Un nouveau binôme dans la Force [PV Dante Garvan]

Cela faisait maintenant un an que j'étais arrivée parmi les jedi. J'avais découvert une vie bien différente de celle que j'avais connu sur Dromund Kaas. Il n'y avait aucune compétition, aucun affrontement à mort. Les jedi privilégiait même l'entraide et l'esprit d'équipe. Cela avait été difficile pour moi et je devais avouer que ça le restait encore. De plus, j'avais peur que le Consertium Eternel et l'Ordre sith ne cherche à me retrouver.

Cela ne faisait que quelque jours que j'avais appris qu'un Maitre du Conseil Jedi me prenait sous son aile. Il s'agissait du jedi qui m'avait découverte sur Corellia. Dante Garvan... Je me demandai quel type de Maitre Jedi il pouvait être. Je savais juste qu'il était Maitre Archiviste. Il était surement à l'opposé de mon ancien Maitre, moins porté sur l'art du combat. Dans tout les cas, j'avais reçu la veille un message porté par un chevalier. Maitre Garvan me donnait rendez-vous le lendemain en milieu de matinée dans les jardins du Temple.

Ce jour-là, je m'étais levée tôt. J'avais encore passé une mauvaise nuit, peuplée de cauchemars et cela se voyait sur mon visage. Je pris une douche afin d'essayer d'effacer les résidus de cette mauvaise nuit. Cela me revigora un peu. Après m'être habillée, je pris un petit déjeuner au self et cherchai une salle d'entrainement vide afin de me défouler. Je passai deux heures à m'entrainer à manier mon double-sabre laser. L'exercice physique me faisait toujours du bien, autant physiquement que psychiquement. Une fois l'heure proche, je réajustai ma tenue, raccrochai mon double sabre à la ceinture et me dirigeai vers les jardins du Temple. J'avais passé beaucoup de temps dans ce lieu, appréciant le calme et la sérénité qu'il dégageait.

J'y fus assez rapidement. Il faisait beau ce jpur-là. Il n'y avait qu'une légère brise assez rafraichissante qui soulevait mes cheveux. Lorsque j'arrivai dans le jardin, je pus voir que quelques initiés et padawan profitaient du lieu. Visiblement Maitre Garvan n'était pas encore arrivé. Je devais surement être en avance. Je me dirigeai vers le seul point d'eau présent. Il s'agissait d'une fontaine joliment sculptée. Je m'assis au bord et me perdis dans la vision de l'eau. Sur Dromund Kaas, il n'y avait pas d'endroit comme celui-ci. Tout y était plus austère et plus sombre. Là-bas seule la compétition et la loi du plus fort comptaient. Je poussai un profond soupir. Repenser à cela provoquait en moi un flux d'émotions fortes comme la colère te la peur. Je fermai les yeux et essayai de caler ma respiration sur le bruit de l'eau qui s'écoulait afin de m'apaiser.

Même perdue dans cette méditation improvisée, je perçu la présence de Maitre Garvan dans le jardin via la Force. J'avais hérité la vision de la Force de ma part Miraluka. J'avouai que parfois cela pouvait être utile. Sans ouvrir les yeux, appréciant le contact que j'avais avec la Force à ce moment-là, je saluai mon nouveau Maitre.

"Bonjour Maitre Garvan."

Anya n'avait plus besoin de moi à ses côtés, elle était une Chevalier émérite et n'aurait qu'assez peu d'intérêt à rester à mes côtés. Toutefois, et malgré ma volonté qui la poussait à prendre un Padawan à son tour, elle s'évertuait à refuser, se considérant encore incapable de faire une telle chose. J'appréciais toujours sa franchise, ainsi que la sympathie qu'elle inspirait à l'ensemble de l'équipage. Face à ses traits fins, je ne pouvais me résigner à lui faire comprendre que, désormais, elle ne serait plus ma seule Padawan. Car oui… Je devenais une nouvelle fois en charge de la formation de l'avenir de l'Ordre. Bien.

Cette décision provenait directement du Conseil où je siégeais. Plusieurs Maître sourirent en proposant mon nom pour former cette nouvelle recrue du Côté Lumineux. Apparemment, le fait d'avoir réussi à calmer le tempérament de feu d'Anya m'avait valu quelques notes de respect. Bien plus que je ne l'aurais voulu d'ailleurs. Ce fut donc ainsi, la jeune femme que nous avions aidée sur Corellia devenait ma Padawan à compter de la prochaine aurore. Au vu de l'heure tardive, il s'agissait de quelques heures nous séparants de cette décision qui se verrait mise en place. Les mains dissimulées dans les manches de ma bure violine, j'opinais du chef, acceptant cet honneur avec tout le respect que je devais à mes pairs du Conseil.

