[Vena] Jeux du Cirque, jeux de Sith [PV Yael]

À bord du Nightingale, ce voyage resterait dans les annales. Ce qui le rendait mémorable ? La compagnie exclusivement masculine d’une Ombre habituée à la solitude, qui préférait nettement sentir des présences féminines à ses côtés. Mais l’impératif de ce déplacement lui avait ôté ce luxe. Quant aux hommes à son bord… disons qu’ils ne connaissent que trop bien la navigatrice pour savoir qu’arracher une langue ou briser une phalange est le mieux (ou le pire) dont elle soit capable envers un mâle touchant l’une de ses cordes sensibles. Et la misandrie de leur entraîneuse étant justement l’une de ces cordes, mieux valait qu’ils restent prudents. C’est qu’ils risquaient d’avoir besoin de leur adresse autant que de leur bagout, sur la planète ou ils se rendaient.

Vena, l’une des nombreuses planètes sous influence directe du giron d’Hapès. À peine le cargo amarré au spatioport, l’assemblée débarquée se retrouva au beau milieu de l’effervescence planétaire. Pour cause, aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres pour le peuple de Vena. Les défenses orbitales de la planète seraient réduites au silence jusqu’au coucher du soleil, sans que la sécurité n’en pâtisse néanmoins. Les patrouilles avaient été considérablement renforcées, si bien que l’Echani dut montrer patte blanche à l’instant où elle posa véritablement sur le sol externe à son vaisseau. Tout comme les gladiateurs à sa suite, bien que ceux-ci encaissèrent un dégoût familier de la part des fonctionnaires féminines. Preuve s’il en était que la coordinatrice de la vie locale ne prenait rien à la légère. Aujourd’hui, l’Ombre ne jouerait cependant pas les trouble-fête : elle et sa troupe étaient ici pour briller.

Les présentes festivités n’étaient pas n’importe lesquelles : il s’agissait de célébrer la première décennie de règne d’une Hapienne ayant évincé sa prédécesseure sur son propre terrain de jeu, magnifiant par cet acte les traditions familiales qui seraient mises à l’honneur en conséquence pendant cette cérémonie.

La famille Senna était connue pour deux choses : son goût de l’exotisme et son savoir-faire dans le conditionnement de meubles pouvant répondre à des usages aussi variés que le sont les demandes de leur clientèle. Ainsi, la planète s’était-elle transformée en véritable parangon du divertissement ou chacun trouverait son compte.

Quelques attroupements d’enfants témoignaient de la présence de conteurs chantant les louanges de leur hôte en rappelant le prestige acquis par cette lignée aux dépens de la République comme de l’Empire. Bien sûr, le tout était édulcoré et imagé pour convenir aux esprits candides ciblés, dont la principale préoccupation étaient les friandises locales vendues aux alentours.

Pour les jeunes adolescent(e)s, une présentation des divers savoir-faire engrangés par les Senna était à l’honneur un peu partout dans la capitale réaménagée pour l’occasion. Pour la Régente planétaire, susciter des vocations chez la prochaine génération active constituait un service rendu méritant au moins un emploi dans ses filiales en guise de contrepartie. Quand bien même le public n’y voyait que l’application d’une divertissante rigueur traditionaliste, c’était bel et bien un apanage des utilités que l’on pouvait avoir sur Vena.

Et enfin, le cœur de l’animation du jour, un spectacle adressé à tous, de sept à sept-cent-soixante-dix-sept-ans selon leur culture et leur longévité. L’amphithéâtre, l’un des bâtiments les plus imposants de cette étendue urbaine, avait été reconverti en arène pour inaugurer convenablement l’hommage à la Gouvernante. En effet, le nom qu’elle revendiquait était doué dans bien des façons d’apprendre aux hommes à honorer les femmes à leur origine. Mais, poussées par la féroce concurrence régnant dans l’amas d’Hapès, les régentes Senna avaient rapidement fait de l’aspect martial des jeux d’arènes le point sur lequel leur crédibilité triompherait de celles de leurs rivales.

Des rivales dont faisait justement partie l’Echani républicaine ayant amené avec elle ses meilleurs éléments pour l’occasion. Pour Lesella Tara, il aurait été outrageant de la comparer à cette sans-le-sou de Meliva Senna. Sa mère, Hondra, avait au moins le mérite d’être une concurrente sérieuse de la noble Hapienne. Mais depuis la succession, autant dire que la Tara a rayé un nom de sa liste de gêneuses. Particulièrement depuis que cette instructrice s’est montrée assez efficace pour triompher au nom de la noble, pendant que la fille d’Hondra était impuissante aux premières loges. Il est donc évident que l’Hapienne attend de l’Echani qu’elle réitère cet exploit, d’autant plus significatif qu’elle volerait alors la symbolique de l’événement au profit de sa mécène.

Pour Neith cependant… les choses ne sont pas aussi simples. Bien sûr, elle se doute que la concurrence sera plus acharnée. C’est pourquoi elle ne s’est pas reposée que sur son as, mais aussi sur ses figures, puisque le règlement ne limitait pas les participants à un par écurie. C’est qu’elle s’attend aussi à ce que ce précédent coup d’éclat se retourne contre elle, son meilleur élément pouvant encaisser un coup bas incapacitant dès les huitièmes de finale. Ou peut-être même avant… car l’épreuve initiale consistait en une mêlée générale qui serait stoppée par un coup de sifflet. Un souffle salvateur qui n’accorderait pourtant qu’un court répit miséricordieux à une trentaine de participants.

Pour cette phase, l’Echani avait recommandé à sa formation de demeurer soudée. Pas à l’écart, en plein feu de l’action. Afin que la cohue qui les prendrait pour cible ne se désorganise d’elle-même en une multitude de faiblesses exploitables par des guerriers entraînés comme il se doit. Pour la suite, en revanche… elle aviserait selon les survivants. Elle connaissait pour ainsi dire les aptitudes de tous les combattants adverses, et s’était déjà projetée sur plusieurs listes d’aspirants finalistes. Mais la beauté de ce à quoi elle allait assister était justement l’incertitude planant jusqu’au dernier moment. Ce suspense qui vous prenait aux tripes jusqu’à ce que le résultat ne s’annonce comme une évidence. Un suspense pour le moins décuplé en ce qui la concerne : elle a fait affaire avec les Senna par le passé, lors de ses premiers temps dans le Consortium. Et si son escrime d’Ombre n’a plus rien à voir avec celle pratiquée par la Padawan Verte reconvertie de l’époque… son adversaire du jour doit tout de même en savoir beaucoup sur elle.

Ainsi se tient-elle pourtant droite et confiante, dans l’une des loges réservées aux plus éminents contributeurs de ces jeux d’arènes. S’il est bien sûr question des principaux créanciers de ces jeux, ils ne seraient pas réalisables sans un cheptel à sacrifier. La mise en avant des entraîneurs est donc plutôt ironique et il tarde à l’Echani de voir sur lequel de ses concurrents sera jetée l’opprobre en premier. Elle s’est bien sûr arrangée pour que sa loge dispose de deux places offrant une vue idéale sur les affrontements.

