Sac de noeuds [Lor Soraaj]

Avec un chiffon blanc, Carpe astiquait le verre de son comptoir. Elle regardait les reflets verts et rouges des lumières nouvellement arrivées pour fêter le Jour de la Vie. Ce n'était pas la seule chose qui avait changé. Elle avait gagné des flacons et un nouvel équipement pour l'occasion : une plaque chauffante. Des nouveaux cocktails devaient être servis dans cet établissement chic.

Quelle ascension pour celle qui avait vécu dans les bas fond d'Aduba 3. En effet, grâce à sa nouvelle maitresse, elle avait pu avoir accès non seulement à la formation mais aussi au lieu d'apprentissage. Le jour, elle travaillait à ses cours, la nuit, elle servait à toute une frange de la population qui pouvait avoir beaucoup d'influence. Elle se demandait si par hasard, elle rencontrerait un jour, ici, des membre de sa famille. Mais elle ne savait pas trop s'il fallait les craindre ou non. Pour le moment ce n'était pas arrivé et elle mettait toute sa bonne volonté à servir les clients, qui parfois, lui laissait quelque pourboires.

"Carpe ! Tu veux bien nous aider ?" La salle était encore vide alors le serveur et l'hôte d'accueil étaient occupé à une table. La jeune femme quitta son zinc pour les rejoindre. Elle n'avait pas encore vraiment intégré le sourire pourtant ses yeux pétillaient de ce qui pouvait se rapprochait le plus à de la joie pour elle.

"C'est pour finir de faire les nœuds, idéalement, il faudrait les installer aux branches avant que les premiers clients n'arrivent.
- D'accord ! " Elle regarda le tas de ruban en satin sur la desserte et s'installa en en saisissant un. Maladroitement, elle fit des boucles qui glissèrent presque immédiatement. Alors elle défit pour retenter sa chance. Les boucles ne restèrent pas plus en place. La demoiselle reprit donc de zéro en allant plus vite cette fois ci et… il y avait bien un nœud ! Complètement de travers, avec une boucle plus longue que l'autre, légèrement vrillée le nœud ne payer pas de mine.

- Attends, je te montre. Tu ne vas pas t'en sortir." L'hôte d'accueil, un droïde, bien sur tous ses boulons, pris un nouveau ruban, l'entortilla habillement autour de ses appendices qui évoquaient des doigts et pouf ! Un magnifique nœud. Il était bien formé, les boucles harmonieuses et parfaitement équilibré.

- Félicitation ! " Carpe entortilla le ruban, s'aidant de ses six doigts, mais, toujours indomptable, le ruban resta égal à lui-même : droits et froissé. Penaude, les épaules de l'apprentie s'affaissèrent.
Le serveur éclata de rire.
" Tu te prends trop la tête, fait comme pour ta ceinture !
- Mais il n'y a pas de nœuds comme ça… " Carpe se leva et se retourna pour montrer le obi qui maintenait un kimono vert.
- Ha oui… Je croyais… Mais comment ça tient ? Laisse tomber les nœuds, on va les installer. L'heure avance. "

D'un certain âge, le serveur en avait vu des belles et du beau monde usaient l'étoffe des sièges. Il avait plus d'histoires que d'années vécues. Et pourtant, il ne se lassait jamais, il aimait son métier et partageait cet amour avec la demoiselle comme il l'avait fait avant avec d'autres jeunes. Elle s'était saisie du panier dans lequel les nœuds finis avait été déposés.

"Occupe toi de cette branche et évite de trop les serrer mais mets en quand même suffisamment. As toi de trouver le bon équilibre ! "

Après un hochement de tête, Carpe se mit au travail. Elle posa un nœud, puis un autre, puis un autre et encore un autre. Le panier se vidait petit à petit. Quand elle fut presque satisfaite, la jeune femme fit quelque pas en arrière et jugea. Pas assez ici et là. Alors elle se rapprocha et compléta son œuvre. A nouveau, elle s'éloigna et, avant qu'elle n'eut fini son dernier pas, elle percuta quelqu'un, quelque chose. Les nœuds rouges s'envolèrent alors qu'elle pivota. Elle manqua de peu son équilibre.

- Désolée. Je m'excuse. " Dit elle précipitamment en s'inclinant fortement.

Une pluie de ruban tombèrent au sol.
Serveur et hôte vinrent accueillir le nouvel entrant.

