Des décisions difficiles [PV beaucoup de monde]

Dire que Cyrène avait connu l’ascenseur émotionnel ses derniers jours serait un doux euphémisme : lorsqu’elle avait appris la chute de Kashyyyk, ou se trouvait déployer son épouse, la jeune femme avait était contrainte d’encaisser en même temps l’idée de la défaite et le risque de voir sa moitié ne pas revenir du front. Contrairement a la Jedi, elle ne pouvait pas s’aider de la Force et elle avait guetter avec une appréhension perceptible les rapports sur les survivants étant parvenu a s’extraire de la nasse. Elle connu peut-être le plus grand soulagement de son existence en réalisant que le nom d’Arsenicia figurait parmi les survivants a s’en être sorti. La guerre pouvait être cruelle, et elle savait que la réciproque finirait sans doute par arriver, même si sur ce point, son épouse pouvait toujours essayer de se fier a la Force pour savoir si elle était toujours vivante. Toutefois, toutes les nouvelles étaient loin d’être bonne : l’Amiral Tan’ith avait choisit de rester sur la planète afin de coordonner la résistance et la défaite plaçait les troupes Républicaine dans l’embarras : après une percée comme celle-ci, il ne faisait aucun doute que l’ennemi allait lancer tôt ou tard, plus probablement tôt, une exploitation visant a profiter de la désorganisation des troupes Républicaine.

S’attendant a ce qu’on lui demande un moment ou un autre d’aller colmater la brèche, Solaris avait pris les devant pour se positionner ni trop près, ni trop loin du front afin de pouvoir intervenir le plus rapidement possible sans s’exposer a un contact sans avoir établit une stratégie. Pour ce faire, elle avait ordonner a sa flotte de se regrouper dans le secteur de Daalang, proche de Bothawui, qui restait sans doute l’objectif final de cette contre offensive du Consortium. Elle était ensuite rester un moment enfermée dans son bureau, travaillant sur plusieurs hypothèses possible. Même dans les plus optimistes, et il était toujours dangereux de tabler sur ses dernières, l’Amirale réalisait bien qu’il faudrait pratiquer une défense mobile en concédant du terrain. Hors, politiquement, une retraite tactique était toujours inflammable : les Seigneurs Jedi les refuseraient d’office et les sénateurs en profiteraient sans doute pour contester les décisions de l’état-major. Elle eue une pensée compatissante pour le Commandant Suprême qui allait devoir gérer tout cela et était bien heureuse de ne pas avoir a le faire, toutefois, elle eue la surprise de reçevoir un ordre qu’elle n’attendait pas : plutôt que de l’envoyer colmater les brèches, on lui demandait d’organiser un conseil de guerre pour préparer la suite des évènements, réunissant plusieurs Jedi ainsi que l’Amiral Tan’ith qui était parvenu a se doter d’un communicateur assez puissant pour participer.

Elle accueilli cette nouvelle avec philosophie : certes, une partie de l’équipage serait sans doute frustré, mais dans le même temps, prendre le temps d’établir un plan allait leurs permettre de pouvoir coordonner la réponse et donc être plus efficace. Des rapports qu’elle avait reçu, les pertes en effectifs étaient plus limité qu’elle n’aurait put le craindre et de ce fait, cela signifiait que la flotte de l’Amiral Tan’ith était encore en état de combattre. Le principal problème viendrait du leadership : sans l’amiral, il serait sans doute plus difficile de maintenir une cohésion parfaite, même s’il finissait par être remplacé. Le temps que le remplaçant prenne ses marques, trouvent ses hommes de confiance et impose sa méthode, la flotte connaîtrait un flottement et ses performances au combat seront amoindri. Il n’y avait plus de moyen de régler ce problème, il faudrait simplement tenir compte de ce paramètre parmi tant d’autre. Lorsque l’heure du rendez-vous fut convenu, Cyrène se mis au travail afin d’assurer l’accueil des Jedi qui viendrait la rejoindre sur le navire. Faire préparer la salle de conférence, le tapis rouge, les gardes du vaisseau en uniforme et en rang pour saluer les invités, des choses simples, mais qui nécessitait des ordres clairs : la vie militaire dépendait entièrement de la chaîne de commandement et même si la procédure était standardisé, Cyrène savait qu’elle devait la superviser pour s’assurer qu’elle soit appliqué.

Son épouse faisait partie des invités, et bien qu’elle soit ravie de la revoir, elle savait que cette fois, ce ne serait guère pour discuter d’amour et d’eau fraîche. Un signe qui ne trompait pas, si elle portait son bel uniforme bleu et son béret d’officier, Cyrène ne s’était pas doté de ses fameuses lunettes de soleil, qu’elle prenait d’habitude pour le plaisir de tenter son épouse qui les trouvaient irrésistible. Arsenicia allait sans doute également se plaindre du fait qu’il y avait la haie d’honneur, mais Cyrène avait insister : il fallait maintenir le moral des troupes et suivre le protocole permettait de maintenir une sensation d’ordre et de normalité dont l’équipage comme les troupes avait besoin. Lorsque toutes les préparations furent terminée, la transfuge Hapienne se rendit dans les hangars afin d’accueillir ses invités. Elle se tint au bout de la haie d’honneur avec sa seconde, attendant l’arrivée des Jedi pour les saluer. Lorsque tout le monde serait présent, elle conduirait tout le monde dans la salle de conférence et la discussion stratégique débuterait, mais pour le moment, il était nécessaire de satisfaire aux exigence du protocole.

Le Morning Mist n'avait pas accueilli autant de passagers depuis longtemps. Soudain, ce havre de paix qu'était normalement le vaisseau d'Arsenicia était devenu plus animé, plus bruyant. Cependant, la coque chromée abritait certains des sensitifs les plus puissants de la galaxie, et même si le voyage restait dans les frontières de l'espace républicain, la pilote était plus vigilante que jamais. Après tout, le Morning Mist était, pour l'heure, une cible de choix.

La cuisante défaite de Kashyyyk pesait encore lourdement. Le bref séjour sur Corellia avait apporté un peu de répit, mais même la perspective de retrouver Cyrène si rapidement après leur dernière rencontre ne parvenait pas à égayer véritablement la Jedi, dont le visage restait fermé. Chaque Jedi à bord connaissait le sourire d'Arsenicia, mais depuis leur départ de Corellia, aucun n'en avait été témoin. Même les piaillements incessants de BT et les plaisanteries de Dalek à propos d'un Tython ouvert au tourisme ne parvenaient pas totalement à distraire la Maîtresse de l'Ordre de ses pensées préoccupantes.

Des pensées tournées vers la guerre qui reprenait de plus belle, bien qu'elle ne se soit jamais réellement arrêtée. La prise de Kashyyyk était un revers désastreux, à la fois sur le plan militaire et politique. Arsenicia se rappelait encore avec une grande clarté les événements liés à Lord_Over et les sacrifices consentis pour reprendre la planète des Wookies des mains du Consortium. La sensation glaciale de la corruption du côté obscur - qu'elle était parvenue à occulter - semblait désormais peser sur sa psyché, comme une main froide serrée autour de sa gorge. Elle n'y avait jamais cédé, mais elle avait vu un ami proche succomber à cette influence et ne voulait pas revivre une telle épreuve. Orfeo, qui se tenait à quelques pas d'elle, devait également se souvenir de ces événements avec une clarté similaire.

Serrant et desserrant les doigts de sa prothèse - chose que Dante n'avait pas encore retrouvée pour sa part suite à sa blessure sur Kashyyyk - Arsenicia se redressa au moment où elle sentit le Morning Mist sortir de l'hyperespace. Au centre de la pièce principale, l'immense projecteur holographique s'activa instantanément, dévoilant la flotte de l'Amiral Solaris. Bien que tous les vaisseaux amiraux se ressemblaient, la Jedi esquissa enfin un sourire en reconnaissant celui de son épouse, autrefois le sien. La perspective de revoir le visage de Cyrène raviva une étincelle dans le regard d'Arsenicia qui, pour une fois, portait son alliance à son doigt et non autour du cou, comme si le contact du métal froid contre sa peau était suffisant pour éloigner les ténèbres.

Abandonnant ses confrères pour effectuer les dernières manœuvres depuis le poste de pilotage, Arsenicia sembla nettement se détendre en sentant soudainement la présence familière de son épouse s'approcher. Bien qu'elle veillât à ne laisser transparaître aucune émotion ou pensée intime dans la Force, la soudaine quiétude qui envahissait la Maîtresse de l'Ordre était perceptible à travers son aura.

Une fois le Morning Mist posé en toute sécurité, la Fay rejoignit ses confrères et prit la tête du groupe. Depuis le poste de pilotage, elle avait aperçu la haie d'honneur qui les attendait, mais elle décida de ne rien mentionner. Même après ses années de service en tant qu'amiral de cette même flotte, elle ne s'était jamais habituée à ce genre de cérémonie. Dans un état d'esprit plus positif - et quelque peu taquin -, elle préféra laisser les quatre autres Jedi profiter pleinement de cette expérience.

La rampe du yacht stellaire s'abaissa avec un léger chuintement et, après une inspiration, Arsenicia l'emprunta la première, suivi de Dante, Orfeo, Allana et Dalek.

La Fay arborait ce que Cyrène aimait qualifier de « masque politique ». Son visage ne laissait transparaître aucun sourire, mais ses traits détendus inspiraient sympathie et confiance. Cette sympathie était toutefois contrebalancée par ses prunelles semblables à celles d'un chat, fendues verticalement, et surtout par sa tenue soigneusement choisie. Elle portait une tunique Jedi d'un blanc immaculé par-dessus un haut noir à manches longues. Pas de décolleté, mais un col haut. Des brassards soulignaient son apparence, donnant l'impression qu'elle était prête à partir au combat à tout moment, et son sabre laser était clairement visible à sa ceinture.

Apperçu de la tenue:

L'adage « une main de fer dans un gant de velours » semblait avoir pris vie.

La haie d'honneur formée par les gardes présentait une image similaire. Tous étaient vêtus d'uniformes impeccables et arboraient un visage indéchiffrable - du moins en apparence - alors qu'ils exécutaient un salut militaire parfait. Quant à l'Amiral Solaris, en présence de ses pairs, Arsenicia s'efforçait de ne laisser transparaître aucun trouble à travers la Force. Dans le cas contraire, elle imaginait déjà Dalek rire sous cape à un moment ou un autre.

S'arrêtant à quelques pas et comme le voulait les coutumes Jedi, la Fay s'inclina doucement devant les deux femmes, quelques mèches brunes venant encadrer son visage malgré sa large tresse.

« Amiral Solaris, Capitaine Dantius. Au nom de l'Ordre Jedi, je vous remercie de nous accueillir à votre bord et d'être l'hôte d'une réunion que j'espère constructive et efficace. »

Se tournant légèrement et étendant un bras en direction de ses confrères, Arsenicia entreprit de présenter rapidement chacun des membres présents, sachant que c'était leur première rencontre collective. Seul Orfeo et Cyrène se connaissaient déjà, car le vieil ours avait été invité au mariage intime des deux femmes. Cependant, les présentations actuelles pourraient être développées plus tard.

« Je vous présente le Grand Maître Dante Garvan, la Maîtresse de l'Ordre Vert Allana Fern, notre plus fine lame, L'Épée des Jedi Orfeo d'Erep ainsi que Dalek Zar, Maître Jedi Vert. »

Des décisions difficiles [PV beaucoup de monde] Testba13

Cela fait longtemps que je ne suis pas montée à bord d’un vaisseau étranger, dans le sens de non-corellien. Je ne compte pas les courts voyages à bord d’un vaisseau de contrebandier ou de l’APEX, ou un navire de guerre républicain, mais je suis plus habituée à voyager à bord d’un bon vieux cargo corellien. Le Yacht Stellaire du Maître de l’Ordre, le Morning Mist, est plutôt confortable je dois l’admettre, mais que voulez-vous, je suis corellienne et je reste chauvine sur certains aspects.

L’atmosphère est bien plus grave et sérieuse que ces quelques jours où j’ai reçu sur le sol corellien la visite du Maître de l’Ordre, Arsenicia Ombrelune et de l’Épée des Jedi, Orfeo d’Erep. Mes deux confrères du Haut-Conseil de l’Ordre Jedi de Tython. Dalek, mon cher équipier, est également de la partie pour ce trajet qui nous mène vers une réunion de la plus haute importance, conjointe entre les deux Ordres Jedi et la Marine républicaine organisée sur un lieu prudemment gardé confidentiel, dans l’espace. Pour tout accompagnateurs, nous avons nos droïdes astromécaniciens respectifs – Rex et R7 – ainsi que le sarcastique K6. Oh, ce n’est pas qu’il y ait quelque tension entre nous, loin s’en faut. Mais je ne crois qu’aucun d’entre nous n’a le cœur à la légèreté. La défaite de Kashyyyk avait laissé un arrière-goût amer, et il y avait des leçons à en tirer et plusieurs problèmes à remédier. Personnellement, le conflit avait laissé toujours une certaine aigreur dans ma gorge, tout comme une certaine raideur à la jambe gauche, que j’avais brisée lors de ma chute de trop nombreux mètres depuis la capitale du monde natal des Wookies jusqu’au fin-fond des Terres d’Ombres. Les arts curatifs de la Force, mes propres méditations, le repos et le traitement au bacta avait résorbé le plus grand nombre de mes blessures, mais cette jambe tardait à guérir en partie à cause de ma grossesse.

Des pensées plus sombres traversent mon esprit alors que je m’apprête dans notre espace de repos, revêtant ce que j’appelle comme l’une de mes tenues de guerre, pour un tout autre type de combat. En effet, c’est de tous autres habits que je revêts, une tenue que l’on me voit fort peu porter. Beaucoup plus ornementée et liserée d’or, c’est un apparat bien plus pompeux que mes goûts habituels. Je n’aime pas le revêtir, mais ici, j’estime que les circonstances le justifient amplement. Majoritairement constituée de tissus émeraudes de grande qualité, le long manteau fait preuve d’une certaine sobriété par sa couleur vert uni, liseré de brun. La tunique et la jupe longue, en revanche, se répartissent avec harmonie entre les tons bruns, vert émeraude, dorées et d’or, avec un col somptueux, des épaulières, des bottes et des gantelets assortis. Il n’y a guère que la coiffe que je refuse de ceindre. Je ne peux vraiment pas la supporter, contrairement à Jaylen avant moi. Ces robes ont été ajustées à ma morphologie actuelle. Contrairement à mon habitude, je troque ma coiffure habituelle pour ordonner davantage mes cheveux, laissant quelques mèches encadrer mon visage et réunissant le reste de ma chevelure en arrière, sous la forme d’une tresse atteignant la base de ma nuque. Mon visage officiel, en somme.

Ce qui ne change pas par contre, c’est la présence tant de mes deux sabres-laser – mon double-lame principal aux lames-laser ambrées et mon sabre-laser simple de Padawan de réserve – et de ma paire d’authentiques blasters issus de la manufacture corellienne. Le seul autre ornement que je revêts est un unique pendentif, assez simple d’apparence mais orné de pierres précieuses pourpres, autour de mon cou et sous ma tunique, en réalité deux anciens fragments de cristaux de sabres-laser.

Robe officielle de Maître des Jedi Verts:

Jaylen… tu as vraiment mal choisi ton moment de mourir. Tu me refiles toutes les responsabilités la veille d’un retour de conflit ouvert entre la République et le Consortium… ou d’un certain point de vue, tu as très bien choisi ton heure. Si on peut parler de choix, cela va de soi. Sur cette note d’humour un peu sombre, je pense avec inquiétude aux Jedi qui n’ont pas réussi à s’échapper de Kashyyyk, et qui continuent la lutte sur place à la manière des maquisards. Maître Layli est l’une d’entre eux, et Corell sait à quel point l’absence de la Sélonienne se fait sentir au Conseil Vert. Maître Karaar Flinn, l’un de nos maîtres d’armes émérites et également membre du Conseil Vert, avait réussi à réchapper avec l’aide de Dalek, mais je sais qu’il partage mon sentiment de culpabilité d’avoir dû laisser certains de nos camarades, tout comme un ardent désir d’aller leur prêter main-forte. Maître Arfan Sato, notre expert au sein des Maîtres Guérisseurs, n’était pas très enclin à ce que nous acceptions de nous rendre à cette réunion dans l’espace, hors du sol et de la juridiction corellienne. C’était autant pour des raisons sécuritaires que philosophiques, mais j’ai maintenu ma décision. Mon frère aîné, le second – ou premier, selon le point de vue là encore – Maître Fern actuel au Temple Vert, n’était pas très rassuré de nous laisser aussi exposé, mais il a choisi de me faire confiance et de se fier à la sécurité de la Marine, ayant lui-même coopéré avec l’armée terrestre de la République. Enfin, je crois que c’est surtout la présence de Dalek à mes côtés qui le rassure un tant soit peu. Autant vous dire que le Conseil Vert était assez réservé que je me rende à ce sommet de guerre aussi loin de nos terres et sur des bâtiments non-corelliens, mais ils y avaient consenti pour montrer notre bonne volonté à coopérer au vu de la situation particulièrement délicate sur les fronts frontaliers. En tout cas, nous venons entendre ce qu’ils avaient à dire, pour aviser quelle serait notre position.

Mon expression est cordiale, mais bien plus réservée et mesurée que d’ordinaire alors que nous nous approchons de notre destination et du navire qui va accueillir le sommet de guerre. Je laisse volontiers Arsenicia, Dante et Orfeo passer devant, satisfaite de clore la marche aux côtés de Dalek. Mon attitude diffère assez de celle que l’on me connaît d’ordinaire, j’arbore aussi un « masque ». La haie d’honneur me rappelle un peu certaines haies que j’ai pu connaître dans le cadre de mon service auprès de l’infanterie républicaine – j’ai un serrement de cœur en pensant aux soldats que je connais et avec lesquels j’ai combattu sur Kashyyyk – et observe avec attention ceux qui nous reçoivent. Je ne peux pas toutefois contenir tout à fait l’esquisse d’une ombre de sourire aux lèvres, en percevant dans la Force d’infimes échos émaner d’Arsenicia face à une certaine Amirale qui lui est très proche. Néanmoins, dans le contexte sérieux de cette réunion, je remets à plus tard toute pique taquine. J’incline légèrement la tête, respectueuse du protocole et assurée, et prend la parole après Arsenicia.

- Amiral Solaris, Capitaine Dantius. Je vous remercie pour votre accueil.

Et contrairement à mon habitude, je n’ajoute rien de plus pour le moment, même si ma voix reste cordiale. J’observe le protocole et j’observe pour le moment, tant par mes sens physiques que par ceux de la Force. Une vieille habitude, que voulez-vous. Ca ne part pas facilement.

Le séjour sur Corellia avait représenté une bouffée d’air frais pour Dalek après le cauchemar de la bataille de Kashyyyk. Pour autant, il n’avait pas oublié, ni les pertes subies par la flotte de l’Amiral Tan’ith, notamment leur impuissance face aux cyberattaques du Consortium dans l’espace, ni les soldats républicains tombés au combat à la surface. Allana avait manqué de perdre la vie sur place et lui-même avait dû y mettre du sien pour ne pas se laisser déborder par une jeune dame Sith particulièrement redoutable.

L’oasis de paix était passée. Ils se trouvaient désormais à bord du Morning Mist, le vaisseau personnel d’Arsenicia. Pour un yatch Naboo, il était plutôt bien armé et bien équipe en matière d’infirmerie – ce qui pouvait toujours servir surtout connaissant Allana – mais voyager à bord d’un autre vaisseau que son Shyrack ou que le Netresevl d’Allana lui laissait toujours une impression bizarre. Il s’était sans doute habitué aux designs corelliens et à leur versatilité. Le yatch Naboo était superbe mais il ne dégageait pas ce côté rugueux, presque vivant, des constructions de la Corporation Technique Corellienne. Pour autant, il ne crachait pas sur le confort de ses sièges, ni sur le contenu du bar. Arsenicia était manifestement une femme de goût.

L’ambiance à bord du Morning Mist avait été studieuse, pour ne pas dire morose, pendant le trajet. Dalek avait essayé de détendre l’atmosphère en évoquant le développement du tourisme sur Tython, sans grand succès. Quand les droïdes se mettent à manifester davantage d’humour que leurs maîtres, c’est une bataille perdue d’avance. Zar n’était pas bien sûr de sa valeur ajoutée, en dehors peut-être de son expérience de la bataille mais il n’aurait pas refusé l’invitation, ne serait-ce que pour garder un œil sur sa compagne. Il avait toute confiance en Allana, sauf en ce qui concernait sa propre sécurité. Même pour une Corellienne, la Maîtresse des Jedi Verts avait le don de se mettre dans des situations plus périlleuses et rocambolesques que le reste du Conseil Vert réunis. Peut-être se rendaient-ils à un sommet républicain relativement sécurisé mais après Kashyyyk, existait-il seulement un endroit dans la République qui soit considéré hors d’atteinte des harpies du Consortium ?

Pour l’occasion, le Hapien s’était mis sur son trente-et-un en revêtant les robes d’un maître Jedi Vert qui étaient, heureusement pour lui, bien moins ostentatoires que celles qu’Allana était obligé de revêtir. Il portait sur lui ses deux sabres lasers ainsi que sa paire de blasters TX-11. A son cou pendait une fine chaîne forçat en aurodium au bout de laquelle se trouvait le crédit corellien que lui avait jadis offert Allana, peu visible sous sa tunique émeraude. Bien coiffé et avec une barbe bien taillée, il aurait sans doute pu passer pour un maître Jedi respectable, en tout cas pour ceux qui ne le connaissaient pas. L’apparence pouvait être quelque chose d’important, une chose qu’il avait apprise non pas auprès de son maître Twi’lek davantage ivre qu’autre chose la plupart du temps mais au contact de Lord Umbra jadis.

Lorsque le vaisseau de Maître Ombrelune s’était posé, Dalek avait observé via l’holoterminal de la soute principale qu’une haie d’honneur avait été mise en place pour accueillir les maîtres Jedi du Haut Conseil. L’incongruité de la situation n’était pas sans le titiller. Lorsqu’il avait mis le pied à bord du vaisseau amiral de Plo Tan’ith, il n’y avait pas eu de cérémoniel particulier et la situation avait été tellement tournée vers l’action que le Jedi Vert n’avait pas trop eu l’occasion de réfléchir. Ici, il n’y avait pas de bataille imminente mais on trouvait par contre d’importantes troupes républicaines au garde à vous. Pour un ex-Sith, même après plus de dix ans passés au service de la République, cela restait une vision assez troublante. Le plus étrange peut-être n’était pas ces hommes mais l’officier supérieur dont l’uniforme et le béret ne masquaient pas la beauté typiquement hapienne. Il devait s’agir de la conjointe d’Arsenicia, l’Amirale... ah zut, il l’avait sur le bout de la langue. Il savait qu’elle avait un prénom de sirène mais son nom, qui évoquait le soleil, lui échappait…, Hélas, il n’aurait pas le temps de le chercher parce qu’il entendit le bruit des servomoteurs de la rampe qui s’abaissait. Eteignant l’affichage holographique, Dalek alla rejoindre la file de maîtres Jedi composée d’Arsenicia, Dante, Orfeo et Allana. Il s’efforça d’adopter une expression neutre mais dépourvue d’hostilité, étant sincèrement curieux de ces lieux qu’il ne connaissait pas le moins du monde.

La haie d’honneur était plus impressionnante en vrai que sur l’hologramme. Dalek avait laissé vagabonder ses sens dans la Force, remarquant non sans un certain amusement qu’Arsenicia n’était pas insensible à ses retrouvailles avec… ah voilà, l’amirale Solaris. Il savait bien que son nom avait un rapport avec le soleil. Pour sa défense, la Maîtresse de l’Ordre avait une poker face impeccable cela dit.

Lorsqu’Arsenicia les présenta à tour de rôle auprès de l’amirale républicaine et du capitaine qui l’accompagnait, Dalek patienta le temps que les Jedi plus gradés que lui eussent répondu chacun leur tour puis il embraya en inclinant légèrement la tête avant de prendre la parole à son tour d’un ton poli.

- Amirale, capitaine, ravi de faire votre connaissance et merci pour le comité d’accueil.

Il voyait ces femmes et ces hommes différemment depuis qu’il s’était battu aux côtés de leurs camarades de la flotte de l’amiral Tan’ith. Il les savait courageux et capables de faire preuve d’un grand professionnalisme, non pas par peur mais par conviction et pas discipline. S’immergeant dans la Force pour ressentir l’ambiance générale des lieux, sa curiosité se portait également sur l’amirale Solaris. Il ne savait pas grand-chose à son sujet et il ne se fiait pas aux rumeurs colportées à son encontre. Dalek jugeait les gens et les situations sur pièce. Était-elle semblable à une matriarche classique, étant juste passée dans l’autre camp ? Ou bien était-elle fondamentalement différente ? Si Arsenicia aimait cette femme, il n’imaginait pas qu’elle puisse être foncièrement mauvaise. En revanche, certains préjugés pouvaient avoir la vie dure. Il était bien placé pour le savoir puisqu’en dépit du temps qui s’était écoulé depuis son enfance, les matriarches hapiennes le révulsaient toujours et il éprouvait toujours une certaine méfiance envers les femmes qu’il ne connaissait pas au premier abord. S’il s’était guéri progressivement de cette misogynie ancrée dans son être et jusque dans sa chair, Dame Galney ne disparaîtrait jamais de sa mémoire, peu importe le nombre de fois où il revivait sa mort dans ses rêves. Puisse-t-elle rôtir en enfer sous les coups de ses victimes… sans doute pas une pensée très Jedi mais il était des êtres qui ne méritaient pas la pitié aux yeux de Dalek.

Il ne savait pas si cette réunion serait constructive et efficace mais en tous les cas, elle promettait d’être intéressante. Une amirale hapienne, cinq Jedi et plusieurs dizaines de soldats rentrent dans une cantina… Ah, il savait bien qu’il avait oublié quelque chose. K6 et Rex. Il espérait que ses droïdes se tiendraient à carreau et n’allaient pas partir en vadrouille quelque part. Sans être aussi malchanceux que les légendaires droïdes de Luke Skywalker, ces deux-là étaient quand même de sacrés numéros.

Du protocole, encore, partout, tout le temps. Voilà une perspective qui hérissa immédiatement le poil d'Orfeo d'Erep, lorsqu'il comprit qu'une réunion de la plus haute urgence allait être organisée. Bercé par son mentor près d'une forme allégée de la chose politique, il n'en était pas à son coup d'essai. Qui plus est, il allait sans doute pouvoir sortir sa plus belle tenue de cérémonie ! Une pensée agréable, même s'il préférait agir sans les contraintes de l'étiquette. Pouvait-il pour autant refuser d'y assister ? Non, définitivement pas. Il s'agissait d'un échange concernant la situation, ô combien préoccupante, de Kashyyyk. Le monde natal des Wookies, allié depuis toujours à la République, venait de tomber aux mains du Consortium après une bataille d'ampleur... à laquelle lui, plus fine lame de son ordre, n'avait pas pu participer. Une honte qu'il entendait bien corriger, bien qu'il dusse pour cela passer par ce calvaire.

Fort heureusement, il n'était pas seul dans cette galère. A bord du Morning Mist se trouvaient plusieurs figures majeures des Jedi. Dante Garvan et Arsenicia Ombrelune, plus hauts représentants possible de l'enclave de Tython, précédaient en sagesse la Maîtresse Verte Allana Fern et lui-même, tandis que Dalek Zar des Jedi Verts de Corellia les talonnait. Une belle équipée, donc, bien qu'aucun d'entre eux ne semblait particulièrement ravi de revêtir une tenue de circonstance. Tous jouèrent le jeu, cependant. Ce n'était pas étonnant: parmi toutes celles que l'Ordre se targuait de posséder, le respect était une valeur fondamentale. Respect des gens, mais aussi des cultures, et des traditions.

Ainsi donc, vêtu d'une superbe tunique faite sur-mesure, le tout enrobé au creux d'une grande cape brune du plus fin tissu, Orfeo patienta dans ce bien beau vaisseau qui les menait vers le premier échange officiel concernant l'affaire Kashyyyk. Il tenta, à bord, de lancer quelques brèves discussions, d'échanger des histoires, de rassurer chaque personne tant bien que mal, surtout Dalek, le moins "gradé" d'entre eux si tant est que cela veuille signifier quelque chose. En vain. L'ambiance était lourde, à raison. Le temps des mots allait venir. Plus tard. Autour d'une table. Avec d'autres autorités. Alors il cessa, tout simplement, pour se concentrer sur le centre de toute sa vie: son sabre laser. Presque en état méditatif, il démonta et remonta, et démonta pour remonter encore l'arme magnifique, fruit d'années d'efforts en tout genre.

Sans cela, nul doute qu'Orfeo aurait mis les pieds dans le plat, en entamant dès lors les "hostilités" concernant un plan, un projet, un désir de sauver du joug hapien le monde natal de ses amis Wookiees. En effet, il valait mieux éviter de balayer de la main les convenances républicaines, bien que frustrantes pour l'homme d'action mais pleines de sens pour le héraut de la paix.

Enfin, après ce qui sembla une éternité à l'Ours de Tython, le vaisseau atterrit, dévoilant à leurs sens plus ou moins affutés par la Force une haie d'accueil. Un simple préambule visant autant à les flatter dans leur égo qu'à marquer le respect de la hiérarchie à ces troupes armées. C'était mal connaître les défenseurs du Côté lumineux. Bien sûr, il était plaisant de se sentir valorisé de la sorte, mais rarement Jedi ne devenait grand en étant adepte de ce genre d'honneurs.

A peine était-il sorti qu'il capta du regard Cyrène et sa seconde le capitaine Dantius. Cela le fit sourire: après tout, sans être les plus proches amis du monde, Orfeo avait de l'affection pour la militaire, et la voir ici lui faisait assurément plaisir. Quelqu'un d'autre appréciait aussi de retrouver l'amirale Solaris. Et nul besoin d'utiliser ses yeux ou la Force pour s'en rendre compte; l'Ours les côtoyait depuis assez longtemps pour savoir que sous le masque, quelque chose de beau, de fort, de passionnel bouillonnait. Si seulement plus des leurs se permettait pareil amour...

Nicia, Allana et Dalek saluèrent les officiers, chacun son tour. Vint celui d'Orfeo, qui effectua une légère révérence, avant de se tourner également vers les troupes de la République encore au garde-à-vous. Si les gradés faisaient un travail tout à fait formidable, ils n'étaient pas les seuls.

- Amirale Solaris, Capitaine Dantius, fiers Soldats de la République, mes hommages.

Après cela, il se tut. De brèves salutations suffisaient, il n'était pas nécessaire de les prolonger à outrance. Leur salive allait bien plus servir une fois la raison de leur rencontre posé sur la table. Bien qu'entendre à nouveau le résumé de la défaite de Kashyyyk risquait de lui serrer le cœur, la perspective de pouvoir planifier, prévoir, préparer la suite des événements venait contrebalancer cette négativité.

Allez, un peu de nerf !