Mais son invitée ne semble pas avoir décidé d’honorer son invitation. D’autant que l’Echani se voit vite happée par le son des clairons annonçant l’entrée des guerriers dans l’arène. Près de trois-cent guerriers, parmi lesquels son œil avisé repère aisément son quintet. Un Hapien dont Lesella s’est débarrassée au profit de son instructrice. Un Trandoshan dans la fleur de l’âge, d’une carrure à faire pâlir un Wookie. Un Onderonien dont l’impuissance se limitait aux ‘affrontements’ d’ordre privé. Et enfin, un Lothalien dont l’apparente cybernétique témoigné malgré elle des nombreuses batailles subies. Ceux-là constituent ses figures. Son as, quant à lui, est le même depuis qu’elle gère cet aspect des affaires de la cheffe de famille des Tara : le Hapien ayant prouvé qu’il valait mieux qu’un meuble en achetant sa liberté par le triomphe sur l’une des femmes de son espèce.

Avant de le voir briller de nouveau aux côtés de ses camarades, cependant, il lui faudrait supporter le discours de l’organisatrice. Celui-ci rappellerait bien sûr à chaque invité grâce à qui il est présent ici en ce jour, tout en mettant indirectement la lumière sur l’Echani comme sur tous les autres pour qui les gladiateurs allaient s’entre-tuer. Neith pouvait sembler insensible face à la perspective de perdre l’un de ses poulains, mais elle se doutait en vérité que cela n’était que peu probable. En plus de n’être qu’un des risques du métier. Tout ce qu’elle attendait était que les paroles cessent pour que les lames ne retentissent. C’était après tout ainsi, dans son peuple, qu’on en apprenait véritablement sur autrui.

Et déjà, elle voyait les porteurs de clairons courir aux bords de l’arène. Le signal des hostilités ne tarderait plus à être donné.

L’esprit de la bretteuse n’était plus de ceux que les rêves faisaient dériver. Aussi, la scène intégralement observable depuis son perchoir ne la déconnecta pas de la réalité alentour. Inscrit dans ses gênes depuis des temps immémoriaux, ce plaisir constituait l’un de ces sources intarissables d’endorphine pour l’imposteure Echani. Comme un adulte éprouvant de la nostalgie en redécouvrant son coffre de jouets, poussiéreux et vétuste, alors que les bibelots eux ont été préservés des affres du temps. Tirer la moindre satisfaction du combat n’était définitivement pas compatible avec les valeurs Jedis les plus conservatrices. Aussi, comme toute Corellienne digne de ce nom se doit de le faire, Neith ennuie profondément cette part de l’Ordre de Tython de part sa simple existence. Et cela lui va très bien ainsi.

Mais à-peine l’espionne cherche-t-elle du regard le premier des gladiateurs qui brandira son arme qu’un bruit retint son attention. Et ce n’est pas le son du clairon tant attendu, mais la porte de sa loge s’étant ouverte. L’espace d’un instant, elle songea contre toute attente voir Dame Lesella la rejoindre. Il n’était pas dans les habitudes de sa mécène de se contredire et cette dernière avait laissé tout le soin à l’Echani de gérer cette compétition en son nom. Mais d’un autre côté, il s’agissait du genre de femme à aimer rappeler qu’elle n’est jamais trop loin de son image afin de dissuader les bienheureux qui voudraient s’en servir à son insu. C’est qu’elle connaissait son entraîneuse comme friande des foules si cela pouvait lui apporter de nouvelles têtes à dresser.

Pourtant, ce qui retentit par la suite écarta rapidement cette possibilité de l’esprit de la républicaine. La mère de famille n’était pas du genre à se faire remarquer de façon si ostentatoire. Enfin, pas dans cette situation, sans que la dirigeante de son écurie n’ait ouvertement médit à son égard… ce qui n’est bien évidemment jamais arrivé. Neith constata d’un coin de l’œil que son invitation avait bel et bien été honorée par l’héritière qui se désintéressa totalement de son ancienne instructrice pour observer le contrebas de la loge. Une attitude digne de Sallah, pas de Yael, commenta l’Ombre pour elle-même tout en examinant inexorablement cette dernière.

Le moins qu’on puisse dire est que jamais le faste Hapien ne s’accordera avec les goûts vestimentaires d’une adepte de l’épée. Ce n’est pas demain la veille qu’un tel accoutrement trouverait sa place dans la garde-robe, ironiquement beaucoup plus masculine, de Neith. Autant Echani que femme, l’intéressée n’était pourtant pas insensible à ce qui se tenait sous ses yeux, définitivement bien loin de ce qu’elle a laissé partir sur Korriban… et justement, beaucoup plus féminin qu’elle ne le serait probablement jamais.

Avant qu’elle ne puisse se fendre d’un commentaire, ses prunelles argentées croisent leurs consœurs Hapiennes, Si l’échange de sourires s’ensuivant n’est clairement que circonstanciel, la suite l’est beaucoup moins. Ce n’est pas tous les jours qu’une Hapienne vous choisit comme assise vivante en lieu et place du fauteuil prévu à cet effet. La Corellienne aurait eu mille façons de protester, si le charme de cette silhouette n’avait pas déjà fait son office sur son esprit. Cela servait qui plus est ses plans et voir ainsi son ancienne élève se jeter dans ses griffes eut le mérite de lui décrocher un sourire satisfait dont la native de Milinar ne devinerait pas la profondeur : elle ne laissait transparaître qu’une joie inattendue de voir la jeune acolyte si audacieuse.


Malheureusement pour l’Hapienne venue ici pour être remarquée, le son des clairons retentit enfin, déclenchant le début du spectacle motivant sa  professeure à être sur Vena. Son regard se braque sur l’apanage matriarcal constituant le parc d’opposants de son quintet et ne s’en détournera plus, comme animé par des braises s’échauffant à chaque fracas métallique, consumant l’âme tapie au-delà de ces miroirs en nourrissant un ballet dans son estomac.

Les sens de l’Ombre ne sont toutefois pas inhibés : cette légère pression sur ses cuisses est là pour que Neith n’oublie pas être accompagnée. Et ce doux parfum enivrant est une vaine tentative d’arracher une enfant née avec une épée à la place du cœur d’un spectacle martial. Mais ce tableau en réalité virtuelle voit tout de même l’Echani enserrer chastement la taille de l’Hapienne en reposant ses mains croisées sur son ventre. Et à défaut du souffle de Lesella Tara dans sa nuque, sa deuxième fille peut elle sentir celui de son instructrice dont la tête repose éhontément sur son épaule. Voilà, de cette façon, Neith avait trouvé la meilleure façon de profiter de la lutte se profilant sous ses yeux.


Même un Hapien entraîné personnellement par une Echani pouvait faillir, d’autant plus lorsqu’il se retrouvait seul au milieu d’une meute de loups.


Une manière à peine dissimulée de titiller l’argentée en occultant sa propre succession. Néanmoins, Neith ne lui laissera même pas le temps de s’en offusquer, ses yeux disparaissant brièvement sous ses paupières tandis que ses lèvres viennent se perdre un instant sur la nuque de l’acolyte. Ce parfum est définitivement trop enivrant pour qu’elle puisse y rester insensible avec l’état d’esprit qui semble régner entre elles. Ou bien celui qu’elle cherche à éveiller chez Yael ? L’Ombre de Tython n’est pas dissociable de la Corellienne, sur ce point. Toujours est-il que la balle repose désormais dans le camp de l’argentée.


Le tumulte des combats redevient le centre de l’attention de Neith aussi rapidement qu’elle s’en était désintéressée pour la nuque de son élève. Il s’agit là d’une certaine rancune qu’elle peut tout à fait se permettre sous cette identité afin de rappeler à l’Hapienne qu’elle n’est pas l’étoile au centre de sa Galaxie. Elle n’est pas encore assez importante pour ça, dans les plans d’une Jedi Grise visant à déstabiliser le Consortium.  

