté que tous les blessés qui font partie de cette liste se sont tous déclarés contre la décision de faire sécession, et que tous les noms de tous les autres membres convoqués, jugés en bonne santé, sont ceux qui n’ont pas été estimés assez loyaux au capitaine du Scipion.


Jefferson et Cordélia échangèrent un regard sombre et entendu. De leur expérience, les deux plus ancien de l’Escouade Delta savaient que pour les affaires de santé, l’entité qui disposait de l’autorité suprême, surpassant même celle du capitaine, était l’autorité médicale. Cela aurait été une bonne chose si cela avait été une initiative du médecin de bord qui les avaient intéressés, mais étant donné qu’il avait été remplacé et probablement choisi parmi la faction pro-sécession… c’était une mauvaise nouvelle. Techniquement, ils n’avaient pas d’autorité et de mot à dire contre la décision. Ils ne pouvaient pas s’y opposer, selon le code militaire impérial et le code militaire de la Marine.


– Parce qu’ils croient que je vais me laisser faire gentiment ! Ils rêvent. Personne ne m’injectera une saloperie contre ma propre volonté. Gronda Auric, les dents serrées.

– Parce que tu crois qu’ils te donneront le moindre choix, gamin ? Si tu es aussi naïf, il ne fallait pas faire l’armée. Tu aurais tôt fait d’être abattu pour insubordination, et tu mettrais alors toute l’escouade dans la merde. Rétorqua Jefferson, avec la fermeté de l’expérience.

– Il n’est pas question de baisser les bras. Ce que Jeff entend par là, comme le rappelle le code militaire de la Marine impériale, c’est que le chef du corps médical a toute autorité sur les affaires de santé, supérieure à celle de tous les officiers à bord du Scipion. Nous ne pouvons pas désobéir à la hiérarchie, pas même la sergente Traeda. Nous n’avons pas intérêt à nous y opposer ouvertement, sans quoi nous ferons exactement ce que nos ennemis veulent que nous fassions.


Cordélia, qui s’apprêtait à intervenir pour recadrer fermement Auric, fût satisfaite par la réponse plus assurée que d’ordinaire de Cian. La jeune femme avait bien appris les codes de l’armée et de la Marine.


– C’est fourbe, mais c’était dans l’ordre du possible. Ils utiliseront tous les outils à leur portée pour nous mettre hors-jeu. Cela implique simplement que nous devrons intervenir dans les meilleurs délais, mais bien préparés. Voyons ceux que nous avons pour contrer leur main.


L’officier Traeda tourna ses yeux cybernétisés vers Jefferson, après s’être enquise qu’Auric saurait prendre son mal en patience. Son adjoint et spécialiste artilleur saisit le bâton qu’elle lui tendait.


– Je me suis rendu jusqu’à l’armurerie, comme tu me l’as demandé. Je peux vous confirmer que toutes les armes sont stockées au même endroit. Je vous ai indiqué la position de la salle sur les plans du Scipion, que je vais vous partager pour qu’on aient les mêmes infos. Je n’ai pas pu accéder à la salle en revanche, en tant que personnel extérieur au bâtiment. J’ai remarqué la présence de systèmes de surveillance. Il y a toujours une sentinelle en poste devant la porte. De ce que je sache, il y a quatre sentinelles qui se relaient au poste, sur quatre blocs de garde égaux.

– Peuh. En ce qui concerne les systèmes de surveillance, ils ont le mérite d’exister, mais pas celui de fonctionner. Ils ont bidouillé le code du programme de surveillance et ajouté un algorithme qui passe en boucle, et s’adapte selon les rotations du personnel et les allées et venues. En gros, ils voient ce qu’ils veulent voir, pas ce qu’il se passe réellement là-dedans.


Le rapport de Jeff et les commentaires d’Auric étaient intéressants. Il y avait aussi des complications de ce côté-ci, mais également des possibilités. Ils avaient une fenêtre d’opportunité pour accéder à la salle de stockage des armes, s’ils parvenaient à déjouer la vigilance de l’une des quatre sentinelles. D’un côté, si ce qu’Auric disait était vrai, cela expliquerait pourquoi des éléments non impériaux sont parvenus à bord du Scipion sans que cela ne soit vu, et de là le pourquoi de la présence de l’algorithme. Cela étant dit, ils pouvaient retourner le programme contre eux, s’ils parvenaient à entrer dans la pièce et agir pendant le dernier quart sans se faire repérer. Cela représentait une fenêtre de quelques heures.


– Jeff, tu as eu le temps d’en savoir plus sur les sentinelles en faction ?

– Comme je disais, quatre sentinelles réparties sur quatre blocs. Les deux premières sont des vendus à la cause sécessionniste. La troisième sentinelle a son compagnon dans les rangs des pro-sécession. La dernière sentinelle, celle qui a le pire des quarts, est un romantique, un rêveur dévoué à l’Impératrice. C’est un gars très sérieux dans son travail, mais il ne pige rien à ce qu’il se passe et il est très naïf. Un idéaliste, en quelque sorte. Par contre, ça veut dire qu’il faudra agir pendant le couvre-feu si on veut avoir affaire à ce gars-là. Oui, on a bien un couvre-feu sur le dos. Tu comprends, sa seigneurie a besoin de ses sacro-saintes heures de sommeil qu’il ne faut pas perturber…


Cordélia considéra toutes ces informations, s’offrant quelques minutes de réflexion silencieuse. Les trois premières sentinelles n’étaient pas exploitables. Les deux premières seraient imperméables voire hostiles à leur cause, et la troisième avait bien trop de pression en raison de sa moitié pour accepter le risque. La quatrième en revanche, comme le soulignait Jeff, pouvait être intéressante bien que délicate en termes d’approche. Son quart était complexe : d’un côté, ils auraient moins de monde qui pourraient les gêner, mais de l’autre il y aurait le couvre-feu qui les enquiquinerait. En revanche, son aspect romantique et rêveur était une réelle épée à double-tranchant qui pouvait se retourner contre eux s’ils jouaient mal leur jeu. L’admiration qu’il portait à l’Impératrice pourrait le rendre plus bavard et moins attentif… là-dessus, Jefferson et elle-même étaient les plus indiqués car ils avaient connu une affectation avec Son Altesse à bord de l’Intrépide. Jeff était certes bourru, mais il n’était pas un idiot et saurait faire preuve d’assez de prudence pour ne pas foncer la tête dans le tas comme Auric. En outre, son expertise serait requise pour la manipulation et la mise hors d’état de nuire des armes. Du reste, Cordélia se doutait que l’ennemi l’avait particulièrement dans le collimateur, et ses cheveux blancs, ses traits en partie hérités de la beauté hapienne et son armure distinctive la rendaient reconnaissable. Jefferson se mêlerait mieux dans le décor, là où Auric était encore trop sanguin. Ils ne pouvaient pas prendre le risque que le naïf fasse l’imbécile héroïque et compromette leur mince chance. Enfin, quelqu’un devrait rester dans la cabine pour assurer leurs arrières et faire croire à leur présence au besoin. Cette personne devrait aussi étudier le code et le bloc de données associé.


La sergente réfléchissait sous les regards attentifs de ses commandos qui conversaient entre eux sur leurs dernières découvertes lorsqu’elle remarqua que son datapad connecté au système informatique de son armure lui signalait une notification. La militaire saisit l’appareil et constata la présence d’un message de rapport de son Intelligence Artificielle embarquée ALIX. Cordélia le consulta avec attention, avant de tourner son attention vers la silhouette immobile de son drone EPSI. L’officier Traeda fixa le drone du regard, ses yeux cybernétiques figés dans une immobilité inhabituelle.


– Sergente ? Entendit-elle la voix de Cian avec distance.

– On a eu de la visite. Je vérifie une séquence visuelle des caméras d’EPS1.


