[Morning Mist] Les méfaits de la curiosité (Pv Arsenicia)

Le soleil décline lentement. Alors qu'elle regarde le ciel virer à l'orange, Viviane inspire profondément, essayant de garder son calme. Le couché de soleil est toujours un moment de paradoxe pour elle. Magnifique et étrangement relaxant, mais aussi... ce moment où la lumière disparaît, laissant place à l'obscurité, Cela fait des années qu'elle n'a plus peur des ténèbres: après tout, pourquoi avoir peur ? Ce n'est pas si différent de la lumière. Mais il y a une autre raison pour laquelle cette beauté est si paradoxale pour elle. Une raison qui lui arrache un violent frisson alors qu'elle tente de concentrer ses pensés ailleurs. Une lumière orange... presque sanguine. Sur Tython, c'est un superbe spectacle. Sur d'autres planètes...

****Je déteste le rouge...****

Sur d'autres planètes, cette lumière orangée, si belle et relaxante sur Tython est rouge comme le sang. Le même sang qui tâche le sol dans cette maudite vision. Sa main droite se contracte presque douloureusement alors que sa gorge se serre. Rouge. Elle peut encore le voir. Tout est rouge, tout est sombre... tout est... mort. Elle peut encore voir les cadavres, appartenant à diverses races, aussi bien humaines, qu'autres. Elle a pu reconnaitre certaines de ces races depuis la première fois. Aqualish, Pau'ans, Nemoidiens... Elle a même vu un ou deux Toydariens et Duggs. Une lumière horriblement rouge illuminant un champ de bataille où trois armées s'étaient entre-tuées. Aucun vainqueur. Juste une planète morte et n'accueillant que la mort. Elle se rappelle encore l'horreur, la douleur... mais aussi cette horrible solitude. Elle se souvient d'avoir supplié la première fois, Appelé en vain pour que quelqu'un réponde, juste pour que le silence soit sa seule réponse. Puis des flammes, rajoutant encore plus de cette immonde lumière avant que ce cauchemar prenne fin. Puis le réveil, avec des cheveux désormais complètement blancs, ses parents et Arsenicia au dessus d'elle. Les questions du conseil au sujet de cette vision lui reviennent en tête et elle grimace un peu plus. Les uniformes des morts étaient facilement reconnaissables suite à ses descriptions : République, Empire et Consortium. Mais la planète... elle se rappelle tristement d'avoir été totalement incapable de répondre. Au fil des années, une partie d'elle a envisagé Korriban ou éventuellement Mustafar, mais elle a depuis eu le temps de se rendre compte que ça ne pouvait pas être ça. Même si....

****Vue la destruction, même si c'était l'une des deux... elle serait méconnaissable. Y'a qu'une arme de destruction massive pour faire ça.****

Sa main se relâche et elle soupire tristement, essayant de reprendre son calme tout en fixant le soleil couchant. Elle hait ce pouvoir... Oh bon sang, à quel point elle peut le HAÏR ! Même avec son maître qui tente de lui expliquer que ce n'est pas une malédiction et qu'il n'appartient qu'à elle d'en faire une bénédiction, elle ne peut pas s'empêcher de ne sentir qu'une vive pointe de haine. Et pire que tout, cette vision revient. Encore et encore. Aujourd'hui, elle a eue la paix, mais pour combien de temps ?! Son regard accroche la silhouette du vaisseau arrimé devant elle... et elle le détourne immédiatement. Même avec la Force, la lumière de la réfraction sur la carlingue fait mal. Mais peu à peu, elle s'y habitue et se surprend à sourire légèrement en voyant le véhicule personnel de sa protectrice. Un Yacht stellaire de Naboo. Comme avec les lacs, la vision de quelque chose venant de sa planète natale suffit à la rassurer. Le vaisseau est reconnaissable, avec son apparence triangulaire. Les deux canons lasers présents sur chaque aile attirent aisément l'attention et elle peut également deviner le reste de l'armement présent dessus.. En dépit de la taille immense du véhicule comparé à elle, elle ne sent aucune sensation d'écrasement, mais plus une légère fascination. Malheureusement, elle ne peut pas vraiment rester là à observer. Même si Arsenicia n'est pas encore là, elle ne va pas tarder et pour le coup, elle ne sait pas vraiment si c'est une bonne idée d'être là... même si après tout, la maîtresse de l'Ordre est celle qui lui a donné rendez-vous ici pour pouvoir discuter.

****Je peux en parler à personne... sauf à elle. Je... Je n'ose même pas imaginer ce que dirait mon maître s'il apprenait les questions que je me pose.****

L'Ordre Je'Daii, Ashla, Bogan... D'ailleurs, en relevant la tête vers le ciel orangé, elle peut voir les deux lunes commencer à étinceler de plus en plus fortement. Ashla, parfaitement blanche, Un beau blanc argenté qui semble luire de mille feux, même dans la lumière mourante du ciel. Bogan, rouge, ce qui la fait frissonner. Un beau rouge, pour le moment en grande partie caché par le ciel. elle inspire à nouveau profondément avant de s'assoir au bord de la plate forme, laissant sa jambe gauche pendre dans le vide alors que son coude droit se pose sur son genou droit relevé. Elle a beau avoir du mal à apprécier la couleur orangée... elle ne peut pas s'empêcher de sourire, surtout quand son regard se porte sur le lac au loin. Un lac illuminé par la lumière du couchant. Elle n'aime pas vraiment la couleur, mais elle se sent pourtant étrangement en paix. Alors... pourquoi ne pas attendre l'arrivée d'Arsenicia en regardant ce spectacle ?

Le Morning Mist agissait comme une protection envers l'extérieur. Sous ses lumières tamisées qui tapissaient son intérieur chaleureux et - il fallait l'avouer - luxueux, Arsenicia y trouvait un instant de calme. Seul de légers cliquetis contre la carlingue lui indiquait la présence de BT quelque part sur le vaisseau, occupé à une tâche de maintenance assez simple ne nécessitant pas d'assistance.

Après une journée bien remplie, Ombrelune s'était donc retirée dans ce qui était, au final, sa seconde maison. Elle possédait le Morning Mist depuis des années et, petit à petit, la décoration Nubienne avait été remplacée pour mieux refléter ce qu'elle appréciait ainsi que la personnalité de la Maîtresse de l'Ordre. L'intérieur du vaisseau Naboo avait également été remanié afin d'offrir à la Jedi tout ce dont elle avait besoin pour accomplir son devoir, de la salle de réunion pour les rencontres du Conseil en passant par l'air d'entraînement installée dans une partie du hangar du vaisseau.

Ce n'était donc pas un hasard si Arsenicia avait donné rendez-vous à Viviane au niveau du hangar. Le Morning Mist était un lieu propice au calme et, malgré la proximité du Temple, un peu à l'écart. C'était une bulle, un instant dans le temps qui n'appartenait qu'à ceux présents à l'intérieur. De plus, elles n'y seraient pas dérangées. En effet, lorsque la Maîtresse de l'Ordre était à bord, c'était un accord tacite avec le reste du monde : elle n'était pas disponible.

Un rez de lumière orangé s'infiltrait par les fenêtres en transparacier du poste de pilotage lorsqu'Ombrelune sortit de sa chambre. Elle portait encore cette tunique blanche dans laquelle Viviane l'avait vue un peu plus tôt dans la matinée, mais ses cheveux étaient détachés et tombaient librement contre ses épaules et dans son dos.

Sans attendre, la Jedi se dirigea vers la rampe d'accès du Morning Mist. Le soleil couchant se reflétait sur la carlingue du Yatch et Arsenicia plissa les yeux le temps de s'habituer à la vive lumière, avant que son regard bleuté se pose sur la fine silhouette de sa protégée. Elle lui semblait frêle, alors que le regard de la jeune fille semblait perdu dans le couchant. Était-ce le lac, visible au loin, qui attirait ainsi ses mires ? Ombrelune se le demandait tandis qu'elle s'approchait à pas de loup, avant de s'arrêter à quelques pas du rebord.

« Re-bonjour. Ou, devrais-je dire, bonsoir. » Sa voix n'était guère plus haute qu'un murmure, comme pour ne pas troubler la quiétude de ce moment tandis que les deux lunes de Tython devenaient de plus en plus visibles dans le ciel. La Jedi y perdit son regard, exactement comme Viviane l'avait fait quelques minutes plus tôt, sans qu'elle le sache. Puis, elle baissa les yeux et offrit un sourire à la Padawan, avant de lui tendre la main pour l'aider à se relever, si elle le souhaitait. « On monte à bord ? Nous serons tranquilles pour discuter. » Lui proposa-t-elle en penchant légèrement la tête sur le côté, avant d'ajouter : « Je t'offre le repas, si tu as faim. »

Elle ne se rappelle plus où elle a entendu dire ça, mais Viviane a l'étrange impression qu'une seule phrase résume à la perfection ce qu'elle ressent actuellement : le temps a beau être chaotique, il est aussi totalement relatif à la personne qui l'observe. Alors que son regard reste dardé en direction du lac, tout semble ralentir. Aucune vision. La Force semble presque tenter de l'enlacer, comme une assurance, une consolation. Le temps semble avoir décidé de rester dans le présent tandis qu'elle fixe l'étendue d'eau, la lumière orangée et le véritable lac de feu qu'elle voit au loin semblant être les deux seules choses que le monde a décidé de lui donner. Oui, c'est l'impression qu'elle a : de loin, avec la lumière qui s'y reflète, le lac semble être fait de feu. Une vision ordinairement effrayante, mais qui, actuellement, est étrangement rassurante. Une des choses qui l'a toujours effrayée avec le temps est le chaos que ce dernier représente : même avec ses visions, elle peut voir qu'il y a plusieurs embranchements, plusieurs situations possibles, bien que généralement, ses pouvoirs n'acceptent de lui en montrer qu'une ou deux. Mais pour le moment, il n'y a aucun embranchement qui tente de se montrer. Aucun croisement, aucune douleur, ni quoi quoi que ce soit. Même alors que le soleil continue sa course vers les montagnes et que les deux lunes sont de plus en plus visibles, le temps semble s'être arrêté juste pour elle et la tension qu'elle ressent depuis plusieurs jours reflue peu à peu. Méditer n'a jamais été son activité favorite, loin s'en faut. D'abord, parce qu'elle n'apprend rien de spécial en le faisant, mais surtout parce que ça renforce un peu plus sa connexion à la Force... et par conséquent, la quantité de visions qu'elle reçoit. Pour elle, méditer n'a jamais apporté plus de paix et de sérénité que ça. Juste une solide appréhension et plus de cauchemars que d'habitude. mais pour le moment, elle se surprend à songer à une chose en particulier ;