Bien peu de choses me gênaient, bien entendu, celle de devoir me tenir ainsi, dans de telles circonstances et surtout, loin de mon vaisseau et de mon équipage, en faisait partie. Cette décision me surpris quelque peu. Pour ainsi dire, je n'étais nullement homme à faire des ronds de jambes, et encore moins à me déplacer pour les échanges avec la République, Arsenicia avait ce rôle, quand à moi, je m'occupais de tout ce qui touchait à la gestion interne de l'Ordre… Car oui, j'étais devenu le Grand Maître, je me devais de marcher dans les pas de Lucius, et de ses prédécesseurs… De nos prédécesseurs devrais-je plutôt dire. Une fois encore, je me retrouvais ainsi, dans une position inconfortable, et qui, de surcroît, me mettait mal à l'aise. Je me doutais qu'en mon rôle, et surtout dans le fait de ne pas me sentir à ma place, Dalek, qui se trouvait non loin de moi, avait lui aussi cette même sensation. Pour Allana, ce devait être tout autre chose… Surtout après notre rencontre avec Etre… Mais sur le moment, je me retenais de bouger, de remettre la manche qui dissimulait mon bras manquant, perdu durant l'assaut sur Kashyyyk, je sentais le frottement du tissus sur ce qui ressemblait à un "morceau de bras"… Les coutures distinctives sur la manche cachaient la plupart de cette partie de mon corps meurtri, et il me fallait attendre encore quelques temps avant de pouvoir retrouver une prothèse correcte. La précédente ayant été réduite à l'état de petits morceaux de métal fumants, ma demande auprès des Coynites fut rapidement acceptée. Patience est mère de vertu dit-on.

Assis dans le vaisseau, j'attendais sans prononcer le moindre mot. Tentant à chaque instant de ne pas jeter sur le sol la bure que je portais actuellement. Elle qui représentait ma place au sein de l'Ordre était blanche, parsemée de coutures dorées et dont le symbole de l'Ordre – floqué au dos – me paraissait vouloir pénétrer ma chair à chaque fois que je venais à m'appuyer contre le dossier de mon fauteuil. Au final, je portais une tenue qui me paraissait bien trop grande, marchait dans des chaussures qui l'étaient tout autant et surtout, devait prendre des décision qui, à mon grand dam, avaient une portée des plus importantes pour l'ensemble de l'Ordre. Néanmoins, je savais que je n'étais pas seul, que l'Ordre n'était pas un seul et unique être, nous étions un groupe, un Conseil sur lequel nous échangions l'un après l'autre, en respectant la Force et les liens qui nous unissaient avec elle.

Que ce soit les deux femmes qui se trouvaient alors dans le vaisseau, Dalek, avec qui j'avais partagé de nombreux repas et quelques soirées… Amusantes… Seul Orfeo ne m'était qu'assez peu connu. Pour ainsi dire, nous étions aux antipodes l'un de l'autre. J'avais voué ma vie aux livres, aux holocrons et aux connaissances ancestrales, il avait offert la sienne au savoir des épées et des armes en général. Peut-être que, désormais, je me devais de me rapprocher de lui, mettre enfin de côté le Maître Archiviste enfermé derrière son bureau et… M'ouvrir aux autres… Enfin, il s'agissait là d'un sous-entendu d'Arsenicia à mon égard. Mon rôle était devenu celui d'un Guide sur Tython, je me devais donc de respecter, autant que de faire respecter les bases de l'Ordre.

Lorsque le vaisseau ralenti, je remis, une énième fois ma manche en place. D'un mouvement de ma main encore valide, je pris une attache qu'elle m'avait offerte pour en bloquer le mouvement. De cette manière, ma bure, bien que me semblant encore trop grande, ne tomberait plus. Tandis que la porte s'ouvrit, je sentis cette odeur si caractéristique des vaisseaux, un mélange d'acier et de sueur, le tout enfermé dans une once de protocole et d'un respect cynique. Arsenicia ouvrit la marche, je voyais enfin le visage de la femme qui partageait sa vie, et pour tout dire, l'ironie de les retrouver ainsi, l'une en face de l'autre me fit me rappeler le jour où, moi-même, je m'étais retrouvé face au père de la femme que j'aime… Mon sourire habituel se fit plus naturel, et tout en marchant dans ses pas, je ressenti un certain agacement provenant de l'Epée des Jedi. Enfermer une telle personne dans une salle pour discuter… Revenait à vouloir garder un Dragon Krayt dans un bocal. Les présentations faites, je saluais l'Amirale de la Flotte avec un respect tout aussi protocolaire que réfléchi. Mon poing se serra et se posa sur ma poitrine, et, me penchant légèrement en avant, les yeux fermés je prononçais quelques mots.

- Il est tout à votre honneur, et à celui de votre équipage de nous faire venir ici. Veuillez donc accepter mes plus humbles salutations.

Me relevant, je me déplaçait de quelques pas sur le côté, il m'était plus simple de parler peu, mais bien, que d'échanger des palabres inutiles durant des heures. Humblement, j'attendais que chacun à son tour, vienne à se présenter. La réunion du jour serait des plus intéressantes, peut-être même plus encore de mon point de vue qui désormais, me trouvait être le Grand Maître de l'Ordre…

« Présentez-arme ! »

La Capitaine Dantius s’exprimait d’une voix bien plus forte qu’on ne pouvait le croire en l’observant, et comme un seul homme, tous les soldats claquèrent des talons en plaçant leur fusil en position de salut. Il n’y eu aucune fausse note et la haie d’honneur était parfaite pour accueillir les illustres visiteurs. En y réfléchissant, peut-être a l’exception de Dalek, chaque visiteur offrait une raison suffisante a une attaque sur son navire de guerre, alors tous réuni en même temps… Mais Solaris se surpris a presque souhaiter que l’attaque ai finalement lieue : si tel était le cas, elle pourrait alors agir et en finir avec ce sentiment d’impuissance qui avait dominer son âme depuis le début de l’attaque. Mais une réunion d’état-major était toujours utile, elle permettait de mettre au point un plan réfléchit, née de plusieurs cerveaux et profitant donc d’une expérience élargie afin d’être le plus complet possible. Malheureusement, avoir plusieurs têtes n’était pas toujours un avantage, car cela signifiait également faire des compromis, et Cyrène ne se faisait aucune illusion sur le fait que ce plan ne resterait pas tel quel : les politiciens allaient s’en emparer et le modifier, avec de la chance a la marge, sans en grande profondeur, afin qu’il correspondent avant tout a leurs attentes politiques plutôt qu’aux réels besoin du front.

Chaque Jedi salua l’Amirale et la Capitaine a leur façon. Il coûtait aux deux épouses de ne pouvoir se saluer d’une façon plus chaleureuse et traduire le plaisir qu’elles avaient de se retrouver l’une et l’autre, mais il y avait certains regards qui ne tromperaient personne, pas même Dantius qui eu pourtant la politesse de ne rien laisser paraître. D’une certaine façon, chaque salutation disait quelque chose de l’état d’esprit de chacun : Allana fut très brève, ce qui cadrait parfaitement avec la réputation Corellienne d’un amour très modéré pour le protocole, Dalek semblait assez direct, et a son apparence, Cyrène réalisa qu’il n’était pas doute pas Corellien, espérant que cela ne viendrait pas poser de problème ensuite. Orféo était chaleureux et semblait très motivé, un esprit combatif l’habitait et Cyrène, qui le connaissait déjà, était ravie de le savoir présent, sa fonction faisait de lui un atout inestimable sur le champ de bataille et il aurait son rôle a jouer, surtout alors que celle dirigeant l’offensive ennemi était son alter-égo obscur. Dante fit preuve d’une maîtrise du protocole a toute épreuve, ce qui faisait honneur a sa fonction et son ordre, d’autant plus avec une blessure aussi grave que la sienne qui n’était visiblement toujours pas complètement traitée. A chacun, Solaris répondit par un garde a vous protocolaire, puis pris la parole.

« Au nom de l’Amirauté, je vous remercie d’être venu. C’est un honneur d’avoir été choisit pour organiser cette rencontre et recevoir des défenseurs aussi illustre de la République. Capitaine Dantius, vous prenez le contrôle du pont durant les négociations. Contacter moi en cas de problème et tenez-vous en a notre formation défensive. Je doute qu’il y est une attaque, mais prudence est mère de sûreté. »

La Capitaine claqua des talons, salua et quitta la pièce avant que l’Amirale ne reprenne la parole.

« Dirigeons nous vers la salle de conférence, si vous avez besoin de rafraîchissement, je pourrais vous en faire servir une fois que nous serons installer, mais l’Amiral Tan’ith nous attend, et contenu de sa situation précaire, je m’en voudrais de le faire attendre trop longtemps. »

Elle invita d’un geste le groupe de Jedi et les quelques droïdes les accompagnant a la suivre. Arsenicia n’aurait aucune difficulté a reconnaître le chemin étant donné qu’elle avait commander ce vaisseau bien avant elle, mais pour les autres, a part peut-être Orféo, c’était sans doute une nouveauté, d’autant plus pour Allana et Dalek qui passait sans doute davantage de temps sur des vaisseaux Corellien que construit par Rothana Heavy Enginnering. L’avantage d’avoir organiser la rencontre sur un Star Dreadnought était sans aucun doute de profiter de son incroyable résilience autant que de la flotte entière consacrée a sa propre défense. Solaris en avait conscience et avait donc établit un plan défensif veillant a couvrir tous les vecteurs d’approche : en cas d’attaque surprise, l’adversaire ne pourrait atteindre le vaisseau amiral avant de s’être débarrasser de plusieurs groupes d’escorte, ce qui laissait le temps a l’immense Dreadnought de diriger vers lui son armement lourd et de le réduire en poussière. En soit, l’origine Hapienne de Cyrène était parfaitement perceptible dans cette formation : elle avait appris a diriger des flottes de station spatiale de combat et donc des stratégies défensive, et n’avait aucun scrupule a retourner les formations Hapienne contre leurs instigatrices.

La salle de conférence était une assez grande et spacieuse, elle était conçu pour permettre a un état major complet d’y prendre place et de pouvoir discuter de plan tout en conservant une vision globale de la situation stratégique aussi bien grâce aux écrans présent en face de chaque siège, fixé sur la grande table rectangulaire, que par le grand hologramme central qui pouvait présenter des cartes aussi bien a l’échelle stratégique que tactique ainsi que servir de relais de communication, ce qui serait le cas ici. Cyrène invita chaque Jedi a prendre place sur les deux côtés de la table, bougea de façon fort peu subtil pour inviter son épouse a prendre place sur le siège juste a côté de celui du bout de la table, qui était le sien, et pris place une fois tout le monde installer. Maintenant qu’ils étaient seule, et connaissant le peu d’amour des Jedi pour le protocole, elle pouvait se permettre de desserrer un peu l’étau de celui-ci… Juste un peu. Une fois qu’elle eue pris place, elle pianota sur le clavier de l’ordinateur et ouvrit la communication avec Kashyyyk : il avait fallut des heures aux enseignes du navire pour se coordonner avec les techniciens de Kashyyyk afin de créer une communication sécurisée avec la résistance, mais cette dernière devrait rester dans le noir au moins durant la durée de la réunion.

« Amiral Tan’ith, merci d’avoir pris le temps de ce joindre a nous pour cette réunion. Avant que nous ne commencions peut-être serait-il pertinent que vous nous exposiez votre situation et les informations que vous avez put glaner sur les mouvements de troupes adverses. »

L’amiral Tan’ith avait fait de son maximum pour sauver ses hommes et le matériel. Les troupes clones, les volontaires de la République, les guerriers wookies étaient encore nombreuses bien que leurs effectifs avaient été étrillés par la bataille précédente. Tous ceux qui avaient survécu étaient désormais définitivement des vétérans, c’était déjà ça de pris. Pourtant en dépit de la retraite organisée vers le point de ralliement, la défaite restait en travers de la gorge du vieil officier. Cela faisait de nombreuses décennies qu’il n’avait plus été tenu en échec sur le champ de bataille. Pourtant à ses yeux cette défaite aurait pu être évitée si l’état-major avait tenu compte de ses avertissements, elle aurait aussi pu être évitée si le dirigeant des Wookies avait écouté ses préconisations en matière de fortification de la planète ou du système. Et bien entendu si la bataille avait suivi un tout autre cours que celui qui s’était produit… Des erreurs avaient été commises, mais dans le feu de l’action il n’avait pas vu d’autres choix apparaitre face à lui, ayant eu l’impression de boxer avec un bras dans le dos pendant la bataille.

La culpabilité écrasait les épaules du vieil officier : il avait échoué là ou Tontpa avait triomphé. Sa descente en pod de débarquement lui avait paru être une éternité. Il savait quelles étaient les conséquences de rester sur Kashyyyk, mais il n’avait pu se résoudre à évacuer en laissant ses troupes au sol derrière lui. Il n’avait pas su les mener vers la victoire, au moins il ne les abandonnerait pas à leur sort dans la défaite. Alors que sa nacelle avait pénétré l’atmosphère de Kashyyyk, Plo avait pris le temps de réfléchir, de repasser le film de sa vie dans sa tête. Avait-il pêché par orgueil ? Possible. Subir le sort des vaincus sur Kashyyyk lui servirait de leçon d’humilité. Un Jedi lui avait dit un jour que la Mort était le plus sévère des professeurs, et à chaque mètre descendu par son pod de débarquement, il se disait qu’il était temps pour lui de suivre une nouvelle leçon. L’amiral Tan’ith repensa également à sa famille qui laissait derrière lui. Peut-être qu’il ne les reverrait plus physiquement. Cette pensée étreignit son cœur alors que son pod entier vibrait au fur et à mesure de la chute, ou plutôt sa descente aux enfers. Sa garde rapprochée d’une dizaine de clones avaient gardé un silence de mort tout au long de la chute.

Les pensées noires l’envahirent, il lui prit soudainement l’envie de braquer le canon de sa carabine blaster sous le menton et de presser la détente. L’amiral resta pensif, presque tenté par ce projet funeste pendant trop longtemps à son goût. Plo grogna de frustration puis inspira un grand coup en fermant les yeux. Il raffermit sa poigne autour de la poignée de son arme et il l’inspecta en la démontant rapidement sur les plus gros éléments de son fusil et en la remontant avant de la nettoyer. Il vérifia méthodiquement chaque élément puis une fois terminé recommença l’opération. Il y avait là quelque chose d’apaisant à répéter un geste qu’il avait acquis depuis ses classes à l’académie navale. En un sens il avait l’impression de renouer avec sa jeunesse.

Puis soudain une secousse vint l’interrompre. Il avait enfin touché le sol et sortit de son pod. L’amiral observa Kashyyyk et leva les yeux au ciel pour voir les vaisseaux du Consortium faire des allers-retours depuis l’orbite pour acheminer troupes et matériel d’occupation. Les clones déchargèrent quelques caisses de matériel du pod puis le piégèrent avec des explosifs afin de tuer d’éventuels soldats du Consortium désireux de récupérer des morceaux ou de l’inspecter. Autant emporter un maximum de ces salopards avec eux. Observant leur datapad et la localisation, ils se rendirent vers l’avant-poste B-7R localisé vers l’équateur de Kashyyyk, ils étaient assez éloignés des combats mais savaient que ce serait le point de rendez-vous des troupes qui avaient battu en retraite. Il leur faudrait quelques heures de marche avec la cargaison afin de parvenir à atteindre le lieu de rendez-vous… C’est le cœur lourd que Plo détourna le regard du ciel noirci par la présence de ses ennemis qu’il entama sa marche, armure en place, carabine dans les mains, il avança en tirant une caisse. Les spacetrooper qu’il avait initialement prévus pour aborder le Virulent avait été détournés et envoyés au sol, ils étaient un peu plus au nord de l’avant-poste sans doute arriveraient-ils en premier.

Arrivant à l’avant-poste, de multiples visages de clones, de wookies, de Jedi et de volontaires servant dans les troupes de la République se levèrent lorsque la rumeur de l’arrivée de l’amiral finit de parcourir les rangs. Ils se mirent au garde à vous en le voyant arriver, cherchant d’abord à contenir leur joie avant de manifester collectivement de leur joie à l’idée de voir l’amiral présent avec eux. Cette vision revigora le cœur de Plo Tan’ith qui laissa l’amiral qu’il était s’effacer derrière son être intérieur. Ils lui faisaient encore confiance pour mener la résistance dans cette lutte acharnée. Tout espoir n’était pas perdu. Certes il était plus un officier de la marine qu’un général, mais il saurait s’entourer des bonnes personnes pour remplir son rôle de commandant supérieur, jouant un rôle symbolique pour motiver les hommes et les femmes à donner le meilleur d’eux-mêmes et tranchant dans les décisions stratégiques et logistiques à appliquer. Et puis même si ses années de classe étaient derrière lui, il savait encore se battre !
Lui avait été au sommet des cieux et de l’espace, foulé de ses pieds la gloire d’un Olympe, le voilà tel un ange déchu. Couvert de honte et de déshonneur, il s’était arraché les ailes pour plonger au cœur de cet enfer vert afin d’apporter de l’espoir aux malheureux au sol et partager leur peine et leurs tourments. Tel Charon, il serait leur guide en ces lieux et heures sombres. Il ne quitterait pas Kashyyyk tant qu’elle ne serait pas libérée du joug de Darth Ziran, mettant sa vie dans la balance comme un prix qu’il consentait à payer pour racheter sa faute envers Tontpa. Sa carrière était faite, sa vie était derrière lui : Plo n’avait plus rien à prouver. Et à l’approche du crépuscule de son existence, il était temps pour lui de tenter un dernier coup d’éclat…

Quelques semaines plus tard, l’amiral était toujours débordé comme au premier jour. Il avait du disperser une partie de ses forces et de ses ressources dans deux autres avant-postes, le reste avait du se disperser dans des campements de fortune à même la jungle épaisse. L’amiral avait pris soin en priorité de traiter les blessés et de procéder aux rites mortuaires de ceux qui n’avait pu survivre à leurs blessures. Les ressources médicales s’étaient vite épuisées au début, même si les wookies avaient pu être d’une grande aide avec leurs connaissances des plantes de leur monde concernant les traitements des blessés légers. Chaque jour avait son lot de nouveaux problèmes à résoudre, pour l’heure la résistance républicaine avait surtout mené quelques missions de reconnaissance et d’escarmouches avec les éclaireurs du consortium envoyés pour les localiser qui avaient été éliminés ou repoussés. Aussi lorsque l’on parvint enfin à convenir d’un rendez-vous avec l’Ordre Jedi, Plo commença à se sentir moins seul sur ce monde. Établir un contact avec la République permettrait de faciliter les choses, du moins c’était ce qu’il espérait.
Après avoir mobilisé ses techniciens en transmissions et de nombreuses heures de travail pour sécuriser la communication et concevoir un communicateur holographique de fortune, il arriva à l’heure prévue pour échanger à ce rendez-vous.

L’amiral Tan’ith était fatigué, tendu comme cela se voyait sur ses épaules quand il apparut en hologramme dans la salle dédiée à cet entretien. Il tenait debout que par la seule force de sa détermination. Son armure de combat de fusilier marin bien qu’entretenue, semblait avoir quand même été exposée à quelques saletés de Kashyyyk comme un peu de boue et de poussière. Il avait du mal à distinguer les images reçues de son côté, reconnaissant à peine chacun des membres présents dans cet échange tant l’image était pixelisée, sans doute en était-il de même de leur côté. Il nota également un lourd décalage entre le son et l’image lorsque l’amirale Solaris s’exprima.

- Amirale Solaris, maîtres Jedi… Nous avons mis un peu de temps à établir une liaison sécurisée mais ça fonctionne. Veuillez m’excuser pour la mauvaise qualité de la transmission…

Il marqua une légère pause afin d’essayer de jauger combien de latence il pouvait avoir par rapport aux autres Jedi présents. Puis hocha la tête pour poursuivre son exposé à l’attention de l’amirale et des Jedi présents.

- Pour l’heure nous vivons presque au jour le jour. Nous sommes surtout sur de l’inventaire de nos ressources et les estimations de nos besoins en fournitures. Nous avons aussi priorisé les soins apportés aux blessés de la bataille de Kashyyyk. C’aurait pu tourner au drame si les wookies ne nous avaient pas aidés avec leurs remèdes traditionnels ou les soins des Jedi coincés sur Kashyyyk.

Et cela aurait sans doute égratigné davantage le moral de Plo qui, même s’il était un vétéran ayant déjà eu à prendre les armes pour défendre son navire et vu des marins ou pilotes en piteux état, ne s’habituait pas à voir ses hommes souffrir ainsi sur un lit d’infirmerie. Fort heureusement il n’avait pas eu besoin d’appliquer une médecine de guerre qui aurait consisté à trier les blessés en fonction de leurs chances de survie et de leur affecter les traitements et soignants en conséquence, proposant aux condamnés « d’abréger leur calvaire ». Certes tous les blessés n'avaient pas survécu, mais au moins l'amiral avait ordonné à ce que le maximum soit fait pour les sauver. Quelques grésillements et un léger grincement s'invitèrent dans sa réponse avant d'être corrigés.

- En résumé on se contente de rassembler, recenser et dispatcher nos forces en plusieurs groupes éparpillés à travers la planète pour assurer une couverture de terrain importante et détecter toute intrusion dans nos périmètres de sécurité. Nous n’avons pas lancé de bataille d’importance, nous préférons économiser nos hommes et ressources pour permettre l’évacuation de soldats coincés en périphérie de bassins d’habitation sur le point d’être occupés, et accueillons et formons aussi des volontaires wookiee pour le combat. Nous commençons à nous réorganiser pour adopter la meilleure stratégie face à l’occupant.

Mains dans le dos, tête haute même si ses paupières dissimulées derrière son masque étaient lourdes à cause de la fatigue, il décrivit davantage ses manœuvres récentes.

- Nos éclaireurs et patrouilles signalent que les efforts du Consortium pour l’heure sont surtout déployés pour occuper et sécuriser les villes de Kashyyyk et contrôler les spatioports qui leur permettent d’acheminer hommes et matériel pour les troupes d’occupation. Ils ne nous ont pas oubliés pour autant et ont déjà lancé des opérations de reconnaissance pour nous débusquer sans succès pour l’instant. Les Wookiees connaissent leur terrain, pour le moment nous avons l’avantage dès qu’ils s’aventurent trop loin de leurs positions.

La voix puissante du capitaine Dantius retentit dans le hangar, accompagnée par le bruit des talons claquant sur le sol, émis par tous les soldats en uniforme. Pour ceux qui n'étaient pas habitués à un tel spectacle, c'était impressionnant, et il était fort probable que les pairs d'Arsenicia ne puissent y rester totalement indifférents. La Maîtresse de l'Ordre Jedi, quant à elle, ne pouvait détourner les yeux de l'Amirale, avec qui elle échangea un regard, le genre de regard à travers duquel toute une conversation se tenait. Bien que Dantius ait probablement remarqué cette interaction, d'ailleurs, elle n'en montra rien.

Chaque Jedi avait exprimé ses salutations aux deux femmes qui les avaient accueillis, utilisant des mots similaires mais exprimant chacun leur propre style, ce qui révélait déjà beaucoup sur leur état d'esprit collectif. Une nouvelle fois, Arsenicia ne fut guère surprise par l'approche de sa femme compte tenu de la situation. Cyrène, dans son rôle, n'hésitait pas et les invita immédiatement à la suivre jusqu'à la salle de conférence afin de ne pas faire davantage attendre l'Amiral Tan'ith. La Fay fut naturellement la première à la suivre, et tandis que Cyrène marchait toujours d'un pas cadencé qui obligeait presque les personnes non habituées à trottiner pour la suivre, Ombrelune, quant à elle, s'adaptait facilement à son rythme, témoignant ainsi de leur proximité et du temps qu'elles avaient passé à travailler ensemble.

Le chemin parcouru jusqu'à la salle de conférence était familier pour la Jedi. Elle connaissait parfaitement son emplacement dans les entrailles du Star Dreadnough, ayant arpenté à maintes reprises les différents couloirs qui se ressemblaient tous.

La salle de conférence n'avait guère changé et Arsenicia s'y sentit immédiatement chez elle, comme si elle venait d'entrer dans la salle du Conseil sur Tython. Spacieuse et bien équipée, une grande table rectangulaire occupait une bonne partie de l'espace et Nicia se souvenait parfaitement de l'utilité non-officielle qu'elle en avait eu autrefois, lorsque Cyrène lui faisait du rentre-dedans.. Invitée à s'asseoir par un geste de l'Amirale, la Fay ne su cacher son amusement lorsque Cyrène lui indiqua très clairement le siège à sa droite, au bout de table. Un geste qu'Orfeo ne manqua pas également, car le vieil Ours fit mine de s'asseoir à côté de l'Hapienne avant de céder son siège et se décaler d'une place face au dangereux froncement de sourcils d'Arsenicia. Celle-ci passa derrière lui et, au moment de prendre place, se pencha à son oreille pour qu'il soit le seul à l'entendre.

« Idiot. »

Ils échangèrent un regard complice, témoignant d'une familiarité qui trahissait une profonde amitié. Puis, la Jedi se redressa, croisant tranquillement les jambes et posant ses mains jointes sur la table. C'est alors que son regard croisa celui de son épouse et, une fois n'étant pas coutume, Arsenicia se permit de la taquiner un peu d'une façon qui resterait entre elles.

Merveilleusement subtil, mon amour, put entendre l'Amirale résonner dans son esprit, l'amusement perceptible dans la « voix » de Nicia. L'écho de sa voix disparut aussi rapidement qu'elle l'avait entendue, laissant derrière elle une agréable sensation de pression qui persista pendant quelques instants, comme une étreinte.

Puis, Arsenicia recouvra son sérieux lorsque l'hologramme de l'Amiral Tan'ith apparut enfin, ou du moins ce qui était censé être son hologramme. Malgré les efforts déployés des deux côtés pour établir une transmission de qualité, l'image était particulièrement médiocre. Cependant, la Jedi parvint à distinguer l'armure du Kel'Dor, suggérant qu'il ne l'avait pas beaucoup quittée depuis son arrivée sur le terrain.

Affichant une expression parfaitement impassible, Arsenicia écouta le rapport du vétéran, tout en ne pouvant s'empêcher de penser que cette situation allait engendrer de nombreux problèmes. Kashyyyk était déjà un symbole pour Lord_Over, et le perdre représenterait un revers majeur dans l'esprit des Républicains. Elle était convaincue que les politiciens et les journalistes s'empareraient de cette nouvelle, rendant la tâche encore plus difficile qu'elle ne l'était déjà. Elle savait qu'elle partageait ces préoccupations avec l'hapienne assise à sa gauche, même sans croiser son regard.

« Kashyyyk est un symbole que nous ne pouvons pas nous permettre d'abandonner », commença Arsenicia en joignant ses mains devant elle, les coudes posés sur la table. « Nous devons rapidement prendre des décisions quant à la meilleure façon de vous envoyer des renforts et des approvisionnements. Nos Ombres sont sans aucun doute capables d'aider dans cette tâche. » proposa-t-elle en cherchant le regard de Dante. « Passer inaperçu à travers les lignes ennemies fait partie de leurs spécialités. Il faudra au moins cela pour vous permettre de tenir le plus longtemps possible. », conclut-elle, insinuant qu'une contre-attaque ne serait probablement pas envisageable dans l'immédiat.

Il y avait tant de choses à dire et à considérer. Le ravitaillement des soldats au sol était une priorité, mais il faudrait également aborder la stratégie à mettre en place, sans oublier l'Empire, qui pourrait profiter de cette défaite pour agir à son tour.

Je ne suis pas une femme de protocole, et j’ose dire que les chances sont fort minces pour que je le devienne un jour. Je devrai toujours me forcer en raison des nouvelles responsabilités que j’ai accepté d’endosser au nom des Jedi Corelliens, mais cela ne veut pas dire que j’aime ça pour autant. Après tout, en tant que Maître des Jedi Verts et puisque des Jedi Verts ont participé à cette opération, Dalek et moi inclus, j’ai toute raison d’assister à cette réunion d’état-major en effectif réduit. Je doute que nous parvenions à des compromis décisifs au terme de cette dernière, puisque la politique allait nécessairement s’en mêler et très certainement ralentir des décisions, pour respecter le principe de démocratie. C’était le prix à payer pour respecter notre modèle politique.

J’envie l’aisance d’Arsenicia et de Dante alors qu’ils se plient à l’exercice, et si je suis légèrement plus habituée depuis un an que notre chère Épée des Jedi, j’apprécie tout aussi peu qu’Orfeo l’exercice. Au moins, pour l’heure, nous discuterons entre gens de l’armée et membres des deux Ordres Jedi. Il y avait moyen de susciter des échanges intéressants, de tirer certains constats sur ce qu’il s’était passé sur place et envisager quels moyens nous pourrions mettre en place pour contre-attaquer. Il faudra certes ensuite les défendre auprès des instances gouvernementales et politiques républicaines – je souhaite bon courage d’avance à notre Maître de l’Ordre, l’amiral Tan’ith qui devait rejoindre à distance la réunion et à l’amirale Solaris qui devront s’y frotter – mais ce n’était en aucun cas du temps perdu que de faire un premier état des lieux et envisager différentes pistes. Cela étant dit, je ne suis pas fâchée que Dalek soit aussi de la partie, tant pour son regard différent du mien que sa présence à mes côtés, qui a la vertu dans ce cas de figure de favoriser ma patience. Au final, je dois voir cela comme une sorte de réunion du Haut-Conseil, avec quelques figures militaires.

La prudence était de mise, même si je n’éprouve pas d’inquiétude particulière pour le moment. Il n’en reste pas moins que je ne serais pas aussi à l’aise ainsi dans l’espace que sur la terre ferme ou mieux, sur sol corellien. J’ai toujours eu une certaine méfiance avec la technologie, sauf rares exceptions. L’Amirale a l’air d’être quelqu’un de compétent, et je n’ai pas trop le choix dans le cas présent. J’acquiesce sans rien ajouter, d’un signe ferme et décidé. Oui, j’imagine bien la situation délicate dans laquelle se retrouve le Kel’Dor, qui avait choisi de rester en arrière sur Kashyyyk. Je leur emboîte donc le pas avec aplomb, compensant la petitesse de l’amplitude de mes foulées indue à ma relative petite taille par un nombre accru de ces dernières et un rythme plus soutenu. Cela ne m’est pas inconfortable, je suis quelqu’un d’hyperactif, alors presser un peu le pas me convient tout à fait. Malgré mon désamour de la technologie, mon regard se fait curieux alors que nous arpentons un modèle de vaisseau avec lequel je suis moins familière : il n’est pas de construction corellienne, comme je le constate rapidement. Je ne suis pas autant connaisseuse de l’ingénierie des vaisseaux que ma belle-sœur Ellen, et sans doute aurait-elle payé cher pour être à ma place en cet instant, mais je veille surtout à retenir le chemin autant que possible pour ne pas me perdre par la suite.

Je suis amusée par l’invitation peu subtile de l’épouse d’Arsenicia à ce que sa moitié vienne prendre place dans le siège à côté du sien suivie de la taquinerie d’Orfeo, ce que je traduis en laissant un sourire errer au coin de mes lèvres avant de reprendre mon sérieux. Dalek et moi adoptons une toute autre approche. Plutôt que de nous asseoir l’un à côté de l’autre, nous choisissons plutôt de nous installer l’un en face de l’autre, comme nous le faisons au Conseil Vert. Une décision pas moins stratégique pour autant, qui facilitait la communication non-verbale entre nous deux au besoin. Même si nous pouvons aussi recourir à la télépathie à l’aide de la Force, si nous en avions envie.