La joute présente constitue de plus un plaisir plus immédiat mais tout aussi volatile que de jouer avec les armes que lui donne Yael contre elle-même. Elle remarque son champion solidement épaulé du quatuor qui respecte là parfaitement son rôle. L’ampleur de l’agressivité qu’ils subissent est toutefois moindre que celle anticipée par l’Ombre : ils ne constituent qu’un des nombreux groupes errants sur cette scène de danse martiale. Les commentateurs eux-mêmes semblent ne plus savoir ou se focaliser pour galvaniser la foule.

C’est un groupe de Chiss qui se fera la coqueluche des spectateurs assez rapidement, rappelant aux plus érudits la toute-puissance impériale d’une ère depuis longtemps révolue. Le quintet Echani était bien loin de l’équipe à la peau bleue et se voyait assez peu menacée pour que leur instructrice n’accorde un peu plus de son attention aux Ascendants. La curiosité qu’elle éprouva pour cette formation fut d’autant plus plus stimulée lorsque l’un d’eux terrassa un adversaire d’un mouvement qui ne pouvait être improvisé. Ce savant alliage d’escrime et d’art martial Echani  eut au moins le mérite de lui rappeler qu’elle n’était pas la seule à faire bénéficier les meubles Sapiens de son expertise. Toutefois, il s’agissait là d’une maîtrise loin d’être insurmontable pour Veck. Ou même pour Dren, qui devait justement son état peu humain à de trop fréquents accrochages avec les Troopers des Fel. Si sa formation continuait sa progression de la sorte, cette confrontation serait peut-être l’une des finales de la mêlée. Elle pouvait encore conserver sa confiance, aucun d’eux n’ayant essuyé de blessure pour les diminuer.

Toutefois, à mesure que le combat avançait, Neith pouvait supposer que le nombre de parieurs déçus ou ruinés n’allait qu’en augmentant. Chaque gladiateur touché mortellement, c’était les poches des Senna qui se rempliraient un peu plus. Et avec l’amoncellement de corps ça et là, la zone de combat se réduisait malgré elle, les combattants conservant, même face à la mort, la décence de ne pas vouloir marcher sur les dépouilles de leurs camarades et rivaux. Certaines matriarches semblent en effet ne pas avoir pris la peine d’investir dans le suivi médical de leurs gladiateurs. Echani peut les comprendre au vu de la faiblesse de leur prestation… mais y voit également des opportunités d’agrandir son réseau. Après tout, pour elle, aucune cause n’est perdue avant qu’elle n’ait échoué à y insuffler l’énergie qu’elle veut voir les animer. C’est pour cela d’ailleurs qu’elle n’a pas encore tout laissé tomber avec la Hapienne confortablement assise.


Puisqu’il paraissait évident à ses yeux que Yael avait investi sur son compte.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’Echani n’a pas anticipé l’explosivité sourde de sa partenaire de loge. Quand bien même son attention soit consacrée à la lutte prenant place dans l’arène, elle conservait un minimum de considération pour la femme présente sur ses cuisses. Et en sentant leurs mains se lier, elle imaginait que cette dernière veuille continuer à resserrer leur lien de la sorte. Sa surprise fut donc particulièrement visible lorsqu’elle fût délaissée comme un chiffon sale et que la jeune Hapienne alla observer le spectacle depuis le bord de leur loge. Non sans s’être fendue d’une stalactite plantée directement dans le cœur de la républicaine. Du moins, cela aurait eu le même effet.

Il lui était de nouveau clair comme du cristal que l’Hapienne ne faisait que jouer avec elle. Bien sûr, l’Echani en faisait autant pour son propre bénéfice, mais cette dernière avait au moins la décence de vouloir savourer l’instant. D’imaginer comment cela aurait pu se passer si la Force n’avait pas décidé de les séparer. Bien qu’elle lui doive en un sens la rencontre de l’Hapienne, Neith avait vu ce petit éclat de lumière au milieu du Consortium rongé par les Siths s’éteindre sans qu’elle ne puisse rien y faire. Sa mascarade devait demeurer intacte, alors cela ne risquait pas de changer. Mais la réalité était qu’elle avait vraiment besoin de ce contact sous peine de devoir tout recommencer dans un futur plus ou moins proche. La Corellienne allait tâcher de mettre de l’eau dans son Brandy, même si elle ne voyait pas du tout ce qu’on pouvait reprocher à ses paroles d’alors.

Néanmoins, un peu de cette eau devrait déjà couler sous les ponts. Puisque son invitée n’avait plus d’yeux que pour les combats, elle ne se priverait pas d’en faire autant, laissant volontairement les dires de l’Hapienne s’évanouir dans l’air alors qu’elle même retrouvait ses guerriers du regard. A vue d’œil, près de la moitié des valeureux voyait leur sang se mêler au sol de Vena. La lutte avait alors pris un virage plus honorable, éclipsant sa bestialité initiale. Ce n’était pas au déplaisir de l’adepte martiale, qui allait toutefois allumer l’holo-écran à sa droite pour profiter de la vision survolée du drone plutôt que de rejoindre la peste Hapienne au bord de l’estrade. Son sang Corellien et ses gênes Echani la rendait particulièrement forte à ce petit jeu aussi. Sûrement davantage qu’une adolescente invivable qui cherchait à éclipser sa mère sur ce terrain comme sur tous les autres.

En contrebas, les gladiateurs pouvait désormais se compter en deux chiffres et non en trois. Le pilote du drone étant ce qu’il est, un gros plan momentané sur Meliva Senna interrompit le clou du spectacle pour ceux n’ayant pas eu la chance, ou les moyens, d’une place dans l’amphithéâtre. Les traits crispés de cette dernière suffirent à dessiner un rictus carnassier sur le visage de l’Echani. En effet, un rapide coup d’œil dans la mêlée suffisait à remarquer ce Wookie esseulé qui avait bien du mal à se défaire des adversaires le confrontant. Ce qui irritait encore davantage la Matriarche ? Le fait que son unique poulain encore debout ne soit plus le centre d’attention des autres combattant. Cette dernière étant réquisitionnée par un groupe acculé sans importance pour l’Echani, par les Chiss et par son propre quintet, dans cet ordre. Un ordre qu’elle était convaincue de voir chamboulé à son profit dès la prochaine phase. Ce, jusqu’à ce qu’une lance se loge dans l’épaule de Suvel avec suffisamment d’élan pour lui faire plier un genou. C’est que l’assaillant avait réussi à le prendre par surprise puisque le groupe s’était un peu désolidarisé. Heureusement, l’as Hapien neutralisa rapidement le couard, mais le mal était fait et le brave Trandoshan aurait bien des difficultés à user de son bras dominant pour la suite. Dans la loge de l’Echani, son silence était devenu habituel. Mais son expression devant ce spectacle se chargeait bien d’exprimer son ressenti sans salive. S’il avait été à portée, une vibro-lame aurait eu droit à un vol plané pour se loger en plein dans son crâne. Qui sait, vu son état actuel, peut-être que sa propriétaire ne s’inquiéterait pas trop de le retrouver avec les bras déboîtés.