****Est ce que c'est ça que je suis censé ressentir en méditant ?****

Cette pensé flotte doucement en elle, transperçant vaguement la sensation de calme et de douceur qu'elle ressent. Si c'est ça, dommage qu'elle ne puisse jamais le ressentir ainsi. Mais avant même qu'elle ne puisse y songer d'avantage, une voix retentit doucement derrière elle, l'arrachant à sa contemplation :

« Re-bonjour. Ou, devrais-je dire, bonsoir. »

Elle sourit légèrement en entendant cette voix, détournant son regard du lac pour croiser celui d'Arsenicia. tout en lui répondant timidement un "bonsoir" à voix toute aussi basse. Cette dernière porte toujours la tunique blanche qu'elle portait à la bibliothèque, mais ses cheveux flottent désormais derrière elle, chose qui attire immédiatement l'attention. Le regard de la Fay semble se perdre un instant dans le ciel, plus précisément en direction des deux lunes et Vivi ne peut pas s'empêcher de se dire que même si la couleur de Bogan la trouble, elle est aussi étrangement belle. L'instant de contemplation passe et Viviane saisit timidement la main qui se tend vers elle pour l'aider à se relever, sa protectrice lui proposant de rentrer dans le vaisseau pour pouvoir discuter tout en lui proposant à manger si elle a faim. Et refuser devient rapidement impossible quand son estomac se met subitement à cramper tout en grondant, lui rappelant avec fracas qu'elle n'a rien mangé depuis ce matin. Ses joues chauffent brusquement et elle grimace tout en baissant la tête, même si elle finit par soupirer : bien sur qu'elle n'a rien mangé... et ce n'est pas la première fois d'ailleurs. Ca arrive si souvent quand elle étudie quelque chose d'intéressant qu'elle n'y fait même plus attention.

"Euh... Je veux bien s'il vous plait..."

La gêne disparait cependant vite à mesure qu'elle suit sa protectrice jusqu'au vaisseau. Il y a toujours un peu d'anticipation, mais rapidement, elle la repousse, essayant de se centrer sur autre chose. Le temps a repris son cours normal maintenant. Mais il n'y a toujours aucun croisement à l'horizon, aucune vision lui montrant que cette discussion pourrait mal tourner, aucune réelle peur. La trappe se referme derrières elles et elle suit sagement Nicia à traverse le vaisseau, notant la décoration. Certes, ce n'est pas une décoration naboo, mais elle reste douce et harmonieuse. En fait, ce n'est pas la première fois qu'elle met les pieds dans le Morning Mist, sans même compter toutes les fois où elle l'a fait depuis. La première fois, malheureusement... elle n'était pas vraiment en état de profiter de la beauté du vaisseau, ni même de celle de l'espace. La vision... la nouvelle couleur de ses cheveux, les cauchemars, ainsi que le déchirement de devoir quitter sa famille après cette terreur... Le voyage n'avait duré que peu de temps suite à un saut dans l'hyperespace, juste assez pour faire connaissance avec la Fay et éventuellement, essayer de se rassurer, mais...

"J'ai... Bon sang, difficile à croire que ça fait si longtemps que j'ai mis les pieds dans ce vaisseau pour la première fois..."

Déjà neuf ans... Elle se rappelle avec une légère douleur des leçons qu'elle a déjà subies concernant ses pouvoirs et surtout, de sa relation avec le temps. Elle a beau pouvoir voir certains futurs, le temps continue à s'écouler, inarrêtable, immuable et implacable. elle est tout autant asservie par cette force que n'importe qui ou quoi d'autre dans la galaxie. Comment est ce que quelque chose d'aussi chaotique peut paradoxalement être aussi direct ?! Le paradoxe de ses pouvoirs la rend folle des fois ! Et pour le coup... entre ça et ce qu'elle a découvert, il faut vraiment qu'elle en discute avec quelqu'un : peut être qu'au moins, elle pourra apprendre ce que ça signifie cette fois ? Et surtout... Un frisson envahit sa colonne vertébrale à ce souvenir : pourquoi est ce que ce qu'elle a découvert est si important pour que même ses rêves commencent à la harceler avec !

Un léger sourire ourla les lèvres de la maîtresse de l'Ordre alors que Viviane plaçait sa main dans la sienne. Arsenicia la tira gentiment sur ses pieds puis relâcha sa dextre, venant ensuite joindre ses doigts entre eux au niveau de son ventre. Sa proposition ne tomba guère dans l'oreille d'un sourd puisque l'estomac de la Padawan se mit aussitôt à gargouiller avec force. La légère coloration sur les joues de la jeune fille amusa gentiment Arsenicia, son sourire en coin la trahissant aisément.

« Mmh mmh, pas étonnant étant donné le bruit que ton estomac fait. » La taquina gentiment Ombrelune en se détournant vers le Morning Mist, Viviane sur les talons.

Arsenicia n'était pas mécontente de retourner à bord, là où le vent cessait enfin de s'engouffrer dans ses cheveux et où régnait une douce chaleur. Lorsque Viviane fut à bord, la maîtresse de l'Ordre referma la rampe d'accès, les coupant définitivement de l'extérieur jusqu'à sa réouverture. Puis, toujours aussi détendue, Nicia invita sa jeune protégée à la suivre jusqu'au cœur du vaisseau.

« Les années filent, de ça, je suis bien d'accord. » répondit la Fay alors qu'elles arrivaient dans la pièce principale. Le plafond était particulièrement haut, ce qui permettait de casser cette sensation d'étouffement si facile à ressentir dans un vaisseau spatial. De plus, la "pièce de vie'' n'était pas cloisonnée et s'étendait de bord à bord, avec un coin salon, une cuisine complète, une salle à dîner et même un bar. « Tu as une envie particulière ? » Demanda Arsenicia en se dirigeant vers la cuisine.

Le comptoir de celle-ci comportait trois hauts tabourets où Viviane pouvait s'asseoir alors que la Jedi, très naturellement, sortait de quoi composer un plat réconfortant semblable à une quiche. Quelque chose qui tiendrait un moment dans l'estomac de la Padawan, Ombrelune suspectant que celle-ci ne mangeait pas toujours régulièrement. « Je t'en prie, assieds toi. Tu veux boire quelque chose ? Eau ? Jus ? Whisky sur glace ? » Plaisanta Nicia en désignant l'un des tabourets.

La Force tourbillonnait autour de la jeune fille, cela Arsenicia le sentait parfaitement. Un léger froncement de sourcil l'indiquait, à condition d'y prêter attention, et ce malgré son apparente bonne humeur. Nicia laissa donc quelques instants s'écouler, prenant le temps de se servir elle-même un verre de vin. Puis, d'un ton léger, elle brisa la glace. Elle n'avait jamais été du genre à tourner autour du pot, de toute façon.

« Tu penses très fort. Et je n'ai même pas besoin de mes pouvoirs pour le sentir. » Nonchalante, Nicia se pencha sur le comptoir et s'appuya sur ses coudes, son buste orienté vers la jeune femme située juste en face d'elle. Elle lui donnait toute son attention. « Parle moi, qu'est-ce qui te trouble à ce point ? »

Les taquineries de la Fay sont si familières que Viviane ne les relève même plus depuis le temps. Elle sait très bien qu'il n'y aucune méchanceté derrière. Puis bon... Vu le manque de respect qu'elle peut avoir pour sa propre santé parfois, elle sait que ce genre de taquinerie est mérité. En fait... d'une certaine manière, c'est presque rassurant à entendre. En dehors de son maître et de quelques autres membres du Covenant, ceux qui s'adressent à elle de nos jours peuvent se compter sur les doigts d'une main. Donc... Savoir qu'au moins, elle a toujours quelqu'un à qui parler, quelqu'un qui comprend au moins ce qu'elle peut ressentir... Elle se contente de sourire, levant sa main droite pour abaisser sa capuche alors qu'un dernier courant d'air fait voleter ces derniers lorsque de la fermeture de la trappe. Est ce que c'est son imagination ou est ce que sa protectrice est étrangement plus calme maintenant qu'elles sont en intérieur ? En même temps, c'est la première fois de sa vie qu'elle voit la longue chevelure de la maîtresse Jedi dans un tel désordre, même si elle garde toujours cette grâce si familière. Le trajet vers la pièce de vie du vaisseau est rapide alors que la Jedi acquiesce à sa précédente observation. Oh, ça oui... Quelque soit son désir, le temps n'attend pas. Il s'écoule comme du sable, leur filant impitoyablement entre les doigts à une vitesse et avec une aisance que même la Force est incapable de stopper, ou même de ralentir. La première fois qu'elle a mis les pieds dans le Morning Mist, elle n'avait que sept ans, n'arrivait pas à la hanche de la jeune femme et était tellement traumatisée par ses pouvoirs nouvellement éveillés qu'elle n'était même pas capable de s'émerveiller de la vue de sa planète natale, puis de Tython depuis les étoiles. Maintenant, elle vient d'avoir seize ans, arrive approximativement à la poitrine de sa protectrice et parvient au moins un minimum à rêver... même si ce merveilleux pouvoir est entaché... teinté par ses prophéties qu'elle est toujours incapable de contrôler. La voix de Nicia l'arrache à nouveau à ses pensés, lui demandant si elle eut quelque chose en particulier... tout en commençant à réunir quelques ingrédients qu'elle reconnait facilement.

****Oh... ça faisait longtemps que j'ai plus goûté à une de ces quiches...****

Ce genre de chose n'est pas pour lui déplaire d'ailleurs : le goût est génial, sans même parler du fait qu'elle n'a plus faim pendant pas mal de temps ensuite. Pour le coup, elle ne sait cependant pas quoi répondre à la question : une partie d'elle envisage de demander si Nicia n'aurait pas du fromage à rajouter dans le plat. Une autre envisage du poisson, mais pour le coup, elle est complètement perdue, si bien qu'après une longue hésitation, elle se contente de soupirer avant de demander doucement :

"Euh... Si vous avez du fromage, s'il vous plait..."

