Naïa, le Huitième Passager [Yenna]

_____________________________________________________





Quelque part dans la zone neutre, sur une route de fret

_____________________________________________________

« Oxygène à 15%. »

Le bip strident retentit dans le casque de survie spatiale enfilé à toute hâte.

« Oxygène à 15%. »

Les voyants du casque illuminaient son visage impassible d’une lueur rougeâtre, qui ne faisait qu’accentuer le ridicule de la situation. Il ne fallait pas être bien devin pour se rendre compte que la situation dans laquelle se trouvait Naïa Mytheiril était loin d’être enviable. Prostrée dans un coin de la carcasse transpercée de part en part du Tempérance VII, Naïa se disait que finalement … sa permission commençait très mal.

Le Tempérance VII portait bien son nom. Cette corvette de transport civil était la sixième itération de feu le Tempérance premier du nom, abattu il y a 5 ans par des pirates du vide. Tempérance II avait été perdue dans un pari avec des Corelliens et s’appelait désormais Patience. Tempérance III avait été démantelée par erreur suite à une erreur d’accostage à son dernier port d’attache. Confondue avec une carcasse devant partir à la décharge, la corvette avait été compactée dans les décharges urbaines du secteur, avec tous les effets du pilote. Tempérance IV avait loupé saut hyperspatial et s’était échouée dans un champ d’astéroïdes avant d’être avalée par une créature du vide spatial. Tempérance V ? Abattue par des pirates. Tempérance VI ? Désormais une corvette pirate ! Il ne restait plus que Tempérance la septième du nom, pour boucler la boucle.

Transportant à son bord cinquante personnes en partance pour les mondes balnéaires, Tempérance VII devait emprunter un itinéraire sûr, passant et totalement dépourvu de piraterie. Le capitaine du vaisseau se félicitait lui-même d’avoir réussi à survivre à plusieurs destructions des précédents Tempérance et était heureux de pouvoir enfin faire briller la magnifique licence de vol qui lui permettait d’emprunter une route sûre. Enfin, la chance lui souriait ! Cette fois-ci, rien ne pourrait l’empêcher de mener ses passagers à bon port ! Il avait même engagé deux chasseurs au cas où. Il avait même prévu un petit pécule pour négocier avec les pirates si ceux-ci venaient à apparaître sur les radars. Il avait même aspergé son vaisseau de cette huile sensée repousser les prédateurs spatiaux. Clairement, il avait paré à tout.

Enfin, ça, c’était avant que les voyants ne se mettent à s’allumer dans tous les sens et que les radars de la corvette ne captent les signatures de plusieurs vaisseaux non identifiés et le largage caractéristique de torpilles à protons.

La dernière pensée du pilote du Tempérance VII fut quelque chose comme : « Monde de merde. »

Les passagers découvrirent les joies des vols spatiaux low-cost lorsque les torpilles percutèrent la corvette et déchiquetèrent les moteurs et le poste de pilotage. Les plus chanceux n’eurent même pas à expérimenter les joies du vide spatial. Fauchés par la première salve, ils ne purent cependant pas profiter du feu d’artifice sous la forme des deux chasseurs pulvérisés par une batterie de turbo-laser bien ajustés. La panique à bord fut de courte durée, notamment parce que le vide spatial ne réverbérait pas les sons. Bien vite, il ne resta plus personne de vivant à bord du pont des passagers du Tempérance VII.

Les assaillants disparurent aussi vite qu’ils étaient apparus. Dans le poste des opérateurs chargés du lancement des torpilles, on s’insultait copieusement. Qui était l’idiot qui avait donné l’ordre de faire feu avant que les négociations n’aient commencé ?

Lorsque le calme revint sur la route spatiale, Tempérance VII n’était plus qu’une carcasse de plus dans le vide spatial. Les débris de la corvette à l’agonie révélaient les corps carbonisés et gelés de l’équipage et de 49 personnes, dérivant dans le silence, leurs visages aussi stupéfaits que meurtris. Mais une personne manquait à l’appel parmi le cortège des disparus.

Enveloppée dans une combinaison spatiale avec une réserve d’oxygène faiblissant de minutes en minutes, Naïa Mytheiril, Céleste Impériale en permission, avait échappé à la mort une fois de plus … d’aucuns auraient dit une fois de trop. Lorsqu’elle avait senti les vaisseaux apparaître et sortir de l’hyperespace pour lancer leur raid meurtrier, son premier réflexe avait été la survie. Tant pis pour les autres passagers … tenter de les sauver aurait signé son propre arrêt de mort. Projetée contre la parois par les salves de torpilles, la jeune femme n’avait pu compter que sur ses dons de Force pour ne pas finir broyée par le métal déchiré l’impact.

