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To'Maz Empty To'Maz

Ven 6 Déc - 0:05

 
 

 

Equipement :


 





  • Tenue traditionnelle turiane :
    Bien qu'il ait moins souvent l'occasion d'enfiler ce genre de vêtements (non sans un minimum de protections en dessous, du moins), il en garde un certain nombre à disposition, du temps où l'esthétique figurait dans la liste de ses valeurs. C'est le genre de tenues qu'il porte hors du cadre de ses fonctions principales, notamment lorsqu'il rentre sur sa planète mère ou retrouve de vieilles connaissances.




  • Armure d'opération :
    Peu attaché à un modèle en particulier, To'Maz se soucie plutôt des garanties que ces armures lui apportent lors de ses diverses missions : liberté de mouvement, protections en tous genres, interfaçage avec ses différentes prothèses. Il va sans dire que cet équipement va de paire avec des outils d'usage tels qu'un comlink, une ceinture utilitaire multifonctions, des cellules d'énergie de rechange, des rations... l'élément le moins ordinaire de cette liste non exhaustive étant une capsule de poison, destinée à en finir si les choses tournaient terriblement mal pour lui.




  • Ep-3 :
    Pistolet électrique de courte et moyenne portée, il demeure surtout efficace contre les droïdes et les cyborgs, dans des proportions moindres que ses équivalents les plus lourds et les plus encombrants. Il peut tirer rapidement six coups avant de nécessiter un refroidissement du canon. Un mode de tir alternatif permet de tirer un seul coup beaucoup plus puissant, permettant de mettre à mal un bouclier de blindé léger par exemple, en échange d'une période de refroidissement plus grande. Abuser de ce dernier mode de tir diminue conséquemment la durée de vie de la cellule énergétique qui l'alimente.




  • DC-17x :
    N-ième itération du lointain DC-17m, l'arme multifonction chérie des commandos d'alors, le DC-17x a bénéficié des dernières évolutions technologiques pour demeurer un contender dans de nombreuses situations, tout en conservant une fiabilité et une adaptabilité qui n'étaient plus à prouver. Toujours utilisée dans le service par de nombreux clones presque comme par tradition, To'Maz a jeté son dévolu sur elle pour la liberté qu'elle lui procurait dans l'exécution de ses missions de terrain les plus dangereuses et les plus imprévisibles. S'il savait se servir du DC-17x dans toutes ses configurations, il utilisait principalement les versions sniper et blaster de l'arme – cette dernière possibilité signifiant généralement que l'opération avait tourné au vinaigre. S'il arrive à l'homme-reptile de s'équiper occasionnellement d'armes bien plus spécifiques, et en un sens, plus efficaces dans leur domaine, il finit toujours par en revenir à la polyvalence du DC-17x.




  • Vibrodague standard :
    Pour les situations désespérées, To'Maz pourra toujours se servir de cette vieille amie, même si ses capacités de combat au corps à corps sont moindres que les spécialistes du domaine, sans même parler des utilisateurs de la Force.




  • Droïde de combat reconditionné 2B-N2.b n°515 - prototype :
    Droïde subtilisé à un laboratoire impérial lors d'une mission d'espionnage industriel. Lors de son analyse par les techniciens du renseignement républicain, une contre-mesure défensive interne s'est déclenchée, endommageant définitivement l'alimentation en énergie du canon d'épaule et effaçant les algorithmes internes les plus critiques, rendant la machine totalement inoffensive. Impossible à reverse-engineer, inutile à réadapter en tant que droïde de combat classique, le prototype était bon pour la casse ; To'Maz s'est proposé de le récupérer et l'a reprogrammé personnellement comme droïde de protocole, amusé par l'apparence extrêmement intimidante que le robot conservait malgré tout. Incidemment, des heures à palabrer avec l'homme-reptile ont fait durablement évoluer le comportement de 2B-N2.b, le transformant en un droïde désabusé et nihiliste, ce qui le rend encore moins efficace dans ses fonctions d'étiquette.


             
 

Description physique :


 

To’Maz est un Turian mâle, race native de la planète Eqazz. Les Turians sont des humanoïdes d’apparence reptilienne. Comparés à des humains, ils sont d’assez grande taille (en général plus de 2m de haut, lui mesurant 2m14), propriété s’exprimant d’autant plus chez les individus mâles que femelles. Leur musculature naturelle leur confère une grande endurance, une force plus que décente et une étonnante agilité qui contraste avec leur apparence austère. Des propriétés physiques leur ayant permis de devenir l’espèce dominante de leur planète, mais à considérer relativement à leurs cousins humains : du reste, rien qui ne leur donne d’avantage décisif contre les capacités de l’armement moderne au travers de la galaxie. Leur peau membranaire est recouverte d’écailles de taille variable, fines et glissantes au niveau des plissures du corps, plus massives à l’arrière du crâne et le long des membres. Leur couleur varie selon les individus et se transfère par hérédité ; l’on retrouve ainsi que le père de To’Maz était un Turian couleur nacre, et sa mère, une Turiane d’ocre.


La tête des Turians est assez reconnaissable en vertu de leur bouche fine sans lèvre apparente, de leur nez écrasé, mais surtout, des excroissances qui occupent une grande partie de leur visage, formant une sorte de masque osseux, cartilagineux vers le nez, les yeux et ce qui leur sert d’oreilles. Leurs extrémités s’élèvent jusqu’au sommet de leur tête comme des cornes, se dressant là où les humains auraient vu se développer leur cuir chevelu. Le nombre et la forme desdites cornes varie selon les individus ; To’Maz en possède trois principales, dirigées vers l’arrière, pointues et régulières, quoique celle du centre soit plus massive que les deux autres. Ses cavités oculaires sont profondes, affichant deux billes d’un vert électrique sous deux couches de paupières ; l’une verticale et translucide, l’autre horizontale et opaque. Les yeux de Turian permettent en effet naturellement de voir sous l’eau et de jour comme de nuit, au prix d’une baisse de sensibilité aux couleurs.


Les yeux de To’Maz eux ne souffrent plus de ce défaut-là : ils ont été augmentés par des implants bioniques, ajoutés dans la foulée des transformations cybernétiques qu’il a subies pour survivre puis améliorées tout au long de sa vie et de ses carrières, notamment des prothèses au niveau de son bras droit et de ses deux jambes. La technologie aidant, le résultat est transparent, et les transitions entre l’être et la machine ont été choyées. Si des boursouflures, brûlures ou décolorations demeurent par endroits où se disputent la chair et le métal, il s’agit de désagréments purement esthétiques, d’autant plus qu’il porte depuis des tenues ou armures renforcées qui ne laissent jamais voir ces zones de meurtrissures ; en définitive, seules demeurent vraiment les cicatrices mentales.


L’éducation aristocratique de To’Maz, pleine de courbettes et de danses, suivie par son entraînement militaire intensif, lui ont aujourd’hui donné une posture particulière, droite et calme, élégante mais pleine de rigueur ; si bien que certains prennent ses garde-à-vous pour pleins de nonchalance, tandis que d’autres le trouvent « trop sérieux » dans des contextes propices à la détente. La vérité étant sans doute quelque part au milieu de tout cela : la place de To’Maz n’est plus dans les salons ni dans les tranchées.  

               
 

Description mentale :


 
En une quarantaine d’années, To’Maz a vécu plusieurs vies ; expliciter toutes les strates de sa psychologie ne saurait être fait sans résumer en partie son histoire.


En sa qualité d’aîné d’une importante famille noble Turian, il a tout d’abord fréquenté les salons mondains de sa planète, soumis aux cultes de l’apparence et de la vivacité d’esprit qui régnaient dans de tels milieux. Il tenait ainsi, en ses jeunes années, à toujours être bien perçu, malicieux quand il le fallait, conciliateur le plus souvent. Une aubaine pour lui, qui s’était découvert très tôt un attrait naturel pour les langues, notamment le Turian ancien dont certains mots avaient perduré dans le décorum nobiliaire. Son mode de vie forçait le jeu de la réflexion, à apprendre quand le silence valait mieux qu’une parole, quand le compliment était une compromission et quand l’esclandre était un coup de maître. Un mode de vie qui, également, accoutumait à certains standards en matière de luxe, que d’aucuns auraient davantage perçu comme du vice que du savoir-vivre, des penchants qui n’étaient pas aidés par la nature litigieuse des activités les plus lucratives de la planète, passées sous silence dans un accord de bons procédés avec l’aristocratie, et qui permettaient l’acheminement de produits exotiques et peu licites.


Cet appât de la volupté, il ne l’a pas conservé pas longtemps. Les récentes incartades impériales sur Eqazz, que l’on pensait protégée du conflit galactique car isolée des principales hyperlanes, avaient renforcé chez les Turians un certain sentiment de patriotisme, mettant notamment en place un service militaire avec possibilité d’intégrer par la suite les académies de la République. Une aspiration qui a séduit To’Maz, lui-même fils du ministre de la défense planétaire. Cela lui permit de voir les deux aspects majeurs du champ de bataille : d’abord, celui de la ligne de front, dans les centres de formation de sa planète – il y apprit à laisser de côté la plus grande partie de ses préciosités, au profit d’un pragmatisme qu’il ne cessa de cultiver ; puis, celui de l’état-major, qui fut davantage à son goût, mettant à profit son amour pour la réflexion via l’apprentissage de la stratégie militaire, en particulier dans le cadre des batailles spatiales.


Lorsque le destin plaça les To à la tête du royaume d’Eqazz, To’Maz fut appelé par son père à ne pas poursuivre sa carrière d’officier : il avait besoin de lui pour représenter leur peuple et leur monde au sénat républicain. Le frère de To’Maz, trop jeune, ne pouvait alors accomplir cette tâche, et il se résigna à faire ce qu’il jugeait alors, peut-être à tort, comme le meilleur choix pour sa famille et son peuple. La rupture entre les deux univers fut assez brutale ; si To’Maz n’eut pas de mal à retrouver son sens de l’étiquette, il naquit chez lui un certain désamour des protocoles et des longues palabres qui avaient constitué son enfance. Les discours étaient verbeux, les mots sonnaient creux, et quand bien même auraient-ils eu du sens que leur portée demeurait limitée. S’il savait se prêter au jeu, c’était de mauvaise grâce : son séjour prolongé hors de chez lui avait renforcé en lui la conscience de l’importance du conflit galactique qui menaçait les frontières, et dont son monde, aussi secondaire était-il, avait déjà fait les frais. Partisan de la guerre pour la paix, il fut naturellement attiré par la mouvance universaliste et leur logique guerrière. Ses discours acerbes, percutants, et son esprit rationnel en firent une figure montante du mouvement, contribuant en partie à leur livrer une série de victoires incontestables au sénat.


Mais tandis qu’il était de retour sur sa planète mère pour se marier à son amour d’enfance selon les traditions de sa culture – un choix qu’il n’avait jusqu’alors toujours fui, tiraillé entre les directions opposées de ses sentiments et de ce que le devoir lui imposait – une nouvelle incursion impériale, officieuse, beaucoup plus fulgurante mais non moins destructrice, faucha son épouse et le laissa dans un état critique en tout point. C’est en éclopé qu’il avait refait apparition au sénat, plus virulent que jamais contre l’attentisme républicain que forçait leur bureaucratie bienséante – des crispations qui s’étaient figées en lui, bien que tempérées par les années. Les universalistes, plus que de le soutenir, l’avaient érigé en martyr ; l’illusion de son utilité lui avait rendu la situation temporairement supportable, mais il n’avait trouvé dans l’inertie des protocoles aucune justice pour son peuple ni sa personne. Le constat était froid et cinglant : il ne pourrait plus trouver sur les bancs des politiques la justice qui lui revenait de droit. Peu désireux de se faire utiliser comme une victime pour le reste de sa carrière à servir les intérêts divers d’opportunistes et de carriéristes qui avaient pu se jouer de lui, To’Maz choisit d’abandonner ses fonctions au profit de son frère pour retourner dans l’armée ; comme un père regardant avec une bienveillance triste les erreurs de son enfant, sa volonté de sauver la République de ses propres travers n’en fut que plus grande, et il voulut se rapprocher au plus près de l’action pour avoir le sentiment de faire bouger les choses. Sa réadaptation fut rapide, et sa montée en grade, une conséquence logique. Si ses talents de stratège eurent leur utilité, l’échelle du conflit et la cristallisation des lignes de front eurent raison de ses fougues, lui offrant autant d’occasions de faire le point sur sa vie, d’accepter ses erreurs, et d’aller de l’avant.


Sa carrière atypique, sa capacité à agir en homme de pensée et à penser en homme d’action, furent autant d’éléments qui lui ouvrirent une nouvelle voie, étrangement orthogonale aux anciennes, et pourtant pleine de logique : repéré par le renseignement républicain dans une période de guerre froide grandissante, on apprécia sa connaissance tant des rouages militaires que des arcanes du pouvoir. Dans une sorte d’entredeux, il réussit à s’illustrer bien plus que dans ses précédentes fonctions, trouvant par là-même un certain équilibre et une paix intérieure longtemps cherchée. Dans le renseignement, To’Maz trouva enfin comment servir la République contre tous ses ennemis : dans l’ombre.


L’Empire, le Consortium, Apex… n’étaient que des étiquettes, collées à des systèmes répondant à une logique simple et implacable : la survie, puis l’expansion, et enfin, la domination de tous. Avec des moyens, des idéologies différentes, certes. La République, au fond, n’était qu’une autre manifestation de cette volonté. Plus consensuelle. Plus acceptable. Mais toute aussi inéluctable dans son désir de s’imposer, qu’il s’agisse d’une manière économique, idéologique, ou militaire. Serait-il né de l’autre côté de la barrière, qu’il aurait probablement poursuivi le même combat dans un camp opposé. Cette réflexion ne le perturbait pas : là où d’autres y auraient vu un manque d’éthique ou de moralité, il y voyait la rigueur la plus élémentaire, dans ses évidences les plus simples. Naître et être endoctriné ailleurs lui aurait donné une autre histoire, une autre vie, aurait, de fait, modelé son esprit autrement ; seule demeurerait la détermination qu’il avait à obéir à des principes qu’il aurait assimilés, compris et acceptés, par les pures lois de la rhétorique et de la logique. Cela étant dit, il s’estimait tout de même chanceux d’être né en territoire républicain, en cela qu’il avait été le plus libre possible de procéder à cette introspection. Sans rentrer dans la propagande ni la paranoïa, il pouvait comprendre que ses opposants, par les dispositions dans lesquelles ils s’étaient retrouvés, n’aient pas eu le loisir de tant de latitude ; et que ceux qui l’avaient eue finissaient probablement en face de lui dans les jeux d’espions qui se déroulaient dans les coulisses galactiques.