Se détachant du temps présent pour se concentrer sur ses implants spécialisés de contrôle de drone, Cordélia vérifia avec minutie la séquence incriminée par ALIX. Quelqu’un était entré dans la pièce, un technicien de maintenance si elle en croyait sa tenue. L’individu commençait à nettoyer le graffiti, sans qu’ils n’aient fait la moindre demande. C’est alors qu’elle remarqua que l’inconnu s’orienta de manière à déposer avec subtilité et dans un angle-mort quelque chose d’assez petite taille. Mettant fin à la connexion avec le drone, les sourcils froncés, Cordélia se redressa et se dirigea sans un mot vers l’angle-mort qu’elle avait repéré. La métisse ne tarda pas à mettre la main sur un petit dispositif qui avait été habilement dissimulé, qui servait à insérer à lire des données une fois inséré dans un datapad. Elle révéla le dispositif aux commandos, et ne tarda pas à leur donner ses consignes :


– Auric, je vais te donner deux missions. Tu vas m’analyser le contenu de ce dispositif et regarder dans les systèmes de surveillance si tu peux trouver l’identité de l’individu de la vidéo que je vais te partager. Je me porterai à la rencontre de ce technicien une fois que tu me l’aurais identifié. Tu me feras le rapport de ce que tu trouveras. Jefferson, mêle-toi aux rondes sur le Scipion et repère tous les points d’intérêt à cette occasion. Livre-moi des plans plus précis et à jour de l’ensemble de l’appareil, ça aidera à nous l’approprier pour la suite. Arrange-toi pour causer avec « ce » garde, tu ne manques pas d’anecdotes de notre service sur l’Intrépide. Cian, tu vas faire une dernière expédition à l’infirmerie. Il nous faut resserrer l’estimation du délai que nous avons pour intervenir avant l’injection de ce « vaccin », sur lequel tu essayeras de te renseigner avec tes connaissances médicales. En attendant qu’Auric me donne l’information dont j’ai besoin, je vais finir de décoder ce bloc de données à l’ancienne pour que notre cher geek ait de quoi s’amuser. Si je ne me trompe pas, on mettra la main sur un petit outil bien pratique pour pousser notre enquête et préparer notre objectif. Il faut qu’on ait tous les éléments en main, préparer le terrain et nos alliés au maximum, et au moment voulu, basculer sur la suite, une fois tout en place.


Ils prépareraient le terrain pour qu’ensuite, Jefferson puisse tenter une approche du garde romantique et accéder à la salle d’armement sans affoler ce dernier. Cordélia continuerait de chercher des témoignages et des éléments incriminants pour nourrir leur dossier et satisfaire l’administration impériale, préparer l’après-opération et nourrir de la confiance auprès des opposants au tyran. Une fois un maximum d’éléments en main, ils pourraient recruter des alliés et, après la faute ennemie, nourrir les cendres de la rébellion contre les sécessionnistes et reprendre le contrôle du Scipion.
par Cordélia Traeda
le Dim 12 Fév - 12:13
 
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[Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]


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C’était un sacré casse-tête qu’il leur fallait reconstituer là, s’ils voulaient avoir assez de preuves à l’encontre du commandement véreux à la tête du Scipion. Cordélia attendait le rapport de ses commandos tout en inspectant les données auxquelles elle pouvait avoir accès avec ses autorisations militaires restreintes de sergente extérieure au bâtiment et par le biais de l’un des terminaux. Il y avait beaucoup d’éléments à explorer, ce pourquoi elle avait demandé un coup de main à son droïde astromécanicien personnel, R8. Elle était connectée au petit droïde par le biais de ses implants de contrôle, qui ne manquerait pas de lui indiquer quand il aurait mis la main sur ce qu’elle lui avait demandé et qu’elle pourrait contrôler à distance si le besoin s’en faisait sentir. Il lui restait toujours dans les quartiers qui leur avaient été assignés son droïde drone, EPSI, qui était actif mais en attente pour garder un œil sur leurs quartiers en leur absence. La commando lui avait donné comme consigne de rester immobile pour l’heure et de se contenter d’entendre et d’observer toute personne qui pourrait surgir dans leur pièce. Vu l’atmosphère qui régnait sur le navire, Traeda était encline à ne se fier qu’à ses commandos pour le moment et préférait être trop prudente que pas suffisamment.


«  J’ai trouvé des trucs assez croustillants à se mettre sous la dent. Je pourrais vous faire un résumé, mais ça s’écoute beaucoup mieux que ça ne se rapporte. Rendez-vous dans les quartiers quand vous aurez fini de votre côté, je vous prépare tout ça en attendant »


Auric avait l’air content de lui, de ce que Cordélia pouvait entendre de sa voix à travers le canal sécurisé de commandement de leur unité. La sergente espérait que ce serait des éléments probants, ils avaient grand besoin de données supplémentaires et assez pertinentes pour être exploitables. La jeune femme était cependant intriguée par son initiative d’en parler dans leurs quartiers directement. Leur liaison de communication était hautement sécurisée et donc le risque de piratage était extrêmement faible. La métisse considéra alors que les enregistrements en eux-mêmes pouvaient être décortiqués plus efficacement à plusieurs pour croiser leurs conclusions et interprétations.


« Bien reçu. J’espère que ça en vaudra le coup. Je ne vais pas tarder à vous rejoindre de mon côté également. »

« C’est noté ! J’ai peut-être aussi quelques éléments à vous partager de mon côté. Je vous dirais ça en direct, aux quartiers. »


Jefferson semblait plus réservé de son côté. Cordélia n’aurait su dire s’il était satisfait ou non de ce qu’il avait pu trouver de son côté auprès de leurs homologues commandos-marines. La coopération des quatre escouades, ou même au moins de l’une d’entre elles, serait un apport non négligeable pour la phase 2 et même pour compliquer la tâche de leurs adversaires de la phase 1. Cian semblait indécise de ce qu’elle pouvait entendre, mais leur médecin et sniper pouvait parfois mésestimer la pertinence des informations qu’elle pouvait leur apporter. La sergente se déconnecta du terminal qu’elle consultait et entreprit d’effectuer le chemin inverse pour retourner à leurs quartiers de son côté. Sous la visière de son casque amélioré, les yeux bleus artificiels de l’officier Traeda observaient avec attention les personnes qu’elle croisait ainsi que son entourage. Il était difficile d’ignorer l’hostilité palpable d’une grande partie du personnel de la corvette à leur égard, quand elle n’était pas une méfiance ressentie. Cheminer l’aidait cependant à réfléchir aux informations dont ils disposaient jusque lors. Elle fût bientôt de retour à leurs quartiers et ouvrit les portes de l’espace.


- Ils n’ont pas fait d’efforts, j’ai déjà vu du street art plus joli que ça. Quitte à faire un graffiti, autant que ça ressemble à quelque chose. Je pourrais faire quelque chose de bien plus classe que ça. Commentait Auric d’une voix méprisante, ses yeux cybernétiques posés sur l’un des murs de leurs quartiers.

- Non seulement c’est inutile, mais ils n’ont aucune considération pour le personnel qui va devoir nettoyer ça quand nous aurons quitté la corvette. – Ajoutait Cian qui observait le  pan de mur, les bras croisés sur son armure avant de remarquer l’entrée de Cordélia et de compléter – Nous avons eu de la visite en notre absence, sergente.


La sergente s’avança, ses sourcils se fronçant en remarquant l’inscription inscrite à la hâte et souillant un pan de leurs murs. Le message n’avait pas été écrit dans la langue soignée du Basic Impérial, mais il avait le mérite d’être clair : ils ne sont pas les bienvenus, qu’ils s’en aillent. Loin de s’en émouvoir, Cordélia nota simplement le contenu de la menace dans le dossier qu’elle commençait à compléter. Elle avait passé l’âge pour s’égosiller face à de tels enfantillages. Traeda leur fit signe de ne pas s’embêter davantage avec cette provocation et se tourna vers la petite silhouette dissimulée dans un angle de la pièce. EPSI quitta son état de veille semi-active à son approche et pépia sobrement, son intelligence artificielle étant bien plus limitée que celle de R8, lévitant à quelques centimètres du sol tandis que son œil rouge était braquée sur Cordélia. Le drone n’était pas une arme à proprement parlée, plus un outil de reconnaissance qu’utilisait la sergente. Avec l’aide de son implant neural militaire, la commando récupéra les données des dernières heures et demanda à son Intelligence Artificielle Portative, Alix, d’effectuer une petite tâche pour elle.