Recroquevillée dans un coin du vaisseau, la jeune femme respirait faiblement. Selon sa propre estimation elle avait … un bras brisé, plusieurs côtes enfoncées, probablement les jambes dans un sale état. Naïa était pourtant solide. Son entrainement lui avait permis de survivre à l’impact … mais à présent, les choses semblaient de plus en plus incertaines. A mesure que l’oxygène diminuait dans son casque de survie, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si une balise de détresse avait été activée. Trop endolorie pour bouger, elle avait à peine réussi à tourner la tête pour voir les débris de son sabre laser flotter à ses côtés.

Elle pesta … et toussa … Les choses étaient très mal engagées …

Allait-elle mourir ici, au milieu de nulle part ? L’optimisme forcené de Naïa lui murmurait que c’était peu probable … Elle s’en sortait toujours. La Force refusait qu’elle périsse … Et puis … quelle fin misérable pour une Céleste Impériale.

Elle toussa à nouveau et sentit sa vision se troubler. Le manque d’oxygène se faisait sentir. Il fallait qu’elle ralentisse ses fonctions vitales, suffisamment pour pouvoir tenir le coup quelques heures. Derrière la vitre de son casque, elle observait les courants de la Force se tendre et se détendre, tandis que les étoiles scintillaient au travers de la carcasse du vaisseau. Si elle n’avait pas été en train d’asphyxier, elle aurait presque trouvé ça bucolique …

Sa respiration se fit plus lente … Elle ferma les yeux …

Pourvu que de l’aide arrive …

Le royaume des odeurs fut le premier à accueillir le réveil de la Céleste impériale. Une bonne odeur de cookies chauds s’insinua dans ses narines, éveillant petit à petit ses sens endoloris. La mort avait à nouveau rejeté Naïa sur le côté, comme à son habitude, et la Céleste pouvait sentir dans tout son corps le douloureux élan de la vie. Il était des étreintes et des rejets dont on se souvenait toute sa vie et la Chevalière pouvait ajouter cette nouvelle danse avec la Faucheuse à son palmarès.

Encore une …

Reprenant contact avec la réalité, la métisse resta les yeux fermés, cherchant à reconnecter les parties les plus endolories de son corps. La personne qui l’avait récupéré dans le vide spatial possédait des docteurs des plus expérimentés pour avoir réussi à la rafistoler de la sorte. Naïa pouvait s’estimer chanceuse. Survivre à une explosion spatiale était une chose, survivre à des docteurs peu expérimentés en était une autre et elle avait vu nombre de ses soldats périr à cause de soins bâclés, réalisés au cœur des combats. Ceux qui s’en sortaient finissaient généralement amputés, et, au vu de la manière dont elle ressentait la douleur dans tout ses membres, n’était pas son cas.

La voix de sa sauveuse – à supposer qu’il s’agisse bien de la personne ayant performé les soins – la guida vers la lumière et l’odeur plaisante des pâtisseries. Elle ouvrit les yeux et découvrit avec une pointe d’inquiétude, savamment mitigée par les calmants, qu’elle n’était pas dans un hôpital spatial, mais dans une chambre des plus singulière. Particulièrement bien agencée et décorée avec goût, elle était au moins du niveau de ce que l’on pouvait attendre des appartements de l’aristocratie impériale … mais en moins guindé. Reposant sur un matelas à mémoire de forme parfaitement confortable, la patiente ne pouvait qu’admirer un tel raffinement : luxueux, sans être tape-à-l’œil ; élégant sans être ostentatoire … une pièce qui en disait long sur l’éducation et la culture de son propriétaire. Habituée à la vie spartiate des combattants spatiaux et à la vie sur Thyrsus, Naïa ne goutait que peu à ce genre de décorum. Si elle était restée entre Luka Sene et Thyrsus, à jouer le rôle de pont entre les deux civilisations, elle aurait pu se faire à l’idée de voyager dans l’espace avec de tels appartements.

C’était comme un cocon douillet …

Elle parvint à s’assoir et toussa. Ses cottes avaient beau être réparées, elle n’était pas encore au meilleur de sa forme et elle le savait pertinemment. Les mains posées sur les draps les plus agréables qu’elle ait pu toucher, la demoiselle prit le temps de retrouver sa respiration et posa ses grandes prunelles grises sensibles à la Force sur sa sauveuse.