Après quoi, elle se dirige vers l'un des tabourets montrés par sa protectrice, essayant toujours de décider comment lancer le sujet qui la dévore depuis déjà plusieurs jours. Cette stupide vision... Elle sait qu'elle l'a de plus en plus fréquemment. Elle ignore ce que ça veut dire, mais elle sait en tous cas que ça lui fait de plus en plus peur et qu'elle n'arrive pas à penser à autre chose. Ashla et Bogan, ainsi que le premier Ordre... Son désir de puissance qui commence littéralement à fulminer en elle, même avec toutes ses tentatives de le garder sous contrôle... et surtout, cette simple phrase... cette tentation Lorsque Nicia lui propose en plaisantant quelque chose à boire, elle se contente de secouer la tête dans un premier temps, avant de se raviser et de demander timidement un simple soda. Peut être que quelque chose de sucré lui permettra de se remettre les idées en place ? Une simple gorgée de soda l'arrache plus ou moins à sa contemplation un bref moment, le goût piquant et caramélisé faisant un bien fou. Mais rapidement, Nicia se penche dans sa direction au dessus du comptoir, un simple commentaire brisant le silence :

« Tu penses très fort. Et je n'ai même pas besoin de mes pouvoirs pour le sentir. Parle moi, qu'est-ce qui te trouble à ce point ? »

Et pour le coup, le coeur de Vivi rate quelques battements. Elle sait que c'est pour ça qu'elle est là, mais... C'est trop tôt ! Elle n'est... pas prête ! mais d'un autre côté, elle se doute qu'elle ne le sera jamais. Après tout, elle s'est mise toute seule dans cette galère à cause de sa curiosité et de ses craintes. Et maintenant, elle ne sait vraiment pas ce qu'elle doit faire pour s'en sortir. Etudier Bogan commence à devenir une obsession qui hurle littéralement en elle chaque nuit. Cette stupide vision la torture littéralement et elle peut presque entendre cette voix horriblement froide, mais pourtant séductrice lui souffler qu'il serait si facile d'éviter ce massacre avec la puissance que les ténèbres pourraient lui donner. Oh, certes, elle a trouvé d'innombrables exemples de pourquoi c'est une idée stupide, mais...

"J'ai... fait une erreur. Une grosse. Je... J'ai voulu... trop apprendre trop vite et... j'ai t-touché à quelque chose qui aurait mieux fait de... rester caché."

Elle boit une seconde gorgée, essayant de rassembler son courage tandis que la vision commence à résonner en elle comme un avertissement. Un froid pas du tout ordinaire commence à la saisir et elle peut presque sentir la Force commencer à l'encercler. Le temps ne bouge pas... pas pour l'instant. Elle se dépêche de renforcer autant que possible les défenses que son maître a pris tant de temps à lui enseigner afin d'éviter de se plonger à nouveau dans ce cauchemar, mais elle se doute que ce n'est que partie remise."

"J'ai trouvé un holocron il y a... quelques temps, en me promenant sur les terrains d'entraînement. C'était dans des ruines... au fond d'une grotte."

Dans la zone boisée... une zone où elle sait qu'en tant que padawan, elle n'est pas censée se promener et encore moins seule. Certes, elle était armée, sans même parler des sentinelles qui y patrouillent en plus des chevaliers qui s'y entraînent de temps à autres, mais même si les chats manka ont tendance à rester à distance, les déchiqueteurs sont plus ou moins agressifs en fonction de leur humeur. Elle sait que c'est dangereux, mais la forêt est tellement belle...

"Malheureusement... il était totalement corrompu. Sur... sur pratiquement dix minutes d'enregistrement, y'avait que trois mots. "Je'Daii", "Ashla" et... "Bogan". J'ai commencé à chercher la signification après avoir ramené l'artéfact au temple, mais... J'ai... creusé trop loin je crois. Au début, je pensais que l'holocron parlait des lunes et d'une utilisation qu'en aurait eu l'Ordre, mais... l'holocron était... bizarre, même avec sa corruption. Mon maître m'a expliqué que ça parlait en fait des deux côtés de la Force et... c'est là que les problèmes ont commencé."

Sa main gauche se contracte autours de son verre et elle se dépêche de boire une troisième gorgée, essayant de rester calme.

"Elle... la vision est revenue. Plusieurs fois. elle me montre ce carnage tout le temps et... J'arrive plus à la stopper. Je l'ai en m-moyenne deux à trois fois par semaine maintenant. C'est comme si... l'événement se rapprochait et que la Force tentait de me prévenir. Mais elle ne vient p-plus seule. Je commence à sentir ce... ce désir. Quelque chose me murmure que je peux arrêter ça. "Le temple apprend ce qu'est Ashla, alors pourquoi ne pas faire comme les anciens ? Pourquoi ne pas apprendre ce qu'est Bogan ? Si l'ancien Ordre y arrivait, tu devrais pouvoir le faire toi aussi."

Un ricanement lui échappe, mais elle ne ressent aucune joie. Plus une vive crainte et surtout, un désir d'arrêter ce cauchemar avant qu'il ne commence à la dévorer. Elle sait ce qui l'attend si jamais elle se plonge dans le côté obscur. Beaucoup ont essayé de l'apprendre en restant dans la lumière et le peu ayant réussi se comptent sur les doigts d'une main, avec quelques doigts restants. A sa connaissance, Kyle Katarn et Jaden Korr sont les deux seuls à être parvenus à accomplir cet exploit et demeurer toute leur vie dans la lumière, même si le second a frôlée la chute et s'est débattu contre sa colère pendant des années. Elle n'a pas cette force et elle en est parfaitement consciente. Même Revan, connu pour être l'un des plus puissants et décidés maîtres de son époque a chuté à un moment. Alors elle !

"Quelque chose me dit que j'ai fait une bêtise en... en touchant cet holocron. Ce n'était pas un artéfact sith, mais... Les archivistes m'ont dit qu'il devait dater de pas mal de temps ce qui expliquerai son état. Si ça se trouve... ce truc a peut être été créé par un Jedi Noir et je l'ai stupidement touché ! J'ai pas... sentie de présence quand je m'en suis emparé, mais maintenant, je commence v-vraiment à me dire que quelque chose ne va pas et... Je ne sais plus... Je sais plus quoi faire"

Entre ça, cette stupide vision, les cauchemars et sa frustration vis à vis de ses pouvoirs en général, elle commence vraiment à se sentir complètement perdue, au point d'envisager sincèrement de demander au conseil s'il n'y aurait pas moyen de détecter une contagion ou quelque chose qui aurait été placé en elle ou sur elle par l'artéfact parce que là... ça commence à devenir dangereux ou en tous cas, c'est l'impression qu'elle a.

"Je suis... pas suffisamment stupide pour répondre à l'Appel. Mais... Je me pose tellement de q-questions, j'ai... j'ai l'impression de devenir folle..."

Arsenicia demeura penchée vers la jeune fille pendant quelques secondes avant de se redresser. Tout en lui donnant sa pleine attention, la sensitive s'activa à déposer sur le comptoir qui les séparait un sachet de fromage qui n'était pas encore entamé. Du vrai fromage et non un équivalent industriel sans goût ni texture.

Ce très court laps de temps pendant lequel Nicia resta silencieuse était l'occasion pour Viviane de rassembler ses pensées et retrouver son calme. Car la Force tourbillonnait tout autour d'elle, révélant des pensées non maîtrisées.

Et finalement, après une petite minute, la jeune fille commença à se confier. Cette fois-ci, Arsenicia se tourna de nouveau vers elle. Mais afin de garder l'ambiance la plus légère possible, la Jedi commença également à préparer ses ingrédients. Et cela commençait par l'éminçage d'un oignon, ce que la Fay faisait avec le doigt d'un professionnel. Elle passa ensuite au jambon, qu'elle se mit à couper en cubes de taille plus ou moins identique.

Qu'avait donc trouvé Viviane pour être dans un état de panique telle que celui-ci ? Car c'était ce qu'Arsenicia ressentait à travers la Force. Et même sans elle, il était évident que la jeune Naboo avait peur. Et Ombrelune n'aimait pas cela du tout.

Effectivement, la zone où la jeune fille s'était trouvée n'était pas un endroit où les Padawan étaient censés se retrouver. Pas seuls. Arsenicia n'en tint toutefois pas rigueur et préféra garder le silence, le temps que Viviane continue. Ainsi lui révéla-t-elle avoir commencé à s'interroger sur Ashla et Bogan, les deux lunes de Tython mais aussi les deux côtés de la Force. Des questions qui pouvaient vite donner des nœuds au cerveau. Arsenicia commençait donc à comprendre où la jeune fille voulait en venir et ce qui la tracassait tant.

Une vision qui revient sans cesse… Ombrelune n'était pas une prophète et son savoir en la matière était limité. Mais en tant que Maître de l'Ordre, elle avait eu à cœur de se renseigner plus que la normale, de façon à pouvoir répondre lorsqu'une situation comme celle-ci se présentait.

Arsenicia déposa lentement son couteau lorsque la jeune femme eut terminé de parler. Puis elle fit le tour du comptoir afin de venir se poster devant elle. Puisqu'elle était beaucoup plus grande, Nicia tira un tabouret proche de celui de Viviane et s'y assit. Enfin, très délicatement, elle tendit sa main droite devant elle et vint saisir le menton de la jeune fille, de sorte que leurs regards se croisent.

— Tu as bien fait de m'en parler, commença Ombrelune avec douceur. Je ne suis pas une prophète et je n'ai pas de visions comme les tiennes. J'ignore à quel point cela peut être déroutant… Ce que je sais en revanche, c'est que pour ne plus être effrayé par quelque chose, il faut le comprendre, lui dit-elle en caressant sa joue du revers de la main. Un geste particulièrement maternel qu'Arsenicia ne se serait pas permis ailleurs qu'à bord du Morning Mist. Je sens que tu ériges des barrières et que tu tentes de repousser cette vision. Mais peut-être devrais tu l'accueillir et l'accepter ? Parfois, il suffit de changer de point de vue pour saisir le sens de quelque chose.

Doucement, la Fay serra l'une des mains de la jeune fille, se voulant rassurante. Tout, dans l'attitude de la Maître de l'Ordre, se voulait rassurant. Sa posture détendue tout comme son léger sourire encourageant.

— Pour ce qui est des paroles dans cette vision… Je pense pouvoir éclairer ta lanterne. Je n'ai pas étudié les pouvoirs du Côté Obscur, bien sûr. En revanche, j'ai accepté ma noirceur, tenta t-elle de lui expliquer. Ashla, ou Côté Lumineux, demande calme, altruisme et paix d'esprit pour ne citer qu'eux. Bogan, ou Côté Obscur, dépend plutôt de la colère, de la haine ou de la douleur… Ces émotions sont celles que nous ressentons tous au cours de notre vie, poursuivit Nicia avec patience. Mais si tu n'écoute jamais ta colère ou la douleur que tu ressens, ce n'est pas sain. Cela pourrait même te conduire à faire de mauvais choix. Par contre, si tu n'écoute que ton altruisme, il se pourrait tout aussi bien que tu fasses du mal sans t'en rendre compte. Et là encore, tu pourrais en souffrir. Ou les gens autour de toi pourraient en pâtir.