  « Alix, peux-tu m’éplucher les données récoltées par EPSI ces dernières heures ? Analyse ses enregistrements sonores et visuels pour voir si des éléments pourraient alimenter notre enquête. Essaye notamment d’isoler des éléments identifiant nos visiteurs. »

  « Oki doki ! Je vais aller creuser tout ça, je te dis si je déterre des trucs !  » Répondit la voix claire et enthousiaste de son Intelligence Artificielle Embarquée.


La remerciant dans le silence de ses pensées, Cordélia ôta son casque et se tourna ensuite vers les deux cadets de l’Escouade Delta. Elle allait reprendre la parole lorsque les portes de leurs quartiers coulissèrent dans un sifflement mécanisé et laissèrent passer la silhouette imposante et charpentée de Jefferson. A l’instar de ses camarades, le vétéran de son groupe se défaussa de son casque et avisant le coup d’œil que jetait encore Auric au mur, suivit son regard et constata le graffiti.


- Eh bien, on ne peut pas dire que ce soient des lumières. Maugréa Jefferson d’un air désintéressé avant de s’asseoir sur l’un des fauteuils libres sans s’embarrasser de manières.

- Prenons acte de cet vandalisme mais considérons-le pour ce qu’il est, à savoir une provocation sur laquelle il n’est pas utile de nous appesantir. Cela ne sert à rien de le faire remonter au commandement puisqu’ils nous ferons sourde oreille dans tous les cas et qu’ils refusent de nous recevoir. Concentrons-nous sur nos priorités. Si les découvertes d’Auric m’intriguent, il en va de même pour ce que vous avez pu apprendre de votre côté, Cian, Jeff. Reprit Cordélia.


Cela faisait partie de ses attributions en tant que sergente que de savoir cadrer son équipe et ramener ses membres vers les objectifs. Cordélia préférait que leur frustration n’entravent pas leur travail. La cyborg tourna ses yeux artificiels azurés vers leur spécialiste informatique et combat rapproché, avant de l’inviter à prendre la parole. Sans plus se faire prier, Auric obtempéra avec assurance.


- Ah et avant toute chose, j’ai pris l’initiative de bidouiller légèrement avec les systèmes de surveillance de notre pièce. Je me suis occupé d’eux quand je suis arrivé, afin qu’ils n’entendent pas ce qu’on dit. Je réactiverais les micros après, histoire qu’ils ne se posent pas trop de questions. Honnêtement, je m’attendais à un peu plus de résistance dans leurs systèmes de communication. Mais franchement ? C’était un jeu d’enfant. Je suis rentré dedans comme dans le hall des départs d’un spatioport. Ils n’ont fait aucun effort pour protéger leurs canaux. Ça ne passerait jamais une inspection de routine ! Enfin, revenons à nos affaires. Ils ne se cachent pas du tout de leurs intentions de faire sécession, et ce depuis un bout de temps. Et même depuis qu’on est arrivés, ils n’ont fait aucun effort de dissimulation. J’ai évidemment tout récupéré, le contenu et les métadonnées que j’ai pu obtenir à leur propos. Je vous laisse écouter ce morceau d’art.


Auric activa alors le datapad miniature qui ne le quittait jamais et activa les hauts-parleurs juste assez fort pour qu’ils puissent l’entendre tous quatre. Adossée contre un mur, Cordélia y prêta une oreille attentive et enregistrait avec grand soin ce qui était dit ainsi que toute référence d’intérêt. Alix l’aidait à cette tâche en affectant une petite partie de ses capacités pour enregistrer de son côté. Ils déclarent effectivement clairement leurs intentions de trahir la cause impériale comme séditieux, et plus inquiétant, une grande majorité des intervenants dans les communications adhéraient à l’idée. Il ne fût guère difficile pour les commandos de se douter qu’ils étaient les « nouveaux arrivants » tant méprisés par le personnel qui s’exprimait, des intrus dont il faudrait se débarrasser. Traeda nota cependant avec intérêt quelques voix dissonantes, plus modérées, que l’on accusait de déloyauté envers le commandement. Un coup d’œil sur ses subordonnés lui fit remarquer la réaction de Cian en écoutant certains noms, et se nota mentalement de lui poser des questions. La jeune sniper croisa son regard et expliqua à l’équipe une fois que l’enregistrement fût terminé.


- Je reconnais plusieurs des noms mentionnés dans l’enregistrement, parmi les voix plus modérées. Certains d’entre eux correspondent à des blessés alités à l’infirmerie. Ils étaient en mauvais état, mais je n’ai pas eu d’informations sur les circonstances de leurs blessures. On m’a juste dit qu’ils avaient blessés à cause, je cite, « d’accidents ». Je n’étais pas très convaincue.

- Sans doute pour qu’ils se taisent et couper l’herbe sous les pieds de toute opposition. Un grand classique du parfait petit chef et tyran en herbe. Ça les dissuade de recommencer, et ça dissuade leurs camarades de tenter l’expérience. L’instinct de survie, tout ça. Ajouta Jeff.


Une tactique d’intimidation et d’élimination des éléments qui lui sont hostiles ou qui ne sont pas ses alliés, comme disait Jeff, une technique simple mais mémorielle et efficace sur les esprits simples. D’un autre côtés, des uns voulaient simplement pouvoir rentrer chez eux, auprès des leurs et sur leurs terres natales. Ils ne coopéraient ou se taisaient que pour assurer leur survie. Cela donnait néanmoins une piste potentielle à exploiter à la sergente, qui réfléchissait en silence. Elle remercia Auric, et pria Cian d’un regard de faire son rapport à sa suite. La jeune femme n’attendit pas.


- J’ai réussi à dresser un inventaire du matériel qu’ils ont à bord. Je vous transmettrai le rapport détaillé, mais voici les points qui m’ont interpellée. J’ai relevé la présence d’un nombre anormal d’armures de combat et d’armes, nettement supérieur à celui des effectifs estimés des commandos-marines sur le Scipion si je base mes calculs sur les effectifs habituels d’une corvette de son modèle. D’après mes estimations, avec ce qu’ils possèdent actuellement, ils pourraient très bien équiper tout le personnel du bâtiment pour réaliser un assaut planétaire. En ce qui concerne les anomalies, je n’ai rien constaté de saillant sinon le fait que la cabine du capitaine du Scipion est remplie de diverses choses, plus ostentatoires les unes que les autres.  


Voilà des informations toutes aussi intéressantes, et inquiétantes. Cela confirmait leurs suspicions envers le comportement désolant du commandement et envers leurs arrogantes ambitions égoïstes. Cordélia se fit une autre note mentale de s’occuper du cas de ces armures de combat excessives et de ces armes qui pourraient être retournées contre eux ou contre des citoyens de l’Empire. Plusieurs possibilités pouvaient être envisagées les concernant : les éliminer ou détruire les plus dangereuses d’entre elle en les éjectant du vaisseau discrètement ; les endommager ou en abîmer suffisamment pour qu’elles représentent une moindre menace ; ou en dissimuler d’autres à des endroits stratégiques pour aider la réalisation de la phase 2 de leur plan et se réarmer au besoin. Traeda considérait aussi l’option de dérober toutes ou une partie suffisante des munitions. En revanche, elle ne savait que conclure du goût ostentatoire du capitaine, sinon que c’était une preuve de bassesse d’esprit et de mauvais goût. Elle avait déjà eu assez d’indices autour de la prétention de l’officier. La sergente resta néanmoins attentive aux propos de leur sniper et médic quand celle-ci compléta.


- Si je peux ajouter une dernière chose. J’ai été approchée par un enseigne qui m’a dit que l’on ferait mieux partir pendant qu’on le pouvait encore. J’ai essayé de le retrouver ensuite, mais le médecin de bord m’a informée qu’il a été grièvement blessé lors de réparations sur la coque extérieure du vaisseau. Je n’ai pas pu constater les blessures sur son corps, ils s’étaient déjà occupés de lui. J’ai réussi à échanger quelques mots avec le médecin de bord et écouter certains des échanges entre des visiteurs et lui. Je ne dirais pas qu’il est un soutien de l’Impératrice, mais je n’ai pas eu le sentiment d’avoir affaire à un traître. Nous autres médecins, notre fierté, notre but, c’est de sauver des vies. Je peux affirmer qu’il était enragé de devoir traiter des blessés qui avaient eu le malheur de dire quelque chose qui avait eu le malheur de déplaire au capitaine. Il se croyait seul quand je l’ai entendu s’en plaindre, il n’avait pas réalisé que j’étais encore là.


