[Craci] Partage d'expertise ? [Neith Kal]

Éviter autant que possible d’emprunter la Voie Hydienne. Celle-ci nous est périlleuse de par sa proximité avec l’Espace Sith. Neith se souvient parfaitement avoir entendu Injaa, la Twi’Lek l’ayant convertie au monde des Ombres, lui répéter cela. Encore et encore, car l’espièglerie de ce petit oiseau commençant à voler de ses propres ailes semblait sans limites. Toutefois, si Neith arpente actuellement la voie commerciale en hyper-espace, ce n’est pas par défi de l’autorité établie. Ni même par simple amour du risque. Ce second point est discutable, mais il y a bien longtemps que l’Echani ne voit plus exercée sur elle qu’une autorité relative. Une hiérarchie qui lui donne certes des objectifs à accomplir proprement et sans bavure, mais qui se moque bien des procédés utilisés. Union de deux cultures réputées pour leur identitarisme, l’Ombre Nova serait bien difficile à ramener à un schéma d’autorité plus stricte, aujourd’hui.

D’autant que ses méthodes ont le mérite d’avoir des résultats. Elle n’est peut-être pas la source d’informations la plus prolifique pour la République, mais on ne saurait retirer une carte de son jeu lorsqu’on confronte ce dernier à celui de deux adversaires. En l’occurrence, c’est justement afin d’enrichir sa propre collecte de renseignements que l’Echani s’aventure aussi profondément dans le territoire du Consortium. Sa frégate est bien sûr garée sagement dans un spatioport pas trop regardant sur les vaisseaux qu’il abrite, particulièrement quand leur propriétaire est de ceux qui le financent sous la table. L’essentiel du trajet de l’Ombre s’étant effectué à bord de son cargo fétiche, celui-ci indique à la pilote et capitaine qu’il va bientôt sortir d’hyper-espace. Confirmation lui est demandée quant aux coordonnées de son objectif, ce qu’elle valide oralement.

Rapidement après sa sortie de vitesse-lumière, une voix familière se fera entendre de l’autre côté de son système de communication. Une voix masculine que l’espionne reconnaît aisément comme celle de son contact sur place. Ce n’est pas l’homme qui lui sert de taupe sur Craci non.. du moins pas encore. Seulement le gradé qui permets sans le savoir à une Ombre Jedi d’entrer dans l’univers Sith par la porte dérobée. Elle communique donc son identification de vaisseau issu d’APEX, ainsi que son nom et la raison de sa venue sur Craci. Le Colonel, qui n’avait pas vraiment besoin de cette dernière information, indique donc à l’Echani une piste précise sur laquelle se poser. La manœuvre, rudimentaire, est l’occasion pour la Républicaine d’observer partiellement un échantillon d’architecture planétaire. Il paraîtrait que Craci est un système administré par une corporation à but essentiellement militaire.

Et lorsqu’elle gagne le quai de ce spatioport, Neith est contrainte d’adhérer à cette vision des choses. Cinq militaires en uniforme l’accueillent, dont son mandataire qui lui présente ses quatre subordonnés avant de l’inviter à le suivre. L’embarquement dans la navette est tout aussi procédurier que sera pesant le silence accompagnant le trajet jusqu’au centre d’entraînement. La Corellienne ne s’attendait pas à échanger sur la pluie et le beau temps avec eux, mais constate une nouvelle fois que la notion de corpo-planète militaire se vérifie. Les Clones sont ce qu’ils sont, mais eux ont le mérite d’être bavards. Elle qui affectionne pourtant le silence, se retrouve à plaindre ses collaborateurs de l’Ombre qui infiltrent le régime Impérial. Ce doit être encore plus ardu de leur arracher le moindre mot.

Une fois la navette immobilisée, l’Officier Supérieur initiera une nouvelle fois la marche, suivi de près par son invitée et par le reste de la troupe. Alors qu’elle ne représentait pourtant pas une menace pour les soldats, la sensitive percevait la tension qui les habitait. Elle n’avait pas d’armes, pourtant ils semblaient surveiller le moindre de ses faits et gestes en dessous de leurs armures. Ils devaient être habitués aux coups fourrés de tout genre. Ils finiraient bien par se détendre en réalisant que l’Echani ne comptait pas leur nuire directement. Pas aujourd’hui du moins. Présentement, le gradé marqua le terme de cette promenade, déverrouillant une porte dans laquelle il s’engouffra avant de s’écarter sur le côté. Invitée à y entrer à sa suite, Neith posera naturellement le regard sur cette armure vivante, plus massive encore que celle des soldats l’ayant menée ici.

Ainsi allait-elle négocier les termes de son contrat non pas avec un officier, mais avec le Général lui-même. Ou Générale ? L’altération de sa voix par un communicateur empêchait de le savoir. Autarch donc, tel était le titre utilisé. La formalité militaire par excellence se dégageait de cette silhouette mécanique dont l’armure empêchait la moindre analyse corporelle. Neith n’imaginait pas avoir à faire avec la plus haute autorité locale d’entrée de jeu, mais cela représentait une opportunité qu’elle n’allait pas manquer. D’autant plus qu’elle se voyait déjà offrir des moyens d’analyser la personnalité lui faisant face. Pour commencer, après une révérence envers cette figure d’autorité, elle resterait aussi droite et stoïque que ne l’était l’Autarch. En tant qu’instructrice de renom, elle savait aussi se montrer formelle après tout.


