Velvet rince son visage au-dessus du petit évier rectiligne, les yeux clos. L'eau dégage une légère odeur d’antiseptique à laquelle elle est habituée. La jeune femme redresse la tête pour s'observer dans le miroir de sa cabine, redoutant l'image qui lui sera renvoyée. Cette fille malingre au regard cerné ne peut pas vraiment être capitaine, si ? Elle n'en a pas les épaules. Comment a-t-on pu lui mettre la responsabilité de milliers d'hommes entre les mains, elle qui sait à peine prendre soin d'elle-même ?
La rouquine saisit un peigne pour remettre de l'ordre dans sa chevelure. Il est un peu tard pour reculer, se répète-t-elle, en particulier après une vie d'académie militaire et deux ans d'expérience sous l'égide d'un Commodore. Rien de tout cela n'est nouveau. Rien, hormis ce Destroyer, cet équipage, et l'absence totale de superviseur pour prendre le blâme.
Faisant son maximum pour réprimer la sensation de nausée qui l'envahit, Velvet lâche son peigne et ouvre l'armoire à pharmacie pour y saisir flacon. Ses mains tremblantes en dévissent le couvercle et y prélèvent deux gélules longilignes qu'elle s'empresse d'avaler. Déjà, ses traits se détendent — l'effet placebo avant celui de la molécule. L'impériale s'autorise quelques respirations avant de reprendre ses préparatifs. Lorsqu'elle referme la porte miroir, le reflet qui l'accueille est à la hauteur de ses attentes. Une femme forte, froide, efficace... et bien coiffée. L'officière visse son képi sur sa tête puis quitte sa salle d'eau. L'intérieur de sa cabine est aussi soigné que son apparence, sans aucune marque de vie ou de personnalisation. Velvet s'adapte aux quartiers qui lui sont alloués, jamais l'inverse. Son blaster fixé à sa ceinture, elle vérifie l'heure. Il est temps.
A peine sa porte refermée, une voix mature l’interpelle.
"Capitaine Ambers," salue l'homme sans prendre la peine de faire le geste. "Je craignais que vous n'ayez perdu le fil des heures."
L'officière roule des yeux avant de faire face à son subalterne, un quinquagénaire grisonnant lui ayant été attribué comme second. Velvet n'est pas dupe : le vétéran teste ses limites, afin de voir si sa jeune supérieure se laissera marcher dessus.
"Lieutenant Mosley," grince-t-elle en retour. "Vous aurez l'autorisation de vous soucier de mon emploi du temps lorsque vous vous rappellerez comment saluer votre hiérarchie."
Sans attendre sa réaction, la capitaine le dépasse et s'engouffre dans le dédale de corridors. Le lieutenant s'empresse de rejoindre sa droite en s'éclaircissant la gorge. Il ne sera pas le seul à la défier, songe-t-elle. Mosley n'est que le digne représentant d'une marine impériale sectaire et vieillissante.
"Nous venons d'entrer dans le système Jazbina," l'informe-t-il, choisissant d'occulter l'incident. "Notre objectif sera atteint dans l'heure. Le reste de la flotte est sur nos talons — d'ici-là, le Bouclier d'Ithor demande audience."
"Soit. Je me rends aux communications."
"Elle est à bord, Capitaine," complète le lieutenant.
La rousse adresse un regard noir à son voisin, le dominant par sa présence malgré sa moindre taille.
"Et vous n'avez pas jugé bon de me prévenir ? Où est-elle ?"
"La Céleste vient d'arrimer, nous la guidons vers le pont."
Velvet presse le pas en réprimant un juron. Elle se doutait que ses débuts sur le Destroyer allaient être houleux, mais elle n'avait pas imaginé avoir pour témoin direct l'une des plus proches alliées de l'Impératrice. Quelle tuile !
"Tenez vos hommes prêts, lieutenant," ordonne la rouquine en prenant de la distance. "J'attendais mieux de vous."
***
Le pont est animé de voix à l'approche de la planète. Celle-ci n'est pas encore visible à l’œil nu mais ne saurait tarder. Les bottes de la capitaine résonnent sur la passerelle centrale, des regards curieux s'élevant vers elle depuis la fosse. Noms et visages du personnel de bord lui sont encore peu familiers. La plupart sont déployés depuis plus longtemps qu'elle n'est sortie d'académie. Les discussions cessent.
"Cinquante-et-une minutes avant objectif, Capitaine," clame un jeune navigateur d'une voix fluette, s'attirant les œillades de ses camarades. Lèche-botte.
Le sifflement des portes magnétiques pousse Velvet à faire volte-face. Une escorte de troopers annonce l'arrivée imminente de leur hôte, et chaque personne dans la pièce semble retenir son souffle. Lorsque la Céleste apparaît enfin, l'officière et son équipage se mettent au garde-à-vous en un son uni de claquement de talons. C'est la première fois qu'elle rencontre une Chevaleresse en chair et en os. L'armure écarlate lui paraît déroutante — peut-être la métisse en porte-t-elle une version modifiée ? Chassant les questions qui l'assaillent, la jeune capitaine vient à sa rencontre, désireuse de faire bonne impression.
"C'est un honneur que de vous recevoir à bord, Chevaleresse," l'accueille-t-elle en courbant l'échine. "Je suis le Capitaine Ambers, à votre service. La cible sera bientôt en visuel ; souhaitez-vous que nous contactions notre agent de terrain ?"