Les zélotes que l’ennemi envoyait sans cesse à ses portes étaient-ils moins valeureux que lui ? Il ne pouvait l’affirmer que parce qu’il leur avait survécu ; le talent, la chance, ou la grande trame cosmique qui liait toute chose, étaient autant de raisons qui pouvaient expliquer ces dénouements favorables. La Force était-elle motrice de ces volontés s’entrechoquant sans cesse, dans des conflits qui secouaient la galaxie depuis des millénaires ? Les principes Jedi ne lui étaient pas étrangers, en cela qu’il avait pu fréquenter beaucoup de membres de l’Ordre durant sa vie, de façon plus ou moins volontaire. Des principes qu’il appréciait d’un point de vue culturel, sans pour autant y trouver des préceptes : s’il n’était pas sensitif, il avait toujours jugé que sa compréhension du monde, tant dans ses mécaniques que dans ses absurdités, ne pouvait se faire sans prendre en compte l’existence de cette puissance étrange qui semblait, en toile de fond, régir le monde, capable de faire surgir des héros et des monstres depuis les endroits les plus inattendus. Et si son cynisme chronique quant à l’inconséquence des choses pouvait faire grincer des dents, au moins sa philosophie et sa capacité d’abstraction faisaient-elles de lui un interlocuteur d’intérêt pour les membres du Temple.


A force d’hybridations, qu’était-il réellement ? Un noble qui avait abdiqué ? Un politicien qui savait manquer de tact ? Un militaire qui avait raté le temps des épopées ? Un rouage remplaçable de l’intelligence républicaine ? Toujours fidèle à sa volonté de sauver les siens, attaché à la République parce qu’il y était né, et pour la liberté et la sécurité relatives que pouvaient y trouver son peuple dans un contexte de conflit de grande ampleur, sa vie n’avait pourtant été que changements, compromissions et désillusions. Son corps lui-même n’était plus qu’une épave, maintenue en équilibre par les progrès de la cybernétique.


Dans ce contexte de tourments permanents viennent toujours des moments de doute et d’introspection. Alors To’Maz se ressource dans ses compagnons de toujours, les livres et les langues.


 

     
         
           
 

 

Derriere l'écran :


 

 Prénom/pseudo : Le pseudo le plus sci-fi que j'aie à vous donner est Jericho ^^ Le moins subtile étant Broyeur ~~

 Age : 23 ans

 Comment avez vous découvert le forum ? : A la suite d'une recherche conjointement menée avec Artanis Kirin et Kyllen Thadd.

 Petit Plus ? : Je suis heureux de pouvoir espérer recommencer le RP sur forum ici Very Happy
 

 

           
 


Dernière édition par To'Maz le Ven 6 Déc - 1:09, édité 2 fois
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To'Maz Empty Re: To'Maz

Ven 6 Déc - 0:06


Histoire :


0.




La lumière artificielle de la pièce, somme toute exigüe, était tamisée, presque agréable. Pourtant, ni la table en métal simpliste, ni les chaises d’une sobriété déconcertante, n’appelaient au repos. To’Maz n’était pas enchaîné ; mais c’était tout comme. Assis face à un datapad éteint, lorgné par une discrète caméra de surveillance, il attendait patiemment son heure.


On ne lui avait rien dit sur la raison de sa présence ici. Aux mesures de sécurité habituelles, bioscans et autres vérifications des références de ses implants, s’était ajouté durant les procédures un silence pesant, presque religieux – à un point rarement atteint, même pour les services de renseignement. Bien entendu, il n’avait pas eu besoin d’attendre l’espoir d’un début de version officielle pour se faire une idée claire et précise de la situation.



Les services secrets républicains disposaient d'une palanquée de salles d'interrogatoire, plus ou moins sophistiquées selon les besoins des enquêtes, et plus ou moins civilisées selon la nature des charges d'accusation.


La porte s’ouvrit sur quatre personnes ; trois, en réalité : une Bothane grisonnante, un Twi’Lek marmoréen et un humain gominé en uniforme sur-mesure impeccable, qui laissèrent au robot protocolaire qui les suivait le soin de poser sur la table toutes sortes de fournitures. Lorsque l’homme croisa son regard, il y eut comme un flottement. Si To’Maz fut quelque peu surpris de reconnaître l’un de ses anciens collègues du sénat, ce dernier, lui, était visiblement nerveux. Lequel des deux était un spectre du passé pour l’autre ?


« Commandeur To’Maz, dit finalement la Bothane comme un éclair dans le brouillard.

Lui-même, affirma-t-il avec un sourire forcé.

Connaissez-vous la raison de votre présence ici ?

Je serais, sinon, un bien mauvais commandeur du renseignement.

L’heure n’est pas tellement aux plaisanteries, commandeur, intervint l’humain, dont la voix se fit decrescendo aussitôt que le Turian croisa son regard.

C’est pourtant la vérité, sénateur Fudge. »


Appeler ainsi son ancien opposant lui fit un drôle d’effet.


« Vous êtes missionné par la commission d’enquête supposément secrète du sénat sur les implications de la compromission révélée de notre anciennement révéré ex-directeur, l’agent "M". Capitaine Mingozeq, dit-il au Twi’Lek, vous avez été dépêché en tant qu’officier de liaison auprès de nos services pour faire un rapport de sécurité quant aux menaces éventuelles qui pèseraient sur les manœuvres actuelles de nos flottes. Quant à vous, commandeur Krun’qato,. dit-il à la Bothane, vous faites partie des agents dits de confiance chargés de l’enquête interne sur la probité des effectifs du service. J’en conclus que si vous m’avez convoqué ici, dans cette salle réservée aux interrogatoires civilisés, pour une réunion des plus importante et des plus secrète, ce n’est pas pour prendre le thé avec moi, notamment parce que la table ne comporte que trois cups de café pleines, et que je doute que le droïde soit consommateur. »


Il y eut un signe de main fait à la caméra. Un verre de café plus tard, et To’Maz s’avéra beaucoup plus conciliant.


« Comme vous l’avez si bien… déduit, nous opérons dans nos services une série d’enquêtes internes, reprit Krun’qato. Et à circonstances exceptionnelles, procédures exceptionnelles.

C’est, en effet, assez rare de voir les différentes institutions de notre belle République représentées dans une même pièce, autour d’une table. Il ne manquerait plus qu’un représentant de l’Ordre Jedi. Je suppose que vous avez déjà commencé à débusquer des taupes.

Nous devons vous poser quelques questions, continua Krun’qato en l’ignorant.

Si je puis vous faire économiser du temps : à la question "êtes-vous un traître", je répondrais naturellement non. Du reste, je vous en prie, faites ce que le protocole exige.

Bien naturellement » nota Fudge.

1.



Ce dernier commença à faire danser ses doigts filandreux sur sa tablette, faisant défiler textes, graphiques et hologrammes. D’une voix morne de récital, il commença à énoncer :


« Commandeur To’Maz, né en 1453 ABY. Turian originaire d’Eqazz. Aîné de la famille royale... »


La suite lui provoqua un haussement de sourcil tandis qu’il se mettait à la marmonner. Il préféra conclure :


« Vos états de service sont pour le moins… chaotiques.

C’est pour cela que j’ai été recruté.

Vous étiez promis à un avenir droit et limpide sur Eqazz, reprit la Bothane. La famille To, à la tête du ministère de la défense planétaire durant votre prime jeunesse, était par essence destinée à accéder au trône après la mort du dernier représentant direct de la famille Moq, ce qui a fini par arriver en 1478. »


La Bothane, fidèle à sa race, semblait avoir une connaissance extensive de la géopolitique de sa planète – ça, ou bien elle avait mieux préparé le dossier que son comparse humain, qui sembla par intimidé par cette mise en introduction aussi rapide que peu explicitée pour le néophyte. Admirable en tout cas, car Eqazz était un caillou perdu de la bordure intermédiaire, perdu quelque part du côté républicain de la frontière avec l’Empire, entre Endor et Chalcedon. Les paysages y étaient certes très jolis, mais le tourisme n’avait jamais été le poumon économique de la planète, même dans les temps de paix qui semblaient déjà si lointains.


« C’est… plus compliqué que cela » finit par exprimer To’Maz en une demi-moue que son absence de lèvres rendait étrange.


Certes, leur expliqua-t-il, il avait fait partie des privilégiés de son monde. En tant que membre de la haute aristocratie de sa planète, il n’avait pas subi la tentation de certains des siens à s’exiler aux quatre coins de la galaxie en quête de meilleures opportunités ; qu’il s’agisse de mondes intérieurs de la République ou d’endroits plus exotiques comme le secteur Limbala.


« Je n’ai jamais vécu dans le besoin, continua-t-il. J’ai pu dépenser de mon temps en certaines futilités, comme une connaissance approfondie du protocole de la cour d’Eqazz et des mondes environnants, ou l’apprentissage de langues anciennes ; en plus, bien entendu, d’éléments plus essentiels en sciences, en art, en géopolitique. En cela, on peut dire que ma situation était plus que souhaitable. »



La jeunesse de l'homme-reptile n'avait pas été particulièrement difficile.


L’on pouvait dire, d’ailleurs, la même chose de tous les enfants des autres familles nobles de sa planète, dont Qol’My, fille d’une autre grande maison et dont il s’était… beaucoup rapproché. Mais le ministère de la défense planétaire, que dirigeait son père, était le plus important du gouvernement depuis la récente percée impériale dans le secteur, faisant de lui le membre d’une élite très fermée.


En conquérant jusqu’à Hoth en 1239, les impériaux avaient provoqué un affaiblissement conséquent des défenses républicaines dans un monde aussi perdu qu’Eqazz, pour ne pas dire un abandon quasi-total. Plusieurs escadrons d’arrière-garde impériaux avaient alors pu régulièrement venir semer la zizanie, se servant de l’endroit comme d’un point de stationnement et de ravitaillement mineur. La mise en place d’une résistance locale avait demandé de grands sacrifices mais avait fini par porter ses fruits.


« A cette époque, les impériaux, peu désireux de mobiliser des troupes essentielles à la conservation de leurs nouvelles frontières pour capturer un monde sans intérêt officiel, finissaient toujours par se retirer. Mais leur présence chronique avait laissé des cicatrices ; notre planète ne pouvait plus ignorer l’évolution du monde au-delà de ses frontières. Cet état de fait m’a affecté extrêmement jeune, et c’est ce qui a, je pense, bouleversé en moi votre vision d’un avenir "droit et limpide". »


Ignorant là la réponse à sa question initiale, la Bothane sembla capter dans son propos une information qui suscita son intérêt.


« Admettons, reprit Krun’qato. Toutefois, lorsque vous dites "sans intérêt officiel" … Vous savez aussi bien que moi que la richesse d’Eqazz n’est pas matérielle. »


Elle abordait déjà les sujets fâcheux. Le datapad de l’homme-reptile s’était allumé, montrant des data tapes capturées par des sondes républicaines : échanges interlopes, tractations illicites, malversations et pots-de-vin. Certes, Eqazz n’avait pas de ressources stratégiques. Tout au plus, de la nourriture, de l’eau, et un artisanat dont les meilleures pièces servaient aux parures locales des soirées mondaines, sans plus de prétentions. La vraie richesse d’Eqazz, c’était sa position et sa discrétion : à la frontière des mondes non cartographiés du sud-ouest de la République et de l’Empire, elle avait fini par être un point de passage de choix pour les contrebandiers et autres passeurs de transfuges du secteur. Une source très lucrative de revenus dans une galaxie aussi instable, à tel point que le fait fut assimilé, accepté et entretenu par les autorités planétaires, donc les nobles, donc sa famille et lui y compris.


« Allons bon. Oui, le spatioport d’Eqazz est laxiste sur certains contrôles. Je ne suis pas surpris, vous n’êtes pas surprise, M. Mingozeq n’est pas surpris, et peut-être que M. Fudge l’est, grand bien lui en fasse. Où voulez-vous en venir ?

Votre monde est moins inintéressant que vous ne le suggérez, continua Krun’qato. Le trafic d’informations, de matériaux illégaux et de fugitifs constitue une part non négligeable de votre économie "souterraine". Des crimes cautionnés par votre gouvernement pour acheter la paix des esprits et la sécurité des populations locales… tout en en tirant un bénéfice pécuniaire non négligeable.

Admettons. Le fait qu’Eqazz soit un monde de passage et de maquignonnage est peut-être un secret de polichinelle.

Les impériaux le savent également, pipa le militaire.

Certes, ricanna To’Maz, pensez-vous bien. Ils ont occupé la planète de manière chronique pendant presque deux siècles.

Mais ils ont été peu désireux de s’y établir.

Ils ont fait un constat simple à la suite de leurs multiples passages : l’intensité des activités dont nous parlons était inversement proportionnelle à leur présence dans les parages. Notre pègre locale a beau avoir beaucoup plus de classe et de manières que celle de la bordure extérieure, elle n’en demeure pas moins allergique aux formes de contrôle les plus sévères telles que l’Empire sait si bien les faire. Sans notre marché noir local, les raisons de rester sur notre planète se réduisaient à peau de chagrin, même dans une situation de guerre de position latente : ce qu'ils y auraient gagné, ils l'auraient perdu par dix fois. Conquérir notre planète, c’était tuer la poule aux œufs d’or.

Ce qui serait, dans un sens, un mal pour un bien, s’étonna Fudge. Quel intérêt avaient-il à garder un nid de trafiquants aussi proche de leurs platebandes ? Un endroit duquel certains de leurs dissidents peuvent tenter de fuir la répression qu’ils subissent et les sanctions qu’ils encourent ? Eux qui avaient la chance d’éviter les problèmes liés à une frontière avec l’ex-espace Hutt ?