Tendant la main vers le comptoir, Arsenicia attrapa délicatement le pied de son verre et le porta à ses lèvres. Puis elle reprit.

— Ce que je veux dire, c'est que dans toute personne équilibrée, il y a une part d'ombre et de lumière. Car il ne peut y avoir d'ombre sans lumière… ou de lumière sans obscurité, énonça-t-elle tel un mantra. Ces Je'Daii qui étudiaient les deux côtés de la Force, à mon sens, étaient en parfaite harmonie avec ce mantra. D'ailleurs, ceux qui s'enfonçaient trop profondément dans le côté lumineux étaient envoyé sur Ashla afin de méditer sur l'ombre de Bogan, tandis que ceux qui s'enfonçaient trop loin dans le côté obscur étaient envoyé sur Bogan afin de méditer sur Ashla.

L'équilibre entre ces deux entités était difficile à atteindre. C'était comme marcher sur le fil du rasoir en titubant.

— Accepte la peur que tu ressens, garde les yeux ouvert et tu parviendras à comprendre cette vision, reprit la Fay. Écouter ces paroles qui te semblent corruptrices ne veut rien dire. Ce ne sont que des mots tandis que les choix que tu feras dans ta vie t'appartiennent. C'est toi, à la fin, qui décide si tu veux laisser parler ta lumière ou ta noirceur.

Sur ces paroles qui se voulaient sage, Arsenicia retourna de l'autre côté du comptoir. Elle avait une pâte à préparer.

— Et bien sûr, tu n'as pas à faire cela toute seule. Tu as déjà fait le premier pas en m'en parlant. Et si tu veux, nous pouvons méditer ensemble toute à l'heure. Je serais là pour t'aider à faire face, proposa-t-elle en levant les yeux vers la jeune fille.

Alors qu'elle se confie pour la première fois à quelqu'un, Viviane sent la tension refluer, bien qu'elle sente toujours la Force autours d'elle. C'est comme un avertissement, une pression quelque part autours d'elle qu'elle sent, mais qui se contente d'attendre. Oui, c'est ça qu'elle ressent. la Force attend. elle attend qu'elle baisse sa garde, son pouvoir réagissant à ses émotions, chose qui, au moins, lui apprend pourquoi les Jedi du passé craignaient à ce point de laisser les dites émotions parler. Bien qu'Arsenicia continue à préparer les ingrédients, à aucun moment elle ne se sent ignorée, bien au contraire, elle peut presque sentir que la jeune femme fait parfaitement attention à tout ce qu'elle lui dit. Lorsqu'elle finit enfin d'expliquer, et surtout, de montrer la peur qu'elle ressent, Nicia pose lentement son couteau, puis vient s'assoir devant elle pour ensuite lui saisir doucement le menton. Alors que son regard se pose dans celui azuré de la maîtresse de l'Ordre. Un mouvement étrangement intime, presque maternel, qui le devient réellement lorsqu'elle commence à lui caresser la joue. Ordinairement, un tel contact l'aurait mise mal à l'aise, mais venant d'Arsenicia... Il ne tarde pas à chasser une bonne partie de la panique qui commençait à la dévorer, bien qu'elle sente encore le temps commencer à souffler autours d'elle. Le temps ou la Force ? Elle l'ignore, mais en tous cas, elle peut sentir que quoi qu'il se passe, ce sera pour bientôt. la douce voix de la "jeune" femme résonne, cette dernière lui indiquant qu'elle a bien fait de lui en parler, bien qu'elle ne soit pas une prophétesse. bien sur... elle sait ça, son maître lui a déjà expliqué qu'à moins d'être né avec ce don, personne ne peut vraiment comprendre ce que ça fait. A quel point ces visions peuvent être déroutantes pour ceux qui les subissent. Cela dit, d'après la Fay, il faut qu'elle apprenne à comprendre ce qui lui arrive pour ne plus en avoir peur, chose qui la fait se raidir un bref moment, même si la caresse, toujours aussi douce sur sa joue la détend à nouveau.

"Je sens que tu ériges des barrières et que tu tentes de repousser cette vision. Mais peut-être devrais tu l'accueillir et l'accepter ? Parfois, il suffit de changer de point de vue pour saisir le sens de quelque chose."

Elle baisse tristement la tête tandis que la main quitte sa joue, juste pour saisir une de ses propres mains et la serrer doucement. la chaleur qui en émane, toujours aussi rassurante lui permet de respirer plus calmement, même si le sujet de conversation lui noue la poitrine. Baisser sa barrière... Est ce qu'elle en est vraiment capable ? Affronter cette vision ? Habituellement, sa première préoccupation est de la quitter le plus rapidement possible lorsqu'elle se retrouve enfermée dedans.. Mais peut être... Un souvenir lui arrive d'un coup en tête et elle grimace, fermant les yeux tout en essayant de se concentrer sur la main qu'elle sent autours de la sienne. A chaque fois... elle n'essaye jamais de regarder autours d'elle dans cette vision. Elle se contente de laisser la Force la guider dedans tout en essayant de la quitter, sans jamais essayer de réellement savoir où elle est. Sur quelle planète elle se trouve. Le carnage autours d'elle la remplit toujours d'effroi et de pur chagrin, mais en même temps... Est ce qu'en regardant le ciel, ou ce qui l'entoure, peut être qu'elle trouvera quelque chose ? Certaines planètes ont des signes qui montrent clairement ce qu'elles sont, comme les deux soleils de Tatooine ou _et sa colonne vertébrale entière se hérisse à cette idée_ les lunes bicolores de Tython. Elle ne peut pas s'empêcher de sentir une profonde terreur l'envahir à cette idée : et si... Non, aucune chance ! Elle refuse catégoriquement d'envisager que l'enfer qu'elle voit dans cette vision puisse être le futur de cette planète ! La voix de Nicia l'arrache à l'obscurité de ses pensés, la posture, comme le sourire qu'elle lui offre lui permettant de respirer plus calmement :

— Pour ce qui est des paroles dans cette vision… Je pense pouvoir éclairer ta lanterne. Je n'ai pas étudié les pouvoirs du Côté Obscur, bien sûr. En revanche, j'ai accepté ma noirceur. Ashla, ou Côté Lumineux, demande calme, altruisme et paix d'esprit pour ne citer qu'eux. Bogan, ou Côté Obscur, dépend plutôt de la colère, de la haine ou de la douleur… Ces émotions sont celles que nous ressentons tous au cours de notre vie. Mais si tu n'écoute jamais ta colère ou la douleur que tu ressens, ce n'est pas sain. Cela pourrait même te conduire à faire de mauvais choix. Par contre, si tu n'écoute que ton altruisme, il se pourrait tout aussi bien que tu fasses du mal sans t'en rendre compte. Et là encore, tu pourrais en souffrir. Ou les gens autour de toi pourraient en pâtir.

Juste inspirer profondément, essayer de calmer cette peur. Elle sait que Nicia a raison. Après tout, cela fait deux millénaires que le conseil a compris ce problème et a essayé de le corriger. Deux millénaires qu'on sait que se contenter de laisser seulement le côté clair de la Force parler finit par provoquer des problèmes tôt ou tard. Même les plus purs des Jedi finissent par plonger ou perdre un duel en se limitant de la sorte. Alors que la fay boit une gorgée de son verre avant de reprendre, lui expliquant cette fois à quoi servaient les lunes de la planète, Viviane se rappelle avoir effectivement lu ça plus tôt dans la journée avec l'aide d'Aliana. ceux qui s'enfonçaient trop dans les ténèbres finissaient sur Bogan, la plus sombre pour pouvoir baigner et méditer dans la lueur d'Ashla. Ceux qui baignaient trop dans la dite lumière finissaient quant à eux sur Ashla pour méditer dans l'ombre de Bogan. Ironique et étrangement déprimant de voir à quel point les règles ont changées au fil des millénaires. L'espace d'un instant, elle ne peut pas s'empêcher de se demander comment c'était avant la guerre contre les Rakatas, puis le premier schisme. Cela fait déjà plusieurs semaines qu'elle se demande s'il serait possible de recréer la premier Ordre, voir s'il n'y aurait pas moyen de recoller les deux morceaux. De recréer ce qui fut détruit. Mais elle ne voit pas du tout comment ce serait possible : vu le temps passé à se battre, Jedi et Sith ne risquent pas de décider de redevenir amis de sitôt. La seule et unique fois où les deux camps ont réussi à s'entendre était en effet contre Darth Phobos et la paix n'a vraiment pas durée longtemps une fois cette dernière abattue. d'après Arsenicia, écouter cette voix qui murmure dans ses visions ne veut rien dire : seuls les choix qu'elle fera compteront.. Alors que la main de la Fay quitte la sienne pour qu'elle retourne cuisiner, Vivi ne peut pas s'empêcher de ressentir une forte sensation de solitude et elle baisse timidement la tête, essayant de ne pas montrer les émotions qui brûlent en elle. L'idée de devoir affronter de nouveau cette vision la terrifie. Mais en même temps, s'il y a moyen de découvrir enfin de quelle planète il s'agit... Au moins, savoir qu'elle ne sera pas seule... Méditer avec Nicia est quelque chose qu'elle n'a plus fait depuis un bon moment déjà... et même si elle n'aime pas méditer, au moins, elle sait que si sa vision revient, elle ne sera pas seule pour l'affronter...

"euh... Je v-veux bien. ca fait... longtemps qu'on a plus médité ensemble et... peut être que je comprendrai mieux si elle r-revient et... que v-vous euh... tu es là."

Même avec leur lien et le fait qu'elle l'aime beaucoup, tutoyer Arsenicia est toujours aussi étrange, quoi qu'elle y parvienne assez facilement une fois rassurée. Mais pour le moment, elle a trop de choses en tête pour réellement y réfléchir, si bien qu'elle sourit timidement avant de boire une autre gorgée de son soda, laissant son regard fixer le vide un bref moment. Affronter sa vision... La Force se remet à bouillonner en elle, mais elle se contente de l'ignorer, fixant toujours ce qui l'entoure. La décoration du vaisseau est toujours aussi belle, toujours aussi douce. C'est amusant qu'elle se sente tellement plus en sécurité dans un simple vaisseau qu'au temple, en dehors peut être du lac et des archives. Le souvenir de tout ce que la Fay vient de lui dire flotte en elle et elle ferme les yeux, essayant de concentrer tout le courage dont elle dispose. Elle sait qu'elle devra tôt ou tard affronter cette peur. Au moins, elle ne sera pas seule pour le faire. Mais le murmure en elle continue à la tourmenter.