Il ne lui fallut qu’une fraction de seconde pour comprendre à quoi elle avait à faire. Instinctivement sa main attrapa la tasse vide, le seul instrument potentiellement mortel à sa disposition et elle la brandit devant elle. Son instinct agissait avant sa raison et son corps s’était emparé de la tasse avant qu’elle n’ait pu formuler le moindre plan. Tout son corps, conditionné par des années de combat, l’enjoignait à briser la tasse sur le rebord de la table et à égorger sauvagement ce chatoiement de couleurs pourpres et sanglantes mâtinées d’obscurité qui se tenait tout sourire devant elle.

Mais la raison de Naïa parvint à reprendre le contrôle sur son instinct de conservation. Elle était fatiguée et elle n’était absolument pas en état de se battre. De plus, si cette Sith avait voulu la faire prisonnière, elle n’aurait pas pris la peine de la soigner plus que de raison : les tortionnaires savaient y faire pour maintenir en vie des corps qui auraient depuis longtemps rendu l’âme. La jeune femme n’était pas stupide au point de vouloir exécuter sa sauveuse potentielle, d’autant qu’au vu de ses appartements, il était probable qu’une armée d’exécuteurs et d’assassins soient présents à bord de ce vaisseau sith. Elle était dans une position précaire, délicate et sans les renseignements nécessaires pour en sortir par le haut. D’ordinaire, cela n’aurait pas posé le moindre souci et elle aurait allègrement massacré tout ce qui se trouvait sur son chemin.

Mais elle n’avait pas son sabre … et la personne qui se tenait devant elle présentait les mêmes dispositions à l’utilisation de la Force qu’elle. Tout comme elle … la Force semblait la choyer. Elle plissa les yeux et reposa la tasse sur la table de chevet … doucement. Elle ne sauterait pas sur elle … mais il lui fallait rester méfiante … Cette Sith ne l’avait pas sauvé pour ses beaux yeux ou par pure bonté d’âme.

« … »

Elle voulut répliquer quelque chose mais ce fut son estomac qui fut plus prompt à se manifester … sous la forme d’un gargouillis sonore. La jeune femme prit un air presque gêné … et attrapa le premier cookie chaud dans ses mains avant de le dévorer à pleines dents. Par tous les soleils de Thyrsus, elle était affamée !

De la Sith n’émanait aucune volonté de tuer, même cachée. Naïa était passée maîtresse dans l’art de savoir si son interlocuteur prévoyait de l’attaquer. A force de combattre, elle en était venue à déceler l’intention meurtrière dans les moindres expressions corporelles et ses yeux, armés d’une vision de la Force, pouvaient ressentir et décrypter les mouvements subtils de la Force qui se pliait pour accompagner l’instinct de tueur. A son grand étonnement, il n’y avait dans cette Sith aucun marqueur caractéristique de cette soif de sang. Soit elle était passée maîtresse dans l’art de dissimuler ses intentions – ce qui n’était pas très Sith – soit elle était véritablement dotée des meilleures intentions possibles.

Naïa, femme de bonne composition et surtout, désarmée, envisagea que la seconde hypothèse était la bonne et se détendit quelque peu. Elle aurait eu tout le loisir de la tuer, ou de la questionner dans un état entre la vie et la mort … Et elle s’était abstenue. Ainsi donc, il y avait des Siths avec un minimum de sens de l’honneur ! La galaxie était décidément un endroit étrange et plein de surprises, ce qui n’était pas pour déplaire à la Céleste Impériale, dans son état de faiblesse.

Il n’y a qu’à patienter jusqu’à trouver le moyen de s’enfuir …

La Céleste dévora un cookie, puis un autre. Ils étaient délicieux, et c’était un euphémisme, mais elle estima que c’était surtout la faim liée à sa convalescence qui parlait à sa place. Quand vous êtes affamés, tout à un goût de paradis. Elle ne fit aucune difficulté pour boire le thé gentiment tendu par son hôte. Du thé de grande qualité, si elle en croyait ses papilles gustatives.

Rassasiée, Naïa considéra à nouveau son interlocutrice et réfléchit rapidement à un plan d’action. Dès qu’elle aurait trouvé un moyen de géolocaliser sa position, il lui faudrait trouver un chasseur pour s’échapper de ce vaisseau. Elle doutait que son hôte soit idiote au point de déposer une prise comme elle au prochain spatioport. Les Célestes Impériaux se comptaient sur les doigts d’une main et l’Empire paierait particulièrement cher pour récupérer Naïa vivante et en bonne santé. Il était probable que si elle ne parvienne pas à s’échapper, elle serait échangée contre une palanquée de Seigneurs Siths croupissant dans les prisons de haute sécurité.

