Le choc des classes au milieu des pods ! (PV Isiana) [Terminé]

« Pourquoi pas. »

C’était ce qu’Isïana avait répondu à la Cathar, encore nue et essoufflée de son ébat avec cette dernière, bien au chaud sous les draps et couvertures soyeux du lit de son invitée nocturne. Elle l’avait alors rencontré la veille lors d’une réunion mondaine où avaient été invitées plusieurs personnes influentes de l’APEX. La Twi’lek avait eu plusieurs rencontres intéressantes ce jour-là, dont ce Chiss et cette Cathar. Elle lui avait promis une nuit de luxure et elle avait plus que rempli son contrat ! Et voilà qu’à ce moment-là, alors que la Mauve appréciait le calme après la tempête, on l’invitait à une course de pod dans le plus beau stade de Nar Shaddaa, au carré VIP bien entendu ! C’était un divertissement qui convenait tout à fait à Isïana.

Entretemps, quelques jours étaient passés, la date était arrivée et la Cathar était tombée malade comme un bantha et avait dû annuler. N’en déplaise à la Mauve qui comptait en profiter malgré tout. Son départ pour Rasterous était imminent. Elle avait déjà tout préparé à vrai dire, il ne lui restait qu’à partir de Nar Shaddaa. Elle avait donc encore un peu de temps pour s’amuser, et elle comptait bien en profiter !

Elle était venue habillée sobrement, selon les critères d’Isïana. Un maquillage léger rouge, des bijoux en or mais sans en être exubérants, une robe légère dans les tons rouges et pourpres aujourd’hui qui cachaient tout juste la lingerie noire qu’elle portait en-dessous. Evidemment son dos et ses épaules étaient nus, une partie de ses cuisses visibles. Elle flirtait clairement entre l’osé et l’indécent aujourd’hui, sans jamais dépasser la ligne, comme à son habitude. Un sac à main en cuir noir complétait l’ensemble. En bref, elle aurait pu tout à fait passer pour une actrice d’holofilms connue que cela aurait été la même chose.

Comme à son habitude, elle était arrivée en avance. Et même encore un peu plus. Dans un tel évènement, c’était toujours préférable de prévoir tout imprévu. Des fans qui insistaient pour entrer dans le carré VIP et ralentissaient la queue, par exemple. Mais du coup pour Isïana, tout s'était bien passé. Elle avait simplement montré ses papiers d’identités au Gamorréen qui avait grogné un début de salutation avant de la laisser passer sans problème.

Bien entendu, elle s’était arrangée en amont pour avoir les meilleures places. Une vue directe sur une partie de la course ainsi qu’un projecteur holographique devant deux places assises qui permettait de voir le circuit dans son ensemble, avec différentes vues en deux dimensions pour ne rien manquer de l’action. Il y avait également un petit minibar à côté où était stocké plusieurs boissons, alcoolisées ou non, ainsi que des sucreries en tout genre.

« Pas mal … »

Tout en s’installant tranquillement, Isïana se prit directement un petit cocktail préparé et bien frais. Il ne restait plus qu’à attendre le début de la course. Les minutes passant, le stade se remplissait et la Mauve salua poliment d’un hochement de tête les quelques personnes qui accédaient au carré VIP et qu’elle connaissait, au moins de visages. Mine de rien son carnet d’adresse commençait à bien se développer …

Son regard fut un temps attiré par une Chiss quand celle-ci haussa la voix. La Mauve ne s’y attarda pas réellement et revint à l’hologramme devant elle. Les commentateurs, un droïde et une sublime Nautolane, donnaient leurs pronostics pour le possible vainqueur de la course. Terminant son cocktail en reposant le verre sur le mini-bar, et concentrée sur ce que disait les commentateurs, elle ne vit qu’au dernier moment la Chiss s’installer à côté d’elle.

Autant dire qu’Isïana leva un sourcil perplexe tout en restant silencieuse à la nouvelle venue. Et ce n’était pas son attitude qu’elle lui adressa qui aida à cela. C’est au contraire un regard froid qui accueillit plutôt IIraeka. Le plus ironique était que la semaine dernière c’était elle qui draguait un Chiss. Et là, voilà que l’inverse se produisait. Réprimant un soupir agacé, elle finit par réagir en entendant la question de la Bleue.

« Non merci. »

Elle se força à sourire poliment, même si tout dans l’attitude de sa nouvelle voisine de place semblait lui donner envie de lui donner des claques. A vrai dire, au fond d’elle, elle était surtout curieuse de savoir comment une telle Chiss pouvait bien se retrouver ici. Cela ne pouvait pas être la première contrebandière venue, vue son style, qui pouvait se permettre de débarquer ici. Et … la Mauve devait avouer qu’elle était agréable à observer. Ses yeux auraient pu avoir bien pire compagnie.

« Et c’est un très joli sobriquet, mais vous pouvez m’appeler Isïana, plutôt. Et vous êtes … ? »

Isïana leva un sourcil face à la réponse de la Chiss concernant son nom. Elle ne s’attendait pas à un tel monologue juste pour un nom ! Non, pas vraiment ! Elle dut réfléchir un court instant face à la première interrogation de la dénommée Iiraeka, donc …

« Enchantée. Et non, ça ne me dit pas grand chose. Mais j’ai passé le plus clair des derniers mois hors de l’APEX, cela doit l’expliquer, j’imagine. »

Le genre de remarques polies comme Isïana savait les faire pour justifier que la Bleue était clairement une inconnue totale pour la Mauve. Et qu’il y avait très certainement une raison à cela, même si elle n’allait pas le préciser à voix haute. Et avec l’attitude qu’avait Iiraeka … ce n’était pas si facile que cela.

Elle adressa un sourire poli au compliment de la Chiss sur le charme de la Twi’lek. Elle était habituée à ces remarques, au point de ne même plus y être réellement flattée. C’était comme une évidence pour elle. Elle savait que sa présence charmait, et elle en jouait. Même si aujourd’hui … elle n’en avait bizarrement pas envie.

« Il parait, oui … On me le dit souvent. Mais je vous conseille dans un premier temps de le porter sur la course. »

Car en effet, elle allait bientôt débuter. En tout cas, les commentateurs s’excitaient un peu plus après un calme relatif à force de meubler. Une diversion parfaite pour qu’Isïana se concentre là-dessus. Elle leva un sourcil, encore une fois, à une remarque d’Iiraeka. Dénichée par Zarseen ? La Mauve comprit subitement beaucoup mieux comment cette Chiss s’était retrouvée dans ce carré VIP, d’un coup.

« Cela apporte quelques avantages, oui. C’est indéniable… »

Elle s’interrompit à la remarque de sa voisine sur l’un des concurrents. La Mauve observa le podracer dudit concurrent et … ne remarqua strictement rien de son côté. Il fallait dire qu’elle et la mécanique, cela faisait deux. Ou plus.

« Ha ? Vous vous y connaissez en pod ? De mon côté, j’aime bien regarder les courses, mais ça s’arrête là. »

Puis à peine avait-elle dit cela que la course démarrait finalement. Et quant au concurrent numéro huit, il franchit la ligne de départ ! … Pour caler à peine quelques mètres après, laissée sur place par la vingtaine de compétiteurs qui partirent à fond.

« Bien vu, pour le numéro huit. »

Et très vite, il fallut observer sur l’hologramme face à elles, ou un des écrans géants disséminés un peu partout au stade. En effet, une très large partie de la course se déroulait en dehors du stade. Nar Shaddaa était un théâtre à ciel ouvert pour cela ! Ou une course de pod, en l’occurrence.

Après tout, entre la circulation aérienne - même si le parcours était techniquement balisé -, les trajets entre les immenses buildings, les snipers sur les toits payés grassement par des concurrents pour mettre des bâtons dans les roues à certains, et pleins d’autres obstacles dont Isïana ignorait probablement l’existence … eh bien … disons que la course de Nar Shaddaa était probablement l’une des plus difficiles du circuit dans le territoire de l’APEX.