Il s’avéra, après vérification d’Auric auprès de Cian du nom et du prénom de l’enseigne qui l’avait approchée, que le pauvre homme était en effet la malheureuse victime et qu’il n’avait pas survécu. Le plus outrageant et insultant dans son cas de figure est que les responsables ne s’en cachaient pas.


- Ils n’ont pas pris la peine de mettre le meurtre sous le tapis, ces crétins. Ils osent même menacer ceux et celles qui voudraient nous parler. Ils ne se rendent même pas compte qu’à ce rythme, ça leur reviendra droit à la gueule et ce plus tôt que tard. Commenta Auric.

- Il y a du bon et du moins bon de mon côté. Le bon point, c’est que j’ai pu causer avec pas mal de commandos. La majorité des marines enrage de ne pouvoir rien faire face à la  haute trahison de leur capitaine. L’impunité les emmerde. Un bon nombre d’entre eux connaissent de nom Cordélia, et ne sont pas mécontents de nous voir débarquer. Pour reprendre leurs propres mots, c’est « la première bonne nouvelle depuis longtemps ». Le moins bon point c’est qu’à l’heure actuelle, on n’a qu’une escouade sur quatre qui a la volonté de s’opposer au capitaine. Exposa Jeff.


Il était prudent de la part de Jefferson de ramener la conversation sur le sujet principal de leur conversation. Cordélia s’intéressa aux exposés de ses commandos. Ils pourraient au moins compter sur l’aide de l’une des quatre escouades du Scipion, des commandos qui connaissaient sur le bout des doigts l’architecture de la corvette. Traeda aurait préféré pouvoir recourir à toutes les escouades, mais c’était un bon début. Ses commandos avaient fait leur rapport, il était temps de faire le sien.


- Et toi, sergente ? Tu as pu nous dégotter quelque chose ? Reprit Jefferson

- Des observations essentiellement, et quelques éléments. Malgré l’aide de R8, je n’ai pas réussi à accéder aux dossiers du registre du personnel. Ils sont cryptés et avec une clé de déchiffrage qui dépasse de très loin mes autorisations. ALIX n’y est pas parvenue non plus. Par contre, j’ai pu obtenir des plans très détaillés et à voir du Scipion. Je vous les partage, et je vous indiquerai les ajustements éventuels selon ce que nous découvrirons. Révéla Cordélia.


Cela laissait un arrière-goût d’insatisfaction chez la sergente. L’accès aux dossiers de ressources humaines aurait été une preuve intéressante à collecter, et qui leur aurait permis de constater plus rapidement les irrégularités. Le commandement avait visiblement concentré leurs efforts de dissimulation sur ces systèmes. Elle aurait pu demander à Auric de creuser la piste, mais ce serait une tentative très risquée et ils ne pouvaient pas laisser de prises à retourner contre eux à leurs oppositions. La sergente utilisa les systèmes de leurs armures pour leur partager les plans, avant de projeter à l’aide d’un holoprojecteur lesdits plans en trois dimensions, afin de se familiariser avec les différentes salles, leurs fonctions officiellement assignées, et les différentes coursives.


- Lors de nos rondes, j’ai remarqué que plusieurs membres du personnel du Scipion étaient moins hostiles que les autres, qui seraient susceptibles de nous parler s’ils n’avaient pas peur des répercussions du commandement. Une majorité de ceux que j’ai pu croiser nous est  hostile. Quand nous étions à la cafétéria, je me suis aussi intéressée au portrait du capitaine qui y était accroché. Il n’a pas été placé là innocemment, et les choix artistiques sont révélateurs de la personnalité de son commanditaire : posture régale, avec un uniforme très similaire à celui des empereurs. C’est très révélateur d’un caractère imbu de lui-même, arrogant, méprisant, orgueilleux, cupide, qui a un penchant pour le culte de la personnalité et un contrôle absolu sur son environnement. Quelqu’un qui ira jusqu’au bout de ses ambitions, qui préférera mourir que d’abandonner. Autant de traits de caractère à explorer pour les utiliser à notre avantage.


Son père et Oncle Jan lui avaient dit que, selon le Grand Amiral Thrawn, il était important de s’initier aux arts, car comprendre ces arts permettrait de comprendre les individus qui les pratiquent. Une telle personnalité était plus plausible en la mettant en lumière avec ce qu’ils avaient appris, mais elle était aussi dangereuse. Le capitaine du Scipion n’écouterait pas la voix de la raison, et il était probable que ses sbires les plus proches et les plus zélés ne se laisseraient pas être raisonnés. Cet homme était très sûr de lui, voire trop sûr de lui. Sûr de sa main-mise sur son vaisseau et son équipage. Il n’a pas même envisagé la possibilité que son règne d’intimidation puisse être effrité. Ils avaient de potentiels leviers tant au niveau du personnel non-combattant que des combattants. Cordélia en identifiait deux types à l’heure actuelle : le médecin de bord d’une part, et l’escouade de commandos-marines volontaire d’autre part. S’ils parvenaient à les rallier de leur côté, ils pourraient sans nul doute gagner également la coopération de modérés hésitant à se révolter. Traeda n’aurait pas de scrupule à tuer tout perturbateur de l’ordre impérial, mais elle était encline à épargner des victimes collatérales. Elle reprit la parole, tournant ses yeux cybernétiques vers Auric.


- Qu’en est-il des systèmes de surveillance ? Tu as pu jeter un œil dessus ?

- Évidemment ! Et je peux vous dire que quelqu’un a fouillé là-dedans avant moi. Il a laissé des traces de son passage d’ailleurs, et ce qui ressemble à une piste potentielle. J’ai bien pensé à un piège, mais ce serait vraiment grossier et très évident. On pourrait ne pas être les seuls à farfouiller la merde du capitaine et de ses potes. Répondit Auric.


A sa demande, Auric soumit à leur avis les preuves qu’il détenait, et les éléments qu’il pouvait en tirer. Ils épluchèrent en silence les informations, et Traeda vint à la conclusion que le jeune commando ne se trompait pas. Un code tendait à se dégager de l’ensemble, avec une netteté toute particulière, une très grande propreté, avec de riches annotations, trop soigné pour être un piège. Cordélia songea alors à l’officier qui les avait assignés à bord, ce même militaire alité, malade, dont elle n’avait pas pu voir le visage ni attester son identité. Avait-il été l’une des victimes, que l’on aurait tenté d’empoisonner voire de tuer pour le réduire au silence. Ils pourraient enquêter sur lui, mais cela ne serait pas sans le risque de perdre l’un des rares alliés influents qu’ils avaient à bord. Auric, Cian et Jefferson s’étaient tournés vers elle. Il était temps qu’elle leur indique leurs ordres.


- Auric, tu as aller creuser cette histoire des systèmes de surveillance. Réunis tous les éléments que tu peux, cherche à préciser cette piste pour qu’on ait assez d’éléments et qu’on puisse la considérer comme solide. Fournis-moi un dossier étoffé, ça aiguillera nos préparatifs et m’aidera à préparer une éventuelle deuxième entrevue avec notre mandataire. Je te prête R8 pour cette tâche. Donnes-moi aussi plus d’informations sur leurs systèmes de défense intérieure, tant pour les caméras que les dispositifs de défense. Cian, tu vas te rendre à l’infirmerie et y prêter main-forte. Arranges-toi pour t’intégrer à eux et rapproche-toi du médecin de bord. Profites-en pour identifier et recenser les blessés victimes des exactions de la faction du capitaine. Observe bien leurs dossiers, leurs blessures. Je veux aussi tes propres conclusions sur leur état, vérifie qu’on ne sabote pas leur guérison avec leur traitement. Quant à toi Jeff, je veux que tu ailles repérer où sont stockées les armes et armures, qu’on puisse noter leurs positions sur notre copie des plans du vaisseau. Si tu peux en apprendre davantage sur le modèle d’armes et d’armures qu’ils ont à bord, cela nous aidera. Si tu as l’occasion de participer à une opération de maintenance des armes, profite-en pour te familiariser avec ces armes et leurs munitions.