La militaire s'efforce de passer outre leur différence de taille, mais il faut bien admettre que son interlocutrice dégage quelque chose d'impressionnant. Son regard est attiré vers les marques sur sa gorge, puis vers les sabres à sa ceinture. Combien de brûlures similaires ces lames ont-elles pu causer, et combien d'autres se cachent à l'abri des regards...?
La rouquine saisit un peigne pour remettre de l'ordre dans sa chevelure. Il est un peu tard pour reculer, se répète-t-elle, en particulier après une vie d'académie militaire et deux ans d'expérience sous l'égide d'un Commodore. Rien de tout cela n'est nouveau. Rien, hormis ce Destroyer, cet équipage, et l'absence totale de superviseur pour prendre le blâme.
Faisant son maximum pour réprimer la sensation de nausée qui l'envahit, Velvet lâche son peigne et ouvre l'armoire à pharmacie pour y saisir flacon. Ses mains tremblantes en dévissent le couvercle et y prélèvent deux gélules longilignes qu'elle s'empresse d'avaler. Déjà, ses traits se détendent — l'effet placebo avant celui de la molécule. L'impériale s'autorise quelques respirations avant de reprendre ses préparatifs. Lorsqu'elle referme la porte miroir, le reflet qui l'accueille est à la hauteur de ses attentes. Une femme forte, froide, efficace... et bien coiffée. L'officière visse son képi sur sa tête puis quitte sa salle d'eau. L'intérieur de sa cabine est aussi soigné que son apparence, sans aucune marque de vie ou de personnalisation. Velvet s'adapte aux quartiers qui lui sont alloués, jamais l'inverse. Son blaster fixé à sa ceinture, elle vérifie l'heure. Il est temps.
A peine sa porte refermée, une voix mature l’interpelle.
"Capitaine Ambers," salue l'homme sans prendre la peine de faire le geste. "Je craignais que vous n'ayez perdu le fil des heures."
L'officière roule des yeux avant de faire face à son subalterne, un quinquagénaire grisonnant lui ayant été attribué comme second. Velvet n'est pas dupe : le vétéran teste ses limites, afin de voir si sa jeune supérieure se laissera marcher dessus.
"Lieutenant Mosley," grince-t-elle en retour. "Vous aurez l'autorisation de vous soucier de mon emploi du temps lorsque vous vous rappellerez comment saluer votre hiérarchie."
Sans attendre sa réaction, la capitaine le dépasse et s'engouffre dans le dédale de corridors. Le lieutenant s'empresse de rejoindre sa droite en s'éclaircissant la gorge. Il ne sera pas le seul à la défier, songe-t-elle. Mosley n'est que le digne représentant d'une marine impériale sectaire et vieillissante.
"Nous venons d'entrer dans le système Jazbina," l'informe-t-il, choisissant d'occulter l'incident. "Notre objectif sera atteint dans l'heure. Le reste de la flotte est sur nos talons — d'ici-là, le Bouclier d'Ithor demande audience."
"Soit. Je me rends aux communications."
"Elle est à bord, Capitaine," complète le lieutenant.
La rousse adresse un regard noir à son voisin, le dominant par sa présence malgré sa moindre taille.
"Et vous n'avez pas jugé bon de me prévenir ? Où est-elle ?"
"La Céleste vient d'arrimer, nous la guidons vers le pont."
Velvet presse le pas en réprimant un juron. Elle se doutait que ses débuts sur le Destroyer allaient être houleux, mais elle n'avait pas imaginé avoir pour témoin direct l'une des plus proches alliées de l'Impératrice. Quelle tuile !
"Tenez vos hommes prêts, lieutenant," ordonne la rouquine en prenant de la distance. "J'attendais mieux de vous."
***
Le pont est animé de voix à l'approche de la planète. Celle-ci n'est pas encore visible à l’œil nu mais ne saurait tarder. Les bottes de la capitaine résonnent sur la passerelle centrale, des regards curieux s'élevant vers elle depuis la fosse. Noms et visages du personnel de bord lui sont encore peu familiers. La plupart sont déployés depuis plus longtemps qu'elle n'est sortie d'académie. Les discussions cessent.
"Cinquante-et-une minutes avant objectif, Capitaine," clame un jeune navigateur d'une voix fluette, s'attirant les œillades de ses camarades. Lèche-botte.
Le sifflement des portes magnétiques pousse Velvet à faire volte-face. Une escorte de troopers annonce l'arrivée imminente de leur hôte, et chaque personne dans la pièce semble retenir son souffle. Lorsque la Céleste apparaît enfin, l'officière et son équipage se mettent au garde-à-vous en un son uni de claquement de talons. C'est la première fois qu'elle rencontre une Chevaleresse en chair et en os. L'armure écarlate lui paraît déroutante — peut-être la métisse en porte-t-elle une version modifiée ? Chassant les questions qui l'assaillent, la jeune capitaine vient à sa rencontre, désireuse de faire bonne impression.
"C'est un honneur que de vous recevoir à bord, Chevaleresse," l'accueille-t-elle en courbant l'échine. "Je suis le Capitaine Ambers, à votre service. La cible sera bientôt en visuel ; souhaitez-vous que nous contactions notre agent de terrain ?"
La militaire s'efforce de passer outre leur différence de taille, mais il faut bien admettre que son interlocutrice dégage quelque chose d'impressionnant. Son regard est attiré vers les marques sur sa gorge, puis vers les sabres à sa ceinture. Combien de brûlures similaires ces lames ont-elles pu causer, et combien d'autres se cachent à l'abri des regards...?