Echange de bons procédés [Silenda] [RP Abandonné: Départ du joueur]

Monsieur. Le gouverneur Isun confirme avoir bien quitté le bâtiment et vous remercie pour lui avoir accordé cette audience.
Merci Major, vous pouvez disposer.

L'officier impérial, parfaitement à l'aise dans son uniforme sur mesure et galonné de son rang et d'une multitude de médailles, salua son supérieur et fit demi-tour sur un claquement de talons purement superficiel. Horacio ne put s'empêcher de pousser un soupir amusé à cette image du jeune homme tout juste sorti de l'Académie. Peut être même lui avait-il serré la main à l'occasion de sa remise de rang. Le Grand Amiral avait serré tant de mains et envoyé tant de ces jeunes gens à des commandements mortifères. Il avait eu à coeur à en sauver quelques uns de l'horreur du front, des lignes de combat étriquées et des massacres perpétrés par les Forteresses Stellaires. Par la Force ces mastodontes avaient changé le cours de la guerre... Aussi ceux qui n'étaient pas prêts, Horacio les destinait au service administratif. Où bien souvent leurs talents se dévoilaient. Tous n'étaient pas prêt à la guerre. Certains avaient juste besoin de parader dans leur uniforme.

Oh et Major, faites moi prévenir lorsque mon prochain rendez vous sera arrivé. En attendant vous pouvez disposer d'un temps libre. L'homme le salua et quitta la salle. Avec un nouveau soupir, Horacio se détourna de la baie vitrée pour embrasser le regard son salon personnel. Au même étage que celui du Moff Général, il donnait un accès direct à son bureau mais également à la salle de réunion de l'Etat-Major, un immense auditoire bâti en dupleix. Horacio l'avait comme à ses habitudes décorait de manière sobre - Echani pour les plus mauvaises langues. Peut être était un hommage involontaire pour son mentor feu l'Amirale Roskana. Mais les bris sombres du mobilier de bois détonnaient avec la blancheur des murs. Seule une sculpture - Mon Calamari pour le coup - diffusait une vague aura décorative avec ses étranges courbes et miroitements nacrés.

De son pas assuré malgré son grand âge Horacio s'avança jusqu'à son bureau et s'y installa confortablement. Une pile de fichier holographique attendaient d'être lus. Les traditionnels rapports du jour sélectionnés par ses hommes. Le Grand Amiral gardait un point d'honneur à se tenir renseigné du mieux qu'il pouvait malgré les longueurs impressionnantes des deux fronts ouverts. Avec un maigre sourire sur sa face burinée par les ans, Horacio attrapa la bouilloire encore brûlante et y approcha une tasse de facture militaire. Un thé de racines Gree, aussi rouge que le sang, s'y écoula aussitôt. Amer et douceâtre à la fois, ce breuvage faisait parti des traditions d'Horacio depuis son service sous les ordres de Roskana. Effectivement, l'Echani avait laissé ses traces ancrées chez le Grand Amiral plus profondément qu'il n'aurait voulu l'admettre... Comme par exemple lire les rapports d'habitude délaissés au profit des services d'analyse stratégique.

***

Votre rendez-vous est arrivé monsieur.
Merci Major, faites la entrer.

L'officier disparut du projecteur holographique et Horacio se frotta les yeux. La lecture des deux dernières heures l'avait passablement épuisé, surtout depuis sa vue s'amenuisait selon les dires des médecins. Mais à moins d'être totalement myope ou presbyte, le Grand Amiral refusait tout simplement d'être opéré. A gestes lents et délibérés, Horacio rangea en une pile impeccable les rapports qui disparurent dans un tiroir de son bureau. Il tira un mouchoir blanc de sa poche et s'épongea délicatement les lèvres pour en faire disparaître les derniers reliquats de thé. Enfilant sa casquette d'Amiral, il se levait lorsque les lourdes portes s'ouvrirent pour faire entrer le Major et l'invitée d'Horacio.

Si le premier n'avait rien de surprenant, si ce n'était son faciès niais, la seconde avait amplement plus d'intérêt. Ne serait-ce que par sa race et ses attributs physiques. Peu d'individus dans la Galaxie et même au sein de l'Empire pouvaient se targuer de contempler d'aussi près une Chiss à la peau bleue typique et aux grands yeux rouges luisants. A vrai dire Horacio lui même n'avait que rarement rencontré la femme sous cette forme physique. Mais il avait laissé entendre dans son invitation qu'il préférait parler sans couverture, fut elle simplement physique.