Lorsque je sortis je me retrouvais face à Anya. Ecouter aux portes… Voilà une notion qui lui ressemblait bien d'ailleurs. Un des Maître m'avait même fait remarquer sa présence dans le couloir contiguë à notre salle de réunion. Moi-même je l'avais ressentie, mais à quoi bon lui dire quoique ce soit… Tête brûlée un jour… Comprenant cela, elle me félicita, ajoutant même qu'au vu de la formation qu'elle-même avait reçue, la nouvelle Padawan serait en de très bonnes mains.

- Tu n'as pas été facile tous les jours Anya, tu dois bien le concéder. Pourtant, tu es bel et bien présente en tant que Chevalier. J'espère surtout que tu resteras encore à mes côtés. Aliana cherchera peut-être une sœur Chevalier pour la guider sur la voix de la Force. (Je passais à côté d'elle, souriant et amusé.) N'oublie pas que je suis son Maître, nullement sa famille. Ce rôle, je te le confie. Car je sais une chose, tu ne me décevras pas.

* *
*

Les heures passèrent. Profitant de pouvoir retourner à mes quartiers, j'échangeais enfin ma bure Jedi contre une tenue qui me convenait bien plus. Certes, peu appréciaient de me voir dans pareille allure, mais qu'en avais-je à penser ? Rien. Prenant quelques livres en main, je me mis à lire. Non sans voir le temps qui passait, inexorablement. L'heure approchant, je fis mes ablutions et après avoir prit le temps d'attacher mes cheveux, pris la direction des jardins du temple. Un Chevalier avait porté un message à la jeune Padawan. Ce dernier, écrit par mes soins avant même que ce ne soit décidé officiellement par le Conseil, la conviait à me rejoindre en ce lieu et place.

Plusieurs Jedi me croisèrent dans les couloirs du Temple. Un livre en main, j'eu droit à quelques "bonjour Maître, comment allez-vous aujourd'hui", tandis que quelques Chevaliers se tentaient à ajouter à leurs salutations une petite phrase amusante "bonne lecture". Je ne pouvais leur répondre autrement qu'en les saluant à mon tour, ajoutant parfois que la lecture ne leur ferait nul mal, ne serait-ce que pour leur culture personnelle. Car oui, l'art du sabre laser et son maniement est une science pratique pour l'être qui apprécie le combat, toutefois, je considérais toujours comme plus utile de combattre sans avoir à allumer son arme. La plus belle des victoires est toujours celle de la sagesse sur la violence.

Les jardins se trouvaient toujours aussi luxuriants. Les Jedi qui s'en occupaient excellaient dans l'entretien de l'endroit. Je ne pouvais nier le fait que, outre la beauté des lieux, ces derniers me faisaient toujours remonter quelques souvenirs douloureux. Comme les soirs où je la retrouvais, du temps si proche où j'étais encore Chevalier. Mais peu importait ; car sa voix s'éleva alors, une voix douce et jeune, et pourtant chargée d'une once de colère et de tristesse. Elle ne pouvait le dissimuler à quiconque l'avait vécu. Prenant place à ses côtés, mon regard se posa sur l'eau qui s'écoulait à ses côtés.

- Vois-tu Aliana, l'eau est comme le Côté Lumineux de la Force. Lorsqu'elle est entre tes mains elle se doit d'être calme, rassurante et délicate. Mais tu ne dois pas oublier une chose, c'est qu'entre tes mains, elle se doit aussi d'être précise et puissante.

Plongeant une main dans l'eau, je la fit couler entre mes doigts, le tintement cristallin des gouttelettes sur la surface se mua en ondes qui s'étiraient longuement avant de disparaître. Cette phrase, mon Maître l'avait prononcé durant ma formation, sur le moment, je ne l'avais pas complètement comprise. Il me fallut bien des années pour le faire en fait. Et désormais, c'était à moi qu'il incombait de le faire comprendre à ma Padawan. Cette métaphore ne me concernait en rien. Mon Maître avait du percevoir à travers la Force qu'un jour cette dernière me serait utile. Aliana possédait un tempérament tout aussi puissant et impétueux que l'eau et les océans. Là où Anya était une tempête en pleine mer, Aliana se trouvait être l'orage en personne…