Une part de ses pensées finit par revenir envers son invitée. Le ton de cette dernière s’était un peu réchauffé, faisant se décanter l’animosité ambiante dans la loge. En apparence seulement. Nova n’était pas connue parmi les Ombres comme la plus à même d’enterrer une hache de guerre. Neith n’y faisait donc pas exception.


Voir une Echani complimenter indirectement un homme, cela peut faire sourire. Particulièrement quant on connaît la relation ayant fini par unir les parents de la républicaine. Le but est donc à peine dissimulé : être aussi froissante et cassante que ne l’a été son interlocutrice avec qui il ne semble plus question que d’une banale entraide respective. Avec Lesella, une certaine cordialité aura fini par s’installer à force que l’Ombre ne prenne sur elle. Yael, après cette démonstration, pouvait bien faire une croix dessus. Son comlink recevrait les informations pouvant l’intéresser sur sa mère, ni plus, ni moins, qu’elle veuille honorer ou non sa part. L’Echani au moins aurait la conscience tranquille, l’Hapienne la sachant femme de parole envers et contre tout. Qu’une Sith aie ou non une conscience… sensitive ou pas, la bretteuse n’avait pas de réponse incontestable. Dans ce cœur Hapien animé par l’amour du combat, cependant, elle savait qu’il y en avait une.


Une manière de demander l’avis de sa fille. Une manière de lui suggérer que leur accord peut toujours tenir. Ou une manière parfaitement volontaire de l’occulter. L’Echani attends en vérité son interlocutrice au tournant pour lui remettre un coup de massue de mauvaise foi en pleine tête. Par pur esprit de rancune envers celle qui ne la voit que comme un pion. Maintenant qu’elle estimait avoir réglé ses comptes, elle pouvait passer à la correction.


Une manière différente de nommer la seconde couche de règlement de comptes en somme. L’Echani retrouva le silence aussi promptement qu’elle s’était déchaînée, grimaçant en remarquant que Suvel avait du mal à se défaire d’un des Chiss de la formation captivant le public. Le Trandoshan fut le premier de sa bande à recevoir une réelle blessure incapacitante pour la suite du combat. Voilà qui n’allait pas être pour calmer les nerfs déjà bien échauffés de l’Echani. Elle tenta bien de s’allumer un cigare pour se détendre, mais ça ne suffirait pas.


Lâcha-elle simplement avant de quitter la pièce. L’absence de Yael dans son environnement immédiat lui permit au moins de souffler un peu, son masque s’allégeant alors. Si elle ne pouvait plus compter sur son ancienne élève à long terme, les considérations nostalgiques de leurs moments passés ensemble n’avaient plus leur place dans son esprit. Il allait falloir qu’elle la ramène à la lumière de façon musclée, avec toutes les conséquences que cela aurait.

C’est pourtant une toute autre utilité qu’elle trouva à la Force en cet instant. Une perception de Force Obscure semblant s’approcher du lieu des festivités. Comme si la situation n’était déjà pas assez compliquée comme ça, il fallait qu’un Sith vienne s’en mêler. Heureusement qu’elle n’avait pas négligé sa couverture, sinon elle serait probablement déjà découverte, que ce soit un Inquisiteur ou un simple Guerrier. Cette intrusion soudaine ne l’empêcherait pas d’aller prendre des nouvelles de son guerrier blessé, mais une fois cela fait, elle prendrait soin de retourner à son vaisseau récupérer au moins l’un de ses sabres par précaution. Si elle devait le faire, affronter un sensitif avec sa simple vibro-lame était une éventualité bien funeste et de toute façon, Yael s’était déjà sans doute volatilisée de sa loge.

Tout cela n’était cependant pas encore sa préoccupation actuelle. L’infirmerie montée pour l’évènement était affreusement vide, signe que bien peu de Matriarches avaient quoi que ce soit à faire de leurs poulains. Au moins l’Echani n’eut elle pas de mal à repérer son guerrier qui fut gracié d’une tape sur l’épaule. Une tape sans aucune retenue à l’attention de son épaule blessée qui lui arrache un râle de douleur. Le pauvre reptilien se vit indiquer de se taire avant même qu’il ne puisse se confondre en regrets. L’Echani ne lui en tenait pas rigueur, étant simplement venu prendre de ses nouvelles. Au courant qu’il était de la spécificité de la loge prévue par son instructrice, l’homme tenta bien de se renseigner sur la seule Hapienne digne de son respect. Toutefois, le silence qu’il essuya dirigea naturellement la conversation sur la suite des affrontements, diffusés au sein de l’infirmerie comme un rappel aux blessés de ce à quoi ils ont échoué.

Ce petit holo-écran retransmet en temps réel la suite de la mêlée qui voit déjà émerger les vainqueurs et les vaincus pour des regards experts. En effet, ceux ayant l’esprit assez vif pour suivre les bons combattants du regard depuis le début des joutes peuvent estimer qu’ils sont en bien meilleure position pour survivre que le reste de la fosse. Moins espacés, moins affaiblis aussi.. tout simplement car certains se sont tenus à l’écart tout en grignotant les restes de temps à autre pour faire illusion de courage. Ceux-là, Neith a particulièrement noté leur nom dans un coin de sa tête. Pas par quelconque curiosité de leur parcours du jour, non, simplement pour pouvoir avertir ses quatre poulains s’ils venaient à tomber contre un de ces poltrons profiteurs. Il ne manquerait plus qu’un des concernés remporte la finale et ce tournoi perdrait toute valeur aux yeux de l’Echani. Pourtant, quand bien même celle-ci s’estimait, à raison, plus compétente que quatre-vingt-dix pour cent des spectateurs pour juger de la beauté et de la noblesse des duels d’escrime… le nombre jouait contre elle. C’est parce que cette foule voulait du sang que ce genre de profil rencontrait un tel succès. Inutile de se voiler la face.. la liesse n’était plus du tout en sa faveur.


Le reptilien revenait à la charge auprès de son entraîneuse, ramenant le sujet de la jeune Hapienne sur la table. Pour toute réponse, la républicaine soupira, adressant un regard lourd de sens à Suvel. Si ça n’avait été que ça, pouvait-on lire dans le reflet de son âme. Si elle ne s’était pas faite envoyer paître comme on jette un chiffon sale dans une poubelle tout aussi entretenue. Et si sa certitude quant au pari de l’acolyte n’avait pas été balayée en guise de fruit rouge sur la pâtisserie de l’indifférence de Yael. Certes, parier sur un profil émergent inattendu apportait plus de frisson quant à une éventuelle victoire qui n’en serait que plus savoureuse. Mais Neith aurait supposé que la jeune acolyte se serait refusée à donner le moindre de ses crédits aux Senna. Avouons-le, elle aurait voulu entendre de la bouche de son ancienne élève qu’elle avait bien sûr parié sur la seule Echani capable de remporter ce tournoi. Pas seulement pour que son ego soit flatté, mais principalement pour que leur flamme mutuelle se ravive un peu plus.


Qui n’en avait rien à cirer des gains possibles de cette fréquentation, mais seulement de la fréquentation en elle-même. Bien sûr, l’Ombre compte tirer parti de cette position pour se voir approcher la caste des Matriarches Hapiennes. Puis le Conseil Noir. En particulier celle qui administre aujourd’hui Kashyyk, au bénéfice du Sieur d’Erep. Mais le temps joue contre elle : le sort de Ruusan aura été joué bien avant qu’elle y arrive. Peut-être même qu’Orfeo aura passé cette Ziran au fil de l’épée… ou l’inverse. Le scénario lui était déplaisant, mais Neith ne pouvait pas l’occulter de son esprit. Elle avait jaugé une part du potentiel de l’Ours de Tython en y confrontant le summum actuel de son propre Vaapad. Mais le potentiel de l’épéiste Noire demeurait une inconnue nécessaire à la résolution de cette équation. Parce qu’une Echani ne pouvait décemment se fier aux rumeurs quant à l’estimation du niveau atteint par une prodige dans son noble art.