Merci Major, vous pouvez disposer. Mais le jeune homme ne l'entendait pas de cette oreille, perturbé par la nature quasi-légendaire de l'hôte de son supérieure. Horacio s'éclaircit alors la gorge pour attirer son attention : Tu peux y aller fils. Va avant de paraître impoli. Le Major avisa alors avec horreur son erreur et salua maladroitement - perdant toute sa superbe - les deux officiers avant de partir d'un pas précipité. Cette fois-ci, le Grand-Amiral ne put s'empêcher de retenir un éclat de rire avant de se tourner vers son invitée et l'inviter d'un geste du bras à prendre place à un fauteuil autour d'une table basse.

Silenda Caesitas. Nous n'avons jamais pu nous rencontrer formellement si ce n'est au cours de réunions. Et encore que... J'ai généralement affaire à cette anguille qu'est votre Moff. Désirez-vous quelque chose à boire avant toute chose ? introduisit calmement Horacio la jeune femme à la conversation. Lorsque les commandes furent passées et amenées, le Grand Amiral reprit la conversation non sans avoir bu une gorgée de caf avec une grande dignité toute impériale. Si je vous rencontre aujourd'hui c'est pour discuter plus amplement de la collaboration entre la Flotte et l'Imperial Intelligence. J'ai préféré faire appel à vous directement pour de simples questions de traitement opérationnel et stratégique de part votre rôle dans cette organisation. Vous répondez par la bouche des canons et c'est quelque chose que j'apprécie. J'aimerai voir avec vous jusqu'à quel point notre renfort mutuel pourrait aller et quelques bénéfices nous pourrions en tirer l'un ou l'autre.

Quand vous êtes considéré par plusieurs comme la super star de l’organisation pour laquelle vous travaillez, les rumeurs les plus folles se mettaient à circuler à votre sujet. Il était de notoriété publique que le Mof de l’Imperial Intellligence était malade depuis un certain temps, pratiquement remplacé en toute chose par Silenda, non officiellement numéro deux dans les rangs. Le Grand Moff l’avait rencontré en cette capacité ainsi que le Grand Général… Stratégiquement, il était logique que tôt ou tard, le Grand Amiral veuille faire la même chose. Car dans tout régime, il existait une vérité inéluctable. Ce sont les espions, les agents de l’ombre qui ont le vrai pouvoir. Ils détiennent des secrets et une autonomie qu’aucune armée ne pourrait rêver d’avoir, en dehors des forces spéciales. Quand en plus vous avez pour alliés les Chiss…

Cultiver les bonnes relations devient pratiquement une affaire de survie. Étonnamment, cependant, le Commandant Silenda était résolument apolitique, en ce sens qu’elle servait son Impératrice et avait tous les traits d’une carriériste convaincu. Il était aussi bien connu dans les hautes sphères de l’Empire que la Chiss était la cible de nombreuses accusations purement mesquines quant à sa loyauté, son espèce et dans certains cercles, son sexe. Oui, l’Empire avait considérablement évolué mais il resterait toujours des éléments humanocentristes ou investis des valeurs discriminatoires qui avaient causé la chute du premier Empire Galactique. Nombreux étaient ceux qui pour rien au monde n’auraient voulu se retrouver à sa place. Quitter les territoires de l’Ascendance Chiss pour aller servir ailleurs c’était se condamner à l’exil. Le retour en arrière n’était plus possible.

Le gouvernement Chiss la regardait d’un très mauvais œil bien que certains éléments apprécient qu’une autre de leur compatriote montre à la galaxie la suprématie des Chiss. La comparaison du succès de Silenda avec un autre mythique représentant impérial de son espèce était souvent faite d’ailleurs. Thrawn avait marqué les esprits en son temps et Silenda semblait marcher dans ses pas. Au moins, elle pouvait se tenir dans la même pièce que le Moff de l’Ascendance sans que cela ne finisse en insultes voilées ou dans un silence froid et hostile. Au contraire, l’individu semblait être un de ses plus ardents supporteurs. Évidemment, s’il venait à être révélé que tout ceci n’était que mascarade et qu’elle était en fait un agent des renseignement Chiss infiltré au sein de l’Imperial Intelligence… Mais c’est un autre débat entièrement, séparé des événements actuels.