- Dis-moi jeune Padawan, qu'as-tu donc fait de mal pour avoir un regard aussi déterminé ? Il n'existe en ce monde que deux types qui de personnes qui le possèdent. (Je fis une pose, plongeant mon regard dans le sien, désireux de savoir si elle aurait le courage de le soutenir ou non.) Ceux qui ont tout perdu, et ceux qui pense être capable de tout perdre…

J'attendais sa réponse. Ironiquement, ni l'une ni l'autre ne pouvais être acceptée. Car être perdu dans de telles réflexions démontrait une seule et unique chose, le fait que le Côté Obscur avait malgré tout apposé sa marque sur elle. Ecoutant la Force, je ne distinguais aucune forme pareille provenant de ma Padawan. Bien au contraire, il semblait qu'elle brillait d'une forte lumière à travers cette dernière. Aliana Tel'nak scintillait comme une étoile au milieu des ténèbres, sa fougue serait sa force, il lui fallait juste apprendre à la gérer…

Lorsque je sentis Maitre Garvan s'installer près de moi et commencer à me parler, j'ouvris les yeux. L'homme qui m'avait sauvé sur Corelia se trouvait à mes côtés. Je ne compris pas vraiment ce qu'il voulait me faire comprendre. Pourquoi cette comparaison entre la Force et l'eau ? J'étais assez déroutée par ce début de conversation. Je n'avais pas vraiment l'habitude de cela. Avant mon éducation était basée sur l'exercice physique et la compétition. Des phrases philosophiques ? Que nenni.

Mon regard se perdit de nouveau dans les goutellettes d'eau qui tombaient des mains de mon nouveau maitre. J'avais beau y réfléchir, je ne comprenais pas encore cette phrase. Dante reprit au bout de quelques minutes de silence que je ne brisai pas. Il m'avait sauvé d'une triste vie, je savais que je pouvais lui faire confiance, mais mon éducation de sith était encore présente et je ne pouvais pas m'empêcher de me méfier. J'avais toujours vécu dans la méfiance et la crainte.

Puis vint une question. Une question qui attendait une réponse. Mais cela aussi me dérouta. Le Maitre Jedi plongea alors ses yeux dans les miens. Je fis de même et soutint son regard. Deux catégories qui possédaient le même regard que moi. Est-ce que j'avais tout perdu ou est-ce que j'avais quelque chose à perdre. Non ! Je n'étais pas d'accord avec cela ! Je pris le temps de réfléchir à ce que j'allais dire, laissant ma main se plonger dans l'eau de la fontaine. Le contact avec le liquide frais était agréable et réconfortant. Sans cesser de fixer des yeux ceux de mon nouveau maitre, je lui répondis d'une voix claire et calme.

"Je ne suis pas d'accord avec vous. Pourquoi il n'y aurait que deux types de catégories qui possèderaient ce type de regard ? Dans le monde, tout n'est pas que noir ou blanc."

Je laissai passer quelques minutes de silence avant de reprendre.

"Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal pour avoir un regard si déterminé ? Est-il vraiment nécessaire d'avoir fait quelque chose de mal pour être déterminé dans la vie ? Non je n'ai jamais rien fais de mal. Même lors des affrontements à mort à l'Académie sith, je n'ai jamais tué mes adversaires. Je suis juste déterminée à trouver ma place dans ce monde, à prouver que je ne suis pas qu'une simple expérience issue du cerveau fou d'un seigneur sith."

J'avais juste dis ce que je ressentais et j'espérais que cela conviendrait à mon nouveau Maitre. J'aspirai réellement à trouver ma place dans cet univers. Jusqu'à récemment, je n'avais été qu'un objet, une expérience pour mes anciens maitres. Je n'avais jamais eu le choix. Mais si j'avais eu le choix qu'est-ce que j'aurais fais ? J'attendis patiemment la réaction de Maitre Garvan.