- Oh ? Tu veux que je m’amuse un peu ? Demanda Jefferson avec intérêt.


En sous-entendu, son adjoint proposait de saboter ou de désarmer les armes qu’il aurait en main. Cordélia considéra leurs options. Cela risquait de ne pas être discret et de le compromettre. Néanmoins, l’idée n’était pas mauvaise. Cordélia suggéra un compromis qui serait plus prudent.


- Tu pourrais leur appliquer un module de sécurité miniaturisé dans leurs mécanismes. On pourra les désactiver à distance. Ce sera plus discret que de casser leurs jouets, et cela nous priverait de ressources potentielles. Veille par contre à ne pas te faire prendre sur le fait. Je te conseille d’alterner pour les armes et de brider aussi des armes vérifiées par d’autres.

- En somme, leur appliquer une sécurité enfant. Ça se tente. Dit Jeff, amusé.

- Je vais étudier ce code plus en finesse avec les éléments dont nous disposons déjà, voir si je peux dégager d’autres liens logiques avec ce que nous avons. Je vais aussi faire la prochaine ronde pour aller rencontrer le personnel du Scipion. Nous avons eu les échos des commandos, mais il vaut mieux prendre aussi la température du personnel civil. Je maintiens néanmoins ma consigne : votre sécurité est prioritaire. N’hésitez pas à signaler si vous êtes en difficulté, que l’on vienne s’entraider. Nous mènerons cette opération à son terme, mais notre assignation principale reste celle du Chimaera. Il est de notre devoir de retourner auprès d’eux une fois la mission complétée.
par Cordélia Traeda
le Lun 6 Fév - 12:06
 
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Sujet: [Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]
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[Terminé] Naviguer en eaux troubles [PV Silenda]


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Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate : #ED0000)

Cordélia ne savait que penser de l’attitude de la jeune militaire qui lui faisait face et qui servait d’intermédiaire entre leur commanditaire et elle, qui répondait au nom de l’escouade Delta. Elle se détachait du lot, sans qu’elle ne puisse vraiment dire pourquoi et sans qu’elle ne manque de respect dans la tenue demandée à un militaire. La cyborg la trouvait jeune de prime abord, comme ce à quoi l’on s’attendait souvent de la part d’enseignes, enthousiaste voire naïve aurait certainement dit Jefferson à sa place, mais des petits détails dans son attitude l’interpellaient. C’était d’infimes signes, comme la main de la jeune officier sur sa hanche, nonchalante, mais proche de son arme de service. Son attitude, sa posture aussi… n’avaient rien de débonnaire et d’insouciant pour autant. Elle était attentive, alerte, prête à intervenir si la situation l’exigeait. C’était bien entendu quelque chose de prometteur chez un jeune militaire, mais ces éléments invitèrent Cordélia à la prudence élémentaire. La métisse ne trahit donc pas ses pensées et maintint ses traits austères et impassibles. L’officier ne s’était pas présenté de manière complète, mais il était clairement protégé par l’enseigne. Quelque part, certains officiers ne prenaient pas la peine de s’introduire puisqu’ils estimaient être assez connus et bien plus importants que de perdre leur temps avec des sous-officiers ou des enseignes. Son attitude, pourtant, se différait de ce travers commun aux officiers.


- Vous avez carte blanche. Ce serait dommage de vous priver d’inspiration pour la tâche à venir.   ajouta l’enseigne avec un clin d’œil qui se dissociait de la discipline militaire.


L’officier ne s’exprimait plus. Etait-il trop affaibli ? Quoi qu’il en fût, il faisait confiance à l’enseigne qui l’accompagnait, assez pour lui laisser être sa voix. Les priver d’inspiration… ou ne rien laisser derrière eux pour ne pas être incriminés d’impréparation en cas de survenue d’imprévus ? Traeda n’aurait su le dire pour le moment, mais décida d’en considérer les apports pragmatiques. On ne leur dicterait pas ce qu’ils devraient faire, on les laisserait faire leur métier comme ils l’entendent, pourvu qu’ils atteignent les objectifs demandés dans le temps imparti. Certes, cela faisait que l’entière responsabilité du succès de cette mission reposait sur leurs seules épaules et que dans tous les cas il y aurait des répercussions, qu’elles fussent positives ou négatives. Néanmoins, Cordélia avait accepté cette mission en considérant également les risques impliqués. Il était désormais du devoir et de l’honneur des commandos de son escouade d’en assurer la réussite. Cela leur laissait plusieurs façons de faire : reprendre le contrôle, mettre hors d’état de nuire les nuisibles traîtres à bord, provoquer un soulèvement et une alliance de circonstances avec le personnel qui n’était pas corrompu, pirater les systèmes informatiques pour prendre la main sur les sécurités des portes, des verrouillages, des communications, de l’armement et des caméras du bâtiment… la carte blanche leur ouvrait beaucoup de portes, même si elle demeurait officieuse. Au pire des cas, rien de les empêchait de saboter la corvette en dernier recours et d’organiser l’évacuation des éléments sains vers les transporteurs en laissant au jugement du vide spatial les traîtres à bord, s’ils n’étaient pas tués par le manque d’air, le souffle ou la chaleur des explosions.

Ce n’était cependant pas l’option retenue prioritairement par Cordélia. Dans l’optimal, la commando voulait garder la corvette aussi intacte que possible. C’était un navire de bonne facture, il pourrait servir les intérêts de l’Empire Galactique avec vaillance une fois remis sur les bons rails. Le Scipion n’avait pas à payer les frasques de son personnel, s’ils pouvaient le ramener entier. Cela n’excluait cependant pas un peu de casse intérieure car Cordélia ne s’attendait pas à ce que les scélérats se rendent gentiment sans se battre. Ce n’était pas la philosophie de la militia impériale. Traeda devait admettre en son for intérieur qu’elle serait quelque peu déçue si tel était le cas.


- Le malade a besoin de se reposer.


Cordélia comprit, par habitude, par ces mots qu’on lui demande de prendre congé et de rompre. La commando se contenta d’un bref salut militaire et s’éclipsa sans demander son reste. Son esprit était déjà affairé aux différentes actions qu’ils devraient mener avant de conduire toute opération de reconquête du bâtiment, décortiquant les informations qui lui avaient été fournies lors de l’entretien. Traeda remit son casque intégral puis ouvrit le canal crypté partagé entre les membres de l’Escouade Delta via leur implant neural.


« J’ai eu du nouveau et des précisions concernant notre présence à bord. »

« Ah, pas trop tôt ! Ils se réveillent enfin. Qu’est-ce qu’on nous veut ? » Demanda Auric avec une certaine impatience.

« Ils ont dû nous faire attendre pour une bonne raison, Auric. Je me trompe, sergente ? » Commenta pour sa part Cian.

« C’est lié aux crétins qui servent de commandants ici ? » Avança Jefferson.


Des données auxquelles elle avait accès, Cordélia pouvait déduire que ses commandos étaient en train de quitter la cafétéria du vaisseau, sans doute dans l’idée de la rejoindre à mi-chemin. La jeune femme, tout en restant alerte à ses alentours, leur apporta un résumé concis des éléments saillants de l’entrevue dont elle sortait. Méthodique comme à son habitude, la sergente conclut sobrement.


« La mission comporte deux phases : la première, on va servir d’appât pour les pousser à la faute. La deuxième, on reprend le contrôle du Scipion au nom de l’Empire.  »

« Merveilleux. J’adore jouer le rôle de chair à canon. » Ironisa Auric.

« Ils vont vraiment être assez idiots pour tenter quelque chose contre nous ? Ils sont plus nombreux que nous mais moins bien équipés et moins formés. Même si je reconnais que ce n’est pas très malin de leur part de croire qu’ils peuvent se soulever contre l’Impératrice. » S’interrogeait Cian, que l’innocence des conspirateurs intriguait.

