Attaque surprise sur Messembar IV

Messembar était une géante gazeuse située non loin de la frontière avec le Consortium, dans une poche reculée protégée par la ceinture d’astéroïdes de Jaïnur. Monde isolé et sans histoire, Messembar servait d’avant-poste impérial et de secteur d’extraction minier pour les entreprises impériales. L’essentiel de la population était basée sur Messembar IV, la seule lune habitable de la géante gazeuse, et travaillait sur les plateformes flottantes extrayant les gaz précieux de Messembar. C’était d’ailleurs le seul intérêt de venir à Messembar lorsque l’on était un civil de l’empire : l’extraction de gaz.

Messembar IV faisait parti de ces mondes qui sans le concours de l’Empire, seraient restés dépourvus de population. L’Empire avait largement investi dans les opérations minières et s’était assuré que la population que l’on avait placée là ne manquait de rien. La lune de Messembar IV était un monde plutôt aride, avec de grands plateaux sur lesquels poussaient une végétation rabougrie, mais l’atmosphère y était tout à fait respirable pour la population humaine. La faune locale, composée de rongeurs et de prédateurs de moyenne envergure se tenait à l’écart des activités impériales et c’était bien ainsi.

Baignée dans la lumière de l’étoile la plus proche, la lune offrait des panoramas splendides sur la silhouette de Messembar et de la ceinture de Jaïnur, aussi bien de jour que de nuit. De temps en temps, on pouvait apercevoir les patrouilles aériennes ainsi que le destroyer stellaire de classe Princeps : le Myrmidon. Ce destroyer stellaire était le seul à protéger le secteur, accompagné de deux frégates Vindicator : le Vespira et le Praetor. Les patrouilles de tie-fighters étaient fréquemment déployées pour assurer la sécurité des convois de gaz, mais il était très clair pour les personnes affectées à cet endroit qu’il s’agissait plus d’une planque … ou d’un placard …

La flotte impériale stationnée à Messembar IV était appuyée au sol par un contingent de soldats impériaux correctement armés et attentifs à la bonne marche des opérations impériales. Les troupes au sol, basées sur la base de Tessarik Prime – aussi la plus grande colonie de la lune de Messembar, patrouillaient régulièrement dans les badlands avec leurs speeders, s’assurant que le territoire reste tranquille. Mais il fallait se rendre à l’évidence. Bien que le commandant de la base, Kel Serrivos, mette un point d’honneur à ce que ses ordres soient appliqués, Tessarik Prime était si isolée qu’il n’y avait concrètement rien à y faire, selon l’avis des soldats stationnés.

Au-delà de son activité d’extraction de gaz, Messembar IV était aussi un point d’étape pour les troupes se rendant sur la ligne de front. Bien que la forteresse de Tessarik Prime ne soit pas techniquement sur les routes empruntées par le Consortium et restait isolée des combats et de la ligne de front, l’endroit accueillait régulièrement les troupes fraiches avant qu’elles ne se rendent sur la bordure. Les locaux murmuraient entre eux que bien que le système de Messembar soit isolé et peu attrayant, il y avait quelque chose dans la forteresse qui semblait assez important pour que la marine impériale reste en permanence dans le coin et ne daigne jamais en bouger. Un poste d’écoute du vide subspatial avait été installé et sondait en permanence l’espace alentour depuis l’espace de Messambar IV, juste à côté des raffineries de gaz.

Il y a quelques heures, un chasseur impérial s’était posé sur la base de Tessarik Prime, avec à son bord un Chevalier Impérial répondant au nom de code de Juggernaut. Quelque chose avait retenu l’attention de la Céleste Impériale : une trouvaille réalisée au cœur de Messembar II, une lune inhabitable autour de la géante gazeuse. Une trouvaille qui à elle seule, méritait qu’un Chevalier Impérial se déplace : la découverte d’un holocron jedi. Il y a quelques semaines, des droïdes sondes avaient repéré sur cette petite lune esseulée une ancienne cache datant de la période de l’ancienne République, dans laquelle se trouvaient les restes de ce qui avait été autrefois un avant-poste jedi. Les équipes de fouille dépêchées pour l’occasion avait fini par mettre la main sur une série d’objets qui intéresseraient certainement les antiquaires impériaux, mais ce qui justifiait la présence de Naïa était bel et bien l’holocron jedi. Celui-ci avait été évacué directement sur la base de Tessarik Prime, où il attendait sagement que la Céleste en prenne possession.

Naïa s’était présentée à la base de Tessarik Prime sans grande cérémonie, afin de ne pas attirer l’attention. Il n’était pas nécessaire que le Consortium ait vent de cette trouvaille, et l’Empire Galactique préférait la discrétion quant à ses affaires avec les Holocrons. Reçue par le commandant Kel Serrivos en personne, elle avait pris la peine de se faire accompagner par une dizaine de Gardes Solaires de Thyrsus, ce qui dérogeait quelque peu au protocole, mais restait dans les limites de ce qui était acceptable pour une personne de son importance.

L’inspection de l’Holocron ne présenta aucune difficulté, mais il était encodé avec une clef de cryptage qui nécessitait à la fois l’usage de la Force et un code particulier. Ce dernier devait nécessairement se trouver dans les archives sur Coruscant, mais il fallait tout d’abord déplacer le cube là-bas pour le faire correctement expertiser.