Il ne m'était qu'assez rare de trouver une personne aussi impressionnante, autant dans ses propos que dans ses actes. Tout du moins, parmi les Padawan de l'académie. Beaucoup se trouvaient bien trop calme, trop… Respectueux de mon rang. Ironiquement, ce fait se trouvait répandu même au sein du Conseil. Peu osaient aller à l'encontre des paroles des autres Maîtres, ou alors, toujours d'une manière détournée. Les livres, les écrits, les holocrons eux ne mentaient pas, n'évitaient pas les questions, n'éludaient nullement les réponses. Aliana se trouvait posséder ce point commun. Et c'en était appréciable, je ne pouvais le nier. Elle me répondit par une question, avant de continuer sur une affirmation qui aurait donné des cheveux blancs à n'importe quel autre Maître Jedi. Si tant est que ce dernier ait encore des cheveux, ou que ces derniers ne soient pas déjà blancs. Je souris. Ecoutant ses propos, liant ses paroles aux fluctuations qui perlaient de sa marque dans la Force. Je ne pouvais me soustraire à comprendre un peu plus ce qu'elle avait du vivre en étant parmi les Sith, sa place dans le monde, et surtout, ce qu'elle était réellement.

Tout en gardant le sourire, je créais une sphère de lumière qui vint flotter entre nous ; au niveau de son regard, la lumière se mit à scintiller, à bouger dans tous les sens, puis, après avoir tournoyée plusieurs fois autour de sa tête, revint à moi. La Lumière de Force pouvait prendre diverses formes. De la simple gerbe de lumière éclairant les ténèbres, aux puissantes vagues lumineuses capable de repousser le Côté Obscur de la Force. Toutefois, le sujet n'était pas celui-ci. Levant la main gauche, ma prothèse fit un léger bruit métallique, à peine perceptible. Juste assez pour que ma nouvelle Padawan puisse l'entendre.

- De telles paroles sont-elles dignes d'une Padawan ? (Je fis tournoyer la sphère autour de mon index.) La détermination, la volonté, l'espoir… Ces sentiments, ces émotions, ne sont finalement qu'une infime perception de ce que nous sommes. Humains, proches-humains, ou tout autre créature vivante, née de la Force.

Ma main attrapa la sphère qui disparue instantanément. Entre mes doigts, la Lumière de Force fut éteinte, disparaissant dans les ténèbres. Aliana allait-elle comprendre la métaphore ? Je n'en avais nul doute… Ouvrant les doigts l'un après l'autre, ses yeux purent distinguer la faible lueur qui brillait encore au creux de ma paume. Apposant cette lueur sur la surface de l'eau, une myriade de couleur s'en échappa, dévoilant un arc-en-ciel à travers la fontaine. Amusé, mais n'en montrant nulle forme, je repris.

- Nous cherchons tous notre place dans ce monde Aliana. Qui que nous soyons, quels que soient nos actes passés. Ce ne sont pas ces derniers qui déterminent ce que nous sommes. Mais ce que nous faisons à l'instant même. Regarde l'eau et la lumière. Même disparue dans les ténèbres, cette dernière n'a jamais cessée d'exister. L'un ne peut exister sans l'autre. La détermination sans la volonté n'est qu'un souffle en pleine tempête.

J'enlevais mon gant, lui présentant ma prothèse. Rare étaient les personnes qui pouvaient se targuer de l'avoir vu d'aussi près. La pièce s'était vidée, et nous n'étions plus qu'une poignée, dont la plupart se trouvaient soit endormis, soit bien trop occupés pour faire attention à nous. Ce bras me rappelait à chaque instant que la détermination ne faisait pas tout. L'abnégation, le courage et surtout le savoir ouvraient une quantité illimitée de possibilités quand à l'avenir…

- Voilà ce que tu obtiens lorsque ta détermination obscurci ton jugement. Une souffrance inaliénable, et une volonté de corriger tes fautes. Ce n'est pas un mal, d'un point de vu personnel… Juste… Inutile. Faire le mal est différent d'un être à un autre. Prendre une vie pour en sauver des milliers est-ce mal ? Tuer une famille entière pour éviter qu'une maladie se répande est-ce mal ? Arracher une fleur… Tout n'est qu'une question de point de vue Aliana…

Remettant mon gant en place, je posais ma main sur mon livre. Ce dernier, parlait de la puissance des éruptions solaires à travers la galaxie, et plus précisément, de ceux qui avaient coûté la vie à des planètes entières. Et Aliana se trouvait être comme ces éruptions solaires, il lui fallait apprendre à canaliser cette puissance afin qu'elle ne la consume pas. Mais cela, revenait à m'imposer une nouvelle fois ce rôle. Je lui tendis le livre, presque gentiment. Attendant qu'elle le prenne et lise le titre.

- Sais-tu que lorsqu'un soleil explose, il détruit absolument tout ? Y compris sa propre existence ? Il est utile de savoir où commence notre savoir, et où se dernier se termine. Par ailleurs que sais-tu vraiment de toi Aliana ?