« Ne sous-estimez jamais le potentiel de connerie de certains officiers, la Marine incluse. Plus ils montent en grade, plus ces pommes pourries prennent la grosse tête et plus ils ont les dents longues. Y a de bons officiers, mais les Motti, quand ils ne se tiennent plus, ils sont mis au placard sur des petits bâtiments comme celui-là. Ça réduit leur potentiel de nuisance immédiat, mais les plus bornés n’apprennent pas. Ils recommenceront, tôt ou tard.  » Répliqua Jefferson.

« Nous avons nos ordres, et de la marge de manœuvre. On va aller reconnaître le terrain. Auric, trouve un terminal et accède aux systèmes de communication internes. Je veux que tu récupères des communications effectuées sur des canaux inhabituels. Vois si tu peux déterminer les identités des militaires concernés et les mettre sur écoute. Si tu as le temps et l’occasion, jette un œil aussi à leur système de surveillance et de sécurité intérieure. Sois discret, et ne te fais surtout pas prendre. Retire-toi si la sécurité est trop élevée, et ne vas pas t’aventurer dans des systèmes trop protégés. Nous allons avoir besoin de tout le monde ici. Jefferson, vas à la rencontre des commandos du Scipion et mêles toi à eux. Ils ont quatre escouade avec eux, plus une escouade de commandement selon les documents auxquels j’ai pu accéder. Établis le contact avec eux et regarde si tu ne trouves pas parmi les vétérans des commandos qu’on aurait pu connaître sur nos anciennes affectations, ou qui connaîtraient de vieilles connaissances. Il serait étonnant qu’on ne trouve personne avec qui on n’a pas partagé une grande bataille navale. Cian, renseigne-toi pour dresser un inventaire du matériel dont ils disposent à bord, qu’on évalue leurs capacités et le type d’armes et d’explosifs dont ils disposent. Vérifie scrupuleusement que rien ne manque et qu’aucune anomalie n’est présente dans les dossiers.  » Commanda Cordélia après une courte réflexion.


Le matériel à bord, les communications, la coopération éventuelle des commandos sur place… autant d’éléments intéressants à connaître, sans attirer l’attention indésirable. La vérification du matériel pouvait aussi être intéressante pour voir s’il n’y avait pas des entrées et des sorties inhabituelles, ou la présence d’équipement non-autorisé ou illégal. Tout élément incriminant pourrait servir leurs intérêts, et donner du poids sur l’hypothèse que leur escouade agirait sous l’ordre d’une simple mission de contrôle routinier. Le contrôle des communications était un élément crucial s’ils voulaient distinguer leurs ennemis de potentiels alliés, afin de mieux délimiter la menace. Les officiers véreux devaient avoir des complices parmi le personnel, tout comme il existait peut-être des officiers respectables et des sous-officiers loyaux qui pourraient être utiles. Enfin, la collaboration de leurs homologues du Scipion serait un appui, ou dans le cas contraire des éléments dont ils devraient prendre garde au cours de la phase 2. Cordélia songeait pour sa part à chercher des plans précis de la corvette, pour s’approprier le terrain et voir s’il n’y avait pas eu des modifications effectuées dessus par rapport à l’architecture standardisée des corvettes impériales.


« Tu es sûre de vouloir rester seule ? Ils vont nous cibler, et toi en particulier en tant que sergente. Je peux t’accompagner, ou prends au moins Cian avec toi.  » Dit Jefferson.

« Il faut leur donner l’illusion que nous n’avons rien remarqué, et baisser leur vigilance. Plus ils nous sous-estimerons, plus cela nous facilitera la tâche pour exécuter la phase 2 par la suite. Nous devons être le mieux préparés possibles d’ici à ce que les commandants tentent quelque chose contre nous. Je vais aller mettre la main sur un plan détaillé du bâtiment, je vous le partagerai. Je vais envoyer R8 pour consulter les registres du personnel pour voir quels soldats ont été promus ou non, qui a reçu ou non des primes inhabituelles et qui touche des salaires inhabituels aux grilles impériales. Nous pourrons croiser nos informations ainsi. »


Au moins ils savaient désormais pourquoi ils se trouvaient à bord et les objectifs qu’on voulait leur donner. Cordélia préférait pour l’instant les préparer au mieux pour la phase 1, et l’information était la clé à la réussite de toute opération. Une bonne préparation en amont faciliterait la mise en œuvre.
par Cordélia Traeda
le Lun 16 Jan - 10:13
 
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Factuelle, comme toujours elle voulait rester. Sa réponse, concise et précise, apportant les éléments qu’on lui demandait sans plus. Sa voix était inflexible et maîtrisée, forgée dans le respect militaire. Elle n’avait guère été surprise qu’on lui demande son propre avis plutôt que celui de son escouade, c’était son rôle de cheffe d’escouade que de reporter et de synthétiser les observations de son groupe. De nombreux officiers se comportaient de la sorte, aussi cela ne la surprenait guère. Elle avait sciemment utilisé une tournure impersonnelle et objective qui ne ciblait personne en particulier et se focaliser davantage sur les objets concernés par la question plus que les sujets liés. Son père l’avait toujours invitée à faire preuve de mesure et de prudence quand elle s’adressait à des officiers, plus encore ceux qu’elle ne connaissait pas et ce y compris dans la Marine. En temps normal, ce qu’il se passait au sein d’un bâtiment auquel elle n’était pas rattachée n’aurait pas été de sa compétence, c’était à la responsabilité des officiers et sous-officiers du navire. Elle n’aurait pas eu son mot à dire, et pas l’autorité pour intervenir contrairement à son ancien service sur l’Espadon. Elle pouvait cependant être impliquée dans une intervention si cela venait d’un ordre direct de l’officier qui avait réquisitionné leur présence à bord, par une dérogation exceptionnelle d’autorité.


- Enseigne Adrastia, poursuivez... avec la suite.


Qui qu’il fût, son principal interlocuteur ne semblait pas au sommet de sa forme, ce qui expliquait sans doute son isolement présent. Cordélia ne se rappelait que trop bien du son insupportable des appareils médicaux au chevet des patients dont la condition était précaire voire très préoccupante. Cordélia tourna ses yeux célestes artificiels vers l’enseigne en question et lui porta son attention tandis que la jeune militaire commençait son exposé de la voix énergique et optimiste des cadets.


- Le capitaine de ce bâtiment, et il n’est pas le seul, fait partie d’un mouvement qui préfère en revenir, plus ou moins, à l’époque des seigneurs de guerre impériaux, où la force faisait la loi. Ils jugent de fait l’impératrice indigne de son trône. Comme personne ne les surveille assidûment, ils en profitent pour faire ce qu’ils veulent quand ils veulent. Ils déforment ainsi les principes et les lois de l’Empire Galactique afin qu’elles aillent dans leur sens. Pire encore, la plupart de ces individus conspire pour déserter l’Empire, s’emparer d’un secteur peu défendu et y faire leur propre… domaine.


Traeda pressentait bien que leur mission n’était pas qu’un simple renfort d’effectifs, le briefing semblait aller en ce sens. L’officier ne commentait pas, ce qui voulait dire que les propos de l’enseigne étaient donc vraisemblables et validés, vérifiés d’une façon ou d’une autre. Ils corroboraient, en outre, l’attitude distante voire hostile du commandement de la corvette à leur égard. La toile de la politique et des factions s’étendait loin, même et surtout jusqu’au sein de l’armée et en particulier de la Marine. C’était sans doute l’un des corps armés les plus politisés traditionnellement au sein de l’Empire et même si Cordélia ne ressentait aucune inclination à s’y intéresser plus en détail, elle savait très bien que personne ne pouvait maintenir une vraie neutralité. Elle-même, qui se considérait peu adepte de politique, avait choisi la faction interne impériale qu’elle voulait défendre, aux valeurs desquelles elle se sentait le plus proche. Le choix de l’Escouade Delta pour cette mission inhabituelle n’avait donc rien d’anodin ou d’innocent. Par leurs succès en mission, ils s’étaient fait connaître et la composition de leur groupe était donc connue. Cordélia était identifiée comme étant à leur tête, tout comme d’être la fille du Commodore Wilhelm Traeda, et d’avoir des liens avec la famille des Reige, de notoires alliés de l’Impératrice. Ses liens, même s’ils maintenaient une ferme distance et réserve professionnelle quand ils étaient en service, avec Lukan étaient connus.  Aussi méritocrate fût-elle, elle ne pouvait pas nier ces différents faits.