Elle ne pouvait cependant se douter que repartir de Tessarik Prime s’annoncerait plus compliqué que prévu.

« Commodore Fren ? »

Le lieutenant Remik Morn tenait en main les dernières données du jour, toutes fraiches sorties de la salle des senseurs. La journée se profilait bien dans l’espace bordant les lunes de Messembar. Rien à signaler d’inquiétant. Et pour cause ! Il ne se passait jamais rien dans le système Messembar, à la grande joie du lieutenant Morn, qui avait fait des pieds et des mains pour ne pas se retrouver affecté sur une zone de guerre. Parfaitement à l’aise dans son uniforme et comme un poisson dans l’eau de la routine journalière, Remik Morn était de ces lieutenants sans autre ambition que de simplement se trouver une petite niche tranquille avant de prendre sa retraite et de toucher la juteuse pension des officiers de la marine impériale.

Le commodore Noam Fren était un vétéran des Rets de Jade, une opération impériale de 10 ans visant à reprendre les territoires des quadrants nord de la galaxie. Une guerre de basse intensité, qui s’était terminée comme elle avait commencé, dans un bain de sang. Le commodore Fren faisait parti des rares survivants de la flotte impériale à avoir réussi à tirer ses troupes de l’enfer avant que tout ne dégénère. La reconquête s’était soldée par une défaite impériale et sith, chaque camp étant trop exsangue pour pouvoir continuer le combat … sans compter qu’après dix années de combat, il ne restait plus grand-chose à conquérir. Le vieil homme gratta sa barbe poivre-sel et contempla d’un air las les barges de collecte de gaz qui transitaient vers les raffineries spatiales en orbite.

Il y avait une certaine sérénité qui se dégageait de l’ensemble. Une paix qui le satisfaisait amplement, après tant d’années de batailles sanglantes.

« Mmmmh ?

- Commodore. Les données du jour.

- Faites voir, lieutenant … »

Fren prit le bloc de données et l’inspecta d’un air distrait. Des années passées à surveiller le secteur de Messembar avait émoussé sa vigilance. Bien que Noam Fren ait été un grand combattant, la paix des opérations d’extraction gazières avait passablement transformé un homme forgé par les combats en une relique poussiéreuse d’une époque plus mouvementée.

Il n’en restait pas moins qu’il avait été affecté à ce secteur pour des affaires plus importantes que la simple protection des convois journaliers de Messembar. Sa flotte avait pour mission de protéger les installations terrestres de la lune habitée et de s’assurer que personne ne pénètrerait dans les environs. Malheureusement, le matériel de surveillance dont il disposait avait été déplacé dans un autre secteur, pour remplacer les pertes du front. Les pièces de remplacement devaient arriver sous une quinzaine, ce qui le rendait pratiquement aveugle … et il n’aimait pas ça. Le destroyer le plus proche se trouvait dans le secteur voisin, mais les communications faisaient que même si les troupes impériales parvenaient à envoyer un signal de détresse, il faudrait au moins 4 heures avant l’arrivée des renforts en hyperespace. Une fenêtre de tir qui pouvait s’avérer mortelle.

« Vous allez légèrement intensifier les patrouilles spatiales, selon le protocole 3B, lâcha le commodore d’un ton neutre.

- Commodore. Une raison à cela ? le questionna son lieutenant, soudainement tiré de sa torpeur routinière.

- La présence de la Céleste est de mauvais augure.

- J’avoue ne pas comprendre.

- Appelez ça une intuition. Juggernaut a … sa réputation. »

Le commodore sentit ses os craquer à cette pensée. Si l’image publique du Chevalier Impérial qui avait pris le titre de Juggernaut était de nature à enflammer le public par ses actes de bravoure, l’armée impériale, elle, connaissait parfaitement sa réputation. Bien que le Chevalier Impérial soit une escrimeuse hors pair et une tacticienne de talent, la mort marchait dans ses pas et les gens qui l’entouraient avaient tendance à finir dans les pires zones de guerre de la galaxie, des endroits où la victoire s’arrachait contre toute attente, et le plus souvent dans la mort de milliers de personnes. Survivre à une opération avec Juggernaut vous auréolait d’un prestige certain … et vous brisait.

Les ordres furent donnés.

Le commandant Kel Serrivos manipulait nerveusement son datapad dans la chambre forte. Autour de lui, ses gardes n’en menaient pas large. Les regards des officiers impériaux en disaient long. La présence du Chevalier Impérial n’était pas du goût de tout le monde, dans ce petit coin tranquille de la galaxie. Les Gardes Solaires, quant à eux, restaient impénétrables derrière leurs armures intégrales, ce qui n’améliorait pas le moral des officiers.

Autour du caisson de protection de l’holocron, Juggernaut s’agitait avec les techniciens de la base, qui lui expliquaient les procédures de confinement et de protection placées autour de l’holocron avant son déplacement jusqu’à sa navette. La Lance d’Ithor, comme on la surnommait, semblait émerveillée par le savoir-faire des technicnens et ne cessait de questionner l’archéologue à l’origine de cette découverte. Son entrain et sa joie de vivre contrastait grandement avec sa sinistre réputation, ce qui ne mettait pas à l’aise les militaires présents.