« Vous savez parfaitement qui je suis …soupira-t-elle. Naïa Mytheiril, Céleste Impériale au service de l’Impératrice … »

Elle aurait pu lâcher ses nombreux titres … mais elle se doutait que son interlocutrice les connaissait déjà tous.

« Si j’en crois votre apparence … vos manières … vos yeux … Vous êtes celle que l’on appelle Darth Yenna. Je me trompe ? Où suis-je et que comptez-vous faire de moi ? »

Légère fluctuation dans la Force à l’annonce de ce nom. Naïa resta fermée, sérieuse, tandis que ses yeux détaillaient les moindres évolutions de la Force autour de son hôte.

La Matriarche de Lorell figurait dans la liste des personnalités à abattre en priorité au sein des effectifs des Chevaliers Impériaux. Quiconque enverrait sa tête à l’Impératrice se verrait remettre les honneurs dus à ce fait d’arme exemplaire. Mais si la perspective de se voir félicitée par l’Impératrice était en soi intéressante, c’était bien l’ivresse du combat et l’opportunité de vivre une expérience cathartique au travers de la Force au travers d’un duel avec un être aussi puissant qu’elle qui intéressait Naïa. Un tel évènement serait grandiose et la ferait nécessairement progresser sur sa Voie.

A mesure que Yenna détaillait les conditions de la captivité de la Céleste Impériale, celle-ci ne pouvait s’empêcher de réfléchir à ses options d’évasion. Mais sans son sabre laser, ses chances de franchir ne serai-ce que la porte d’entrée des appartements dans lesquels elle était retenue était plus que mince. Naïa était une guerrière … et les Siths maîtrisaient des manifestations de la Force qui dépassaient son expertise. Un geste hostile et elle serait foudroyée sur place par la Maîtresse Modeleuse. Une hypothèse qu’elle ne comptait pas vérifier d’elle-même pour l’instant.

Le fait que la Maîtresse Modeleuse ne semble pas avoir de projets hostiles contre la guerrière ne la rassurait pas spécialement. Les Siths étaient les maîtres du mensonge et de la duperie, mais les yeux de Naïa étaient capables de saisir les plus petites fluctuations de la Force pour déceler les intentions cachées derrières les mots. Pourtant, malgré son regard perçant, Naïa ne parvenait pas à distinguer la moindre malice derrière les paroles de son hôte. Mais si Yenna ne semblait pas avoir d’intentions hostiles pour le moment … ce n’était peut-être par le cas de ses « collaborateurs ».

Lorsque son hôte s’enquit de la douleur à son bras, Naïa remarqua que la Maîtresse Modeleuse n’avait pas simplement réparé les blessures les plus dangereuses pour son intégrité physique. La Sith en avait profité pour faire disparaître au travers d’une chirurgie réparatrice les cicatrices qui marbraient le corps de l’Equarisseuse. Bien que la demoiselle affichât un visage de marbre à cette découverte, la légère fluctuation dans le flot de la Force dut se sentir. Les cicatrices acquises par Naïa étaient autant de souvenirs des combats qu’elle avait mené, de ses échecs et de ses victoires. Au sein de l’Empire, elles agissaient symboliquement comme des médailles et chaque soldat les arborait avec fierté. En vérité, il s’agissait surtout d’un problème culturel et médical. Les médecins de l’Empire n’avaient pas le temps de s’occuper de l’esthétique des blessures qu’ils réparaient à la chaine. Un soldat n’avait pas besoin d’être beau pour continuer à se battre, d’autant que les Stormtroopers étaient intégralement recouverts d’une armure et d’un casque en plastacier. La doctrine impériale était purement fonctionnelle, sans fioriture, sans aucun souci de la beauté, autre que celle qui émanait naturellement d’une armée parfaitement coordonnée et efficace. Naïa, à l’instar des autres Chevaliers Impériaux, avait adhéré à l’esthétique des cicatrices sans sourciller. Comme le disait le dicton : « Dans l’Empire, fait comme les Impériaux. »

Elle se pinça le bras et laissa courir ses doigts sur les fantômes de ses anciennes cicatrices. L’épiderme avait été réparé avec soin et présentait une fraicheur qui ne laissait rien présager d’une vie de combat dans les zones les plus tendues de la galaxie. Un médecin impérial n’aurait jamais pu réaliser une pareille prouesse … pas par manque de compétence … simplement par différence culturelle profonde.