Les gens vont, les gens viennent. Avec grande difficulté, en raison du climat pour le moins polaire qui règne dans la galaxie. Gardez en tête que si les impériaux apprécient assez peu les défections de leurs bords et les endiguent dans la mesure du possible, ils acceptent en revanche volontiers celles de nos propres rangs. Le passage de marchandises et de personnes se fait dans les deux sens, le but de l’Empire étant de rafler la mise avec un minimum de risques. C’est aussi ça, la partie feutrée des jeux de diplomates et d’espions entre nos deux factions. Je pense qu’Eqazz a été préservée du gros de l’ire de l’Empire en partie pour cette raison. Et si la République a également laissé les choses se faire jusqu’ici et en toute connaissance de cause, c’est probablement qu’elle y a aussi trouvé son compte. Des échanges, somme toute, plutôt équilibrés. »


"Équilibrés", même s’il fallait bien avouer que les trafiquants du secteur, souvent issus de populations exilées de colonies impériales proches, prenaient davantage plaisir à inonder les marchés de l’Empire de produits informatiques infectés, de robots de seconde main et de nouvelles drogues, que d’accomplir de même chez la République – ce qu’ils faisaient néanmoins, car les crédits n’avaient pas d’odeur.


« Somme toute, votre monde aurait pu ne rejoindre aucune faction galactique, et garder un fonctionnement similaire, s’étonna le Twi’Lek.

Ma carrière en politique ne remonte pas à la date de cette décision. Les parents de mes parents ne devaient même pas être nés. Il est vrai que la République nous a apporté bien des choses, et que l’inimité de notre autre voisin direct en fait partie. Les Turians les plus aigris, probablement, iraient jusqu’à dire que cette alliance leur aura coûté plus qu’elle ne leur aura rapporté. Ce que je sais, c'est que la rivalité est un ciment particulièrement efficace. Le point commun de bien des groupes est sa haine commune pour une doctrine, une faction, une idée. L'union des clans et l'allégeance à la République ont été des évènements concomitants, ce qui explique probablement la relative stabilité de la politique locale ; l’ennemi n’était plus sur la planète, mais disséminé partout au travers de la galaxie. Du reste, je n’ai pas la prétention de pouvoir réécrire l’histoire ; la comprendre, corriger le cap en conséquence, mais certainement pas l’ignorer.

Vous assumez bien facilement de venir d’un monde où l’on monnaie la fraude et la traîtrise comme des marchandises, s’offusqua Fudge.

L’on peut être parfaitement respectable sans que ses coutumes ne soient parfaitement… adaptées aux standards généraux. Cela ne présume de rien, et c’est aussi pour cela que j’aime la démocratie. Et puis, n’oubliez pas aux côtés de qui vous vous tenez. »


La fourrure de la Bothane fut parcourue de brèves ondulations. Le sujet se clôtura de lui-même. To’Maz continua donc sur sa lancée, détaillant sa place d’aîné d’une famille noble promise à régner, son éducation presque précieuse, et les traditions qui venaient avec. Des traditions qu’il avait su apprécier par le passé, prenant son rôle très à cœur – et pourtant, sa famille était sans doute l’une des plus guindées à la cour, sans doute à cause du poids des responsabilités. L’on ne se destinait pas aux plus hautes sphères du pouvoir local sans un minimum de connaissances dans le domaine des armées. Cela passait, d’une part, par un entraînement physique intensif, certes, mais d’autre part et surtout, par une certaine discipline qui contrastait avec les aspects les plus volages des sauteries mondaines. Et à se balancer entre les deux, l’on devenait une sorte d’hybride qui ne collait avec aucun des bords.


« Le service militaire était de mise depuis la récente évolution des frontières en faveur de la République, continua d’expliquer To’Maz en reprenant son exposé. Lorsque les impériaux furent repoussés jusqu’à Endor, il y eut une volonté de ne plus jamais vivre d’autre invasion. Un protocole complet d’études dans certaines des académies républicaines des mondes centraux fut développé afin de dispenser aux officiers Turians un enseignement militaire solide. Cela n’avait jamais vraiment été nécessaire avant les embardées impériales sur Eqazz post 1239 ABY ; et jusqu’en 1414… je ne vous fais pas un dessin.

Compréhensible » jugea Mingozeq.


To’Maz observa donc une partie de son service militaire sur sa planète natale, avant de compléter sa formation en vertu des équivalences convenues depuis avec le reste de la République, réformées et consolidées par le tout récent Verdoiement de l’ancienne chancelière Lux Hinnose.


« J’avais déjà des rudiments pour tout ce qui concernait le combat planétaire. Plaines, déserts, montagnes, jungles, atolls, enfin, tous les biomes présents sur notre belle planète. Lorsque mon père ne me parlait pas de son travail, j’allais me perdre dans ses archives. Leur consultation fut rapide : mis à part les récents assauts impériaux, nous avions peu combattu à la surface d’Eqazz, surtout depuis l’unification des clans il y a plusieurs siècles de cela. Mais il est certaines stratégies turianes vis-à-vis desquelles je n’ai jamais rien lu de semblable ailleurs ; je pense que nos travaux théoriques gagneraient à être retranscrits et stockés dans les académies républicaines.

La demande sera étudiée, affirma le Twi’Lek.

Nous disgressons, commenta Fudge avec sa voix insupportable.

Justement, grogna To’Maz. Je me permets d’être extensif sur ce qui ne figure pas dans vos dossiers, dit-il en pointant leurs datapads respectifs. Je ne vois pas pourquoi vous me demanderiez de revenir sur tout cela, si vous vous attendiez à ce que je récite ce que vous avez déjà sous les yeux. Vous connaissez tout sur mon enfance, et vous connaissez tout de la suite. »


La suite qu’ils connaissaient, c’était l’académie aéronavale, sa diplomation en tant qu’officier en 1476, et sa mobilisation dans la foulée. L’espace était un terrain de guerre plus simple par certains aspects, et plus complexe par tellement d’autres. Climat et topographie se voyaient remplacés par l’étude des courants gravitationnels, et la prise de repère dans un environnement où le « haut » et le « bas » n’avaient pas de définition fixe. Une source de confusion impardonnable lorsque, par exemple, les engins de mesure du bord lâchaient pour une quelconque raison, et qu’il fallait réagir en quatrième vitesse.


« L’amirauté vous a davantage attirée que la guerre terrestre, s’étonna la Bothane. Pourtant, j’ai cru comprendre que vous étiez un patriote. Si la défense de votre terre vous motivait tant, pourquoi ne pas être revenu au ministère de votre père ? »


La suite qu’ils ne connaissaient pas, c’était Qol’My. L’engrenage des alliances nobles les avaient rapprochés plus qu’ils ne l’étaient déjà. Le choix logique, attendu par le décorum, était qu’il revienne de ses études et lui demande sa main. Un choix orthogonal à sa décision de rejoindre la flotte républicaine, et d’être mobilisé loin d’elle. Prendre le chemin le moins évident avait été, pour lui, un moyen de s’affirmer… Même s’il n’avait probablement pas été le meilleur.


« Le combat planétaire était une affaire de famille, mais dans un contexte de guerre stellaire, je sentais que je n’aurais pas ma pierre à apporter à l’édifice. Rester en terrain connu, sur un monde presque absent de l’échiquier galactique… Et puis, les quelques incartades impériales que nous avions déjà subies avaient été repoussées dans le temps et la douleur ; je ne cherche pas à dénigrer le courage et la ténacité de nos forces au sol, mais je ne me fais pas d’illusion quant aux réelles capacités des impériaux à capturer et mettre à sac notre planète s’ils l’avaient vraiment désiré. »


Le choix, somme toute, n’avait pas été facile. Sur le coup, Qol’My lui en avait voulu. Le jour de son départ pour le "front", elle n’était pas venue. Quelque part, il l’avait, à ce moment-là, perdue une première fois.



Réussir l'académie aérospatiale avait été une obsession pour To'Maz. Il s'agissait de ne pas se laisser le temps de douter quant à ses choix de vie.


« Et donc ? s’enquit Fudge, dont l’intérêt ne pouvait qu’être feint, probablement mu par une volonté de débusquer des inexactitudes dans son témoignage. Avez-vous eu le sentiment de contribuer davantage à la pérennité de votre peuple dans les forces aérospatiales ?

Vous connaissez mes affectations. Dans le contexte de guerre de position que nous vivions déjà, et avant le coup d’éclat du projet Concorde, il était délicat de s’illustrer autrement qu’en engrangeant des années de service. Et c’est ce que j’avais commencé à faire.

Jusqu’en 1478. »


Ils y revenaient. 1478. Deux ans après son départ, après ses premières expéditions en corvette. Deux ans d’une quiétude tout en contraste avec le brio avec lequel il avait terminé l’académie. Le roi Moq’Tuz mourait de vieillesse sans héritier direct. Les familles Turianes avaient pressenti que ce moment viendrait : To’Maz avait seulement espéré qu’il arrive plus tard. Le jeu des changements de ministères se fit dans la souplesse, car sur Eqazz, chaque poste du gouvernement était traditionnellement échu à une famille, qui y nommait son représentant principal par primogéniture. De fait, la famille To fut promue à la souveraineté, laissant sa place à la défense à la famille Qol, et ainsi de suite selon des règles remontant à l’unification des clans. Mais cela n’avait que peu d’importance : le fait était qu’il fallait, dans l’ordre des choses, un sénateur To à Naboo. Le père de To’Maz le pressentit à ce rôle – son frère était trop jeune, et le reste de leur famille, moins portée que lui sur les arcanes de la diplomatie. Des bancs de l’académie, il en revenait donc aux sièges rembourrés des diplomates qu’il pensait avoir quitté en quittant son ministère.


« Avez-vous eu le choix ? demanda Krun’qato en le scrutant du regard. Vu comme vous le présentez, cela relevait davantage d’un sacrifice.

J’aurais pu refuser de siéger au sénat. Cela aurait créé un précédent politique, un scandale dont l’on aurait parlé durant plusieurs mois sur Eqazz. Une tempête dans un verre d’eau. Je vous passe l’ensemble des conséquences possibles, des déceptions, de l’opprobre, mais dans tous les cas, il n’y aurait pas eu mort d’homme. De fait, c’est en connaissance de cause que j’ai accepté de mettre en pause ma carrière d’officier pour retomber dans un monde dont vous savez tous ici tout le bien que je pense. Je n’y étais pas forcé, et cela ne m’a pas plu ; mais je l’ai fait. »


A ce moment-là, To’Maz avait déjà le sentiment lancinant que le destin l’empêcherait toujours de maintenir un cap, de canaliser sa vie dans une même direction. Le doute avait été le moteur qui l’avait dépassé à se surmener à l’académie, puis à la capitainerie. Toujours aller de l’avant pour s’empêcher de regretter. Et ressentir un vide, malgré ses excellents résultats. La vérité, c’était que l’excuse du devoir qui venait de lui tomber dessus avait habilement caché sa première défaite : son désir intarissable, envers et contre toutes ses résolutions, de revenir auprès d’Elle.



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Ven 6 Déc - 0:06


2.




« Après cinq ans d’études martiales, et deux années de mobilisation – vous aviez vingt-cinq ans, alors, si je ne m’abuse – vous vous retrouviez de nouveau dans un monde de réflexion et de retenue, s’étonna Fudge.

Mais de retenue et de réflexion, il en faut beaucoup pour occuper de hautes responsabilités militaires, le tança l’homme-reptile, décrochant au passage une moue satisfaite de la part du Twi’Lek. Et puisque vous ne vous remémorez pas volontiers mes débuts au sénat, regardez les archives ; je n’ai jamais fait honte à mon peuple lors de mes prises de parole. »


Son propre datapad projetait maintenant le sénat de Naboo, ses harangues et ses houles, ses ovations et ses minutes de silence au fil des nouvelles de la guerre.


« La démocratie est un système en tout point critiquable, avait-il notamment déclaré lors de son introduction à l’assemblée. C’est un système fragile. C’est un système faillible. C’est un système qui ne contente personne, qui suscite fatalisme et frustration, attentisme et compromission. Un système malade, chétif, d’une instabilité chronique au fil de ses réformes et contre-réformes. Un système qui n’apportera jamais, au grand jamais, de solution simple et claire au plus risible des problèmes. Mais n’est-ce pas le plus beau des risques, lorsque tous peuvent s’exprimer sans crainte et sans censure ? Que tous peuvent apporter, par leur expertise, leurs expériences, leurs dons, une pierre à l’édifice de la collectivité ? Que tous peuvent faire valoir la valeur de leur existence, là où partout ailleurs, l’individu, brimé, oppressé, est appelé à devenir le rouage standardisé d’une machine sans âme, dans l’escalade avilissante qui menace présentement la galaxie ? L’on ne choisit pas de naître dans la République. L’on ne choisit pas de naître dans une démocratie, de jouir d’une liberté inégalée, d’un droit inaliénable à l’autodétermination, à la préservation de sa culture et la conservation de son identité. L’on ne choisit pas de naître dans la République, mais l’on peut, en revanche, choisir de la défendre, de repousser ses ennemis tant par les idées que par les armes. La guerre est inévitable, car la guerre est déjà là. La guerre a toujours été là, car les autres peuples nous envient, et leurs despotes nous craignent. Notre union, c’est la paix entre toutes les races, la prospérité, la sécurité. Notre discorde, c’est la mort ; notre effondrement pur et simple, notre disparition, et l’écho de nos lamentations se perdant dans les méandres du chaos originel. »


Il reconnut d’autres extraits de ses premiers discours, beaucoup moins conciliateurs. Le verbe était élégant, certes, mais le propos, jamais tendre. Rien qui ne lui soit reprochable, jugea To’Maz en haussant des épaules.



Les autres partis ne manquaient pas de réactions offusquées et de doigts pointés vers lui.


« Des palabres véhémentes qui n’étaient pas sans choquer nos sénateurs les plus consensuels, continua Krun’qato en esquissant un regard vers Fudge. Les universalistes ont vu en vous une recrue de choix. D’aucuns pensent que vous n’êtes pas étranger à la plupart de leurs victoires durant les années 1480, aux côtés d’autres figures du mouvement comme l’amiral Tontpa. »


1480, et l’exécution de l’opération Lord_Over, dont il avait assisté au déroulement… derrière un écran, à se tourner les pouces sur les bancs du sénat. Aussi virulent qu’il ait pu être alors, cela n’avait jamais rien pu être de plus que des mots. Il en avait longtemps gardé une certaine frustration, la certitude d’avoir manqué une occasion de s’illustrer ; de se prouver quelque chose, sans doute. L’incertitude appelle l’incertitude.