« Céleste Juggernaut. Est-ce que tout est … à votre convenance ? articula difficilement Kel Serrivos. »

La demoiselle cessa de questionner l’archéologue et se retourna vers le commandant de la base. Ses grands yeux semblèrent percer son armure quand un sourire éclaira son visage.

« Tout est parfait, commandant. C’est une excellente trouvaille que vous avez fait là et je suis persuadée que nous saurons en faire bon usage, déclara-t-elle d’un ton enjoué.

- Alors … je … je suppose que plus rien ne … vous retient ici … déglutit-il difficilement tandis que ses officiers se lançaient des regards en coin. »

Le Chevalier Impérial parut faussement outré par cette remarque et s’approcha du commandant. Sans se départir de son sourire, elle examina le commandant de haut en bas. Serrivos sentit un frisson glacé faire vibrer son échine. Cette femme … elle pouvait sentir la peur.

« Commandant … »

Juggernaut prit ses mains dans les siennes, geste d’autant plus surprenant qu’il le fit sursauter.

« Vous avez fait du bon travail. Je veillerai à ce que vos supérieurs en soit informés, dit-elle avec un sourire radieux.

- Je … hum … merci … Céleste Impériale …

- Bien ! Nous n’allons pas vous déranger plus longtemps. Messieurs ! Vous pouvez apporter l’holocron à ma navette. Nous partons dans l’heure. »

Naïa Mytheiril prit la direction du complexe central de la base, accompagnée par ses gardes. A cet instant, nul ne pouvait soupçonner qu’à quelques dizaines de mètres d’ici, l’unité informatique d’un officier des communications venait de tomber sur une anomalie dans les signatures des sorties hyperspatiales. Mais … trop occupé à jouer au Pazaak avec ses camarades, cet officier ne put rendre compte de cette anomalie. Une anomalie qui venait de signer la fin de la tranquillité de Messembar IV.

« Commodore Fren, nous détectons plusieurs signatures hyperspatiales en sortie. Les données d’identification sont trop datées. Ce ne sont pas des notres ! »

Le ton de Remik Morn trahissait son inquiétude. Qui oserait s’aventurer dans le secteur de Messembar en ces temps-ci ? Des pirates ? Non, il n’y avait rien de valeur ici à part du gaz et les opérations visant à s’emparer des cargaisons de gaz finissaient la plupart du temps par l’explosion de l’ensemble de la cargaison suite à une mauvaise manipulation.

« Monsieur, c’est confirmé ! Flotte en approche ! se mit à glapir Remik, soudainement en train de transpirer dans son uniforme.

« Informez les patrouilles. Nous avons des intrus dans notre secteur. Ordonnez aux hommes de gagner leurs postes de combat. Je veux deux escadrons de chasseurs en déploiement rapide. Le reste en réserve jusqu’à ce que nous en sachions plus sur leurs méthodes d’engagement. Informez l’extérieur. Je veux que l’armada coince ces intrus avant qu’ils ne s’enfuient. »

Les ordres furent relayés immédiatement dans les ponts inférieurs et sur les navires de guerre. Déjà, les patrouilles se mettaient à revenir vers les postes de combat. L’un des officiers de liaison chargés de la transmission de l’alerte rapporta un problème … Des balises de brouillage, alliées à un dispositif performant sur le vaisseau de guerre ennemi brouillait les communications vers l’extérieur. La seule option qu’il restait : envoyer une patrouille porter un message aux bases arrières. Mais cela revenait à sacrifier de la puissance de feu pour des renforts qui ne viendraient probablement que trop tard.

Noam Fren ne perdit pas une seconde et demanda à l’escadron Ocre Deux de gagner immédiatement en hyperespace le secteur le plus proche. Ses adversaires avaient probablement déclenché un dispositif pour empêcher les sorties hyperspatiales, mais avec un peu de chance, l’escadron Ocre Deux parviendrait à sortir du champ de gravité pour pouvoir déclencher leurs moteurs hyperspatiaux.

Les deux frégates Vindicator se mirent en ordre de bataille pour soutenir le Princeps du Commodore Fren. Ce dernier appliquait une méthode éprouvée par l’amirauté impériale : faire une ligne de front et laisser les vaisseaux ennemis se briser sous la puissance de feu des destroyers. Une tactique simple et efficace. Les destroyers impériaux étaient réputés pour être des vaisseaux fiables, dotés d’une puissance de feu suffisante pour faire plier les navires moins blindés. En l’absence de plus d’informations sur le type de vaisseaux qui venaient de sortir de l’hyperespace, le plus sage restait de former les rangs.

« Monsieur, nos capteurs détectent des largages orbitaux depuis leur vaisseau amiral ! On dirait un vaisseau du Consortium.

-Contactez la base de Tessarik Prime immédiatement. Dites-leur d’armer les défenses planétaires. »

Noam Fren se retourna vers ses officiers et les techniciens militaires affectés au pont supérieur de son vaisseau. Il prit un air grave, celui que l’on apprenait à assumer après plusieurs années de service militaire.