« Une préférence pour un favori de votre côté, d’ailleurs ? Je dois avouer que la Mon Calamari, la numéro seize m’a l’air plutôt bien partie. »

Disait-elle en n’y connaissant rien du tout, bien sûr ! Mais elle aurait le temps de voir ce qu’il en serait réellement. Car la ligne de départ n’était pas pour tout de suite, surtout avec les quatre tours à faire pour les participants !

… D’ailleurs, il en était où, le numéro huit ?

Isïana dut retenir un soupir à la réaction d’Iiraeka sur le fait de la connaître. La Twi’lek devait reconnaître une chose. La Chiss avait un melon au moins aussi gros que sa poitrine. Si ce n’était plus. Mais elle devait reconnaître que le « et même plus » l’avait intrigué sur le moment, même si elle ne l’avait pas montré. D’un autre côté, comme elle faisait de son mieux pour ne pas s’énerver, elle cachait au mieux ses vrais sentiments. Mais en remarquant le haussement de sourcils, la réponse fut rapidement trouvée par Isïana qui préféra faire comme si elle n’avait rien vu. Et de toute façon la course avait débuté !

« Oh, je vois. Je n’y connais rien de mon côté. Enfin, disons qu’il ne faut rien me demander en la matière. »

Elle ne put échapper un soupir, ce coup-ci, en voyant Iiraeka finir avec un popcorn sur le nez un court instant pour finir par terre. Déjà parce qu’elle était ridicule ainsi … et un brin dégoûtante malgré la propreté des lieux. Et surtout parce qu’elle avait bien remarqué où louchait la Chiss depuis le début. Bon, à la limite, c’était sans doute ce qui plaisait le plus à la Mauve. Elle adorait qu’on la regarde.

Elle écouta cependant avec attention la réponse de la Bleue sur son avis sur les favoris de la course. Elle lui avait démontré s’y connaître suffisamment pour avoir un avis plus objectif qu’Isïana qui ne comprenait que la surface.

« Un bon pilote … ou un suicidaire. J’ai connu une coureuse qui a été retrouvée en petits morceaux fumants lors d’une course sur Baroonda. On le saura assez vite… »

Elle se contenta de hausser les épaules tout en finissant par piquer un popcorn à Iiraeka. C’est qu’elle donnait envie, la vilaine Chiss ! Bon sans doute que leurs doigts se sont croisés à ce moment-là sans faire exprès … Oui, sans faire exprès ! Il faut dire que l’exclamation de la Bleue l’a fit tourner la tête vers l’hologramme et non le paquet de popcorns !

« Ha oui, ils sont pressés cette année. Rien que pour cela, ça ne me donne vraiment pas envie de participer. Je suis bien mieux ici. »

Elle tourna la tête vers Iiraeka en l’entendant mâcher ainsi, ne réagissant qu’après coup à sa remarque sur l’évolution de ses favoris.

« C’est une Gamorréenne qui vous a appris à manger ? … Je ne pensais pas une Chiss capable de se comporter comme un contrebandier rodien, je vous avoue … Cela étant … je reste sur mon numéro seize de mon côté. Il est un peu derrière le trio de tête, mais une erreur de ces trois-là, et la victoire est à lui. »

Et après ces échanges de tirs de snipers, qui continuèrent mais de manière plus éparses pour les retardataires - sans doute pour continuer à offrir un peu de spectacle -, le calme revint pour les pilotes de podracers. Qui n’était que de courte durée. Il fallait ensuite parcourir tout l’intérieur d’un immeuble qui contenait des rayons ioniques disposés de manière anarchique. Non mortels, mais qui couperaient l’alimentation du podracer. Autant dire une fin de course pour le malheureux qui s’y frotterait. En soi, en volant un par un, les rayons étaient simples à éviter. Mais la difficulté commençait quand on était plusieurs au coude à coude où qu’on essayait de prendre un raccourci risqué.

Et après cela … eh bien … une belle série de looping et on revenait au stade pour finir un tour.

Pour continuer pour les trois suivants !

A l'œillade, Isïana avait fait comme si elle n’avait rien vu. Ce qui était pour le moins difficile à faire croire. Elle dut retenir une moue en voyant l’un des paquets de popcorns tendus dans sa direction, mais ne refusa pas pour autant, piochant de temps en temps dedans, à l’inverse d’Iiraeka qui se goinfrait allégrement, visiblement.

Elle manqua de peu de lâcher un rire à la réponse de la Chiss sur le fait qu’un Gamorréen mangeait mieux qu’elle. Au moins, la Mauve pouvait reconnaître à la Bleue qu’elle avait le sens de l’humour. C’était déjà cela. Sexy et drôle, pas étonnant qu’elle plaise, celle-là ! Ce qui était moins drôle, c’était le fait que ses parents aient essayé de la vendre à cinq ans. Cela dit, les parents à Isïana, eux, l’avaient fait pour elle à six ans. Et, elle, n’avait pas pu s’enfuir sur le moment. D’une certaine façon, la Twi’lek ne pouvait qu’être envieuse de la liberté rapide d’Iiraeka. Bien entendu, la Mauve n’allait pas le dire à la Bleue. Oh, ça, non !

Elle tiqua à la mention d’une navette ayant un hyperdrive allant à une vitesse inférieure à un. Elle leva un sourcil perplexe. Même elle qui était peu compétente en matière de vaisseaux savait que c’était pour le moins saugrenu. Mais dans le doute, et en voyant comment Iiraeka parlait de ce fameux Delta Flyer, elle préféra éviter de rebondir sur le sujet. Non. Elle se doutait que cela allait signifier une bonne quantité de monologues supplémentaires dont elle se passerait volontiers !

« Cela reste à prouver, que je suis en meilleure compagnie avec vous … »

Une petite pique gratuite supplémentaire. Mais d’un autre côté, la Chiss lui tendait des perches pour l’envoyer promener. A se demander si elle ne le faisait pas exprès ! Isïana avait déjà rencontré un contrebandier comme ça une fois et …

« Comment ça, depuis des conduites d’évacuation de la piste ? »

Non mais qui dans la galaxie faisait ça ? Enfin, à part Iiraeka apparement. Evidemment, ses exclamations - sans parler de son monologue - commençaient à attirer l’attention sur elle. A nouveau. Il fallait dire que la Chiss dénotait dans un carré VIP plutôt calme en soi, loin de la ferveur populaire du reste du stade. Mais personne n’oserait lever la voix. Du moins, tant qu’un paquet de popcorns ne volait pas loin des mains de la Bleue. Déjà que la Mauve avait remarqué sans mal qu’elle était passée à deux doigts de s’en prendre un sur la tête …

« Moi ? … »

Elle avait commencé à réfléchir à quoi répondre, tournant la tête vers Iiraeka pour remarquer que … le décolleté était plus large, non ? Et c’était sans parler des flatteries … Alors si elle pensait faire craquer Isïana ainsi, elle risquait d’être déçue la Bleue ! C’était l’art de la Mauve de faire cela, aucune chance qu’elle ne se fasse prendre à son propre jeu. Après le problème des Chiss, c’était que leurs regards rougeoyants étaient tout aussi envoûtants qu’une généreuse poitrine bleue.

Au final, la Twi’lek se contenta de hausser les épaules tout en répondant d’une voix calme et posée. Elle regarda à nouveau la course tout en parlant, alors que le second tour s’annonçait plus calme et que l’écart entre les premiers et les derniers s’aggrandissait de plus en plus, malgré le retour en fanfare du numéro huit non loin du numéro seize, justement, qui voyait d’un mauvais oeil que quelqu’un derrière lui le rattrape ainsi.