« C’est flatteur, pour sûr. Des "victoires" au sénat. Des "victoires" sur le champ de bataille. Une année de "victoires". Mais de victoire, je n’en ai vu que le mot. »


L’homme-reptile agita son bras droit en le désarticulant volontairement, le faisant cliqueter. Il s’agissait de rappeler que, comme la plupart de ses membres, ce n’était qu’une prothèse, certes qualitative, mais néanmoins artificielle, là où avait été, un jour, un vrai amas de chair, d’écaille et d’os.


On toqua à la porte. Nouvelle tournée de café. Le sujet de l’incident de 1482 allait irrémédiablement venir sur le tapis ; ce qui l’avait "changé" ; le revers de la médaille de ses derniers coups d’éclat en tant que sénateur, et dont l’on parlait beaucoup moins aisément. Aussi, l’homme-reptile demanda qu’on lui serve, en prime, quelque chose de beaucoup plus… tonique.


« Le Turian voudrait de l’alcool, traduit le droïde de protocole.

Nous ne sommes pas au comptoir d’un bar, s’emporta Fudge.

Bien sûr que non. Aucune société de service ne fournirait des prestations aussi inconsistantes. Mais nous sommes entre gens civilisés, et je ne suis pour l’instant accusé d’aucun crime. Aussi, en tant que citoyen libre, je fais appel à mon droit de boire un verre. Whiskey corellien. Avec un glaçon.  »


Le Twi’Lek l’imita. Les verres vinrent. Le sien, avec deux glaçons – le surplus d’eau noierait l’équilibre subtile nécessaire à la dégustation du spiritueux. Une manière diplomatique de l’envoyer paître sans le faire. Était-ce la griffe de Fudge ? C’était beau jeu, il ne trouva rien à y redire, même si cela entamait sérieusement son humeur déjà fébrile.


« Allons bon, reprit le sénateur. Si vous avez globalement toujours tenu la même ligne au sénat…

Une preuve d’intégrité que la plupart de mes confrères n’ont pas, commenta To’Maz en scrutant Fudge de ses implants optiques, ce qui ne manqua pas de faire dévier le regard de son ancien collègue.

…nous savons tous ici que votre propos a durci à la suite de l’incident. »


Il resta silencieux, tentant de retrouver dans le malt qu’il sirotait le lointain souvenir d’un goût de sa jeunesse.


« C’aurait dû être une semaine de chants et de fêtes, posa-t-il lorsque sa gorgée eut rendu son dernier arôme. Personne ne s’en souviendra comme ça.

Nos archives sont très… lacunaires à ce propos » fit Krun’qato en affichant sur le datapad de To’Maz les quelques lignes mentionnant l’affaire.


Attaque éclair de l’Empire. Dégâts matériels. Pertes mineures. Incident clos à la suite d’un échange de prisonniers. Le Turian ne put s’empêcher de remarquer le haut degré de cryptage et de censure que comportait l’affaire.


« Je ne savais pas que vous aviez ce dossier, s’étonna To’Maz qui, à ses débuts dans le service, avait tenté de fureter pour trouver quelque chose de similaire ; déjà savait-il le sujet sensible, bien qu’il n’ait pas eu, alors, toutes les clés pour comprendre pourquoi.

Nous l’avons excavé récemment, précisa Krun’qato. Sur une data bank encodée. »


Savaient-ils pour le Mirialan ? Il devait sonder le terrain.


« Peut-être que vous pourrez m’éclairer davantage, dit-il après avoir pianoté sur l’écran, sans grand succès. Il semblerait que je ne sois pas accrédité à connaître les détails de ma propre histoire, s’amusa le commandeur.

Ce… cryptage n’est pas de notre fait » regretta la Bothane.


Si leurs accréditations de commandeurs ne suffisaient pas à déchiffrer ce dossier, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose logique : la rétention d’information venait d’au-dessus. Une opération impériale clandestine, réglée dans le feutré. "M", leur directeur corrompu et déchu. L’entrevue qui se déroulait présentement. To’Maz connecta les points en une fraction de seconde.


« Il y a eu une volonté d’étouffer l’affaire en interne, continua Krun’qato. Au bénéfice de qui ? Nous ne sommes pas sûrs. Les impériaux semblent être les parfaits coupables, mais les éléments du dossier ne s’imbriquent pas totalement en ce sens. Pour ainsi dire, votre nom n’est même pas mentionné en clair dans ce billet d’archives. Seul votre agenda de sénateur de l’époque, couplé au carnet de bord de votre vaisseau de fonction, et quelques documents annexes de sources nous étant extérieures, nous permettent d’affirmer que vous étiez sur place lorsque… c’est arrivé. Ça, et vos blessures » s’empressa-t-elle de préciser.


To’Maz finit le reste de son verre mécaniquement. Il en eut presque la gorge brûlée.


« Un recoupement de datas provenant de vos médias planétaires, ainsi que certains holodisques de vos discours au sénat dans les semaines ayant précédé et suivi l’évènement, mentionnent notamment le fait que vous vous étiez absenté de votre poste à Naboo pour raison personnelle, commenta Fudge. Un mariage d’État.

C’est exact » grinça To’Maz, peu étonné que Fudge n’ait pu retrouver cela par l’usage de sa simple mémoire.


Les transcriptions écrites des holonews de l’époque défilaient sur son dapatad comme autant de mauvais souvenirs. Il se mordait ce qui aurait dû être sa lèvre inférieure, le regard de glace et ne ployant pas, embrassant en lui toute la retenue qu’il avait apprise à garder au long de sa vie tumultueuse.


S’il y avait quelque chose que le dossier ne semblait pas mentionner non plus… C’était la venue du Mirialan. Lui-même avait appris sa présence sur la planète quelques jours à peine avant sa venue, c’est à dire plusieurs semaines après qu’il ne se soit posé. Il était arrivé sur Eqazz accompagné de son acolyte. A l’origine, ils avaient été autorisés à atterrir dans le spatioport pour une "maintenance de routine". Avec le temps, cela semblait ironique : un vaisseau presque détruit par des impacts de turbolaser, cela pouvait passer pour de la routine quand la majorité du trafic que l’on accueillait était composée de trafiquants de tous bords. Et c’était bien la seule explication plausible pouvant justifier le manque de méfiance qui avait entouré l’affaire à ses débuts.


Après l’arrivée des deux individus, l’activité orbitale de la planète s’était multipliée par trois. Des passages de sondes. De vaisseaux sans signature. Au sol, des individus avaient commencé à poser des questions étranges. Des signes avant-coureurs de ce qui allait suivre, certes, mais rien qui ne sortait de l’ordinaire lorsque votre planète était pour moitié une plaque tournante du crime galactique. La recrudescence d’incidents entre cartels, mercenaires et passeurs avait aussi relevé la vigilance générale, sans toutefois susciter de mesures particulières.


Le Mirialan… C’était un Jedi. Dans les hautes sphères de la planète – et c’était uniquement pour cela qu’il avait fini par l’apprendre – on savait qu’il était poursuivi et qu’il s’abritait sur la planète pour quelques temps. L’information avait été étouffée pour, disait-on, ne pas paniquer la population : des Jedi dans les parages, ça pouvait être un signe qu’un conflit majeur menaçait de nouveau la planète. La panique, c’était un virus, et les rumeurs en étaient porteuses. Quid du rationnement, mis en pause pour la cérémonie ? Des permissions accordées à la plupart des troupes locales ? Le mariage approchant, l’heure devait être à la liesse. Le mot d’ordre, qui émanait conjointement des patriarches de la maison To, nouvelle famille régente, et de la famille Qol, maintenant au ministère de la défense, n’aurait su être contredit. Et il avait été assez stupide pour s’y plier également.


« Peut-être faudrait-il organiser un conseil exceptionnel quant à la présence de ces Jedi ici, avait pourtant proposé To’Maz à son père.

J’ai contacté les autorités compétentes, avait-il répondu.

L’Ordre Jedi ?

Il n’a pas semblé désirer invoquer leur aide. Mais cela ne me regarde pas, et j’ai d’autres contacts ; ce n’est déjà plus de notre ressort. Nous avons bien plus important à organiser. »


La communication n’avait vraisemblablement pas été passée depuis un réseau assez sécurisé, pour que les choses finissent par déraper autant.


Déjà à l’époque, quelque chose avait dérangé l’homme-reptile. Probablement l’idée qu’un Jedi ait été mis en échec dans l’accomplissement de sa mission, perdant de sa superbe au point de redouter de recourir au contact de ses propres pairs – une erreur de jugement ? un soubresaut de fougue qu’aurait dû calmer la discipline à laquelle il aspirait ? Les multiples discussions qu’il avait eu l’occasion d’avoir avec le chevalier avant son mariage lui avaient permis d’entrevoir ses doutes et ses regrets, et comment il avait, au mauvais endroit, au mauvais moment, provoqué malgré lui une cascade d’évènements qui l’avait dépassé, et dont ils ne savaient pas encore qu’elle escaladerait de plus belle. Somme toute, il n’en avait pas demandé plus à ce moment-là, d’une part peu désireux de se mêler aux affaires de l’Ordre, et d’autre part, doté d’une curiosité bien moindre qu’aujourd’hui.


« L’heureuse élue était une certaine Qol’My, fille aînée du nouveau ministre de la défense, et meilleur parti par les lois de l’aristocratie Turiane pour quelqu’un dans votre position » récita la Bothane en consultant ses notes.


Certes, mais ce n’était pas pour cela qu’il avait consenti au mariage.


Ce jour-là, il neigeait sur Qoatl, la capitale d’Eqazz. Le palais avait été paré de ses plus beaux voilages papillons, affichant des alvéoles de couleurs irisées et changeantes à mesure que l’on remontait le tapis rouge vers le bâtiment central et l’estrade principale. Sa future épouse arborait une robe majestueuse, ornementée de plumes de cristal. Leur union avait été prévue, programmée de longue date. Quelque chose que To’Maz n’avait, finalement, pas réussi à fuir.


Qol’My… L’avait-elle vraiment pardonné de son départ ? Les souvenirs qu’il avait de cette période étaient flous, probablement parce qu’il avait tenu à ne garder que les meilleurs. Mais s’il avait appris une chose sur elle… c’était qu’elle savait aussi bien mentir que lui.


Son poste à Naboo lui avait permis de longs moments d’introspection ; les récents succès militaires républicains, couplés à ceux des universalistes au sénat, l’avaient quelque peu rassuré sur le fait qu’enfin, la République allait défendre ses intérêts ; qu’il pourrait peut-être, finalement, agir au nom de sa planète sans la perspective ultime de mourir au champ d’honneur. Jusqu’alors, il n’avait pas pu décemment imaginer lui offrir la vie qu’elle méritait tout en défendant son peuple à l’autre bout de la galaxie ; un choix crève-cœur, tant il sentait que sa volition n’était qu’un fanatisme issu de sa pleutrerie. Et voilà qu’il n’avait plus d’entrave pour s’autoriser à la voir et l’avoir. Qui sait, alors, qui d’eux deux était l’animal blessé soigné par l’autre, et qui avait porté le coup en question.


« Qu’est-ce qu’un commando impérial pouvait chercher sur votre planète le jour de vos noces ? »



Une question que de nombreuses victimes n'avaient pas eu le temps de se poser.


Le jour des noces, c’était le jour qui avait été choisi pour "l’exfiltration". Un jour où tous les yeux seraient tournés ailleurs, et surtout les siens. Idéal pour qu’à son insu, un aéronef sans étiquette se pose sur la planète, rempli de soldats surarmés encadrant quelques prisonniers moribonds. Suivi, peu après, de deux navettes républicaines de mêmes dimensions, dont l’une était vide. Les prisonniers embarquèrent avec les soldats républicains et repartirent aussitôt. L’autre navette fut investie par les troupes non identifiées.


Le plan, To’Maz l’avait deviné après coup, en observant durant sa convalescence les images de surveillance du spatioport, qui, comme par hasard, avaient été partiellement effacées, mais qu’il avait su récupérer grâce à sa connaissance déjà avancée de l’informatique. Il avait mené son enquête à l’insu de tous, renoué avec de vieux contacts, graissé les bonnes pattes. L’expertise des marchands d’armes et de pièces détachées du secteur était une certaine preuve du professionnalisme dont faisaient preuve les truands du secteur, moins nombreux que dans les pires bouges de la bordure extérieure, mais ô combien plus efficaces. Si la technologie des troupes apatrides fut identifiée comme républicaine, les moteurs de leur vaisseau, en revanche, étaient clairement de facture impériale. Une piste fugace et presque froide demeurait encore. Des virements de crédits suspects à plusieurs personnalités, des numéros de série effacés au laser sur des caisses d’armement, une plainte pour vol dans un entrepôt militaire classée sans suite par un opérateur disparu depuis. La pelote était savamment emmêlée, mais rien qui ne parvint à s’opposer à sa détermination.


Sa conclusion ? Visiblement, l’exfiltration que l’on avait promise aux membres de l’Ordre était un guet-apens orchestré de très haut, camouflé avec beaucoup de minutie, et dont l’on désirait le moins de traces possible.


Ce qui avait mis son exécution à mal ?


Lui.


Par un certain coup du sort, il avait exigé, au dernier moment, que les Jedi soient invités à la fête – ce que l’on avait soigneusement évité de faire jusqu’alors, mais qui, selon lui, contrastait cruellement avec les règles les plus élémentaires de l’hospitalité.
Et les Jedi avaient accepté.


Son père n’avait rien eu à y redire ; de qui était-ce le mariage, après tout ? Tout avait été fait jusque-là pour éviter le scandale, et son silence était la décision logique de cette suite de prises de décision. L’évènement était déjà là ; les festivités finies, et les membres de l’Ordre auraient disparu, emportant avec eux les questionnements des esprits les plus fertiles, ou des plus paranoïaques. Le chevalier et son padawan eurent ainsi leur place parmi les invités d’honneur, ce qui n’avait pas manqué de soulever quelques murmures parmi la haute. Dans l’estrade principale, ils étaient, pour ainsi dire, assis derrière la mariée, et leur tenue, d’une simplicité déconcertante – l’on n’en demandait pas plus à des moines de l’espace, même pour un évènement de cette envergure – était incidemment camouflée par la profusion d’apparats qu’arborait la Turiane. Le léger retard qu’ils prirent sur leur planning pour faire acte de présence à la cérémonie fut interprété par les troupes impériales comme une mise à jour de leur piège. Dans un excès de zèle, elles décidèrent donc d’exécuter leur plan B, et de passer à l’assaut.