« Soldats. Aujourd’hui votre courage et votre professionnalisme va être testé. Au nom de l’amirauté impériale, j’attends le meilleur de vous. Rappelez-vous votre formation, gardez la tête froide et montrer à nos ennemis la puissance de la flotte impériale. »

Les officiers répondirent à l’unisson. Au loin, les chasseurs TIE se rapprochaient de leur cible. Un frisson parcourut le dos du commodore. Il craignait de savoir ce pourquoi ces pirates étaient venus.

Le souffle des explosions fit voler en éclat plusieurs structures de DCA de la base, dans des gerbes étincelantes. Les alarmes retentirent tandis que dans le centre de communication, les officiers de liaison tentaient de comprendre comment une base impériale pourtant correctement gardée avait pu se laisser surprendre aussi facilement. Tandis que les officiers de liaison tentaient de faire état de la situation, les batteries de défense antiaériennes de la base s’étaient activées. Malgré la perte de certaines installations de défense, les tourelles faisaient jaillir un feu nourri sur les transporteurs largués depuis l’espace. Les explosions qui retentirent dans le ciel se transformèrent rapidement en une pluie d’acier et de chair qui tomba sur le sol désertique autour de la base. Malheureusement, les DCA, déjà amochées par le travail de sape des éclaireurs infiltrés, ne purent empêcher l’intégralité des transporteurs d’atterrir sur le sol de la base de Tessarik Prime.

En l’espace de quelques minutes, la base devint un véritable champ de bataille. Pendant que les DCA continuaient de faire leur travail, les unités envahissant le ciel commençaient à établir des têtes-de-pont autour des zones d’atterrissage, mettant à feu et à sang les installations impériales cruciales pour la défense. Les explosions commandées à distance continuaient de se faire sentir, transformant la base en un piège mortel pour les défenseurs, qui ne savaient plus où donner de la tête.

Kel Serrivos prit le commandement avec tout le sérieux qui s’imposait. Contacté par la flotte impériale, il avait à peine eu le temps de préparer les défenses de la base en ordonnant à ses soldats de s’armer et de tenir leurs positions sur les installations les plus importantes. Malgré une préparation presque bâclée au vu du temps alloué, il pouvait s’estimer heureux que ses troupes aient réagi avec assez de vigueur. Ces dernières parvenaient à tenir bon, malgré une attaque surprise parfaitement millimétrée et mortelle. Les troupes impériales en patrouille autour de la base venaient de recevoir l’ordre de revenir sur Tessarik Prime, mais avec la présence des brouilleurs longues portées, il était impossible de savoir si les patrouilles avaient reçu correctement l’ordre, ni même si ces dernières étaient elles-aussi tombées dans une embuscade.

Quelques chasseurs TIE avaient réussi à prendre leur envol depuis les hangars, mais ceux-ci ne répondaient plus depuis plusieurs minutes. A l’abri dans le poste de communication, Kel Serrivos dressait mentalement un bilan assez sombre de la situation : les hangars ne répondaient plus, malgré quelques chasseurs en vol. Les patrouilles étaient absentes. Les DCA étaient à moitié en ruine. Le personnel était désorganisé et tenait – pour combien de temps encore ? – quelques goulets d’étranglement … A mesure que les droïdes et les combattants du Consortium pleuvaient du ciel, la situation des défenseurs, qui n’était déjà pas bien brillante, devenait de plus en plus incertaine. Le plus gros problème, au-delà du nombre important d’assaillant, était cette sensation qu’un commando s’était infiltré dans la base pour saboter les installations, au nez et à la barbe de tous. Si l’on couplait cette probabilité à la difficulté d’organiser clairement un plan de bataille avec les équipes au sol, Kel Serrivos ne vivait clairement pas sa meilleure journée.

Mais tout ceci était dans les cordes de Kel Serrivos. Ce qui lui faisait peur, ce n’était pas une attaque venue du ciel ou quelques droïdes bien équipés. Ce qui lui faisait froid dans le dos était la Céleste Impériale qui n’avait à aucun moment cessé de sourire. Pire encore … dès la première explosion, son sourire s’était élargi et sans même se retourner, il pouvait ressentir émanant d’elle l’aura froide et méticuleuse de celle que ses ennemis nommaient l’Equarisseuse.

Dès la première explosion, celle-ci s’était agenouillée dans un coin du poste de communication et semblait méditer. Il ne l’avait pas entendu prononcer le moindre mot et sa garde personnelle était restée à l’entrée du poste de commandement, défendant les officiers de liaison d’éventuelles intrusions. Elle finit par interrompre sa méditation et retira la cape impériale qui reposait sur ses épaules, révélant son armure de cortose au design rappelant celui des armures de la Garde Solaire. A ses hanches pendaient ses deux sabres laser. Lorsqu’elle se révéla, la présence de la Force changea drastiquement autour d’elle. Il sembla au commandant et à toutes les personnes présentes dans le poste de commandement que quelque chose les poussait à se battre de toutes leurs forces pour leur survie.