Sa réponse serait déterminante pour la suite de son apprentissage. Savoir qui nous sommes est la base même de toute existence, connaître sa place dans le monde est son désir, mais avant d'entreprendre ce voyage, fallait-il encore savoir d'où elle partait…

Lorsque Dante créa une sphère lumineuse je sentis la Force fluctuer. Lui aussi semblait pouvoir utiliser le pouvoir Lumière de Force. Je m'étais beaucoup entrainée à utiliser mon pouvoir de Lumière de Force quand j'étais chez les sith, seule dans le noir de ma chambre. Je ne pouvais m'empêcher de fixer cette petite lumière qui avait été comme une bouée de sauvetage pour moi ces dernières années. Puis j'entendis un bruit de cliquetis lorsque mon nouveau maitre leva sa main gauche. Cela m'intrigua, mais la voie de Dante ramena mon attention sur lui. Je ne comprenais pas sa question. Comment pouvais-je savoir si mes paroles étaient dignes d'une padawan et dans quel sens ? Mon incompréhension pouvait nettement se voir sur mon visage.

Née de la Force… cette phrase résonnait en moi de façon étrange. Puis il fit disparaitre la sphère dans sa main, cachant sa lumière dans l'obscurité. Que voulait-il m'expliquer ? Je mis quelques secondes avant de comprendre la métaphore. Dans tout ténèbres réside la lumière. Même si l'obscurité est totale, il y a toujours une lueur d'espoir en son sein. Un peu comme moi en fait. J'avais survécu au milieu des ténèbres. J'avais réussis à garder cette lumière au fond de moi. Je n'avais pas basculer dans la noirceur du Côté Obscur malgré les privations et les châtiments physiques et psychologiques.

Puis mon maître ouvrit les doigts un à un, laissant apparaitre une faible lueur. Fixant la lueur qui maintenant se trouvait sur l'eau et d'où s'échappaient une myriade de couleurs, j'écoutai avec attention lorsque Dante reprit la parole, continuant ses explications. Il me confirmait ce que j'avais compris. La lumière est toujours présente même dans les ténèbres. L'un ne pouvait exister sans l'autre ? C'était bien la première fois que j'entendais une telle phrase. A l'académie de Dromund Kaas, on m'apprenait que la lumière ne subsistait pas dans les ténèbres. Que les ténèbres étaient plus puissant que la lumière.

J'allais lui poser une question lorsque mes yeux furent attirés par l'origine du cliquetis que j'avais entendu quelques minutes auparavant. Dante venait d'enlever son gant, laissant apparaitre une prothèse. Je fixai sa main alors qu'il continuait la leçon. Etait à cause de ça qu'il avait perdu sa main ? La détermination pouvait-elle être aussi dangereuse ? Non...il fallait juste garder sa raison. Mais, ce n'était pas si facile en fait. Je comprenais ce que mon maitre essayait de m'expliquer. Tout était une question de point de vue...mais comment savoir si ce que l'on faisait était bien ou non ?

Comment savoir si tuer une famille pour sauver une planète était juste ? Dante remit son gant et posa sa main sur un livre qu'il avait avec lui. Pourquoi est-ce que je ne l'avais pas vu avant ? Il me tendit le livre et je le pris. Je lu le titre avec curiosité. Visiblement il s'agissait d'un livre sur la puissance des éruptions scolaires à travers la galaxie. Je me demandai pourquoi il me faisait don d'un tel livre. J'hochai la tête à sa question. J'avais lu ça à la bibliothèque Jedi. Ce n'était pas trop le genre de sujet que l'on étudiait sur Dromund Kaas. A la suite de ses paroles, je me demandai s'il n'y avait pas un lien entre notre savoir et les éruptions solaires. Puis il me posa une nouvelle question. Je ne m'attendais à cette dernière et je fus prise de court. Qu'est-ce-que je savais vraiment de moi ? Contrairement à mon habitude, je pris le temps de réfléchir. Qu'est-ce-que je savais vraiment de moi…. Après quelques minutes de réflexion, je répondis.

"Je suis une métisse humaine/miraluka. Je suis le fruit d'une expérience sith. J'ai été élevée et j'ai grandis au milieu des sith et j'ai baigné dans le Côté Obscur. Mais j'a toujours eu cette lumière en moi et elle m'a aidé à ne pas sombrer, à ne pas succomber au Côté Obscur. "

Je fis apparaitre aussi une petite boule de lumière en utilisant le pouvoir de Lumière de Force. Je me tus quelques secondes avant de reprendre.