L’opération aurait pu être nette et sans bavure. Évidemment, ce ne fut pas le cas.


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Ven 6 Déc - 0:07


3.




La version qui fut relayée après plusieurs mois par l’enquête "officielle" des agents de l’intelligence ? Attentat contre la famille royale sur fond de narcotrafic. Une histoire montée à la va-vite face à la tournure imprévue qu’avaient pris les évènements sur sa planète, et contraire aux preuves qu’il avait pu rassembler de manière officieuse, contraire même au bon sens qui aurait trouvé cela suspect au regard des relations "cordiales" qu’entretenaient gouvernants et trafiquants sur Eqazz ; mais elle eut le mérite de satisfaire ses collègues les moins regardants du sénat pour le décrédibiliser. Un scandale qui compliqua sérieusement ses interventions dans le cycle ; ternissant non seulement l’image de sa planète, jusqu’alors inconnue de la plupart, mais faisant également passer ses plus proches soutiens pour des complotistes de tous bords, et sa personne, pour un consommateur aguerri de bâtons de la mort.


« Attaque éclair de l’Empire. Dégâts matériels. Pertes mineures. Le principal est dit.

Nous savons qu’il y a plus, affirma la Bothane. Dites-nous ce qui s’est vraiment passé ce jour-là. »


Ce jour-là, la République avait failli à défendre ses valeurs, trahi ses principes, et tenté de faire d’un membre de l’Ordre une monnaie d’échange, dans un odieux calcul dont on ne saurait jamais totalement les tenants et aboutissants. Que ce fut la volonté d’un seul homme n’y changerait rien. Que la République essaie de se racheter une conscience aujourd’hui n’y changerait rien. Le genre de blessure qui ne guérissait pas au bacta.


« Vous voulez savoir dans quelle mesure "M" était impliqué dans l’attaque des impériaux, n’est-ce pas ? abonda-t-il pour leur éviter à tous de tourner autour du pot.

Ce core crypté était parmi ses possessions. »


La Bothane avait, de toute façon, déjà bien compris qu’il avait déjà percé à jour ce petit secret-là. C’était la moindre des choses pour quelqu’un de son rang.


Il était un secret, en revanche, qu'on ne voulait pas qu'on perce. To'Maz ne pouvait se résoudre à expliciter toute l’histoire. Notamment car il avait pu déduire que quelque chose dans la mission du Mirialan avait présenté, pour les partis impliqués, un intérêt capital, au point de faire du proche-humain une cible justifiant un envoi de troupes avec, pour prérogative, l’usage autorisé d’une puissance de feu telle que celle qui avait éclaté ce jour-là – ce pourquoi il s’était résolu à faire le vœu de ne pas ébruiter l’affaire plus qu’elle n’avait déjà pu l’être. Une lubie personnelle, sans doute, mais l'homme-reptile était un homme de principes. Les mentions du Jedi avaient été effacées du dossier, et c’était mieux ainsi : pour lui, il s’agissait surtout d’un être dont leurs routes s’étaient croisées au hasard, comme deux astéroïdes en collision dans une tragédie cosmique.


Tout ce qu’il avait pu apprendre sur les troupes impériales, la collusion de sa famille avec des hauts dignitaires républicains à l’identité trouble, la nature douteuse de la mission du chevalier… Toutes ces informations, il les avait recueillies ou déduites dans une entreprise personnelle, une traque acharnée de la vérité qui l’avait, probablement, sauvé de la folie qui le guettait à la sortie de son coma médical et de sa cybernétisation, lui permettant de supporter sa douleur au même titre que le bacta et les calmants. Une période de sa vie où toute pensée parasite était balayée, repoussée, confinée, et où tout ce qui déviait de sa quête de réponse était une pensée parasite. Durant quelques mois, il avait embrassé la machine qui l’avait partiellement remplacé dans ses aspects les plus froids et rigides. Probablement avait-il encore gardé de ça en lui.



Les trafiquants en tout genre d'Eqazz, moyennant finances, pouvaient vous fournir des informations très précieuses. Cela lui avait permis d'accélérer son enquête.


« Je ne sais pas dans quelle mesure l’agent "M" avait, à l’époque, autant d’influence qu’avant sa démission forcée, affirma To’Maz. Probablement que la "réussite" de Lord_Over avait, d’une certaine manière, semé durablement les prémices de son influence. Mais renforcer son contrôle sur les échanges de transfuges qui s’opéraient sur ma planète était à la fois un calcul facile et rentable. Que tremper dans ces activités-là a pu l’aider dans l’établissement de ses relations litigieuses au travers de toute la galaxie. Peut-être avait-il des agents qu’il était prêt à sacrifier, et d’autres qu’il tenait à tout prix à sauver, dans un jeu de dupes cynique tel qu’en jouent toutes les agences, avec des degrés d’acceptabilité et d’éthique variables. L’un de ces échanges a eu lieu pendant mon mariage… et a mal tourné. Si vous voulez trouver des taupes, cherchez parmi les agents qu’il a sauvé ce jour-là, scrutez leurs rapports de missions, questionnez les recrues qu’ils ont supervisées.


La Bothane acquiesça, claviota sur son pad ; mais ce qu’elle s’apprêtait à dire fut interrompu par l’intervention soudaine de Fudge.


« Est-ce que vous l’aimiez ? »


La question, surprenante et presque agressive, le surprit à défaut de le déstabiliser. Fudge n’était pas du genre à faire dans le sentimental : où voulait-il en venir ? où se situait son intérêt ?


« Qol’My, se sentit-il obligé de préciser. Vous évitez soigneusement d’en parler. Est-ce que vous l’aimiez ?

Faire étalage de mes sentiments dans cette situation n’a rien de pertinent, dévia l’homme-reptile.

C’était il y a vingt ans, et elle est morte, insista Fudge. J’espère sincèrement que vous avez fait votre deuil ; mais j’ai besoin d’une réponse. Après tout, des mariages forcés par les usages des protocoles locaux, ce n'est pas incongru. »


C’est vrai, elle était morte. Il avait tenté de la protéger, et l’avait payé d’une grande partie de son corps. Le padawan du Mirialan avait également succombé. Plus quelques dignitaires Turians. Et des dizaines de gardes. Et des centaines de civils. C’est le genre de choses qui arrivent lorsqu’un imploseur thermique détonne dans une salle de bal un jour de fête planétaire. Une bavure qui n’aurait su être tue… sauf en cas de connivence gravissime entre l’intelligence impériale et l’intelligence républicaine. Ce qui soutenait son hypothèse personnelle comme quoi l’évènement, somme toute, n’avait été qu’une somme d’imbroglios dont l’issue les avait tous dépassés.


« Vous dites avoir besoin d’une réponse. Pourquoi ?

C’est à la suite de cette attaque que vous avez changé, au sénat. Que les universalistes se sont davantage radicalisés en vous érigeant en héros, en porte-étendard de leur voix. Nous devons savoir dans quelle mesure cet épisode vous a marqué. Vous déstabiliser, vous fragiliser, c'était une forme d’ingérence. »


To’Maz le poignarda d’un regard glaçant.


« Pour tout vous dire, je m’en suis remis. Vérifiez mon dossier : j’ai passé avec brio toutes mes évaluations psychologiques. D’ailleurs, c’est probablement le plus étonnant, lorsque vous pensez à tout ce que j’ai vécu » dit-il en étirant sa bouche en un sourire froid et désabusé.


Fudge avala sa salive dans un instant de gêne que la Bothane ne manqua pas non plus de remarquer.


« C’est que… Comprenez les effets tentaculaires de cette affaire de corruption, balbutia Fudge. Que cela remonte aussi loin dans le temps est proprement terrifiant. Dans quelle mesure une entrée raturée d’un extrait d’archive privé a, par effet de levier, probablement eu un effet sur la politique de la République pendant presque dix ans ? Des dossiers comme ça, il en existe des centaines d’autres, révélant chaque heure qui passe des éléments de plus en plus sordides. Nous ne sommes pas encore au fait de toutes les implications des exactions de l’agent "M", mais cela serait une conséquence majeure de ses méfaits. Et si votre jugement a été altéré…

Premièrement, je n’ai jamais été un pantin de notre ancien directeur, ni en tant que sénateur, ni en tant qu’officier, ni en tant que commandeur, dit-il en fixant, à chaque affirmation, l’interlocuteur adéquat. Durant mes années à Naboo, c’était tout juste si j’avais pris connaissance de son existence. Dire que j’ai porté des idées ayant influencé le sénat est un lieu commun : c’est le cas de chaque sénateur, chaque jour, à chaque vote, car tous sont portés par leurs propres vicissitudes ; c’est le principe d’une démocratie, et si mon parti a alors connu un franc succès, ce n’était pas tant par le charisme que j’ai pu avoir alors, que par l’impulsion commune de ma famille politique qui me soutenait et amplifiait ma voix. »


Il crispa légèrement ses doigts autour de son verre tiède. Les glaçons avaient fondu depuis longtemps.


« Deuxièmement… Pour vous, il s’agit d’une "entrée raturée" dans un morceau de métal. Pour moi, c’est un pan de ma vie qui a été disséqué, repris et répété, dans sa forme, dans son allure et dans son contenant, sans que personne n’en retienne le fond. Et vous êtes l’exemple vivant de ce mépris, Fudge.

Je…

Au sénat, vous étiez quelqu’un de plat et consensuel, coupa l’homme-reptile d’une voix calme mais sans ambiguïté. Les lobbies de votre planète ont toujours lutté pour vous maintenir en place, et vous portez leur voix en retour dans un échange de bons procédés. Je ne vous en veux pas ; des fantômes comme vous, il y en a des dizaines. Vous étiez là il y a presque vingt ans, quand je m’égosillais pour faire valoir mon droit à la justice et à la rétribution, dans ce que vous prenez aujourd’hui pour une énième manipulation de l’agent "M", car vous ne supportez pas que votre manque d’opinion ne vous ai jamais permis de briller dans votre carrière, comme vous n’avez pas supporté, à l’époque, d’essuyer défaite sur défaite contre quelqu’un que vous qualifiez d’amateur à qui voulait bien l’entendre ; et vous serez encore là dans vingt ans, trente ans, jusqu’à votre mort à vrai dire, comme un pan de falaise qui s’érode face à la vague, inutile et fébrile, et pourtant inamovible. Sauf à grands coups d’explosifs, mais ce n’est, parait-il, pas très républicain.

Vous n’avez pas répondu…

Même votre présence ici, je présume, n’a d’explication que par votre capacité à fomenter, comploter et garder des secrets, doublée par l’incapacité que vous auriez de vous émouvoir de la moindre chose que vous pourriez apprendre lors de ces interrogatoires. Signer des clauses pour vous immiscer dans l’intimité des gens ne vous a absolument jamais posé de problème. Là où vous vous targuez sans doute de probité, j’y vois une tentative de vengeance personnelle, dans toute la petitesse qui est la vôtre, à trouver dans le malheur des autres la moindre parcelle de satisfaction. Alors, me demandez-vous : est-ce que mon jugement a pu être altéré par un attentat contre ma vie et celle de mes proches ? »


Si la question était outrageusement déplacée, c’était notamment car n’importe qui doté d’un semblant d’empathie n’aurait pas eu besoin de la poser ; ça, et le fait qu’un minimum d’observation suffisait à remarquer l’alliance qu’il avait gardé à sa main valide, près de sa chevalière. Des attaches personnelles qui, à défaut d’être réglementaires, lui permettaient de garder une accroche dans la réalité. Non, ses idées n’avaient pas changé à la suite de cet évènement. Oui, cette attaque l’avait marqué et polarisé, et sa détermination, depuis, n’avait jamais été aussi grave. Une détermination qui, conséquemment, l’avait définitivement poussé hors des bancs de l’assemblée quelques années plus tard.


Fudge mura son silence derrière un sourire gêné ; tant par le fait de se faire retourner son interrogation – une botte classique de la rhétorique qui s’exerçait quotidiennement au sénat, et à laquelle il n’avait toujours su répondre que par la pratique de la langue de bois – que par l’absence évidente de soutien du Twi’Lek, mais surtout de la Bothane, qui, mimant de préparer sa prochaine question, faisait preuve d’une empathie tacite pour son collègue de service, et ce malgré le peu d’échanges personnels qu’ils avaient pu avoir au cours de ces dernières années.


« Vous avez jeté un froid, s’émut le droïde de protocole. C’est d’autant plus étonnant que vos constantes vitales sont restées à 97,6% de vos moyennes standards. »


L’on refit une tournée de rafraîchissements. Fudge profita de l’interruption pour sortir quelques instants, prétextant une histoire de vessie. Amusant, car To’Maz eut, cette fois-ci, le bon nombre de glaçons.


« Reprenons, voulez-vous ? intervint la Bothane, voyant que le sénateur ne revenait pas, et ne reviendrait sans doute plus. En 1485, vous finissez par quitter le sénat en cédant la place à votre frère.

Trois ans après l’attentat dont j’ai été le dégât collatéral, les choses allaient toujours de l’avant… mais avec une inertie qui m’était devenue, pour lors, insupportable. Les élans de sympathie qu’ont pu manifester la plupart de mes partenaires à mon égard se sont avérés aussi creux et fragiles que neige au soleil. Ç’aurait été parfaitement vivable, si j’avais manqué d’éthique et de morale ; mais je savais que l’on me soutenait car on soutenait un symbole, davantage qu’un individu. J’étais, pour ainsi dire, le plus éloquent des épouvantails.

Les universalistes avaient encore une avance considérable sur leurs opposants, intervint Krun’qato. Et ce, malgré la récession rampante qui gagnait nos marchés boursiers, et malgré les nombreuses tentatives de ternir votre image et celle de vos confrères. La production d’armes battait son plein, les académies tournaient comme des usines. Difficile de penser, dans ce contexte, que vous étiez totalement isolé, sans marge de manœuvre.