« Je suis en congé après une mission d’infiltration dans l’espace républicain, et pour profiter d’un peu de temps libre avant la prochaine qui est pour très bientôt. Je travaille directement pour Venom, ou Zarseen si elle a besoin, comme agent spécial depuis plusieurs mois. Vous vous doutez que je ne peux pas vous donner de détails sur ce que je fais actuellement, du coup. »

L’explication était simple et rapide mais elle suffisait tout de suite à faire passer un message. Aussi mignonne et fragile que pouvait être Isïana d’apparence - même si avec l’entraînement que lui avait fait Zarseen plusieurs semaines de cela, on voyait une fine musculature -, elle avait des relations et pouvait très facilement faire tomber quelqu’un si elle le voulait. Autrement dit, il fallait mieux éviter de se frotter à elle sur le territoire de l’APEX.

Elle allait ajouter un mot de plus mais fut coupée dans son élan par un cri de surprise de l’entièreté de la foule. Même dans le petit carré VIP où étaient Isïana et Iiraeka, il y avait eu un haussement de voix. En effet, le numéro sept venait de prendre un taxi imprudent qui était sorti des voies commerciales habituelles - sans doute pour prendre un raccourci - et avait coupé la route du pilote de podracers. La collision avait créé une explosion et les deux véhicules, entamant une longue chute enflammée, étaient suivis en panique par des droïdes pompiers qui tentaient d’éteindre les flammes tout en essayant d’éviter ce qui s’annonçait comme une chute mortelle…

Isïana avait soufflé du nez au contre-argument d’Iiraeka concernant la bonne compagnie qu’elle était. Du popcorn gratuit et une vue agréable ? Cela, la Mauve n’avait qu’à claquer des doigts et elle pouvait l’avoir presque les yeux fermés. Mais elle préféra éviter de relancer une nouvelle pique à l’atypique Chiss à ses côtés. Quant aux deux plus beaux bolides, comme elle disait ? La Twi’lek observa rapidement les autres femmes présentes et … là-dessus, elle n’avait pas tort. Même si bien entendu, c’était Isïana la plus belle des deux ! Qui penserait le contraire ? Ha, Iiraeka peut-être ?

Elle écouta l’explication de celle-ci par rapport aux conduits. Elle comprenait mieux maintenant la remarque, même si ça laissait la Mauve toujours autant circonspect. Pour ne pas dire extrêmement dangereux, mais cela, elle avait vite compris que la notion de danger était bien différente entre elle et la Chiss. Mais après, vue la passion dans la voix de sa voisine, Isïana préféra là encore de trop s’étaler sur le sujet, acquiesçant simplement en silence.

Elle fut pour le moins étonnée de l’orientation de la discussion d’Iiraeka une fois que les droïdes sauveteurs eurent réussi à éviter ce qui se serait annoncé comme un crash mortel sans leur intervention. Cela s’était vraiment joué à rien et un ouf de soulagement s'était propagé dans la foule. Loin de ces considérations sur ce concurrent qui avait vu la mort de ses yeux, les favoris et les retardataires encore en lice continuaient eux la course sans qu’aucune position ne change suite à cet accident imprévu.

« Oui, cela apporte de la sécurité, et pleins d’autres choses. J’ai pu m’en rendre compte au fil des mois, à justement travailler pour Venom. Et à avoir un droïde comme pilote. Un vrai casse-pied, celui-là. »

Elle dut se retenir au dernier moment d’ajouter qu’il n’était pas le seul. Dans ce contexte-là, le sous-entendu qu’Iiraeka en était une autre aurait été facile. Alors que pour le coup, ce n’était même pas à elle qu’Isïana aurait pensé spécialement.

« Et non, je ne savais pas qu’il existait une soupe populaire. D’un autre côté, je n’ai pas vraiment eu besoin de m’en soucier de mon côté … Parce qu’à la naissance de l’APEX, j’étais dans un orphelinat pour jeune fille bonne à épouser des hommes riches. Et le plus gros était déjà fait quand j’ai pu vivre de mes propres ailes et buter mon "mari", des années plus tard … »

A ce très succinct résumé des dix dernières années de vie d’Isïana, il y avait un tel mépris et une froideur dans sa voix que cela aurait pu être à glacer le sang. La Mauve aurait pu avoir les yeux jaunis et sortir un sabre-laser rouge que ça n’aurait pas choqué plus que cela. A côté de cela, les piques de la Twi’lek contre Iiraeka un peu plus tôt étaient chaleureuses en comparaison. Elle reprit son timbre de voix habituel ensuite, très rapidement et avec d’un naturel qui témoignait une longue habitude de maîtrise de ses émotions quand elle le voulait.

« Et c’est une vision qui plairait sans doute au grand public mais qui ne me touche pas le moins du monde. J’agis pour moi-même, avant tout. Zarseen m’a permis d’avoir un bien meilleur travail, sous la directive de Venom. Evidemment que si cela peut servir à l’APEX, dans son ensemble, tant mieux. Et je ne trahirais pas ma patrie, même pour tous les crédits de la galaxie. Mais clairement, l’aspect visionnaire ne m’intéresse pas. J’en profite. Tout comme je profite de ce conflit qui est une source infinie d'opportunités. »

Une violente opposition de vision de la vie entre Isïana et Iiraeka dites-vous ? Sans doute, oui. Un peu beaucoup même. Comment dire que pour la Mauve, la Bleue passait simplement pour une idéaliste utopiste au possible. Mais d’un autre côté, la Twi’lek comprenait beaucoup mieux pourquoi elle intéressait Zarseen. Il fallait des hommes et des femmes comme Iiraeka pour faire rêver les pauvres et la classe moyenne d’APEX. Et autant Isïana était d’un profond hermétisme à cela, autant elle comprenait sans mal l’utilité que ça avait.

« Mais j’imagine qu’on peut dire qu’on est collègues d’une certaine façon, oui. Et quant au fait que ça soit … "trop bien" … à voir avec le temps. »

Elle ricana tout en repiochant du popcorn. Oh. Déjà le troisième et dernier tour débutait. Et à part un abandon pour panne technique du concurrent en dernière position et un au milieu de classement qui s’était pris un rayon paralysant qui l’avait mis hors course, rien de bien intéressant ne s’était déroulé de plus.

Un instant de calme avant la tempête que serait probablement la fin de la course !

Isïana avait haussé les épaules à la remarque d’Iiraeka sur le passé de la Mauve. Elle était d’accord avec le résumé, mais ne cherchait pas la moindre pitié ou consolation. Autant dire qu’elle ne relança pas ce point de la conversation. Le fait que la Chiss s’était subitement mise à la tutoyer n’avait pas surpris outre mesure la Twi’lek, mais le timing sortait un peu de nul part à ses yeux, même si là encore, elle n’avait pas fait de remarque. Ce qui ne voulait pas dire que de son côté, elle allait se mettre à arrêter de la vouvoyer en retour. Oh ça non !

« Je n’ai pas besoin de cette soupe populaire, comme vous dites. Même si j’ai bien compris qu’il ne s’agissait là que d’un exemple. Mais pour d’autres points, oui, pourquoi j’irai cracher sur des choses qu’APEX nous offre ? Ce serait un peu idiot de ma part. Et arrêtez de sourire comme ça, ça n’émoustille que les adolescentes ou les mâles en chaleur. Je ne suis ni l’une ni l’autre. »

Elle roula des yeux face au "spectacle" que lui offrit ensuite Iiraeka avec le popcorn, à tel point qu’elle retourna son regard sur la course à ce moment-là. Si la Bleue pensait que ça allait avoir un quelconque effet sur la Mauve, elle se trompait ! Enfin, si, cela avait bien un effet. Isïana était dépitée du niveau de charme de la Chiss. Oh, oui, bien sûr, si elle cherchait à draguer du contrebandier de seconde zone qui ne quittait jamais la ville souterraine de Nar Shaddaa, là, elle allait faire sensation ! Mais si elle espérait viser plus haut, ce n’était clairement pas comme ça qu’elle devrait si prendre ! Il suffisait de voir la réaction des autres spectateurs du coin VIP du stade pour s’en rendre compte. Rares étaient ceux qui observaient le manège de la Chiss. Et parmi ces rares, on pouvait déjà diviser deux catégories. Les lubriques ou amateurs de Chiss au décolleté ravageur, ne s'arrêtaient qu’au physique. Et les regards de dégoût ou d’exaspération de certains.