"En y réfléchissant bien, je suis une enfant de la Force ! J'ai été créée grâce à elle, même si cela été pour de mauvaise intention à la base."

Je me mis à jouer avec la sphère, la faisant léviter au-dessus de l'eau. Puis je repris vivement.

"Maitre, si la lumière ne peut exister sans les ténèbres et inversement, cela signifie donc que l'un ne peut pas surpasser l'autre. C'est bien ça ?"

Puis je la déposai sur la surface de l'eau.

"Comment sait-on si la décision que l'on a prise est la bonne ? Comment savoir si l'on a bien fait de sacrifier une famille pour sauver toute une planète de la maladie ?"

J'enfermai la sphère de Lumière de Force avant de rouvrir ma main et de la faire tourner autour de mes doigts. Puis je stoppai la technique, faisant disparaitre la petite sphère. J'attendis patiemment la réaction de Dante à tout ce que je venais de dire.

Il n’existait nullement de réponse convenable à une telle question. Qui sommes nous ? Sous quelles conditions existons nous dans cet univers ? Pourquoi ? Comment ? Où ? Quand… Ces questions révélaient une chose sur l’être qui se les posait, qui il était réellement. La finalité des choses n’est-elle pas le fait même que certaines de ces questions se doivent de rester en suspens ? Aliana me répondit avec une certaine franchise, voir même un aplomb qui attisa autant ma curiosité qu’il me fit sourire. Elle n’existait qu’au travers de ce qu’elle était dans son être physique, même au travers de la Force nous n’étions qu’un amas d’atomes parfaitement alignés les uns contre les autres. Et si, pour une fois, elle percevait les choses différemment ? Comme cette sphère qu’elle venait de créer. Cette dernière existait par sa Volonté, par la Volonté de la Force, et par son existence, elle venait de faire naître une notion propre à l’existence. La sienne. Aussi éphémère soit-elle, la vie est ainsi. Et elle mérite d’être vécue. J’écoutais ses questions avec intérêt, elle visait juste, et, notamment avec cette première question. Ne peut-on exister au travers de la lumière sans ténèbres, et inversement ?

- Les lumières et les ténèbres cohabitent. L’une et l’autre peu obtenir la place de la seconde. C’est un fait. Toutefois, tu dois percevoir l’équilibre des choses Aliana. La surface de l’eau n’existe que parce que nous en prenons conscience à l’instant même où elle nous apparaît. La Force existe de la même manière.

Je plongeais une main dans l’eau, et tout en laissant s’écouler l’eau entre mes doigts, je fermais les yeux. Même les yeux fermés, l’eau existait, je la sentais couler entre mes doigts, j’entendais le clapotis des gouttes qui tombaient sur la surface translucide ; tout existait car j’en avais conscience. Le fait même de savoir que quelque chose existe lui donne une existence. Le bien et le mal ne sont qu’un paradoxe…

- Chaque décision se doit d’être en accord avec toi-même. Si tu ne te sens pas capable de prendre une décision, alors demande à quelqu’un qui, selon toi, serait capable d’y apporter une réponse. Le bien et le mal ne s’opposent pas toujours. N’oublie jamais que tout est bon ou mauvais par comparaison.

Mes mains se posèrent alors sur la couverture du livre, et, usant de la chaleur de Force, j’assombris la reliure de cuir. Presque brûlée, pour quiconque aurait eu ce livre comme neuf, aurait pu percevoir cet acte comme malsain, mal venu, et surtout, mauvais. L’image restait pourtant visible, l’intérieur, lisible. N’était-ce pas là une réponse convenable à sa question ? Essuyant la couverture du plat de ma main, je repris, chassant les quelques traces de brûlure sur mon pantalon.