Mais à titre personnel, l’Ombre à pu témoigner d’un attachement sincère à cette adolescente qui s’intéressait à ses leçons non pour le pouvoir mais pour l’essence de la pratique. La vie de la Républicaine avait beau être rythmée par une éternelle confrontation au Côté Obscur, le prolongement de son bras conservait un sens de l’honneur s’exprimant avant tout par une pratique en bonne et due forme, lorsque son adversaire en faisant autant toutefois. Elle n’aura aucun scrupule à planter dans le dos un adversaire ayant cherché sans cesse à la surprendre sous le même angle. Encore une preuve que le Côté Obscur enlève tout ce qu’il y a de beau à la Galaxie : d’abord sa mère, puis son élève.. et même l’escrime se retrouve corrompue entre leurs mains.

Le natif de Trandosha tenta bien de raisonner davantage son entraîneuse, mais ses mots trouvèrent une oreille creuse. L’Echani voyait là un point de rupture approcher. Les combats. Yael. Suvel. Et cette présence Sith qui se rapprochait. Si elle en eut été capable, probablement que le moindre miroir lui aurait montré des lignes de fracture sur sa propre enveloppe charnelle. Alors elle avait occulté les affaires les moins urgentes de son esprit. Par précaution, elle avait besoin de son sabre-laser. Un des siens, pas celui constituant l’unique souvenir de sa mère. Pour ne pas se trahir d’une lame bleue, si jamais elle devait se résoudre à l’utiliser. Quitte à ruiner sa couverture, autant laisser libre d’interprétation l’élément le plus sensible, qu’elle puisse encore avoir le bénéfice du doute. Mais puisqu’elle ne comptait l’utiliser qu’en guise d’ultime recours, il serait dissimulé dans ses habits.

Toutefois, aux abords de la ville, l’Echani vit cette solution partir en fumée. Les entrées étaient toujours filtrées, oui.. mais ces gardes là ne lui auguraient rien de bon. Ce n’était plus les mêmes qu’auparavant, leur uniforme lui-même étant différent. Et la Force lui soufflait qu’ils ne laisseraient pas sortir une des organisatrices du tournoi. Ce qu’elle put confirmer lorsqu’un autre entraîneur, ayant vu toute son écurie vaincue, se fit pourtant refuser le droit de quitter les lieux sans plus d’explications. Puisqu’elle ne pouvait forcer le passage avec la Persuasion de Force sans attirer l’attention… elle se résolut bien malgré elle à rebrousser chemin. Vraiment, ses vibro-lames et ses blasters n’allaient pas suffire si elle tombait nez à nez avec ce Sith.

C’est donc en suivant la trace de ce dernier qu’elle regagna l’amphithéâtre. Il était dans une des pièces de l’étage, quelque part, avec une compagnie inconnue de l’Ombre. Mieux valait qu’elle se fonde dans l’ignorance attendue d’une non-sensitive. Elle n’en perdrait pas la trace, mais serait bien incapable de deviner qu’il est choisi par la Force avant qu’il  lui en fasse une démonstration directe. Si toutefois elle le croisait. Car n’oublions pas que sa préoccupation actuelle est la jeune acolyte qu’elle a implicitement congédiée de sa loge. Là encore, elle songeait voir Yael la rejoindre à l’infirmerie, ou s’y rendre plus tard. Après tout… les deux ne pouvaient présentement plus se tolérer.

Ou était-ce vraiment le cas ? Neith fut pour le moins surprise de voir l’Hapienne debout en train d’observer la reprise du spectacle martial. Sa conclusion fut donc qu’elle n’avait pas bougé, occultant définitivement l’Echani de son esprit. Toutefois, un objet sur son assise vint balayer cette conclusion. Une sculpture de vaisseau Hapien semblant prête à prendre vie et à passer en vitesse-lumière, à son échelle. Le détail de l’œuvre témoignait à lui seul de la qualité de la réalisation, ce qui ravit le regard de la bretteuse. Cela constituera une belle addition à sa collection personnelle. Mais plus que le cadeau… c’est l’individu qui captiverait son attention.

Après l’avoir examiné avec tout le soin mérité par un cadeau si beau et si significatif, elle le reposa aux côtés de son armement. Et plutôt que de s’asseoir dans une ignorance totale de la personne à l’origine de ce présent, elle rejoignit Yael a pas feutrés, avant de l’enserrer d’une étreinte différente. La première avait été jetée comme un chiffon, mais celle-là, l’Hapienne aurait beau se débattre comme une lionne qu’elle n’avait pas la force de repousser sa professeure. Un procédé discutable s’il en est, mais Neith n’allait pas laisser le choix à l’intéressée que de l’écouter comme elle l’a si peu fait  depuis leurs retrouvailles.


Le ton de sa voix suffisait à comprendre l’amertume rongeant son âme. Cette amertume qu’elle mastique depuis leur entrevue sur Felucia l’a assez rongée après tout.


Ce n’est qu’alors qu’elle relâchera finalement l’Hapienne, s’accoudant sur le bord de leur loge pour observer la deuxième phase du spectacle qui n’allait plus tarder. Si elle avait au moins pu s’éviter le discours barbant de Meliva, elle avait aussi raté la présentation des confrontations. Négligence d’autant plus grave qu’elle avait raté une potentielle élimination d’un autre de ses champions.


Le devenir de son écurie lui serait bien apparut plus tard mais il s’agissait aussi d’une façon de relancer la conversation sur une meilleure note. Juste avant de mettre de nouveau les pieds dans le plat :


Si Yael ne veut être aimée que pour les apparences, la balle est ici dans son camp. L’Echani, elle, observe d’un œil distrait le premier duel qui va prendre place entre un des Chiss ayant affolé le public en première phase et un autre gladiateur. C’est que la présence de ce Sith devenait oppressante dans l’arène. La Force seule sait ce qu’ils avaient mijoté en coulisse.. et l’Ombre n’aurait que des moyens bien trop limités pour pouvoir accomplir son devoir dans cette situation.

Elle a pourtant pris sur elle.  L’étreinte de Neith autour de l’Hapienne est ce qu’elle peut faire de plus affectueux, mettant de côté sa rancune pour n’exprimer que son souhait de préserver une base saine. Même si sa puissance dans la Force est masquée, sa signature ne l’est pas. L’acolyte peut parfaitement lire l’amour présent dans le cœur de l’Echani. Pas celui que simule l’Ombre, mais celui qui est ressenti de femme à femme. Celui que les maigres restes de Thélia auraient ressenti pour la jeune Sith peu importe leur différence. Bien sûr, elle a des raisons vicieuses de persévérer ainsi. Mais la vérité est qu’elle ne se serait pas autant pris la tête s’il n’y avait rien de personnel. Si Yael devenait une gêne, la supprimer serait facile au vu de son ignorance actuelle. Bien plus facile que si elle venait à survivre à la découverte de la vérité quant à sa Républicaine favorite.