L’invitation du Grand Amiral était assurément stratégique. Elle avait naturellement étudié son dossier et l’élément qui l’avait le plus étonné dans sa demande de rencontre était le fait qu’il ait insisté pour qu’elle vienne en tant que Silenda, Chiss, bleue et avec ce regard si particulier. Intéressant. Soit il s’agissait d’une forme d’ouverture, ce qui ne cadrerait pas avec cette réputation de conservatisme qu’on avait collé au Grand Amiral, soit c’était une tentative de la mettre à l’aise ou peut-être était-ce simplement l’expression de sa noblesse. Elle avait accepté, bien entendu. Tout avantage qu’elle pouvait avoir sur les chevaliers impériaux était une carte de plus dans son jeu. La rivalité entre l’Imperial Intelligence et ce groupe, pour Silenda, une saine rivalité, n’était plus à prouver. L’Imperial Intelligence jouissait d’une autonomie quasi absolue… Notons le quasi…

Sauf quand ce groupe se mettait en travers de son chemin. Tisser des liens avec la Flotte serait un moyen plus sûr d’assurer quelque chose de vital pour les agents de l’ombre de l’Empire : un transport facilité. Les vaisseaux de la flotte impériale se comptent par milliers. Ils opèrent aux quatre coins du territoire contrôlé par l’Empire. Une superficie énorme où les yeux et les oreilles de l’Imperial Intelligence doivent se trouver pour protéger l’Impératrice et son œuvre. Quand bien même les espions auraient leur propre flotte, ils ne pourraient malgré tout rivaliser avec la grande mobilité de la Flotte. Alors oui. S’il fallait faire un peu de politique, elle le ferait. Et si le Moff de l’Imperial Intelligence désapprouvait… Elle ne se gênerait pas pour garder un certain nombre de secrets. Ce ne serait pas la première fois et ce ne serait certainement pas la dernière fois.

N’était-ce pas son métier après tout? Et si son supérieur n’était pas capable de les découvrir… Soit il était bon pour la retraite ou alors Silenda était bien meilleure que ce qu’elle laissait paraitre. Oh oui. Elle avait accepté l’invitation. Elle n’avait pas répondu tout de suite. Elle avait laissé un certain temps s’écouler. Un test. Sa façon d’analyser celui qui allait être son hôte. Répondre immédiatement l’aurait placé dans une position de faiblesse. Elle aurait eu l’air trop volontaire, ce qui dissimulait alors un besoin face à la flotte ou un désir de plaire. Si elle avait répondu trop tardivement, cela aurait exprimé de la nonchalance ou une incapacité à gérer son agenda. Non. Tout avait été savamment étudié par la division chargée de la guerre psychologique pour trouver le moment parfait pour que le subconscient du Grand Amiral soit flatté dans le sens du poil.

Silenda était joueuse, après tout. Ses succès étaient les siens et elle désarmait en cassant avec le moule du Chiss froid et distant. Elle était très difficile à cerner et cette difficulté était une pièce de plus à son armure. Pour rencontrer le Grand Amiral, elle avait naturellement décidé de porter l’uniforme d’apparat de sa fonction, ce qui cadrait pour les grandes occasions et les rencontres officielles. Certaines personnes portent bien l’uniforme. Silenda semblait avoir été faite par la nature pour en porter, ce dernier épousant ses courbes, ses formes et son physique pratiquement à la perfection. Combien d’officiers portent l’uniforme et ont simplement l’air de mannequins avec des galons et des médailles? Son exotisme attirait le regard et son aura intriguait. Chose certaine, le major chargé de l’escorter ne semblait pas capable de détacher son regard de sa personne.

Elle laissa le Grand Amiral se charger des formalités face à son subordonné. Elle aurait dû penser Moff Grand Amiral mais elle préférait considérer son vis-à-vis pour ses qualités de guerrier plus que pour le volet résolument politique. Souriante, elle laissa échapper un petit rire face au qualificatif employé pour décrire son supérieur mais autrement, pour le moment elle ne dit rien, si ce n’est de préciser qu’elle prendrait volontiers une tasse de cet intéressant breuvage dont un filet d’odeur s’échappait de la bouilloire. Elle avait fait ses devoirs sur Horacio Tarvitz. C’était une façon gentille de le lui rappeler. On voyait ici les signes de sa nature espiègle, bien plus proche de l’Humain que du Chiss. Elle analysa les paroles du militaire et son non verbal avant de se décider à répondre. Difficile de décoder un regard comme celui d’un Chiss, après tout…

« Respectueusement, Moff, je préfèrerais que vous vous adressiez à moi par mon titre. Commandant. Je n’ai aucun problème avec un échange plus décontracté mais je me vois mal vous appeler Horatio. Vous excuserez j’espère les vestiges de ma rigidité Chiss et de mon attachement au protocole. S’il faut être honnête, chose curieuse à entendre de la bouche d’une espionne, je me demandais quand vous feriez le premier pas.