« Commandant. Je vais vous faire gagner du temps pour que vous puissiez reprendre le contrôle de la situation. La Garde Solaire va rester avec vous pour vous protéger. »  

Naïa prit la porte principale et se rendit d’un pas assuré vers les zones de combat. Il fallait qu’elle retrouve les poches de soldats coincés entre deux feux, afin d’éviter que les troupes ne se démoralisent trop rapidement. Avec un peu de chance, elle trouverait des adversaires particulièrement coriaces …

Une pluie d’obus explosifs tomba sur la base, tandis que de leurs positions retranchées, les soldats impériaux se préparaient à l’impact. Ceux qui n’avaient pas mouillé leur armure en plastacier en hurlant de peur serraient les dents sous le feu nourri des assaillants. Dans le chaos de la bataille, les officiers supérieurs donnaient leurs ordres sous la mitraille, tentant de reprendre le contrôle de la situation. Isolés du reste de la base, des poches de soldats livraient une résistance acharnée contre les droïdes, dont le nombre couvrait l’avancée des soldats en armure intégrale.

Des gaz mortels furent libérés sur les parvis de la base militaire, étouffant au passage quelques soldats impériaux. Fort heureusement pour les défenseurs, l’entrainement et la réactivité des officiers supérieurs permis de limiter les dégâts et les respirateurs furent distribués dans les zones contaminées avant que les lignes de défense ne soient définitivement condamnées. Ceux qui se trouvaient malheureusement encore sur le périmètre extérieur n’eurent pas cette chance et furent massacrés par les gaz mortels et les blindés pénétrant dans les brèches à ciel ouvert.

Depuis le poste de communication de la base, Kel Serrivos finissait de joindre les officiers de liaison qui tenaient encore leurs positions. Le mur extérieur de la base venait d’être franchi par les blindés de l’ennemi, qui profitaient de la désorganisation des troupes pour pénétrer les défenses extérieures et faire exploser les défenses du périmètre. Le commandant de la base était disposé à abandonner les défenses extérieures et à faire se replier les troupes qu’il parvenait à joindre sur le second périmètre, dès que les droïdes auraient été massacrés. Le problème restait leur nombre … plus que leur puissance de feu.

Rapidement, les officiers de liaison parvinrent à rétablir des lignes de communication stables avec les soldats coincés dans la base. Kel Serrivos, transpirant à grosses gouttes, fit afficher rapidement une carte du complexe et dressa, dans le plus pur style impérial, une ébauche de stratégie de reprise de la base. Les troupes de défense de la base qui n’étaient pas prises dans les goulets d’étranglement pouvaient encore se mouvoir, malgré l’absence de directive, mais il fallait faire vite. N’écoutant que ses tripes et faisant confiance à sa formation à l’Académie Impériale, Serrivos ordonna aux troupes encore mobilisables de gagner immédiatement les positions défensives qu’il relayait afin de soulager les contingents bloqués sous le feu nourri des assaillants. Il fallait absolument abandonner le premier périmètre et se replier dans le second. C’était le seul moyen de pouvoir se réorganiser et de repousser les assaillants.

Sur le terrain, les choses étaient loin d’être brillantes, mais au moins, les soldats parvenaient à abattre les droïdes avec un minimum de professionnalisme. Lorsque les ordres de repli furent donnés, ceux qui ne parvinrent pas à se bouger suffisamment les fesses furent abattus par les blindés et les mortiers. La pluie de sang qui s’ensuivit fit galoper les Impériaux survivants, qui se retranchèrent derrière le second périmètre de défense, qui se réorganisait peu à peu sous l’impulsion des officiers supérieurs et des ordres donnés. Rapidement, les soldats qui ne purent abandonner leurs positions et rejoindre les contingents les plus fournis furent massacrés ou trop isolés pour pouvoir repousser les assauts de l’ennemi.

L’armurerie de la base était submergée. Ayant bloqué les portes dès les premiers instants de l’assaut, les défenseurs n’étaient plus qu’une poignée et tenaient bon avec le matériel militaire à disposition. Les ingénieurs et les logisticiens continuaient d’arroser les droïdes et les mystérieux assaillants mais déploraient de nombreuses pertes. Fort heureusement pour eux, les grenades à impulsions électro-magnétiques avaient laissé dans leur sillage de nombreuses épaves de droïdes. Les portes du hangar avaient volé en éclat et même le feu nourri des défenseurs ne parvenait pas à limiter l’avancée des droïdes et de leurs maîtres.

Alors que les défenseurs se mettaient à désespérer, ils furent soudain pris au dépourvu par l’apparition d’un immense droïde d’éradication à six pattes, de la taille d’un blindé lourd. Celui-ci pénétra dans le hangar, arrosant les barricades en plastacier et les transperçant comme des feuilles de papier avec ses lasers. Alors que tout semblait perdu, le droïde de combat gargantuesque commença à charger son canon dorsal, prêt à faire exploser les secondes portes du hangar de l’armurerie, offrant aux pillards un accès direct aux armes et aux munitions de l’Empire.

C’est alors que le flux de la bataille changea.

Une forme rougeoyante, armée de deux lames blanches tomba des ponts supérieurs de l’armurerie et acheva sa course sur le dos du méchanoïde de combat. Les lumières blanches vrombirent dans l’air et se fichèrent dans la carlingue métallique du robot, faisant jaillir des milliers d’étincelles tandis que les circuits imprimés volaient en éclat. La forme écarlate remonta en un éclair vers le canon dorsal et dans l’instant d’après, le canon était transpercé de part en part. La surcharge d’énergie causa un disfonctionnement dans le processeur central de l’unité de combat et fit vriller les batteries au plasma de l’engin, qui se mit à exploser.