« Amiral Tan’ith, merci d’avoir pris le temps de se joindre à nous pour cette réunion. Avant que nous ne commencions peut-être serait-il pertinent que vous nous exposiez votre situation et les informations que vous avez pu glaner sur les mouvements de troupes adverses. »

J’observe avec attention le peu que l’image très brouillée des systèmes de communication nous apporte. L’amiral portait pour l’occasion une armure de combat de fusilier marin, de ce que je pouvais reconnaître tant bien que mal. J’imagine assez bien que le quotidien doive être rude sur place, et je ne peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pour les soldats clones et nos Jedi présents là-bas. Sans grande surprise, l’officier avait pris la situation en main et prit d’heureuses initiatives sur le terrain, sans attendre de feu-vert des officiels. Une décision pragmatique que je saluais en pensée. Sage décision que de ne pas avoir lancé d’offensive majeure, à mes yeux. Il fallait reconstituer nos forces, avant d’éventuels hypothétiques renforts envoyés par les forces républicaines. Cela pouvait prendre du temps, avant que ces renforts ne soient votés et acceptés par les instances dirigeantes. Dans la situation actuelle, il me semblait que la piste des actions de guérillas étaient les plus aisées à mettre en place. Je ne suis guère étonnée que les forces invasives du Consortium aient déjà commencé à réagir. Je ne me rappelle que trop bien comment elles nous avaient traqués dans les Terres d’Ombres, et moi-même j’avais eu du mal à m’en exfiltrer de grande justesse sans être prise. Un léger élancement dans ma mauvaise jambe me rappelle à son bon souvenir, à cette pensée.

Kashyyyk est un symbole oui, comme le déclare Arsenicia, et ce à plusieurs égards à mon sens. Elle avait été un sol ardemment défendu au cours de la campagne de Lord_Over, elle était une alliée de très longue date de la République et de l’Ordre Jedi, et, cette débâcle que nous avions rencontrée était aussi le symbole au manque d’importante conféré par les instances décisionnaires républicaines aux problèmes des planètes frontalières. On avait clairement souffert du manque de moyens et d’effectifs sur les lieux, tant pour la bataille terrestre que la bataille spatiale, malgré la grande compétence de l’amiral et le talent de nos troupes conjointes. C’était un constat indéniable.

« Kashyyyk est un symbole que nous ne pouvons pas nous permettre d'abandonner Nous devons rapidement prendre des décisions quant à la meilleure façon de vous envoyer des renforts et des approvisionnements. Nos Ombres sont sans aucun doute capables d'aider dans cette tâche. Passer inaperçu à travers les lignes ennemies fait partie de leurs spécialités. Il faudra au moins cela pour vous permettre de tenir le plus longtemps possible.

Les Ombres Jedi seraient effectivement d’une aide appréciée pour opérer sur place, considérant leurs compétences. J’approuvais cette suggestion, avant de prendre la parole d’un ton posé, assuré.

- Il serait malvenu en effet de rester les bras croisés, le temps que les instances républicaines envoient des renforts pour tenter une contre-attaque. La priorité est de jouer sur la durée et de tenir le plus longtemps possible. Il faudra impérativement mettre en place un système de ravitaillement pour vous permettre de tenir. Du côté de l’Ordre Vert, je vais voir ce qu’il nous est possible de faire. Des volontaires vous rejoindront dans les meilleurs délais pour renforcer les effectifs. Ils seront menés par Maître Flinn, que vous connaissez déjà. Ils viendront avec des vaisseaux personnels, avec des vivres et du matériel issu des stocks de l’Ordre Vert et de la CorSec. Malheureusement, je ne peux pas me prononcer sur les décisions que prendront les autorités dirigeantes du secteur corellien. Je ferai mon possible pour coordonner l’acheminement des ressources depuis le Corellia, en lien avec Maître Layli qui se trouve déjà à vos côtés et en qui j’ai toute confiance pour vous assister au mieux sur ce terrain devenu hostile.

Je ne représente en effet pas le gouvernement corellien, Force et Corell soient loués. Je ne peux que me prononcer pour l’Ordre Vert et là encore, je fais preuve de prudence. Nous avons perdu l’un des nôtres au cours de la bataille de Kashyyyk, et je dois composer aussi avec les réticences des plus indépendantistes et autonomistes de nos pairs pour qui Corellia doit rester notre priorité absolue. Vous n’imaginez pas les négociations que je mène au Conseil Vert, en tapant du poing sur la table. Je n'amène pour le moment pas l’information personnelle de ma grossesse, qui m’empêche autant que ma jambe encore mal guérie de retourner sur le terrain, aussi bien que je le voudrais personnellement. Je déteste devoir agir à distance, mais cela fait aussi partie de mes responsabilités, tant en tant que future mère qu’en qualité de Maître des Jedi Verts, comme Dalek me l’a rappelée récemment. Ce dernier devra aussi rester en retrait, à cause en partie de moi comme je le constate en pensée avec un arrière-goût amer. Force que je honnis mon don d’Empathie dans ces moments-là ! S’il venait à mourir, je trépasserai aussitôt et notre enfant à naître perdrait à son tour la vie. Et c’est une mise que je ne peux pas mettre en jeu, c’est une décision difficile qu’il m’a fallut prendre. Cela ne veut pas dire pour autant que je ne m’investirais pas à distance dans ces opérations à venir, d’où aussi ma présence à cette réunion. Il est de mon devoir d’être présente, et je compte l’honorer.

Dalek partageait son attention entre leur hôte, l’amirale chère au cœur d’Arsenicia, et les soldats alentours. Apercevant K6 et Rex, il leur fit signe de les suivre tout en leur faisant silencieusement comprendre qu’ils devaient se tenir à carreau. S’il n’en laissa rien paraître, le Hapien était heureux d’avoir la confirmation par l’Amirale Solaris que Plo Tan’ith se portait suffisamment bien pour qu’ils puissent s’entretenir avec lui, même si ce n’était que par l’intermédiaire d’une liaison holonet.

Il admettait volontiers que ce vaisseau était un labyrinthe même si l’agencement de certaines coursives lui rappelait le Vaillance commandé par l’Amiral Tan’ith. Le Jedi Corellien y avait passé trop peu de temps pour avoir pu en mémoriser les plans. Ces vaisseaux étaient très différents de ceux de la Corporation Technique Corellienne dont il avait l’habitude depuis son arrivée dans la République.

La salle de conférence dans laquelle ils arrivèrent était assez classique et suffisamment grande pour tous les accueillir et sans doute d’autres personnes par ailleurs. Les écrans d’holoprojection situés un peu partout dans la pièce permettaient à chaque participant de suivre sans mal les situations tactiques au fur et à mesure des discussions. Amusé de voir l’amirale guider plus ou moins discrètement son épouse Jedi vers le siège jouxtant le sien, Dalek s’en tint quant à lui aux habitudes prises avec Allana. Il prit ainsi place dans le siège faisant face à celui de la Maître des Jedi Verts.

Dalek écouta Plo avec la plus grande attention quand celui-ci apparut, tant parce qu’il souhaitait savoir comment celui-ci se portait mais aussi parce que la qualité de la liaison n’était pas excellente. L’amiral Kel’Dor avait visiblement besoin de ressources dans un premier temps, et en particulier de matériel médical pour soigner les blessés. De son point de vue, les résistants avaient eu raison de ne pas lancer une offensive d’envergure compte-tenu de la situation actuelle. Pour autant, le temps jouait contre eux.

Il prêta également attention à la prise de parole d’Arsenicia, qui exprima clairement qu’il était impensable de perdre Kashyyyk, à la fois pour son importance stratégique mais aussi et surtout pour le symbole que cette planète représentait depuis Lord_Over. Envoyer des renforts et de quoi réapprovisionner les troupes était une bonne idée et Dalek ne doutait pas que les Ombres Jedi en soient capables. Toutefois, elle laissait aussi entendre qu’une opération militaire de la flotte n’était pas à l’ordre du jour pour le moment.

En tant que maître des Jedi Verts, Allana représentait les Jedi Corelliens à cette conférence et Dalek était surtout présent en soutien et pour partager son analyse et son expérience personnelle relative aux Sith et au Consortium. Sans doute les Ombres Jedi en savaient-ils plus long que lui mais l’élite des espions Jedi ne connaissaient pas nécessairement la manière de penser des utilisateurs du Côté Obscur, ni de la hiérarchie matriarcale d’Hapès.

Ayant attendu que sa partenaire expose la position corellienne, Dalek regarda autour de lui et se décida à lui emboîter le pas. Ses premiers mots furent destinés à l’amiral qu’il était sincèrement heureux de revoir en vie.

- Amiral Tan’ith, je suis heureux de vous savoir en vie et en relative bonne santé, en dépit des circonstances difficiles à la surface de Kashyyyk. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous rejoindre là-bas mais à l’instar de Maître Fern, je ferai également mon possible pour que le Conseil Vert vous envoie autant de ressources que possible. En dehors des fournitures médicales, s’il y a bien des choses qui ne manquent pas sur Corellia, ce sont des blasters et des munitions, termina-t-il pour ponctuer son intervention sérieuse avec une pointe de légèreté.

Le Corellien fit une courte pause avant de destiner ses prochaines paroles à l’ensemble des personnes présentes.

- J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur si j’enfonce des portes ouvertes. Si j’ai appris à tuer jeune, je ne suis pas un militaire de carrière pour autant. Je n’ai pas les connaissances stratégiques des amiraux de la flotte ici présents, exposa-t-il d’entrée de jeu en référence à Cyrène, Plo et Arsenicia. Il apparaît que l’amiral Tan’ith et ses troupes ont besoin de fournitures et de temps. Je pense qu’outre les ressources en bâtiments et en troupes sur place du Consortium, il serait pertinent de s’attarder sur deux autres facteurs à prendre en compte dans notre stratégie : leur commandante-en-chef et les Trandoshans.

Dalek fit un signe de la main à Rex et le droïde astromécanicien activa son projecteur holographique bleuté pour diffuser une image figée de Darth Ziran provenant des archives. Loin de s’attarder sur son esthétique hapienne, Zar voyait surtout en elle une machine à tuer dotée de redoutables talents guerriers et, pire encore, d’une maîtrise du Point de Rupture.

- Nous savons que la dame Sith Darth Ziran était à la tête de l’expédition qui a conquis Kashyyyk. Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, il ne s’agit pas de n’importe quelle Sith puisqu’elle siège au Conseil Noir en tant que Maîtresse d’Armes. En d’autres termes, elle est considérée, après la Reine Éternelle, comme la meilleure bretteuse de l’Ordre Sith, en miroir du rang de Maître d’Erep ici présent. Elle n’était pas là-bas par hasard. Ziran est aussi une Matriarche Hapienne et la fille d’une ancienne matriarche de Kashyyyk, destituée avant l’époque de Lord_Over. Là où je veux en venir, c’est que Kashyyyk est un enjeu personnel pour elle, un triomphe en cas de victoire, un échec total en cas de défaite. Sa flotte et ses troupes ont remporté une victoire mais pour autant rien dans nos rapports n’indique que la maîtresse d’Armes n’ait levé son cul de son fauteuil de commandement. J’ai conscience que c’est tout à fait logique pour un commandant-en-chef mais pour elle, le fait de n’avoir même pas dégainé son sabre laser pour reconquérir son monde natal doit au minimum l’irriter. Si cela ne suffisait pas, la résistance républicaine au sol entache sa victoire et plus cette résistance se prolongera, plus l’affront à son honneur sera grand. Si en plus ce sont des hommes qui la mettent en échec, ça piquera d’autant plus sa fierté. Cela étant dit, si on veut la faire descendre de son trône, il faudrait un appât de choix… et de haut rang, termina-t-il en inclinant en particulier le menton à destination d’Orfeo, l’Épée des Jedi représentant certainement une proie que la Dame Sith ne résisterait pas à ajouter à son tableau de chasse.

D’un autre geste de la main, il intima à Rex de cesser la projection puis il joignit ses mains, paume contre paume avant de prendre une profonde inspiration. Ce n’était pas tant que le sujet était si délicat mais Dalek tenait en piètre estime les Trandoshans après l’enlèvement d’enfants Wookies un peu plus d’un an auparavant. Cette espèce avait trahi la République mais pire encore, ils représentaient une menace pour les Wookies et en particulier pour la résistance sur Kashyyyk.

- Sauf erreur de ma part, les Trandoshans ont trahi la République pendant la bataille de Kashyyyk. Personne n’ignore l’inimitié entre eux et les Wookies. Plus d’un an avant cette bataille, j’ai eu l’occasion d’arrêter des esclavagistes Trandoshans qui voulaient vendre des enfants Wookies. Si j’étais à la place de Darth Ziran, je n’enverrais pas mes propres soldats mourir les uns après les autres à la recherche de l’Amiral Tan’ith. J’enverrais des mercenaires habitués à traquer des Wookies. Qui de mieux que les Trandoshans qui sont à la fois les plus compétents mais aussi les plus sacrifiables ? Si on veut que l’Amiral Tan’ith ait assez de temps pour récupérer et envisager des opérations, je suggérerais de mettre les Trandoshans hors-jeu. Je m’en remets à l’expertise des officiers militaires et des stratèges ici présents mais à première vue, cibler leur propre planète Trandosha les obligerait à y revenir pour protéger leurs familles et leurs proches.

Vitrifier la planète par des bombardements orbitaux, outre les problématiques de génocide, n’aurait pas rempli l’objectif puisqu’il n’y aurait plus eu personne à défendre. Pour autant, il fallait trouver une menace d’ampleur suffisante pour obliger les mercenaires Trandoshans à revenir en masse défendre leurs proches et leur planète. Une arme biologique ou une invasion auraient peut-être fait l’affaire mais il imaginait mal la première option comme acceptable selon le code militaire et le droit républicains. Quant à la seconde, elle aurait mis en danger des troupes républicaines supplémentaires sans garantie de gagner le temps nécessaire à l’amiral Tan’ith. Non, il fallait quelque chose nécessitant peu de ressources pour un impact maximal sur le moral des guerriers reptiliens.

Oh, peut-être que…

- Cela étant dit, kidnapper les héritiers des clans les plus puissants de Trandosha pourrait faire l’affaire. Après tout, c’est une méthode qu’ils utilisent eux-mêmes, déclara Dalek en haussant les épaules comme pour laisser ce choix entre leurs mains.

Le Maître Vert ne s’attendait pas à ce que sa dernière suggestion trouve beaucoup d’échos dans la salle mais à petit budget financier et humain, tout en évitant des pertes importantes dans le camp adverse, il ne voyait pas beaucoup d’options. C’était la plus équilibrée, même si elle serait tout de même périlleuse pour les commandos spéciaux ou les Ombres qui seraient éventuellement envoyés pour s’y coller.

Je saluais l'amiral avec tout le respect qui incombait à son poste, tout autant qu'à sa personne, nous n'avions qu'assez peu échangés durant nos brèves rencontres, toutefois, l'ensemble du Conseil s'accordait le fait qu'il s'agissait là d'un des meilleurs éléments de la République. Petit à petit, chacun vint à présenter son avis, ses idées même. Tout en faisant un rapport global sur la situation – qui se trouvait être de plus en plus critique – concernant Kashyyyk mon bras fantôme me lança. Une nouvelle fois, la douleur du membre disparu remontait jusqu'à mon cerveau. Sans laisser paraître la moindre émotion sur mon visage, je tendis une oreille nettement plus attentive aux paroles des deux Corelliens. Ces derniers étaient connus pour êtres de précieux stratèges. Effectivement, leurs idées, et surtout celles de Dalek démontrait une capacité à s'intégrer aux plus dures missions qui soient.

Tour à tour, chacun présenta son avis, puis, poliment, je me permis de prendre la parole. Ajoutant aux propos de Dalek mon propre avis. Il me fallait prendre conscience que, désormais, j'étais le Grand Maître Jedi… Chose qui allait de pair avec de nombreuses obligations, et une attente de mes pairs bien plus grande que par le passé. Les holocrons qui remplissaient les étagères des Archives, se composaient de toutes sortes de choses. Mais pour le moment, ce qui m'intéressait, se trouvaient être les holocrons parlant de stratégie militaire. Des frappes précises, des mouvements de flottes spatiales et terrestres et surtout… Des Ombres Jedi et de leurs capacités. Ma mémoire ficha les informations tandis que je parlais, posément, avançant mes idées les unes après les autres.

- Je me permets de rebondir sur les propos de Maître Zar. Il nous faut agir vite, mais sans précipitation.

L'image se voulait être aussi atypique que paradoxale, néanmoins bien plus juste qu'elle n'y paraissait. Nous devions agir vite, mais dans la précipitation, nous avions déjà perdu bien trop de vies et surtout, des alliés se trouvaient aujourd'hui aux mains du Consortium. Chose qui ne pouvait durer ainsi. Afin d'enrayer un potentiel Chaos Galactique, nous devions leur couper l'herbe sous le pied.

- Considérons les choses dans un ensemble des plus concret. Si pour affaiblir nos adversaires nous devons agir comme eux, alors nous le ferons. Les Ombres Jedi sont prêtes et attendent les ordres. La proposition de Maître Zar semble être une des choses qui pourrait, tout du moins pour un temps, nous offrir une fenêtre de tir. (Je fis une pause, m'avançant sur mon fauteuil, mon sourire s'effaçant de mon visage.) Devoir kidnapper des enfants Trandoshans n'est guère une chose que j'apprécierais de faire, seulement, nous devons frapper de manière chirurgicale et rapide. Nous devons saper leur moral, et frapper là où ça fait mal.

Les pertes de notre côté n'étaient guère motivantes pour les troupes, de tout temps, les membres de l'Ordre, tout autant que les soldats Républicains avaient vu leurs frères et sœurs d'arme tomber au combat… Il fallait garder un visage fermé, ne rien laisser transparaître, mais la douleur était bel et bien présente. Nous n'avions qu'assez peu de possibilités. Et celle-ci nous permettrait de libérer une partie de nos forces, sans compter que, dans l'état actuel des choses, le soutien logistique allait être des plus important.

- De cette manière, je pense que les Trandoshans seront bien trop occupés pour faire attention à des transports spatiaux pouvant soutenir les troupes de l'Amiral Tan'ith. Notre but actuel serait d'éviter de nouvelles pertes. Alors il faut les limiter autant que faire se peu, nous ne devons pas envoyer des milliers de troupes sur une centaines de vaisseaux… Cela gâcherait bien trop de ressources… Et surtout de vies...

Mon dos s'enfonça de nouveau dans le fauteuil. Voilà bien longtemps que je n'avais pas parlé autant. Encore une fois ou deux phrases pareilles, et il me faudrait un verre d'eau… Voilà, j'avais fait ma part du travail. Si le besoin s'en faisant sentir, et malgré mon rôle au sein de l'Ordre, je fus formé par une des meilleures Ombres Jedi de son temps, alors s'il fallait que j'y ailles en personne… Ce serait le cas. Mon regard se porta involontairement vers Dalek, après cette réunion, il fallait que nous reprenions notre discussion concernant une certaine femme… Pour cette fois, ce serait moi, qui lui offrirais le repas.

Pour toute réponse a la déclaration mentale de son épouse, Cyrène lui adressa un clin d’œil complice, elle n’avait nullement rechercher a être subtile, elle devait bien l’admettre, mais qui lui reprocherait de garder son épouse auprès d’elle ? Personne ne fit de remarque déplacé, l’autre couple présent dans la pièce n’adopta toutefois pas la même stratégie, préférant être face a face. Plo fit le résumé de sa situation et Cyrène tira un carnet dans un tiroir de la table avec un stylo afin de pouvoir prendre des notes. Cela ne signifiait pas qu’elle n’était pas attentive aux arguments de chacun, mais au contraire qu’elle tenait a pouvoir les visualiser de la façon la plus claire possible afin de nourrir sa propre réflexion stratégique. Certaines idées étaient pertinente, d’autre semblait davantage irréaliste ou trop optimiste, et Dalek évoqua même une possibilité assez sombre… Elle était certaine que la plupart des autres participants s’attendaient sans doute a ce que ce soit elle qui propose ce genre de plan, n’était-ce pas ce que l’on attendait d’individu dont la première destinée fut d’être une Matriarche Hapienne après tout ? L’Amiral Tan’ith, malgré la mauvaise qualité de la transmission, semblait en meilleur forme qu’elle ne l’avait imaginer au vu des circonstances. Il avait pris les décisions qui s’imposaient, mais ce n’étaient que les premières d’une longue série qui serait de plus en plus difficile avec le temps, face a une situation militaire qui n’irait qu’en se dégradant avec le temps.

Car la contre-attaque que Maître Fern souhaitait de ses vœux n’auraient pas lieu, du moins pas tout de suite : une étude de la situation militaire était implacable : la République avait perdu l’initiative stratégique : la perte de Kashyyyk, principal nœud logistique du système, avait engendrer le repli de nombre de vaisseaux et rendu la défense de plusieurs planètes impossible. S’ils partaient dans une action offensive maintenant, les Républicains partiraient dans l’inconnu face a une puissance de feu supérieure et mieux organisée avec une chaîne logistique incapable d’assurer le ravitaillement nécessaire au maintient des efforts exigés pour une contre-offensive d’ampleur. A la surprise de Cyrène, qui connaissait le goût de la souveraine éternelle pour le style, l’offensive du Consortium semblait pour l’instant se dérouler sur un rythme prudent, se contentant d’appliquer de la façon la plus rigoureuse et efficace les règles de la guerre, et elles n’avaient pas encore rechercher l’exploitation de la brèche, ce qui avait offert du temps pour reconstituer un front digne de ce nom dans le secteur de Ruusan, mais pour combien de temps ? Lorsque le Grand Maître termina son récit, l’Amirale appuya sur un bouton pour afficher une carte holographique de la galaxie, puis repris la parole afin d’exposer la situation, ainsi que ses limites.

« Au risque de vous décevoir maître Fern, je crains qu’une offensive ne soit guère a l’ordre du jour : nos forces sont désorganisée, nous venons de céder du terrain et la Vème flotte a perdu son officier supérieur, ce qui la place dans un état de désorganisation préoccupant. Si vous aviez un successeur désigné Amiral Tan’ith, cela nous faciliterait en partie la tâche, car il serait de fait respecter par la plupart des capitaines. Dans le cas contraire, l’Amirauté va devoir désigné un nouvel Amiral, qui devra prendre ses marques, réorganiser la flotte et promouvoir de nouveaux capitaines, ce qui affaiblira inévitablement l’efficacité opérationnelle de la Vème flotte durant une longue période. »

Elle marqua une pause avant de zoomer sur Ruusan et de reprendre son exposé.

« Actuellement, les pointes de la flotte adverse n’ont pas oser s’aventurer sur Ruusan, elle se renforce sans doute avant d’en préparer le siège, puisque c’est notre nœud logistique le plus avancé. De ce fait, nous aurions du mal a masser le nombre de navire suffisant pour une contre attaque sans prendre le risque de considérablement affaiblir notre propre chaîne de ravitaillement. Nous allons devoir rester sur la défensive et nous contenter de contre-attaque d’opportunité sur les éléments avancés adverse qui prendrons le risque de s’aventurer de manière trop profonde dans notre dispositif défensif, mais Ruusan ne doit pas tomber, dans cela, nous aurons du mal a rétablir un front viable avant Bothawui… Ce qui nous ferait perdre tout le bénéfice de Lord Over. »

Elle savait que cela ne devait pas être très agréable a entendre, mais c’était une réalité avec laquelle il était nécessaire de composer. Derrière son calme apparent, Cyrène brûlait d’aller combattre ses anciens compatriotes et obtenir sa vengeance, mais se précipiter dans la gueule du loup ne lui apporterait rien d’autre que la mort et elle n’était pas assez stupide pour ne pas respecter les règles élémentaire de la stratégie militaire, d’autant plus que les Sith ne combattaient pas comme les Matriarches Hapiennes. Au-delà de ce constat pessimiste, Cyrène avait quand même quelques idées pour améliorer la situation, et elle dézooma la carte afin de pouvoir englober de nouveau Kashyyyk sur cette dernière, puis croisa les bras sous sa poitrine avant de reprendre la parole.

« Toutefois, Arsenicia n’a pas tord : Kashyyyk ne peut pas être abandonnée, et le gouvernement nous mettra la pression pour maintenir la résistance le plus longtemps possible, car l’effondrement de cette dernière provoquerait sans doute sa chute. Envoyer du matériel lourd sera difficile, mais nous devons nous assurer que les résistants ne manquerons jamais d’armes, de munitions et d’explosifs. Nous devrons nous assurer le soutien du Renseignement dans cette tâche, mais si nos deux maîtres Verts peuvent faire jouer leurs relations auprès de l’union des Contrebandiers, nous pourrions éviter d’avoir recours aux mercenaires de l’Apex, dont le prix pour prendre tant de risque sera sans doute exorbitant, en plus d’être très complexe a assumer pour la coalition au pouvoir. »

Le portrait que Dalek avait fait de Darth Ziran était intéressante, Sith et Hapienne en même temps… Le genre de cocktail que sa mère détestait au plus haut point. L’Amirale rechercha un conseil a fournir a Plo pour la combattre, mais elle n’était pas en vue lorsqu’elle avait pris la fuite et de ce fait, la dernière héritière de la maison Solaris ne la connaissait pas. Elle ferma les yeux quelques instant, poussa un soupir en se remémorant quelques souvenirs pas très agréable, puis tourna son visage vers l’hologramme de Plo avant de reprendre la parole.

« Vous connaissez les objectifs militaires, mais je me permet de vous en recommandez d’autre : généralement, les Matriarches Hapienne sont très vaniteuses : elles font édifiée sur leurs territoires de grandes statues a leur effigies, organisent des expositions d’arts et installent une aristocratie Hapienne pour administrer leurs territoires. Si vous souhaitez énerver cette Darth Ziran au plus haut point, prenez tout ceci pour cible afin de remettre en question leurs supériorités. La riposte sera terrible, mais elle amènera la Matriarche a faire des erreurs, et ouvrira donc également des opportunités. »

Il restait la question des Trandoshans. Kidnapper des enfants était une opération qu’elle ne pouvait pas soutenir, car elle était proscrite par le règlement militaire et la mènerait tout droit a la cours martiale avec peu de chance de sauver sa tête au vu de son origine, même avec une épouse Jedi. Toutefois, exploiter ses derniers contre le Consortium lui semblait une idée intéressante. Elle dézooma de nouveau afin de pouvoir donner son avis sur la question.

« Le code militaire nous interdit d’ordonner des opérations visant spécifiquement des mineurs. Vous pouvez toutefois vous tournez vers le Renseignement pour obtenir de l’aide dans cette tâche. Ceci dit, a titre personnel, je ne suis pas certaine que cette démarche soit productive : les Trandoshan nous vouent une haine tenace pour toutes les sanctions commerciale dont ils ont été frappé durant les vingts ans de présence Républicaine dans la région, leur ralliement aux forces Sith n’a rien d’une surprise. En revanche, le pouvoir sur Dosha dépend d’un équilibre subtil entre les clans : assassiner le leader et les factions ne tarderons pas a s’affronter pour prendre le contrôle du trône. Nous ferions d’une pierre deux coups en provoquant le chaos dans leur chaîne de commandement tout en contrecarrant les plans des Sith pour les contrôler en douceur. »

La transmission tressaillit quelques peu, et même s’il ne parvenait pas à voir ses interlocuteurs au moins reconnaissait-il leurs voix. Même s’il avait peu entendues par le passé celles d’Orfeo et de Dante Garvan, celle du second lui était familière. Plo écouta l’ensemble de la conversation se dérouler, en silence, ayant hoché la tête en direction de Maître Zar qui pour l’heure avait été le seul à véritablement avoir démontré être heureux de voir l’officier encore en vie. L’amiral restait concentré, mains dans le dos et était rassuré d’entendre qu’il ne serait pas abandonné. Les opinions présentées par certains membres du Conseil et le soutien de l’Ordre Vert avait de quoi lui apporter un peu d’espoir même s’ils ne garantissaient pas monts et merveilles, leurs promesses étaient déjà un bon début, une bonne base pour fournir la résistance – tiens, il réalisa qu’il ne l’avait pas encore nommé- hétéroclite constitué de clones, de wookiees et de volontaires de la République.
Les idées allaient et venaient, certaines bonnes, d’autres moins bonnes mais il n’en voulait pas aux Jedi de manquer de certains raisonnements stratégiques. La nouvelle de la perte d’autres systèmes affligea Plo, venant renforcer son sentiment de culpabilité quant à sa défaite, mais ça ne le surpris qu’à moitié seulement, il s’étonna plus sur le fait que la pointe de l’offensive du Consortium semblait se diriger déjà vers Ruusan. Leur offensive semblait rapide, mais le Conseil Jedi semblait disposé réagir, la question était surtout de les orienter dans la bonne direction et ne pas disperser leurs efforts, et en ce sens l’amirale Solaris avait commencé le travail.

- Kashyyyk est un symbole et un nœud logistique comme l’a souligné l’amirale Solaris. Son intérêt est double et c’est à ce titre qu’il est impératif que nous ne l’abandonnions pas. Mais si d’autres systèmes sont également tombés, lancer une contre-offensive non préparée est très risqué avec la perte du système Kashyyyk. Toutefois celui-ci devient désormais un nœud pour l’ennemi également, et contrairement à nous, nous n’avions pas une force solidement ancrée au sol capable de mener des opérations de sabotage ou de renseignement. Un avantage que vous avez désormais avec mes forces. Je compte bien rendre le séjour de Darth Ziran particulièrement désagréable, j’ai encore des ressources notamment des véhicules terrestres et aériens en plus de ceux que les wookiees ont de leur côté, toutefois je crains l’usure de ce matériel tout autant que celle des comestibles comme les munitions diverses et fournitures. Toute information utile sur les mouvements de flotte ou de matériel ou de troupes que je pourrai vous transmettre pourrait vous aider à anticiper les prochaines étapes du plan de conquête du Consortium, et si vous comptez leur damner le pion, je pourrai sans doute essayer de les handicaper par des opérations ciblées sur certaines de leurs installations au sol.

Les renseignements apportés par Dalek Zar à propos de Darth Ziran étaient des plus intéressants. S’il savait qu’elle était membre du Conseil Noir, l’amiral Tan’ith ignorait toutefois certains détails qui lui furent apportés sur la table. Il rebondit sur cette question pour mieux connaître et comprendre son adversaire afin de mieux savoir sur quel pied danser avec elle, ou plutôt cibler quelle joueuse de sabacc elle pouvait être.

- Je comprends mieux les motivations de Darth Ziran en ce cas. Si cela vous est possible, j’aimerai un rapport le plus détaillé possible sur l’intégralité des renseignements que l’Ordre dispose sur elle : personnalité, histoire, faits d’armes, entourage, rapports au sein du Consortium avec ses pairs et l’armée… Tout ce qui pourrait m’aider à la cerner efficacement pour mieux anticiper ses décisions et réactions. Il en va de même pour ses généraux, officiers et Sith l’entourant. Si je peux tenter des actions ciblées sur eux pour affaiblir sa crédibilité, je pourrais peut-être la forcer à sortir de son trône et motiver peut-être davantage de wookiees à rejoindre mes troupes. Je vais m’assurer de devenir son obsession alors, car je ne compte pas quitter Kashyyyk tant qu’ils seront présents.

Visiblement se frotter à un membre du Conseil Noir n’effrayait pas l’amiral. Plo avait conscience de la dangerosité que ces individus représentaient mais pourtant il ne pouvait s’empêcher de penser qu’ils n’étaient pas invincibles pour autant que l’on était capable de les anticiper au maximum. De plus le Kel’dor savait très bien les risques qu’il avait pu prendre, et mettre sa vie dans la balance pour payer le prix de la libération de Kashyyyk. Il avait été inspiré et admiratif du sacrifice de Tontpa lors de l’opération Lord_Over alors qu’il était encore capitaine de frégate. Pour honorer la mémoire de cet officier, Plo savait qu’il devait être prêt à marcher dans ses traces autant d’années plus tard, et il l’était alors que le crépuscule de sa vie approchait. Il poursuivit :

- Je ne suis pas des plus familiers avec ces « ombres » comme vous les désignez toutefois, mais j’en déduis qu’il s’agit d’équivalent des commandos du renseignement républicain. Toute aide sera la bienvenue de la part des Ombres, que cela soit du renseignement, des renforts d’unités spéciales, du matériel ou des fournitures diverses.