Au final, elle était plutôt bien tombée de s’asseoir à côté de la Mauve. Elle côtoyait les deux univers. Sans cela, probablement qu’elle aurait déjà frappé Iiraeka. A la place, elle prit donc le paquet de popcorn machinalement pour commencer à grignoter son contenu, sans faire trop de bruits, et sans en renverser partout, elle. Cela dit, elle manqua de s’étouffer quand la Bleue évoqua des exemples de coopération possibles entre les deux.

« Alors, très sincèrement, si je suis coincée dans l’espace, j’aurai tendance à préférer être sauver par quelques-unes de mes connaissances mandaloriennes, dont une chef de clan très efficace. Quant à un complot sur votre personne … Je ne vois pas trop quelle personne d’influence aurait du temps à perdre avec vous. Sans vouloir vous manquer de respect, bien sûr. »

Elle accompagna ses propos d’un petit sourire moqueur, sans même se retourner, toujours concentrée sur la course maintenant que l’arrivée était proche. Elle approuva cette fois-ci d’un hochement silencieux aux remarques d’Iiraeka sur le pilote bien trop audacieux. Même elle avait pu le deviner avant que la fin de la course ne se résume à un duel entre le numéro quatre et le numéro seize. Et ce qui était toujours amusant avec les courses de podracers, c’était de se dire que l’actuel troisième … n’espérait pas tant être sur le podium. Quatre concurrents avant lui avaient dû abandonner pour différentes raisons. Et ce n’était pas que le duo de tête ne finisse pas en un solo de tête. En effet, le numéro quatre continuait à se montrer violent, empêchant au numéro seize de le doubler sans prendre un risque considérable. Et aussi talentueux était-il, il finit par laisser tomber. Il fallait croire qu’il préférait assurer la seconde place maintenant que risquer de tout perdre à une demi-minute de la fin.

C’est ainsi qu’avec à peine quelques secondes d’écart, ce fut le numéro quatre qui passa la ligne d’arrivée, et la pilote leva fièrement le bras vers la foule en délire. Le numéro seize fut bien plus sobre. Et ce fut donc le numéro trois qui arriva … troisième. Il. Enfin, elle, comme Isïana et Iiraeka purent voir sur l’écran holographique, était presque à sauter de joie. Comme les commentateurs le précisaient, il y avait de quoi. C’était la première année de compétition pour cette jeune Togruta et c’était son premier podium. Si ce n’était pas une première sur le difficile circuit de Nar Shaddaa, cela faisait très longtemps que ce n’était pas arrivé.

« Eh bien. La pilote numéro quatre a gagné, comme vous l’aviez évoqué. Belle prédiction. Enfin, une bonne pioche parmi le trio suggéré. »

Isïana grignota encore quelques popcorns puis rendit le paquet à Iiraeka tandis que cela applaudissait partout dans le stade, au point qu’il en était presque difficile de se parler sans crier. La Mauve était déjà prête à s’en aller de son côté. Enfin, elle le ferait si la Bleue n’allait pas l’interrompre, non ?

Comme si elle attendait, Isïana fut rattrapée par Iiraeka. Dire que la Chiss était collante était pour le moins un euphémisme. Elle garda pour elle un profond soupir agacé et se contenta d’hocher simplement à l’évocation du bon pronostic de la Chiss, et secoua la tête au fait de savoir si la Twi’lek connaissait le numéro seize.

Elle tourna la tête vers le paquet de popcorn tendu et finit par en piocher un à nouveau en silence, continuant à s’éloigner du stade de podracers. Elles n’étaient pas les seules à déjà quitter le spectacle qui touchait à sa fin et il y avait un peu de monde dans les couloirs menant à la sortie.

La Mauve changea subitement d’attitude à un mot précis de la Bleue. Un nom, plus exactement. Viveka. Iiraeka connaissait donc la cheffe de clan et avait travaillé avec elle ? Subitement, la Chiss remontait dans l’estime de la Twi’lek. Et pas qu’un peu ! Bon, Isïana n’avait pas non plus de preuves que la contrebandière disait la vérité, mais l’histoire était bien trop précise pour être inventée. Ou alors, Iiraeka était une sacrée mythomane.

Elle s’arrêta, enfin plus exactement, elle rebroussa légèrement chemin de trois pas quand la Chiss décida se stopper au milieu de nul part, ce qui valut au passage une insulte d’un Rodien qui manqua de lui rentrer dedans, valant un petit sourire en coin de la part de la Mauve.

« Euh … répondit-elle dans un premier temps à l’invitation, ne s’étant clairement pas attendue à ce que soit la raison de l’arrêt soudain de la Chiss. « Je n’ai rien de prévu ensuite, donc pourquoi pas ? »

A l’image d’un autre Chiss qui avait attiré la curiosité d’Isïana, Iiraeka intéressait subitement la Mauve. Bon, c’était clairement deux styles, deux ambiances, entre Hoathua et Iiraeka, mais la Twi’lek était devenue spécialiste dans l’art de savoir s’entourer de personnes au caractère parfois diamétralement opposé.

Et puis, Isïana ne refusait jamais qu’on l’invitait quelque part. Un réflexe ancré chez elle de la période, pas si lointaine que cela, où elle courait après le moindre crédit. Alors que typiquement, elle pourrait se payer une table dans l’un des meilleurs restaurants de Nar Shaddaa à tous les repas, chaque jour, si elle le voulait.

« Tant que ce n’est pas dans un fastfood du coin ou une cantina de la ville souterraine, ça devrait m’aller. »

Oui, elle faisait sa difficile ! Mais d’une part, elle pouvait se le permettre. D’autre part, elle n’allait pas simplifier la vie à Iiraeka. Ce serait aller trop vite en besogne après le long moment d’agacement que lui a fait subir la Chiss pendant la course !

Isïana eut un petit sourire en coin à la remarque d’Iiraeka. Oh ça oui, la Mauve était appétissante. Plus d’un et d’une y avait goûté. Plus d’un et d’une n’avait pas fait de vieux os ensuite. Libre à la Chiss de s’y essayer, après tout, la Mauve ne mordait pas. N’est-ce pas ? Cela dit, qui sait ce qui se passait si une main finissait dans le décolleté de la Twi’lek bien mis en avant ?

« Oh. Je comprends. Mais tu t’y rends souvent ? Avoir une table à son nom, ça n’a d’intérêt que si on fait partie des clients habitués. »

Elle écouta ensuite tranquillement l’histoire de la Bleue avec Talus. Visiblement, c’était un peu plus rocambolesque que celle d’Isïana. Même si après tout, la Twi’lek avait rencontré le Mandalorien alors que celui-ci s’occupait d’une prime en pleine cantina sur Corellia. Elle avait eu un autre petit sourire en coin quant aux performances au lit de Talus. Elle laissait à la Chiss le soin de s’imaginer la chose.

Après avoir passé sa commande, et que ce fut le tour d’Iiraeka, Isïana ne put s’empêcher de lever un sourcil face à la pseudo-confidence de la Chiss quant à sa question. La Mauve en aurait presque été gênée pour le serveur. Si ce n’était pas, elle, la première, qui se redemandait à nouveau ce qu’elle faisait là. Boire que de la bière corellienne … quelle idée !