"Monsieur, tout va bien ? "

De retour sur Nar Shaddaa, après ne pas y être revenu depuis plusieurs mois. C’était le statut et la pensée de Lor Soraaj sur le moment. La dernière fois qu’il était venu sur cette planète de l’APEX, cela avait été pour faire des affaires. Après tout, ce monde était également connu sous le surnom de Lune des Contrebandiers. C’était donc un endroit parfait pour procéder à des échanges commerciaux potentiellement profitable. Il se rappelait bien de la dernière fois, ayant pris en charge une cargaison pour un confrère de l’APEX, en échange d’une commission. La marchandise avait fait un voyage tranquille dans le vaisseau du médecin, nullement inquiété par les représentants de l’ordre républicains ou encore les jedis. Une mission simple qui lui avait rapporté une belle somme de crédits. Ce ne serait très certainement pas la dernière mission de ce genre, d’ailleurs. Toutefois, aujourd’hui, Lor avait rejoint la planète pour des raisons différentes. Des raisons plus humanitaires, en réalité.

En effet, il avait choisi de revenir sur ce monde pour offrir des soins aux nécessiteux de Nar Shaddaa. Certes, il ne pouvait soigner tout le monde, mais il avait pu en aider beaucoup. Une bonne action liée au jour de la vie. La journée de travail avait été longue et maintenant, Lor était bien déterminé à se reposer un peu. Il pourrait retourner sur Kirima le lendemain, s’il le souhaitait. En fait, c’était même ce qu’il souhaitait faire, afin de retrouver sa famille et profiter de cette période de l’année avec eux. Toutefois pour le moment, il déambulait dans les rues de la cité, à la recherche d’un établissement adéquat pour se détendre un peu. Comme il en avait souvent l’habitude, Lor ne se déplaçait pas seul. Marchait à ses côtés un droïde commando à l’apparence fortement modifiée de son modèle d’origine, Spark.

-Alors, tu penses trouver quelque chose qui t’intéresse? Marcher pendant des heures ne nous mènera à rien. Ce qu’il te faut, c’est un repas convenable et une bonne boisson.

-Je sais Spark. Tu sais comme moi que cela peut malgré tout être un peu compliqué sur cette lune. Je me rappelle encore de ce patient qui se plaignait de maux de ventre suite à une visite dans un restaurant prestigieux dans le quartier rouge. Pour découvrir qu’on lui avait servit de la viande de vermine issu des égouts. Je n’ai aucune envie d’avoir droit à ce genre d’horreur.

-Pourtant, tu ne te gênes pas pour manger de la nourriture parfois avariée.

-Oui, mais pas si elle risque de me filer des maladies horribles ou des parasites.

-Pourquoi pas ce commerce, il a l’air propre.

Spark montrait d’un doigt un édifice bien entretenu. Le nom était difficile à lire, mais les lieux semblaient très corrects. Pourquoi pas. Au pire, Lor rentrerait et si l’endroit était horrible à l’intérieur, il reprendrait sa route. Le médecin se dirigea vers la porte d’entrée et entra dans le bâtiment avec Spark. À l’intérieur, en plus des diverses tables pour servir les clients, Lor remarqua également une plaque chauffante. À cela s’ajoutait un arbre que les employés étaient occupés à décorer, célébration pour le Jour de la Vie. Cet endroit semblait plus que convenable pour prendre un bon repas et pour se détendre. Lor avait à peine eu le temps de faire quelques pas dans l’édifice que son holocommunicateur résonna légèrement, on l’appelait. Il activa l’appareil et apparut aussitôt une fillette twi’lek, très jeune, dans les quatre ou cinq ans. Lor sourit en voyant la petite qui commença à lui parler en Rhyl, la langue du peuple twi’lek, avec beaucoup d’enthousiasme. Le médecin se concentrait sur ce que la petite lui disait, résultat il ne faisait plus vraiment attention à ce qui l’entourait. C’est à cause de cela s’il ne vit rien venir, alors qu’on le percutait soudainement par le côté. La soudaineté de la chose aurait peut-être risqué de lui faire perdre l’équilibre et de le faire tomber. Cependant, Spark se tenait de l’autre côté, il réagit rapidement, soutenant Lor pour l’empêcher de tomber. Toutefois, Lor échappa son holocommunicateur. Pendant ce temps, la femme l’ayant percuté s’excusait et des employés les rejoignirent rapidement.

-Oui, oui, ça va. Aucun problème.

Puis, il se pencha pour ramasser son holocommunicateur. Heureusement, la communication n’avait pas été interrompu. Lor échangea quelques paroles en rhyl avec la fillette, avant de revenir à utiliser le basic.