La suggestion que les Jedi avaient pu faire sur les enlèvements d’enfants avait été des plus étonnantes pour l’amiral qui voyait ceci comme un acte de terrorisme en un sens. Lui avait été toujours côtoyé et connu les Jedi à travers leurs gardiens, leurs consulaires… A ses yeux les Jedi étaient soient des meneurs d’hommes, des tacticiens ou des diplomates avant de tremper dans des missions pouvant relever des opérations spéciales –voire clandestines- des renseignements républicains. Il se raidit quelques peu car après tout ses propres enfants avaient aussi été kidnappés il y a quelques mois par le clan Lonne après tout, aussi revivre cet évènement l’avait un peu perturbé. Mais il garda la face et s’éclaircit la gorge avant de répondre avec sérieux.

- En temps normal je n’approuverai pas le rapt d’héritiers des clans trandoshan, toutefois je comprends que la guerre impose des… - Plo inspira et grimaça derrière son masque, cherchant les mots adéquats- décisions difficiles à prendre. Et si je dois choisir entre la vie des hommes dont j’ai le commandement, et ceux de traitres ayant collaboré avec le Consortium, alors mon choix est déjà fait. Les trandoshans ne sont pour autant pas le cœur du problème actuel, les wookiees dans mes rangs ont l’avantage du terrain et de la force physique avec eux, toutefois je redoute que Darth Ziran puisse les employer comme unités de harcèlement et de reconnaissance pour nous traquer avec plus d’efficacité que leurs troupes, ou qu’elles servent aux Sith à nous forcer de griller nos munitions et épuiser nos ressources dans des engagements défensifs. Cela dit je pense que monter les trandoshan à la révolte contre les Sith ne suffira pas : ils ont conclu un accord avec eux, ils sont pieds et poings liés maintenant. Les wookiees ne pardonneront pas leur trahison, et les trandoshan savent que leur seule issue c’est de poursuivre le combat jusqu’à ce que les Sith soient au minimum expulsés du système avant d’envisager de se rendre. A voir si vous arrivez à recruter des espions parmi eux, cette approche me semble être plus intéressante si certains de ses trandoshan peuvent me fournir à vous et à mes hommes du renseignement, cela nous donnera une courte longueur d’avance avant que le Consortium ne devine leur double jeu.

Ils seraient plus utiles ainsi et ne jetteraient la discorde parmi les troupes de Plo. Et enfin il conclut sur les derniers détails à régler soulevés par l’amirale Solaris, visiblement personne n’avait déjà désigné son remplaçant temporaire à la tête de la Cinquième Flotte, sans doute quelque chose qui l’avait vraiment surpris pour le coup tant le choix lui paraissait évident. La République n’avait donc pas envisagé que la défaite pouvait être possible en orbite de Kashyyyk ? Ou alors étaient-ils encore sous le choc de l’offensive ennemie ?

- Le Vice-Amiral Bavid Dowie me semble être le plus adéquat pour assumer le commandement temporaire de la cinquième flotte. Il était à bord du Vaillance et a servi à mes côtés depuis Lord_Over, il connait mes tactiques, est un vétéran et est un officier compétent. Il pourra se faire respecter par les autres capitaines qui ont confiance en lui. En revanche Ruusan doit impérativement être défendue comme vous le dites amirale Solaris. Je peux comprendre que Kashyyyk ne puisse être reprise dans l’immédiat pour être honnête je m’y attendais. Le ravitaillement devra se faire en privilégiant la fiabilité de celui-ci et de sa régularité. Pour l’heure j’ai encore des ressources lourdes que je peux déplacer et économiser. Et si j’ai des renseignements ou que je parviens à détecter des bases ou entrepôts ennemis, je pourrai faire en sorte que mes unités se ravitaillent avec leur matériel. Ca devrait être faisable un temps avant qu’ils ne tentent de saboter leur matériel, le pistent à l’aide de mouchards ou nous tendent une embuscade… Pour l’heure amirale Solaris, je compte surtout survivre à la jungle et cibler des intérêts stratégiques plus que symboliques, mais si l’opportunité se présente, ou que nous gagnons en ampleur… ou s’il est possible de faire d’une pierre deux coups… Dans tous les cas je vais m’entretenir sous peu avec la Chancelière afin de faire le point sur notre situation et faire valoir notre liste de fourniture.

Un peu bougon sur la fin, Plo espérait surtout ne pas avoir à traiter avec une commission sénatoriale qui viendrait l’enquiquiner ou contrôler ce qu’il comptait faire, décidant à sa place.

- J'irai.

Pendant un long moment, Orfeo resta coi.
Loin d'être un stratège capable de prévoir dix coups à l'avance, ou en tout cas nettement moins que ses confrères du Conseil Jedi, il n'imaginait pas que ses idées, que ses pensées pouvaient rivaliser avec les leurs. Pour autant, sa force résidait ailleurs. Une fois plongé dans la bataille, et même s'il n'avait jamais fait montre de ce point de rupture tant recherché par les meilleurs guerriers de la galaxie, son esprit tactique s'aiguisait. Il lui fallait sentir la boue froide sur ses bottes, la chaleur mortelle des rayons de blaster et les vibrations si familières du manche de son sabre pour comprendre une bataille. Cette faculté, couplée à celle de logisticiens de talent, avait offert à la République plus d'une victoire.

Aux mots prononcés par Dante, Arsenicia, Allana, Dalek (particulièrement) et les amiraux, l'Epée réagit, et se leva de sa chaise. Il avait plaisanté en faisant mine de s'assoir à côté de Cyrène Solaris, tout à l'heure ; ce n'est plus le cas. Son visage, au sérieux encore accentué par l'immense cicatrice qui lui avait enlevé un œil, trahissait une tension, que seules ses plus proches connaissances pouvaient décrypter.

Si certaines idées soulevées lors de cet échange lui parlaient, d'autres le hérissaient absolument. Vu les valeurs chevaleresques du guerrier, deviner lesquelles ne relevait pas de l'exploit.

- J'irai sur Kashyyyk soutenir la résistance des Wookiees et de l'Amiral Tanith. J'y ai vécu trois ans pour me perfectionner au combat. Il me faut désormais leur rendre leur bonté. Alors si les Ombres peuvent faire passer du ravitaillement, on devrait pouvoir glisser ma vieille carcasse quelque part.

Poing sur les hanches, il posait son unique œil sur chacun des membres de cette réunion exceptionnelle, une lueur de défi l'illuminant. Qu'on essaie de l'en empêcher, tiens, qu'on essaie ! Sa décision était prise, ou presque, et peu de choses pouvaient encore faire vaciller la détermination d'acier de l'Ours de Tython.

- Sur place, nous ferons en sorte que cette saleté de Darth Ziran soit concentrée sur son vrai défi: moi. Harcèlement des positions stratégiques, démonstrations de force, la totale quoi. Vous savez, nous serions dans la position inverse que je prendrai moi aussi de plus grands risques afin de me débarrasser d'une rivale sur MON TERRITOIRE. ajouta-t-il, avant de reprendre brutalement la parole. J'ajoute qu'encourir ce risque ne me pose aucun problème, mais par pitié, n'enlevez pas des enfants, fussent-ils Trandoshans ! Nous sommes la fichue République ! Nous sommes des fichus Jedi ! Agir ainsi, ce n'est pas combattre à armes égales avec nos ennemis, c'est agir comme ces lâches d'Hapiens. Sans offense Cyrène.

Il secoua affectueusement sa grosse tête en direction de l'amirale, délaissant un bref instant titres et convenances, et le propos de cette réunion. En aucun cas il ne souhaitait la blesser, elle qui souffrait déjà des regards malvenus, des jugements hâtifs, des coups de poignard dans le dos. Elle ne le prendrait pas mal, en tout cas le Jedi l'espérait, mais il ne pouvait agir autrement, c'était dans sa nature.

Comme il était dans sa nature de condamner les exécutions sommaires, le terrorisme, les assassinats et, bien entendu, les enlèvements. Surtout s'il s'agissait d'enfants. Après tout, la guerre qu'ils menaient depuis des siècles ne demandait pas que des victoires militaires pour être gagnée. Il s'agissait aussi de prouver la supériorité d'idéaux. Un point qu'il ne fallait pas négliger, aux yeux de la galaxie.

- Sachez que je m'y oppose fermement.

Pour ne pas conclure sa prise de parole sur une note purement négative, Orfeo se tourna vers l'hologramme du Kel'dor, émanant directement de la planète récemment capturée. Avec un ton moins passionné, plus mesuré, qu'on lui demandait souvent de tenir, il répondit directement à une des demandes du militaire.

- J'enquête sur la Maîtresse d'Armes depuis près d'un an, Amiral Tanith. Considérez que mes informations, de première main, sont dorénavant les vôtres.

Sur ce, il se rassit, prêt à écouter les répliques, critiques, oppositions et, il l'espérait, les soutiens à ses propos.

Tous étaient unanimes à reconnaître que Kashyyyk incarnait un symbole qui ne pouvait être abandonné. Par conséquent, tous les moyens nécessaires étaient mis à disposition pour soutenir l'Amiral Tan'ith et ses troupes, même les plus condamnables. Arsenicia tourna ses yeux de chat vers Dalek, légèrement surprise, quand ce dernier évoqua la possibilité de cibler des enfants peu après avoir divulgué des informations sur Darth Ziran. Sachant l'attachement du Hapien envers les enfants du Temple Vert, Ombrelune ne pouvait qu'être étonnée de le voir suggérer une telle mesure, même si les Trandoshans étaient des traîtres. Sa surprise fut encore plus grande lorsque Dante approuva l'idée, bien qu'il semblât tout de même hésitant contrairement à Orfeo, qui s'y opposa catégoriquement. Elle-même ne soutenait pas cette démarche, tout comme Cyrène qui souligna que le code militaire interdisait de telles actions. Néanmoins, l'Amiral Tan'ith semblait résigné à adopter les tactiques de l'ennemi. Cette décision pouvait se comprendre, bien sûr ; ses raisons étaient légitimes, et il était probable qu'Arsenicia aurait tenu un discours similaire si elle avait été à sa place.

— Je ne peux approuver que l'on s'en prenne directement à des enfants, fussent-ils ceux de nos adversaires, déclara Arsenicia après qu'Orfeo eut repris sa place. La proposition de Cyrène me paraît être un bon compromis et devrait être plus aisément mise en œuvre, que ce soit du côté de nos Ombres ou des Renseignements. Elle se tourna alors partiellement vers son voisin, posant amicalement une main sur son bras musclé. Tu es sans doute le Jedi le mieux placé pour te mesurer à Ziran, mais ce serait sauter à pied joint dans un piège. C'est un risque que je ne peux pas te laisser courir, nous allons avoir besoin de toi ailleurs, lui dit-elle en plongeant son regard dans le sien.

Retirant sa main, Arsenicia s'assit correctement et entrelaça ses doigts devant elle. Elle aurait préféré que l'Amiral n'atterrisse pas sur la planète. Cela aurait simplifié la situation à bien des égards, et elle refusait de voir Orféo se jeter dans la gueule du loup à son tour. Ses compétences, elle le pressentait, seraient utiles ailleurs dans un avenir proche.

Au moins, la 5ème flotte ne resterait pas longtemps sans commandant si l'Amiral Tan'ith avait choisi son successeur en la personne du Vice-Amiral Bavid Dowie C'était une décision logique compte tenu du grade de ce dernier.

— Nous veillerons à ce que l'Amirauté officialise rapidement la nomination du Vice-Amiral Dowie en tant que votre remplaçant temporaire, assura Arsenicia en levant les yeux vers l'hologramme du Kel'Dor. Si nous sommes tous d'accord pour que Ruusan soit la prochaine cible stratégique de l'ennemi, avoir votre flotte opérationnelle ne sera pas de trop pour la défendre.

Arsenicia croisa brièvement le regard de son épouse, cherchant apparemment des réponses. Se diriger vers Ruusan était une évidence, mais était-ce également l'intention du Consortium ? Ou l'ennemi prévoyait-il de les prendre par surprise ailleurs ? Il était certain que la Maîtresse de l'Ordre chargerait le Covenant d'étudier la question dès la fin de cette réunion.

— Un autre point important : établir une chaîne de soins et organiser l'évacuation des blessés graves. Vous avez mentionné précédemment les soins prodigués aux victimes de la bataille, commença Arsenicia en croisant les doigts sous son menton. Nous vous enverrons des fournitures médicales et des médecins. Les blessés qui se rétabliront pourront continuer à combattre. En revanche, ceux dont les blessures sont trop graves seront évacués de la planète dans la mesure du possible. Pour ce faire, nous aurons besoin d'une liste du matériel dont vous avez besoin, classé par ordre de priorité. Il faudra également trier les victimes, en commençant par les plus gravement touchées.

Bon, une fois n’est pas coutume : je ne suis pas habile avec mes mots, surtout quand je ne joue pas à domicile ! Á votre avis, pourquoi à l’époque je laissais le plus souvent, avec plaisir, Jaylen gérer ce genre de chose ? Je n’aime pas l’art diplomatique, bien que j’en conçoive les avantages que l’on peut en tirer. J’écoute avec attention les propositions, oppositions, contre-propositions, arguments et contre-arguments de chacun. Oui, nous pourrons apporter, dans la mesure de nos moyens et sans pour autant dilapider ce dont nous avons besoin pour notre mère-patrie, des ressources et du matériel, au moins de l’Ordre Vert. Nous pouvons justifier notre engagement sur ce point en vertu des Jedi Corelliens qui se trouvent encore sur place, qui diffère de la position du gouvernement corellien. Cette décision pourrait aussi évoluer selon la tournure des événements. Pour l’heure, cela ne va pas à l’encontre des intérêts corelliens et de la sécurité des peuples de Corellia. En revanche, si Corellia venait à être mise en danger… je privilégierai évidemment la protection des miens. Les Jedi Verts ne se sont jamais cachés de cette position complexe qu’est la leur envers les Jedi de Tython et envers la République en général. Notre allégeance ira toujours, en premier lieu, aux Cinq Frères.

J’entends bien la proposition de Dalek envers la dirigeante des forces militaires et Sith hapiennes du secteur, la fameuse épéiste et Dame Sith, Darth Ziran. Même moi, j’ai entendu parler d’elle et bien que cela ne soit pas très Jedi, bien qu’assez corellien, je regrette de ne pas avoir pu lui faire face personnellement. Curieusement, elle n’est jamais descendue elle-même sur le terrain… dommage. Je me sermonne en pensée pour me concentrer sur les échanges et reprendre une posture plus digne d’une Maître des Jedi Verts. J’entends son point, bien que non-dit à voix haute, concernant le fait de tendre un piège irrésistible en la personne d’Orfeo. Sans mot dire, j’observe du coin de l’œil notre collègue maître escrimeur. Je connais bien son niveau de maître d’armes et ses aptitudes, il pourrait lui tenir tête. Il est la plus fine lame de l’Ordre Jedi, bien que cela pique mon orgueil de corellienne. Peut-être que j’arriverai, un jour, dans de bien nombreuses années, à le défier pour son trône ? Sans doute, si je n’avais pas été aussi ferme sur mon engagement envers le peuple corellien et mes pairs.

En ce qui concerne les Trandoshans… c’est un point plus complexe, une question sur laquelle il faut trancher, pragmatiquement et éthiquement parlant. Strictement parlant, la Jedi Verte en moi ne serait pas fermée à l’option proposée par Dalek d’enlever les héritiers, même si cela m’étonne de sa part. D’ordinaire, il ne favoriserait pas une option qui impliquerait des enfants. D’instinct, et parce que je connais mes collègues du Haut-Conseil, je sais que cela ne passera pas. L’Ordre Jedi, aussi paradoxal et ambiguë fût-il, n’accepterait jamais de valider à voix haute une telle mesure, même avec le rôle aussi complexe de nos Ombres Jedi. Ma position rejoindrait assez celle de Dante, sur ce point. Je n’aime guère devoir faire pâtir des enfants des piètres décisions de leurs aînés, mais les Trandoshans n’ont pas beaucoup de failles que nous pouvons exploiter. Nous devons saper leur moral et frapper là où ça fait mal… je réfléchis à des options complémentaires que je pourrais proposer. Il faut dans tous les cas briser le cordon ombilical entre Trandosha et les Hapiens. Je pense que nous pouvons tous nous entendre sur ce point. Reste juste à déterminer et décider comment.

– Je vous remercie, Amirale Solaris, pour vos précisions. Je crains que mes propos n’aient pas été aussi clairs que je le voulais. Pour avoir été sur le terrain, je suis consciente de notre état actuel. Je proposais simplement de renforcer les hommes et les femmes qui sont déjà présents sur place, notamment pour aider l’Amiral Tan’ith à tenir le siège autant qu’il soit possible. Je vais voir ce qu’on peut faire avec mes contacts auprès des contrebandiers corelliens.

Et dans le pire des cas, il me restera une carte à abattre, un fou que je ne voudrais utiliser qu’en cas de dernier recours. J’ai quelques contacts au sein de l’APEX, à commencer par mon plus jeune frère. Je ne souhaite pas l’impliquer dans cette histoire, mais en cas de situation vraiment désespérée, j’ai éventuellement un dernier contact à tenter, même s’il risque de nous coûter rubis sur l’ongle en effet. Mes traits restent maîtrisés alors que je repense à ma brève rencontre avec la cheffe de l’APEX. Je comprends en effet les réticences de l’officier à faire appel à eux, pour qui la situation représente une source de profit potentielle envers tous les camps.

– Briser l’alliance entre les Trandoshans me semble également important. Je privilégierai l’option proposée par l’amirale Solaris : je pense qu’elle serait plus effective que l’enlèvement des enfants, tout en permettant de perturber leur organisation. Un point à ne pas oublier, Maître Zar, c’est que le rapt des héritiers comporte aussi le risque de se retourner contre nous en ne les rendant qu’encore plus ardents dans leur opposition avec nous. Il serait dommage de griller toutes nos cartes. Sinon, ne pourrions-nous pas aussi se renseigner sur ce fameux contrat qu’ils ont passé avec le Consortium. Si nous pouvons en connaître les clauses, cela pourrait aussi nous inspirer pour savoir quoi saborder, et outre le chaos entre eux, ajouter de la discorde dans leurs relations avec les Sith ? En particulier, il serait intéressant de savoir si ce contrat bénéficie davantage à certains clans Trandoshans plutôt qu’à d’autres. Les plus lésés pourraient être les plus enclins à discuter.

L’opposition conjointe d’Arsenicia et d’Orfeo concernant les héritiers de Dosha ne me surprend guère, je m’y attendais. Je gage qu’une solution de compromis serait plus efficace que nous nous entêtions chacun sur nos positions. Je ne suis pas fermée à recourir à de telles extrémités si la situation le justifie et que nous n’avons pas d’autres options plus efficaces, mais je préfère que nous tentions d’autres moyens tant que nous le pouvons. Je tourne ensuite mon attention vers Orfeo.

– Je comprends ton impatience, Orfeo. Néanmoins, je rejoins Arsenicia. Ça me coûte de le dire et clairement, nous ne pouvons pas rester sans agir, oui, mais nous ne pouvons pas prendre le risque de te perdre. Si jamais nous venons à te laisser aller dans ce panier de crabes, ce ne sera pas sans avoir préparé comme il se doit ce « piège ». C’est un match qui se prépare dans tous les cas, et quoi qu’il advienne, tu n’iras pas seul dans la gueule du rancor.

Je serai toute aussi ferme sur ce point. Évidemment qu’en tant que bretteuse, je comprends ce qu’il ressent, son besoin de protéger Kashyyyk. Malgré leurs opinions divergentes, sa posture rejoint celle de Dalek sur ce point, et je ressens moi-même de la frustration à ne plus pouvoir m’y rendre pour continuer le combat. Ce n’est pas par plaisir que je m’en tiens éloignée, même si cela froisse ma fierté. Et cela m’agace aussi, intérieurement, de connaître l’une des raisons pour lesquelles Dalek devra également opérer à distance malgré son attachement au peuple Wookie. Je ne peux pas me targuer d’une telle inclination, je ne les connais pas aussi bien qu’eux. Mais je dois défendre Corellia en priorité, et j’ai aussi des responsabilités envers l’Ordre Vert et envers les citoyens corelliens. Je ne relève pas son commentaire sur le fait de recourir aux mêmes tactiques que l’ennemi, il serait hypocrite de ma part de le faire, même si je l’assume parfaitement. Á cause de mon fichu don et de mes devoirs croissants, j’ai appris à prendre un peu de distance, et à tâcher de prendre du recul. Mon regard bleu-gris se pose ensuite sur l’holoprojection brouillée du Kel’Dor avant de poursuivre.

– Je vous fais confiance, Amiral Tan’ith. Si vous souhaitez être une épine dans le pied de nos ennemis, loin de moi l’envie de vous refuser ce plaisir. Cela paraîtra sans doute étrange de la bouche d’une corellienne, mais soyez prudent. Plus longtemps vous lui résisterez, plus grande sera sa frustration et plus encline elle sera à commettre des erreurs, tôt ou tard.

Je ne commente guère les aspects stratégiques sur le plan de la Marine que sur les points concernant les guérisseurs. Je ne m’y connais guère, et ce ne sont pas mes domaines de prédilection. Je note cependant la mention de Ruusan. Il allait falloir impliquer les Seigneurs Jedi, du côté de l’Ordre. Je ne suis cependant que trop consciente des routes qui sillonnent la carte galactique, et je me doute bien que je vais être contactée tôt ou tard par Corellia pour que nous nous préparions au pire scénario.

Dalek considérait avoir fait sa part dans le lancement des discussions et en particulier qu’il avait partagé les quelques points qui lui semblaient essentiels. Pianotant un bref instant sur son datapad, il envoya un message écrit à Rex afin que le droïde astromecano accomplisse une mission des plus essentielles : s’assurer que ni lui, ni les autres personnes présentes, ne meurent de soif pendant ce qui allait sûrement être une longue réunion. L’amirale Solaris avait évoqué la perspective d’avoir des rafraîchissements à leur arrivée mais dans la précipitation, ils semblaient avoir été oubliés. Au vu de l’importance des sujets – et de la situation compliquée de l’amiral Tan’ith sur Kashyyyk – même le Corellien se voyait mal demander à ce qu’on leur apporte à boire…

Rex sembla avoir reçu le message puisque le droïde quitta silencieusement la pièce, K6 lui emboîtant le pas en secouant la tête. Peut-être que la soif était un concept abstrait pour les droïdes mais il ne l’était guère pour les êtres organiques qui étaient composés à plus de 60% d’eau !

Pendant que ses deux droïdes étaient en vadrouille à la recherche de la cafétéria la plus proche, Zar prêta attention aux réactions des autres personnes présentes. Maître Garvan semblait partager son diagnostic concernant les Trandoshans même s’il répugnait à kidnapper des enfants, ce que le Hapien pouvait tout à fait comprendre. L’amirale Solaris ne semblait pas avoir eu la même interprétation que Dalek des paroles d’Allana, en tout cas il ne semblait pas que la Maître des Jedi Verts envisageait une offensive massive sur Kashyyyk dans un futur proche. Le Jedi Vert écouta attentivement le tableau stratégique que peignait l’amirale, notamment relatif à l’importance de Ruusan. Recourir aux contrebandiers était une bonne idée, il ne restait plus qu’à voir si c’était quelque chose que l’Ordre Vert pouvait accomplir sur Corellia. Dalek ne réprima pas le sourire qui fleurit sur ses lèvres à la suggestion de l’amirale concernant le fait d’énerver Darth Ziran de toutes les manières possibles, il était vrai que l’ego d’une matriarche doublée d’une Sith était souvent son point faible.

Il réfléchit plus attentivement à la dernière prise de parole de l’amirale Solaris concernant les Trandoshans. Il voyait ce qu’elle voulait dire mais il y avait peut-être une faille à exploiter dans le code militaire. Dans tous les cas, le fait d’assassiner un chef pour déclencher le chaos dans les différentes factions était une idée intéressante à explorer.

S’il devait vivre dans des conditions compliquées, l’amiral Tan’ith n’avait pourtant rien perdu de sa détermination à en juger par les plans qu’il échafaudait déjà pour nuire autant que possible aux envahisseurs du Consortium. Dalek n’avait pas beaucoup de renseignements sur l’état-major de Darth Ziran mais il pourrait au moins lui parler de la Sith qu’il avait affrontée à la surface.

Maître d’Erep sembla avoir une réaction épidermique à certains propos puisqu’il se leva brusquement de sa chaise et il émanait de lui une certaine tension dans la Force. Visiblement, il était partant pour se rendre sur Kashyyyk, selon la suggestion faite par Dalek mais il semblait complètement opposé au plan relatif aux héritiers Trandoshans ou plus exactement, il faisait référence là-encore à des enfants. Dalek comprenait ses scrupules, ils étaient tout à son honneur. Malheureusement ce n’était pas les idéaux qui permettaient de remporter des batailles, en tout cas pas seuls, selon son expérience. Cela dit, il était intéressé par les informations que l’Epée des Jedi avait pu rassembler au sujet de Darth Ziran.

Sortant son datapad à nouveau, le Hapien effectua une recherche à partir de la base de données du Shyrack. Même Arsenicia faisait référence à des enfants, ce qui titilla encore plus sa curiosité. Loin d’avoir la science infuse, Dalek était le premier à remettre en doute ses propres préjugés, encore nombreux vis-à-vis de la République en dépit de la décennie écoulée. Il finit par trouver l’information qui l’intéressait et prit quelques notes. Il remarqua également un message écrit de Rex lui indiquant avoir trouvé ce qu’il voulait. Louée soit la Force, il commençait vraiment à avoir la gorge sèche !

La Maître de l’Ordre approuva le compromis proposé par l’amirale Solaris mais elle mit son véto à l’intervention sur Kashyyyk d’Orfeo. Dalek comprenait aisément sa prudence même si le maître épéiste aurait fait un excellent appât. L’Ordre Jedi n’aurait rien à gagner cela dit si ce dernier venait à trouver la mort en vain sur la planète des Wookiees. Peut-être qu’ils trouveraient une autre manière de faire s’affronter les deux fines lames dans des conditions qui seraient plus propices au maître Jedi ? Le point sur les conditions de soins lui apparût également pertinent.

Dalek écouta patiemment les propos d’Allana et fut intrigué par la suggestion de connaître les termes de l’alliance entre le Consortium et les Trandoshans.

Son attention se porta sur ses deux droïdes qui venaient de repasser le seuil de la pièce. La vision était quelque peu comique de voir K6 pousser un charriot comportant un assortiment de boissons, de verres et de petites barres de céréales tandis que Rex roulait avec un petit plateau en métal chargé de boissons. Dalek réprima son sourire et hocha la tête à leur attention en signe de remerciement, avant de leur indiquer d’un geste de la main de servir les personnes présentes. Délaissant le caf et les jus de fruits, Dalek opta pour un verre d’eau ainsi qu’une tasse de thé. L’offre en sachets n’était pas très variée mais la boisson chaude avait le mérite d’apaiser aussi bien la gorge que l’esprit.

Il patienta le temps que les droïdes aient fait le tour avant de prendre la parole à la suite d’Allana.

- Je vous prie de m’excuser pour l’initiative, j’ai pensé que des boissons seraient appréciées par tous, commença-t-il en s’adressant en particulier à l’amirale Solaris. - Je voudrais apporter une légère rectification au sujet des Trandoshans et peut-être un éclaircissement pour ceux qui ne sont pas familiers avec leurs particularités. Lorsque je suggérais d’enlever les héritiers des clans les plus puissants de Trandosha, je ne faisais pas particulièrement référence à des enfants, en tout cas pas au sens où vous l’entendez. Un Trandoshan a une espérance de vie plus courte que la majorité des espèces intelligentes de la galaxie. A onze ans, ils quittent l’enfance et à quinze ans, ils sont pleinement adultes tandis qu’à soixante ans, ils sont considérés comme des ancêtres. Après une rapide vérification, la plupart des héritiers des clans auxquels je faisais référence ont plus de quinze ans, et tous ou presque ont déjà un tableau de chasse à leur actif. Cela étant dit, il ne s’agissait que d’une suggestion et la proposition d’assassiner un leader pour causer des frictions internes serait sans doute plus judicieuse, et d’autant plus productive si nous connaissions les clauses de l’accord entre les Trandoshans et le Consortium, comme le conseillait Maître Fern. S’en prendre à leur leadership sans laisser de traces qui incrimineraient la République est une meilleure idée, je le reconnais volontiers à l’Amirale Solaris. Dans tous les cas, le constat reste le même : les Trandoshans doivent être suffisamment distraits pour ne pas devenir une gêne trop importante pour les forces de l’amiral Tan’ith sur Kashyyyk.

Dalek avait préféré apporter cette information d’entrée de jeu, notamment parce qu’il ne s’était jamais attaqué à des enfants. C’était sa ligne rouge déjà à l’époque où il était Sith et il n’avait jamais eu à la franchir. Cela dit, la définition de l’enfance et de l’âge adulte variait énormément d’une espèce à l’autre. Un Trandoshan était considéré adulte à onze ans, un humain aux alentours de dix-huit ans alors que d’autres espèces pouvaient être encore adolescentes après plus d’un demi-siècle d’existence !

Soufflant sur sa tasse de thé fumante, le Maître Vert songea à la question posée par l’amiral Tan’ith un peu plus tôt relative aux forces du Consortium.

- Amiral Tan’ith, je vous transmettrai toutes les informations dont l’Ordre Vert dispose au sujet de Darth Ziran et de ses forces. Je serais également preneur des informations plus détaillées de Maître D’Erep, s’il est disposé à les partager. Ce que je peux vous dire de mon expérience au sol, c’est qu’une dame Sith y officiait sous les ordres de Ziran. Elle s’est présentée comme Darth Wrath et matriarche de Tumani. Elle était redoutable au combat pour une femme si jeune, sachant qu’elle a apparemment grandi en cuve et seulement affronté la reine éternelle et Darth Ziran avant de m’affronter moi. Elle ne respecte que la force au combat, ce pourquoi elle obéit aux deux personnes susnommées. J’ignore si elle serait détachée à la surface pour vous traquer, je ne suis pas sûr que je voudrais la lâcher dans la nature à la place de Darth Ziran.

Dalek espérait que le Consortium n’aurait pas les moyens de produire ce genre de dame Sith en série, sinon ils en viendraient à se faire envahir par des hordes de Sith absolument redoutables au combat en un rien de temps. Pour autant, il éprouvait une once de compassion pour cette existence artificielle qui n’avait jamais eu la chance de connaître autre chose que la culture hapienne et le joug Sith. Elle présentait ses phrases toutes faites comme autant d’évidences alors qu’elle ne connaissait rien ou presque de la Galaxie.

Le Maître Vert réfléchissait aux contributions utiles à la discussion qu’il pourrait apporter. Allana s’était déjà prononcée concernant l’union des contrebandiers. Dalek se sentait peu à l’aise pour rebondir sur la proposition d’Orfeo quand Arsenicia et Allana avaient clairement exprimé leur avis à ce sujet et contrairement à elles, le Corellien ne faisait pas partie du Haut Conseil Jedi. Comme l’aurait dit son défunt maître Sith, il aurait toujours autant de mal à fermer sa grande gueule et aujourd’hui ne faisait pas exception.