« Tout dépend quel type d'alcools tu veux boire. Les brandys corelliens, pour rester dans le même thème, sont généralement bons, quand on sait mettre le prix. Le vin rouge coruscanti est un grand classique pour aller avec la viande rouge que tu as choisi. Il y a un bon whisky de Nar Shaddaa qui est apparu il y a peu.
- Madame est une connaisseuse, indiqua poliment le serveur, et avec du respect dans la voix également, comme si ça lui faisait plaisir de voir que la Twi’lek ne se cantonnait pas à la bière corellienne.
- Merci, commenta-t-elle d’un petit sourire. Après, en terme de cocktails, tout dépend les goûts qui te conviennent.
- Si cela vous inspire, énonça le serveur pour Iiraeka ce coup-ci. Le cocktail du mois, c’est le Lichen de Dagobah. Un mélange de rhum ambré de Toydaria mélangée à du lait bleu de Tatooïne et des fruits exotiques de Felucia. »

Une fois que la Bleue eut commandée et que le serveur s’éloigna de leur table vint le temps des questions plus personnelles, comme s’y attendait la Mauve. Même si, la nature de la première question d’Iiraeka étonna Isïana sur le moment. Mais après coup, l’explication de la Chiss prenait sens. D’une certaine façon, elle-même était déjà passée par là, elle qui avait vécu la plus grande majorité de sa courte vie sur Nar Shaddaa. Mais depuis, elle avait bien rattrapé le temps perdu, comme on dit !

« Hm. Une question facile à poser mais dont la réponse à donner est, elle, difficile. Cela étant, je n’ai pas encore arpenté les mondes de l’Empire. Un jour prochain, cela dit. Pour le reste. Hm … Par quoi commencer ?

La République avec ses jolis mondes et ses belles paroles qui cachent une misère et une criminalité qu’on évite de parler. Une faction divisée en interne, où ses mondes frontaliers sont en guerre, ou en risque d’attaque permanente, là où les mondes éloignés, et sa capitale, Naboo, donne l’illusion que la guerre dans cette galaxie n’existe même pas ?

Ou alors le Consortium Éternel, et ses Siths, où la loi du plus fort est faussée dès le départ par différents jeux d’alliances et de la puissance dans la Force ? Par ses jeux de traîtrises ou un Seigneur Noir va préférer trahir les siens pour assurer sa place en traitant avec les Mandaloriens ou APEX ? Ou la population craint que du jour au lendemain, l’un des Siths, l’une des Matriarches, se lève du pied gauche et vous tue sans aucune raison ?

Et que dire de Zeltros, ce monde soit disant neutre, à la jonction des trois factions, qui n’est en réalité qu’un mirage diplomatique et politique, où tout se négocie. Ou ennemi et ami échangent autour d’un même verre pour se battre autour d’enchères, comme si raser des flottes et des populations n’étaient qu’un divertissement, comme celui-là ?

L’avis d’une experte, c’est que si la forme varie, le fond est le même où on se trouve dans la galaxie. Les puissants et les riches mènent la danse, et les autres ferment leur clapet. C’est là où APEX se distingue. Il n’y a pas cela. Tout le monde peut réussir. Tout le monde peut échouer. »

Son petit monologue fini, elle adressa un sourire ironique à Iiraeka. Si la Chiss espérait que la Mauve lui vende du rêve, elle avait dû être déçue ! Ce n’était pas dans l’ADN de la Twi’lek de vendre quelque chose. Enfin, si. Sauf qu’on lui demandait un avis objectif.

Elle remercia ensuite le serveur qui venait d’apporter les boissons commandées, le temps que le reste du menu arrive.

« A la tienne ! »

Isïana dut se retenir de ne pas sourire en voyant Iiraeka prendre des notes sur les remarques sur l’alcool. Vraiment, cette Chiss ne cessait de laisser la Twi’lek perplexe. Elle commençait à avoir le sentiment que pour tout cliché que l’on s’attendait à avoir chez une représentante de Csilla, la Bleue s’avérait être l’extrême opposé.

Une fois les verres servis, Isïana trinqua donc avec Iiraeka. L’avantage d’avoir vécu dans tous les milieux, c’était qu’il en fallait bien plus que cela pour la choquer ou la déstabiliser. La preuve, quand bien même la Chiss la prenait de court par l’une de ses nombreuses remarques ou actions impromptus, la Mauve se reprenait dans la seconde. Comme par exemple le gémissement sensuel que venait de lui lâcher la Bleue sans aucune raison aux yeux de la Twi’lek. Même si elle tenta de faire comme si elle n’avait rien entendu, elle ne put retenir un haussement de sourcils perplexe tandis qu’elle buvait elle-même une gorgée de son propre verre.

« C’est l’idée, oui. Et c’est un simple oubli de ma part. Je n’ai pas tendance à dire qu’ils pèsent lourds. De mon point de vue, c’est surtout qu’il ne faut pas sous-estimer quelle faction serait capable de les embaucher pour se donner un avantage. On l’a bien vu lors de la Guerre des Trois Royaumes, il y a deux siècles et demi à peu près. L’Empire qui voulait attaquer Mandalore et qui a fini en conflit avec le Consortium Éternel. »

Elle avisa ensuite Iiraeka avec perplexité en l’entendant donner ses mensurations. Car oui, Isïana l’avait très bien deviné pour en avoir des proches de la Chiss. Mais même si ce n’était pas le cas, elle s’en fichait royalement à vrai dire. Elle laissa planer un moment qui aurait été gênant pour beaucoup, mais étrangement, elle s’attendait à ce que la Bleue ne le soit pas et en profite pour reparler d’elle. Autant dire que la Mauve lui coupa l’herbe sous le pied.

« Je pense que le cours du duracier montera un peu plus que cela dans la Bordure Médiane, plaisanta-t-elle au final. Même si c’est plus la température qui semble monter. »

Elle ajouta sa remarque d’un petit sourire en coin, buvant une autre gorgée tout en observant les autres clients un instant. Elle était certaine que si elle captait le regard d’Iiraeka, ça serait pour voir celui de celle-ci droit vers le décolleté de la Mauve.

« Et sinon. Cela vient d’où ce nom de Star Lady, au juste ? On dirait un nom d’actrice porno’, sans vouloir te vexer. »

Isïana aurait pu l’avouer, elle avait été très satisfaite de la réaction d’Iiraeka à la mention que Star Lady faisait nom d’actrice pornographique. Elle fut pour le moins surprise ensuite quand la Chiss rebondit et lui posa toutes ses questions. Elle ne put du coup retenir un rire avant de répondre.

« C’était avant tout une plaisanterie de ma part, mais je prends note que madame Star Lady fait dans le boudoir. Et sinon … Star Lady comme nom d’actrice du sexe … Hm j’aurais bien vu une femme portant du latex, mais qui ne cache aucune partie intime, sexy à souhait, mais qui ne verse pas du tout dans le sado-masochisme, qui assume ses nombreux kinks et qui aime parler à son public tandis qu’elle s’amuse, avec ses jouets. Qu’ils soient vivants ou non. »

Bien entendu, ces propos suivaient ceux d’Iiraeka sur la question de la température locale. Histoire d’augmenter encore de quelques degrés. Elle prit son verre, un brin amusée, puis acquiesça, alors qu’on leur apportait les entrées.

« Oui, cela me sert bien. A vrai dire, c’est l’une de mes spécialités, de séduire les cibles qu’on me confie. Et avant que tu me poses la question, non, je ne ferais rien de ce genre envers toi, actuellement. Ce serait gênant de te voir avoir un orgasme en plein restaurant. »

Elle lâcha un petit ricanement, reposant son verre pour prendre ses couverts et s’attaquer à sa propre entrée, ayant remercié le serveur qui avait, visiblement, un brin rougit en entendant les derniers propos de la Mauve. Elle apprécia les saveurs, puis prit finalement de donner un petit cours d’histoire à la Bleue.