Je ne vous cache pas que j’ai déjà rencontré le Grand Moff et le Grand Général et il était donc normal que votre tour vienne à un moment ou à un autre. Votre commentaire fort amusant sur mon supérieur vient mettre en lumière un fait, cependant. L’Imperial Intelligence ne peut rester paralysé à cause de la maladie de notre Moff. Ainsi, Moff Tarvitz, considérez avoir toute mon attention. Un homme de votre réputation doit déjà avoir une ébauche de ce qu’il désire en tête… Non? »

La responsable des renseignements Chiss et la numéro 2 des services impériaux plut à Horacio dès les premiers instants. Comme il s'y était attendu, elle avait observé ses habitudes, noté quels éléments il fallait mettre en avant. Il espérait juste qu'elle apprécierait le goût amer et râpeux des racines de Gree. L'estomac du Grand Amiral s'était habitué au fil des ans mais bien des systèmes digestifs se voyaient ruiner par cette infusion des plus naturelles et si différentes du caf habituel et des rations de combat industrielles. Bien qu'en tant qu'officier de la Flotte Impériale, il puisse compter sur un régime strict et surtout d'une qualité des plus satisfaisantes.

Le second point fut l'insistance de la jeune femme à garder une relation strictement professionnelle mais au-delà de ça qu'elle aille dans les deux sens. Il était souvent de rigueur qu'un officier supérieure - tant est plus si il était senior - avait un droit officieux de nommer ses subalternes par leur nom de famille voir des surnoms. Horatio lui même avait tendance à se montrer parfois paternaliste et bourru avec ses officiers les plus proches ou ceux partageant son quotidien, à l'image de son Major. La demande de Silenda démontrait une certaine fierté, un trait de caractère qui ressortait d'ores et déjà dans son dossier.

Enfin la Chiss ne souhaitait pas perdre de temps et allait directement droit au but. Horatio appréciait un tel conformisme militaire. Cependant, près de cinquante-ans dans les hautes sphères de la Flotte Impériale ancrait de profondes habitudes dans la chair et le coeur. Il était aux yeux du Grand Amiral inutile d'annoncer tout de go la raison de la venue de son invitée. Tout deux connaissaient les demandes évidentes dont il allait faire la demande et quel prix serait proposer en cet échange. Horatio s'éclaircit donc la gorge d'un air réprobateur et se contenta de servir deux grandes tasses de thé tandis que le Lieutenant qui leur avait apporté disparaissait dans les coursives de service entourant son bureau. Une fois qu'il fut installé - non sans avoir glissé un morceau de véritable sucre dans la tasse de son hôte - le Grand Amiral prit la peine de répondre.

Il est toujours agréable de profiter d'un moment de paix et de calme Commandant. Surtout de nos jours. Nous pourrions être à l'autre bout de la Galaxie demain à la même heure, à la tête d'une Flotte ou d'une armée pour écraser une contre-attaque, ou au contraire mener l'assaut. Horatio trempa ses lèvres dans le liquide encore brûlant et laissa ses joues se creuser pour apprécier le goût amer. Il plongea enfin son regard de vétéran, empreint des âges de guerre vécus sur son interlocutrice : Cette inconnue me demande également de répondre à votre question. Je sais déjà ce que je désire. Le Grand Amiral posa sa tasse avant de s'installer confortablement, le dos droit et les mains posées sur ses genoux. Un monstre taillé pour la guerre à l'image du complexe industrialo-militaire de l'Empire mène souvent à ce que de nombreux engrenages complémentaires se retrouvent grippés entre eux. La maladie de votre supérieur fait partie de la rouille fort regrettable. Les informations des Renseignements n'arrivent souvent qu'au compte-goutte et nous nous rendons parfaitement compte de la rétention que je puis deviner involontaire de précieux détails concernant nos ennemis. Aussi je souhaiterai vous proposer une relation au long-cours entre nos services - ceux des Renseignements aussi bien que la Grande-Amirauté. En l'échange d'un accès automatique à l'ensemble de la Iere Flotte - à l'exception évidente des classes de vaisseaux les plus lourdes et indispensables à son fonctionnement - les rapports de vos hommes parviendront à ma cellule stratégique. Nous partagerons ainsi ensemble et avec un regard neuf à l'ensemble de l'Etat-Major nos plans... Désirez-vous une autre tasse Commandant ?