Bien sûr, je suis resté relativement influent jusqu’à mon départ. Outre les bigots de mon parti qui pensaient m’utiliser, j’avais aussi de réels soutiens, des amis, même, et je suis encore en bons termes avec certains d’entre eux, dans la mesure du possible. Mais ma fougue aurait fini par leur causer préjudice ; j’ai sacrifié beaucoup de temps et de salive à démanteler les nombreuses rumeurs qui avaient pullulé sur moi, tout en luttant pour la pérennité de ma formation politique. Un travail de tous les instants, auquel j’étais rôdé depuis mon enfance à la cour, mais qui aurait eu raison de moi sur le long terme. Toutes ces raisons ont fait que je suis parti dès que je l’ai pu.


Sa porte de sortie, c'était son frère, que son père avait fini par considérer assez mûr pour reprendre le flambeau. Un nouveau Turian d'Eqazz au sénat, tandis que l'ancien emporterait avec lui son sillage de scandales et d'esclandres. Un fait qui les rapprocha plus qu'il ne l'aurait cru, car To'Maz, depuis l'attentat, s'était énormément renfermé sur lui-même.


« Et vous êtes retourné sur le front. »


Ses états de service s’affichaient dans le même temps. Des mondes du noyau jusqu’à Kashyyyk, ses affectations avaient évolué au gré des volontés politiques et des changements d’états-majors ; jusqu’à ce qu’il finisse, lui-même, par pouvoir prétendre aux postes les plus hauts.


« Entre mes contacts de l’armée et mes contacts au sénat, j’ai pu être réhabilité en un minimum de temps. La liste de toutes les opérations auxquelles j’ai participé est sous vos yeux. »


Mingozeq les parcourait déjà, un éclat dans le regard.


« Parlons de votre premier fait d’armes majeur, mentionna-t-il en s’arrêtant sur une entrée particulière du dossier. Une embuscade en 1488. Plusieurs Praefectus et deux frégates Vindicator ayant pris par surprise une patrouille dont vous faisiez partie – une mission où, étonnamment, vous dirigiez une corvette. »


Une corvette Tal, pour être exact. Un modèle modeste, mais qu’il avait fini par apprécier au fil des années.


« J’étais sous les ordres de l’amiral Sharef. Ce dernier, au fil de mes missions et de nos discussions, m’avait quelque peu pris en affection. »


Leur amour pour les spiritueux corsés avait été un vecteur de rapprochement aussi inattendu qu’efficace.


« Notre camaraderie, il ne la manifestait pas par des avantages de quelque nature que ce soit. En fait, il la traduisait plutôt par des affectations à haut risque – sa manière à lui de me faire comprendre qu’il avait confiance en moi. J’ai été intégré dans une patrouille qu’il jugeait fébrile dans sa capacité à répliquer face aux menaces qu’elle pourrait rencontrer ; tant par le faible nombre de vaisseaux dont elle disposait, que par son commandement : à la tête des frégates, des fougueux et des impulsifs ; et pour le croiseur, des officiers vieillissants, certes loyaux, mais pas des plus entrepreneurs. »


Sous l’effet de l’alcool, les mots de l’amiral n’avaient pas été aussi édulcorés, mais il n’aurait pas été pertinent d’en détailler le catalogue ici.


« Le fait que ces derniers étaient en fin de carrière jouait probablement sur leur attentisme latent, et leur dossier immaculé les rendait quelque peu indévissables, si bien que j’ai hérité d’une affectation sur une corvette, en deçà de ce à quoi ma formation et les résultats de mes premières années de carrière me permettaient de prétendre. »


Les traces de son passage en politique lui avaient également fermé autant de portes qu'elles n'en avaient ouvertes. Les stigmates du sénat, où ses plus fervents opposants l'avaient qualifié de mafieux et de toxicomane, l'avaient alors poursuivi malgré son départ. Si l'amiral Sharef avait confiance en lui, le reste de ses supérieurs restaient partagés, frileux à l'idée d'attribuer des responsabilités à un individu à la réputation aussi sulfureuse que la sienne.



Les adversaires politiques qu'il avait accumulés n'avaient pas hésité à serrer des mains pour lui compliquer la tâche.


« Étonnant de constater qu’il ait choisi de renforcer cette escadrille en vous y implantant, plutôt que d’y adjoindre de nouveaux vaisseaux.

Avec du recul, je peux vous dire que c’était la meilleure occasion pour moi de m’illustrer. Un témoignage que je n’aurais pu produire, bien sûr, si j’étais mort de ce choix. »


Avec du recul… Car il était vrai qu’il avait pu ressentir, alors, cette nomination hasardeuse comme une déconsidération. La vie, depuis, lui avait appris à faire rentrer son égo dans un dé à coudre.


« Je vois qu’il s’agissait de votre première affectation de longue durée avec des sensitifs, nota Mingozeq.

C’est vrai. J'avais pu en croiser avant mon entrée au sénat, mais pas de manière aussi prolongée. Le croiseur que j’accompagnais abritait un chevalier Jedi ; son padawan était à mon bord.

Une question d’affinité ?

Entre autres. J’ai pu perdre, durant mes nombreuses heures de lecture, quelques temps à appréhender les principes de l’Ordre. Comprendre les principes qui avaient motivé, en toile de fond, les conflits des derniers millénaires. »


Et, de manière officieuse, approfondir son analyse des pistes philosophiques que le Mirialan avait pu lui donner lors de leur courte entrevue sur sa planète.


« Toujours est-il que la crainte de l'amiral Sharef était fondée. Probablement que les impériaux, eux aussi, avaient analysé la faiblesse de notre composition. Au bout de quelques mois, notre patrouille a été interceptée et décimée pour moitié avant que le premier tir ne parte de notre côté. Le Charny qui menait notre expédition, bien qu’encore en marche, était sérieusement endommagé. Son hyperdrive principal était HS ; sa passerelle de commandement avait explosé, réduisant au silence les gradés de notre expédition. Le Jedi avait survécu et repris le contrôle des opérations, tentant de coordonner notre retrait. Déjà leurs escadrilles de chasseurs TIE s’étaient mises à nous poursuivre comme des volées de mouches. Le repli vers la base la plus proche nous était rendu difficile par leur grand nombre de rayons tracteurs.

Cela avait l’air plutôt mal engagé, commenta Krun’qato.

Un rapide calcul ne me laissait pas de doute quant au fait que nous mourrions tous si nous acceptions le combat dans cette configuration, et bien que les intentions du Jedi fussent louables, la fuite n’était guère plus avantageuse. Tenter de contacter Sharef et espérer une réponse dans les temps était hors de propos. J’ai entrevu une solution ; par-dessus les appels à l’aide qui saturaient nos canaux internes de courte portée, j’ai proposé au Jedi de prendre en main les opérations. Il a accepté.. »


Son plan était simple : il s’agissait, premièrement, de vider les hangars du croiseur et d’envoyer tous les chasseurs disponibles faire écran entre eux et le reste de la flotte républicaine. L’effet recherché était triple : repousser leurs propres escadrilles TIE ; décentraliser le tir ennemi qui avait infligé de lourds dégâts au croiseur, pour qu’il puisse enfin répliquer ; pousser les ennemis à redevenir mobiles, pour interrompre leurs rayons tracteurs. L’objectif, surtout, était de gagner du temps.


« Au départ, les troupes semblaient plus enclines à obéir à la stratégie de retraite initiale. Si l’assentiment du chevalier me donnait du crédit, il a fallu que j’use de ma voix pour me faire entendre. Mais j’avais quelques antécédents lorsqu’il s’agissait de faire des discours motivants. »


Puisqu’il était proprement inacceptable d’abandonner les chasseurs au suicide ainsi que la majorité de la flotte, dans l’optique d’assurer la survie de quelques bâtiments républicains en ruine, dans ce qui aurait été, somme toute, une déroute cinglante, il s’agissait dans un second temps de faire tourner la bataille en leur faveur. Effectuer une somme de manœuvres qui aurait pu rappeler les chorégraphies de certains des opéras les plus complexes, en cela qu’il s’agissait tant de déplacer leurs propres vaisseaux, que de prédire l’emplacement des bâtiments ennemis. Prédire, ou forcer.


Le croiseur, qui n’était plus la cible majoritaire des batteries de turbolasers ennemies, avait pu se repositionner de sorte à utiliser ses propres rayons tracteurs. To’Maz demanda donc que les huit rayons du Charny visent les frégates, quatre par quatre, en croisant leurs faisceaux. L’objectif était de mettre les bâtiments ennemis, qui s’étaient dangereusement rapprochés, sur des trajectoires de collision.


« Une manœuvre qui fut mieux anticipée par l’une des frégates que par l’autre, en cela que si la collision eut lieu comme souhaitée au vu de la différence d’inertie qu’entretenaient alors les différents vaisseaux, elle ne mit hors service que l’un des deux bâtiments, endommageant l’autre sans affecter le gros de son armement. »


C’était sans compter la propre corvette de To’Maz, qui, profitant de la confusion, avait réussi, avec quelques chasseurs en guise d’escorte, à effectuer un ambitieux contournement, de sorte à s’aligner avec les points faibles des deux Vindicator. Il n’eut plus qu’à laisser à ses torpilles à protons le soin de faire "parler la poudre".


« Si les impériaux étaient toujours, à ce moment-là, possesseurs d’une force de frappe supérieure à la nôtre, eu égard de l’état de ruine de notre croiseur, ils réagirent beaucoup moins bien que nous à la perte de leurs officiers supérieurs, et l’effet du retournement de la bataille a été dévastateur sur leur moral. L’avantage qu’ils avaient en puissance de feu, ils l’ont perdu du point de vue tactique, et cela explique en partie que je sois encore vivant aujourd’hui. »


L’intervention de l’homme-reptile n’avait rien changé vis-à-vis du fait que l’escarmouche s’était soldée sur de lourdes pertes. Il avait, en revanche, permis qu’elle se termine sur une victoire de leur part, en sauvant un nombre considérable des siens.


« Cette victoire, plus d’autres succès moins éclatants, ont conduit à ma promotion, expliqua To’Maz. Je devais avoir dans les trente-cinq ans. »


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Ven 6 Déc - 0:07


4.




Son verre se vida sur ces mots. La Bothane continuait minutieusement sa prise de notes, tandis que le Twi’Lek poursuivait scrupuleusement la consultation de ses états de service.


« Comme vous pouvez le constater, tout cela n’avait, de près ou de loin, rien à voir avec l’agent "M", poursuivit l’homme-reptile, qui, sans être agacé que l’on épluche ainsi sa vie, désirait tout de même aller au plus rapide. Ma chance et mon initiative ne sauraient être liées à cette affaire.

Il est vrai que l’on ne saurait vous enlever ça, acquiesça Krun’qato. Mais n’oubliez pas les conditions dans lesquelles vous avez intégré nos services.

Si vous questionnez le fait que l’ancien directeur ait pu, à un moment ou à un autre, avoir mon profil sur son bureau, je vous répondrais qu’il a sûrement fait de même pour l’intégralité des nouveaux effectifs de ces dernières années ; et que le contraire aurait, pour le coup, été une faute professionnelle.

Je parle plutôt de votre nomination expéditive en tant que commandeur. »


Sous cet angle, il était vrai que son entrée au renseignement n’avait effectivement pas été des plus conventionnelle.


« C’était à la suite de votre coup d’éclat militaire le plus notable, constata Mingozeq. En 1494.

Oui, concéda To’Maz. Vous avez déjà les détails.

Il est vrai que votre rapport de l’époque était assez exhaustif, quoi que très élusif sur les aspects ne relevant pas de la description de votre stratégie durant la bataille que vous avez menée, analysa Krun’qato. Peut-être pourriez-vous nous apporter un récit complémentaire. »


Ils savaient tous les deux que malgré la tournure de phrase, ce n’était pas une proposition.


« Ma prise de galon au sein de la flotte républicaine m’avait amené à la tête d’un destroyer stellaire Othone, puis, au fil des années et des réaffectations, à la capitainerie d’un croiseur de bataille Avenger, reprit l’homme-reptile. A chaque fois, je ne pouvais m’empêcher de donner à mes nouvelles troupes des sermons… d’encouragement ? Avec bien moins de morgue que lors de mon passage au sénat, en tout cas ; mais tout autant incisifs.

Un équipage soudé, c’est cinquante pourcents de la victoire » acquiesça le Twi’Lek en connaissance de cause.


C’était la bonne manière de voir les choses ; la mauvaise étant d’y déceler une trace de ses indécisions latentes quant à ses choix de vie. Ce qui le frustrait un temps avait fini par l’amuser ; son côté le plus cynique, probablement, appréciait les petites absurdités qui n’avaient cessé de consteller sa vie.


« Assez souvent, des Jedi embarquaient dans mes bâtiments pour des durées variables, mentionna To’Maz. Je connais l’aversion que beaucoup des nôtres expriment, plus ou moins tacitement, envers les membres de l’Ordre ; ça n’a jamais vraiment été mon cas. »


Son allusion à leur actuel Commandeur Suprême était à peine voilée. L’homme-reptile aurait pu, aurait dû ressentir la même haine envers le Temple, que celle qui avait un temps agité son supérieur d’alors : n’était-ce pas un Jedi, le Mirialan, qui avait fait basculer sa vie dans une cascade de flammes ? Étonnamment, To’Maz faisait la part des choses entre les erreurs qui étaient de son propre fait, et celles qu’il n’avait eu d’autre choix que d’affronter. La venue des Jedi sur sa planète lors de son mariage avait été de ces évènements hasardeux et traumatisants qui avaient nécessité beaucoup d’années à assimiler, cadenassée sous sa propre volonté de silence, travestie par les couches de mensonges successives des uns et des autres. L’on ne pouvait guérir de cela ; mais l’on pouvait aller de l’avant. Il n’y avait rien à pardonner ; seulement la nécessité de s’adapter.


« Incidemment, continua-t-il, on a déplacé ma zone d’opération vers Hoth, et donc vers Eqazz. Je ne dépendais alors plus de l’amiral Sharef, mais de l’amiral Wexek Egu… Qui m’appréciait beaucoup moins. »


Egu, un Nautolan qui tenait envers lui des griefs dont il n’avait jamais eu le fin mot de l’histoire. Il lui avait, notamment, été incroyablement plus dur d’obtenir des permissions, alors que sa planète natale, elle, n’avait jamais été aussi proche depuis plusieurs années. Ironique.