« La guerre des trois royaumes, c’est le nom que donnèrent les historiens pour désigner la période qui marqua le début de la guerre telle qu’on la connaît actuellement, à partir de 1245. Mais pour bien comprendre le lien avec les Mandaloriens, il faut reprendre du début, et la formation du Consortium Éternel, au début du treizième siècle.

A l’origine, il n’y avait vraiment que l’Alliance Galactique, l’Empire Galactique et les Chiss. Et les Hutts, évidemment. Mais la formation du Consortium Éternel, qui gratta une large partie de l’espace de l’Alliance, changea le rapport de force. De leur côté, les impériaux restèrent neutres. Ou du moins, ils manigancèrent pour s’étendre vers le noyau, en parallèle des conquêtes du Consortium. L’Empire et les Chiss s’allièrent pour s’étendre mutuellement et former un gros bloc d’opposition aussi bien à l’Alliance qu’au Consortium. De leur petit jeu, ils réussirent à envahir Coruscant, qui est toujours sous leur contrôle depuis près de trois siècles et ils coupèrent l’élan du Consortium.

C’est pour ça que désormais, les Jedi ont leur QG à Tython et que le siège de la République est sur Naboo. Très jolie planète, soit dit en passant. Comme ça a implosé en quelques années, la République est justement ce qui a remplacé l’Alliance Galactique. Bon, je n’ai jamais trop compris la différence, cela dit, mais dans tous les cas, c’est ce qui a donné plus ou moins la forme actuelle de ce qu’est la République moderne. Sachant que, de mémoire, les Jedi n’en faisaient un peu qu’à leur tête dans la gestion du conflit. Bon, de mon point de vue, ça, ça n’a pas trop changé au fil des décennies.

Dans tous les cas, la nouvelle république fraichement née peine à résister face au Consortium, qui grapille petit à petit des territoires au fil des ans, et s’approche lentement de Naboo. Et là, une Jedi dont j’ai oublié le nom, a décidé de recréer une armée de clones pour la République. Car oui, au début du conflit, la république n’avait pas les clones et était totalement désorganisé. Là où l’Empire avait ses légions de stormtroopers pour tenir le Consortium qui recrutait en masse.

A ce moment-là, on est … hm, presque trente ans après le début du conflit et c’est vraiment le début de la guerre totale qu’il y a entre les trois. Trois, car l’empereur de l’époque qui profitait que le Consortium mange petit à petit la République, n’apprécia guère de voir que les forces étaient désormais équilibrées entre les trois factions. Et surtout que renforcée, la République s’apprêtait à contre-attaquer l’avancée du Consortium. Ah oui, parce qu' à ce moment-là, eux étaient quasiment à Bothawui, pour te situer, ils faisaient le tour de l’espace Hutt.

Du coup, ça stabilisa un peu le front de l’époque et l’Empire tenta même quelques opérations qui ne réussirent pas. De là, l’empereur en eut assez et tenta d’éliminer l’approvisionnement des clones à la racine. A savoir, à partir des Mandaloriens qui vendaient leurs gênes, pour faire simple. Mandalore qui, comme c’est toujours le cas, est au milieu de l’espace du Consortium. Les impériaux décidèrent donc de mener une expédition punitive directement sur Mandalore.

Directement, pourrais-tu me demander ? Eh oui. Car dans le jeu des neutralités, si la République était en guerre à la fois contre le Consortium et l’Empire. Ce n’était pas encore le cas entre le Consortium et l’Empire. Très naïfs, les impériaux ne virent pas venir le piège que leur tendit le Consortium. Ils défendirent Mandalore, car eux-mêmes avaient tendance à les employer, les Mandaloriens.

Résultat, en 1245, il y eut la bataille de Mandalore. Et c’est à cette date-là que les trois factions principales de la galaxie se tapaient mutuellement dessus. D’où, le nom de la guerre des trois royaumes. »

Elle conclut en reprenant la dégustation de son entrée, après avoir pris une bonne gorgée après son long monologue explicatif. Elle se doutait qu’elle avait dû perdre Iiraeka en cours de route, mais au moins, elle avait fait le tour du sujet.

« Oh, et oui, pour en revenir à ma beauté fatale. Parfois, c’est ironiquement compliqué pour être discrète. Tu voulais une anecdote ? Une fois, j’ai foiré mon maquillage. A l’origine, ce n’était pas prévu de ma part. J’ai passé la nuit chez un amant d’un soir, qui vivait avec une colloc'. Elle m’a poussé sans faire exprès, en entrant dans la salle de bain qui était trop petite pour deux. J’avais un trait rouge des lèvres à quasiment l’oreille. Eh bien j’ai équilibré dans l’autre sens. Et … j’ai fait un peu n’importe quoi derrière. C’était très abstrait. »

Elle souffla un petit rire à ce souvenir, alors qu’elle terminait son entrée.

« A toi, tiens, je suis sûre que tu as une anecdote amusante. Et je dis bien une. Inutile de toutes me les lister. »

Isïana regretta aussitôt la remarque d’Iiraeka sur le fait que la Mauve avait utilisé le mot actuellement. Pour le coup, il n’y avait pas du tout à lire un sous-entendu de la sorte. Parfois, la Twi’lek arrivait à être prise de court à tomber sur quelqu’un d’aussi pervers. Ou qui avaient les hormones qui dansaient sur de la techno zeltronne à la mode. Ce n’était même plus avoir le feu au cul mais bien une nova dans le postérieur à ce niveau-là ! Au moins, la Bleue n’avait pas suggéré à la Mauve qu’elle avait le physique pour en faire, de la pornographie. Isïana se consolait comme elle le pouvait.

« Je trouve qu’on accorde beaucoup trop d’opinions aux mandaloriens. Ils ne sont pas à sous-estimer, ça, j’ai pu le constater moi-même. Mais si chaque faction n’avait pas son propre intérêt à profiter de leur existence, enfin à part l’Empire, ils auraient déjà été rayés de la carte. Comme ça a pu être déjà le cas par le passé plusieurs fois, soit dit en passant. Mais ils s’accrochent il faut croire. Mais je serais eux, je me méfierais que les autres ne décident pas de passer par l’APEX et ne trouvent au final plus d’intérêt dans Mandalore. Enfin, avec des si, comme on dit … »

Elle haussa les épaules en guise de conclusion avant d’enchaîner sur autre chose.

« Je ne saurais trop dire pour la guerre. Elle est en second plan pour moi. Je serais une rep’, consortieuse ou imp’, peut-être que je me ferais cette réflexion, mais dans l’absolu cela me passe au-dessus de la tête. Une guerre aussi longue, c’est surtout source d'opportunités. D’une façon, c’est assez ironique de dire qu’il a fallu un tel contexte pour enfin venir à bout des millénaires et millénaires d’esclavages Hutt. Après, j’ai de bonnes notions d’histoire, moi, donc je sais très bien qu’elle n’a pas toujours existé. »

Une petite pique lâchée comme ça, tandis qu’elle laissait Iiraeka donner son anecdote. Enfin, la chercher, le temps qu’on leur apporte le plat. Etrangement, elle ne fut guère surprise que la Chiss mette du temps à se décider à se focaliser sur une seule. Le contraire l’aurait vraiment étonné.

Se mettant à savourer ce qu’on lui avait servi, elle écouta l’histoire que trouva finalement la Chiss à lui raconter. Ce n’était pas le genre d’anecdote à laquelle elle aurait pensé, mais cela l’occupait le temps qu’elle mange, c’était toujours ça de pris ! Et le pire, c’est que cela lui disait quelque chose comme histoire. Peut-être qu’un contrebandier le lui avait raconté par le passé, en déformant totalement la version d’origine ?

« Je n’ai jamais mangé d’humains, ou d’autres races intelligentes. Et j’espère que ça n’arrivera jamais, sincèrement. Quant au boudoir, c’est un très vieux terme. A l’origine, c’était le nom donné à une pièce très élégante où la maîtresse de maison se retirait, soit seule, soit avec des personnes intimes. Et pas forcément des amants, je t’arrête tout de suite.