Mais l’acolyte semble déterminée à ne rien voir. A ne rien vouloir entendre, puisqu’elle envoie de nouveau son ancienne professeure sur les roses, témoignant d’un manque total d’intérêt pour ses cinq gladiateurs. La professeure voit d’ailleurs son attention happé par le panneau informatif qui finit par mentionner le nom d’Ammu. Le natif de Lothal dont le corps évoque plus les prouesses de Cyberdyne que la beauté d’Hapès. Voilà qu’elle se retrouve dans les phases finales avec trois combattants seulement. Au moins peut-elle se consoler en ayant conservé son as, puisque de toute façon...sans mauvaise surprise, la victoire lui était probablement assurée. Elle pouvait donc jauger plus sereinement les performances d’un de ces Chiss.

Hélas, elle n’en aurait pas l’occasion. Un pouvoir qu’elle ne connaît que trop bien l’envoya promener contre le mur. Et avant même qu’elle ne puisse cracher du sang, voilà qu’elle fût saisie à l’épaule et à la gorge par Yael. Initialement, le regard qu’elle lui adresse se veut dissuadant de continuer sur cette lancée ne serait-ce qu’une seconde de plus. Mais l’Ombre endurcie concède rapidement sa place à l’Apexienne craintive. Elle ne peut recourir à la Force. Hors, le regard adressé par son élève ne présage rien de bon si elle ne s’y résout pas. Mais encore une fois… elle ne peut pas. Pour bien plus de raisons que son cerveau ne peut le comprendre, sous l’effet de l’adrénaline.

La Sith semble pourtant hésiter. Clairement que sa conscience est en pleine lutte face à son instinct. Malheureusement, le mal est déjà fait. La républicaine n’identifie que trop bien l’état dans lequel se trouve son ancienne disciple. Pour les résultats obtenus jusqu’à maintenant, à savoir se faire jeter comme un chiffon et se faire plaquer au mur, la toucher de nouveau ne servirait à rien. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui lui en manque. Mais la crainte se lit dans son regard. La méfiance de mourir loin de chez elle sans même pouvoir se défendre dignement. La situation finit tout de même par se désamorcer, la douce chevelure argentée reposant finalement contre son buste. Une nouvelle fois, ses membres tremblants la dissuadèrent de tenter le moindre contact. Sa toux l’attestait : elle venait de manquer se faire étrangler. Clairement qu’elle n’allait pas retenter une troisième fois.

Et comme si ça ne suffisait pas, l’Hapienne gratifia l’espionne d’un énième coup du marteau de la réalité. Ainsi, cette sculpture constituerait le dernier souvenir de son élève pour l’Echani ? Il y avait définitivement une incohérence dans le comportement de Yael. Quelque chose sur quoi une républicaine formatée par l’abnégation ne saurait mettre le doigt. A quoi bon vouloir renouer avec elle si c’est pour la tenir à distance ? La Corellienne n’aurait pas le temps de se poser plus de questions. Déjà parce qu’elle fût déstabilisée de ses propres appuis par le soulagement de voir Yael lui rendre son espace vital. Ensuite, parce qu’elle les retrouva aussitôt le deuxième combat annoncé. Cette altercation lui avait coûté le premier, mais le deuxième, elle ne saurait le rater. Unzan entrait en lice face au dernier combattant de l’écurie des Senna. Un combat symbolique s’il en était de son point de vue. Bien sûr, elle veillerait à rester à bonne distance de celle qui a manqué de l’étrangler.

Et elle ne croyait pas si bien penser. La machination se jouant dans l’ombre depuis le début se concrétiserait ici. L’homme qui entra se battre pour Meliva n’était pas un de ceux ayant pris part à la mêlée initiale. Pire, les senseurs d’Obscurité de Neith se mirent d’emblée en alerte, alors qu’elle ne put rester stoïque face à cette surprise de mauvais goût. Les grands yeux avec lesquels elle observa le Sith en témoignèrent malgré elle. Heureusement, cela ne pouvait suffire à ce qu’elle se trahisse. La réplique que lui adressa Yael prouva en tout cas qu’elle n’avait pas failli à sa couverture par sa simple réaction.

Mais que pouvait-elle faire ? Elle n’était pas sensée savoir ce qui allait véritablement se trouver face à Unzan. Seulement être étonnée de ce guerrier arriviste. De cette perspective, demander de l’aide à Yael serait impossible, cette dernière devinerait que l’Echani en savait alors plus qu’elle n’est censée savoir. De même, utiliser un Saut de Force trahirait sa couverture devant tout le Consortium. En plus d’être un affront a la fierté des Tara et d’Unzan, ainsi qu’une cause de disqualification immédiate. Mais elle ne pouvait décemment laisser un de ses poulains se lancer dans un combat perdu d’avance. Si seulement Ammu avait passé la première phase, lui avait des chances, même minces, contre ce sensitif.


Tant pis pour Yael. Tant pis pour Unzan. Et si cela lui valait une réprimande de Lesella, elle en assumerait les conséquences. Pour peu qu’elle en réchappe bien sûr. Car l’Echani, avant de briser ce silence pesant, avait saisi ses deux vibro-lames, puis s’était engouffrée dans la porte qui s’était refermée juste derrière elle. Si l’Hapienne avait deviné ou non ses intentions, elle l’ignorait, mais la correction administrée à l’ancien meuble de sa mère devrait être une distraction suffisante. Le pauvre Hapien avait fait de son mieux face à ce qu’il devinait être un adversaire trop coriace pour lui. Ses côtes furent rapidement réduites à l’état de miettes, le Sith prenant un malin plaisir à le ruer de coups boostés par la Force. Les projecteurs se braquèrent bien sur la loge des Tara, afin de jauger les réactions de l’entraîneuse… mais l’image n’afficha qu’une Hapienne consternée.

Car Neith est de ces personnes qui apprécient être là ou on ne les attends pas. Sous la clameur des commentateurs puis du public, elle força les portes de l’arène, ses deux vibro-lames en main. Son pas était aussi lent que déterminé. Son regard à lui seul témoignait de ses intentions : passer l’intrus à tabac de ses propres mains. Est-ce qu’elle y croyait une seule seconde ? Aveuglée par sa rage sourde envers le Côté Obscur, oui. Quand bien même elle ne se servirait pas de la Force, ce ne serait ni les gardes redirigés de son chemin au décor, ni l’annonce de la disqualification de son écurie par un arbitre qui l’arrêteraient. Il était strictement hors de question que le Côté Obscur ne l’ampute une nouvelle fois d’une part de sa vie, factice ou non. Et sa fierté martiale dans tout ça ? Elle n’y pensait pas.

Le Sith, peu surpris par cette intrusion, fut au contraire ravi de pouvoir poursuivre son œuvre par l’élimination d’une de ses cibles VIP. La finalité de cet affrontement aurait le mérite d’être aussi captivante qu’il ne serait bref.

À quoi pensait-elle, déjà, en quittant la loge ? Cela lui revient maintenant. Réparer une injustice qu’elle est la seule à avoir remarqué. Révéler un subterfuge dont elle est la seule à se préoccuper. Du moins parmi cette foule d’animaux qui n’est que plus en liesse de voir une instructrice prendre elle-même la défense de son poulain face à un combattant qui n’a rien à faire là. Pas pour les valeurs intrinsèques à l’acte, non, seulement car il est annonciateur d’un spectacle bien plus divertissant. Néanmoins, c’est bien cette excitation de la foule qui dissuade les arbitres de disqualifier sur-le-champ l’écurie des Tara. Cela fait vendre, après tout. Tout le Consortium peut voir une femme munie de deux vibro-lames s’avancer face à un porteur de sabre-laser.