- Il n’est pas rare de devoir décider ce qui doit arriver. La Force elle-même le décide parfois. Pourquoi sommes nous capable de se servir de ce qu’elle nous offre, tandis que d’autres en sont dénués ? Pourquoi considérons-nous les Sith comme mauvais ? Car leurs actes sont répréhensibles ? Tout n’est que sujet à interprétation. Aliana. Avant même d’être une création Sith, ou, comme tu le dis, une enfant de la Force, tu es quelque chose de bien plus important…

Liant mes mains, paume contre paume, je fis apparaître une source de Lumière de Force. Mais au lieu d’une sphère, je fis s’envoler un papillon. Les ailes de l’insecte se déployèrent, et ce dernier flotta quelques instant autour de nous, avant se venir se poser sur mon index tendu. Aliana était comme ce papillon, elle était bien plus qu’une création, nettement plus complète qu’un enfant né de la Force…

- Aliana, tu es toi avant d’être toutes ces choses. La notion même d’existence prend tout son sens lorsque tu comprends qui tu es avant même de l’être. Ouvre la page dix-sept du livre…

Cette page était marquée autant par le temps, que par le fait que je la lisais, encore et encore chaque jours… Une phrase était soulignée, chose rare de ma part, moi qui prenais bien plus soin des livres et des holocrons que de moi-même…

"Lorsqu’une étoile s’éteint, c’est pour en laisser une autre s’épanouir." Voilà ce qu'elle pouvait y lire. L'existence est éphémère, assez pour être importante. Mais le début de l'existence commence au moment précis où l'être en prend conscience… Aliana venait de poser le pied quelque part, sur un chemin qu'elle ne quitterait qu'au moment venu. A l'instant même où elle m'adressa la parole, j'avais prit ma décision. Cette jeune femme, encore Padawan, deviendrait une des meilleurs Chevalier de l'Ordre…

Il ne s'agissait nullement du serment d'un Maître envers l'Ordre ou son élève, mais plutôt de quelque chose de bien plus important… C'en était une promesse envers moi-même.

J'écoutai avec attention la réponse de Dante à ma première question. Cette discussion était étrange pour moi car ce n'était pas quelque chose que j'avais fait à l'Académie de Dromund Kaas, mais j'appréciai beaucoup ce temps si particulier. Percevoir l'équilibre des choses ? Mais comment était-il possible de faire ça ? Je réfléchissais à ses paroles. Est-ce que cela signifiait que la Force n'avait pas vraiment d'allégeance, que c'était ce que l'on faisait avec et nos actions qui déterminaient si elle était lumineuse ou obscur ? Puis mon nouveau maître répondit à ma deuxième question. Me tourner vers quelqu'un capable de m'aider si je ne savais pas quoi faire. L'entraide, voilà un concept que je n'avais jamais connu jusqu'à mon arrivée chez les jedi.

Puis il m'appris que le bien et le mal ne s'opposait pas forcément, de ne pas oublier que tout est bon ou mauvais par comparaison. Il fait alors quelque chose qui m'étonna. Il utilisa la Chaleur de Force et brula la couverture du livre que je tenais entre les mains. Pourquoi avait-il fais cela ? Je regardai Dante d'un air vraiment incrédule, ne comprenant pas où il voulait en venir. Lorsque mes yeux se posèrent de nouveau sur le livre, je pus voir que le dessin sur la couverture était encore visible et que l'intérieur était resté lisible.

Puis mon maitre continua ses explications. Je l'écoutai avec la plus grande attention. Tout n'était que sujet à interprétation ? Donc, si je comprenais bien, c'était ma propre vision des choses qui déterminait ma réalité. Voilà un concept auquel je n'avais jamais pensé. Ce n'était pas vraiment ce que l'on m'avais enseigné depuis mon enfance. Je regardai le papillon de Force s'envoler, libre. Est-ce que j'étais comme ce papillon ?

D'après Dante j'étais moi avant d'être une création ou une enfant de la Force. Voilà quelque chose que l'on ne m'avait jamais dites. Toute ma vie, je n'avais été considérée que comme un objet, une création. Je lu la phrase qui se trouvait soulignée : lorsqu'une étoile s'éteint, c'est pour en laisser une autre s'épanouir. Je levai les yeux vers Dante. Je venais enfin de comprendre ce qu'il essayait de m'expliquer.

"J'ai compris Maitre. C'est à moi de choisir qui je suis. Je suis maitre de ma vie et de mes décisions. En fait, je suis comme ce papillon. De chenille je suis devenue ce bel insecte. Je peux vivre librement sans m'attacher à mon passé et enfin découvrir celle que je suis réellement. La vie est éphémère alors autant en profiter."

J'espérai avoir juste. J'avais quand même bien envie de bouger. Ce n'était pas que je trouvais pas la discussion intéressante, mais j'étais quand même plus habituée à l'action qu'à la réflexion. Finalement, je me levai et bougeai un peu sur place. Je regardai dans le jardin et vis qu'il n'y avait pratiquement personne. Cela faisait combien de temps que l'on discutait ainsi ? Etrangement, je n'avais pas vu passer l'heure. Je serrai le livre contre moi et repris.