"Y'a des moments... Où le murmure change. Où il me d-dit qu'à la place, essayer de réunir ombre et lumière pourrait... éviter ça. Recréer le premier Ordre. Mais... cette idée est... enfin... Jedi et Sith ont beau avoir f-fait qu'un avant, le conflit et la haine entre eux durent d-depuis des millénaires. Je... comment est ce que quiconque pourrait... convaincre les deux camps de s'allier de nouveau ? La dernière f-fois, ça a pris une Sith complètement f-folle et sa secte pour que nos camps arrêtent de se battre et... ils s'y s-sont remis sitôt la menace écartée...

Viviane était sur le fil du rasoir. Arsenicia le sentait. À tout instant, elle était sur le point de basculer. Vers quoi exactement ? Impossible de le voir clairement. Mais une chose l'était, clair. La Padawan du Covenant tendait la main pour éviter la chute. Elle se savait dans une mauvaise posture et comprenait qu'elle avait besoin d'aide. Qu'elle n'avait pas à faire face seule. Et c'était une très bonne chose.

De l'autre côté du comptoir, Ombrelune ne laissait rien paraître. Ou, tout du moins, elle s'était composé un faciès détendu et amical. Mais ce n'était en partie qu'apparence, car la Maîtresse de l'Ordre Jedi était en pleine réflexion. L'une de ses pensées la ramenait des années en arrière, alors que la jeune fille était encore une Novice. Nicia aurait aimé la former elle-même, et non la confier au Covenant. Hélas, le don de Viviane échappait en partie à la compréhension d'Arsenicia, ainsi qu'à sa maîtrise. Le Covenant était un choix éclairé pour guider Viviane sur le bon chemin et l'accompagner… En théorie, tout du moins. Car, après tout, c'était vers la Fay que la jeune fille s'était tournée, et non vers son Mentor. Ou d'autres Prophètes.

Finalement, Ombrelune avait un rôle à jouer dans son apprentissage, aussi infime fût-il.

— Alors nous ferons cela, approuva Nicia en relevant ses prunelles océaniques vers Viviane.

La gêne de la jeune fille était attendrissante et la Jedi eut la délicatesse de ne pas la relever. Il était vrai qu'en grandissant, un léger fossé s'était créé entre elles. Passer d'un cadre privé à un cadre public rendait leurs interactions un peu chaotiques, sans parler de la timidité naturelle de Viviane.

Une timidité qu'elle était capable de vaincre avec un peu de temps et un coup de pouce d'Arsenicia, qui lui sourit gentiment tout en terminant sa pâte. Elle se détourna un instant pour saisir un plat, puis y ajusta le mélange de farine et d'eau qu'elle venait de façonner et d'étaler. Vint ensuite le reste des ingrédients, le tout mélangé dans de la crème et agrémenté de plus de fromage que nécessaire.

Ces gestes simples et ce léger silence permirent à Viviane de rassembler ses pensées et de reprendre la parole. Ombrelune avait senti son besoin de s'exprimer et lui avait laissé tout le temps nécessaire pour le faire, sans la presser un seul instant. Elle était donc naturellement satisfaite de voir la jeune fille sauter le pas pour dire ce qu'elle avait en tête.

Ses paroles firent lever les yeux à la Jedi, qui la dévisagea un instant avant de reprendre la confection de sa quiche comme si de rien n'était. Elle alluma le four de la cuisine et enfourna le plat aussitôt, réglant le minuteur sur quarante minutes.

— Ah ça…

L'air beaucoup plus sérieux, Nicia posa ses mains de part et d'autre du plan de travail, légèrement penché en avant. Son verre était juste devant elle, entre Viviane et son buste, mais elle n'y toucha pas.

— Je vois où tu veux en venir… Je crains que des millénaires de conflits nous aient définitivement séparés. L'idéologie des Jed'aii s'est perdue. Peu l'évoque au sein de l'Ordre et, généralement, c'est dans le but de prouver que l'Ombre et la Lumière ne peuvent pas coexister en harmonie.

Consciente d'être sur une pente dangereuse, Nicia se pencha en avant en rassemblant ses coudes. Elle posa son menton sur ses paumes ouvertes, se plaçant ainsi à la hauteur de la jeune fille qui lui faisait face. Son air détendu contribuait à rendre la discussion moins intimidante qu'elle l'était réellement.

— Je n'en parle pas beaucoup parce qu'il s'agit de ma vie privée, mais je pense que cela pourrait t'aider à comprendre pourquoi je suis catégorique sur ce point, continua Nicia. Ma femme est une Hapienne et a rejoint la République il y a des années. Mais elle a côtoyé les Sith de très près lorsqu'elle était encore là-bas, lui apprit la Fay.

Cyrène Solaris n'était pas un sujet sur lequel la Maîtresse de l'Ordre s'épanchait. Comme elle venait de le dire, il s'agissait de sa vie privée. Ce n'était pas un secret, car Arsenicia ne s'empêchait pas de s'afficher au bras de la belle Amiral… Mais elle évitait d'en discuter à tout-va. Elle n'avait pas besoin de placer son couple sous les projecteurs, ne serait-ce que pour ne pas faire courir trop de risques à Cyrène.

— Elle m'a souvent parlé de ses quelques rencontres avec eux. Comment ils se comportent, comment ils voient les autres mais également comment ils sont entre eux. C'est une généralité, bien entendu, car il y a toujours des exceptions… mais le fossé entre nous est impossible à combler, nous sommes trop différents après des millénaires d'évolution de nos Ordre respectifs.. Et de ma propre expérience… La dernière fois que je me suis frottée aux Sith de très près… C'était même de trop près. Résister à la corruption était une véritable épreuve… Tous n'y ont pas survécu… J'y ai perdu un ami. Et un bras.

Le souvenir de ce combat contre l'un de ses plus proches amis, sur Nan'thri, fit longuement frissonner la Jedi. Elle détourna le regard, pensive, alors que le duel se jouait dans sa mémoire. Les coups de sabre laser, les paroles échangées… Son propre corps dans un étau invisible… Son bras droit en mille morceaux, couvert de lambeaux de peau qui tenaient à peine ensemble. Sans s'en rendre compte, Arsenicia posa sa main gauche sur son avant-bras droit, qui n'avait plus rien d'organique depuis cet événement, vingt ans plus tôt.

— Bien sûr, je fais une généralité. Je connais même personnellement un cas de rédemption. Mais même dans ce cas-ci, cette personne à totalement rejeté le Côté Obscur et ses usages.

Pas de balance, donc.

— Mais peut-être que ta vision ne parle pas de réunir nos deux Ordres. Tout dépend des paroles que tu entends, mais d'un certain point de vue, cela ne peut-il pas évoquer une personne en particulier ? Quelqu'un qui doit accepter sa part d'ombre et de lumière pour avancer, suggéra Nicia avec un regard appuyé vers Viviane.

La force ronronne légèrement. C'est l'impression qu'elle. Comme un chat Manka qui vient juste de terminer un bon repas et se lèche les babines tout en se dorant au soleil. La Force ronronne doucement et elle sent que son coeur est plus léger pour le coup, même si elle sent encore un léger fourmille dans sa main gauche, où trônait ce maudit holocron quelques semaines plus tôt. une marque qui est restée sur elle, mais qui est pour le moment moins effrayante, moins pesante, peut être parce qu'elle est avec une personne en qui elle a totalement confiance et que cette personne vient de lui dire que oui, elles méditeront bien ensembles. Cela dit, ce ronronnement prend rapidement fin lorsqu'elle fait part du deuxième murmure et des doutes qu'il fait naître en elle. Presque immédiatement, alors qu'Arsenicia relève les yeux vers elle, l'ambiance détendue devient subitement beaucoup plus froide et sérieuse, quoi que toujours pas menaçante ou pesante. La quiche est rapidement mise au four, mais tout ce qu'elle voit sont les yeux de la maîtresse de l'orde, plongés dans les siens alors qu'elle se penche au dessus du comptoir. Il n'y a aucune agressivité ni jugement, mais... Elle peut facilement voir que Nicia est sérieuse et semble chercher quelque chose à répondre. Une réponse qui finit par arriver avec calme et lenteur.

— Je vois où tu veux en venir… Je crains que des millénaires de conflits nous aient définitivement séparés. L'idéologie des Jed'aii s'est perdue. Peu l'évoque au sein de l'Ordre et, généralement, c'est dans le but de prouver que l'Ombre et la Lumière ne peuvent pas coexister en harmonie.

La situation est horriblement intimidante pour le coup, même si Fay se dépêche de se mettre à sa hauteur en posant sa tête sur sa main droite tout en la fixant. Elle a l'air si... catégorique... mais elle lui explique rapidement pourquoi et Vivi reste un moment surprise, mais aussi étrangement embarrassée. Depuis le temps qu'elles se connaissent, elle ignorait en fait beaucoup de sa protectrice. Que cette dernière ait une préférence pour les femmes entre autre. Apprendre qu'elle est mariée à une autre femme a quelque chose de surprenant, mais elle ne bronche pas plus que ça. L'orientation sexuelle d'autrui n'a que peu d'intérêt. C'est une des premières choses qu'elle a apprise en grandissant. Elle-même ignore complètement la sienne ou même si elle en a une d'ailleurs. L'amour est l'amour après tout... et bien qu'elle sache qu'il y a toujours des imbéciles dans la galaxie qui diront tout le contraire, elle s'en moque totalement. Non, en fait, ce qui la surprend le plus, c'est bel et bien que la Fay soit mariée, mais ce n'est pas la seule surprise...

— Elle m'a souvent parlé de ses quelques rencontres avec eux. Comment ils se comportent, comment ils voient les autres mais également comment ils sont entre eux. C'est une généralité, bien entendu, car il y a toujours des exceptions… mais le fossé entre nous est impossible à combler, nous sommes trop différents après des millénaires d'évolution de nos Ordre respectifs.. Et de ma propre expérience… La dernière fois que je me suis frottée aux Sith de très près… C'était même de trop près. Résister à la corruption était une véritable épreuve… Tous n'y ont pas survécu… J'y ai perdu un ami. Et un bras.