« … Il va bien … » dit-elle d’un ton détaché.

Les yeux clairs de Naïa détaillèrent à nouveau le visage de la Sith.

« Si vous ne comptez pas me faire de mal, je vous demanderai donc de me déposer dans un spatioport neutre au plus vite. Nous nous séparerons comme si de rien n’était et nous pourrons toutes les deux reprendre le cours de nos vies. »

Mais dans cette galaxie lointaine, très lointaine, les choses n’étaient jamais aussi simples. Naïa était une guerrière et une stratège, pas une diplomate, une espionne et encore moins une politicienne. La guerre était son langage, mais les subtilités de la diplomatie et les intrications complexes des plans siths lui échappaient.

La Céleste soupira et haussa les épaules. Les arguments de la Modeleuse Sith étaient convaincants. Il était peu probable que si Naïa débarquait comme une fleur depuis l’espace neutre, les services secrets impériaux, dans leur grande paranoïa, ne se doutent de quelque chose. La Céleste connaissait suffisamment les officiers du renseignement impérial pour savoir que la moindre incartade ou incohérence dans un récit suffisait à les rendre complètement azimutés. La solution de Yenna, si elle semblait plutôt alambiquée, avait au moins le mérite de sauvegarder la réputation des deux parties et de rendre cette libération plutôt élégante. La combattante n’aurait jamais pensé à un tel plan elle-même … Clairement, elle était plutôt favorable à étrangler la moitié du vaisseau pour sortir d’ici. Mais étant donné que la Sith ne lui voulait aucun mal et que la demoiselle ne sentait aucune fluctuation dans la Force quand elle lui exposait son plan, Naïa considéra que … étrangement … elle pouvait lui faire confiance pour honorer son engagement.

Cependant … il restait plusieurs points à élucider. Tout d’abord, il était peu probable que la gentillesse de Yenna soit sans compensation. Soit cette compensation avait déjà été prise … soit elle serait prise plus tard. Il restait à savoir ce que cela serait, et Naïa comptait bien profiter de sa « captivité » pour le découvrir. Plus encore, cela lui permettrait d’en découvrir plus sur les Siths et leur art de la guerre. Beaucoup d’agents impériaux auraient vendu leur famille pour obtenir ce genre d’informations de première main. Quand la Force fermait une porte, elle ouvrait une fenêtre …

La jeune femme se mit en position assise sur le lit, libérant son corps de la douceur des draps. Sa peau sombre contrastait avec la blancheur des sous-vêtements médicaux tandis qu’elle toisait de ses yeux argentés l’aura de Force de la Modeleuse. Il y avait quelque chose chez cette femme qui poussait à la croire. Une forme d’honnêteté alliée à une forme de sagesse qui était peu commune chez les différentes races de la galaxie. Quel âge avait-elle réellement ?

« Visiblement, vous avez pensé à tout. Soit … j’accepte de participer à ce plan, aussi fou soit-il. Comme vous l’avez dit, les risques que nous encourrons par notre simple rencontre sont beaucoup trop grands pour que nous puissions en ressortir indemnes si quelqu’un venait à fouiller dans nos histoires communes. J’espère que vous saurez vous montrer une hôte des plus respectueuses. Pour ma part, je serai une invitée des plus discrètes et ne perturberai pas vos missions. »

Elle massa son poignet gauche, nonchalamment avant d’ajouter :

« Ma permission était de 6 semaines. Nous aurons tout le temps d’apprendre à nous connaître. »

Naïa aurait pu demander une arme, pour sa sécurité, mais elle se doutait qu’elle n’en aurait pas besoin. Peu de gens étaient capables de rivaliser avec elle, même désarmée. Plus encore, si la Matriarche hapienne avait décrété qu’elle était son invitée, personne ne toucherait à elle. Ceci dit … si elle ne revenait pas avec son sabre laser, cela risquait d’attirer des soupçons.

« Juste deux choses avant que nous continuions cette conversation … Je souhaiterai que vous me laissiez réparer mon sabre laser. Si cela peut vous rassurer, vous conserverez les cristaux kyber durant mon séjour parmi vous, mais j’insiste sur le fait que si je reviens sans, les renseignements impériaux me poseront des questions. Deuxièmement … »

Elle pointa du doigt ses sous-vêtements médicaux blancs d’un air contrit.

« Avez-vous quelque chose que je pourrai enfiler ? Je ne vais pas me déplacer à moitié nue dans votre vaisseau … »