La soldate haussa un sourcil sceptique quand l’enseigne avança le probable projet des perturbateurs. Ils croyaient vraiment que cette méthode fonctionnerait ? C’était profondément idiot à ses yeux. Non seulement ils feraient face à une solide résistance des autochtones de ces mondes isolés, d’une manière ou d’une autre voire même très sournoise, mais ils tendaient presque le bâton pour se faire battre en quittant le giron impérial. Sans faction affirmée, ils seraient la cible parfaite non seulement pour l’Empire mais aussi pour les deux géants que sont la République et le Consortium d’Hapès. C’était fâcheux, et la commando n’appréciait guère que des civils impériaux pâtissent de ces complots. En outre, si ces militaires aspiraient à faire sécession, ils devenaient des traîtres selon la loi martiale. Elle n’aurait aucun scrupule à abattre des ennemis de l’Empire, qu’ils viennent de l’extérieur comme de l’intérieur. Cette résolution incluait d’ailleurs Galen, s’il refusait de se rendre.


- S’il y a bien une constante, c’est que le pouvoir corrompt les esprits faibles. Et des faibles d’esprit, apparemment, ce n’est pas ce qui manque au sein de ces équipages. Pour suivre aveuglément un plan aussi mal avisé, il ne faut pas être le plus malin des hommes. Pourquoi, alors, vous avoir fait venir ici avec certains de vos subordonnés ? C’est simple : forcer le capitaine à commettre une terrible erreur de jugement et donner à ceux qui leur sont loyaux toutes les raisons du monde de tenter de se débarrasser de vous et vos commandos. Une tentative vouée, bien entendu, à l’échec. Il y a trop de différence dans la qualité de l’entraînement et du matériel.


Traeda puisa dans toute sa discipline militaire et sa rigueur pour ne pas croiser les bras sur son torse, l’un de ses bras maintenant contre sa hanche son casque alors qu’elle discutait à visage découvert en signe de respect. En somme, ils seraient à la fois l’appât qui pousseraient les cibles à l’erreur ainsi que les traqueurs qui viendraient les arrêter, ou les éliminer s’ils ne veulent pas coopérer et se rendre sans trop d’histoires. Plus jeune, cela l’aurait révoltée. Avec le recul de l’expérience, Cordélia considéra les différents éléments et facteurs de manière rationnelle et objective. L’officier qui les avaient menés jusqu’ici faisait confiance à leur compétence pour savoir se débrouiller, et ce n’était pas comme s’ils n’avaient pas déjà traversé des situations similaires à défaut d’être équivalentes. Ils avaient déjà pris d’assaut un certain nombre de bâtiments ennemis, et Cordélia se rappelait fort bien du cas de l’Implacable, une situation précaire que Lukan et elle, alors toute jeune commando, avaient réussi à retourner en leur faveur avec l’aide des commandos présents à bord. La situation n’avait pas été brillante et ils avaient commencé l’opération à deux avec seulement elle qui était réellement équipée pour ce genre d’intervention, mais elle avait pu compter sur l’appui des autres commandos marine plus expérimentés, et en plus grand nombre. Ici, ils devraient se débrouiller par eux-mêmes, en sous-effectif notoire, en quelque sorte seuls contre presque tous. C’était un beau coup de poker, périlleux et délicat, mais qui n’était en soit pas impossible à réaliser. Il faudrait qu’elle convainque Jeff, Auric et Cian a posteriori, elle devait déjà prendre une décision.


- Une fois cette tentative initiale neutralisée par vos soins, vous pourrez passer à la phase 2 de votre mission, à savoir reprendre le contrôle de ce bâtiment au nom de l’Empire. Au vu de vos états de service, vous ne devriez pas avoir de problèmes à mener à bien cette mission. Et puis, vous avez le soutien d’une personne de rang et d’influence.


Était-ce de la flatterie ou une constatation ? Difficile à dire, tout comme une potentielle injonction à accepter la mission. Cela sonnait aussi comme un stimulus à leur sempiternelle fierté de commandos exerçant auprès de la Marine. Ils faisaient partie d’une élite, d’un corps militaire soudé, qui n’était pas peu fier de son excellence et ne reculait pas devant le danger pour servir l’Empire. C’était presque une provocation feutrée, ou en tout cas une forte incitation. Leur dignité de Marine leur interdisait de décliner toute mission un peu dangereuse, elle les invitait à le prendre comme un défi, une opportunité de démontrer leur savoir-faire. D’un autre côté, elle commençait à bien connaître Lukan en tant que supérieur hiérarchique et se doutait que Reige n’aurait pas approuvé cette façon de faire, aurait refusé la mission et aurait exigé leur retour à bord du Chimaera. Elle n’était pas en position de refuser cela dit, puisqu’un officier d’un grade plus élevé que le sien en était à l’origine. Il détenait leurs clés de sortie de mission leur tête haute, leur dos droit et leur fierté intacte.

S’ils s’en sortaient indemnes tout court, diraient certaines mauvaises langues sans aucun doute.

Une certitude demeurait cela dit dans l’esprit de Cordélia ; ils ne pouvaient pas laisser ce bâtiment et son équipage échapper à la loi impériale et être conquis par l’ennemi. C’était un point sur lequel elle pouvait trouver un accord avec ses commandos. L’Empire, et en particulier la Marine impériale, n’était pas constitué de lâches, et ne pouvait pas souffrir de comporter des pleutres dans ses rangs. S’ils tombaient dans le piège, de toute manière, cela signifierait que les officiers et les militaires impliqués dans cette conspiration n’étaient pas très malins et ne survivraient pas très longtemps. S’ils les poussaient à l’erreur, ils auraient plus d’éléments pour les incriminer et ensuite pour les arrêter. Il ne dépendrait que de leur coopération le fait de savoir s’ils passeraient un temps plus ou moins long derrière les barreaux avec une amende salée ou s’ils sortiront de ce vaisseau avec les pieds devant. L’opération était certes risquée, mais pas impossible pour autant et ils en avaient traversé des plus délicates par le passé. Cordélia considéra les différents points, avant de prendre une décision. C’était certes une requête irrégulière, mais le protocole militaire et l’honneur de la Marine étaient formels. Elle endosserait les responsabilités de sa décision pour ne pas que ses commandos en pâtissent s’il venait à y avoir des répercussions, et elle n’était pas démunie de tout moyen de se défendre.


- Nous acceptons la mission. Avons-nous carte-blanche dans la manière de gérer cette opération ou avez-vous d’autres précisions que l’escouade doit prendre en compte ?
par Cordélia Traeda
le Lun 2 Jan - 16:25
 
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Escouade Delta : Jefferson Palin (adjoint, en gold), Cian Teradoc (en dodgerblue) et Auric Dorja (en écarlate = #ED0000 )

Leur patrouille routinière n’avait guère été fructueuse ce jour-ci. La journée avait été fort tranquille en termes d’évènements, dans le calme de l’habitude. L’équipage ne leur faisait pas encore assez confiance pour les laisser s’intégrer à eux et garder les lèvres fermées, et les traits méfiants derrière la discipline toute impériale qu’ils affectent. Le commandement avait été tout aussi peu loquace et enclin à les recevoir, n’apportant pour l’heure aucun élément complémentaire d’information. Pour peu, Cordélia se demandait si leur présence à bord n’avait pas été imposée au capitaine désagréable par quelque tierce partie, même si elle n’avait aucune preuve concrète, tangible, qui allait en ce sens. Ils se trouvaient désormais à l'heure du déjeuner et, sans grande surprise, ne parvinrent à trouver aucune place où rejoindre d'autres membres du personnel à bord dans l'espace servant de cantine. Ils se reportèrent donc sur une table disponible, non sans relever les regards méfiants voire hostiles de certains militaires.