Oh ? Alors... c'est comme ça qu'elle a perdu son bras droit ? Viviane s'est toujours posée la question en fait, mais n'avait jamais osé la poser de vive-voix. Mais là encore, la vraie surprise est ailleurs : Apprendre que sa protectrice est mariée à quelqu'un ayant collaboré avec les Sith... Mais aussi rapidement que le pensé est apparue, elle l'a chasse avec violence : ce ne sont pas ses affaires ! Elle n'a aucun jugement à porter, ni aucune question à poser sur le sujet ! Si Arsenicia est mariée à cette femme (qui d'après elle n'a en plus plus aucun contact avec les Sith), c'est que tout va bien et qu'il n'y a plus rien à dire ou à penser sur le sujet. Cela dit, elle ne peut pas s'empêcher de songer au reste de la phrase : Un bras, mais surtout un ami...

****Il n'y a ^pas de mort, il n'y a que la force****

Une phrase qui résonne avec fureur en elle une fois de plus, comme toutes les fois où elle voit ou entend parler de la Mort d'une manière ou d'une autre. Une phrase qu'elle a appris à haïr avec à peu près la même vigueur que ses pouvoirs, sinon plus. Une phrase qui, elle en a toujours l'horrible impression, empêche les Jedi de faire leur deuil. Combien de personnes elle a vues revenir seules de missions alors qu'elles étaient parties à plusieurs ? Combien de fois elle en a vu certains en pleurs ou en tous cas, horriblement déprimées pour des semaines, voir plus, sans jamais pouvoir faire ou dire quoi que ce soit pour les consoler, aussi bien par timidité que par respect pour ce Code qu'elle est censée suivre ? Si elle respecte le Code Jedi, cette phrase est pour elle source de frustration. La dernière personne qu'elle a vue suite à la mort d'un proche... Elle ne peut pas s'empêcher de frissonner en se rappelant de l'impression de pure famine que la force produisait autours d'elle. Comme si une plaie béante avait été laissée dans son esprit par la mort de son ami et qu'elle était incapable de combler cette plaie seule.. Si finalement, la "plaie" a été guérie après plusieurs jours auprès des soigneurs du temple... Cette personne n'a plus jamais sourit depuis et quelque chose lui dit qu'elle ne sourira plus, même alors que la "famine" autours d'elle semble avoir été soignée.

""Je... hais cette phrase..."

Un simple souffle, une pensé qui a résonnée avec une telle force qu'elle a échappée à ses lèvres, cependant pas assez fort pour être entendue par la plupart des gens. Un bref instant, elle peut voir le vaisseau se déformer autours d'elle, mais presque immédiatement, elle est arrachée à sa transe par la voix d'Arsenicia, le léger "hurlement" que la Force commençait à produire en elle étant immédiatement stoppé tandis qu'elle respire profondément, bloquant comme elle le peut la vision qui commençait à l'appeler. Le voile disparaît, le vaisseau reprenant sa forme normale et le visage de sa protectrice réapparaissant devant elle... lui permettant de se rendre compte que sa transe a duré suffisamment longtemps pour qu'elle rate une partie de la conversation.

— Mais peut-être que ta vision ne parle pas de réunir nos deux Ordres. Tout dépend des paroles que tu entends, mais d'un certain point de vue, cela ne peut-il pas évoquer une personne en particulier ? Quelqu'un qui doit accepter sa part d'ombre et de lumière pour avancer,

Le clin d'oeil appuyé a quelque chose de rassurant, mais pour le moment, Vivi est plus troublée qu'autre chose par la violence pulsion de haine qu'elle a ressentie et surtout, par le fait qu'elle soit arrivée à repousser une vision si facilement, juste en entendant la voix de la Fay. Une légère désorientation lui vrille la tête, cependant beaucoup moins forte que ce à quoi elle est habituée, mais pour le coup...

"euh... Désolée je... J'ai eu... Juste un moment de..."

Elle se demande soudainement si les signes que ses maîtres lui ont indiqués sont apparus sur elle à ce moment. Si ses yeux avaient viré au blanc, la Fay s'en serait obligatoirement rendue compte, sans même parler des remous que son pouvoir déclenche. Est ce que c'était une vraie vision ou juste une hallucination due à la faim et à la fatigue ? Elle se dépêche de prendre une autre gorgée de son soda, finissant ce dernier avant de fermer les yeux.

"Chaos et harmonie : Ordre Je'Daii... coeur de la Force. La Force doit souffrir d'être ainsi divisée. Ashla et Bogan... Si elles sont réunies... est ce que le cauchemar s'arrêtera ?."

A mesure qu'elle récite cette phrase, elle s'en souvient de mieux en mieux. Un murmure qui résonne en elle des fois la nuit. Comme une promesse, un désir. Beaucoup disent que la Force est une entité vivante qui respire, Qui souffre... Si elle vit comme ceux qu'elle créé, est ce qu'elle-même pourrait souffrir en étant ainsi divisée par ses propres servants ? Les mains rejoignent ses tempes, essayant de bloquer l'intense migraine qui commence à l'envahir tandis qu'elle murmure presque plaintivement, essayant de ne pas avoir l'air aussi enfantine qu'elle l'était toutes ces années plus tôt : après tout, elle a seize ans maintenant !

B-bon sang, plus je les fais... moins ces s-stupides rêves ont un sens... Tout comme les livres et holocrons qui... arrêtent pas de se contredire ! C'est... tellement idiot !"

Arsenicia ne voulait pas trop dans la négativité ou le rejet. Viviane et elle avaient deux points de vue différents, avec des arguments différents, et la Fay souhaitait plus que tout garder un dialogue ouvert avec la jeune femme. Mais l'avis d'Ombrelune sur les Sith était très tranché, cela été certain. Et la position qu'elle avait naturellement adoptée pour en discuter avec la Prophétesse ne laissait guère de place à l'argumentation. Quant à la surprise qu'Arsenicia décela dans le regard de Viviane, la Fay était bien incapable d'assumer catégoriquement si cela avait à voir avec cet avis si ferme ou avec autre chose, comme lui apprendre si soudainement qu'elle était marié. Cela lui semblait si futile à côté de cette conversation si importante…

Et bien qu'Arsenicia poursuivait sur un ton plus doux, Viviane semblait ailleurs. Elle n'écoutait pas, ou seulement à moitié. Mais plutôt que de s'en formaliser, la Fay fit comme si de rien n'était, laissant la Force s'écouler entre elles et tourbillonner avec une certaine rigueur autour de la jeune femme. Que se passait-il ? se demanda Ombrelune en avisant le regard troublé de la Padawan. Cela arrivait-il souvent ?

— Je vois cela. Est-ce que ça va ? S'enquit Arsenicia après un instant en fronçant les sourcils.

Ombrelune se disait que ce n'était rien d'alarmant. Si Viviane avait été un sujet préoccupant, les Prophètes seraient venues lui en parler à un moment ou à un autre. Ou cela aurait été évoqué pendant une séance du Conseil, même si Ombrelune doutait davantage de ce point. Le Covenant avait toujours été d'une nature discrète, quitte à s'attirer l'animosité de certains Jedi peu friands de tant de mystères, et ce, au grand désarroi d'Arsenicia.

Désarroi qui ne fit que croître tandis que la jeune femme approchait ses mains de ses tempes. Viviane souffrait, cela Ombrelune en était certaine. C'est pourquoi la Fay fit de nouveau le tour du comptoir pour venir doucement poser sa main sur le sommet du crâne de la jeune fille. Les migraines, contrairement aux visions, avaient une source bien physique qu'Arsenicia comprenait et était donc en mesure d'influencer. Celle-ci laissa donc la Force agir sur la Padawan, s'attaquant notamment à ce cerveau qui carburait trop vite. Avant les migraines, Ombrelune avait appris autrefois que les vaisseaux sanguins se rétractaient avant de se dilater d'un coup. Elle vint donc s'assurer de corriger doucement ce problème, de telles sortes à ce que la douleur s'en aille progressivement.

— Est-ce que tu te sens mieux ? Lui demanda doucement la Jedi.

Elle glissa un doigt sous le menton de la jeune fille pour la forcer à la regarder. Cette fois-ci, Arsenicia ne chercha pas à dissimuler son inquiétude vis à vis de la jeune femme.

— Viens.

C'était un ordre bien que le ton n'y était pas. Et pour s'assurer que Viviane la suive, Ombrelune lui prit doucement la main et la tira derrière elle jusqu'au salon. Elle la fit asseoir sur un pouf et prit place sur un second. La Maîtresse de l'Ordre posa ensuite ses coudes sur ses genoux et tourna ses paumes vers le ciel.

— Donne-moi tes mains.

Arsenicia attendit que la jeune femme s'exécute.

— Que cherches-tu exactement, Viviane ? Lui demanda-t-elle en refermant délicatement ses doigts sur ceux de la Padawan. J'ai évoqué toute à l'heure l'hypothèse suivante : ce n'est pas la Force qui doit se rassembler, mais toi qui dois accepter ta part d'obscurité. Accepter ces visions et ce don qui te fait peur. Mais toi, quel sens aimerais-tu donner à ce que tu vois ?

Tout en posant ces questions, les paupières de la Fay vinrent se refermer sur ses prunelles.

— Ferme les yeux et respire profondément. Lorsque tu te sens prête, dis moi ce qui te passe par la tête. Ne réfléchis pas, laisse la Force te porter.

L'heure de la méditation était arrivée et ce n'était certainement pas ce que Viviane avait imaginé en premier lieu, lorsqu'Arsenicia l'avait évoqué un peu plus tôt.

La migraine est presque aveuglante pour le coup. Débilitante au point qu'elle soit totalement incapable de se concentrer. La voix d'Arsenicia retentit doucement à côté d'elle, mais elle peine à comprendre ce qu'elle dit, du moins jusqu'à ce que qu'une main ne se pose sur son crâne et que quelque chose ne semble subitement commencer à résonner en elle. Un bref moment, elle se rend compte que la fay est juste devant elle et qu'elle fait quelque chose avec la force, mais dans son état, elle est incapable de réellement comprendre quoi... du moins jusqu'à ce que la douleur horrible ne commence à se calmer. Peu à peu, elle parvient à reprendre son souffle et se rend compte de ce qui vient de se passer : Nicia a utilisée la Force pour la soigner, bien qu'elle ne sache pas vraiment comment. Ses leçons sur le soin étant presque inexistantes, la plupart de ses heures étant passées à apprendre à "voir"... Une chose qui l'a toujours plus ou moins irritée d'ailleurs : il y a tellement à apprendre ! Mais non, elle doit avant tout se fixer sur ce stupide pouvoir et pour le reste... se contenter de pratiquement mendier des leçons ça et là.

— Est-ce que tu te sens mieux ?