Depuis, cela désigne surtout les femmes qui font des séances photo’ ou des holo-enregistrements d’elles en lingerie fine, maillots de bain ou tenues osées. Ou du nus, ça marche aussi. Le tout dans un cadre intimiste, en lien avec cette ambiance de lieu élégant. Cela se fait encore sur certains mondes à royauté ou en tout cas milieux nobles.

Certaines femmes le font aussi pour se redonner confiance en elle. D’autres s’en servent comme première étape avant faire de l’érotisme plus poussée, voire dans la pornographie si elles constatent qu’il y a une réelle demande à cela. Et qu’elles en ont envie, évidemment. »

Elle termina son plat tranquillement, essayant de ne pas réagir aux sons que lâchait Iiraeka de son côté. Ni les regards surpris de certains clients non loin d’elles. La prochaine fois, s’il y avait une prochaine fois cela dit, Isïana partirait finalement sur la cantina à la place du restaurant chic. Avec de la chance, la Chiss attirerait quelqu’un aussi pervers qu’elle, et la Twi’lek pourrait s’enfuir.

« Et sinon, qui est cette Rumi que tu as cité un peu plus tôt ? »

La Mauve eut un petit sourire en coin en entendant la Bleue déballer ses connaissances. Sans grandes surprises, elles tournaient sur la même thématique. Mais elle devait reconnaître qu’au moins, elle avait poussé ce savoir assez loin. Bien entendu, Iiraeka ne put s’empêcher de se jeter des fleurs ensuite, ce qui n’étonna guère la Mauve. Elle fut pour le moins intriguée de la suite des propos de la Chiss, et l’évocation de ses rêves. Et elle fronça les sourcils.

« Tu ne me connais pas, surtout. Et non, je n’ai pas envie que tu apprennes à me connaître. »

La présentation de Rumi fut ainsi une échappatoire tombée à bien nommer pour le changement de sujet. Même si Isïana ne s’était pas attendue à voir une telle scène. Elle était trop lasse pour ne serait ce que soupirer face à cette situation cocasse - sans parler des regards jetés aussi bien par les clients que les serveurs à Iiraeka -  et attendit simplement que la Bleue se rattrape.

Une garde du corps donc. Et rapprochée. Oui, ça, elle l’avait bien compris, et elle lâcha un petit ricanement à la précision de la Chiss. Elle nota le changement subtil d’attitude de Iiraeka en parlant de Rumi. C’était après tout la spécialité de la Mauve, que de remarquer ce genre de choses. Elle comptait entrer un peu plus dans le détail, mais fut pour le moins prise de court par les incessants changements de sujets de la Bleue, qui étaient par-dessus tout, pour le moins déconcertants.

« La chef des Rumis ? »

Elles étaient donc plusieurs ? Isïana était pour le moins étonnée de leurs apparences, mais elle s’attarda surtout sur les spécificités de chacune. Cela formait en effet une équipe des plus correctes. Puis, vint finalement le tour des questions personnelles pour la Mauve. Elle se doutait qu’elle y aurait droit, mais pas poser ainsi, ce qui la fit hésiter une courte seconde avant de répondre.

« Ma Mentore. La plus belle et intelligente Falleen qui m’ait été donnée de rencontrer. Elle est spéciale pour moi, unique. Mais parce que c’est une personne unique en soi. Je suis très honorée, au final, qu’elle m’ait choisi comme son apprentie. Même si j’aspire à la surclasser un jour, je sais qu’au fond, je resterais toujours sa petite apprentie mauve. Et c’est la meilleure partenaire sexuelle que j’ai pu rencontrer jusqu’ici. »

Elle avait dit cela en ayant un petit sourire en coin pour Iiraeka. Celui de dire que ce n’était pas la Chiss qui arriverait à la battre, de ce qu’elle avait pu voir de l’hologramme apparu par erreur. Et aussi une façon pour la Mauve de glisser sur un sujet plus léger pour elle que ses sentiments. Car oui, c’était tout là Isïana. Plus à l’aise à aborder sa vie sexuelle à une inconnue autour d'un bon repas qu’évoquer le fait qu’elle puisse avoir quelqu’un à qui elle tenait beaucoup. Il fallait dire que c’était une émotion très nouvelle pour elle…

Le moins que l’on pouvait dire, c’était que la Chiss était du genre directe. Est-ce qu’Isïana en pinçait pour Dezira. Hm. Oui. Sans doute. Beaucoup même. Probablement même trop pour son propre bien, à force. Mais le côté fille solitaire survivaliste de la Twi’lek l’empêcherait de toute façon de faire la moindre erreur quant à sa relation avec sa mentore.

« C’est probablement un mélange de tout cela, plus qu’un point unique qui ressortirait. »

Cela pouvait donner l’impression qu’elle esquivait la question, n’y répondant qu’à moitié, mais en réalité c’était au contraire la réponse la plus juste qu’elle pouvait donner. C’était toutes ces facettes qui plaisaient autant à la Mauve. Et d’autres, mais elle n’allait pas non plus tout déballer à la Chiss.

« J’ai arrêté de compter mes partenaires, oui. Que ça soit homme, femme, Twi’lek, non-Twi’lek. Coucher peut faire partie de mon travail. Parfois, on a de la chance, et on passe une bonne soirée. D’autres fois, on soupire intérieurement, et on simule pour ne pas s’endormir … Et oui, Dezira est parmi les plus belles représentantes des Falleens. Et peut-être que tu la rencontreras un jour, quand tu seras plus populaire. »

Une nouvelle pique ? Pour le coup, ce n’était pas réellement le cas. C’était un simple fait. Dezira avait sans doute mieux à faire de ses journées que rencontrer Iiraeka. Sauf, bien sûr, si le profil de la Star Lady pouvait être utile à la mentore d’Isïana. Et pour le coup, la Mauve sentait bien que ce jour finirait par arriver. Elle espérait simplement ne pas être là le moment venu !

« Une anecdote sexuelle ? … Amusant, tu n’es pas la première à me lancer sur le sujet. Et sans doute pas la dernière, je suppose. Hm. Il y a celle-ci. Elle plaît bien, celle-ci, en général. Je charmais un contrebandier, pour pouvoir piquer en douce ses clefs, et récupérer son cargo qui contenait une cargaison de puces de droïdes qui intéressait … mon ex-employeuse.

Le soir, je l’ai donc charmé dans une cantina. Disons que c’était un contrebandier ce qu’il y avait de banal d’un point de vue physique. Le type qu’on oublie vite. A tel point que j’ai déjà oublié à quoi il ressemblait, d’ailleurs …

Bref, il me ramène chez lui, on s'envoie en l’air. Je me rends compte qu’il est très entreprenant, mais bon, je sais très bien jouer la Twi’lek peu farouche du tout. Je me réveille un peu avant lui, après avoir pris soin de bien le faire boire, et le droguer pour qu’il ne se souvienne de rien, et je récupère les clés, en ayant à peine de quoi enfiler une culotte et un soutien-gorge …

Et là, j’entends du bruit à l’entrée. Celui qui n’augure rien de bon. Je décide de me planquer dans un placard de la chambre, ne voyant pas grand-chose. Là, une jeune Mirialan débarque et essaye de le réveiller en panique. C’était sa partenaire. Alors, contrebandière juste, pas sexuelle. Les deux avaient énervé la mauvaise personne, et ils avaient une prime sur leur tête. Et ils étaient à leur recherche. Du style, elle venait d’en semer un, mais ils devaient vite s’enfuir. Voyant qu’elle n’arrivait pas à le réveiller, pas folle, elle commence à chercher les clés pour quitter Nar Shaddaa.