Unzan tente bien de l’en dissuader, marmonnant à raison qu’elle n’a aucune chance ainsi. Neith le sait, mais elle n’y a pas pensé. Simplement car il lui est insupportable de voir un usurpateur malmener ses propres guerriers. Le règlement est de son côté, il n’a rien à faire là. Mais le fait que ce soit un Sith a obscurci son jugement. C’est Yael qui aurait dû user de cet argument pour faire annuler le match, pas elle. Encore moins de cette façon.

Voilà pourquoi elle se retrouvait maintenant dans le même état que son combattant Hapien. Bien sûr, le début du combat avait entretenu le suspense. Le Sith lui-même s’était rendu compte qu’il était dépassé en escrime par cette Echani sortie de nulle part. La rage que trahissait son regard semblait en effet lui donner des ailes, si bien qu’elle parvint à lui trancher une main avec une adresse remarquable.

Seulement, cette blessure a sonné le glas de la récréation. C’est peut-être une Echani qu’il affronte, mais ce n’est pas une sensitive. Ce n’est pas une de ces redoutables officiers impériales. Juste une peste parmi les pestes que le sensitif envoie paître auprès du gladiateur vaincu après l’avoir désarmée. Sa maîtrise est supérieure, oui, mais pas ses réflexes. Malgré tout, le regard que jette le Sith en direction de Melina est clair : cet imprévu vient de faire gonfler le prix de ce petit jeu. La Matriarche s’en moque clairement, tant l’occasion d’humilier sa rivale est précieuse.

S’il veut être payé, cependant, il doit respecter les termes du contrat. Alors plutôt que de jouer plus que de raison avec son jouet pas trop abîmé, il va le casser en deux nettement afin qu’il soit irréparable. Neith n’a plus ni ses lames ni ses blasters et ce n’est pas le coup de poing qui a sans doute brisé une côte ou deux au Sith qui va changer quelque chose. Encore sonnée, qu’elle est par cette deuxième projection de Force, elle ne peut prendre l’ascendant en force. Pas quand un sabre-laser va lui trancher la gorge si elle remue un cil. Est-ce donc ainsi que la Force veut voir sa vie s’achever ?

Résignée, observant son bourreau droit dans les yeux de son œil valide et de l’autre au beurre noir, sa vision s’obscurcit soudainement. Mais contrairement à l’idée qu’elle se faisait de la mort, aucun voile glacial ne vient l’envelopper. Il faut le temps à ses yeux de s’adapter pour qu’elle comprenne être simplement dans l’obscurité. La vision thermique de ses implants lui permet cependant de recouvrer une vue quasiment parfaite. Assez en tout cas pour voir que le Sith tenant sa vie entre ses mains semble soudainement être désintéressé d’elle.


Les cris et les grésillements dans l’oreille du sensitif, l’Ombre ne les avait pas entendus et ignorait donc qu’elle leur devait son salut. Ce qu’elle pouvait entendre cependant, c’est l’agitation causée dans la foule par l’extinction soudaine de l’éclairage. Sa blessure guérie, le guerrier part enquêter de lui-même sur la panne de courant pour en supprimer la fautive. Neith, de retour sur ses appuis, ricane intérieurement. Elle ne peut pas le vérifier sans se compromettre, mais il lui semble avoir une très bonne idée de qui est derrière tout ça.


La voix d’Ammu trancha avec le brouhaha ambiant. Le cyborg s’était douté que quelque chose clochait dès la panne générale et avait décidé de se rendre là où se situait théoriquement le cœur de l’action pour en avoir le cœur net. Il avait de plus pris soin de ramasser tout l’armement de son entraîneuse qui lorgna un instant dessus avant de s’en rééquiper. Les lames étaient un peu chaudes, mais le métal des blasters lui paraissait aussi froid que la nuit ambiante. Ammu n’avait pas ce problème avec son filtre nocturne.

L’avantage du filtre visuel de l’Ombre, cependant, est qu’elle pourrait aisément voir venir les menaces. Sa première destination ? La zone de l’amphithéâtre ou se trouvaient les générateurs, dont l’état ne laissait que peu de doute planer sur la cause de cette panne générale. Mais pourquoi Yael s’est handicapée de la sorte ? La Force peut permettre de se passer de la vue d’une certaine manière, mais cela reste une gêne. Neith se dit donc naturellement que ce Calamis n’a pas dû s’en prendre qu’à la voix de sa protégée. Il lui a bien semblé reconnaître l’éclat d’argent naturel de son élève...mais le temps a joué, peut-être que l’ingénierie de Cyberdyne les lui a simplement restitués en une version améliorée.

Or, les considérations sur la vue de la deuxième fille de Lesella devront attendre. Elle a peut-être privé un Guerrier Sith d’une de ses mains, mais celui-ci a encore le bras long. À peine l’Echani a-t-elle le temps de choisir une direction vers laquelle poursuivre sa route qu’elle se voit croiser la route d’une troupe en armes, à l’accoutrement… résolument Sith. Sauf qu’aucun d’eux n’est éveillé à la Force. Inutile donc de préciser que l’un d’eux aura vu une vibro-lame séparer son crâne en deux avant même de comprendre qui ils avaient en face d’eux. Cette irruption violente de Neith au milieu du groupe aura eu le mérite de le faire éclater aux alentours, les chasseurs devenant les chassés.


Un de ses gladiateurs était indûment à terre. Elle avait pris un coup dans l’œil qui mettrait quelques jours à guérir. Ses côtes seraient douloureuses pour quelques nuits aussi. Mais à vrai dire, c’est son dos qui serait le plus douloureux. Et par dessus tout, c’est Yael qui l’inquiétait davantage, en dépit du fait qu’elle soit fautive de ce dernier mal. En tant que son ancienne élève, Neith n’avait aucun doute qu’elle soit capable de plus que ce dont elle a attesté chez le soldat. Mais qui sait s’il n’y avait pas d’autres Guerriers dans les parages. D’autant que le nom de Calamis lui était amèrement familier depuis une certaine nuit… et que s’il était là, elle ne serait pas contre le trouver la première.

Alors ce jeu avec de simples légionnaires ne l’amuserait pas longtemps. Ils étaient une douzaine. Un avait maintenant le crâne fendu. Un autre bénéficia d’une prestation gratuite de chirurgie faciale au blaster. Les deux qui tentèrent de l’avoir pendant qu’elle avait le dos tourné à leur planque ? Ils font office de véritable meuble, maintenus contre le mur par leurs propres armes. Six seulement auront eu la bonne idée de décamper de cette boucherie pendant que deux braves muselaient la fureur Echani d’une couverture blaster. Leur sort n’est toutefois pas enviable, leur cou témoignant de la surprenante capacité de leurs cervicales à se tordre sur elles-mêmes.

Clairement qu’elle n’avait pas que ça à faire. L’amphithéâtre était un lieu qui était réservé aux combats, pas aux coups bas. Que cette pimbêche n’ait pas l’honneur adéquat à la pratique, passe encore, après tout l’escrime est un sport dont peu saisissent la noblesse. Mais qu’elle tente de saboter le bon déroulé des épreuves ? En tant qu’une de ses anciennes créancières, Neith en profiterait bien pour lui imprimer son art martial sur le visage. De façon indélébile. Cela, elle s’en occuperait quand le nettoyage des lieux serait achevé. Un bruit avait attiré son attention avant qu’elle ne puisse en attester avec certitude. Entre les échos de blaster et les crépitements familiers, voilà qu’elle avait trouvé la suite du spectacle.