« Eqazz s’était à peu près remise de l’attaque qu’elle avait subie douze ans plus tôt. J’ai été très loin des conflits qui ont agité les clans et occupé les holonews pendant plusieurs années. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'étais devenu un fantôme en ma propre planète, mais l'ambiance s'était rafraîchie. Tout le monde avait fait son deuil. Plus ou moins. »


Dans son cas, ça avait été moins. Fudge, dans toute sa perfidie, avait vu juste. C’était une plaie qui l’affectait toujours ; la perte de son amour d’enfance et épouse d’un jour ; ce vide qu’il avait su enfermer, contenir en lui, pour se protéger de toute attaque extérieure, n’avait toujours pas cicatrisé. S’il avait fini par prétexter ses responsabilités croissantes pour ne pas se remarier, il savait que ce n’était pas l’unique explication. Un mensonge utile, comme il en avait l’habitude, pour aller de l’avant.


« La rumeur du moment qui circulait au marché noir d’Eqazz, c’était la découverte d’une nouvelle voie de contrebande reliant Rattatak, Chalcedon, Cerea et Ryoone. Une voie dangereuse, mais qui constituait une faille dans la frontière sud entre la République et l’Empire.

Il existe une mention de cet itinéraire, oui, dit Krun’qato en changeant l’affichage des datapads en conséquence. La surveillance du secteur a été accrue depuis.

Les voies de contrebande, c’est adapté aux petits vaisseaux, affirma Mingozeq en consultant la version purgée des archives. L’on ne rentre pas si facilement une flotte entière dans des chemins si tortueux.

C’est aussi ce que je me suis dit. Pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher de m’intéresser, dès lors, aux relevés du secteur ; tant pour étudier les possibilités d’une incursion républicaine que celles d’une incursion impériale. Probablement un endoctrinement de ma jeunesse. »



Un panorama que To'Maz préférait éviter.


Il avait donc fini par faire poser des sondes aux environs des emplacements concernés ; dans des endroits évidents, et dans des coins plus reculés, proches de champs d’astéroïdes ou d’autres objets stellaires. L’objectif avait été de créer un maillage auto-surveillé de capteurs afin de relever toute activité anormale dans le secteur, et de voir le gabarit des engins qui s’aventuraient dans cette lane périlleuse. Comme il avait pu s’y attendre, la plupart de ses capteurs finirent par être mis hors service par de véritables contrebandiers, soucieux de ne pas laisser de trace ; cependant, des recoupements d’informations lui permirent d’identifier que certains des vaisseaux ayant détruit ses sondes opéraient selon des itinéraires bien particuliers, dont les relevés de transpondeurs étaient douteux.


« Leurs identifiants IFF étaient parfaitement valides, ce qui n’était, en soi, pas étonnant pour des vaisseaux volant dans l’illégalité et qui désiraient éviter les contrôles. Pour ainsi dire, j’en connaissais déjà la plupart, whitelistés au spatioport d’Eqazz pour les raisons que je vous ai déjà exposées précédemment… Mais certaines signatures de transpondeurs qui revenaient régulièrement ne me disaient absolument rien.

Il aurait tout simplement pu s’agir d’autres contrebandiers, différents des groupes que vous aviez l’habitude de côtoyer, remarqua Mingozeq. Démêler la question de leur identité relevait davantage des polices locales que d’un capitaine de croiseur de bataille de la flotte républicaine.

Probablement, affirma To’Maz. M’intéresser à ce problème d’apparence bénin était à la limite de ma juridiction. Tout le problème résidait précisément dans le fait que ces vaisseaux n’opéraient pas d’action de contrebande : certaines sondes encore en place m’ont permis de constater qu’il s’agissait davantage… d’opérations de repérage. Je n’ai pas réussi à avoir de confirmation visuelle, mais l’analyse des itinéraires de ces bâtiments était très claire vis-à-vis du fait qu’ils ne cherchaient pas à faire de trafic de quelque nature que ce soit. »


Un dernier verre lui permit de continuer son explication.


« L’IFF de ces vaisseaux correspondait bien à des entrées des registres de la flotte républicaine ; mon grade me permettait de savoir cela. Eu égard du mille-feuilles de protocoles appliqués à nos différentes procédures d’authentification et à leur opacité, aller plus avant n’était pas à la portée de tout le monde. Les polices locales n’auraient sans doute pas poussé les recherches plus avant. Mais une étude plus en profondeur me confirma bien qu’il s’agissait de numéros réhabilités de manière suspecte ; initialement mis hors de la circulation à la suite de la destruction, en bataille, des bâtiments qui les portaient initialement, ou encore de vols, et même d’accidents de production.

Dupliquer un transpondeur est possible pour les plus vils criminels de la galaxie, bien qu’hautement illégal, pointa agressivement le Twi’Lek. Enfin, bien entendu, cela peut être une nécessité dans le cadre de certaines opérations de nos services secrets, s’empressa-t-il de rajouter à destination de la Bothane. Mais modifier les registres de la flotte, ce n’est pas à la portée du premier venu. Une manipulation informatique complexe, qui aura très certainement nécessité des complicités en interne.

Cela va sans dire, réagit Krun’qato. Nous avons procédé à des… arrestations, à la suite de cet incident.

Des complices de "M" ? s’hasarda To’Maz.

Nous n’avons jamais vraiment su le fin mot de l’histoire. Les agents rogues se sont terminés avant leur interrogatoire. Nous discutons encore de l’intérêt qu’aurait pu avoir "M" à laisser s’introduire des flottes impériales dans notre territoire.

Tester nos défenses ? Provoquer une réaction du sénat ? Vider une garnison pour maximiser les chances d’une seconde opération ? proposa To’Maz. Cette faille de sécurité n’aurait pas permis l’attaque d’un de nos objectifs principaux dans le secteur. La carotte était juste d’assez bonne taille pour que l’Empire ait été séduit par l’idée de lancer une opération, que la possibilité d’envoyer des bâtiments isolés, sur une planète secondaire, ait constitué une opportunité assez intéressante. Une opération froide et calculatrice, mais aux répercussions limitées. »


Les vaisseaux que pistait To’Maz avaient ceci de particulier qu’ils se faisaient progressivement plus gros ; comme si les corvettes envoyées initialement l’avaient été pour tester la praticabilité de la voie. Ce que les sondes démontraient, c’est que des frégates, mais également des destroyers, pouvaient faire l’aller-retour plusieurs fois. Une rigueur qui trahissait une intention de nuire certaine.


La cible potentielle des vaisseaux non identifiés ? Dans les systèmes directement accessibles, il y avait bien quelques raffineries, biodômes, mines de métaux communs ; l’asset le plus notable étant une usine d’armes électriques expérimentale et supposément secrète sur Chalcedon. Un bouclier protégeait localement les lieux, doté de forces au sol et de hangars à chasseurs. Si l’Empire désirait bombarder les installations, il devrait affréter ce qui aurait pu passer pour une flottille d’invasion.


« Lorsque j’ai fait part de ma crainte à l’amiral Egu, il m’a promptement ri au nez, m’affirmant que je voyais des chimères, que jamais l’Empire ne pourrait insérer le moindre destroyer stellaire aussi loin dans nos frontières sans qu’il n’en soit averti. Ma requête d’en informer les renseignements se perdit sur son bureau dans la foulée – assez amusant, lorsqu’on pense que nos services, d’une certaine manière, étaient déjà informés du fait.

L’information ne circule pas à la même vitesse partout dans la galaxie, lâcha Krun’qato en une moue contrite.

Le comportement de votre supérieur semble bien cavalier, regretta Mingozeq, comme si son propre honneur avait été entaché.

Je ne lui en veux pas : factuellement, je n’avais rien à lui présenter. Lui expliquer d’où je tenais mes sources, ou lui faire part des résultats de mon enquête et des entraves au protocole que j’avais dû réaliser pour ce faire, m’aurait valu au mieux le double de railleries, et au pire, une mise à pied. Mon égo l’aurait supporté, mais les conséquences de ma découverte dépassaient ma simple personne. Le temps investi dans l’établissement de mon maillage de sondes, Egu me l’avait déjà déduit de mes futures permissions, critiquant dans le même temps ma propension à "gaspiller les ressources de la République". Pour quelqu’un dont le bureau ressemblait à cette salle, je vous laisse imaginer la dépense que représentait, à ses yeux, mon investigation. Mais comme je ne tenais pas particulièrement à l’idée de passer mes prochaines vacances à me flageller sur ma potentielle inaction, j’ai persévéré dans mon entêtement, quitte à faire redoubler ses foudres, et ne pas passer de prochaines vacances du tout.

Vous étiez, somme toute, au bord de l’insubordination.

Disons plutôt que j’ai capitalisé sur son mépris. Comme je restais proche de la frontière, mon bâtiment était toujours opérationnel si un ordre était donné. J’ai juste aménagé mes manœuvres quotidiennes pour qu’elles puissent s’effectuer dans les environs de la zone que j’observais. Mon obstination, il l’a prise pour une obstination à son encontre, et il était donc bien déterminé à me démontrer, par son déni, que je m’enfonçais dans ma propre erreur. Son erreur, à lui, avait été de penser que j’étais aussi individualiste et carriériste que lui, là où mon seul moteur, désormais, était l’idée de défaire nos ennemis. »


L’homme-reptile n’avait aucun doute sur le fait que derrière sa piste se camouflait bel et bien d’une énième opération impériale clandestine, et que leur confrontation se réglerait probablement dans le feu des batteries laser. Bien sûr, son vaisseau présentait alors une puissance de frappe considérable, mais To’Maz s’attendait à ce que l’opposition compte de quoi mettre à mal une planète et les patrouilles environnantes – donc lui, de fait.


« Le plus difficile n’a pas été de déterminer si l’attaque aurait lieu, ni où elle aurait lieu : la vraie question, c’était quand. »


Son bâtiment, alors, manœuvrait du côté de Cerea. Sa réponse, il l’avait obtenue grâce au hasard, c’est-à-dire grâce au chevalier Jedi qu’il côtoyait alors. Un froncement de sourcils en salle de pause, en plein milieu d’une partie de dejarik – rien qui ne suscita d’habitude, chez les deux individus, d’effort mental aussi intense que ce que ce spasme suggérait.


« Un problème ? avait demandé le capitaine.

Plutôt un mauvais pressentiment » avait répondu le chevalier.


Le Jedi, qui était dans la confidence des craintes de To’Maz, eut tôt fait de faire le rapprochement entre la perturbation qu’il avait sentie et la surveillance qu’ils opéraient dans le secteur, que l’homme-reptile ordonna immédiatement la mise en branle du vaisseau.


« Probablement que l’escadron comptait à son bord un ou plusieurs sensitifs, bien que je n’en ai jamais eu la confirmation. J’ai des connaissances sur la Force, mais je ne saurais vous dire ce qu’il a senti ce jour-là. »


Le temps lui était alors compté pour établir une ligne de défense d’ici à l’arrivée des ennemis.


« J’ai donné l’alerte sur nos canaux cryptés, puis établi que j’opérerais mon interception à côté d’un champ d’astéroïdes, en amont de Chalcedon. Pour me donner plus de latitude, j’ai vidé mes hangars de toute l’artillerie mécanisée, que j’ai fait prendre place dans les débris grâce à des aimants gravitiques. Après cette préparation, j’ai positionné mon vaisseau pour me préparer à les recevoir, et fait jouer de mon générateur de champ. L’objectif de base était de gagner du temps jusqu’à ce que les renforts viennent me suppléer. »


S’il avait mis en place un véritable traquenard, c’était parce qu’il commençait déjà à douter de la capacité qu’aurait son amiral à le suppléer "à temps".


A peine quelques minutes plus tard se tinrent devant lui trois Princeps et plusieurs Evocati. De quoi faire table rase sur Chalcedon en un rien de temps, et repartir en hyperespace avant l’intervention de la République. De quoi, même, mettre à mal son propre bâtiment ; sans doute avait-on remonté les sondes jusqu’à lui, et l’escadron, renforcé en conséquence.


« Lorsque la flotte a été interceptée, ça a été… assez brutal. »


Si son vaisseau n’avait pas été équipé pour répondre et encaisser comme il savait qu’il en était capable, jamais n’aurait-il tenté de faire… ce qu’il venait de faire. Son effet de surprise avait été moins grand que prévu, comme si l'on s'attendait, en face aussi, à cet affrontement. Les échanges de tirs étaient d’une intensité rare, et To’Maz avait tôt fait de se retirer vers le dispositif qu’il avait essaimé en prévision. La flotte impériale l’avait suivi, incapable de se replier immédiatement par là d’où elle provenait. Ils auraient pu l’ignorer et continuer leur route vers Chalcedon en vitesse subluminique, mais le capitaine avait déjà ordonné l’évacuation de la base et des assets les plus capitaux – une éventualité à laquelle l’homme-reptile les avait préparés depuis plusieurs semaines. Le temps qu’ils auraient perdu à faire le voyage pour bombarder une usine vide, c’était du temps gagné pour l’arrivée de la cavalerie. Probablement le savaient-ils, ou l’avaient-ils deviné : détruire son croiseur était devenu, dès lors, le meilleur objectif possible pour que cette escarmouche leur demeure fructueuse.


Si son croiseur aurait pu anéantir assez rapidement n’importe lequel de leurs bâtiments pris séparément, leur multiplicité, rapidement soutenue par un amas de chasseurs comme les impériaux savaient si bien les faire, et la divergence de focus induite, avaient resserré l’étau. Lorsque les boucliers de son Avenger furent rendus dans un état critique, il eut l’initiative – audacieuse ? suicidaire ? – de le désactiver afin de manœuvrer au plus profond du champ d’astéroïdes. Une expérience qui l’avait définitivement décidé à accorder au Tal ses lettres de noblesse.


« Un croiseur dans un champ d'astéroïdes, ça ne se manipule pas très bien, surtout lorsqu'il s'agit d'éviter vos propres troupes établies à leur surface. Alors, oui, j’ai rayé la peinture, avoua To’Maz sans concession. Pour ma défense, les renforts auraient alors déjà dû arriver depuis plusieurs minutes. Heureusement, l’écran d’explosions que m’offrait mon artillerie, couplé à mes manœuvres, m’a permis de conserver et agrandir mon avantage. »


Il avait perdu, ce jour-là, une quantité non négligeable d’hommes. Une autre victoire pyrrhique à son palmarès.


« La cavalerie a bien fini par arriver, en mettant 1,7x le temps moyen mesuré lors de nos derniers exercices de crise.