Le hurlement métallique de la carlingue endommagée et rongée par le plasma du canon dorsal emplit l’espace de l’armurerie. Le méchanoïde tomba de tout son long tandis que l’éclair rouge finissait le travail en plantant ses deux lames opalescentes dans ce qui servait de crâne à cet étrange arachnoïde robotique aussi gros qu’un marcheur de combat de la République.

Les droïdes mirent quelques secondes à comprendre ce qu’il se passait, mais les plus chanceux découvrirent la réponse quand leur processeur interne fut pénétré par le sabre-laser de Naïa Mytheiril. Le Chevalier Impérial, en pleine méditation de combat, faisait vibrer la Force par sa simple présence, changeant le flot de la bataille et ravivant l’espoir dans l’esprit des défenseurs de l’armurerie. Les assaillants en armure complète, en professionnels aguerris, tentèrent de s’opposer à la marée de violence qui venait de s’abattre sur le hangar de l’armurerie. Ils furent percutés de plein fouet tandis qu’ils ouvraient le feu sur le Chevalier Impérial.

Cette dernière trancha les membres et les têtes avec une dextérité incroyable, ses lames blanches rencontrant les chairs protégées par les combinaisons d’assaut. Elle s’abattit avec fracas sur les pillards sur Consortium, emportant sur son passage tous ceux qui s’étaient lancés à l’assaut de l’armurerie. Les assaillants moururent les armes à la main, découpés avec violence tandis que la brutalité à l’état pur franchissait les distances. Le commandant de l’assaut de l’armurerie fut le dernier à tomber … sa tête se décollant de son corps dans une expression muette de surprise.

Lorsque la poussière retomba sur l’armurerie impériale, les corps des droïdes et des pillards s’amoncelaient dans l’entrée principale, aux côtés du méchanoïde de combat, dans une fresque d’une violence rare. Juggernaut, pas le moins du monde troublée par le carnage qu’elle venait de déclencher, s’affairait à enlever le casque de la tête de l’officier supérieur. Cette dernière roula sur le sol plein d’impacts de laser, tandis que le Chevalier Impérial extrayait du casque le communicateur.

« Bien le bonjour à vous, chers assaillants. Je suis la Céleste Impériale Juggernaut. Je me tiens actuellement sur le corps de votre officier supérieur en charge de l’assaut de l’armurerie … un dénommé Yom Salvor. Lui et ses 24 camarades ainsi que les droïdes qui les accompagnaient sont désormais morts et leurs corps m’appartiennent désormais. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : je n’accepte pas votre reddition. A très vite ! »

Naïa prit une grande inspiration, ses sens s’abreuvant de la violence qui enveloppait la base. Lentement, la demoiselle exerçait une pression de plus en plus tangible sur la Force, augmentant la volonté des soldats impériaux et s’affairant à démolir le moral des assaillants. Plus la violence s’accumulerait et plus sa présence dans la Force serait tangible. La base de Tessarik Prime allait devenir une véritable boucherie et le Consortium s’en mordrait les doigts.

Qu’il était bon de se sentir en vie !

Naïa traversait le champ de bataille telle une furie, massacrant tout ce qui avait le malheur de se trouver sur son chemin. Imperturbable, elle tranchait dans les droïdes et les assaillants avec l’aisance d’un boucher découpant des quartiers de viande de qualité supérieure. Se créant une piste de sang et de chairs calcinées vers la brèche créée par les attaquants, la Céleste Impériale redonnait courage aux soldats présents autour d’elle, qui redoublèrent d’ardeur tandis que les cadavres de leurs ennemis s’amoncelaient.

Se frayant un chemin dans les décombres de la base, la demoiselle à la peau sombre finissait d’achever sans la moindre once de remords des tireurs qui avaient eu la mauvaise idée de continuer à lui tirer dessus au lieu de fuir. Le sang qui maculait son armure de cortose n’était pas le sien, c’était un fait indisputable. Plongée dans les flots de la Force, Naïa devenait à elle seul l’épicentre du massacre, fonçant dans la mêlée et décapitant avec aisance ses adversaires du moment, allégeant la pression sur les poches de résistance.

« Des ATAC ! A terre ! A terre ! »

Les cris des soldats dans les comlinks signala à la Céleste l’arrivée de nouveaux ennemis, cette fois-ci plus coriaces. Quatre ATAC de combat lourdement armés fondaient sur sa position, tandis que les soldats se mettaient en position pour les recevoir. Malheureusement pour eux, le blindage de ces automates de combat était si épais qu’il fallait des missiles pour les abattre. Malgré la libération de l’armurerie, les soldats impériaux n’avaient pas encore reçu le soutien logistique nécessaire. Celui-ci n’arriverait que dans quelques minutes, une fois que les armuriers auraient fini de charger les transports.

Le chuintement des barillets précéda la volée de lasers sur la position de Naïa, qui ne dut qu’à sa chance de pouvoir se mettre à l’abri derrière un pilier de béton suffisamment épais pour tenir plus d’une minute. A mesure que les ATAC se déployaient, les options de Naïa, elles, diminuaient sensiblement. Le vrombissement infernal de leurs moteurs lui indiqua qu’ils cherchaient une manière de la contourner et ces saloperies possédaient un avantage non négligeable, outre leur thermo-vision : ils volaient.