Une question posée avec douceur alors que la main gauche de Nicia se place sous son menton pour la forcer à relever la tête. Se sentir mieux ? Oui... maintenant que cette douleur est partie, elle va beaucoup mieux, mais en même temps, ses craintes et doutes demeurent, quoi qu'étant plus calmes. Avant qu'elle ne puisse répondre, la Fay se lève en lui ordonnant doucement de la suivre, puis en lui agrippant la main pour la tirer en direction de la salle à vivre. L'espace d'un instant cependant, Vivi sent un puissant frisson envahir sa colonne vertébrale lorsqu'elle entrevoit l'inquiétude sur le visage de la maîtresse de l'Ordre. Oh oui, il s'est passé quelque chose. Elle ignore toujours quoi : si c'était vraiment une vision qu'elle est arrivée à repousser ou un moment de faiblesse. Dans les deux cas, c'est quelque chose dont elle se passerait volontiers. L'idée d'inquiéter Arsenicia lui vrille le coeur, mais elle se doute que ce n'était qu'une question de temps de toutes manières : avec tout ce qu'elle a dans la tête... Alors qu'elle se retrouve assise sur un pouf et que sa protectrice prend place devant elle tout en lui demandant de lui donner ses mains, Vivi ne peut pas s'empêcher de fermer les yeux. Méditer... a toujours été quelque chose qu'elle a craint de faire depuis qu'elle a pris conscience du fait que ça augmentait l'intensité de ses visions. Mais si Nicia est là... Est-ce que ça sera si terrible ? Peut être qu'elle pourra la guider mieux que son maître ? En dépit du frisson qui l'envahit, elle s'exécute timidement, plaçant ses deux mains dans celles de la Fay tout en inspirant profondément. Bien que ses yeux se rouvrent un bref moment, elle les ferme à nouveau en même temps que la maîtresse de l'Ordre, cette dernière lui posant doucement une simple question :

— Que cherches-tu exactement, Viviane ? J'ai évoqué toute à l'heure l'hypothèse suivante : ce n'est pas la Force qui doit se rassembler, mais toi qui dois accepter ta part d'obscurité. Accepter ces visions et ce don qui te fait peur. Mais toi, quel sens aimerais-tu donner à ce que tu vois ?

Ce qu'elle désire ? Ce qu'elle cherche ? Elle-même ne l'a jamais vraiment su. Elle ne le sait toujours pas d'ailleurs. Depuis la première fois où elle y a été confrontée, cette maudite vision est devenue son monde et tout ce qui la définissait. Stopper ce massacre à n'importe quel prix, n'importe quelle condition... Puis elle a touché cet holocron et tout a commencé à mal tourner. Entre les nouveaux cauchemars, le retour en force de cette vision et les idées qui ont commencé à lui tourner en tête. Elle se rappelle des pires moments qu'elle a eu au sein de l'Ordre depuis son arrivée. Moments où elle en arrivait à maudire ce don, chose qui lui arrive d'ailleurs toujours de temps à autres. Moments où elle détestait pratiquement le destin, la Force et... en règle générale, tout ce qui aurait pu de près ou de loin faire d'elle ce qu'elle est. Un souhait qu'elle a toujours eu : apprendre. Même avant de prendre conscience de la Force et d'avoir l'esprit empoisonné par cette vision, apprendre était quelque chose qu'elle adorait et qu'elle adore toujours d'une certaine manière. Mais la vision est arrivée... elle a vu ce futur qu'elle s'est mise à redouter autant qu'à haïr de toutes ses forces. Une profonde terreur en se souvenant que sur le moment, elle avait cru qu'il s'agissait d'un futur pour Naboo avant que d'autres visions ne la rassurent, ironiquement en lui montrant une destruction ne laissant absolument aucune trace de quoi que ce soit de connu. Hors, à moins de littéralement vaporiser toute la planète, il y aurait forcément eu quelque chose de familier ! Mais son esprit revient à la question. Et à quelle réponse donner. Pourquoi elle ? En fait, sa première question a toujours été celle là. Pourquoi elle et elle-seule ? A sa connaissance, elle est la seule et unique prophétesse à laquelle cette vision est apparue. Son maître lui a juré ne l'avoir jamais eue de son côté, au point qu'il lui arrivé fréquemment de se demander si c'était vraiment une vision ou un simple cauchemar récurrent et plus violent que les autres ! Mais apparemment... ce n'est pas le cas. Plusieurs profondes inspirations et expirations, alors qu'un calme profond commence à l'envahir. Méditer n'est pas quelque chose qu'elle aime faire habituellement, mais pour la première fois... elle se sent totalement en sécurité. Les premiers mots commencent à sortir avec hésitation :

"Je... ne sais p-pas vraiment pour être honnête... Je veux apprendre... ça, c'est t-toujours là. Mais à part ça... Je veux juste... Je ne v-veux pas que le f-futur soit... aussi mauvais."

En fait, alors qu'elle commence à se perdre dans sa méditation, diverses idées commencent à flotter en elle. Ses yeux restent fermés, mais elle commence à voir... Oui... voir, c'est l'impression qu'elle a. Un souvenir ? Non, autre chose... mais quoi ? Soudainement, le temps semble s'arrêter. Non, en fait... On dirait plutôt qu'il n'existe plus. Elle sent toujours les mains de Nicia autours des siennes, une douce chaleur qui la rassure. Elle peut aussi sentir sa présence, rassurante et familière. Est ce que c'est ça qu'elle veut ? La sécurité ? Juste... une chaleur qui la protège ? Non... Quelque chose lui dit que ce n'est pas ça. Que c'est certes quelque chose de bon, qu'elle peut obtenir et partager, mais que ce n'est pas son but final. Il y a autre chose... Mais quoi ? Tout semble commencer à tourner autours d'elle, des mots qui semblent presque hésiter à approcher, hésiter à être prononcés. Un bref moment, une image, montrant une vieille balance semble tenter de s'imposer en elle, mais disparaît avant même qu'elle ne puisse réellement la reconnaître. Puis soudain :

****Est ce que tu vis ? Ou est ce que c'est cette vision qui te fais vivre ? Est ce que tu es toi-même ou est ce que tu es juste une prophétesse ? Ashla... Jed'aii, Bogan... Pourquoi cet intérêt ? Pourquoi les désirer ? Est ce qu'elles peuvent juste... être toi ?****

Elle... Ce mot résonne étrangement dans ses pensés alors que quelque chose semble presque ronronner en elle. Est ce que c'est ça qu'elle veut ? Sans même s'en rendre, elle le murmure doucement, bien que suffisamment fort pour être entendue alors que tout continue à la bercer légèrement autours d'elle. La chaleur est toujours là. Toujours rassurante. Toujours calme, toujours protectrice. Le temps est toujours comme silencieux. Il semble retenir son souffle, essayer de ne pas se montrer. Le murmure lui échappe tandis que tout semble s'assombrir. Aucun bégaiement, aucune hésitation cette fois. Juste...

"Je veux... pouvoir être moi. Être libre. Ne plus avoir peur de la lumière et de l'obscurité. Juste avoir un futur où je n'aurait plus à avoir peur de voir une planète mourir avec ses habitants. C'est ça que je veux... Être juste... Viviane. Pouvoir apprendre avec les autres, pouvoir aider... pouvoir... rêver et aider à rêver..."

Oui, c'est ça qu'elle voit maintenant. Juste pouvoir être Viviane Sombregloire. Pas Viviane la prophétesse en formation. Pas Viviane, constamment effrayée par ses dons. Mais elle peut déjà ressentir que quelque chose tente de reprendre racine dans son coeur. Comme la morsure d'un Opee qui tenterait de se refermer autours de son coeur. Un doute qui enfle en elle. Est ce que c'est... égoïste de sa part ? De juste vouloir être elle-même alors que quelque part... UN MONDE RISQUE DE S'ETEINDRE A TOUT MOMENT ?! Son coeur commence subitement à s''emballer et la rassurante obscurité se fends lentement, laissant passer une lumière horriblement froide, mais la chaleur, toujours présente autours de ses mains se rappelle subitement à son souvenir, semblant stopper l'éclatement... même si une vague pointe d'amertume demeure...

La méditation conjointe - ou guidée - était une excellente façon d'arpenter les tréfonds de soi-même sans risquer de s'y perdre. En tenant les mains de Viviane, et en l'accompagnant à travers la Force, la Fay s'assurait donc de sa sécurité, mais également de la rassurer. Il n'était pas évident de faire face à sa propre noirceur et, dans le cas de la jeune prophétesse, ses visions étaient source de grands tourments. Arsenicia n'ignorait pas que la jeune fille n'aimait pas méditer.

Cependant, Viviane s'exécuta rapidement et sans rien dire. Son appréhension était palpable, bien sûr, mais la jeune fille n'était pas dans le refus d'obtempérer. Au contraire, sa confiance envers Arsenicia semblait être source de motivation cette fois-ci. Elle savait que son aînée n'allait pas la laisser tomber.

Cette dernière était dans l'observation. Sa poitrine se soulevait régulièrement au rythme de sa respiration tandis que son esprit s'ouvrait davantage à son environnement. Elle voyait sans voir, mais son regard au travers de la Force était braqué sur Viviane et éclipsait le reste.

C'est alors que la jeune fille se mit à parler, évoquant son désir d'apprendre mais également la crainte de ce futur apocalyptique. Ses paroles étaient hésitantes et sa présence dans la Force vacillait. Du moins, jusqu'à ce qu'à un certain point.

Lorsque Viviane reprit la parole une seconde fois, quelque chose semblait avoir changé en elle. Arsenicia avait de la difficulté à le percevoir, mais elle sentait clairement un grand calme habiter la jeune fille. C'était étrange. Qu'avait-elle vue ou sentit pour changer si soudainement ? Ses paroles restèrent ancrées dans le cœur de la Fay tandis qu'elle sentait Viviane perdre de nouveau pied et… s'éteindre ? Ou se refroidir.

Fronçant les sourcils dans la réalité, Arsenicia entreprit d'étendre son aura autour de la jeune fille pour faire taire l'obscurité. La manifestation du pouvoir de la Fay prit pied dans la réalité lorsqu'une vive lueur sembla s'échapper de sa poitrine et éclairer doucement le visage de Viviane.

Ce n'est pas égoïste, c'est humain, commença doucement Ombrelune télépathiquement. Si tu veux être juste Viviane, tu dois apprendre à lâcher prise. Le futur est en constant mouvement. Ce que tu vois est aussi insaisissable que la brume… Ton pire ennemi n'est pas ton don, Viviane… mais toi-même.