Le Moff ne tourne pas autour du pot, une chose que Silenda apprécie. Naturellement, Elle avait anticipé ce genre de demandes. Avec son supérieur hors de l’équation à cause de sa maladie, c’est elle qui influence subtilement le flot de l’information et bien qu’officiellement, elle va toujours affirmer que cette distribution est imputable au Moff de l’Imperial Intelligence, véritablement, c’est elle qui cherche à faire des gains avec les secteurs les plus clés de l’Empire. Évidemment que la Flotte va vouloir avoir un accès plus efficace aux informations que détiennent les espions de l’Empire. Comme l’Armée d’ailleurs. Pour gagner la guerre, oui, mais aussi pour bien paraitre aux yeux de l’Impératrice, sans aucun doute. Quelle que soit l’incarnation d’un gouvernement, ses composantes vont toujours vouloir prouver leur importance.

Pour Silenda, c’est un objectif similaire qu’elle a en tête. S’assurer que l’Imperial Intelligence gagne en puissance et en importance face aux chevaliers impériaux. Plus de poids dans la balance pour éviter que leurs opérations ne soient perturbées par ceux se considérant comme la seule vraie élite de l’Empire. C’est en cultivant les alliances, les faveurs et en accumulant de quoi faire danser bon nombre d’huiles lourdes impériales que Silenda espère les faire chuter de leur piédestal. Sirotant sa tasse de thé, elle feint de réfléchir à ce qui est dit, un geste délibérément calculé. Bénéficier de davantage de ressources pour permettre un déplacement facile de ses effectifs sera un énorme avantage… Mais il y a plus à gagner qu’un service de taxi. Il va falloir déterminer jusqu’à quel point le Moff de la Flotte Impériale désire ces informations.

« Respectueusement, Moff Tarvitz, dans la théorie, je peux détourner un destroyer stellaire et tout son équipage si le besoin se fait sentir, à moins qu’un chevalier impérial ne vienne donner un contrordre. Il serait hasardeux d’autoriser du personnel en dessous du grade d’agent de disposer d’un tel pouvoir et mes agents peuvent déjà détourner de plus petits bâtiments. Mais vous savez déjà tout cela. »

C’est là que tout ce qui fait de Silenda une espionne aussi dangereuse qu’efficace se met en branle. Le tout est dit sur le ton de la conversation, presque candidement. Elle ne dit pas non à l’offre qu’on lui fait mais elle ne dit pas oui non plus. Elle ouvre la porte à la négociation bien que visiblement, elle ne compte pas être celle qui pourrait dire quelque chose de compromettant. Le réel avantage que pourrait obtenir l’Imperial Intelligence, c’est si certains éléments de la Flotte étaient prêts à désobéir à un ordre donné par un chevalier impérial au profit des espions. Prendre un tel risque relèverait plus que probablement de la trahison. Naturellement, jamais la Chiss ne proposerait une telle chose. Le grand amiral a besoin des informations qu’elle détient. C’est une certitude. Et Silenda a besoin de gens prêts à prendre des risques.

« Je ne vous mentirai pas, Moff Tarvitz. J’ai lu votre dossier. J’ai interviewé un certain nombre de personnes à votre sujet et je peux dire en toute confiance m’être fait une bonne image de votre personne. Un partenariat entre nos services ne peut qu’être bénéfique. Ceci dit, j’ai besoin de plus qu’un service de transport pour mes effectifs. J’ai besoin de soutien. Spécifiquement, de nature militaire. »

Voilà qui devrait attirer l’attention du militaire. Pourquoi une espionne aurait besoin non pas de la flotte pour se déplacer d’un point A à un point B mais bien pour quelque chose requérant la force de frappe de l’Invincible Armada? Déposant sur le bureau de l’amiral un datapad, il s’agit d’une série de coordonnées et s’il faut en croire les relevés, des points de frappe sur ce qui semble être des cibles même pas secondaires mais carrément tertiaires. Pourquoi Silenda voudrait-elle réquisitionner plusieurs Star Destroyer pour attaquer des objectifs qui semblent avoir une importance stratégique minimale? Il va falloir poser la question et comme dans toute chose avec les espions… Ne jamais poser une question à laquelle on ne veut pas de réponse. Ou pire encore, une question qui pourrait faire en sorte de vous réveiller avec un couteau dans le dos.

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