-Bonne nuit, ma grande. Sois sage, surtout.

Le médecin interrompu la communication avant de reporter son attention vers les membres du personnel. Ces derniers s’afféraient à ramasser des rubans tomber au sol, probablement lors du percutement. Il remarqua d’ailleurs que l’un des rubans c’était coincé dans l’une des jointures de sa main mécanique. Il l’en sortit sans mal, avec de poser rapidement la décoration sur l’arbre de vie.

-Bonsoir, je me cherchais un endroit pour un bon repas, ce soir. Auriez-vous de la place?

Il détailla rapidement du regard les employés. Rien de bien particulier en ce qui concernaient le serveur et l’hôte. Toutefois, un détail intéressant attira l’attention de Lor sur la femme. Elle avait six doigts à chaque main. Une polydactylie, un phénomène plutôt rare, il faut dire.

"Je vous en prie, prenez place et je vous apporte la carte."

Toujours posées l'une sur l'autre, Carpe laissa ses mains au niveau de son ventre. Elle sentait le regard de son nouvel hôte posé dessus. Ce n'était pas le premier et ce ne sera pas le dernier. Elle nota cependant un petit détail. Petit pour vous, mais pour elle, cela voulait dire beaucoup : il n'y avait aucun signe de dégoût. De cela, on pouvait en déduire au moins deux choses et parmi elles, la plus probable était la suivante : il s'y attendait.

Toujours très formelle, Carpe se retira. Ce fut alors le serveur qui pris le relais en recueillant les éventuelles affaires encombrantes, en les plaçant, loin des courants d'air de la porte et à proximité du bar. Deux cartes leur fut remises, l'une concernant les boissons et l'autre les accompagnements solides et variés. Après s'être retiré, il rejoignit Carpe et lui glissa.

"Tu devrais faire un geste commercial"
"D'accord" La demoiselle avait encore son regard dans le vague, poursuivant son cheminement de pensée. Elle avait peur, un peu, méfiante surtout. Mais de ses états d'âmes, son visage ne trahissait rien. Et si cet homme était là pour elle ? Et si elle était recherchée ? Par qui ? Sa famille ? Les assaillants ? Dilemme ?

La demoiselle lança un regard vers l'homme à la fois pour évaluer ce qu'il pouvait lui faire plaisir, mais aussi sur son éventuel équipement. Oui, parce qu'ami ou ennemi, si cet homme était venu pour une quelconque prime, il se devait avoir des armes plus ou moins caches. Et puis, il y avait le droïde. Ce n'est pas que la demoiselle n'aimait pas les droïde, bien au contraire, il était toujours droit et fidèle à leur programme. Seulement, voilà, elle n'y connaissait rien, ni en programmation, ni en robotique et autres tripatouillages mécaniques. Alors, ce droïde avait la possibilité d'être tout ce qui se trouvait entre le concept de totalement inoffensif pour tout être à létalité foudroyante. Et, peut être même; être tout cela à la fois, car les droïdes, aussi, pouvaient ne pas être à une contradiction prêt.

Machinalement, Carpe se saisit d'un couteau et commença sa préparation. Elle se concentra sur son environnement. Que pouvait elle avoir d'intéressant pour se défendre sans avoir à porter préjudice à ses employeurs, ni à sa maîtresse. L'ustensile qui lui servait à couper avait une efficacité reconnue et pas que pour les fruits. Cependant, c'était non seulement très voyant et trop atypique. Il y avait aussi le pic à glace, mais il avait également l'attribut sortant de l'ordinaire. Une bouteille à casser ? Trop de soucis pour après. Un limonier ? Pourquoi pas...

La boisson était maintenant prête. Elle fumait dans un verre où la tranche d'un agrume flottait. Carpe le plaça avec précaution sur son plateau et s'en alla retrouver celui qui l'intriguait.

"Puis-je vous offrir, ce verre en guise d'excuses pour tout à l'heure ?"
La demoiselle posa son offrande sur la table.
"C'est chaud, je vous conseille de faire attention."

Puis elle plongea les mains dans la large poche de son tablier. Elle y saisit un calepin et un stylo. Stylo, stylet... stylet, stylo. Pointe dure et pointue. Pas de fils acéré. Long, fin. Ordinaire. Une arme improvisée satisfaisante. L'arme, non pardon, le stylo fut retiré en douceur avec ses petits papiers.

"Auriez vous fait votre choix ?" Ne maitrisant pas encore le sourire commercial, Carpe garda son expression neutre, stylo et carnet en main.