"En tout, je prendrais grand soin de ce livre et je pense que je prendrai plaisir à le lire."

Je regardai autour de moi.

"Il n'y a presque plus personne. Qu'est-ce que l'on va faire maintenant ?"

Dante était bien différent de mes précédent maitres. Je me sentais à l'aise avec lui. Instinctivement, je savais que je pouvais lui faire confiance. Un étrange lien était en train de se former entre lui et moi, bien différent de celui que j'avais pu entretenir avec les autres enseignants du Temple Jedi. Je ne me sentais pas à l'aise avec les autres chevaliers et maitre jedi. J'avais toujours une impression de jugement. Avec Maitre Garvan, c'était complétement différent et j'appréciai cela. J'attendis patiemment la réponse de ce dernier, tout en continuant à bouger sur place.

Aliana comprenait rapidement les choses. Elle n'était pas qu'une simple enveloppe de chaire et de sang, elle était un être vivant, existant et pensant. Avant même d'avoir été créée, elle existait quelque part, dans un songe, un espoir, ou au travers du regard de quelqu'un d'autre. La jeune Padawan qui se trouvait assise devant moi se verrait promise à un avenir emprunt d'actes douloureux, de tristesse et pourtant d'espoirs. Je veillerais sur elle. Elle n'avait nul endroit où aller, ni personne à qui se confier. Je me devais de devenir plus qu'un Maître pour elle. Le Conseil possédait une certaine forme d'humour finalement. Ils venaient de confier la formation d'une Padawan sans parents au seul Chevalier qui préféraient les livres et autres holocrons aux échanges avec les êtres vivants… Amusant ? De leur point de vu oui, du mien… Ce n'était pas un fardeau. Plutôt une nouvelle forme de savoir. Peut-être même qu'un jour, nous serions plus que Maître et élève… Elle n'avait pas de parents… Tandis que pour ma part, la descendance n'était pas prévue. Le Maître Archiviste qui adoptait un enfant, ce serait bon pour finir dans les archives une pareille nouvelle !

Elle exprima son nouveau ressenti, ce qu'elle avait compris et comment elle l'avait perçu. C'était bien. Un départ pour l'avenir, son avenir. Je ne pouvais que constater l'évolution de cette dernière durant cette discussion. Tout autant que le temps qui semblait s'être écouler bien plus vite que je ne l'aurai pensé. Finalement, le ciel prenait ses teintes nocturnes et d'ici peu, nous serions seuls devant cette fontaine.

Ma Padawan, car je ne pouvais la qualifier autrement désormais, désirait bouger, ce que je comprenais aisément. Moi-même à son âge, je ne pouvais rester en place aussi longtemps. Ce devait en être de même pour elle. Son corps se retenait de sauter dans tous les sens, aller se dégourdir les jambes, marcher dans la nuit, lui faire visiter le Temple… Je doutais que cela ne soit réellement d'un grand intérêt pour elle. Voilà pourquoi j'eue une idée bien plus intéressante.

- Partons d'ici. Il commence à se faire tard.

Me levant, je tirais volontairement sur mes manches, avant de replacer ma tenue correctement. Je me devais d'être un minimum impeccable, nullement pour les autres, mais pour moi. Après la théorie, la pratique. Garder Aliana enfermée entre quatre murs, voilà une idée qui ne lui plairait guère. Elle avait besoin de bouger, d'action, et d'interactions avec le monde qui l'entourait, avec la Galaxie. Donc nous devions quitter Tython pour continuer son entraînement. Quelques planètes vinrent à mon esprit après avoir volontairement mit Hoth de côté. Bien trop de visites ces dernières années, et pourquoi pas Tatooine ? Un soleil brûlant, des Jawas qui passent le plus clair de leur temps à démonter les véhicules et une faune dangereuse ? Si j'avais survécu, pourquoi pas elle ?

- Maintenant ? Nous allons t'apprendre les bases de l'art du combat Jedi.

Calme, sérénité et surtout sourire aux lèvres, voilà les principales choses dont se souviendrait Aliana sur notre première rencontre. Ca, et le fait qu'elle avait du apprendre à survivre au milieu du désert en ma compagnie durant plusieurs semaines.

Un nouveau binôme dans la Force [PV Dante Garvan]

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