- Maître d’Erep, pour ce que ça vaut, je suis d’accord avec vous concernant les enfants. L’une des raisons pour lesquelles je sers la République, c’est parce que contrairement au Consortium, les enfants ne peuvent pas y être réduits en esclavage, torturés, abusés physiquement et psychologiquement ou, tout du moins, pas sans impunité. Je le sais mieux que personne. Voilà pourquoi j’ai tenu à préciser mes propos concernant les Trandoshans. Je maintiens ce que je disais à votre sujet tout à l’heure, vous seriez un appât impossible à résister pour Darth Ziran. Pour autant, Maître Ombrelune et Maître Fern ont également raison. Si vous devez vous exposer à elle, il serait mieux d’avoir un plan solide et une opportunité de faire mouche. Au sol, vous seriez à la merci des hordes de Sith, de soldats et de machines qu’elle pourrait lancer à votre poursuite. Les amiraux ici présents sont mieux placés que moi pour juger du plan stratégique et je n’aurais pas l’impudence de me substituer non plus aux membres du Haut Conseil mais vous pourriez aussi attirer son attention ailleurs. L’amiral Tan’ith a besoin de Jedi au sol, c’est certain ne serait-ce que pour assister concernant les soins mais a-t-il besoin de vous, aujourd’hui, et à quelle fin, c’est là toute la question.

Le Maître Vert prit une gorgée de thé, en espérant que l’Epée des Jedi n’en prendrait pas ombrage. Dalek n’était pas persuadé d’être à sa place parmi des Jedi et des officiers aussi haut placés dans leurs hiérarchies respectives, lui qui était un jeune maître Jedi Corellien et qui ne siégeait pas au Haut Conseil.

Il n’y avait pas grand-chose à commenter sur les aspects purement militaires, qui étaient bien au-delà des compétences du Corellien. Un dernier point valait la peine d’être commenté cela dit.

- L’Amirale Solaris a tout à fait raison lorsqu’elle parle de la vanité des matriarches hapiennes et de l’impact qu’aurait la destruction de ces cibles en apparences symboliques : statues, bâtiments, objets d’art… Darth Ziran n’est probablement pas la seule Hapienne sur place, si Darth Wrath s’y trouve encore mais il est probable qu’elle y reconstitue une cour dans tous les cas. Quel intérêt de régner s’il n’y a personne pour l’aduler et servir ses moindres caprices ? Pour reformuler les paroles de l’amirale, la frustration mène à la colère, la colère mène à l’imprudence et l’imprudence débouche sur des failles à exploiter. En d’autres termes, bousiller le jardin suspendu de Ziran aux pesticides pourrait l’irriter davantage que perdre une centaine d’hommes. Les soldats sont facilement remplaçables alors que faire replanter des arbres Paan et Tzimernut sur un sol rendu stérile est plus compliqué.

Etais-je étonné face à de telles réactions ? Pas vraiment, mon Maître m'avait toujours répété la même chose, si tu penses comme une Ombre, tu dois agir comme une Ombre, parler comme une Ombre et surtout, accepter d'être considéré comme telle… Ton arme doit être utilisée pour faire le bien, même si pour cela, tu te dois de frôler du bout des doigts la limite entre la Justice et la monstruosité de nos ennemis. Cette fois encore j'en eu l'exemple probant. L'idée menée par Dalek, que je me contentais de valider, eu égards des exactions des Sith, sembla faire l'unanimité. Non pas pour l'accepter, mais bel et bien pour la rejeter. Intérieurement je souris, cela démontrait une nouvelle fois l'écart qui existait entre l'agissement direct, et les discussions inutiles qui mettraient à mal de nombreuses personnes, civils comme soldats. Ils refusaient d'agir directement ? Invoquant une volonté de garder les mains propres ? Quelle ironie. Qui plus est, la réaction de certains me fit me poser une question concernant leur place au sein même de l'Ordre. Nul besoin d'être flegmatique en toutes circonstances, malgré cela, la colère est un chemin que prennent les Sith… Quand aux discussions qui en suivirent… Je préférais ne pas trop y prendre part. Concernant ces discussions comme n'étant que des pertes de temps, toutes les idées pouvaient être misent en avant, pour autant qu'il en ressortait, celle qui devait être mise en place, s'était déjà vue être prise en amont de cette réunion.

Faisant face à certaines discussions qui allaient toutes, ou presque dans le même sens, je considérais que le respect que je portais au Maître Ombrelune, déjà bien grand, se muait en une forme de compassion. Peut-être n'étais-je pas fait pour ce genre de choses, les ronds de jambes auprès des autres Gouvernements, voir même au sein de la République, chose dans laquelle elle semblait exceller. Le Temple de Tython et sa gestion me manquaient cruellement d'un coup. Certes, ce ne pouvait être aussi plaisant que de voyager au travers de la Galaxie, tentant de régler les problèmes en externes… Mais cela me convenait. Rester loin de tous ces simulacres de discussions. Devoir attendre encore et encore, tandis que, dehors, les corps tombaient sous les coups de l'ennemi. Nous étions bien ici, protégés par une flotte puissante, et imposante, mais qu'en était-il de celles et ceux qui se trouvaient en bas, aux mains des Sith et de leurs alliés ? Je serrais les dents, me retenant de faire part de mon avis d'une manière qui n'allait guère au Grand Maître dont je portais désormais la bure. Non, mon esprit était ailleurs, je préférais garder le silence. Ecouter les échanges, allant tous vers la même direction. Jusqu'au moment où Dalek reprit la parole, expliquant sa manière de voir les choses. Voilà donc le combat que tu voulais mener ? Apparemment, il ignorait que certains combats ne valent pas mieux que l'adversaire, car ni l'un ni l'autre ne seront aptes à être vaincu. Je l'écoutais attentivement, considérant ses propres comme bien plus posés et bien moins remplis de colère…

Je dus prendre la parole, l'assemblée me paraissant attendre mon avis. Chose que je fis, non sans rester le plus stoïque possible, et surtout, réfrénant ma volonté de remettre les choses en place. Nous devrons avoir une discussion sérieuse avec Arsenicia dans un futur proche, Dalek eu droit à des doutes ouvertement déclarés de la part du Conseil, mais parfois… Même si un Jedi fait parti de l'Ordre depuis longtemps, rien ne dit qu'il est toujours aussi fidèle au Côté Lumineux.

- Quelle que soit la décision prise, les Ombres seront envoyées sur place en renfort. Nous ne pouvons nous permettre de perdre qui que ce soit. Espérons seulement que les troupes sur place, et surtout les vôtres Amiral Tan’ith, tiendrons assez longtemps.

Concrètement, je n'avais qu'assez peu de choses à ajouter. Je me trouvais ici bien plus comme observateur que comme décisionnaire. Pour ainsi dire, tous ces échanges se trouvaient être, comment dire… Nouveaux pour moi. Les Archives me manquaient bien plus que je ne l'aurais pensé. Le silence omniprésent qui s'y trouvait, le calme des manuscrits et des holocrons… Et peu de palabres vides… Ce qui pour ma part ressortait de ces échanges n'était nullement élogieux. Foncer tête baisser dans un traquenard qui se voyait à une distance peu commune, la volonté de croiser le fer… Voilà ce qui allait nous coûter bien plus qu'une planète et des centaines de civils, avec de telles réactions, cela risquait de coûter la Paix dans la Galaxie. Il nous fallait agir, certes, mais pas de cette manière, frapper là où ça fait mal ? Pourquoi pas… Le faire vite et bien ? Sans doute… Mais pour cela, il fallait déjà que les troupes sachent quoi faire, et surtout, comment le faire. La République parlait beaucoup, la politique… Je préférais ne pas m'étendre dessus… Et tandis que nous parlions ici, buvant thé et assis dans nos fauteuils ; l'Amiral risquait sa vie, et attendait une décision du Conseil. Mon regard se posa sur Arsenicia, j'ignorais si elle comprendrait ce que j'attendais d'elle, mais nous devions nous décider promptement. Elle était la Jedi la mieux placée en de pareils cas. Quelle que soit sa décision, elle aurait mon aval. Nous devions nous faire confiance.

Cyrène tira un datapad de sa poche et commença a prendre des notes afin de pouvoir conserver des traces des points les plus importants de la discussion. Elle faisait toujours cela dans les discussions stratégique d’importance, car disposer d’un support lui permettant de se rafraîchir la mémoire l’aidait a nourrir sa propre réflexion stratégique et tirait les conséquences de chaque décisions, bonne comme mauvaise : il fallait cultiver les modèles qui fonctionnent et écarter ceux qui étaient en échec tout en comprenant pourquoi certaines choses fonctionnaient et d’autre non. Elle était toutefois satisfaite du rythme de la discussion et de sa teneur : certes, tout le monde n’était pas d’accord sur tout, mais il y avait la volonté d’avancer et de prendre les meilleures décisions possible sans écarter les options pouvant sembler les plus farfelues, hors, ce genre de réunions visaient avant tout a créer un effet de brainstorming important, et les idées pouvant paraître comme les plus loufoques pouvaient dissimuler des trésors capable d’améliorer leurs situations. Le fait que chacun semble se sentir assez confiant pour s’exprimer était un point que l’Amirale appréciait et quelque chose qu’elle n’avait jamais connu dans le Consortium de Hapès, ou les rapports de domination écrasait toute forme d’initiative.

Plo trancha la question de la succession a la tête de sa flotte en encourageant la promotion du vice amiral Dowie, qui était visiblement son bras droit et homme de confiance depuis Lord Over. Une information aussi importante que rassurante, car elle permettrait de faciliter la transition : s’il était son bras droit, il y avait de forte chance qu’il dispose déjà du respect de la plupart des capitaines et hommes d’équipage de la flotte et que ses décisions ne seraient donc pas remise en question. Certes, ce n’était sans doute pas le clone parfait de l’Amiral et il ajusterait la flotte selon ses propres désirs, mais ses derniers seraient sans doute assez proche pour n’être rien d’autre que des changements a la marge qui limiterait donc la désorganisation des unités. La dernière héritière des Solaris nota le nom de ce dernier en le surlignant afin de s’assurer de contacter le plus vite possible l’amirauté pour que la nomination soit officialisée le plus rapidement possible : chaque minutes allaient être essentielles désormais et la République devait mener une course contre la montre dans laquelle elle avait déjà un train de retard. Il restait a espérer qu’il n’était pas déjà trop tard pour sauver Ruusan, sinon la retraite serait longue, sanglante et douloureuse… Mais il n’était pas encore temps d’entretenir des pensées aussi sombre.

La discussion s’articula autour de la question des héritiers Trandoshan : la majorité semblait contre l’idée, et la contre-proposition de l’amirale Hapienne de s’en prendre davantage au leader afin de désorganiser le pouvoir semblait rencontrer un écho, encore qu’il était mesuré. L’autre principal point de discussion concernait la volonté d’Orfeo d’aller combattre Ziran directement sur Kashyyyk dans une tentative de lui pourrir la vie. Pour le connaître grâce a son épouse, Cyrène ne pouvait pas vraiment dire qu’elle était surprise par une telle proposition, après tout, cette femme était devenu une forme d’obsession chez lui depuis quelques temps déjà, mais elle ne pouvait s’empêcher de voir les choses sous un angle militaire, et même en écartant ses sentiments personnels, ne souhaitant guère voir un ami prendre autant de risque, la jeune femme savait pourtant qu’il ne s’agissait pas d’une bonne décision. Le bougre était toutefois têtu comme une mule, et ce n’était pas un militaire, elle ne disposait pas de l’autorité pour lui donner un ordre. La meilleure chance qu’elle avait de le convaincre de renoncer était encore d’essayer de lui présenter les arguments les plus rationnels possible contre le projet. S’il refusait toujours de l’écouter après cela, cela signifiait que c’était une cause perdu, et elle n’aurait rien a se reprocher : après tout, la République défendait les libertés individuelles et c’était la sienne de choisir l’endroit ou il pensait être le plus utile.

« Si vous voulez réellement confronter Darth Ziran Orfeo, je doute que vous rendre sur Kashyyyk soit la meilleure solution pour le moment. Cette dernière n’y restera sans doute guère très longtemps, elle est le meilleur officier dont Ânkh dispose chez les Sith, et faire collaborer les Sith et les Hapiennes demanderait a la souveraine de commander en personne, ce qui ne semble pas être dans ses plans pour le moment. Vous aurez bien plus de chance de l’intercepter sur Ruusan, je suis convaincue qu’elle sera a la tête de l’offensive, d’autant plus pour jouer sur son aura et le prestige de sa victoire pour encourager les autres Sith a lui obéir. Mais bien évidemment, vous n’êtes pas un militaire et je ne peux vous donnez des ordres. A vous de faire le choix qui vous semblera le plus pertinent selon votre conscience. »

Elle lui adressa un regard compréhensif, elle savait ce que cela signifiait de devoir ronger son frein. Si elle s’était écouter, elle aurait sans doute rechercher l’itinéraire le plus rapide pour se porter au secours de la flotte de l’Amiral Kel’Dor et planifier une contre attaque immédiate avant que l’ennemi n’est le temps de s’organiser de façon défensive. Mais cela aurait représenter une aventure dangereuse dont elle ne pouvait guère garantir le succès et de ce fait, la prudence s’était imposée comme la décision la plus rationnelle. Arsenicia souleva le soucis de la chaîne médicale, un problème qui faisait partie de la logistique et que beaucoup de leader militaire sous estimait a tord, en pensant que leurs subordonnés s’en occuperait. Elle nota qu’elle pouvait tout a fait essayer de voir si elle ne disposait pas de surplus a partager ainsi que d’autre observations, mais elle ferait également part de ses observations a voix haute, cela pouvait aider certain a nourrir une réflexion similaire, hors, il serait essentiel de pouvoir traiter les blessures et dans les cas les plus grave procéder a des évacuations : sans cela, Plo serait contraint a des choix moraux difficile et si elle pouvait lui éviter les questions les plus désagréable auxquels un officier pouvait faire face durant un conflit, elle le ferait volontiers.

« Je vais demander a nos capitaines de procéder a un nouvel inventaire, si nous avons du surplus dans les fournitures médicales, je le partagerait volontiers. Il serait plus prudent de transformer certains vaisseaux furtifs en véritable antenne médicale, de cette façon, les blessés les plus grave pourraient être transférer en toute sécurité sur notre territoire, malheureusement, les résistants n’aurons pas les moyens de prendre soin d’eux comme il le faudrait. »

Dalek se montra attentionné en faisant revenir ses droïdes avec des boissons et quelques biscuits, et Cyrène s’en montra reconnaissante en hochant la tête. La discussion revint sur la question Trandoshan, mais aussi sur Ziran. Pour le premier cas, la précision était utile, Cyrène devait admettre qu’elle était très loin de connaître le mode de fonctionnement et l’espérance de vie de la plupart des aliens, ce n’était pas vraiment la discipline la plus usité dans l’amas d’Hapès, c’était le moins que l’on puisse dire. Elle décida de ne pas surenchérir sur aucun des deux sujets. Pour Orfeo et l’attraction qu’il pouvait jouer sur Ziran, il ne sous estimait qu’un paramètre : toute membre du Conseil Noir qu’elle était, Ziran restait sous l’autorité de Darth Ânkh, et personne ne prendrait le risque de braver la colère d’une reine éternelle qui semblait tout simplement impossible a tuer. Si Ânkh lui ordonnait de partir comme le pressentait l’héritière Solaris, alors elle partirait parce qu’elle n’aurait tout simplement pas le choix. Dante pris ensuite la parole en assurant que les Ombres assureraient le soutien de Kashyyyk, mais ne proposa rien de plus, il semblait le moins a l’aise dans la discussion, peut-être que ce n’était pas vraiment sa nature de discuter de chose militaire, les Jedi restait avant tout un ordre religieux et spirituel. Cyrène songea a surenchérir sur les mesures a envisager face a l’Empire, mais son commlink se fit entendre. Elle demanda une minute a tout de le monde avant de prendre l’appel : il s’agissait de Dantius, qui lui signifiait que la Chancelière Suprême Treen souhaitait se joindre a la conversation par communication holographique.

Cyrène ne savait pas vraiment si cette nouvelle était bonne ou mauvaise : l’avoir directement donnerait une meilleure vue sur ce que les politiques accepteraient et au contraire ce qu’il serait impossible d’obtenir. D’un autre côté, elle n’arrivait pas a se faire un avis fixe sur la chancelière : jusqu’à présent, elle s’était contentée de relations purement professionnelle avec les différents chanceliers comme sénateurs qu’elle avait côtoyer, les coalitions s’étant montrée très fragile depuis qu’elle vivait dans la République, mais Sidonie Treen semblait être présente pour durer et elle soutenait le budget de l’armée du mieux qu’elle le pouvait. D’un autre côté, sa beauté fatale lui rappelait les Matriarches Hapienne, a côté desquelles elle n’aurait guère fait tâche dans le décors, et elle semblait particulièrement dangereuse : Cyrène, de part son statut d’ancienne héritière, savait fort bien qu’un homme ou une femme de pouvoir laissait forcément derrière lui des cadavres, réel ou juste politique, mais Sidonie lui laissait une sensation étrange… Elle avait qualifier cette dernière a Arsenicia comme « Superbe et dangereuse » et c’était le seul commentaire qu’elle pouvait faire sur sa personne… Peut-être que cette réunion serait un bon moment pour briser la glace ? Elle ne pouvait lui dire non de toute façon. Pianotant sur le tableau de contrôle de la table, elle repris alors.

« La Chancelière Suprême Treen souhaite s’associer a notre réunion, je vais donc activer un panneau holographique supplémentaire. Chancelière Treen, nous vous recevons, je vais vous transmettre un résumé des échanges jusqu’ici, afin que vous puissiez rapidement vous joindre a nos réflexions. »

L’avantage d’avoir le sommeil léger, c’était que lorsqu’on vous appelait en pleine nuit, on se réveillait. C’était en tout cas le cas pour Sidonie. Grommelant, elle réalisa qu’elle s’était endormie une énième fois la tête sur son bureau. Sa tasse de thé naboo, son troisième de la nuit, qui était alors fumante, était désormais aussi froide que son humeur. Elle jeta un rapide coup d'œil à l’horloge holographique posée dans un coin du bureau. Quatre heures du matin sur les vingt-six que comptait Naboo. Qui pouvait venir l’emmerder à cette heure-ci ?

« Oui, oui … »

Soupirant et se redressant, elle activa l’appel holographique qui sonnait à ses oreilles. Pour le coup, heureusement qu’elle était toujours habillée d’un de ses ensembles qu’elle portait lors de ses séances au Sénat, et non en nuisette sexy. Ou sans rien, si elle avait été accompagnée chez elle. Non, même si l’envie la démangeait, elle croulait trop sous le travail depuis l’offensive Sith, et n’avait pas le temps pour ça. Elle ne trouvait même plus le temps de vraiment bien dormir, la preuve en était là.

Sidonie ne fut guère surprise de voir Hélène apparaître. Elle se demanda cependant ce qui pouvait justifier que sa secrétaire prenne la peine de la réveiller en pleine nuit, outre le fait qu’elle-même était éveillée. Cela lui fit un pic d’adrénaline qui termina de la réveiller. Par réflexe, elle attrapa sa tasse de thé pour boire une gorgée fraîche. Au moins, avec le temps estival sur Theed, cela lui convenait tout aussi bien.

« J’espère que je ne vous réveille … je vous ai réveillé. »

L’humaine aux cheveux bleus, comme Sidonie, eut un petit sourire amusé. La Chancelière Suprême ne prit pas la peine de demander qu’est-ce qui lui faisait dire ça, ou de vérifier par elle-même, elle s’en contre fichait royalement sur le moment. Face à l’absence de réaction de sa supérieure, Hélène toussa doucement et reprit avec plus de sérieux.

« J’ai appris qu’une réunion était en cours entre l’Amirale Solaris, l’Amiral Tan’ith sur Kashyyyk et plusieurs membres importants de l’Ordre Jedi. Je me suis dit que vous auriez aimé participer à la conversation. »

Sidonie soupira en posant ses coudes sur le bord du bureau et ses mains sur ses tempes. Avait-elle vraiment envie de s’incruster dans une telle réunion à cette heure-ci, sur Naboo ? Elle souffla avec agacement sur une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux. Il faudrait qu’elle pense à appeler sa coiffeuse personnelle aussi.

« Oui. Oui, vas-y, préviens-les que je vais intervenir. Le temps que ça se fasse, je vais me débarbouiller un peu.
- Très bien, Chancelière, ce sera fait. »

L’hologramme disparut. Sidonie bailla et s’étira finalement, levant les bras en l’air en s’appuyant sur le dos de son siège. Elle avait toujours l’impression de s’appuyer sur un nuage tellement il était duveteux. Elle soupira une nouvelle fois, finit par se frotter les yeux, et avala le reste de son thé froid d’une traite. Elle reposa finalement la tasse vide sur le bureau et se leva.

Les avantages d’être Chancelière Suprême, et aussi d’avoir une bonne quantité de crédits sur son compte, il ne fallait pas mentir, c’était qu’elle avait une belle villa dans la capitale, qui disposait de trois étages - dont un toit plat où pouvait se poser tout appareil de la taille d’un yacht stellaire naboo au maximum - avec vue sur les cascades de Theed tout en possédant un jardin alentour qui lui cachait le voisinage immédiat. Mais qui dissimulait aussi les nombreuses holocaméras de sécurité disposées ici et là pour sa protection, le tout complétées par les rondes de droïdes combattants qui déambulaient lentement et en silence autour de la maison, le long des pavés de marbre qui jalonnaient l’extérieur et la terrasse.

Elle pouvait ainsi déambuler librement dans cette bâtisse sans trop craindre pour sa sécurité, dans cette maison bien trop grande pour elle seule, mais qui pouvait abriter des soirées sans problèmes si elle le désirait. Mais dans le cas présent, qui disait grande bâtisse, disait de nombreuses pièces ! En l'occurrence, elle se dirigea vers l'une d'entre elle, petite et proche justement de son bureau, au même étage, et qui ne servait que pour les communications privées. La seule particularité de cette pièce résidait en effet dans le fait qu’elle était parfaitement insonorisée et que la seule façon d’y entrer était par reconnaissance faciale et digitale. Cela n’éliminait pas toutes les possibilités de pouvoir entrer à l’intérieur, mais cela en écartait déjà un grand nombre !

En passant, elle jeta un court regard sur un miroir placé dans le couloir. Oui, elle avait clairement des cernes de fatigue. Elle soupira et une fois à l’intérieur de la pièce - le contrôle facial et digital passé, donc - alla vers une petite table basse où se trouvait une petite glace et de quoi se maquiller. Vue l’heure, elle n’allait pas faire beaucoup d’effort mais si elle pouvait au moins cacher ses cernes, ça serait déjà ça de pris ! Elle termina en buvant un verre d’eau, d’une bouteille déjà à moitié vide, posée sur la même table et ajusta un peu sa tenue. Bon. Cela ferait l’affaire !

« Appel entrant, Madame Desmina en ligne. »

La voix de l’IA de la demeure manqua de la faire sursauter. Elle ne s’y habituerait jamais, alors que ça faisait trois ans qu’elle vivait ici. Si au moins elle avait une voix mielleuse ou sensuelle. Mais non, c’était un ton monocorde de droïde. Il faudrait vraiment qu’elle prenne le temps de changer ses paramètres à celle-là.

« Passe-la moi. »

A peine avait-elle finit sa phrase que l’hologramme, grandeur nature cette fois, d’Hélène apparut devant elle. Sidonie avait croisé ses mains dans son dos et attendait simplement. Bien entendu, sa secrétaire ne put s’empêcher un petit sourire en coin.

« Vous m’avez l’air plus réveillée.
- Au lieu de dire des âneries, relie moi à la réunion.
- Tout de suite ! »

L’hologramme d’Hélène disparut pour laisser place à ses nouveaux interlocuteurs. La salle était trop petite pour les représenter tous à la même échelle, et elle fut réduite. Mais Sidonie put reconnaître la plupart : l’Amirale Solaris car Sidonie avait connaissance de tous les amiraux républicains - même si elle ne les avait pas forcément vu face à face - ; la Maîtresse Jedi Ombrelune qu’elle avait rencontré il y a quelque temps de cela ; le Grand Maître Jedi Garvan qu’elle connaissait par les dossiers auxquels elle avait eu accès par le passé, de même que les Jedi Verts Fern et Zar qu’elle savait qu’ils avaient combattu sur Kashyyyk. Il n’y avait en réalité qu’une personne qu’elle n’avait pas restituée - à savoir Orfeo - et par élimination, elle déduisit que le tas de bouillis de pixels holographiques ne pouvait être que l’Amiral Tan’ith.

« Chancelière Treen, nous vous recevons, je vais vous transmettre un résumé des échanges jusqu’ici, afin que vous puissiez rapidement vous joindre à nos réflexions. »

Sidonie tourna son regard vers Solaris et acquiesça rapidement. Par réflexe, plus que par véritable sentiment, la Chancelière sourit à son auditoire. Ce n’était pas parce qu’elle n’avait aucun politicien face à elle qu’elle allait perdre ses habitudes.

« Merci, Amirale. »

Elle attrapa un datapad - elle en avait toujours un dans un coin dans cette pièce, justement pour ce cas de figure - pour l’allumer et attendit que le résumé des échanges lui parvienne. En attendant, elle se permit une petite plaisanterie que seuls les politiciens s’autorisaient en général à faire dans le cas présent, en avisant ce qui ressemblait vaguement à Plo de son côté.

« Bonsoir à tous, ou bonjour de votre côté, je ne sais pas ce qu’il en est. En tout cas, je suis ravie de voir que vous êtes toujours en vie, Amiral Tan’ith. Et je suppose en un seul morceau, bien que la liaison soit très floue de mon côté pour m’en assurer visuellement. Cela étant, je dois avouer qu’il y avait d’autres façons pour vous que d’exprimer le fait que je puisse être un peu oppressante avec vous que d’aller vous cacher dans la jungle de Kashyyyk. »

Elle ignorait comment la plaisanterie serait perçue, et à vrai dire vue l’heure et son auditoire, ça lui importait que peu. Laissant à chacun le choix de réagir, ou non, à son introduction dans la réunion, elle devint ensuite silencieuse et concentrée pour lire le résumé de ce qui avait été dit, en diagonale. Cela allait plus vite, et elle était tout à fait capable de le faire.

Eh bien, cela promettait. Elle n’allait pas être si dépaysée que ça d’une séance au Sénat, finalement ! Elle perdit son sourire de façade pour avoir un air sérieux, pour ne pas dire austère, qu’on ne voyait que rarement chez elle en public. Mais, après tout, cette réunion n’avait rien de tel donc elle pouvait se le permettre, non ?

« Je vois. Je n’interviendrais pas dans vos choix stratégiques, quand bien même cela serait tentant. Je comprends très bien les motivations du Jedi … commença-t-elle avant de s’interrompre une seconde pour consulter son datapad. .. d’Erep à vouloir aider sur Kashyyyk. Cela ne dépendrait que de moi, j’enverrais toute l’armada repousser le Consortium sur leur ligne de départ.

Malheureusement, comme l’a bien souligné l’Amirale Solaris, ce souhait n’est pas réalisable. Je suppose que militairement ça soit déjà complexe en soi, mais politiquement, ce serait intenable de mon côté. Je vais vous épargner un cour de géopolitique, mais pour l’essentiel, il faut comprendre que le Sénat est plus que divisé, comme s’il ne l’était pas déjà assez en temps normal, sur la marche à suivre depuis l’annonce de la chute de Kashyyyk, puis Randon, Chalacta et tous les mondes jusqu’à Ruusan. Bien entendu, je tâcherai de rappeler encore une fois à la prochaine séance du Sénat que tout don alimentaire ou médical est la bienvenue pour aider nos concitoyens opprimés par le joug du Consortium.

Car, on ne va pas se voiler la face, il n’y a qu’une très faible minorité sénatoriale qui soutiendrait une contre-offensive, là tout de suite. Il y a quelques hurluberlus qui souhaiteraient que la République négocie avec la Reine Éternelle pour mettre fin aux hostilités, mais je pense que personne n’est suffisamment naïf ici pour croire qu’une telle chose arrivera.

Par contre, je suis entièrement d'accord qu'il faut saper le moral de nos ennemis sur les territoires occupées, comme vous le faites si bien Amiral. Quant à cette idée avec Trandosha, je ne pense pas avoir mon mot à dire réellement, officiellement du moins. Mais officieusement, je soutiendrai tout ce qui sera fait pour ruiner la vie à ces traîtres ! »

Elle marqua une petite pause dans son monologue. D’une part pour laisser à son auditoire le soin de commenter, s’ils le désiraient, ce qu’elle avait déjà énoncé, ou en tout cas de prendre le temps de bien y réfléchir. Mais surtout, elle commençait à avoir la gorge sèche et elle se reprit un verre d’eau pour ensuite enchaîner.

« Majoritairement, donc, le Sénat se divise en trois tendances. La première souhaite aller au contact du Consortium et est prête à voter une augmentation du budget militaire, ou même faire appel à des donateurs civils pour augmenter nos effectifs, contre avantages fiscaux évidemment, et attendre le Consortium Eternel à Ruusan. Si jamais évidemment, ils poursuivent leur offensive, ce qui semble inévitable si j’en crois ce qui a été échangé ici avant mon arrivée. C'est la tendance qui se dégage le plus, mais elle est encore loin de constituer une réelle force politique.

La seconde est frileuse à cette idée à court terme et préfère plutôt abandonner Ruusan toute de suite à son sort, ainsi que les mondes frontaliers, pour regrouper nos forces autour de Corellia et Bothawui. Si bien sûr, le Sénateur à l'origine de cette suggestion s'est fait hué, à mon grand étonnement, il a eu bien plus de soutien que je ne l’aurai cru, et ce n'est pas à sous-estimé. Évidemment, ses partisans sont surtout des jeunes sénateurs bien au chaud loin du front ou qui n’ont pas vraiment connu ce qu’était les mondes libérés pendant l'opération Lord_Over, bien entendu.

Et, paranoïa oblige … une troisième branche du Sénat craint que si on déplace trop nos forces vers le front avec le Consortium, l’Empire en profite pour pousser vers Corellia ou Cerea. Ils comptent donc bloquer tout vote qui irait à un soutien politique lié au renforcement de Ruusan.

En conclusion, je pense que vous l’aurez saisi, personne n’est d’accord, mais aucune majorité large se dégage réellement. Évidemment, en ces temps de crise, ma voix vaut foi et ayant du soutien derrière moi, ce que je dirai au Sénat pourra influencer le vote final qui arrivera sous peu. Mais comprenez que c’est ma réputation et la stabilité de ma majorité qui sont en jeu.

Donc, si je vous alloue le maximum de ressources pour défendre Ruusan … Pensez-vous être en mesure de m’assurer qu’elle ne tombera pas aux mains de nos ennemis ? Parce que le cas échéant, je peux vous assurer que l’on verra le retour de ce Sénat qui se tire une balle dans le pied et qui paralysera toute décision politique ensuite … »

Rien que l’idée lui donnerait presque la nausée. Elle décida de se resservir à boire. Mince, sa bouteille était vide. Elle aurait du en prendre une autre avant de venir …

La réponse d’Orfeo surpris l’amiral qui ne s’y était pas attendu du tout. Il écarquilla des yeux, une lueur d’espoir sembla soulager ses vieux os alors qu’un membre du Conseil semblait se décider à prêter main forte en personne aux forces de la République. Un symbole de ce choix suffirait à faire de la résistance une menace secondaire à une menace principale pour les projets de conquête des Sith. Un membre du Conseil agissant de concert avec la résistance républicaine sur un monde récemment conquis permettrait d’exercer une pression suffisamment sérieuse pour être considérée comme nécessitant plus de ressources qu’estimé pour l’abattre. En plus de servir d’appât, sa présence jouerait également sur le moral des troupes en place. Toutefois l’avis et la lueur d’espoir chez l’amiral s’étreignit rapidement au fur et à mesure que les autres Jedi prirent la parole. Il ravala sa frustration sans un mot, il comprenait que les systèmes menacés par la percée effectuée sur Kashyyyk devenaient de facto prioritaires, c’était la meilleure décision à prendre stratégiquement parlant, et si Darth Ziran quittait Kashyyyk, en un sens Plo aurait sans doute quelques coudées un peu plus franches pour agir et semer la zizanie pour forcer son retour sur ce système. Pour se faire il lui fallait ridiculiser suffisamment ses séides et subalternes tout en frappant fort sur des cibles à la fois tactiques et symboliques. En y parvenant, peut-être pourrait-il contraindre Darth Ziran à faire un choix : continuer de mener l’offensive contre la République quitte à avoir son monde capital devenir une tâche noire et graisseuse se répandant de plus en plus sur la toile de son triomphe auprès des autres Sith, soit succomber à son égo et revenir consolider son acquis. L’amiral en avait bien conscience : il était aux yeux de Darth Ziran un caillou dans sa chaussure, une mouche dans son lait, un rouage qui grippe. Autrement dit, un emmerdeur imprévu et un peu trop tenace pour sa propre intégrité physique.