Difficile d’évaluer un temps d’exercice sur une situation assez lointaine des simulations sur lesquelles vous vous exerciez alors, modula Mingozeq. Nous sommes tous capables d’extrapoler, mais les tolérances d’erreur sont à l’appréciation des méthodes utilisées ; ce n’est pas parce qu’il s’agit de la marge haute du calcul qu’il y a eu dysfonctionnement ou collusion.

La partie rationnelle en moi vous donne raison. L’autre partie voit encore le temps défiler, et l’intégrité de la coque de mon vaisseau, descendre dangereusement. »


La réponse, mi-figue mi-raisin, serait la meilleure qu’ils obtiendraient de lui. A savoir s’ils ajouteraient cet incident aux charges retenues contre "M" ou pas : des hypothèses, fausses pistes et preuves floues, c’était aussi le sillage naturel d’un directeur du renseignement. Son verre vide dans les mains comme une invitation, il enchaîna :


« C’est sur ces entrefaites que nos services m’ont approché.

L’on parlait alors de vous nommer amiral, décrit la Bothane en faisant défiler des notes de recommandation internes à l’armée, déclassifiées pour les besoins de l’enquête.

C’était un poste en vogue. Déjà mon frère m’avait rapporté des rumeurs comme quoi les sénateurs avaient lorgné sur un confrère, l’amiral Plo Tan’ith, pour le poste de la chancellerie. Un bruit fou, qui avait nécessité un démenti public.

Vous aviez un avis sur la question ?

Bien entendu, et n’importe qui d’autre que M. Fudge pourrait en deviner la nature ; mais un avis personnel néanmoins, et que j’ai pris soin de ne pas afficher. En tant que défenseur de la République et de ses principes, je suis attaché à une certaine séparation des pouvoirs.

Votre position est quelque peu délicate pour tenir de telles affirmations, s’amusa le Twi’Lek.

Je répondrai simplement que mes actes ont toujours eu pour but la pérennité de la République. Vous avez mon parcours sous les yeux. Si j’avais accompli le moindre de mes choix par individualisme, je n’en aurais tout bonnement accompli aucun. Je me suis éloigné du trône de ma planète. J’ai renoncé au sénat. J’ai renoncé à l’amirauté. Tout cela pour devenir un agent de la liberté, jeté en pâture à vos analyses au fin fond d’un bâtiment sécurisé, duquel l’on pourrait effacer l’information même de mon existence d’un claquement de doigts, amena-t-il en joignant le geste à la parole. Y voyez-vous une quelconque quête de grandeur ? Un quelconque abus de pouvoir de ma part ? »


Nouveau silence. Le droïde de protocole faillit parler, ne le fit pas.


« C’est le commandeur Anade qui s’est chargée de vous débaucher, en 1495, reprit Krun’qato. L'une de ses premières recrues à la suite de sa promotion. Un précédent en soi, car nous n'avons pas l'habitude de disposer de clones dans nos services.

Donner dans l'espionnage aura peut-être heurté Mandalore ; personnellement, ça ne me fait ni chaud ni froid. J’ai passé ma vie à fréquenter des clones, tout comme j’ai passé ma vie à fréquenter des brigands et des politiciens.

Vous venez de vous répéter » commenta le droïde de protocole.


Silence gênant.


« Je n’aurais pas dû tenter de modifier mon paramètre d’humour, bougonna-t-il.

Quels ont été ses arguments pour réussir à vous détourner des plus hauts honneurs militaires ? reprit Krun’qato.

Disons premièrement que j’ai toujours voulu bien faire, et que l’on m’en a souvent empêché. C'était une opportunité, pour moi, de me délier les mains. Certes, d’aucuns pensent que les services de renseignement, du fait des comptes qu’ils doivent au sénat, et de la multitude de protocoles qui régissent leurs actions, possèdent une marge de manœuvre très faible. Mais mon parcours… me permet de relativiser très franchement ces affirmations. »


Il avait trouvé le commandeur Anade dans son bureau – normalement verrouillé –, à sa chaise. Elle lui avait expliqué que son intervention aurait pu être vue par les plus grincheux comme une forme d’ingérence entre organes de la République, d’où la nature officieuse de sa démarche. Sa proposition s’était faite sans pression ni intimidation autre que le cadre dans lequel elle l’avait formulée – ce qui était suffisant en soi. To’Maz s’était laissé quelques jours de réflexion.


La suite était l’histoire.


Son expérience et sa polyvalence lui avaient valu d’être propulsé au rang de commandeur en un minimum de temps, au prix d’entraînements intensifs et de quelques missions triées sur le volet pour un individu de sa trempe. Les opérations de terrain furent celles qui lui opposèrent le plus de résistance, car relevant des domaines où il avait le moins d’expérience : combat et furtivité, notamment, qui demeuraient pour lui des souvenirs théoriques de sa vingtaine et de ses lectures. S’il avait toujours réussi – non sans difficulté – à se sortir des traquenards en tous genres par sa capacité de réflexion davantage que par son habilité à la gâchette, et que son physique ne lui avait jamais fait défaut à proprement parler, la mise à jour de ses différentes prothèses pour arrondir les angles et combler ses dernières lacunes fut plus que bienvenue. Les améliorations cybernétiques pouvaient susciter leur lot de crispations et de méfiance, mais ce n’était pas comme s’il avait eu le choix à la base ; autant transformer le fait accompli en un avantage décisif. Ses performances au combat n’étaient pas en reste, il s’en était assuré, car le contraire l’aurait mis bien des fois dans de fâcheuses postures. Mais il ne s’agissait clairement pas de son domaine de prédilection.



Des missions où il avait laissé quelques écailles.


Évidemment, l’on ne passait pas d’une exposition publique à une vie de secret aussi facilement. Conserver son carnet d’adresses dans la pègre, au sénat et à l’état-major, tout en justifiant une disparition des radars, était une opération délicate que l’intelligence l’aida à accomplir. Mandats commandités par sa maison noble d’Eqazz ; audits de sécurité privés en tant qu’ancien militaire ; problèmes de santé dus à ses blessures, justifiant des cures expérimentales aux quatre coins de la République, voire en zone neutre : tout était bon pour camoufler ses véritables itinéraires, et justifier sa présence à des endroits… exotiques. Sa personnalité publique devint l’un de ses nombreux masques, bien qu’elle tendît à se faire oublier du plus grand nombre pour des raisons évidentes. Jongler entre tous ses rôles était ardu, nécessitant parfois l’intervention provisoire de droïdes médicaux. Mais la multiplicité de ses agendas fictifs et des leurres associés, de ses nouvelles identités et des casquettes qu’il savait assumer en improvisation, couplée à des techniques de camouflage toujours plus avancées lorsque la discrétion était de mise, lui donnaient déjà une grande marge de manœuvre.


Au fil de ses interventions, il avait également fini par établir son propre cryptage de data, mettant à profit sa connaissance du Turian ancien et de ses formules parfois alambiquées ; une connaissance dont il espérait que peu de gens disposaient, même si les bibliothèques publiques d’Eqazz n’avaient jamais été des coffres-forts. Il s’agissait plutôt d’une fantaisie personnelle, d’un exercice de rhétorique et de technique. Rien qui ne soit à l’épreuve des pirates les plus talentueux de la galaxie, mais de quoi différencier ces derniers du reste de leurs semblables. S’il avait toujours tenu à conserver la logique de son encodage secret, il avait pu communiquer, à certains de ses collègues, des clés dites publiques afin de communiquer avec lui via ce biais. Une surcouche de sécurité aux réseaux holonets déjà lourdement verrouillés qui étaient mis à sa disposition dans le cadre de ses fonctions.


La nature de ses missions devenant de plus en plus périlleuse au fil des mois et des années, le confrontant à des cibles d’importance croissante, qu’il s’agît de personnalités majeures, d’infrastructures sensibles, de prototypes d’armes ou d’itinéraires de flottes secrets, sa route devint de plus en plus encline à croiser celle de sensitifs – surtout au sein du Consortium. Il se porta donc également candidat à l’obtention d’un implant prototype de négation de force. Lorsqu’on lui demanda s’il n’avait pas peur des risques, il répondit qu’il craignait plus pour les informations qu’on pourrait obtenir de lui, que pour sa propre vie, et que c’était précisément le genre de cas qui se poserait si d’aventure, une de ses interventions de haut vol finissait mal, car il était des tortures auxquelles on ne pouvait résister ; d’autant plus que sa fréquentation avec de nombreux utilisateurs de la Force, qui avaient pu lui démontrer la puissance de leurs techniques les plus civilisées, le laissait présager du potentiel de toutes les autres, que leurs contreparties Sith ne se gêneraient pas d’utiliser s’il leur en laissait l’opportunité.


« J’ai pu participer à quelques missions avec le commandeur Anade ; espionnage, exfiltration, sabotage… Encore une fois, vous avez le détail. Si ma nomination avait été illégitime, trop hâtive, déraisonnée, elle en aurait probablement fait mention. Je dois cependant mentionner que notre collaboration s’est ralentie au fil de l'année 1495. J’en déduis que les prémices des investigations sur l’affaire "M" remontent jusque-là.

Ce serait idiot de le nier.

Certaines choses ne peuvent être des coïncidences. C’est également la période à partir de laquelle mes missions de "contre-espionnage" se sont multipliées, comme si le service cherchait à s’expurger. Débusquer des taupes dans nos rangs, participer à des échanges de transfuges, manipuler des listes de noms. Je pense notamment à l’opération Red_Herring, en 1497. »


Il avait alors s’agi d’intercepter une holotape contenant des noms d’agents doubles de la République placés au sein du Consortium, et qui s’était retrouvée en circulation sur les marchés noirs d’Apex. La mission la plus ambitieuse qu’il ait eu l’occasion de chapeauter, et où il dut parfois intervenir en personne. L’opération, double, avait consisté, premièrement, à remonter la piste de la fuite d’information, et à colmater la brèche ; deuxièmement, à subtiliser les données et à les remplacer par une autre liste d’agents infiltrés en leur possession, qui détaillait, cette fois, des noms d’agents doubles de l’Empire ; il avait ensuite pisté les différentes transactions autour de ce leurre pour démanteler le réseau d’informateurs désirant récupérer le document. Une opération de longue haleine, semée d’embûches et d’impasses, ayant nécessité tant des épisodes d’infiltration, de dissimulation et de création de fausses preuves, que de frappes chirurgicales, courses poursuites et autres négociations musclées, où effacer l’intégralité des traces de leur intervention relevait toujours du casse-tête. Anonymiser un agent mort en allant jusqu’à profaner son cadavre pour le rendre le plus inidentifiable possible, et en effaçant son existence de la quasi-totalité des registres, n’était certainement pas un acte facile : mais c’était un risque que tous étaient prêts à prendre.


La Bothane semblait à court de questions.


« Voilà qui semble achever l’interrogatoire » claironna le droïde de protocole ; juste avant que Mingozeq, qui claviotait encore sur son datapad, ne lui donne tort.


« Une dernière petite chose. Je crois me souvenir que, dans l’un de vos précédents discours, vous étiez un défenseur de l’individualité, nota le Twi’Lek. Pourtant vous êtes quelqu’un qui, somme toute, a donné beaucoup de sa personne. On pourrait presque croire qu’il ne reste plus rien de vous. C’est à moitié le cas, physiquement. Et mentalement… Enfin, non pas que vos évaluations psychologiques ne trahissent de fragilité particulière, bien au contraire, balbutia-t-il. Votre mental d’acier est le résultat logique de vos péripéties… Il s’agit là, plutôt, d’une question personnelle. »


To’Maz sourit.


« Et je serais donc en droit de ne pas y répondre. »


Il se laissa le loisir d’un moment avant de reparler.


« Le sénat ne me manque pas particulièrement. Mais vous savez ce que j’appréciais dans cette institution, malgré tous ses défauts, tout ce que je n’ai eu de cesse de lui reprocher ? Le fait que son indécision représente l’essence même de la conscience. Que faire lorsque la raison s’oppose au désir ? Qu’un chemin vous appelle, qu’un autre vous retient ? Que les multiples faisceaux de possibilités s’offrent à vous, que l’évidence ne s’impose pas, qu’il n’y a pas de "bonne" solution ? Allez-vous droit dans le mur ? Vous cognez-vous la tête jusqu’à ce qu’elle n’explose ? Faites-vous les cent pas jusqu’à mourir d’épuisement ? Les palabres s’étirent, mais les heures passent, et les heures deviennent jours, et les jours deviennent années. Je n'exècre pas l'indécision : j'exècre l'inaction. Le choix, quel qu’il soit, a cela de soulageant dans son caractère délimitant, définitif, puisque corriger ce choix nécessitera, par essence, un autre choix, là où la paralysie n’aurait rien déterminé du tout. La vie n’est qu’une succession de choix et de regrets. Assumer ce fait, quel que soit l’état dans lequel il vous laisse, vous, vos ambitions, votre égo, demeure le plus difficile mais le plus gratifiant des accomplissements. Il n’y a pas de mérite à agir lorsqu’il n’y a pas de doute possible, et c’est à mon sens ce qui sépare nos êtres des machines, et notre faction, de nos ennemis. »


La Bothane et le Twi’Lek s’échangèrent des regards, finirent leur prise de note. L’extinction de leurs datapads, quelques minutes plus tard, agit comme un signal.


« Nous en avons terminé. Vous êtes libre de reprendre vos opérations, commandeur. »


Tandis qu’il se levait à son tour, Krun’qato se retourna vers lui.


« Lorsque tout ceci sera terminé, pensez-vous concourir à la direction de l’agence ?

Et répondre directement de la chancellerie ? s’amusa To’Maz. Il faudrait vraiment que la République soit au bord du gouffre. Ou que j’ai consommé le verre de trop. Disons simplement, pour éviter que le plus grand fiasco que nos services aient connu ces dernières décennies se reproduise, que mon soutien ira à la personne que j’estimerai la plus respectable et la plus apte à le mériter. Et que je veillerai personnellement à ce qu’elle le reste. »


Le siècle se finissait quelques mois plus tard.


La suite serait l'Histoire.



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Ven 6 Déc - 20:28
Bienvenue une fois encore !

Ce fut une fiche plaisante à lire ! Je dirais même qu'elle a nous a enchanté ! Tu t'es approprié le background du forum ainsi que celui des joueurs pour l'intégrer à ton propre personnage ! Un grand Bravo pour avoir réussi cet exploit !

Bref, ne te faisons pas attendre plus longtemps:

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