Sauf que. Les clés. C’était moi qui les avait. Et, moi, j’étais toujours dans ce fichu placard. Du coup, en panique en entendant que ça gueulait dans les couloirs de l’appartement, elle a eu le même réflexe que moi. Se planquer dans le placard. Et de pousser un cri d’épouvante. Que j’ai vite dissimulé en plaquant ma main sur sa bouche. Et c’est ensuite qu’elle a vu que j’étais en sous-vêtements. J’ai rarement vu une femme me regarder avec un mélange de peur et de libido prononcé.

Elle comme moi, nous sommes restées silencieuses pendant que les types débarquer, serrées l’une contre l’autre. Elle avait un parfum de fleurs naboo, mélangé à la sueur de sa course, et … Bref, les gros bras furent tellement surpris de voir le contrebandier comme offert sur un plateau doré, qu’ils ont même pas pris la peine de fouiller le reste de la pièce. Après tout, je l’ai su plus tard, les trois quarts de la prime reposaient sur le fait de choper le type vivant. La fille n’était qu’un bonus.

On a attendu qu’ils s’en aillent, pendant que la Mirilian commençait doucement à me tripoter l’air de rien, pendant que je l'empêchais toujours de parler. Autant dire que même si on n’a plus entendu les gros bras qui avaient embarqué le pauvre contrebandier endormi, on a commencé à s’embrasser dans le placard, puis ça a fini sur le lit désormais libre. Bon, on avait refermé la porte avant, et vérifier que personne était resté derrière.

C’était un bon plan, on s’était revu plusieurs fois par la suite. Jusqu’à ce qu’elle se trouve une nana. Dommage pour elle, j’ai appris plus tard qu’elles avaient tenté de faire passer de la contrebande chez les reps’ et elles se sont faites griller. Elle doit croupir dans une cellule je ne sais où. »

Elle haussa les épaules, puis interpella une serveuse pour demander de l’eau. Cette histoire lui avait asséché la gorge !

« Et j’imagine que tu en as quelques unes à raconter, toi aussi, pendant qu’on y est ? »

Oui, il fallait croire que le temps avançant - et l’alcool agissant - Isïana se montrait plus encline à discuter librement avec Iiraeka. Enfin, elle semblait moins râler et soupirer en permanence, en tout cas !

Isïana dut retenir un ricanement à l’exclamation d’Iiraeka selon laquelle tout le monde l’adorait. Dans ses rêves, peut-être ? Mais elle ne l’avait pas pensé à voix haute, énumérant son anecdote à la place, et finit par hausser les épaules à la remarque de la Bleue sur le fait que c’était dommage que la conquête passée de la Mauve ait pu être attrapée par les autorités.

« C’est la vie. Tu joues, tu peux gagner. Tu joues, tu peux perdre. Et j’espère quand même que ça n’arrivera jamais, qu’on se retrouve enfermée toutes les deux dans le même placard, je ne vais pas te mentir. »

Deux raisons à cela. Soit c’était un kink étrange d’Iiraeka et Isïana ne préférait pas en savoir plus. Soit cela signifiait que pour une raison incongrue, les deux se retrouvaient coincées dans un placard pour fuir quelque chose. Et cela sonnait comme une mission catastrophe. Mais de toute façon, la Mauve ne s’inquiétait pas trop. Dans quel monde pouvait-elle se retrouver dans une mission avec la Chiss, hein ? Non vraiment ? Aucune raison que cela arrive !

Rebuvant une gorgée, quitte à s’en recommander un cocktail en interpellant le serveur qui s’occupait de leur table, elle écouta Iiraeka raconter son anecdote croustillante. Serveur qui semblait s’être fait à l’idée qu’il entendrait de drôles de conversations tant que la Mauve et la Bleue seraient présentes ici.

Elle leva un sourcil intrigué à l’évocation de la fameuse “surprise” que possédait Iiraeka mais les explications suivantes dissipèrent les doutes de compréhension de la Mauve. Alors, là, pour le coup, Isïana ne l’avait pas vu venir celle-là. Et ne put que piquer davantage sa curiosité. A vrai dire, c’était probablement la première fois depuis le début qu’elle se montrait autant intéressée par la Chiss. Enfin. Intéressée d’un point de vue intellectuel, bien sûr ! … Surtout qu’avec les propos aussi explicites de la Bleue, elle ne pouvait pas s’empêcher de se visualiser la chose. Ou d’essayer en tout cas, lui faisant gratter le haut d’un lekku de perplexité.

« C’est toujours appréciable, ce genre de rencontres fortuites auxquelles on ne s’attend pas … Quant à … mon avenir ? C’est une bonne question. La logique voudrait qu’en prenant du galon, je me retrouve à faire la même chose que Dezira … avoir une apprentie sous mon aile. Ou mener une équipe, peut-être ? Pour le reste … je ne suis pas du tout dans le schéma type de la femme qui veut se poser pour avoir des enfants, une maison à elle, un compagnon ou une compagne …

Peut-être cela arrivera, je ne sais pas ? Mais en tout cas, je suis très loin d’avoir trouver une âme sœur. Et quand bien même … on m’a forcé à être ça. J’ai un dégoût profond de cette vision de la vie. Non, l’avenir pour moi, c’est mon présent actuel. Peut-être qu’un jour je serai riche, influente, avec tous les hommes et femmes à mes lekkus ? Peut-être que je ne survivrais pas à ma prochaine mission ? Je n’en sais rien, et sincèrement, je pense que je m’en fiche pas mal. Ma vie se résume à vivre au jour le jour. L’avenir ? Pour moi c’est simplement qu’est-ce que j’ai prévu pour les mois prochains … »

Elle haussa les épaules et fut ravie de voir les desserts arriver. Une excuse parfaite pour ne pas prolonger le sujet. Enfin, sauf si Iiraeka le relançait ensuite. Mais la Mauve préféra se contenter de déguster ce qu’elle avait commandé, laissant aussi la Bleue la possibilité d’ajouter quelque chose si elle en avait envie. Et elle se doutait bien que la Bleue allait vouloir en caser une !

Isïana acquiesça à ce qui pouvait se résumer à un condensé de la pensée de la Mauve énoncée par la Bleue. Comme quoi, il fallait croire que les deux femmes avaient au moins un point commun ! Ce n’aurait pas été sur celui-là qu’elle aurait pensé à leur premier regard échangé, mais bon. La vie était pleine de surprises !

Elle s’attaqua à son tour à son propre dessert, savourant tranquillement. Même si elle s’étonna de ne pas avoir Iiraeka émettre un petit son comme elle aimait si bien les émettre. Comme quoi, elle savait se tenir quand elle le voulait. Elle fut un brin surprise des questions de la Chiss en suivant. Pour la suite ? Eh bien …

« On enchaîne sur le fait que je vais rentrer chez moi. J’ai du travail qui m’attend. Important. Je n’avais pas prévu à l’origine d’aller au restaurant, mais je me suis permise un petit extra. Et puis, c’était si gentiment proposé. Mais je me dois d’être raisonnable, et je vais simplement rentrer chez moi. »

Etait-ce une façon pour la Mauve d’esquiver la Bleue ? En réalité, pas vraiment. Elle aurait pu le faire dès la sortie du stade de podracers tout à l’heure. Mais elle avait été sincère. Elle était sortie juste pour se changer les idées, et oublier un temps le stress de sa prochaine mission dans l’espace impériale. Et là-dessus, le résultat était au rendez-vous. Sa nervosité, et la fatigue qui en résultait, avait disparu. Alors, oui, certes, la Bleue l’avait fatigué, mais pour d’autres raisons. Mais au final, c’était une rencontre plutôt intéressante.

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait qu’elles allaient se recroiser à un moment ou un autre. Dans tous les cas, la discussion et le repas fini, il fut temps de payer les additions, et de sortir du restaurant. Isïana garda l’adresse dans un coin de la tête. C’est vrai que c’était un bon coin où manger en étant tranquille. Peut-être que c’était elle qui allait avoir une table à son nom, en fait …