- Bien entendu, nous avons déjà effectué un tri des blessés en fonction de la gravité de leurs blessures. Quant à la liste de matériel, j’ai déjà un premier jet à suggérer…

Et cette liste serait longue… Armes, munitions, explosifs, véhicules légers, drones, fournitures, rations, médicaments, bandages, outils… La mention de contrebandiers de la part de Maître Fern, fut une bonne nouvelle qui mit du baume au cœur de l’amiral rassuré de voir qu’elle semblait sincèrement avoir à cœur les intérêts des soldats restés en arrière. Il se souviendrait de cela, tout comme il se souviendrait des données que souhaitaient fournir Maîtres Zar et d’Erep. Plo répondit avec politesse et une sincère gratitude dans le timbre de sa voix amplifiée par son masque respiratoire.

- J’attends vos informations Maître d’Erep, Maître Zar avec une grande impatience. Je vous remercie pour vos informations. J’accueille votre suggestion à bras ouverts Maître Fern, soyez prudente vous aussi sur vos prochains fronts. J’espère que nous aurons l’occasion de coopérer ensemble à nouveau à l’avenir.

La suggestion de Maître Zar arracha un ricanement à l’amiral. Lui-même fut quelques peu surpris de sa propre réaction un peu nerveuse mais salvatrice pour ses nerfs mis à rude épreuve ces derniers temps, relâchant un peu la tension accumulée. De plus cette phrase lui confirmait qu’il n’aurait peut-être pas à gérer Darth Ziran dans l’immédiat, mais plutôt Darth Wrath une combattante chevronnée qu’il faudrait mettre sur la touche rapidement si l’amiral voulait atteindre ses objectifs personnels. Restait à voir quelles informations supplémentaires il pourrait obtenir concernant cette subalterne de Ziran, mais Plo voyait en elle un appât qu’il pourrait jeter dans l’océan de ténèbres du Consortium pour attirer le plus gros poisson qu’il convoitait. Wrath chercherait peut-être à faire ses preuves en redoublant de zèle, et en faisant montre de moins de prudence si elle était capable de se jeter tête la première contre un Jedi de la trempe de Maître Dalek Zar. Elle sous-estimerait encore plus un vieux kel’dor en uniforme sans doute…

- J’ignore si Darth Wrath serait lâchée contre moi, mais si nous avons l’occasion de l’éliminer cela attirera inévitablement l’attention de Darth Ziran. Enfin… ça et réduire son jardin en cendres bien entendu… je prends bonne note de votre recommandation.

S’il était disposé à capturer des soldats du Consortium pour interrogatoires, Plo Tan’ith ne comptait pour autant prendre autant de risques concernant les Sith. Il en avait déjà vu à l’œuvre lors de ses campagnes passées quand certains ont tenté d’abordé son navire, et il ne comprenait pas encore l’étendue complète de leurs pouvoirs dans la Force, mais s’ils étaient capables de liens télépathiques, alors en détenir un serait avoir un mouchard sur soit en permanence. C’était la guerre, aussi s’il fallait abattre tous les Sith capturés, Plo ne prendrait pas le risque de compromettre ses hommes et leur sécurité afin de trimballer un trophée. Et de base, il ignorait encore comment il traiterait les prisonniers à proprement parler…mais dans un contexte de ressources limitées et de risque d’être tracé ou découvert, la question serait vite réglée.

- L’idée de jouer sur les rivalités des clans Trandoshans me semble être une bonne idée s’ils peuvent fournir du renseignement sur les mouvements ou opérations du Consortium sur Kashyyyk ou vers d’autres systèmes pour la poursuite de leur campagne. Peut-être pourront-ils détourner une partie du ravitaillement du Consortium vers mes troupes, mais je ne pense pas que les pousser à se rebeller frontalement vers les Sith soit la meilleure idée à suivre pour le moment. Les wookiees ne leur pardonneront pas leur trahison, rendant toute collaboration avec eux difficile pour ne pas dire contreproductive. Il est nécessaire que nous fassions suffisamment de dégâts sur Kashyyyk en contre leurs gains de leur campagne pour que les Trandoshans trahissent le Consortium efficacement au moment opportun ou ils ne s’y attendront pas et surtout si cela permet d’ajouter le dernier clou à leur cercueil sur Kashyyyk.

Grand Maître Garvan s’exprima à son tour après être demeuré silencieux, de tous les Jedi présents il semblait être le moins expressif, mais sans doute réfléchissait-il à des options complémentaires ou attendait-il le bon moment pour avancer ses suggestions sur d’autres aspects de la résistance sur Kashyyyk.

- Je ferai le maximum Grand Maître Garvan.

Pour Plo la situation était très simple : il irait jusqu’au bout pour libérer Kashyyyk. La seule question qu’il se posait était qu’est-ce que cela lui coûterait quant à son âme, car dans un contexte de guérilla et de conflit asymétrique, l’amiral savait que des choix difficiles l’attendaient sur sa route vers l’objectif. Tout avait un prix. Il avait déjà eu à en faire certains quand il avait du abattre un soldat républicain sévèrement blessé, placé par le Clan Lone sur une mine afin de tuer dans une explosion violente toute personne désireuse de le déplacer même de quelques centimètres pour lui prêter assistance ou tenter de le sauver. Le capitaine de la base l’avait nommé Krill et l’amiral se souvenait de son nom quand il avait participé à la libération de ses enfants pris en otage. Abréger ses souffrances avait été quelque chose qui l’avait marqué. Mais pourtant il devrait probablement faire pire. Lord_Over et ses horreurs n’aura donc été que le début pour le vieux Kel’dor. Cette phrase résonnait dans la tête de l’amiral, s’imprimant de plus en plus comme une réalité qui devenait de plus en plus proche à ses yeux. L’a mirale Solaris reprit la parole, revenant sur l’inventaire médical, l’idée était bonne et l’amiral opina du chef en l’écoutant : Ruusan pouvait encore être sauvée, et convertir des frégates furtives en antennes médicales permettrait d’évacuer ses troupes trop mutilées. C’est alors qu’on l’informa que la Chancelière Suprême serait de la partie. Plo se raidit quelques peu au niveau de ses épaules, pour l’heure il ne l’avait pas encore

- Madame la Chancelière Suprême, je vous assure que je suis bien en un seul morceau pour l’heure, je vous remercie de vous soucier de mon intégrité physique. Je vous rejoins, il y avait d’autres moyens de vous éviter, toutefois j’ai pensé que celui-ci serait plus inattendu.

Le sang de Plo ne fit qu’un tour en entendant le résumé détaillé de l’ambiance au sein du Sénat. Il commençait à bouillir intérieurement tandis qu’il passa sa main sur son visage. Serait-il plus agréable de suffoquer en respirant l’oxygène de Kashyyyk ou de survivre à une session du Sénat et ses débats hors des réalités du terrain ? La première et troisième faction avaient l’avantage de vouloir continuer la lutte, mais le fait que la seconde semblait déjà envisager des pourparlers pour céder les acquis de Lord_Over fit sortir Plo Tan’ith de ses gonds. Et alors quoi ? L’amiral Tontpa et tous les hommes tombés pour Lord_Over, tous les sacrifices accomplis à cet instant et plus dernièrement sur Kashyyyk auraient été fait en vain ? Tous ces clones, ces wookiees, ces Jedi morts pour que des couards puissent dormir paisiblement ? C’était intolérable pour l’amiral qui écrasa son poing sur la table rendant la connexion plus stable et son image soudainement beaucoup plus nette en dépit du décalage de son qui était persistant. Ce fut après un soupir que le vieil officier reprit la parole d’un ton passablement agacé à l’encontre des sénateurs.

- En d’autres termes, le Sénat attend une victoire ou une défaite sur Ruusan pour prendre une décision si je vous suis bien ?

Il n’avait pas de rancœur particulière à l’égard de la Chancelière Treen qui s’il parvenait à l’appréhender un peu, avait quand même l’impression de voir qu’une partie de qui elle était. Pour l’heure elle semblait aligner ses intérêts avec ceux de l’amiral Tan’ith, aussi il se contenterait de cela, restait à lui donner suffisamment de poids politique en engrangeant des succès sur Kashyyyk pour montrer que le Consortium n’était pas invincible. Quant à Ruusan, l’amiral ne pouvait rien faire pour le moment, aussi agirait-il sur le terrain qu’il avait choisi.

Arsenicia avait réussi à apaiser les ardeurs de son collègue et ami, mais elle savait qu'elle devrait lui parler en tête-à-tête plus tard pour s'assurer qu'il comprenne bien cette décision. Cependant, elle était soulagée d'être soutenue par ses autres pairs, notamment Allana. L'avis de Cyrène comptait également beaucoup, d'autant plus qu'elle et Orféo se connaissaient personnellement. Ce qui était plus surprenant, c'était que Dante n'avait pas pris la peine de s'exprimer sur ce sujet. Arsenicia comprenait son malaise en présence de tant de personnalités importantes de la République, mais elle s'attendait à ce que le Grand Maître Jedi exprime son point de vue.

Le sujet fut rapidement géré, et l'arrivée des deux droïdes portant des plateaux attira presque un sourire sur le visage de la Maître de l'Ordre, qui accepta volontiers une tasse de thé. Dans d'autres circonstances, elle aurait peut-être opté pour un verre de brandy plutôt qu'une boisson chaude, mais il était important de garder l'esprit clair.

La question de la chaîne médicale fut soulevée, et Cyrène assura qu'elle ferait faire un nouvel inventaire des stocks de la flotte afin de transférer tout ce qui pourrait être utile à Kashyyyk. C'était une décision judicieuse, car pouvoir soigner les blessés était tout aussi crucial que d'avoir des munitions et des rations. Ce que l'Amiral Tanith comprenait évidement et il assura s'être déjà penché sur le sujet.

La surprise survint lorsque l'Amirale Solaris annonça que la Chancelière en personne allait se joindre à la discussion. Arsenicia se redressa légèrement. Était-ce vraiment une bonne idée ? Bien sûr, la Chancelière devait être tenue informée... Mais la politique ne faisait généralement pas bon ménage avec l'armée, et la Jedi craignait que les décisions qui devaient être prises rapidement ne soient ralenties par cette implication politique.

Quelques instants avant que l'hologramme de Sidonie ne se joigne à celui de Plo, Arsenicia tourna brièvement son regard vers Cyrène. La Jedi se souvenait des brefs mots de son épouse à l'égard de la politicienne, et l'entrevue avec la Chancelière sur Tython n'avait pas suffi à ce que la Fay se forge une opinion complète. Elle ne pouvait donc qu'espérer que l'intervention de la chef de l'État soit utile et pertinente.

La petite plaisanterie, malgré les circonstances, amusa quelque peu Arsenicia. Il n'y avait que la Chancelière pour se permettre de tels propos, auxquels, heureusement, le Kel'dor répondit avec autant d'humour. C'était un souffle d'air frais bienvenu avant que Sidonie ne se lance dans un état des lieux du Sénat, dressant un tableau très précis de chaque courant de pensée et de la situation dans laquelle se trouvaient les rouages politiques de la République. Au moins les rassura t-elle tous en leur indiquant qu'elle n'interviendrait pas dans la stratégie militaire,

Face à la situation politique, Arsenicia eut bien du mal à rester impassible. Affirmer avec certitude que Ruusan ne tomberait pas était aussi une belle façon de se mettre des bâtons dans les roues. Comment pouvait-on être absolument certain ? C'était impossible. Il y avait des risques, et ils devaient être calculés, mais Sidonie n'obtiendrait jamais plus que leur engagement total pour empêcher que cela n'arrive. Ce fut Plo qui prit la parole le premier, et pour la première fois, l'hologramme était suffisamment net pour que l'expression de son visage, malgré le masque, soit perceptible.

— Nous ne pouvons rien vous garantir, Chancelière, et vous le savez, répondit Arsenicia après le Kel'dor. Nous ne pouvons que faire de notre mieux. À cet égard, je me tiendrai aux côtés de nos forces avec ma Méditation de Combat, à moins que l'on juge ma présence plus utile ailleurs... cela nous a permis de réaliser quelques manœuvres remarquables au-dessus de Kashyyyk, dit-elle en jetant un bref regard vers son épouse, qui comprenait parfaitement de quelles capacités elle parlait, alors que la Chancelière ne voyait probablement que le nom pompeux d'un pouvoir mystérieux auquel elle ne croyait probablement pas vraiment. Vous avez mentionné une branche du Sénat qui craint que l'Empire ne profite de la situation. Il serait judicieux de creuser de ce côté également par mesure de précaution... en utilisant nos services de renseignement, par exemple. Pouvez-vous garantir que cela sera fait dans les règles de l'art ? J'ai même un nom à vous recommander, reprit-elle.

Je remercie Dalek avec un sourire chaleureux pour son heureuse initiative d’aller nous quérir des boissons chaudes et de l’eau, avant de remercier Rex et K6 pour leur aide. Je choisis pour ma part volontiers une tasse de kaffa décaféiné, faute de pouvoir mettre la main sur une boisson « soft » telle que le chocolat chaud ou du lait chaud. Pas que je n’aime pas le thé ou le kaffa normaux, hein, mais avec ma grossesse, je fais attention à de ne pas abuser de boissons avec de la théine ou caféine. Je prends également volontiers deux barres aux céréales, une gardée pour plus tard, et l’autre dont j’en déguste une partie. Je ne compte pas la manger trop vite, mais j’ai tendance à avoir davantage faim depuis et si je ne me nourris pas dans ces moments-là, je deviens facilement ronchon et très irritable. On va éviter, dans une réunion aussi sensible et longue que s’annonce celle-ci. Cela donnerait une piètre image de l’Ordre corellien que je représente, et après coup, cela m’emmerderait bien aussi.

J’écoute avec attention les échanges et les informations transmises. Je porte ainsi un certain intérêt à l’exposé de Dalek par rapport à cette nouvelle Dame Sith, celle qu’il appelle « Dame Wrath ». Un nom tout en délicatesse qui annonce bien quelle est la nature que revendique cette Hapienne Sith. Je ne connais pas bien le monde de Tumani – je ne suis pas restée infiltrée assez longtemps dans la secte Sith pour connaître assez la société hapienne – mais elle a l’air d’être un opposant de taille. S’il y avait l’ombre d’un doute sur les ambitions de la dirigeante du Consortium et du culte Sith, celui-ci disparaîtrait aussi en observant le profil des Sith qu’elle a envoyé sur place : tous des guerriers, et en incluant une stratège doublée d’une maîtresse d’armes aussi experte que ne l’est notre Épée des Jedi. Assurément, c’est un adversaire à ne pas sous-estimer, et Dalek va devoir s’aguerrir plus encore si nous avons de tels opposants face à nous. Si Kashyyyk a bien démontré une chose, c’est que nous ne pouvons pas être partout à la fois en même temps, et qu’il nous faut préparer adéquatement les Jedi et les Verts, Chevaliers comme Maîtres, qui seront appelés à intervenir. J’entends par là que si Dante, Arsenicia, Orfeo et moi sommes en mesure de confronter de tels adversaires, nous pouvons aussi être retenus ou mis hors d’état de se battre, ou encore empêchés. Arsenicia était occupée avec la bataille spatiale, Dante a été assez grièvement blessé en perdant l’un de ses bras dans les Terres d’Ombres, et moi-même j’ai été sérieusement blessée avec la chute de plusieurs centaines de mètres, ce qui m’a valu un nombre certains d’écorchures, de plaies et surtout une jambe brisée. Résultat, outre ma grossesse actuelle, je suis dans l’impossibilité d’aller sur le terrain pour un bail et je suis cantonnée, sauf urgence urgentissime, à un rôle de coordinatrice, dirigeante et instructrice. Maître Layli pourra coordonner les Jedi présents avec l’amiral, mais pour combien de temps encore ?

– J’en profite pour rebondir sur les propos de Dalek, et vous signaler la présence d’un cyborg très coriace dans le camp adverse, à qui je dois ma jambe brisée. Un certain Autek Mor, un colosse surarmé et équipé d’une carapace en phrik particulièrement résistante, sur lequel j’ai pu avoir des informations grâce à nos commandos-clones. Il s’agit d’un cyborg de classe soutien, un mercenaire spécialiste des opérations de siège, très méthodique. Il est équipé d’un marteau gravitique et d’une tour auto-canon. La seule manière de l’abattre, si vous tombez sur lui, c’est de recourir aux armes les plus lourdes. Ça, et cibler les parties fragiles de son armure, dans un angle très précis. Cela laisse une fenêtre d’opportunité très mince, et exige de travailler en équipe entre les Jedi et nos forces armées. Pour l’avoir confronté moi-même, il va être une épine dans le pied.

Rares sont les adversaires non-sensitifs à la Force à m’avoir donné autant de fil à retordre que lui. Outre son marteau gravitique et sa carapace résistante aux sabres-laser, il sait admirablement bien se défendre et recourir à ses outils cybernétiques pour le faire. Il n’y a aucune garantie qu’il soit de la partie pour les prochaines escarmouches, mais mon instinct me souffle que j’aurais l’occasion de recroiser le fer avec lui. Je suis naturellement revancharde donc évidemment que je voudrais m’occuper de lui en personne, ou au minimum faire partie du fer de lance contre lui, mais j’estime plus prudent de prévenir de la menace qu’il représente si mes alliés venaient à tomber sur lui. Je ne suis pas sûre d’être rétablie ou apte à servir d’ici à ce qu’un nouvel assaut se produise. Après, je n’ai pas peur, dans ma voix, je laisse comprendre que je ne compte pas rester sur ma défaite.

Je ne rajoute rien concernant les points sur les secours médicaux, les tactiques pour irriter les Hapiennes. J’acquiesce aux propos de Dante, appuyant ses inquiétudes quant à la durée que les troupes de l’Amiral pourront tenir pour supporter le siège. C’était la raison de ma suggestion de faire venir des renforts. Je n’ai pas mon mot à dire quant au recours aux Ombres Jedi, c’est le terrain de Dante pour le coup, et d’Arsenicia. Je ne m’y oppose pas non plus d’un point tactique, vu la nature et la topographie de la planète natale des Wookies. Elles seront toutes indiquées pour venir en support.

Je ne renchéris pas non plus en ce qui concerne Orfeo, ayant déjà exprimé mon avis et mes suggestions sur ce point. Je n’ai pas l’autorité pour interdire à mon collègue de se rendre sur place, c’est davantage la responsabilité de Dante et d’Arsenicia. Je ne peux donner qu’un conseil, rien de plus. Je ne souhaite pas m’immiscer plus que de raison dans les affaires internes de l’Ordre de Tython, en tout cas pas ce qui outrepasse mes prérogatives en tant que Maître des Jedi Verts. Je respecterai son choix, dans tous les cas, me rangeant ainsi plutôt de l’avis de l’officier Solaris.

J’hausse un sourcil quant à la demande de la Chancelière Suprême de se joindre à notre réunion, mais choisit de ne pas commenter. Techniquement parlant, c’est tout à fait dans le droit de la dirigeante de la République de revendiquer le droit d’être informée et de contribuer à cette réunion, même si je ne sais pas que penser du risque d’ingérence politique dans ces échanges militaires. Néanmoins, laissons-lui la possibilité de nous dire ce qu’elle veut nous dire. Au moins, ça me laissera l’occasion de voir à quel genre de personnage nous avons affaire. Á mon niveau, dans le secteur corellien, c’est plutôt le sénateur de Corellia qui est habitué à fréquenter ces sphères de l’état. Son reflet holographique nous rejoint bientôt dans la salle, et je dois dire qu’elle me fait assez bonne impression pour le moment. Sa touche d’humour m’arrache un sourire amusé, et me détends en entendant qu’elle ne compte pas intervenir dans nos débats et nos choix stratégiques. Elle a l’air consciente des risques dont nous discutions plutôt, et semble adopter une approche pragmatique. Je ne suis pas férue des politiciens, mais son intervention se tenait plutôt bien pour le moment. Son portrait des forces en présence au Sénat républicain est intéressant, et je me retiens de passer une main sur mon visage en entendant la deuxième tendance. Ce serait tout à fait le genre du sénateur de Corellia de soutenir la troisième philosophie. Corellia a toujours eu un positionnement assez particulier dans la politique républicaine, malgré des variations selon les époques, et les mondes de son secteur se montrent parfois individualistes, voire autonomistes. Ils soutiendront les mondes républicains, bien sûr, on est très souvent sur les premières lignes et parmi les premiers à répondre à l’appel, mais si la situation venait à se compliquer, ils prioriseront je pense leurs intérêts et leur sécurité. Comme nombre de gouvernement, c’est vrai, mais je reconnais qu’il y a un « esprit corellien » également en politique, autant que dans le renseignement et l’Ordre Jedi. Je ne dis rien cependant. Comme je dis, je n’ai pas de commentaire à faire sur la politique corellienne.

J’approuve les propos de l’amiral Tan’ith concernant la question Trandoshane. Je pense que c’est le meilleur compromis que nous puissions obtenir au vu des opinions de chaque camp en présence.

Si je ne commente rien par rapport à l’indécision du Sénat, prenant tout le sang-froid pragmatique dont je sois capable pour me taire et ne pas mettre de l’huile sur le feu, je ne peux tout à fait dissimuler une crispation légère de mâchoire, la crispation de mes doigts sur les accoudoirs du siège que j’occupe et un durcissement de mon regard bleu-gris, tranchant. Je partage l’indignation de l’Amiral, ayant personnellement vécu les horreurs de Lord-Over dans ma chair autant que mon esprit, en raison des infortunés effets secondaires de mon Don d’Empathie. Je ne vais pas tirer contre la messagère, qui plus est Chancelière Suprême mais clairement, ça me hérisse le poil autant que cela me frustre de lassitude en entendant la posture de certains sénateurs. Je prends bien sur moi.

« Ils attendent sagement, leurs culs vissés sur leurs sièges capitonnés, de voir comment le vent va tourner pendant que d’autres se tuent sur place. Et on s’étonne que je ne peux pas supporter la grande majorité des politicards… » Grommelai-je en pensée à Dalek, qui me connaissait assez bien et avec qui je partageais un Lien assez fort pour qu’il sente mes émotions, malgré le bouclier mental que je m’efforce fermement de maintenir avec les autres Jedi en présence.

Je préfère laisser la parole à Arsenicia ou Dante qui, je me doute, seront plus diplomates et réagiront moins à chaud que moi. Mes nerfs sont d’autant plus sensibles en ce moment, on va éviter un drame.

Là par contre, je pense qu’on a un moyen de contribuer sans trop nous impliquer. Je me remets en tête la carte galactique et les voies hyperspatiales connectées au secteur corellien. Après une courte inspiration pour brider ma colère envers l’inaction du Sénat, je pose des yeux bleus-gris plus posés, mon expression maîtrisée, vers la Chancelière avant de proposer, d’un ton léger puis plus sérieux.

– Si cela peut baisser la tension de certains sénateurs, pourquoi ne pas faire travailler de concert la CorSec et les Renseignements ? Il faudrait consulter le gouvernement corellien, cela va de soi, mais Corellia n’est pas loin de la frontière impériale, et les Cinq Frères gardent un œil vigilant sur leurs frontières. Je ne sais pas si Maître Ombrelune pense à la même personne que moi, aussi je lui laisse la préséance, mais j’appuie sa proposition.

Je compte moi-aussi retourner sur le front dès que je le pourrais, mais je suis aussi consciente que tant pour l’Ordre Vert que l’avenir de notre fille à naître, cela risque de prendre du temps. Je vais devoir me ronger le sang à être contrainte d’agir à distance, mais j’aiderai comme je le peux.

Dalek ayant partagé à ses précisions et ses suggestions, il prêta une oreille attentive aux autres participants à la réunion tout en sirotant silencieusement un peu de thé. Maître Garvan indiqua que des Ombres Jedi seraient envoyées sur Kashyyyk, une décision que Zar supposa avoir peut-être été prise par le Haut Conseil avant leur venue ici. L’ancien Maître Archiviste ne laissait rien paraître mais il lui semblait plus réservé que lors du Conclave sur Tython quelques temps plus tôt. Peut-être s’en remettait-il à Maître Ombrelune pour les choses plus politiques ?

L’Amirale Solaris soulevait un point intéressant concernant la possibilité de Dame Ziran de quitter Kashyyyk pour être déployée ailleurs, et la probabilité que la matriarche mène l’assaut contre Ruusan. D’après son signe de tête, la conjointe d’Arsenicia apprécia le fait que ses droïdes aient rapporté de quoi les sustenter. Elle le prit totalement de court lorsqu’elle connecta à leur réunion une autre personne à distance par liaison holonet, en l’occurrence rien de moins que la Chancelière Suprême. Quelqu’un aurait pu le prévenir qu’il y aurait des personnes encore plus VIP à cette réunion que les membres du Haut Conseil !

Dalek n’avait jamais été à l’aise avec les femmes d’une trop grande beauté, leur esthétique lui faisant invariablement penser aux matriarches et nobles hapiennes dont la beauté extérieure dissimulait en général une noirceur d’âme aussi sombre que le fond d’un Sarlacc. S’agissant de la Chancelière, il ne l’avait jamais rencontrée auparavant et tout ce qu’il savait d’elle provenait des actualités et des briefings politiques du Conseil Vert. Il savait qu’elle avait occupé un poste gouvernemental sur sa planète natale, Cyrillia, avant d’en devenir la sénatrice quelques temps plus tard. Elle était devenue Chancelière trois ans plus tôt, au terme de plusieurs années d’instabilité gouvernementale. Elle n’était pas réputée pour beaucoup fréquenter les Jedi avant son accession à la fonction suprême à sa connaissance.

Le Maître Vert toussa dans son poing pour ne pas pouffer de rire à la blague peu élaborée de la Chancelière mais assez bien placée. En écoutant la prise de parole qui suivit, la Chancelière Treen semblait avoir la volonté pour envoyer des renforts sur Kashyyyk mais pas le capital politique pour le mener à bien. Il apprécia assez sa proposition de soutien officieux au sujet des actions contre les Trandoshan même s’il ne voyait pas trop de quelle manière la Cheffe d’État pourrait intervenir autrement qu’en fermant les yeux. Son exposé sur la situation volatile à trois fronts au Sénat s’avéra plus intéressant que ne l’aurait imaginé Dalek.

Dalek prit quelques notes sur son datapad par rapport aux demandes de l’Amiral Tan’ith, souhaitant se rappelant de faire l’inventaire de tout le matériel qu’il pourrait réunir sur Corellia. Quant à ses informations sur Darth Ziran, il pourrait les compiler sur le voyage du retour et les faire parvenir via le Haut Conseil ou l’amirale Solaris auprès du courageux Kel’Dor. Celui-ci parut amusé par la suggestion de Dalek relative à la destruction des jardins suspendus de la Dame Sith sur Kashyyyk et indiqua en prendre bonne note.

Maître Ombrelune répondit à la Chancelière de manière claire concernant ce que l’Ordre Jedi pouvait et ne pouvait pas promettre. Elle se mit d’ailleurs à la disposition des forces armées là où ses talents seraient jugés les plus utiles. Visiblement, la Maître de l’Ordre avait une petite idée en tête concernant les services de renseignement républicains mais elle n’en dit pas plus pour le moment.

Le Maître Vert nota l’intervention d’Allana en miroir de la sienne pour relater le colosse cyborg auquel elle avait fait face à la surface de Kashyyyk et à qui elle devait l’état de sa jambe. Il entendit clairement le message télépathique de sa compagne, visiblement énervée par l’inaction des sénateurs sur Naboo au regard de la crise qu’ils traversaient. Pour autant, elle se montra constructive en rebondissant sur les propos d’Arsenicia au regard des Renseignements pour proposer d’impliquer les services Corelliens du côté impérial.

Dalek passa les secondes qui suivirent à peser le pour et le contre entre garder le silence ou bien saisir une nouvelle opportunité de mettre les pieds dans le plat, cette fois-ci en présence de la Cheffe d’État de la République. Une gorgée de thé encore chaud le rasséréna avant qu’il ne prenne la parole.

- Mes hommages, votre Excellence. N’étant ni un membre du Haut Conseil Jedi, ni doté d’un commandement militaire, je vous assure que mes paroles n’engagent ni l’Ordre Jedi, ni les autorités Corelliennes. Je tiens cela dit à m’excuser par avance si mes paroles sont déplacées mais vous avez joué carte sur table avec vous donc il me paraîtrait discourtois de ne pas partager le fond de ma pensée, aussi désagréable soit-elle.

Le Maître Vert partageait la frustration d’Allana mais sans aucune surprise. Ses rares visites sur Naboo lui avaient confirmé que nombre de Sénateurs étaient aussi constructifs en matière de bien commun que l’aurait été un groupe de marchands Toydariens pour monter une œuvre de charité.

- Maître Garvan ici présent peut témoigner de mon faible pour l’histoire galactique. J’ai souvenir que des sénateurs ou des représentants de gouvernements planétaires sont déjà venus devant le Sénat pour plaider la libération de leur planète. D’une façon assez ironique, c’était le cas de la Reine de Naboo devant le Sénat républicain sur Coruscant il y a un peu plus d’un millénaire et demi, qui s’y était cassée les dents face à l’indifférence des honorables sénateurs. Du tableau que vous avez peint de la situation actuelle au Sénat, c’est la peur ou l’indifférence qui l’emporte aux deux tiers. En même temps qu’impliquer les services de renseignement comme le proposaient Maître Ombrelune et Maître Fern, pourquoi ne pas aussi dresser au Sénat le tableau économique de ce qu’une large invasion du Consortium aurait comme conséquences sur le commerce même des mondes les plus éloignés du front ? Peut-être que le bois Wroshyr n’est pas si couru que ça mais je gage que les minerais de Ruusan le sont davantage. Et puis, des mondes républicains en moins, c’est un marché qui se réduit de plusieurs millions de consommateurs, et des routes hyperspatiales dangereuses, c’est aussi du commerce qui devient hasardeux. Mon conseil est de leur faire peur mais pas de l’invasion lointaine, plutôt de perdre leur propre siège aux prochaines élections parce que leur propre population croulera sous le poids d’une crise économique. A contrario, une économie de guerre oblige certes les citoyens à se serrer la ceinture mais le commerce continue son cours et certaines industries en sortent florissantes.

Dalek n’était pas un politicien et peut-être que son conseil était futile mais de son point de vue, un sénateur était avant tout quelqu’un qui était parvenu à se faire élire parce que les citoyens ou les autorités de son monde avaient identifié que celui-ci était capable de défendre leurs intérêts dans l’arène politique galactique. Cela requérait de l’habileté mais aussi une dose d’instinct de préservation. Il y avait bien sûr des personnes désintéressées et au-dessus de la mêlée, on trouvait bien des banthas au poil complètement blanc après tout ! Mais la majorité seraient plus sensible à des arguments visant à leur propre intérêt qu’à des appels à leur compassion. Cela dit, proposer au sénateur de Kashyyyk de défendre sa cause devant l’assemblée sur Naboo ne mangeait pas de pain non plus et pourrait peut-être faire rougir de honte quelques hypocrites, à défaut d’aider à débloquer la situation.