- Eh bah, y a de l’orage dans l’air. Ils sont tellement coincés qu’on croirait qu’il y a une épidémie de constipation à bord. On dirait presque qu’ils n’attendent que ça, que le premier coup de feu parte pour que ça termine en fusillade. Commenta Auric en s’asseyant sans grâce.

- Je n’irai pas jusque-là, mais c’est vrai qu’ils semblent tous très tendus, comme à couteaux tirés. J’ai essayé de discuter avec les médecins à bord tout à l’heure, sans succès. Ils m’ont tenue à l’écart, ont refusé que je les aide et ne m’ont presque pas adressée la parole. Releva Cian en prenant place à son tour avec bien plus de manière que son jeune confrère et ami, qu’elle força à se redresser et à se tenir mieux d’une simple pression de doigts calculée sur un nerf précis.

- Pareil, j’ai tenté le coup avec les informaticiens du vaisseau. Rien à faire, fermés comme des huitres et muets comme des pierres ! Ils ne m’ont pas laissé accéder aux terminaux. Dommage, je suis sûr que les ordinateurs feraient moins la fine bouche, eux.

- Pas tout de suite, Auric. On va déjà essayer de délier les lèvres du personnel dans un premier temps. Nous avons de fortes dissensions entre le commandement et l’équipage sur les bras, autant ne pas brûler toutes nos cartes pour faire parler le personnel. Plus de chance de ton côté, Jeff ? Le dissuada Cordélia d’une voix ferme avant de s’asseoir en face des deux cadets, sur la droite de son adjoint vers lequel elle se tourna en dernier.

- Ils n’ont pas été plus bavards. Les officiers ont refusé de me donner accès au pont, et d’ailleurs le capitaine ne veut toujours pas donner suite à ta requête d’entrevue. Dit Jefferson

- Le contraire m’aurait étonnée, il semble être de la même veine que notre « vieil ami ». Bien, on va continuer de suivre les indications officielles et on va continuer de creuser de notre côté. Ne donnez rien en revanche qu’ils puissent utiliser contre nous. Un pas de travers, et nous pourrions perdre notre seule chance d’éviter un désastre à court terme sur ce bâtiment.


Cordélia repéra une silhouette qui s’approchait d’eux et fit discrètement signe à ses équipiers que la discussion était close pour le moment. La métisse tourna aussitôt ses yeux azurés artificiels sur la militaire qui venait rejoindre leur table. Si elle en croyait ses insignes, il s’agissait d’un enseigne, une humaine aux cheveux blonds coupés courts et aux yeux gris perçants. La sergente était intriguée : malgré toutes les rondes et patrouilles qu’ils avaient dû effectuer depuis leur arrivée sur la corvette, elle n’avait pas souvenir d’avoir croisé ce membre de l’équipage. Elle s’en serait souvenu, sinon. La sergente-commando patienta cependant tandis que cette enseigne méconnue s’adressait spécifiquement à elle après un court et protocolaire salut militaire, d’une voix égale et parfaitement maîtrisée.


- Sergente, votre présence est requise. Cela concerne votre affectation temporaire.

- Entendu, je vous suis.


Cordélia était méfiante, derrière sa discipline affectée. Quelque chose l’interpellait chez cette enseigne, et plus encore cette requête soudaine, mais son instinct lui suggérait de ne pas poser de question sur ce point. Le commandement du Scipion n’avait pas l’air très informé des raisons de ce transfert soudain, même s’ils essayaient de le dissimuler. Ce n’était pas une manœuvre exempte de tout risque, mais Cordélia était prête à prendre des risques calculés. Ils avaient besoin d’informations. Au vu de l’impasse dans laquelle ils étaient proches de se trouver, Traeda envisageait de recourir aux services de son Intelligence Artificielle embarquée, ALIX, pour qu’elle lui trouve la liste du personnel qui était affecté à ce bâtiment. Elle doutait avoir aisément accès aux dossiers, c’était souvent des informations cryptées et sécurisées, mais l’organigramme serait déjà un bon appui. Sinon, elle donnerait son accord à Auric pour qu’il puisse chercher de son côté avec les outils cybernétiques avancés dont il disposait. Elle n’était pas fermée non plus à la considération de faire appel à son droïde astromécanicien, qui était actuellement en train de se recharger dans la navette de transport qui les avaient amenés jusqu’à la corvette, pour circuler discrètement dans les coursives du Scipion et lui rapporter ce qu’il pouvait entendre et constater en leur absence auprès des militaires du personnel.

La sergente ne laissa échapper aucun mot tout au long du déplacement en la compagnie de l’enseigne. Traeda n’était pas très loquace de nature, et honnissait le fait de parler pour ne rien dire. Elle était, comme son père Commodore sur ce point. Elle préférait observer autant son environnement que les réactions de l’enseigne qu’elle ne se souvenait pas d’avoir déjà croisée. Elles se rendirent jusqu’à une cabine qui se révéla, à leur entrée, somme toute ordinairement constituée d’une couchette, d’un ersatz de bureau. La couchette était dissimulée derrière un paravent. Une voix masculine rauque se fit entendre de l’autre côté du paravent, se présentant comme l’officier qui a demandé leur transfert temporaire à bord du Scipion, et qui semblait gravement malade. Cordélia garda le silence, réfléchissant dans le silence de ses pensées alors qu’un bref passage à la vision thermique de ses yeux cybernétiques lui confirma qu’elle avait bien affaire à un être vivant. La procédure était pour le moins inhabituelle, bien que probable et pouvait signifier bien des choses. La personne qui lui parlait avait souhaité s’entretenir avec elle en privé, en l’absence des autres officiers de commandement de la corvette ainsi que du personnel du vaisseau, en dehors de la seule enseigne qui l’avait menée ici. Cela pouvait signifier un manque de confiance, ou tout du moins une méfiance, envers le commandement. Cela pouvait aussi indiquer la nature confidentielle de leur véritable mission à bord, les deux éléments ne s’excluaient d’ailleurs pas nécessairement. L’éloignement avec le restant de l’équipage de la corvette était un élément intéressant d’ailleurs, qui pouvait avoir plusieurs significations, tout comme le fait que ni Lukan ni l’adjointe de ce dernier n’aient été consultés sur cette réquisitions soudaine. Ses réflexions furent interrompues lorsque l’officier finit par lui poser une simple question.


- Avez-vous remarqué des irrégularités depuis que vous êtes montée à bord ?


Le code militaire impérial, le code de la Marine et le code des commandos dictaient que face à une personne d’un grade supérieur, il était demandé au soldat de ne pas poser de questions et de répondre simplement à celles qu’on lui pose, même s’il n’était pas son supérieur plus ou moins direct. En outre, Cordélia escomptait obtenir plus d’éléments et ce n’était pas en se mettant à dos un informateur ou au moins un interlocuteur potentiel qu’elle y parviendrait. C’était à son tour de tenter de faire une percée dans cet épais brouillard de tension et d’inconduites qui régnait à bord de cette corvette.


- En effet. Plusieurs éléments m’ont interpellée lors de récentes opérations qui ont été effectuées pour des contrôles ou des attaques de vaisseaux limitrophes, impériaux ou non.


Qu’attendait-il de leur part, de la part de l’Escouade Delta ? Quelle était la nature de la véritable mission que l’on voulait leur confier ? Autant de questions que Cordélia brûlait de demander à son interlocuteur, mais qu’elle gardait en attente par respect de la discipline militaire impériale. Elle voulait déjà constater sa réaction et aviser selon sa réponse quelle approche elle retiendrait outre l’ouverture factuelle qu’elle avait retenue pour le moment. Elle masquait avec cette même discipline de fer sa propre frustration vis-à-vis de telles éconduites de membres de la commanderie impériale, qui frottaient leurs bottes sur la philosophie impériale et sur le code de la Marine. Pour l’heure elle patienterait, pour voir si l’officier allait lui donner l’ouverture nécessaire pour développer sa réponse. Elle avait bien des questions, et d’autres éléments qui l’interpellaient dans cette curieuse situation, telle que la mystérieuse enseigne, et les motifs qui avaient pu motiver la décision de l’officier.

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