Initialement, tout ce qu’elle devait accomplir sur Vena devait servir à solidifier davantage sa couverture. L’Echani était parvenue à rendre ce jour plus intéressant sur le plan personnel, jusqu’à ce que cet espoir ne vole en éclats, en même temps qu’elle contre le mur. La plus-value était donc ruinée. Un malheur ne venant jamais seul, l’évènement en lui-même avait été gâché par un Sith qu’elle n’aurait eu aucun mal à vaincre en pleine possession de ses moyens. Couverture oblige, elle avait dû se passer de la Force et donc, accepter de mordre la poussière face à un homme faible. Face  à un vulgaire Sith. Prudence étant mère de sûreté, la vengeance étant un plat qui se déguste froid, tout cela pouvait encore passer. En tant qu’Ombre, clairement, ce ne serait pas la première ni la dernière fois que la Corellienne prendrait sur elle.

Ce qui n’était absolument pas prévu au programme, en revanche, c’est de devoir s’ériger en protectrice de civils venus se fourrer dans une affaire de sensitifs en totale ignorance de cause. Les tirs de blaster qu’elle avait attribué aux sbires de ce Guerrier ne leur appartenaient en fait qu’à moitié. L’autre moitié provenait de quelques mercenaires bien en peine de défendre un entraîneur et son petit comité de gestion.

L’Ombre mit un instant à identifier ce rival devenu victime comme le propriétaire des quelques Chiss ayant captivé l’audimat lors de la première phase. Ils ne sont peut-être pas de son côté, mais l’Echani a au moins pu attester de la valeur de l’instructeur comme du potentiel des guerriers. Puisque ce serait un gâchis de voir de telles vies s’éteindre, Neith décide d’aider les mercenaires à se défaire de la piétaille tout en se demandant comment ces derniers ont pu passer du coq à l’âne si rapidement.

La fin des légionnaires ne mérite aucun commentaire particulier. Pris en étau entre deux feux, ils ont seulement été abattus comme des chiens, puisque leur supérieur ne doit pas leur accorder beaucoup plus de valeur. Le groupe de rescapés, lui, se retrouve en compagnie de l’Ombre qui joue alors davantage les Jedis qu’à l’accoutumée. Ils auraient normalement dû retourner en lieu sûr, mais allez savoir pourquoi ils refusent de s’éloigner de l’Echani qui a tué six soldats de sang froid et qui aurait bien pu botter les fesses de leur capitaine si elle avait eu plus de chance… ou même un simple disrupteur.

La républicaine n’avait pas non plus anticipé que ce contre-temps lui coûterait toute occasion de prendre la vie du Guerrier avant qu’il ne puisse retourner dans les jupes de son maître, la queue entre les jambes. Heureusement que l’espionne n’était pas tenue de fournir un rapport détaillé sur chacune de ses journées. La rentabilité de celle-ci en particulier allait faire tâche dans son dossier. Au moins put-elle se consoler à demi-mot en remarquant que son ancienne disciple était à peu près indemne. Son corps en avait vu d’autres. Son esprit lui… était visiblement sous l’emprise du Côté Obscur. Ce regard mordoré bien connu fit reculer la foule qui craignait que cela ne soit en fin de compte pas terminé. L’Echani, qui en avait vu d’autres, et qui ne comptait pas fuir devant Yael, observa simplement ce fait tout en écoutant ses paroles. Le regard qu’elle arbore semble se vouloir angélique… ce qui fonctionne beaucoup moins avec de telles iris. L’Ombre serait toutefois bien piètre si elle ne savait pas voir au-delà des apparences. Particulièrement avec quelqu’un de si familier.

La seule réaction de la Corellienne fut donc d’observer les alentours, essayant tant bien que mal de se faire une idée de ce combat qu’elle avait raté. Un détail attira toutefois son attention, reconnaissable entre milles. Il semblerait qu’un Sith ait été privé de ses deux mains et de son sabre-laser par la même occasion. Elle décide donc de ramasser cette arme qui est censée la dépasser. L’Hapienne se dit probablement que Neith a certainement déjà dû en voir avant ce jour, même au sein de l’APEX. Mais a quel point peut-elle ne pas paraître suspecte si elle se mets à l’allumer et à le manier ? Non, mieux vaut se raviser. C’est qu’il lui est venue une meilleure idée. Plutôt que de raccrocher le sabre à sa ceinture comme elle le fait habituellement, elle revient se positionner face à l’Hapienne tout en lui présentant sa trouvaille.


Elle avait déjà suffisamment perdu aux mains des Siths pour laisser cela se reproduire sous ses yeux.


L’intonation, le choix des mots, jusqu’à son attitude, tout était naturel. Un naturel devenu inhabituel.  Tout cela risquait de déstabiliser Yael qui n’avait pas l’habitude de voir sa professeure se comporter ainsi. Pour cause, celle qui était restée de l’autre côté de la frontière s’exprimait. Celle qui avait dû apprendre à masquer l’altruisme de ses intentions derrière une façade avide pour mieux se fondre parmi les héritiers des Hutts. Puis au sein des adeptes du Côté Obscur. Puisque cette dernière ne parvenait pas à se faire comprendre de la jeune argentée face à elle, peut-être qu’une autre approche paierait.


Conclua-t-elle en embrassant chastement le dos de la main de l’argentée, avant d’y placer le sabre et de refermer les doigts de son élève sur la poignée. Redisons-le toutefois, cette façade est restée de l’autre côté de la frontière. Ici, elles n’ont pas le luxe de s’épandre en de trop vaines paroles. Ce sabre peut servir de preuve contre la probable instigatrice de cette blague de mauvais goût. Le problème, que Neith ressent sans pouvoir l’exprimer, c’est qu’elle semble avoir commencé à se faire la malle. L’avantage, c’est que l’argentée peut parfaitement s’en rendre compte seule. Et que son ancienne professeure est bien décidée à l’y accompagner, même contrainte de la laisser ouvrir la voie pour sauver les apparences.


Un souffle de déception l’interrompit. Elle avait sans doute trop parlé, une nouvelle fois, pour les résultats que cela puisse avoir.


Dans ses pensées, cette dernière phrase paraissait avoir eu un réel écho. Voulait-elle seulement obtenir la réponse ? Meliva pouvait encore être rattrapée et confrontée si elles ne s’éternisaient pas ici. Alors plutôt que de laisser Yael ouvrir la marche, l’Echani décida de se diriger de son propre chef vers la loge de la Matriarche locale. Elle était certes un peu amochée, mais son éclair de lucidité n’aura rien changé à la fougue dont elle peut se monter capable. Les comploteurs sont en déroute, peut-être bien que d’autres soldats s’en prennent à des civils un peu partout pour couvrir leur fuite… mais il y a bel et bien une cible plus importante que les autres ici. Un propos qui aurait le mérite de reléguer leur conversation passée au second plan. Quant aux civils sous sa garde.. . elle les avait complètement ignorés alors… ils étaient bien libres de vagabonder ou ils le voulaient.


Alors qu’elles se rendaient déjà auprès de Meliva, Neith espérait que Yael comprenne qu’il était question d’un certain Seigneur Sith.