- Quant à parler d’inventaires, il n’y a pas que les populations des mondes limitrophes de la frontière qui sont en jeu. Les sénateurs devraient peut-être se voir rappeler la présence de leurs ressortissants qui résistent encore courageusement à la surface de Kashyyyk. L’amiral Tan’ith pour Bespin, et j’imagine d’autres officiers et soldats républicains engagés sur place en plus des troupes clones mais aussi des Jedi et parmi eux des Jedi Corelliens. Combien de ces ressortissants se trouvent aussi encore sur Umbara, Ambria ou encore Chalacta ?

Le Hapien de naissance croisa les bras, non pas en signe de défiance mais en signe de réflexion avant de passer une main dans sa courte barbe. Une idée lui vint ensuite en tête. Certes, il risquait encore de se faire taper sur les doigts de tous les côtés pour proposer quelque chose de résolument radical, sur le papier en tout cas mais après tout, il était l’une des rares personnes sans réel pouvoir politique ou militaire dans cette pièce. Ce qu’il avait à dire n’engageait que lui et il ne pouvait à ce stade leur offrir que ses idées.

- Excellence, vous évoquiez tout à l’heure que vous n’aviez pas votre mot à dire concernant Trandosha ou tout du moins pas par rapport à l’opération qui pourrait y être réalisée. Et si vous aviez d’autres cartes qui n’ont pas encore été jouées ? Vous avez besoin d’argent pour financer la défense de Ruusan et plus tard pour une éventuelle contre-attaque. Pourquoi ne pas geler puis confisquer tous les avoirs Trandoshans pour les réassigner au budget de la flotte et aux fournitures dont l’amiral Tan’ith a besoin sur Kashyyyk ? Ce n’est pas comme si les oligarques Trandoshans viendraient se plaindre sur Naboo d’avoir été spoilés mais s’ils le faisaient, ce serait l’occasion de les arrêter. Il y aurait une certaine justice poétique à ce que les riches Trandoshans payent pour les dégâts causés avec la complicité de leur gouvernement. Vous trouvez une source de financement qui n’entame pas ou peu votre capital politique et une base sur laquelle bâtir une majorité de circonstance. Ceux qui refuseraient de voter la pénalité contre les Trandoshans n’apparaitraient pas très loyalistes, à mon sens, commenta Dalek en haussant les épaules.

Le Jedi Corellien se resservit une tasse de thé, estimant qu’il avait contribué, modestement peut-être, au débat. Sa liberté de parole lui permettait de jeter des idées dans la mare que ses pairs pouvaient tout à fait reprendre ou rejeter sans que les Jedi ne semblent désunis. Il voyait son rôle à cette étape de la discussion comme l’avocat du Sith, celui qui pouvait se permettre de proposer des idées plus radicales mais qui n’avait pas besoin de se soucier de son standing. Tout Maître Vert qu’il fût, Dalek restait une personnalité marginale en comparaison du reste de l’assistance : une Chancelière Suprême, quatre membres du Haut Conseil Jedi et deux amiraux décorés de la flotte républicaine.

Il adressa une vague de bonne humeur à Allana dans la Force, avec ce soupçon d’espièglerie qui lui était propre, pour tenter de la détendre un peu pendant cette réunion dont les enjeux allaient bien au-delà de ce qu’il pouvait imaginer.

Orfeo s’était tu longtemps.

Pendant de longues minutes, il tenta d’assimiler les multiples réactions de ses confrères, de ses consœurs et des représentants de la République. Voir la Chancelière Suprême les rejoindre l’impressionna, même si ses propos le firent presque bondir sur ses pieds. Il ne comptait pas invectiver le messager, loin de là. Son emportement se dirigeait plutôt en direction de ces foutus sénateurs pas fichus de penser à autre chose que leur petit monde, que leur petit confort. Voilà qui conforta encore un peu plus sa foi en les Seigneurs Jedi, à la fois conscients des spécificités des mondes qu’ils devaient servir et proches de la réalité des choses de par leur formation sur Tython (ou Corellia, d’ailleurs).

- Mes propos vont sans aucun doute vous paraître incroyablement naïfs… mais je pense que nous oublions ce que nous représentons aux yeux de la République, et de la Galaxie toute entière. Dans cette guerre, les Sith sont une hache de guerre, faite autant pour trancher que pour écraser, sans porter un regard sur leurs victimes. Les Chevaliers Impériaux sont quant à eux un scalpel, tranchant et précis, moins efficace à grande échelle. Nous, nous sommes un bouclier. Du moins, c’est ainsi que nous sommes perçus, dans l’ensemble.

Son regard, compréhensifs, se tourna vers les Jedi Verts et Dante Garvan, aux parcours plus atypiques. Non, il ne niait en aucun cas leur légitimité à être des leurs ici, autour de cette table ; il ne se le permettrait pas. Néanmoins, ils se révélaient assez exceptionnels dans leur genre.

- Cet exemple que nous portons si difficilement sur nos épaules est important. Autant que l’est celui de Kashyyyk, un de nos plus anciens alliés. Envoyer du soutien dans l’ombre ne suffira pas. Sans offense à nos agents les plus discrets.

Il soupira, en maintenant en échec le bouillonnement de ses émotions. La passion qui l’habitait resta soumise à sa volonté, pour ne laisser jaillir que la détermination du guerrier.

- La stratégie est importante pour faire face à nos ennemis de toujours. Essentielle, même. Vitale. Elle n’est pas mon fort, vous êtes nombreux ici à le savoir, voilà pourquoi j’accorde tant d’importance à votre analyse tactique. Elle me permet de jouer mon rôle au mieux dans cette guerre millénaire. Pour autant, j’insiste pour aller sur Kashyyyk. Ma survie est loin d’être assurée là-bas, vous avez raison, mais c’est à cela que je me suis préparé toute ma vie. Et non Nicia, on ne se moque pas de mon âge, je te préviens, hu hu.

Etonnamment, il pouffa un instant, en lançant un regard mi-amusé mi-plein de défi à son amie. Elle s’amusait souvent à l’appeler le « Vieil Ours », plutôt ironique quand on venait à comparer leurs dates de naissance respectives. Cette petite touche d’humour aida Orfeo à se recentrer sur son discours, et à ne pas parler que de lui. Après tout, il y avait bien plus en jeu que sa petite personne.

- On ne m’appelle pas Général, Grand Maître, Archiviste ou Sage. On m’appelle l’Ours de Tython. Et plus encore, on m’appelle l’Epée. Ruusan doit être défendue, il est vrai. Mais Kashyyyk doit être reconquise. Et cela ne saurait se faire sans une lame bien affutée. Ma nature même, en tant que Jedi et que membre de ce conseil, est d’être le tranchant dont nous avons besoin, envers et contre tout calcul politique ou militaire. Dans le cas contraire, je serais devenu soldat. Or, comme l’a si bien dit l’Amiral Solaris, ce n’est pas le cas.

Il ne serait pas un bon soldat. Trop en dehors des cases, trop idéaliste, trop imprévisible, comme l’illustrent bien ses formes favorites au sabre, le Shii-Cho et le Vaapad.

- Et si je dois mourir, c’est que la Force l’aura décidé. N’ayez crainte, j’ai formé d’excellents élèves qui sauront prendre ma suite, le cas échéant. Mais ce ne sera pas le cas. Mon temps n’est pas encore venu.

Ces mots enfin prononcés, il s’appuya quelque peu sur la table, se penchant en avant pour regarder avec intensité chacun des membres de ce conseil improvisé.

- In fine, j’entends vous convaincre de me laisser faire. Un peu bas du front, je le suis sûrement, mais pas assez pour balayer vos arguments comme le dernier des idiots. Mon espoir est que vous voyiez les choses comme moi, au moins un tout petit peu.

Enfin, il se rassit, non sans lâcher en conclusion:

- Voilà, j’ai fini. Merci pour le temps de parole. Je n’ai plus rien à ajouter.

Dire que Cyrène ne s’était pas inquiétée de l’entrée de la chancelière dans la conversation serait faux, toutefois, elle n’avait pas les moyens ni l’autorité de lui interdire, alors elle avait obtempérer en espérant que cela ne poserait pas de problème. Hapienne d’origine, l’Amirale Solaris connaissait toutes les astuces féminines pour dissimuler la fatigue, et même si elle n’était pas forcément a son meilleur avantage elle-même dans son uniforme, elle ne manqua guère les signes de fatigue chez la Chancelière : il était très tard sur Naboo et il ne faisait que peu de doute qu’elle devait être entrain de dormir lorsqu’on lui avait appris la réunion. Quelqu’un faisait sans doute du zèle dans son personnel, car en soit, absolument rien ne l’empêchait de se contenter des rapports pour prendre une décision. Ceci dit, son sourire restait impeccable et elle connaissait sans doute un minimum l’Amiral Ta’nith puisqu’elle lui adressa une plaisanterie auquel l’homme, malgré sa situation complexe, répondit avec une élégance et une réparti qui faisait honneur a sa réputation. L’épouse d’Arsenicia s’autorisa un petit sourire après la réplique du Kel Dor, même s’il ne resta guère très longtemps sur ses lèvres : les nouvelles du sénat arrivèrent et elles n’étaient guère très bonne.

Que les politiciens soient divisé sur la marche a suivre n’avait rien d’étonnant, mais que certain ose évoquer l’idée d’un repli sans combattre heurtait profondément Solaris qui ne pouvait l’accepter. Certes, pour elle, l’affrontement avait également une dimension personnelle, elle ne pouvait le nier, toutefois, elle savait qu’un repli sur des lignes certes plus solide, mais également bien plus éloigné, serait dramatique pour les troupes. De son point de vue, cela s’expliquait sans doute par le fait que certains politiciens recherchaient sans doute a émuler la stratégie de Darth Ânkh vingt ans plutôt, mais les raisons de ce repli précipité étaient toujours une source de débat au sein des rangs des armées Républicaines comme celle du Consortium et elle savait que la souveraine éternelle ne prenait pas toujours les décisions les plus pragmatiques. Elle garda ses réflexions pour elle, car une explication sur le fonctionnement de Darth Ânkh, aussi utile puisse-t-elle être, la rendrait sans doute suspecte auprès de plusieurs intervenant et ce n’était pas vraiment le moment de faire mauvaise impression : elle ne voulait pas faire de politique, mais cela signifiait ménager toute possibilité pour ses derniers de s’en prendre a elle, autant qu’elle le pouvait. Même si elle ne savait pas vraiment quoi penser de la Chancelière, elle savait qu’elle ne souhaitait guère s’en faire une ennemie.

Plusieurs propositions émergèrent, certaines plus pertinente que d’autre. Cyrène savait fort bien que le don de son épouse serait décisif pour les batailles a venir, elle avait déjà assurer une certaine sécurité sur Kashyyyk, c’était quelque chose qu’elle ne pouvait nier. Les problèmes autours de la réaction impériale pouvaient également être complexe, et Solaris ne sous estimait guère cela, même si elle avait des raisons pragmatique de songer que la République n’était pas la cible la plus exposée face a une attaque impériale. Dalek fut une fois de plus le plus surprenant là ou Dante brilla par son silence : il proposait ni plus ni moins que de s’emparer des actifs financiers des Trandoshans, et la Chancelière, vu sa remarque sur ses derniers, sauterait sans aucun doute sur l’occasion. Toutefois, l’Hapienne ne s’attendait pas a ce que cela représente une somme substantielle : Dosha avait toujours vécu sous embargo et les seigneurs des clans Trandoshans travaillaient sans doute depuis longtemps avec l’Apex, qui ne suivrait bien entendu guère les sanctions, et la République ne disposait d’aucun moyen de pression pour convaincre le nouveau régime criminel de s’aligner sur ses positions. Mais elle songeait aussi que s’en prendre aussi frontalement au lézard allait, si le sort des armes s’inversait de nouveau et permettait a la République de reprendre Kashyyyk, les ancrer profondément dans la collaboration avec les Sith. Un rire nerveux s’échappa de ses lèvres en constatant qu’elle réfléchissait de plus en plus comme un Jedi, là ou Dalek savait toujours entretenir des raisonnement plus proche de ses origines Hapiennes.

Restait le cas Orfeo… Et le moins que l’on puisse dire était que Cyrène en eue pour son argent : l’homme refusait tout simplement d’écouter tout argument rationnel et semblait convaincu qu’il pouvait a lui tout seul retourner la situation sur Kashyyyk. Un long soupir de dépit s’échappa presque malgré elle de ses lèvres : Solaris n’avait jamais réellement appréciée écouter quelqu’un faire de l’idéologie avant de faire du pragmatisme, mais elle avait aussi du mal avec cette situation car elle sentait bien qu’elle perdait le contrôle, ce qu’elle détestait par dessus tout, sauf dans les bras de son épouse… Son équipage était bien placé pour savoir a quel point elle souhaitait sans cesse contrôler tout les processus afin de s’assurer que tout soit fait de la façon dont elle l’avait décider. Bien entendu, ses réflexes la conduire a considérer que le Jedi agissait d’abord sous le coup de la testostérone, les hommes et leur besoin maladif de prouver qu’ils avaient « la plus grosse », comme si toutes les femmes présentent se lanceraient dans un concours de décolleté… Puis son regard dériva vers l’hologramme de Plo, qui avait fait preuve du même manque de clairvoyance en rejoignant Kashyyyk. Amère, la brune lança dans un long soupir.

« Au moins, l’on peut dire que vous ferez la paire tout les deux... »

Elle n’en ajouta guère plus, ce serait remuer inutilement le couteau dans la plaie et elle avait bien compris qu’on ne l’écouterait pas, et parler pour ne rien dire était quelque chose de haut placé sur la liste des choses qu’elle détestait le plus, avec son propre passé bien entendu. Elle régla l’hologramme de la carte pour zoomer sur le front, exposer Ruusan, mais aussi les planètes qui lui servait de voisinage. Arsenicia avait dit plutôt qu’elle ne pouvait pas garantir que la planète soit défendable. C’était factuellement vrai, mais Cyrène était convaincue de pouvoir mettre toutes les chances de son côté. Elle commença a déplacer des pions sur la carte, ceux de ses propres vaisseaux, ainsi que d’autre flottes se trouvant aux alentours, notamment celle patrouillant a la frontière de l’Apex, puis pris la parole afin de permettre d’exposer son propre point de vue. C’était le genre de moment ou elle pouvait être aussi admirable par la force de conviction de son discours que détestable pour a peu près la même raison qui, chez certaines personnes, la faisait passer pour hautaine et arrogante.

« Mon épouse n’a guère tord, le risque zéro n’existe pas, mais nous pouvons réduire les risques le plus possible. Ruusan est la cible la plus évidente, mais il est possible que l’ennemi tente de nous déborder afin d’exposer nos flancs. Cela signifie que d’une façon ou d’une autre, Uogo’cor et Belasco devrons aussi être défendu assez fort pour contraindre l’ennemi a lancer son attaque sur Ruusan avant d’avoir écraser la résistance sur au moins l’un de ses deux mondes. Nous limiterons ainsi leurs vecteurs d’approche et offrirons davantage de manœuvre a notre flotte. Il nous faudra également constituer une réserve de vaisseau. Je propose que ma propre flotte parte dans les délais les plus brefs préparer les défenses de Ruusan, pendant que nous détournons discrètement le gros des effectifs gardant les frontières de l’Apex pour constituer une réserve stratégique. De cette façon, nous pourrons constituer une armada bien plus conséquente et résistante que celle qui a tenter de défendre Kashyyyk.

Concernant l’Empire, une analyse stratégique de leur situation rend une attaque sur le flanc du Consortium plus probable : Cerea est défendu par une forteresse Stellaire et Corellia sera très lourdement défendu par ses locaux, une invasion du système représenterait une folie auquel le haut commandement impérial devra renoncer s’il a encore le sens des réalités. Ceci dit, espionner leurs intentions ne peut guère être mauvais et je ne peut qu’encourager l’initiative, car l’information est le pouvoir, particulièrement dans la conduite d’une guerre. Nombre de Seigneurs Jedi viendrons probablement d’eux-mêmes défendre Ruusan qui est un symbole pour eux, peut-être pourrions nous en concentrer une partie sur les défenses d’Uogo’cor et Belasco afin d’économiser notre flotte. Oh, et il faudrait faire venir un Cyborg sur mon pont, quelqu’un capable de faire un plongeon synaptique : je ne veux pas subir les mésaventures du Vaillance durant la bataille.

Madame la Chancelière, j’ai conscience de vous demandez une faveur, mais j’ai l’arrogance de croire que mon histoire, mes origines et mes connaissances de leurs doctrines de combat fait de moi la personne la mieux placée pour cette tâche : avant d’enseigner le combat contre la République ou l’Empire, l’Académie Hapienne nous apprenait a combattre les Sith… Laissez moi leur faire une démonstration académique de mes compétences, et je veillerez a ne pas vous décevoir. »

Sidonie avait souri à la réponse de Plo. Malgré la situation, il ne perdait pas son sens de l’humour, c’était plutôt positif du point de vue de la Chancelière Suprême si le Kel’dor avait encore la force d’ironiser sur la situation. A la question de celui-ci, elle ne put que hocher la tête.

« On peut résumer cela ainsi, oui, malheureusement. Militairement, je ne sais pas si Ruusan a une importance capitale. Politiquement, à l’inverse, elle divise entre ceux qui veulent mettre tous les moyens tout de suite pour bloquer dès maintenant le Consortium, et ceux qui se veulent prudents et préfèrent attendre de voir si préserver certains intérêts actuellement ne s’avèrera pas plus fructueux par la suite. Je dégrossis beaucoup la situation, bien entendu, la réalité est bien plus complexe que cela. »

Et elle n’avait clairement pas envie d’expliquer à cette heure-ci, sur Naboo, et elle doutait de toute façon fortement qu’elle avait l’auditoire pour. Mais elle avait noté que l’opinion du Sénat ne laissait personne indifférent autour de la table. C’était intéressant, elle qui pensait que Jedi comme militaires se s’en seraient désintéressés, peut-être à l’exception d’Ombrelune, elle se rendit compte qu’elle s’était lourdement trompée à ce sujet. Elle tâcherait de ne pas l’oublier à l’avenir.

L’intervention ensuite de la Maître Jedi - oui elle ne faisait plus la faute maintenant ! - fit qu’elle tourna la tête dans sa direction. Enfin, dans la représentation holographique d’Arsenicia aurait été plus précis. Elle hocha la tête rapidement. Bien sûr, Sidonie, savait très bien qu’on ne pouvait pas lui promettre une victoire sur Ruusan. On ne pouvait jamais faire une telle chose. On lui avait bien assuré que le Consortium mettrait de nombreuses décennies avant de repartir à l’assaut de Kashyyyk et relancer une nouvelle campagne. Au final, il ne leur en avait fallu que deux et personne ne les avait vu venir.

Mais c’était via le masque de la Chancelière Suprême qu’elle avait posé cette question. Elle était curieuse de voir les réactions des autres vis-à-vis de cela. Oh, elle ne fut guère surprise qu’Ombrelune ait désamorcé immédiatement la situation mais elle leva un sourcil intéressé à l'évocation des renseignements. C'était vrai que cela pouvait mériter le coup qu'elle s'y intéresse personnellement.

Elle allait répondre mais elle sentit un regard posé sur elle. Si tant est que ce type de sentiment avait une réelle signification à travers un hologramme, mais dans tous les cas, elle dévia son regard vers la Maître des Jedi Verts. Il avait fallu du temps à Sidonie pour comprendre la distinction des deux - merci aux informations que lui avaient fourni Ombrelune après sa visite protocolaire sur Tython - mais maintenant elle comprenait encore mieux pour Corellia avait tendance à agir à sa guise, dans toutes les strates de sa société.

« Je vois. Tout d’abord, rassurez-vous, je ne doute pas de tous vos efforts pour défendre nos mondes. C’est une proposition intéressante que vous me faites là, je tâcherai d’y réfléchir à tête reposée. »

Elle griffonna rapidement une note avec un bout de papier et un stylo non loin d’elle. Oui, elle n’allait pas s’atteler à cette tâche en pleine nuit. Même si cela n’aurait pas été la première fois, cela dit. Mais elle devait déjà prendre un minimum de recul avant d’entamer de telles démarches.

Par la suite, ce fut l’autre Jedi Vert qui prit la parole. Elle dut réprimer un petit rire à la façon dont il s’introduisit. Plus d’un politique se serait sans doute déjà offusqué, ou aurait été sur la défensive, mais au contraire Sidonie sourit. Il n’y avait rien de mieux à ses yeux que quelqu’un qui venait vous dire frontalement le fond de sa pensée. Pour elle, cela revenait à montrer à tous ses cartes de sabacc avant même d’avoir commencé à jouer. Bien sûr, cela impliquait d’arriver à mettre son égo de côté quelques instants. C’était probablement ce qui était le plus difficile pour Sidonie, dans ces moments-là.

« Très bien, allez-y, je vous écoute ? »

Elle l’écouta donc avec sérieux, même si elle ne put esquisser un petit sourire en coin. Elle se demandait d’où il sortait, celui-là, mais il lui plaisait bien, tiens. Elle hocha la tête. Oui, ces propos étaient justes et c’était, en partie, le type d’arguments qu’elle comptait utiliser pour soutenir la défense de Ruusan en priorité. Oh, elle n’était pas dupe, elle connaissait plus d’un sénateur qui ne se se ferait pas convaincre par une telle approche, mais elle espérait que cela en interpellerait suffisamment qui aille dans son sens.

Mais par contre, elle n’avait pas songé au dernier point soulevé par Zar. Pour une raison très simple, ce ne serait en réalité qu’une goutte d’eau dans un lac asséché d’un point de vue financier. En tout cas, c’était ce qu’on lui avait assuré quand elle avait commencé à réfléchir à ce sujet. Mais d’un point de vue politique, par contre …

« J’ignore si les Trandoshans oeuvraient en secret avec le Consortium depuis que nous avions repris le système de Kashyyyk pendant l’opération Lord_Over, mais l’essentiel des actifs des ressortissants trandoshans au sein de la République ne sont pas dans nos banques, mais davantage sur des comptes opaques de l’APEX. Vous doutez bien que c’est la première chose que les services des impôts et de la fraude ont regardé. Par contre, effectivement, envoyer un message politique fort que tout Trandoshan, ou représentants d’autres mondes aujourd’hui occupés, qui soutiendrait politiquement, financièrement ou d’un quelconque moyen les mondes actuellement sous la coupe du Consortium seront considérés comme traîtres à la nation, comme il se doit, quand ce n'est pas adressé à nos propres résistants. Techniquement, c’est déjà ce qui est en place. Mais il est vrai que le rappeler au Sénat ou à l’ensemble de nos concitoyens ne serait pas du luxe… »

Et, alors qu’elle pensait la question réglée - et son esprit déjà prêt à couper l’hologramme bientôt pour aller se recoucher, ayant réussi à réprimer tous ses bâillements jusqu’ici - elle fut clairement prise de court par l’intervention de celui qui se présenta comme l’Ours de Tython au final. Elle comprit mieux pourquoi sa tête ne lui disait rien, par contre, son titre d’Epée, ça, lui permit de remettre enfin les pièces du puzzle jedi dans l’ordre … Et il voulait foncer tête baissée sur Kashyyyk ? Elle était partagée entre sidération et admiration. Et probablement d’une bonne migraine, même si elle supposa que cela devait être bien pire pour les Jedi et l’Amirale Solaris. Elle dut d’ailleurs se retenir de pouffer à la remarque de cette dernière sur le fait que lui et Plo ferait la paire. C’était le type de phrase qu’elle aurait pu dire aussi. Il fallait dire que ça semblait très juste sur l’instant.

Elle se concentra ensuite, bien que cela lui sembla de plus en plus difficile alors que le sommeil l’appelait au fur et à mesure que les minutes défilaient. Elle nota à nouveau sur son bout de papier l’idée de l’amirale de déplacer les réserves qui se trouvaient au sud de l’APEX pour les redirigeaient vers Ruusan. Elle imaginait mal les mercenaires en profiter pour faire des raids de pirateries à ce moment-là, surtout qu’il y aurait forcément des garnisons restants sur place, mais elle préféra garder cette pensée noire sur papier que dans un coin de l’esprit au cas où pour être sûre qu’elle ne l’oublie pas.

Et même si elle n’était pas totalement convaincue par l’assurance que les impériaux ne tentent rien contre la République en raison des forteresses de Cerea et Corellia - ce qu’elle concevait, même s’il y avait tout de même un large espace à l’ouest malgré tout, Fondor ayant été après tout plusieurs fois attaquée par le passé -, elle n’insista pas sur le sujet. Elle imaginait que la militaire avait ses raisons de penser cela.

Elle marqua ensuite un silence face aux derniers propos de Solaris. Hm. Elle lui demandait donc un soutien politique. Elle l’avait bien fait pour Plo, après tout, pourquoi pas pour elle également ? En tant que Chancelière Suprême, elle ne savait pas si elle avait réellement à y gagner ou à y perdre. Mais Sidonie, elle, trouvait cela intéressant. Avec la guerre qui reprenait en intensité, elle allait avoir besoin d’alliés qui se trouvaient en dehors de sa sphère d’influence habituelle. C’était un pari, donc. Cinquante, cinquante …

« Très bien, Amirale Solaris. Vous avez carte blanche pour faire en sorte que le Consortium Eternel se casse les dents sur Ruusan et que la Reine Eternelle en tombe à la renverse de son trône. »

Anticiper était une des clefs de la guerre, savoir ou l’ennemi allait frapper était un impératif pour toutes force armée désireuse de manœuvrer pour atteindre un objectif. Pour l’heure la République cherchait à prédire quel système serait ciblé pour la poursuite de l’assaut du Consortium contre son territoire. La Chancelière savait son mandat en jeu, et la pression que pouvait lui mettre le Sénat serait très certainement terrible si la poussée du Consortium se faisait plus en profondeur sur les territoires repris pendant l’opération Lord_Over. L'amiral espérait pouvoir être utile. La confirmation de maître d'Erep sur sa venue de Kashyyyk, fut un soulagement pour Plo Tan'ith qui voyait en cette décision un bon augure et un symbole d'espoir pour la cause qu'il portait à présent. Il fallait néanmoins que le vieil homme précise certaines choses auprès d'Orfeo d'Erep, ce voyage sur Kashyyyk pourrait être le dernier qu'il viendrait à faire de sa vie, il n'y avait aucune garantie de retour une fois le pied déposé sur ce monde. Restait à voir ce qu'il allait se passer, comment les choses allaient tourner. La présence d'un membre du Conseil suffirait à faire réfléchir au minimum les officiers et Sith présents sur Kashyyyk. Le ton grave qu'il employa pour s'exprimer était clair et sans appel.

- Maître d’Erep, en qualité d’officier de la marine républicaine, je n’ai pas mon mot à dire sur votre souhait de venir sur Kashyyyk. Vous en avez conscience mais je me dois de vous le rappeler avant de prendre votre décision : je ne sais pas comment les évènements se dérouleront pour la résistance dont je suis à la tête. Je ne peux garantir que vous reviendrez vivant de votre venue sur Kashyyyk car à ce jour, j’ignore moi-même si ce système ne sera pas le lieu ou je rejoindrai mes ancêtres. C’est un risque que je suis prêt à prendre si cela peut libérer ce système dont j’avais… j’ai la charge.

Quoiqu’il en soit, il s’agissait d’un geste de sa part que le kel’dor appréciait à sa juste mesure. Et en cela il éprouverait une immense gratitude à son égard. La réflexion de l’amirale Solaris passa sur lui, il avait déjà enduré nombre de remarques au cours de son histoire. Il n’en prendrait aucunement ombrage. Son esprit avait entendu et parcouru l’ensemble de la conversation qui s’était déroulée jusqu’à maintenant. Différentes pistes étaient présentées mais maintenant qu’un consensus s’était établi sur Kashyyyk, les paroles étaient tournées vers l’avenir, vers la suite de la campagne. Plo se sentit d’abord un peu à part, mais il demeurait attentif. Comment pouvait-il aider à augmenter les chances de succès de la riposte Républicaine. Rapidement son cerveau échafauda un début de plan pour avoir un impact indirect sur la défense. Il avait une solution qui lui parut comment une évidence, mais il faudrait du temps pour mettre celle-ci en application. Il faudrait agir rapidement, de manière chirurgicale afin de frapper fort et un grand coup plus tôt que prévu.

- Écoutez, bien que je ne puisse pas participer à la défense de Ruusan, je pense que je peux vous donner un maximum de chances de succès dans votre mission.

Plo mit ses mains dans le dos alors que son image s’était rendue un peu plus nette même si le décalage avec le son était persistant. Il détailla sa situation et son analyse :

- La poursuite de leur offensive dans nos territoires se fera forcément depuis Kashyyyk ou du moins ce système sera capital dans leur préparatif. Matériel, troupes, véhicules, vaisseaux transiteront par là. Et ce type de matériel laisse des traces… Leur quartier général doit regorger d’informations tactiques, de matériel et effectifs en transit. Des données précieuses qui pourraient éviter la chute d’un nouveau système.

L’amiral Tan’ith inspira puis reprit pour présenter sa solution :

- Je peux tenter de vous les fournir. Il faudra que je parvienne à rentrer dans leur quartier général, récupérer les données et vous les transmettre. Rien que la position et les effectifs de leurs vaisseaux déployés vous permettraient déjà d’y voir plus clair et de contrecarrer leur projet. Ce serait risqué mais je pense que cela reste envisageable. Cela pourrait me prendre un peu de temps à préparer mais cela me semble faisable.

Plo tout en continuant de s’exprimer continuait de réfléchir sur l’organisation et les ressources à mettre en œuvre pour son plan ou plutôt projet. Il avait besoin toutefois de savoir si cela en valait la peine, si ce qu’il allait tenter serait utilisé et exploité correctement par la République ou si celle-ci préférait tenter sa chance. Cependant il avait bon espoir que Maîtres Fern, Garvan, Zar, d’Erep, et que la Chancelière Treen verraient là une opportunité à exploiter afin de contrecarrer rapidement leurs ennemis et sauver ce qui pouvait l’être des acquis de Lord_Over.

Ils ne pouvaient offrir aucune garantie, mais ils étaient capables de concevoir un plan assez solide pour maximiser leurs chances. Les services de renseignement pouvaient enquêter du côté de l'Empire, et tant Allana que Arsenicia avaient un nom en tête : Halcyon. Sans évoquer ce nom à voix haute, la Maîtresse de l'Ordre nota mentalement de transmettre sa recommandation au bureau de la chancelière et surtout au supérieur de l'agent secret. Malheureusement, le reste échappait à son contrôle. Néanmoins, elle exprima sa gratitude à Allana d'un regard reconnaissant, comme une main posée sur son épaule, bien que cela demeura non verbalisé.

Dalek se montra le plus créatif concernant la démarche à adopter avec les Trandoshans, et Arsenicia n'y trouva aucune objection. Elle approuva l'idée d'un simple hochement de tête satisfait en direction du Maître Vert, les mains croisées autour de sa tasse de thé.

L'intervention d'Orfeo laissa Arsenicia partagée entre la réflexion et l'irritation. Elle se retint de tout commentaire sarcastique, même si l'occasion lui tendait les bras, et se contenta de fixer le Vieil Ours. Il la connaissait suffisamment pour comprendre ses pensées, d'autant qu'elle avait fermement désapprouvé son départ pour Kashyyyk quelques minutes plus tôt. Le fait qu'il insiste, devant Plo qui plus est, la mettait dans une position inconfortable. Alors que le Kel'dor semblait certain de bénéficier de l'aide de l'Épée des Jedi, Arsenicia était résolue à le maintenir sur Ruusan, loin de la planète wookie. La remarque de Cyrène trouva donc un écho dans l'esprit d'Arsenicia. Elle n'avait pas jugé nécessaire de mentionner cette vérité à voix haute, mais une discussion s'imposait entre les deux vieux amis une fois la réunion terminée.