Cachée derrière son pilier de béton à moitié démoli, l’Equarisseuse plongea sur le côté, espérant atteindre rapidement une série de piliers et d’arches à moitié effondrés pour pouvoir reprendre l’avantage. Son déplacement fut accueilli par une volée de lasers ainsi qu’un tir de missile, qui la manqua de peu et aurait pu la tuer sans son armure en cortose. Profitant du temps de recharge de l’un des ATAC, la demoiselle continua sa course et glissa dans l’espace sous un pilier effondré à l’horizontale pour se mettre à l’abri. Courant à vive allure pour attirer les ATAC vers un endroit plus avantageux, elle esquiva de peu les tirs, qui fauchèrent quelques soldats dans des cris terrifiés.

« Dégagez ! Repliez-vous vers le second périmètre de défense ! »hurla-t-elle à l’adresse des trainards encore convaincus qu’ils pouvaient faire une différence sans armes lourdes.

L’un des ATAC surgit dans l’un des goulets d’étranglement dans lequel Naïa s’était jetée à corps perdu. Erreur fatale. Avant même qu’il ait pu ajuster son tir, la demoiselle accentua son contrôle sur la Force et le projeta contre les parois de béton, l’empalant sur des poutres en acier à moitié fondues par le feu ennemi. Elle n’eut pas le temps de souffler qu’un deuxième apparut dans son champ de vision et tira un missile, que la demoiselle arrêta avant qu’il ne puisse sortir de son fût. La chance voulut qu’à ce moment-là, le missile explose, carbonisant la carapace d’acier de son lanceur et le réduisant à l’état d’étincelles sur une carcasse fumante.

Plus que deux …

Sautant sur une plateforme à proximité et s’échappant vers les arcades de la base qui ceinturaient un ancien pavillon de garde, Naïa projeta ses sens pour retrouver les deux derniers ATAC et les achever avant de pouvoir se diriger vers la brèche. Avec un peu de chance, elle parviendrait là-bas en ayant considérablement réduit le nombre d’ennemis. Surgissant dans le dos d’une escouade de soldats, elle les découpa avant qu’ils n’aient eu le temps de répliquer, débarrassant les assaillants d’un de leurs postes de tirs lourds.

Elle pouvait entendre le vrombissement des deux droïdes d’attaque en chasse depuis sa position, mais ne parvenait pas à leur mettre le grapin dessus. Ces robots avaient un avantage technologique indéniable : si elle ne parvenait pas à les trouver, ils s’en chargeraient pour elle. Restait à savoir si cela serait sur un terrain favorable ou non.

Elle était cependant loin de se douter que deux droïdes assassins accompagnaient les ATAC.

Les mercenaires de la Garde Solaire n’étaient pas nés de la dernière pluie. Après avoir longuement observé la manière dont Kel Serrivos menait ses opérations, ils se décidèrent à participer à l’effort de sécurisation de l’intérieur de la base. Les mercenaires étaient des combattants expérimentés. Les années passées sur le front à travailler pour l’Empire avait poli leurs compétences et ils pouvaient aisément remplacer les officiers tombés au combat, malgré leur faible nombre. Se déplaçant comme un seul homme, les Gardes Solaires activèrent leurs armes et leurs piques, prêts à massacrer quiconque se trouverait sur leur chemin. Sur leur passage, les soldats impériaux se pressaient et se réorganisaient, prêts à accueillir avec un feu nourri les assaillants dès qu’ils pénètreraient le complexe.

Ils étaient loin de se douter que l’ennemi était déjà dans leurs murs, mais les Gardes Solaires sentaient que quelque chose clochait. Cet assaut avec l’allure d’une diversion, mais ne connaissant pas les secrets véritables de cette base, ils étaient bien en peine de savoir ce que les assaillants voulaient exactement.

Le commandant de l’unité attrapa le col d’un officier supérieur qui se terrait dans un coin, complètement terrifié par les explosions au-dehors.

« Toi. Nous avons des questions … »

Le tir au fusil de précision ne la rata que d’un cheveux.

Encore une fois, la mort se dérobait. Une fraction de seconde plus tard, et la Céleste Impériale aurait fini au champ d’honneur sur cette planète. Il ne lui fallut qu’un regard pour repérer le tireur et elle ne dut qu’à ses réflexes hors du commun d’esquiver le second tir, tandis que le vrombissement des deux ATAC se rapprochait. Encore une fois, Naïa Mytheiril se retrouvait dans une situation délicate … mais stimulante.

Des droïdes embusqués et camouflés, deux ATAC encore actifs … De quoi lui donner un peu de fil à retordre tandis que ses soldats tenaient l’armurerie. Les deux tirs avaient été effectués avec un fusil antichar … Ce qui était plutôt malin, étant donné que les sabre-lasers pouvaient réfléchir les tirs de blasters, mais pas les projectiles solides. Naïa se laissa glisser le long d’un plancher en béton effondré afin de gagner une position plus sûre. Elle croisa une escouade de soldats impériaux en planque. Ceux-ci avaient eu la bonne idée de rester à l’affût pour piéger les chars ennemis.