Doucement, Arsenicia rouvrit les yeux et dévisagea la jeune fille assise en face d'elle. Puis elle reprit doucement dans son esprit.

Lorsque tu auras compris cela, tu seras en mesure d'avancer et d'ériger les barrières nécessaires autour de ton esprit pour contrôler les visions.

La présence d'Arsenicia autours d'elle est douce, protectrice et... presque maternelle d'une certaine manière. Son coeur manque un battement quand elle se rend compte de cette sensation et que cette pensé la parcourt. Mais cette présence aide, surtout quand la voix de la Fay retentit autours d'elle :

Ce n'est pas égoïste, c'est humain. Si tu veux être juste Viviane, tu dois apprendre à lâcher prise. Le futur est en constant mouvement. Ce que tu vois est aussi insaisissable que la brume… Ton pire ennemi n'est pas ton don, Viviane… mais toi-même. Lorsque tu auras compris cela, tu seras en mesure d'avancer et d'ériger les barrières nécessaires autour de ton esprit pour contrôler les visions.

Le calme revient, le doute refluant rapidement. Humain ? C'est ça être humain ? Non, pas seulement. Être individualiste est quelque chose qui, elle le sait, est propre à beaucoup d'espèces, pour ne pas dire la quasi-totalité des espèces dans la galaxie. Ses pensés sont étrangement confuses d'un coup et elle inspire, essayant de se recentrer. La peur est là, quelque part. Elle est toujours présente et le restera surement jusqu'à ce qu'elle sache enfin quelle planète est visée et comment stopper le carnage avant qu'il n'arrive... ou jusqu'à ce qu'il arrive en fait. Une idée qui lui glace le sang. Elle a toujours des doutes : pourquoi elle ? Pourquoi SEULEMENT elle en fait ?! Pourquoi est ce qu'elle est la seule à voir ça ? Depuis un bon moment déjà, elle se questionne, se demandant si c'est une vraie vision ou quelque chose d'autre vu qu'elle est à sa connaissance la seule à l'avoir eue. D'après son maître, oui, ça en est une. Mais personne n'a jamais pu lui expliquer pourquoi elle seule l'avait et personne d'autre. Peut être une sensitivité accrue ou... un léger frisson l'envahit à cette idée : quelqu'un qu'elle connaît et aime sera dans cette bataille... ou elle-même. Prise comme elle l'est dans sa méditation, elle ne ressent cependant aucune panique ou peine réelle, plus une sorte de détachement avec une légère appréhension.

****Le futur... en mouvement****

Elle sait ça... Oh, le temps qu'elle a passé à maudire cette particularité d'ailleurs. Un futur qui ne reste jamais en place, qui semble constamment osciller, bifurquer et fourcher dans tous les sens. Des milliers d'embranchements qui semblent se former à la seconde, certains divergeant, d'autres finissant par converger vers un point qui deviendra ensuite le présent, plus le passé. Certains embranchements accèdent à un présent identique, mais le chemin qu'ils suivent est horriblement différent. Parfois, elle se demande comment sa continuité était avant qu'elle ne rencontre la Fay. Est ce qu'il y a des continuités où elle devient tout de même une Jedi malgré tout ? Sith ? D'autres où son pouvoir de s'éveille jamais, la laissant à une vie parfaitement banale sur Naboo ? D'autres où elle n'est même pas sensible à la Force en fait ?! Oh oui, le temps est un chaos sans nom et elle en est parfaitement consciente. Sans s'en rendre compte, elle répond inconsciemment à Nicia, toujours prise dans cette étrange sérénité :

"Le futur... est étrange. Chaque fois que je vois... On dirait plusieurs futurs qui essaient de se réunir. Ce massacre est une convergence, mais... Peu importe ce que je fais... je ne vois jamais la route qui y mène. Juste la fin..."

un sujet de fureur et de déception chez elle d'ailleurs. Elle n'a jamais réussi à comprendre d'où ça vient.

"P-peut être... un jour..."

Viviane était en pleine recherche d'identité, un passage inévitable pour la plupart des adolescents, mais qui semblait être un chemin bien plus ardu pour une apprentie Jedi. Du moins, c'est ce qu'Arsenicia pensait. Avait-elle commis une erreur par le passé en emmenant la jeune fille sur Tython ? Aurait-elle pu mener une vie plus heureuse sur Naboo ? Y avait-il une manière de la protéger de ces visions dérangeantes ? La Fay était plongée dans ses pensées, préoccupée, mais elle s'efforçait de ne pas le montrer.

Les paroles d'Arsenicia étaient empreintes de sincérité. Même si cela remontait à de nombreuses années, elle se souvenait avoir remis en question son propre sentiment d'identité. Était-elle simplement une Jedi ? Ou pouvait-elle aussi être une femme ordinaire ? Est-ce que sa fonction pouvait être dissociée de sa personne ? Ou était-elle prisonnière du rôle qu'elle avait toujours endossé ? Autant de questions auxquelles elle avait médité longuement avant de parvenir à une réponse satisfaisante. Cependant, ce travail, elle ne pouvait pas le faire à la place de Viviane. Elle ne pouvait que lui tendre la main et essayer de la guider.

Bien sûr, le problème des visions cauchemardesques restait entier. Arsenicia se sentait démunie, un sentiment qu'elle détestait profondément, et ne pouvait que tenter maladroitement d'aider Viviane. En tant que Jedi, elle avait déjà fait l'expérience de certaines visions, mais jamais avec l'ampleur et la fréquence des Prophètes. Elle aurait souhaité pouvoir lui apporter une aide plus concrète, mais cela semblait simplement hors de sa portée pour le moment. Peut-être pourrait-elle en discuter avec le Maître de la jeune fille, songea t-elle, afin de trouver une piste.

« Ce que tu vois aujourd'hui peut sembler dénué de sens, mais un jour, tu trouveras des réponses » déclara Arsenicia d'un ton réconfortant. La patience était une vertu souvent absente chez les jeunes, mais la Jedi parlait par expérience. Elle-même avait jadis eu besoin de prendre du recul sur certaines situations pour mieux les comprendre, et cela lui arrivait encore fréquemment.

« Je crains que la prochaine leçon que tu doives apprendre soit celle du lâcher-prise. », dit Arsenicia avec préoccupation. « Les réponses viendront, mais en attendant, il est préférable de te concentrer sur ce qui se présente devant toi. »

Que ce soit dans sa quête d'identité ou dans son entraînement en tant que Jedi, ce choix appartenait uniquement à Viviane.

« Ce que tu vois aujourd'hui peut sembler dénué de sens, mais un jour, tu trouveras des réponses »

Le nombre de fois où elle a entendue cette maudite phrase doit avoisiner le millier, voire plus. C'est pratiquement devenu le symbole de son maître qui la lui sort à toutes les sauces à chaque fois qu'elle a le malheur de lui poser une question un peu trop intrusive sur leurs pouvoirs. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles, en dépit de son respect pour lui, elle a parfois du mal à demeurer à ses côtés. Pour elle dont la curiosité brûle en permanence, s'entendre dire des choses pareilles est pratiquement une insulte personnelle ! Mais paradoxalement... Lorsque c'est Arsenicia, c'est étrangement moins blessant. Peut être parce que contrairement à son maître qui A les réponses, mais refuse juste de les lui donner (ou maître Garvan qui les a, mais préfère lui donner des indices pour la laisser comprendre par elle-même), la Fay n'a peut être pas les réponses dont elle a besoin. Et pour une fois, elle veut y croire. Croire qu'effectivement, la réponse viendra un jour.

« Je crains que la prochaine leçon que tu doives apprendre soit celle du lâcher-prise. Les réponses viendront, mais en attendant, il est préférable de te concentrer sur ce qui se présente devant toi. »

La voix de Nicia sonne étrangement, comme troublée, mais ne perce pas sa transe... bien qu'elle sente une légère pointe d'anticipation. Lâcher prise ? Comment ? Cette vision revient à chaque fois, troublant ses nuits, ses souvenirs... et même ses rares tentatives de méditation. Chaque fois qu'elle tente de se calmer, elle revient, la narguant avec à peu près la même cruauté qu'un Sith. Lâcher prise est quelque chose qu'elle adorerait faire, mais qui semble de plus en plus difficile au fil du temps, même avec les leçons qu'elle subit.

****Comment faire... pour lâcher prise ? Ce pouvoir hurle en moi. Le temps hurle toujours, comme s'il voulait m'en montrer toujours plus, me prouver qu'il peut toujours me montrer plus.****

Peut être... en voyant plus de choses ? En étudiant plus ? Remplacer une chose par une autre ? Son pouvoir est étrangement plus calme quand elle est épuisée après tout, même si dormir demeure généralement une horrible corvée.

"Et... comment je fais ça ?... Lâcher prise ?"

Arsenicia était consciente de l'ambiguïté qui régnait autour d'elle, non pas par choix, mais par nécessité. Installées dans le calme du salon, les ombres dansaient sur les murs, projetées par la lumière tamisée du vaisseau. Si elle en avait eu la possibilité, Arsenicia aurait volontiers offert à Viviane les réponses qu'elle cherchait désespérément. Cependant, la jeune fille devait parcourir ce chemin seule, car même la Maître de l'Ordre ne détenait pas toutes les clés du mystère. La principale limitation était évidente : elle n'était pas une Prophète. Elle pouvait certes comprendre les visions simplistes que la Force lui envoyait parfois ou celles qu'elle cherchait pendant ses méditations, mais ces dernières manquaient de la puissance, de la clarté et de la portée des visions des Prophètes.

— J'aimerais sincèrement pouvoir te guider plus efficacement dans la maîtrise de ton don, déclara doucement la Fay, percevant l'agacement palpable de la jeune femme dans son esprit. Vraiment.

Baissant la tête, même si Viviane ne pouvait pas la voir, Arsenicia continua pour répondre à la question de la jeune fille.

— Il est essentiel que tu acceptes que tu ne pourras pas obtenir toutes les réponses à tes questions ni tout contrôler, expliqua-t-elle. Tu dois apprendre à te focaliser sur une chose à la fois, comme ton entraînement, et accepter que le reste se dévoilera en temps voulu.

Dans cette atmosphère paisible, Arsenicia aurait souhaité trouver les mots parfaits pour apaiser les tourments de Viviane. Les murmures lointains de la Force semblaient se mêler aux ombres dansantes autour d'elles, ajoutant une dimension mystique à la conversation. L'air était imprégné de la présence apaisante de la Force, qui enveloppait les deux femmes d'une aura rassurante, même dans l'incertitude de l'avenir.

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