L'Amiral Solaris prit ensuite la parole, captivant l'attention de tous, notamment celle de son épouse, alors qu'elle présentait une carte galactique légèrement modifiée. Étant la première à évoquer un plan de bataille concret pour Ruusan, elle attira d'autant plus l'attention d'Arsenicia. Cette dernière écouta attentivement les paroles de sa femme, un léger sourire en coin se dessinant sur son visage. Elle avait assisté à de nombreuses démonstrations de l'expertise stratégique de Cyrène au fil des années, et son admiration pour ses compétences ne faisait que croître.

Bien que sa partialité soit évidente, Arsenicia faisait confiance à la compétence et à la confiance de Cyrène en sa propre flotte. Elle savait déjà où elle serait la plus utile dans le tableau que son épouse venait de peindre.

L'aval de la Chancelière en poche, Plo prit la parole malgré sa connexion peu fiable. Bien qu'il ne puisse pas participer directement à la prochaine bataille depuis le pont de son navire, il souligna avec pertinence qu'il pouvait offrir son aide. Arsenicia acquiesça.

— Toute aide est précieuse, Amiral Tan'ith. Comme nous enverrons des Ombres pour acheminer du matériel, elles pourront également vous assister dans cette mission. Nous devrons voir les détails avec le Conseil Jedi, mais cela ne devrait être qu'une formalité, répondit-elle. Pour ma part, je ne vais pas attendre de voir combien de Seigneurs Jedi viendront défendre Ruusan. Je vais solliciter leur assistance en personne. Beaucoup d'entre eux sont d'anciens compagnons d'armes, il est temps de raviver quelques souvenirs de bataille pour les motiver.

Se tournant vers Cyrène, elle ajouta :

— Il est plus judicieux que je reste et que j'opère depuis la 9ème flotte, qui sera dans le secteur de Ruusan, plutôt que de Tython. Sans parler, bien sûr, que ce sera beaucoup moins dangereux en réduisant les distances à faire avec le Morning Mist. Permission de rester à bord du Helios Ascendant, Amiral ?

Fidèle à lui-même, le Dalek… ! En même temps, ça fait partie de l’une des nombreuses choses qui me plaisent chez lui. Il a cet art particulier de réussir à mettre les pieds dans le plat tout en s’efforçant de ne pas trop froisser son interlocuteur ou, ici, son interlocutrice. Quelque part, j’envie et je ressens une pointe de mélancolie en repensant à cette douce époque où je ne devais pas faire attention au moindre mot que je prononce, quand je n’étais encore qu’une Chevalier Vert ou une Maître Vert, que je n’étais pas encore associée au Conseil Vert ou, pis encore sur ce point, au Haut Conseil Jedi. Il a bien plus de liberté de parler que la plupart d’entre nous, et sa pointe d’impertinence m’amuse toujours. Je n’ai aucun regret d’avoir encouragé son adhésion au sein du Conseil Vert, pas plus que de l’avoir encouragé à venir avec moi à cette réunion, en répondant favorablement à l’invitation. Nous pouvons ainsi adopter deux approches différentes, et pallier à nos propres failles. Si ma parole a du poids, elle est aussi plus bridée par des histoires de représentation de l’Ordre Vert et, par dérivation, je dois faire gaffe à ce que je dis par rapport au gouvernement corellien. Ainsi, si mes traits restent cordiaux et mes yeux bleus-gris à la fois vifs et sereins, je ne rajoute rien et me contente d’indiquer mon approbation en tant que Maître des Jedi Verts d’un muet acquiescement.

La boisson chaude a le mérite de me détendre et de me maintenir éveillée, enfin surtout, attentive dans une réunion aussi longue. Il faudrait que l’on instaure ça, d’ailleurs, lors des réunions des Conseils Jedi, en particulier lors de celles du Haut-Conseil qui s’avèrent parfois longues, très longues. Pas qu’on blablate autant qu’au Sénat, bien sûr, mais on a beaucoup de sujets à aborder, de questions à délibérer et surtout des points délicats où nos philosophies ne se croisent pas toujours. C’est un des rares avantages que je trouve aux rares fois où je n’assiste pas à ces réunions en présentiel : je peux me préparer en avance une grande thermos de chocolat ou de thé à savourer.

En ce qui concerne Orfeo… que dire ? L’Ours de Tython est égal à lui-même, et j’estime qu’il serait hypocrite de ma part de lui faire la morale quand on connaît mon propre tempérament. Je ne m’émeus pas particulièrement de son emportement, il ne me surprend guère et m’amuse un peu, à vrai dire. Est-ce que ses propos peuvent être qualifiés de « naïfs » ? Cela dépend du point de vue. Ils s’attachent à une philosophie que je peux comprendre, sans partager sur tous les points d’ailleurs. Je dois reconnaître que nous autres, Jedi Corelliens, portons moins une telle importance à la lutte contre les Sith qu’à la protection stricte de nos frontières, des Cinq Frères, de nos peuples et, c’est vrai, de nos intérêts. Néanmoins, l’analogie des Sith comme hache de guerre, des Chevaliers Impériaux comme scalpel et des Jedi comme des boucliers peut s’entendre aux yeux de nombre de civils. En ce qui me concerne, j’estime que dans le cadre de l’Ordre Vert, nous ne pouvons pas être partout. Notre périmètre d’action est, en priorité, le secteur des mondes corelliens et du Noyau. Secondairement, nous pouvons venir en appui aux missions des cousins Jedi de Tython, mais priorité sera toujours donnée aux Cinq Frères. C’est en tout cas ma posture en tant que Maître des Jedi Verts, qui tente de canaliser autant les réclames des Indépendantistes, les craintes des Autonomistes que les requêtes des Unionistes. Plutôt que de me ranger dans l’une ou l’autre des factions, je me reconnais davantage dans la philosophie que j’appellerai « pragmatique », de la collaboration. Je connais assez bien le Conseil Vert pour savoir que je ne pourrais pas déployer une intervention massive de notre part, pour défendre un monde certes allié, mais aussi très éloigné de nos terres. Les Corelliens sont courageux, volontaires pour aller se battre, mais ils peuvent être égoïstes. Je ne rejoins pas entièrement la position d’Orfeo. Agir dans l’ombre est important, afin de mener des actions qui ne pourraient être faites au grand jour sans rencontrer de la résistance philosophique. Les Sith ne jouent pas et ne joueront jamais fair-play, je ne vois pas pourquoi nous nous limiterions à le faire. Peut-être est-ce mes années de travail collaboratif avec la CorSec qui m’ont influencée ainsi, de même que mon immersion sous couverture d’une demie-décennie au sein d’un culte Sith. Ressentant dans la Force la désapprobation autant que l’irritation d’Arsenicia, de même que la résolution d’Orfeo, je me redresse de mon siège et propose bientôt d’une voix cordiale mais ferme.

– Je suggère que nous voyons ce sujet lors de la prochaine réunion du Haut-Conseil. Nos confrères et consœurs voudront dans tous les cas avoir leur mot à dire sur la question.

Je n’ai pas envie qu’on perde de temps sur une question qui, visiblement, ne pourra pas et ne devra pas être résolue entre ces murs. Personnellement, je suis pour qu’on prenne des décisions rapidement, mais je ne peux pas décider des moindres détails sans consulter à minima le Conseil Vert et vu les caractères que l’on a au sein du Haut-Conseil Jedi, je suggère qu’on temporise le sujet. Je laisserai Dante et Arsenicia voir et débattre avec Orfeo sur les détails de l’implication et de l’assignation future de l’Ours de Tython, je considère qu’en tant que Maître des Jedi Verts, c’est en dehors de mon autorité. Je n’ai aucune envie de me mêler à leur cuisine interne, tout comme je supporterai mal toute forme d’ingérence de Tython dans les affaires de l’Ordre des Jedi Verts. Oh, j’aurais pu me contenter de déguster un popcorn métaphorique en observant leurs échanges, mais je n’aime pas perdre du temps, et j’admets être moins patiente que d’ordinaire dans mon état actuel.

Un sourire amusé se tisse sur mes lèvres face à la petite pique bien placée de l’Amiral Solaris, et me concentrai sur la suite de ses propositions. Bien que je ne sois pas très adepte de questions stratégiques, je m’efforce de suivre son exposé. Eh bien, je ne suis pas opposée à ce que nous ayons une flotte de soutien plus conséquente et mieux préparée, plus à même d’apporter en temps et en heure voulues les précieux renforts qui se sont tant fait priés durant le siège pénible de Kashyyyk. En ce qui concerne l’Empire, le seul commentaire que j’apporte prend la forme d’une ferme affirmation.

– S’ils osent, nous les recevrons comme il se doit, avec un bon coup de pied au cul ! Nous les rosserons tant et si bien qu’ils n’oublieront pas de sitôt l’hospitalité corellienne.

Nous n’avons pas attendu que la République daigne nous donner des consignes en ce sens pour nous préparer. Tout comme l’Ordre Vert envers l’ensemble de l’Ordre Jedi et des Jedi de Tython, nous sommes alliés à la République, mais nous avons notre identité propre, et un esprit très indépendant. Ils ne sont pas nés, celle ou celui qui feront tomber Corellia et les Cinq Frères à genoux. Si l’Empire et le Consortium croient que nous allons nous laisser faire gentiment face à eux, ils se mettent un doigt dans l’œil si profondément qu’il se rendra jusqu’à leur fondement. J’approuve pour la suggestion d’avoir un cyborg à bord du vaisseau amiral. La technologie me dépasse, mais le bon sens me dicte que nous ne pourrons pas faire sans si nous voulons repousser nos ennemis, tant Sith que Hapiens. Fort bien, j’apprécie que la Chancelière Suprême se montre constructive en retour et semble daigner réfléchir à la question. La balle est dans le camp des politiciens républicains, à eux de la saisir ou non.

J’écoute avec attention les échanges entre la Chancelière et Dalek, notant avec appréciation que ce dernier prenait davantage confiance en lui sur le point de sa légitimité de prise de parole. Il m’a souvent répété que jamais il ne pourrait prendre ma place s’il venait à m’arriver quelque chose et que je ne devais même pas y penser… et pourtant. Il m’apporte de lui-même de beaux contre-exemples. Ses propositions ont eu le mérite de faire réagir l’assistance et de nourrir les discussions, de tisser ensemble des moyens d’actions. Il a bien adopté l’esprit corellien, notre cher Maître Hapien.

Cela ne me fait guère plaisir de songer à la déception que je pressens pour l’Amiral Kel’Dor, car je ne pense pas que le Conseil approuvera l’initiative d’Orfeo de vouloir se rendre sur place à tout prix. J’apprécie qu’il fasse également ces rappels élémentaires, qui résonnent en moi quand je songe à quel point nous avons eu du mal à évacuer le front et à combien ont dû rester derrière nous. J’écoute tout aussi attentivement à ses propositions d’intervention sur le sol des Wookies afin de nous aider. Ne voyant rien à rajouter de plus qu’Arsenicia sur ce point, en tout cas rien que je ne puisse prononcer en tant que Maître des Jedi Verts, je garde le silence. J’ai déjà engagé des Jedi Verts sur la défense de Kashyyyk, nos effectifs ne sont pas extensibles, aussi je dois voir avec le Conseil Vert avant toute chose. Je dois convaincre les plus récalcitrants, comme Maître Sato, de l’intérêt d’un tel engagement et que nous déterminions quelles actions nous pourrions mener sans oublier notre mission première : défendre les peuples des Cinq Frères, protéger les mondes du système corellien.

- Je n’ai pas encore le feu vert pour reprendre le service actif, aussi il me semble plus judicieux que j’opère depuis Corellia afin de mener les discussions avec la Guilde Corellienne et la CorSec, et coordonner les actions qui pourront être menées par l’Ordre Vert. Maître Zar m’assistera

Sur le front, avec ma jambe meurtrie, ma guérison ralentie par ma grossesse et mon état de femme enceinte, je serais plus une entrave qu’autre chose. Sans parler de mon Don de Force qui, en l’état, me rend très vulnérable et m’empêche de donner mon aval pour que Dalek, s’il le souhaite, puisse se rendre sur le champ de bataille. J’en suis consciente, même si cela me déplaît d’y songer.

Dalek ne trouva pas les paroles d’Orfeo naïves. Il appréciait cette image, celle des Jedi étant un bouclier. L’Épée des Jedi semblait déterminé à se rendre sur Kashyyyk et il avait de bons arguments. Pour autant, le Corellien ne pensait pas que la discussion à ce sujet s’arrêterait là à en juger par la manière dont Arsenicia fixait le Vieil Ours de Tython du regard. L’Amiral Tan’ith devait espérer la venue du maître épéiste et Zar le comprenait sans mal. Un guerrier et utilisateur de la Force de ce calibre serait autant un atout qu’une arme de destruction massive à la surface de Kashyyyk.

Le maître Vert n’était pas un stratège militaire mais il était intéressé par le tableau que dressa l’Amirale Solaris de la situation, concernant les cibles potentielles que le Consortium pourrait attaquer en particulier. Il consulta sur son datapad les emplacements relatifs de Ruusan, Belasco et Uogo’cor. L’amirale souleva un point très pertinent concernant le souhait d’avoir un cyborg sur le pont de son vaisseau.

- Je confirme que l’absence d’un Cyborg ou d’une technologie capable de repousser les incursions des IA du Consortium a représenté un réel handicap pendant la bataille en orbite de Kashyyyk. J’ai eu beau chercher une faille dans le dispositif de l’Iron Blood grâce à la Force, je m’y suis cassé les dents. Toute l’habileté d’un officier tel que l’Amiral Tan’ith ou l’Amirale Solaris n’y suffira pas s’ils ne disposent pas d’un moyen de neutraliser ou de contrer le genre d’IA qui peut pirater leurs systèmes en toute impunité.

Dalek n’avait pas d’avis pertinent à apporter concernant le choix des cibles à défendre ou la personne à placer à la tête de la force de défense de Ruusan, ce pourquoi il ne s’exprima pas à ce sujet. Il lui semblait cependant que l’épouse d’Arsenicia connaissait son affaire et comme elle l’avait souligné elle-même, elle disposait d’un avantage certain en étant formée aux doctrines militaires du Consortium.

Visiblement, le Jedi Vert avait au moins eu le mérite d’amuser la Chancelière Suprême par son introduction, dont elle ne sembla pas s’offusquer. Il avait conscience qu’il devait lui paraître bien étrange pour un Jedi, à partager son opinion qui était somme toute assez originale. Pour autant, elle parut y prêter attention et daigna d’ailleurs lui apporter une réponse. Son idée avait d’ailleurs semblé plaire à Arsenicia à en juger par son hochement de tête à son attention.

- Votre Excellence, je ne doute pas que les services financiers de la République aient étudié la question des avoirs financiers mais en termes de symboles, qu’en est-il des actifs plus matériels ? Je pense bien sûr aux hôtels, aux casinos, et autres entreprises de loisirs dont les investisseurs sont souvent friands mais aussi aux entreprises d’armement. Depuis l’atelier artisanal de vibrolames jusqu’aux usines d’armement, les Trandoshans sont friands de ce genre d’industrie… En incluant leur nationalisation dans votre action, vous n’y gagneriez peut-être pas beaucoup de crédits mais tout de même des armes et du matériel qui seraient utiles à certains mondes et en particulier à la résistance de l’Amiral Tan’ith sur Kashyyyk.

Le Hapien de naissance était pragmatique par nature et il ne voyait pas pourquoi ces ressources ne pourraient pas également servir à soutenir l’effort de guerre. S’il existait des obstacles juridiques, nul doute que la Chancelière était capable de les surmonter. Quant à faire l’inventaire des entreprises détenues par des Trandoshans dans l’espace républicain, nul doute que les services du Trésor en avaient également la liste.

Il écouta ensuite l’amiral Kel’Dor proposer ses services dans la préparation de la défense de Ruusan. Son expertise serait sûrement appréciée et ce d’autant plus s’il parvenait à recueillir des renseignements sur le matériel et les forces du Consortium qui transiteraient par le système des Wookiees.

Arsenicia réitéra le soutien des Ombres Jedi aux forces de résistance de Plo sur Kashyyyk, tant pour apporter du matériel que pour l’assister une fois sur place. Elle déclara également qu’elle demanderait personnellement aux dames et seigneurs Jedi leur aide pour contribuer à la défense de Ruusan, ce qui n’était pas rien quand on connaissait les liens de la guerre qui les unissait depuis Over_Lord. Son implication allait d’ailleurs un cran plus loin puisqu’elle demanda à son épouse la permission de rester à bord de son vaisseau et par extension de sa flotte, pour la suite des opérations. Si la participation de la Maître de l’Ordre semblait logique compte-tenu de ses qualités d’officier et de sa maîtrise de la Méditation de combat, Dalek se put s’empêcher de se demander si l’affectif n’avait pas également une part non négligeable dans la prise de cette décision. Il savait qu’à sa place, il aurait aussi voulu être aux côtés d’Allana.

Il dégusta une gorgée de thé en écoutant Allana essayer de tempérer les ardeurs d’Orfeo en renvoyant le sujet de son déploiement à une prochaine réunion du Haut Conseil Jedi. Il ne voudrait pas être à la place du Vieil Ours au moment où Allana et Arsenicia lui tomberaient dessus… Il n’était d’ailleurs pas sûr de vouloir être dans la pièce à ce moment-là. Dalek appréciait Orfeo et ce n’était jamais un moment agréable d’assister à une dispute entre des gens qu’il appréciait de part et d’autre, même autour d’un sujet aussi sérieux et important que celui-ci.

Le maître corellien ne chercha pas à retenir le sourire qui fleurit sur ses lèvres lorsque sa compagne expliqua que les forces de l’Empire seraient bien reçues si elles tentaient de profiter du chaos républicain pour s’attaquer à Corellia. C’était une raison de plus pour Dalek de demeurer dans le système corellien, ce pourquoi il acquiesça simplement aux propos de la Maître des Jedi Verts lorsqu’elle termina sa prise de parole en expliquant qu’il l’assisterait dans ses tâches. Non seulement Allana serait bien occupée au cours des prochaines semaines avec la Guilde de Corellia et la CorSec mais il tenait également à garder un œil sur elle ou plutôt devrait-il dire sur elles deux puisqu’une autre existence germait au creux de son ventre.

Il lui semblait que les grandes décisions avaient été prises, en tout cas concernant le déploiement de l’Amirale Solaris sur Ruusan qui avait reçu le feu vert de la Chancelière, l’envoi d’ombres Jedi sur Kashyyyk en renfort de l’Amiral Tan’ith qui s’efforcerait de rassembler des renseignements, ou encore l’intérêt par la Chancelière de cibler les avoirs Trandoshans dans la République, aussi modestes soient-ils. Seule la destination d’Orfeo, en particulier entre Kashyyyk et Ruusan, demeurait un sujet de discussion mais qui serait probablement tranché dans un autre forum que celui-là.

- Soit.

Après tous ces échanges, toutes ces remarques, toutes ces idées, l'Epée des Jedi sentit que le moment était de nouveau venu pour reprendre la parole. Il n'entendait pas dire grand chose, des choses bien plus pertinentes et nettement mieux tournées que les siennes avaient déjà jailli des esprits de ses pairs. Quelque part, malgré sa frustration, il était extrêmement fier de côtoyer des hommes et des femmes au talent si prononcé. Ces frères et soeurs Jedi figuraient parmi les plus grands et plus capables de la galaxie. Alors même si des désaccords naissaient parfois entre eux, il les écoutait, contrairement à ce que pouvaient penser certains d'entre eux. Simplement, lorsque des aberrations étaient parfois prononcées, il se trouvait impossible de garder bouche fermée.

Avec un calme retrouvé, tant en façade qu'au fond de lui - calme ne signifiant pas serein pour autant - Orfeo baissa la tête en signe de respect, une première fois en direction de ceux qui s'opposaient vivement à lui, puis vers l'hologramme du chef de la nouvelle résistance républicaine. Des pincettes furent prises, les mots choisis avec soin, pour épargner au maximum une cruelle désillusion au militaire kel'dor. Elle allait être là, mais le Proche-Humain ne pouvait qu'essayer de l'adoucir, ainsi était son tempérament, beaucoup plus doux qu'affiché au quotidien.

- Amiral Tani'th, mon sabre ne pourra se joindre à la résistance de Kashyyyk pour le moment. Pas avec Ruusan en ligne de mire. J'entends... les arguments de mes pairs. Stabiliser la ligne de front permettra de consolider nos positions, ébranlées par l'assaut hapien. Une fois le secteur verrouillé, il sera plus aisé de venir vous aider.

Ses épaules se baissèrent encore un peu, de honte. D'abord, d'être allé à l'encontre des volontés du Conseil, sans se réunir avec auparavant. Ensuite, d'avoir donné puis briser l'espoir à un homme déjà malmené par la situation délicate dans laquelle il se trouvait. Enfin, de ne pas pouvoir être droit dans ses bottes, de faillir à sa parole, de manquer de tripes et d'intelligence pour proposer un plan qui saurait convenir à chacune des parties présentes.

- Sachez que si je le pouvais, je serais déjà à mi-chemin de votre base forestière, amiral.

Des mots vrais. Des mots intenses. Des mots témoignant du désir de protéger, d'être ce bouclier évoqué plus tôt.

Mais juste des mots, rien de plus que des mots, du son brassé dans l'air, qui n'écornerait pas la confiance que l'on plaçait en eux, et en lui.

Son regard vint très vite rencontrer tour à tour celui de Cyrène, d'Arsenicia, d'Allana et de Dante, avec qui il devait partager un peu plus qu'un siège moelleux au sommet d'une tour d'ivoire. L'oeil encore vif s'attarda surtout sur les deux premières: elles seraient ses prochaines interlocutrices, ses bourreaux du moment, il le sentait. Et il prit les devants, conscient du sort qui l'attendait.

- Je crois qu'il va nous falloir échanger ensemble.

Point d'amertume, de colère ou d'irritation dans la voix du guerrier. Plutôt un peu de mélancolie, une goutte assourdie de tristesse, et une valise pleine de regrets, ceux de ne pas pouvoir être à la hauteur de ces héros de légende que devaient être, il en était convaincu, les Jedi de la République Galactique.

L’espace d’un instant, Cyrène s’était demandée si elle n’en avait pas trop fait en se laissant emporter par sa fougue. Certes, Arsenicia semblait particulièrement conquise par l’idée, mais c’était aussi son épouse et leurs nombreux échanges stratégique ne faisait peut-être pas d’elle la personne la plus impartiale pour juger son argumentaire, bien que l’amirale était très fière de l’effet qu’elle pouvait produire sur la Jedi. Toutefois, elle fut vite rassurée en voyant la Chancelière lui accordait ce qu’elle désirait. Un sourire se dessina sur ses lèvres, du genre… Presque malsain. Dans sa tête, des dizaines d’idées de pièges mortels, de stratégie de retardements, de défenses en hérisson afin de créer des corridors pour des contres-attaques et tout autre sorte de chose que seul l’esprit d’un officier supérieur pouvait comprendre venait de se bousculer, et bien qu’elle savait qu’elle ne pourrait guère tout employer, de même qu’elle n’obtiendrait sans doute pas tous les moyens qu’elle réclamerait, elle était persuadée d’être capable de faire la différence. C’était une conviction en acier trempée qui ne l’abandonnerait guère jusqu’au moment fatidique du combat : elle allait tout donner et prouver que disposer d’une transfuge a son niveau de responsabilité était un atout des plus décisifs.

« Pour le peu que j’ai entendu sur elle, je dirais plutôt qu’elle risque fort de hurler ASSEZ en cassant un vase millénaire… Une perspective plutôt réjouissante... »

A cet instant, les Jedi dans la pièce risquait fort de trouver l’Hapienne plutôt effrayante… Mais il restait incontestablement une partie de l’instinct de prédatrice que chaque Matriarche Hapienne ou héritière de celle-ci devait nourrir afin d’être capable de survivre aux machinations du Consortium et la brune était capable de canaliser cette énergie a quelque chose de plus utile et plus noble désormais. Avoir le plaisir de tourmenter celles et ceux qui étaient responsable de ses malheurs ne lui semblait pas une si mauvaise chose si cela venait en bonus ? Arsenicia comprendrait, elle avait l’habitude de vivre avec elle après tout et l’avait épousée en connaissance de cause, mais les autres sans doute moins, d’autant plus Dalek qui était un homme et avait sans doute subit les conséquences du système matriarcal d’Hapès plus d’une fois… Mais ce qui était fait était fait. Plo repris la parole et proposa une action qui était certes risquée, mais intéressante… Cette proposition la plongea de nouveau dans une intense réflexion, elle recherchait le meilleur moyen d’obtenir ses informations sans pour autant compromettre trop la sécurité des résistants pour qui il était vital pour le moment d’économiser les ressources en vue d’un éventuel jour J. Si elle désapprouvait le fait qu’il soit resté sur Kashyyyk, cela ne signifiait pas pour autant qu’elle allait rejeter les avantages que cela pouvait apporter a la République.

« Attendez simplement que Darth Ziran soit partie. Une fois absente, les administrateurs qui seront en charge d’assurer les affaires courante durant la prochaine campagne militaire relâcherons leur attention, convaincu d’avoir fait le plus gros effort pour pacifier le système. Vous pourrez frapper a cet instant précis et même si cela pourrait vous paraître tard, je ne tient pas a exposer vos ressources plus que nécessaire et il n’est jamais trop tard pour s’adapter »

Arsenicia n’avait guère l’intention de rester les bras croisées non plus : la Jedi, qui avait longtemps fréquenter les Seigneurs Jedi, avait bien l’intention de faire jouer ses relations afin de pouvoir en ramener le plus possible. Cela aurait du bon et du mauvais : elle allait avoir besoin de toute l’aide disponible et aucun soldat ne serait de trop, mais chaque Seigneur Jedi entretenant son armée de façon indépendante, a cause de la décentralisation de la République, venait donc ajouter de nouveaux défis logistique, puisqu’il fallait fournir le ravitaillement adapté a chacun d’entre eux, ce qui pouvait très rapidement devenir un casse tête, mais elle allait devoir le résoudre d’une façon ou d’une autre… Elle trouverait, elle avait confiance. La suite du programme laissa cette fois un sourire plus franc et joyeux sur ses lèvres lorsque son épouse lui demanda la permission de rester a bord. Une demande qui était des plus protocolaire, après tout il s’agissait de son ancien navire de guerre, et il était évident que Cyrène ne refuserait jamais a Arsenicia la possibilité de rester, bien au contraire : il y avait autant de raisons pragmatique que personnelle de vouloir la garder auprès d’elle et elles allaient pouvoir prouver que leur association pouvait créer le miracle que les Républicains attendaient.

« Permission accordée, je suis convaincue que beaucoup de nos officiers et sous officiers seront ravie de vous retrouvez a bord, et votre méditation de combat nous sera bien utile lorsque viendra l’heure de croiser le fer avec l’ennemi. »

Il était étrange de vouvoyer Arsenicia après tout ce qu’elles avaient traversée, mais il fallait maintenir un cadre protocolaire un minimum formel. Ce qu’elle avait dit était réel : la méditation de combat lui offrirait un avantage indéniable, d’autant plus que contrairement à la cinquième flotte, la neuvième était composé de navire de guerre fabriquée par Rothana, plus résistant et transportant plus de troupes… Grâce a eux, Cyrène pouvait recréer avec plus d’efficacité les destructrices stratégie de grille défensive qu’elle avait appris a l’académie Hapienne qui lui serait fort utile contre les bâtiments lourds des Sith. Allana affirma avec fierté qu’elle et les Corelliens sauraient recevoir l’Empire comme il se devait s’il oser mener une offensive sur le secteur et Cyrène échangea un regard entendu avec son épouse, elle ne doutait pas une seule seconde de la sincérité de la Jedi. Dalek appuya la demande de l’Amirale de l’assistance d’un Cyborg alors qu’Orfeo sembla finalement avoir mûrement réfléchit ses projets et renonça finalement a partir pour Kashyyyk. Elle aurait bien pousser un soupir de soulagement, mais elle avait le sentiment que quelque chose lui avait échappée, elle n’étaient pas Jedi, peut-être avaient-il échanger par télépathie pour le raisonner ? Cela allait amener une clarification. Dante resta de nouveau silencieux, mais maintenant qu’ils avaient un plan plus ou moins solide, il semblait que cette réunion approchait son terme, alors l’Amirale repris la parole.

« Bien, je pense que nous avons fait le tour des questions les plus pressante et l’heure sur Naboo ne doit guère permettre a notre chancelière de pouvoir trop s’attarder sous peine de le payer chèrement dans quelques heures. Je vais prendre la direction de Ruusan le plus rapidement possible afin de commencer a coordonner les préparatifs défensifs,. Grand Maître Garvan, si vous avez besoin d’une assistance médicale pour votre bras, sachez que notre infirmerie est a votre disposition. A moins que quelqu’un n’est quelque chose a rajouter, je vous propose d’aller prendre un peu de repos dans les quartiers des officiers. »

A la remarque de Dalek, Sidonie s’était contentée de hocher la tête avant de lui répondre rapidement, jugeant de son côté que le sujet était de toute façon clos.

« Ne vous en faites pas, j’ai parfaitement saisi votre idée. Les services financiers de la République feront leur maximum à ce sujet. »

La Chancelière Suprême dut réprimer ensuite un petit rire, surtout en raison de la fatigue, à la réponse de Solaris concernant la possible réaction de Darth Ankh. Elle approuva d’un simple hochement de tête silencieux la remarque de Plo. Toute information acquise en avance sur le mouvement et la composition des troupes du Consortium ne pourrait qu’être utile au prochain affrontement de la République.

Elle nota également mentalement au passage la volonté d’Ombrelune de se placer au sein de la 9ème flotte. La Chancelière Suprême ne fut guère surprise de ce choix. Sans même parler de l’affect, l’humaine trouvait qu’il s’agissait d’un choix stratégique plutôt logique. Dans un second temps, elle fut stoïque quant à l’échange entre Jedi sur le fait qu’une réunion entre eux allait être nécessaire. Elle qui commençait à comprendre comment cela fonctionnait chez eux, elle ne fut pas plus étonnée de cette initiative. Quant à la situation corellienne, elle n’eut rien à ajouter qui n’avait été déjà dit.

Et une fois qu’elle eut donné sa bénédiction à l’Amirale, le reste de la réunion se termina plus ou moins d’elle-même. Elle ne put réprimer cette fois-ci un petit rire fatigué à la remarque de Solaris. Oh, elle allait le payer chèrement dans quelques heures de toute façon. Elle serait bonne pour boire du café, de la boisson énergisante ou tout composé chimique qui lui permettrait d’être bien éveillée demain.

« Puisque cette réunion est terminée, je vous souhaite une bonne continuation à vous, bon courage … et que la Force soit avec vous. »

Oui, cela lui faisait bizarre de dire cela, mais vu le nombre de Jedi présents - sous forme d'hologrammes pour elle - cela lui sembla sur le moment être la moindre des politesses. Elle fit un geste de la tête protocolaire puis coupa ensuite la communication. Les représentations de tout le monde disparurent en suivant et le calme fut de retour dans sa demeure de Naboo. Elle soupira et passa une main sur son front.

« Je me tirerai bien un coup pour me détendre … »

Elle repartit dans sa chambre en traînant du pied, baillant à s’en arracher la mâchoire et s’effondra sur son lit. Sur elle ne savait plus qui. Et elle s’endormit aussitôt.

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