« Céleste Impériale, murmura le sergent commandant une dizaine d’hommes. Mes hommes ont repéré les deux ATAC. Nous devrions pouvoir nous occuper d’eux avec ces lance-missiles. »

Son ton de voix trahissait sa fébrilité. Il ne devait pas avoir plus de 30 ans et à peine quelques combats devant lui. Ses troupes, quant à elles, étaient vigilantes, mais épuisées. Elles ne s’attendaient visiblement pas à devoir combattre aujourd’hui, mais serraient leurs armes lourdes avec ferveur. L’un d’entre eux disposait d’un canon à IEM. Un véritable coup de chance contre les robots, mais tout à fait inutile contre des soldats entrainés.

« Sergent. Je passe devant pour attirer les ATAC. Dès que vous avez un angle de tir, abattez-les, et rejoignez l’armurerie pour épauler la logistique. »

L’épéiste émergea de la planque en courant à moitié à découvert. Il ne fallut qu’une fraction de seconde pour que les ATAC se manifestent et arrosent sa position à la gatling. Les balles ricochèrent, faisant fondre les piliers en béton comme neige au soleil tandis que la poussière se mélangeait au son des explosions qui poursuivaient la Céleste. C’est alors que les soldats impériaux sortirent de leur trou. Le premier tir de canon à IEM frappa le premier ATAC de plein fouet, réduisant ses circuits à l’état de purée de composants. L’arme surchauffa, laissant s’échapper une belle fumée bleutée tandis que son tireur se repliait dans la cachette pour la recharger. Ses comparses, sergent compris, utilisèrent leurs lance-missiles en se focalisant sur le dernier ATAC encore debout. La salve de missiles frappa le robot mortel sur le côté, le choc le faisant virer vers la droite sur quelques mètres et dangereusement tomber vers le sol, suffisamment pour que la Céleste à l’affût puisse agir.

Les lames d’argent s’illuminèrent et transpercèrent la carlingue du robot en flamme quand la demoiselle usa de la Force pour sauter sur son abdomen. La créature métallique émit des cliquetis d’agonie avant de rendre définitivement « l’âme » … si tant était que ce concept soit valide pour un robot. Les soldats n’attendirent pas une seconde de plus et se replièrent vers l’armurerie, laissant la Céleste aux prises avec ses deux adversaires invisibles.

Les soldats impériaux tenaient bon. L’intervention de la Céleste avait visiblement eu son effet. La logistique commençait à acheminer de nouvelles munitions et de l’équipement pour les soldats retranchés. Les officiers les plus expérimentés avaient rassemblé leurs troupes sous les tirs nourris et commencé à reprendre certaines sections de la base. Ce n’était qu’une question de temps avant que les Impériaux puissent repousser les assaillants.

Leur principal souci restait le manque de préparation. L’ouverture continue de nouveaux fronts restait un problème, même pour les officiers habitués à commander à leurs troupes. Il fallait absolument que les troupes se replient vers des positions plus aisément défendables afin de tenir. Alors que les soldats nettoyaient les niveaux remplis d’assaillants, certains se retrouvèrent pris dans des embuscades menées par des troupes de choc descendues des toitures.

Les détonations faisaient toujours sursauter les troupes, mais les barricades étaient solides et les soldats reprenaient du poil de la bête. Personne n’atteindrait le poste de commandement maintenant que les défenses avaient été mises en place. Malheureusement, si le poste de commandement était virtuellement imprenable, de nombreuses sections de la base restaient contestées, notamment la salle des serveurs, située de l’autre côté du complexe principal. Kel Serrivos et ses troupes pouvaient tenir suffisamment longtemps, mais la perte des défenses lourdes ne leur permettaient pas de tenir toute la base.

Un groupe de soldats venus du garage principal était parvenu à remettre sur pied des blindés d’assaut. Une chance, pour les troupes qui manquaient de puissance de feu. A bord des blindés, les troupes impériales foncèrent sur le flanc des assaillants, parvenant à renverser la vapeur dans la cour principale, là où les combats étaient les plus violents. Appuyés par les fantassins, les blindés de l’armée impériale arrosaient le gros des troupes massées à l’extérieur. Si l’intérieur du complexe restait contesté, les troupes impériales à l’extérieur reprenaient petit à petit le dessus.

La porte de la zone des serveurs s’ouvrit et immédiatement, les Gardes Solaires y pénétrèrent. Armés de leurs piques et de leurs armes de poing, les mercenaires de la Garde étaient revêtus de leur combinaison lourde intégrale. L’officier des communications leur avait tout expliqué. La base de Tessarik Prime était bien plus qu’un site impérial de contrôle de l’extraction de gaz : c’était aussi un site détenant une partie des codes d’accès du secteur. Quiconque les possédait pouvait facilement déjouer la vigilance impériale pour les prochaines semaines … C’était suffisant pour des pillards professionnels pour causer le chaos. Etrangement, seule la zone des serveurs avait été épargnée par les combats, ce qui avait motivé les Gardes Solaires à investiguer.

Les gardes à l’entrée de la chambre intérieure des serveurs étaient morts.

Silencieux, les Gardes Solaires se positionnèrent à l’entrée et se mirent en position. Les assaillants étaient entrés dans la salle … ils allaient forcément en ressortir. Et la Garde était prête à les recevoir.