Lor attendait la réponse du personnel de l'établissement, quant à sa demande d'une table. S'il n'y avait pas de place disponible sur place, tant pis. Ce ne serait pas très grave en soit. Le duo cyborg et droïde n'aurait qu'à quitter les lieux et trouver un autre endroit. Nar Shaddaa restait une planète fortement urbanisé, alors trouver un autre restaurant ne serait pas bien difficile. Bon, certes la question de l'hygiène des lieux pourrait être plus discutable qu'ici, mais c'était un autre sujet. La réponse du personnel fut toutefois positive. On l'invita à s'asseoir et d'attendre qu'on lui apporte la carte du menu. Lor choisit une table à proximité du bar, en laissant son manteau au serveur. Désormais sans son manteau, on pouvait mieux voir la tenue de travail du médecin, soit une combinaison kaki, disposant de multiples poches. De plus, ses manches étant roulé à mi-hauteur, sa prothèse mécanique de bras gauche était bien visible. On pouvait même voir au dessus du coude, là où organique et synthétique se rencontrait. Lor prit place à la table, Spark s'asseyant face à lui. Quelques instants plus tard, le serveur apportait deux cartes, la première pour les boissons et la seconde pour la nourriture. L'hybride se concentra rapidement sur les deux menus, laissant à Spark le soin de faire la surveillance.

En soit, le médecin n'était nullement inquiet. Il n'avait rien fait pendant son séjour risquant de s'attirer l'hostilité de quelqu'un. De plus, même si c'était le cas, Spark était là. Son apparence atypique pouvait attiré la curiosité, le droïde ayant eu droit à beaucoup de changement esthétique et fonctionnel depuis sa création. Toutefois, sa plateforme d'origine demeurait celle d'un droïde commando, sans parler des programmes de combats d'origines et ceux rajouté ensuite. En cas de nécessité, le droïde pouvait donc devenir un redoutable combattant, même sans arme apparente. Pour en revenir à Lor, ce dernier fit rapidement son choix dans le menu des boissons, son attention ayant été attiré par un cocktail léger. Il n'avait aucune envie de s'enivrer, alors ce serait parfait. En ce qui concerne le repas, il y avait bien deux plats du menu qui l'intéressait grandement. Certes, le plat principal était le même, de la viande de bantha rôti. C'était davantage les accompagnements et les ingrédients d'assaisonnement de la viande qui changeaient. L'attention du médecin fut cependant attiré ailleurs lorsque la serveuse arriva. Cette dernière arriva avec un breuvage dont s'échappait une légère fumée. Elle présenta le tout comme une excuse pour son arrivée. Il accepta le verre, le prenant de sa main mécanique.

-Inutile de vous inquiéter, ce n'était rien de bien méchant. Pas de blessé et rien d'endommagé.

Pendant que la serveuse sortait son calepin et stylo, il prit une légère gorgée du breuvage. Légère acidulé et doux en bouche, bien chaud.

-Hum, c'est bien plaisant comme boisson. Hum... Spark, garde cette boisson dans un coin de ta mémoire, s'il te plait. Ce genre de truc, je suis sûr qu'Uva aimerait beaucoup.

-Est-ce sans alcool? Cela ne serait pas approprié pour une enfant, si cela en comportait.

-T'inquiètes, mon grand, je suis pas irresponsable non plus. Bien sûr que c'est sans alcool.

Puis, Lor porta son attention vers la serveuse.

-Alors, j'ai bien ma petite idée. Je prendrais votre cocktail Fruit d'Ondaron pour boisson. En entrée, la soupe de légume. Comme plat principal, j'hésite entre votre rôti de bantha au fromage et le rôti de bantha forestier... Vous auriez une recommandation? J'y pense... Si ce n'est pas grossier de vous demander... Je me demandais, votre polydactylie, c'est un trait de famille?

Après quelques secondes de silence, le médecin comprit que le terme devait probablement être inconnu de la femme.

-Pardon, c'est le terme médical et scientifique. Je veux parler de votre sixième doigts à chaque mains. D'ailleurs, pour être précis, vous êtes du type polydactylie postaxiale. Par contre, on parle de polydactylie préaxiale, si le ou les doigts supplémentaires se trouvaient du côté du pouce.

-Je doute que cela sois un sujet dont il faut forcément débattre.

Spark c'était exprimé, afin de mettre un frein à la curiosité de son maître, avant qu'il se mette à poser des questions qui pourrait offenser quelqu'un.

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