L’Echani sentira bien une des silhouettes derrière elle s’éloigner. Ce qu’elle sentait aussi, était le regard pesant de ce Josef Mach qui ne la quittait pas des yeux. Malheureusement pour lui, la maîtrise de son langage corporel était une des premières choses qu’Injaa avait enseigné à sa Padawan. Néanmoins, l’Ombre jugea plus sage de poursuivre sans attendre. Sa gorge ne ressemblait pas encore aux étendues de Tattoine après tout. Son regard vint alors se poser à l’endroit de l’armure du Général dont elle supposait que se trouvait exactement les yeux.


C’est l’instant que choisit Neith pour prendre place à la table de Krista. Plus exactement, pour s’asseoir sur la chaise lui faisant face. Ceci, avant de renvoyer la balle dans son camp.

En quelques mots de l’Autarch, Neith confirma son impression. Ce Mach l’avait contactée personnellement, mais le fait que l’armure assise avoues devoir avaliser elle-même l’instruction Echani des troupes la place naturellement au sommet de la chaîne de commandement. Sur une telle planète, la figure Kovac fait donc incontestablement figure de dirigeant public. L’Ombre n’a plus qu’à savoir si un Sith quelconque a pu instrumentaliser Craci et elle pourra sans doute commencer à fréquenter cette caste. Au nez et à la barbe de leurs Inquisiteurs qui deviendront néanmoins une préoccupation plus grande encore pour l’infiltrée.

Cette projection vaudra à Krista un silence de la part de son invitée. Neith n’était de toute façon pas du genre à imposer des conditions sur une chose qu’elle n’avait pas démontrée. Les actes ne valent-ils pas infiniment plus que les mots ?

Mais son esprit n’extrapolerait pas davantage le futur. Armure d’action au temps d’or, l’Autarch l’invita rapidement à la suivre, toujours sous bonne garde, afin d’évaluer elle-même la future instructrice. L’air de rien, la sensitive profitera du trajet pour mémoriser un semblant des couloirs parcourus. Une tâche assez incertaine quand tous se ressemblent. Un effort peu rentable qui plus est, puisque l’escorte ne la guidait sans doute que vers une salle d’entraînement. Quel genre d’autre lieu peut servir à ce genre d’évaluation après tout.

Toujours aussi silencieusement, l’Ombre observera la générale prendre place au centre de l’arène sans public et se mettre immédiatement en position de duel. Ainsi, son œil d’Echani aurait du être attiré par instinct envers l’analyse de sa garde et les failles inhérentes à celle-ci. Pourtant, ce même instinct importé d’Eshan fera lorgner l’espionne sur l’arme de son « adversaire ». Même sans avoir jamais foulé le sol des Protectorats, ce matériau est reconnaissable entre milles. L’Autarch aurait volé cette lame à un Mandalorien ? Voilà qui renseigne grandement Neith sur le niveau de son adversaire… définitivement, l’obtention de poste n’est pas la seule raison pour laquelle elle ne devra pas se ménager.

« Si efficients soient-ils, nos arts martiaux ne dérogent pas à une règle universelle :ils sont bien plus efficaces sur un adversaire dépourvu d’armure. Mais passons… et discutons. »

Aura-t-elle avoué à sa partenaire d’entraînement après quelques pas décontractés en sa direction. L’idée n’était pas de la forcer à quitter cette peau de fer. Pas uniquement du moins. Mais pour elle qui souhaitait jauger de l’efficacité d’un combat rapproché, cette armure risquait d’en atténuer tout le ressenti. Heureusement, si massive soit-elle, une telle protection demeurait articulé et pleine d’ouvertures utilisables en conséquence.

L’éclat spirituel de l’espionne, s’il était neutre et courtois jusque-là, se fera plus acéré. Du croisement de ses mains, de la tension de ses bras, quelques craquements osseux retentiront. Cela fait longtemps qu’elle n’en a pas usé sans retenue. Depuis son duel face à l’Ours de Tython, en vérité. Dans cette configuration-ci, hélas, elle n’avait aucune arme à opposer à la lame de Beskad. Qu’à cela ne tienne, elle devrait l’en priver ou bien l’esquiver. Son premier mouvement irait en ce sens, alors que Neith sembla fondre sur l’Autarch pour en découdre.

Dans une culture autant basée sur le corps que sur les armes blanches, le désarmement occupait une place primordiale. Aussi, les premiers coups de l’Ombre viseraient les coudes de la générale. Si prévisible soit-elle, l’Echani ne cherchait encore qu’à estimer la défense adverse. Et lorsqu’une certaine distance les séparera, Neith en profitera pour tenter de passer entre ses jambes d’une roulade. En apparence seulement, puisqu’elle viendra dérouler son élan pour asséner le plat de sa botte à la base du casque de son adversaire.

Une armure n’allait pas forcément l’empêcher de faire mal.